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Full text of "Annales"

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ANNALES 
DE    LA    SOCIÉTÉ   ACADÉMIQUE 


DB    NANTES 


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ANNALES 


OB   LA 


SOCIÉTÉ  ACADÉMIQUE 

DE    NANTES 
ET  DU  DÉPARTEMENT  DE  LA  LOIRE-INFÉRIEURE 

ÉTABLISSEMENT  D'UTILITË  PUBUQUE 
Par  Décret  du  37  Décembre  1877. 


Volume   7"  de    la   6*    Série. 


1886 


NANTES, 

«me  \^e  CAMILLE  MELLINET,  IMPRIMEUR  DE  LÀ  SOCIÉTÉ  ACADÉMIQUE, 

Place  da  Pilori ,  5. 
•  L.  MELLINET  ET  C«e,  SLcr». 


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}'-'k  ^  0>  \^ 


Harvard  Collège  LIbrary 

AUG  28  1912 

Gift  of 

Prof.  A,  C.  Coolidge 


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ALLOCUTION  DE  M.  LE  D'  GUÉNEL 


PRÉSIDENT  SORTANT. 


Messieurs, 

Parvenu  au  terme  du  mandat  que  vous  m'avez  confié,  je 
dois  vous  remercier  de  la  constante  bienveillance  qui  m'en  a 
facilité  l'accomplissement.  C'est  un  lionneur  que  de  présider 
vos  séances  ;  c'est  aussi,  j'ai  pu  l'apprécier,  une  fonction 
agréable  à  remplir,  intéressante  pour  l'esprit  et  rendue  aisée 
par  la  bonne  volonté  de  tous. 

Grâce  à  votre  zèle  pour  le  travail,  nos  séances  ont  été 
bien  remplies  ;  le  rapport  de  notre  Secrétaire  général  prouve 
que  l'amour  de  la  science,  le  goût  des  belles-leltres  et  des 
recherches  historiques  sont  loin  de  s'affaiblir  parmi  nous. 
C'est  donc  une  belle  succession  que  je  transmets  à  votre 
nouveau  Président  et  nous  pouvons  compter  que  mieux  que 
personne  il  saura  la  faire  valoir. 

L'un  de  vous  a  dit  de  M.  Orieux  qu'il  s'était  fait  dans  sa 
retraite  les  loisirs  d'un  athénien  ;  c'est  là,  sous  une  forme 
heureuse,  l'expression  de  notre  pensée  \\  tous.  Après  de 
longues  années  d'un  pénible  labeur  tout  entières  consacrées 
au  service  de  la  France ,    il   avait  acquis  le  droit  de   se 


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-  6  — 

reposer  ;  mais  ses  délassements  sont  plus  fructueux  que  le 
travail  de  bien  des  intelligences  moins  heureuses.  Il  semble 
même  que  Tlieurc  de  la  retraite  ait  été  pour  lui  le  commen- 
cement d'une  nouvelle  jeunesse  et  que  par  une  sorte  d'en- 
chantement, il  ait  retrouvé  la  fraîcheur  des  idées,  la  vivacité 
des  impressions  et  la  chaleur  de  sentiment  qui  sont  d'ordi- 
naire l'apanage  de  la  vingtième  année.  Dans  ce  renouveau 
de  ses  facultés,  il  adresse  ses  hommages  un  peu  à  toutes  les 
muses  :  la  poésie  et  l'histoire  l'occupent  tour  à  tour,  et  vous 
savez  combien  cette  verdeur  d'esprit  a  été  jusqu'ici  favorable 
à  l'intérêt  de  nos  séances. 

Vous  avez  élu  M.  le  D^  Raingeard  pour  l'assister  en  qualité 
de  vice-président  et  vous  avez  nommé  MM.  Jamet  et  Gade- 
ceau,  secrétaire  général  et  secrétaire  adjoint.  Ce  sont  \l\  des 
noms  dont  M.  Orieux  doit  apprécier  l'heureux  choix.  La 
direction  de  vos  travaux  ainsi  assurée,  vous  pouvez  envisa- 
ger l'avenir  avec  confiance  et  c'est  dans  ce  senliment  que 
je  prie  ces  messieurs  de  prendre  place  au  Bureau. 


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ALLOCUTION  DE  M.  ORIEUX 


NOUVEAU    PRÉSIDENT. 


Messieurs, 

En  choisissant  un  des  siens  pour  la  présider,  une  assemblée 
honore  toujours  celui  sur  qui  s'est  arrêté  son  choix  ;  et 
rhonneur  ainsi  décerné  a  d'autant  plus  de  prix  que  le  niérile 
de  ceux  qui  le  confèrent  est  plus  grand. 

Or,  par  le  savoir  de  ses  membres,  leur  situation  dans  la 
cilé,  la  considération  dont  ils  sont  entourés,  par  les  services 
que  sa  section  la  plus  nombreuse  est  appelée  à  rendre  {\ 
rhumanilé,  la  Société  académique  étant  tenue  en  haute 
estime  par  les  amis  des  Lettres  et  occupant  une  fort  belle 
place  dans  le  département,  vous  devinez  sans  peine  toute  la 
valeur  que  j'attache  aux  fonctions  de  la  présidence  que  vous 
venez  de  me  confier. 

le  d'être  à  l'honneur  :  il  faut  être 
1\  la  peine,  car  ce  mot  n'exprime- 
.  être  au  devoir.  Ce  devoir,  je 
iplir.  Je  sais  qu'il  me  sera  rendu 
règne  dans  nos  réunions  et  par 
s  mes  honorables  devanciers  :  de 


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—  8  - 

sorte  que,  pour  essayer  de  bien  faire,  je  n'aurai  qu'à  cher- 
cher à  suivre  la  voie  qu'ils  ont  tracée  ;  je  n'aurai  qu'à 
m'efforcer  d'imiter  M.  Guénel,  que  je  remplace  à  ce  fauteuil 
et  qui  fut  un  modèle  d'assiduité  à  nos  séances  ;  je  n'aurai 
qu'à  me  rappeler  sa  parfaite  urbanité,  la  manière  simple  et 
digne  dont  il  présidait  nos  délibérations. 

Cependant  je  ne  dois  pas  oublier  que  l'action  peut  être 
autre  chose  que  la  volonté  et  qu'il  peut  en  être  ainsi  du 
projet  et  de  l'exécution  :  lorsque  la  coupe  arrive  aux  lèvres, 
il  sufiRt  d'un  léger  tremblement  de  la  main  pour  eo  répandre 
la  liqueur.  Si  donc  j'accepte  d'un  cœur  tranquille  la  tâche 
que  vous  voulez  bien  commellre  à  mes  soins,  ce  n'est  pas 
par  excès  de  confiance  en  mes  forces,  ce  n'est  pas  parce 
que  je  crois  mériter  les  paroles  élogieuses  qui  viennent  de 
m'fttre  adressées  avec  tant  de  courtoisie  :  c'est  tout  simple- 
ment parce  que  je  suis  assuré  de  votre  bienveillance  qui  est 
de  tradition  et  qu'on  ne  trouve  jamais  en  défaut. 

D'ailleurs,  la  tâche  bien  partagée  peut  devenir  légère,  et 
vous  avez  choisi,  pour  la  division  du  travail,  des  collabora- 
teurs que  je  suis  heureux  de  voir  à  mes  côtés  :  d'abord, 
M.  Raingeard,  que  je  connais  par  l'estime  et  la  confiance  que 
lui  accordent  ses  confrères,  et  qui  voudra  bien  me  permettre 
de  compter  sur  lui  dans  les  délicates  fonctions  de  la  prési- 
dence ;  et  M.  Gadeceau,  qui  nous  eniretiendra  d'histoire 
naturelle  et  nous  promet  d'élre  l'émule  de  M.  Jamet  dans 
les  fonctions  de  secrétaire  adjoint  dont  la  partie  essentielle 
demande  un  tact  parfait. 

Je  suis  également  heureux  de  revoir  à  la  gestion  de  nos 
modestes  finances,  notre  vaillant  trésorier,  M.  Morel,  dont  la 
mémoire  est  fidèle  à  tout  ce  qui  touche  à  notre  académie  ; 
de  retrouver  à  la  garde  de  nos  richesses  littéraires,  le  sym- 
pathique et  vénéré  M.  Delamare,  dont  l'âge  n'afi'aiblit  point 
le  courage,  dont  l'esprit  a   conservé   les  vivacités   de  la 


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—   9    — 

jeunesse  et  qui,  depuis  un  demi-siècle,  nous  consacre  son 
lemps  avec  une  abnégation  absolue  ;  de  voir  enfin  M.  Man- 
chon continuer  les  uUles  fondions  d'adjoint  bibliothécaire, 
qu'il  rcraplil  toujours  avec  une  entière  bonne  volonté. 

Permettez-moi,  Messieurs,  de  terminer  par  un  apologue 
que  vous  n'avez  pas  dû  lire  dans  le  livre  attrayant  des 
Mille  et  une  nuits. 

Un  Calife  de  Bagdad,  dont  le  nom  me  semble  difficile  à 
prononcer  et  que  des  contes  merveilleux  ont  rendu  célèbre, 
fil  comparaître  un  jour  devant  lui  les  plus  riches  de  la  cité, 
et  les  invita  à  lui  rendre  compte  de  l'usage  qu'ils  faisaient 
de  leur  fortune. 

—  Je  renferme  avec  soins  mes  trésors,  dit  le  premier, 
dans  la  crainte  que  les  voleurs,  qui  sont  de  malhonnêtes 
gens,  ne  viennent  me  les  ravir  pour  en  faire  leur  profit. 

—  C'est  mal,  dit  le  Calife  ;  tu  ressembles  à  cet  homme 
qui,  le  soir  venu,  cache  sa  lumière  sous  le  boisseau  et  mar- 
che dans  l'obscurité,  pour  ne  pas  éclairer  la  demeure  de  son 
voisin. 

—  Moi,  dit  le  second,  je  me  sers  des  miens  pour  jouir  de 
la  vie  :  j'aime  la  volupté,  le  plaisir  est  mon  dieu. 

—  Ce  n'est  pas  bien,  dit  le  Calife  :  lu  ressembles  à  un 
arbre  qui  ne  produit  que  des  fleurs  dont  le  parfum  abrège 
l'existence. 

—  Moi,  dit  un  dernier,  j'emploie  mes  richesses  à  rendre 
mes  champs  fertiles  et  à  donner  Thospilalité  au  voyageur. 

—  C'est  toi  qui  fais  le  meilleur  usage  de  la  fortune  ;  tu 
seras  heureux,  le  monde  conservera  ta  mémoire,  et  les  houris 
de  Mahomet  l'accueilleront  en  souriant. 

L'honorable  docteur  qui  vient  de  quitter  celte  place,  et 
dont  je  serais  heureux  de  pouvoir  imiter  le  beau  discours 
sur  l'éducation  des  femmes,  que  nous  avons  applaudi  dans 
notre  séance  annuelle,  M.  Guénel  nous  donnait  à  entendre 


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-  10  - 

tout  à  l'heure  que,  sous  sa  présidence,  nous  avions  suivi 
rexemple  de  ce  dernier  riclie,  en  confiant  à  nos  Ann^iles 
des  travaux  variés  et  nombreux. 

Si  je  vous  prie,  mes  cliers  Collègues,  de  ne  pas  faire  moins 
sous  ma  présidence,  ne  voyez  autre  chose  dans  ma  demande, 
que  rintérêt  que  je  porte  à  notre  œuvre,  laquelle  reste  tou- 
jours saine,  toujours  morale,  dans  un  temps  où  il  est 
nécessaire,  plus  que  jamais,  de  réagir  contre  les  tendances 
malsaines  de  notre  époque. 


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JOUR    D'ÉTÉ. 


Lorsqu'elle  élait  enfant,  bien  souvent  avec  elle 
J'ai  joué,  sans  songer,  sans  voir  qu'elle  était  belle. 
Que  son  front  était  pur,  son  sourire  charmant. 
L'enfant  ayant  grandi,  je  ne  sais  plus  comment, 
Un  soir,  je  me  trouvai  près  d'elle  plus  timide. 
Dans  l'accent  de-  sa  voix,  dans  son  regard  limpide. 
Rien  ne  semblait  changé  ;  non,  mais  je  voyais  bien 
Que  depuis  quelque  temps  ses  discours,  son  maintien 
N'étaient  plus  d'une  enfant  ;  la  chère  créature 
Avait  aux  mois  des  fleurs  transformé  sa  nature, 
El  le  riant  printemps  avait  paré  ses  traits 
De  charmes  inconnus  et  de  nouveaux  attraits. 

Nul  ne  peut  éviter  ce  que  le  ciel  envoie  ; 

Il  est  le  maître  !  Un  jour  je  dus  changer  de  voie 

Et,  iK)ur  de  nouveaux  champs,  suivre  un  nouveau  sentier  ; 

Mais  je  n'y  portai  pas  mon  être  tout  entier  : 

L'âme  laisse  toujours  une  part  d'elle-même 

Dans  le  doux  coin  du  ciel  où  vivent  ceux  qu'elle  aime. 

Je  me  dirigeai  donc  vers  un  autre  horizon. 

Je  revins  quelquefois  visiter  la  maison 


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—  1^  — 

Où  s'écoulait  sa  belle  et  tranquille  jeunesse, 
En  me  gardant  toujours  de  la  moindre  faiblesse 
A  ses  côtés  ;  aussi  ne  sut-elle  jamais 
Le  sentiment  qu'au  fond  du  cœur  je  renfermais. 
Enfin  le  temps  sur  nous  amassant  les  années, 
Modifia  le  cours  de  nos  deux  destinées. 
Et  lorsqu'en  ma  cité  s'accomplit  mon  retour. 
Je  n'avais  plus  le  droit  de  lui  parler  d'amour. 
Si  je  l'ai  regretté,  que  le  ciel  me  pardonne  î 
Le  lot  que  le  hasard  ou  le  destin  nous  donne. 
Qu'en  ses  desseins  cachés  il  place  sur  nos  pas, 
Serait-ce  donc  celui  que  nous  ne  cherchons  pas  ? 
Ou  bien,  à  notre  insu,  quelque  malin  génie 
Reçut-il  le  pouvoir  de  troubler  l'harmonie 
Que  le  ciel  a  dû  mettre  en  nos  âmes  ?  Ou  bien 
Sommes-nous  dépendant  du  mal  plus  que  du  bien  ? 
Je  ne  sais  ;  mais  souvent  le  cœur  caresse  un  rêve 
Qu'un  sourire  commence  et  qu'une  larme  achève. 

Conduit  par  le  désir  et  par  elle  invité. 
Un  jour  j'allai  la  voir  à  sa  maison  d'été 
Assise  près  d'un  val,  au  bord  de  l'Allanlique. 
C'était  un  frais  chalet,  d'apparence  rustique 
Et  modeste,  où,  malgré  l'éloignement  des  bois, 
Elle  allait  demeurer  dans  le  plus  chaud  des  mois. 
Elle  accueillit  gaîmenl  Tarai  de  son  jeune  âge. 
Puis  lui  montra  sa  cour,  son  jardin,  son  cottage. 
Son  enclos  au  gazon  tout  parfumé  de  thym. 
Et  lui  fil  partager  son  repas  du  matin  : 
Offert  avec  aisance,  égayé  de  saillies 
Dites  en  souriant  et  de  même  accueillies, 
Embaumé  parles  fleurs,  bercé  discrètement 
Par  le  concert  des  flots,  le  repas  fut  charmant. 


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^  13  - 

Après  le  déjeuner,  de  son  premier  étage, 

Nous  embrassions  des  yeux  le  val,  les  champs,  la  plage 

Et  la  mer  ;  nous  étions  accoudés,  nous  touchant, 

A  la  fenêtre  ouverte  aux  regards  du  couchant  ; 

Le  soleil  rayonnait  au  sein  d'un  ciel  splendide. 

Et  jusqu'à  l'horizon  de  la  plaine  liquide 

Répandait  sur  les  eaux  des  torrents  de  clartés  ; 

Sur  le  vaste  chemin  des  flots,  de  tous  côtés. 

Maints  navires,  jouets  des  vents  et  de  Neptune, 

A  travers  l'inconnu,  poursuivaient  la  fortune  ; 

Et  la  côte  aux  flancs  gris,  si  fatale  aux  nochers. 

Nous  montrait  ses  chalets,  ses  anses,  ses  rochers, 

En  prolongeant  au  loin  ses  lignes  sinueuses. 

Le  murmure  étemel  des  vagues  écumeuses 

Qui  venaient  en  roulant  déferler  sous  nos  yeux. 

Sans  trêve,  troublait  seul  le  calme  de  ces  lieux  ! 

Nous  causions  lentement  et  laissions  nos  pensées 

Errer  en  liberté  rers  les  choses  passées. 

Et  suivre  les  sujets  au  hasard,  sans  dessein  ; 

Et  quoiqu'aucun  secret  ne  sortît  de  son  sein, 

Un  moment  à  son  trouble,  au  pli  de  son  sourire, 

Je  vis  que  sa  fierté  ne  pouvait  tout  me  dire  ; 

Que  les  rêves  par  elle  évoqués  autrefois 

Avaient  trompé  son  cœur  et  méconnu  sa  voix. 

Mais  si  quelque  regret  parut  troubler  son  âme, 

Ce  sentiment  fut  court,  et  la  charmante  femme 

Reprit  vite  son  calme  et  sa  sérénité. 

Quand  j'étais  mécontent  de  la  réalité, 
J'amais  à  faire  appel  au  rêve  solitaire 
Qui  nous  fait  oublier  les  soucis  de  la  terre, 
Nous  flatte,  nous  caresse  et  nous  prenant  la  main, 
Nous  invite  à  cueillir  les  roses  du  chemin. 


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—  14  — 

Mais  les  beaux  rêves  nés  aux  jours  de  ma  jeunesse 
De  ces  heureux  instants  ne  valaient  pas  l'ivresse. 
Aussi,  comme  la  mer,  les  rochers  et  les  champs, 
Et  le  val,  me  semblaient  sublimes  et  louchants  ! 
Jetant  à  tous  les  vents  leurs  plaintes  éternelles. 
Qu'aux  reflets  du  soleil  les  vagues  étaient  belles  ! 
Que  rétendue  avait  de  grandeur  !  que  les  cieux 
Avaient,  dans  leur  éclat,  de  charmes  à  mes  yeux  I 
Que  la  brise  chantait  de  belles  harmonies 
A  mon  âme,  à  la  terre,  aux  plaines  infinies  ! 
0  bonheur  calme  et  doux,  né  du  recueillement 
De  deux  âmes  qu'unit  un  même  sentiment  ; 
Qu'attirent  tour  à  tour  les  caprices  de  l'onde^ 
Et  la  splendeur  des  cieux  et  les  beautés  du  monde  ! 
Mais  tout  passe  à  la  fin,  sauf  l'éternel  désir 
D'une  félicité  que  l'on  ne  peut  saisir  ! 

J'étais  sous  le  pouvoir  d'un  tranquille  bien-être, 

Lorsque  l'astre  du  jour  embrassa  la  fenêtre 

Où,  distraits  et  rêveurs,  nous  étions  accoudés. 

Et  de  ses  feux  soudain  nous  fûmes  inondés. 

Des  champs,  des  flots,  des  cieux,  laissant  là  le  domaine, 

Dans  sa  chambre  encor  fraîche  et  sombre,  et  toute  pleine 

De  suaves  parfums,  nous  rentrâmes  rêveurs. 

Oui,  près  de  nous  la  terre  a  des  gerbes  de  fleurs  ; 
La  brise,  des  accents  pleins  de  mélancolie. 
Et  la  mer,  des  grandeurs  que  jamais  on  n'oublie  ! 
Mais  pour  trouver  du  charme  au  spectacle  changeant 
De  l'abrupte  falaise  ou  des  vagues  d'argent 
Qui  brisent  le  rocher  ou  dansent  sur  la  plage  ; 
Pour  jouir  du  concert  mystérieux,  sauvage 
Dont  les  flots  et  la  brise,  au  sein  d'un  jour  béni, 


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-  15  -- 

Bercenl  les  fleurs,  les  bois,  le  monde  et  rinfini  : 
D  faut  qu'une  secrète  et  bienfaisante  flamme 
Puisse,  en  reflets  divins,  rayonner  dans  notre  âme 
Et  donner  aux  objets  placés  autour  de  nous 
De  plus  puissants  reliefs  ou  des  accents  plus  doux  ; 
n  Taut  entendre  en  soi  chanter  de  belles  choses. 
Pouvoir  associer  au  souvenir  des  roses 
Celui  des  fruits  cueillis  dans  le  cours  du  chemin 
Et  voir  briller  Tespoir  au  ciel  du  lendemain. 


E.  ORIEUX. 


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NOTICE  NÉCROLOGIQUE 
SUR    M.     F.-P.    DOUGIN 

Inspecteur  d'Académie  honoraire  , 
PAR    Mr    E.    ORIEUX. 


Devant  le  linceul  qui  recouvrait  la  dépouille  mortelle  d'un 
de  ses  plus  aimés,  un  poète  s'écriait  : 

Oh  !  qu'il  esl  beau  de  bien  mourir  ! 

Près  de  la  tombe  à  peine  fermée  de  notre  regretté  collègue, 
M.  Doucin,  en  pensant  ^  cet  homme  juste  et  bon  qui  vient 
de  s'éteindre  doucement,  confiant  dans  la  bonté  divine  et 
laissant  le  souvenir  d'une  existence  toute  remplie  par  le 
labeur  et  le  devoir,  je  ne  puis  m'empêcher  de  répéter  : 

Oh  !  qu'il  est  beau  de  bien  mourir  ! 

M.  Doucin  (François-Pierre),  naquit  k  Nantes,  le  7  juin 
1805  ;  il  fit  d'excellentes  études  au  Séminaire  de  cette  ville, 
et,  à  l'âge  de  20  ans,  il  débuta,  dans  l'enseignement  univer- 
sitaire, à  Bourbon- Vendée,  aujourd'hui  la  Roche-sur-Yon. 

Au  commencement  de  1830,  il  était  chargé  de  la  classe 
de  troisième  au  collège  royal  de  Poitiers  ;  à  la  fin  de  la 


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—  17  — 

même  année,  il  passait  à  celui  de  Grenoble,  et  il  remplit 
ensuite  pendant  13  ans,  k  Pontivy,  Avignon  et  Marseille,  les 
fonctions  de  Censeur  des  études,  qu'il  conserva  jusqu'à  l'âge 
de  42  ans. 

M.  Doucin  dut  à  son  seul  mérite  ses  avancements  successifs. 
Sa  mémoire  était  vraiment  remarquable  et  son  esprit  fort 
distingué.  Les  chefs  qui  avaient  constaté  son  assiduité  au 
travail,  son  caractère  bienveillant,  son  intelligence  des  choses, 
ne  pouvaient  manquer  de  favoriser  une  carrière  dont  les 
commencements  ne  produisaient  que  de  bons  résultats. 

Ce  fut  à  Mâcon,  en  1847,  que  M.  Doucin  débuta  comme 
Proviseur  -,  trois  ans  plus  tard,  il  était  Recteur  de  l'Académie 
départementale,  au  même  lieu,  et  ensuile  à  Alençon.  Enfin, 
le  1*^  septembre  1854,  il  fut  nommé  Inspecteur  de  l'Aca- 
démie de  Caen.  Après  avoir  rempli  ces  dernières  fonctions 
pendant  douze  années,  avec  un  dévouement  qui  ne  se  démentit 
jamais,  il  fut  admis  à  la  retraite  sur  sa  demande,  et  nommé 
Inspecteur  d'Académie  honoraire.  Il  avait  été  employé  dans 
l'enseignement  pendant  quarante  ans  et  demi. 

11  reçut,  dans  l'intervalle,  le  litre  d'Agrégé  de  l'Université 
et  la  rosette  d'officier  de  l'Instruction  publique,  et  ses  loyaux 
services  furent  récompensés  par  la  croix  de  la  Légion- 
d'Honneur. 

En  prenant  sa  retraite,  M.  Doucin  vint  habiter  sa  ville  natale, 
et  presque  aussitôt,  le  5  janvier  1867,  il  fil  partie  de  la 
Société  académique. 

Il  fut  président  de  notre  Société  pendant  la  fatale  période 
de  la  guerre  franco-allemande  ;  cl  à  la  fin  de  son  mandat, 
il  prononça  ce  beau  discours  où,  dans  un  style  clair,  élevé, 
harmonieux,  il  nous  entretenait  des  beautés  de  la  langue 
française  et  des  périls  que  lui  fait  courir  le  réalisme  outré, 
malheureusement  en  honneur  dans  la  presse,  dans  le  roman 
et  jusque  dans  le  poème. 


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-  18  — 

La  Société  académique  ne  doit  pas  oublier  les  services  que 
lui  a  rendus  M.  Doucin,  comme  administrateur,  trésorier  et 
historiographe.  Nul  n'a  connu  nos  archives  aussi  bien  que 
lui.  11  a  écrit  l'histoire  des  vingt  premières  années  de  la 
Société,  ouvrage  fort  curieux  et  qui  accuse  un  esprit  mélho- 
dique  de  premier  ordre  ;  il  a  rédigé  une  notice  qui  fait 
comprendre  l'utilité  de  la  Société  et  pressentir  les  services 
qu'elle  peut  rendre  (i)  -,  enfin,  de  nos  publications  annuelles, 
il  a  dressé  une  table  alphabétique  qui  embrasse  une  durée  de 
80  ans.  En  examinant  ce  dernier  travail,  accompli  dans 
moins  d'une  année,  on  demeure  étonné  des  difficultés  surmon- 
tées et  du  labeur  dépensé  par  cet  homme  vaillant. 

La  Société  académique  voulut  récompenser  ce  dernier 
ouvrage,  et  elle  accorda  à  notre  éminent  collègue  une 
médaille  d'or  portant  le  mot  de  reconnaissance. 

La  Société  eut  en  lui  un  trésorier  modèle  :  il  fit  entrer 
l'ordre  et  la  méthode  dans  la  gestion  de  nos  finances,  et  il 
conserva  ces  fonctions  jusqu'au  jour  où,  accablé  par  la 
souffrance,  il  sentit  la  plume  lui  échapper  des  mains. 

Gomme  fonctionnaire,  M.  Doucin  eut  toutes  les  probités. 
Comme  homme  du  monde,  il  avait  des  qualités  aimables, 
beaucoup  de  bienveillance  et  une  affabilité  sans  égale. 

Il  semble  qu'il  ait  considéré  la  mort  comme  le  commen- 
cement d'un  voyage  dont  la  pensée  nous  donne  une  douce 
espérance.  Il  s'est  éteint  doucement  à  l'âge  de  80  ans, 
comme  le  sage  de  Platon  qui  est  plein  de  confiance  à 
l'approche  du  dernier  jour,  et  qui  a  le  ferme  espoir  de 
trouver  dans  l'autre  monde  une  très  grande  félicité  (2). 

8  mars  1886. 

(*)  Ces  deux  écrits  font  partie  des  Annales  de  1875. 
(^)  PhédoH  ou  de  l'âme. 


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LE     SECRET    DE    BRIZEUX 


Par  m.  Alcide  LEROUX. 


Gand  he  c*hoef  digor  d*anti  avel 
Hi  oa  c  ghiz  eonn  durzimel 
Pa'n  em  zisplcg  lie  diou  askel. 

Brizkux,  Telen  Arvor. 

Beau  pays  d'Arzannô,  village  du  Moustoir, 

Cent  fois  je  pense  k  vous  et  je  veux  vous  revoir  ! 

Je  veux  revoir  l'église  et  le  vieux  cimetière 

Ou  Marie  a  joué,  pieds  nus,  dans  la  poussière, 

Et  le  petit  sentier  oii  Brizeux,  tout  enfant, 

La  suivait,  puis  enfin  Tatteignait  triomphant  ; 

Je  veux  revoir  les  ifs  où  nichaient  les  colombes, 

Le  clocher  de  granit,  et  les  croix  et  les  tombes 

Où  reposent  Albin,  Daniel  et  leurs  amis 

Sous  le  gazon  touffu,  maintenant  endormis  ; 

Je  veux  revoir  le  Scorf,  le  pont  Kerlo,  la  lande 

Kt  les  grands  châtaigniers  qui  courent  en  guirlande 

Des  bords  de  la  rivière  au  taillis  de  bouleau 

Et  depuis  le  Moustoir  au  bois  de  Kermelo. 

Que  m'avez-vous  donc  fait  lieux  pleins  d'un  triste  charme 

Que  votre  souvenir  mette  encore  une  larme 

Dans  mon  cœur  et  mes  yeux  après  plus  de  trois  ans  ? 


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-  20  — 

Votre  image,  pareille  aux  longs  chagrins  cuisants, 
S'est-elle  donc  fixée  en  mon  âme  attendrie  ? 
Mais  quoi  !  je  le  sens  bien  :  c'est  l'ombre  de  Marie, 
C'est  celte  ombre  d'enfant  qui  plane  nuit  et  jour 
Sur  vous,  en  répétant  un  long  refrain  d'amour; 
C'est  elle  qui  revient,  doux  et  triste  fantôme 
Qu'on  écoute  ravi,  que  jamais  on  ne  nomme  ; 
C'est  elle  qui  revient  murmurer  à  mon  cœur 
Des  mots  mêlés  de  deuil,  de  joie  et  de  douleur. 
Qui  donc  es-tu,  Marie,  ange,  enfant  ou  mensonge. 
Ombre  ou  clarté  sans  fond  où  notre  âme  se  plonge 
Sans  savoir  si  tu  fus  rêve  ou  réalité  ? 
Marie,  as-tu  vécu?  Si   lu  n'as  existé 
Que  dans  l'esprit  étroit  de  l'artiste  poète 
Façonnant  froidement  un  profil,  une  tôte 
Destinée  h  frapper,  et  d'un  genre  nouveau  ; 
Si  tu  n'es  qu'un  porlrait  fait  à  coup  de  ciseau, 
Pourquoi  nous  apparaître  et  si  vraie  et  si  belle  ? 
Où  pris-tu  cette  grâce  aimable  et  naturelle. 
Ce  parfum  de  blé  noir  qui  s'attache  à  tes  pas. 
Cette  candeur  qu'on  voit  et  qu'on  n'invente  pas? 
Où  pris-tu  ce  front  pur,  cette  sainte  ignorance. 
Ces  mots  affectueux  mêlés  d'indifférence. 
Cette  robe  de  lin,  ce  sourire  «  en  dessous,  » 
Cet  amour  de  jouer,  «  sur  le  sable,  aux  cailloux  !  u 
Celui  qui  peint  ainsi  son  astre,  son  étoile. 
Rayonnant  sous  les  plis  d'une  robe  de  toile. 
Celui-là  ne  feint  pas  et  ne  sait  pas  menlir. 
Qu'on  me  l'accorde  ou  non,  je  ne  puis  consentir 
A  t'appeler  fantôme,  ou  vision  ou  rêve. 
Quand  l'art  a  fait  la  fleur,  la  fleur  n'a  point  de  sève 
Marie  est  une  fleur  au  ton  vif  et  vermeil 
Qui  naquit  et  grandit  en  face  du  soleil. 


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—  21  — 

Oui,  Marie  a  vécu  ;  je  seus  vibrer  son  âme  : 
Sous  le  masque  idéal  palpite  un  cœur  de  femme, 
Un  cœur  immaculé  comme  un  lys  cnlr'ouvert, 
Capable  de  souffrir  et  qui  n'a  pas  souffert. 

El  pourtant  si  Marie,  ignorante  bergère. 
N'est  qu'une  enfant  de  plus  jouant  dans  la  fougère, 
Courant  au  catéchisme  ou  dansant  au  pardon, 
El,  plus  tard,  qu'une  fille  épousant  un  garçon. 
Pourquoi  nous  sentons-nous  tant  fascinés  par  elle  ? 
D'où  lui  vient  ce  rayon  de  lumière  immortelle. 
Ce  rayon  inconnu  de  céleste  beauté 
Qui  donne  tant  d'éclat  k  sa  virginité  ? 
Ah  !  c'est  lîi  le  secret  du  barde  fier  et  tendre 
A  qui  la  muse,  un  jour,  daigna  se  faire  entendre, 
A  qui,  tout  bas  d'abord,  et  puis  h  haute  voix 
Elle  dit  de  chanter  les  genêts  et  les  bois, 
Ses  premiers  souvenirs  et  la  lande  fleurie, 
El  surtout  l'humble  enfant  qui  s'appelait  Marie. 
Oh  !  comme  à  cette  voix  Brizeux  sentit  son  cœur 
S'arrêter,  puis  soudain  tressaillir  de  bonheur  î 
Ce  fut  comme  un  frisson  qui  passa  dans  ses  veines. 
Exilé  dans  Paris,  mais  l'âme  et  les  mains  pleines 
De  trésors  amassés  dans  les  champs  de  Ker-rorh, 
U  se  mit  à  chanter  la  lande  et  les  fleurs  d'or. 
Le  Scorf  et  ses  vallons  tout  remplis  de  uîyslère. 
Et  la  croix  et  l'église  et  le  vieux  presbytère. 
Soudain ,  dans  sa  pensée,  éclairant  le  tableau. 
Il  vit  poindre  en  l'azur  l'enfant  du  pont  Kerlo, 
L'enfant  qui  partagea  ses  jeux  d'enfant,  Marie, 
Résumant  dans  ses  traits  l'amour  et  la  patrie. 
Son  sort  est  décidé  :  le  poète,  amoureux 
De  cette  beauté  pure  apparue  à  ses  yeux. 


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La  reverra  partout,  ne  chantera  plus  qu'elle, 

Ou  du  moins  sentira  son  image  étemelle 

Jeter  sur  son  chemin  son  doux  reflet  charmant. 

Marie  éclaire  tout  de  son  rayonnement. 

Ne  me  demandez  pas,  censeur  froid  et  sévère, 

Si  le  portrait  est  vrai  :  le  i)oète  est  sincère. 

Il  peint  Tobjet  qu'il  voit  et  cela  me  suflBt  ; 

Il  le  peint  tel  que  Dieu  dans  son  âme  le  lit. 

Brizeux  prit  celle  fleur  jeune,  k  demi  sauvage, 

Qui  grandissait  au  fond  du  plus  obscur  village; 

11  l'entoura  d'égards,  l'arrosa  de  ses  pleurs, 

Doublant  à  son  insu  l'éclat  de  ses  couleurs. 

Et  la  foule,  en  voyant  celte  large  auréole 

Dont  s'ornèrent  ainsi  la  tige  et  la  corolle. 

Demande  si  Brizeux,  dans  un  profil  si  beau, 

A  vraiment  mis  les  traits  de  l'enfant  du  hameau. 

Demandez  donc  aussi  s'il  a  peint  les  grands  chênes, 

Les  Bretons,  leurs  rochers,  leurs  montagnes,  leurs  plaines, 

Avec  leur  nombre  exact,  leur  taille  et  leur  couleur  ? 

Moi,  je  crois  ii  Marie,  îi  sa  douce  pâleur. 

Quand  Brizeux  la  revit  grandie  et  languissante. 

Quand  Brizeux  lui  parla  d'une  voix  frémissante. 

Je  crois  à  l'entretien  si  doux  du  pont  Kerlo, 

A  la  bague  de  cuivre,  au  petit  Pierre  KIo, 

Comme  je  crois  au  Scorf,  îi  ses  paisibles  rives, 

Aux  bois  tout  pleins  du  chant  des  merles  et  des  grives. 

Au  moulin  de  Ker-rorh,  au  hameau  du  Moustoir, 

Aux  parfums  que  répand  la  lande  vers  le  soir. 

Le  poète  agrandit,  embellit  son  image. 

Ou  plutôt  c'est  l'objet  qui,  sortant  du  nuage 

De  jour  en  jour  plus  grand,  plus  beau,  plus  radieux. 

Par  son  éclat  subjugue  el  son  âme  et  ses  yeux. 

Enivré  du  parfum  de  sa  chère  Bretagne 


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-  23  — 

El  du  frais  souvenir  de  sa  jeune  compagne, 

Brîzeux,  dans  ce  Paris  qui  lui  semble  un  désert, 

Mêla  ces  deux  amours  dans  un  touchant  concert. 

11  idéalisa  la  Bretagne  et  Marie  ; 

Mais  il  ne  mentit  pas:  ce  fut  sa  rêverie, 

Ce  fut  sa  muse  enfin  qui,  lui  montrant  du  doigt 

Ce  lioint  dans  Tidéal,  lui  dit  :  «  Marche  tout  droit  !  ^ 

Et  dès  lors,  qu'il  parcoure  et  Rome  et  Vllalie, 

11  ne  chassera  plus  celte  mélancolie 

Qui  sous  un  ciel  si  bleu  met  un  voile  h  son  front 

Et  donne  à  son  génie  un  charme  si  profond. 

C'est  fini  :  la  Brelagne  et  la  touchante  hisloirc 

De  l'enfant  d'Arzannô  viendront  dans  sa  mémoire 

Lui  redire  sans  fin  de  bientôt  revenir  ; 

Et  lui  s'abreuvera  de  son  cher  souvenir. 

Amour!  fidélilé?  grandeur  d'âme!  droiture! 
C'est  ce  qui  fit  le  fond  de  ta  riche  nature, 
0  chantre  du  Léta,  du  Scorf  et  de  l'Ellé  ! 
Heureux  l'homme  à  qui  l'art  s'est  ainsi  révélé 
Sous  les  traits  d'un  amour  inaltérable  et  tendre  ! 
Celui-là  sut  toujours  l'art  de  se  faire  entendre 
Et  l'art  de  faire  aimer  et  comprendre  son  chanl. 
Le  cri  qui  part  du  cœur  est  bien  assez  touchanl, 
Pour  n'avoir  nul  besoin  d'une  froide  mélhode 
Et  des  moyens  subtils  qu'on  veut  mellre  l\  la  mode. 
Heureux  celui  qui  chante  un  objet  adoré. 
Un  seul,  jusqu'à  la  fin  !  dans  son  vers  inspiré, 
Toujours  on  sentira  la  flamme,  l'étincelle. 
Pour  cet  être  idéal  qu'il  voit  et  qui  l'appelle 
En  lui  tendant  la  main  du  haut  des  cieux  d'azur, 
Jamais  il  ne  croira  son  langage  assez  pur. 


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—  24  — 

Et  son  génie  ira  dans  les  cbants  du  sublime, 

Montant,  montant  toujours,  volant  de  cime  en  cime. 

Oui,  Brizeux,  ce  fut  Ik  le  secret  de  ton  art. 

Quand  je  te  vois  errer  et  pleurer  à  l'écart. 

Jamais  je  ne  croirai  que  ton  fier  esprit  roule 

Un  vers  fait  tout  exprès  pour  éblouir  la  foule. 

Tout  est  vrai  dans  tes  chants,  tout  est  plein  de  douceur 

Et  de  sincérité  comme  au  fond  de  ton  cœur  ; 

Car  ton  vers  recueilli,  c'est  ton  cœur  et  ton  âme. 

Comme  Tamour  en  est  et  la  vie  et  la  flamme. 

Repose  donc  en  paix,  mon  poète  chéri  ; 

Depuis  longtemps  déjà  la  gloire  t'a  souri  ! 

Mais  j'entends  chaque  jour,  autour  de  ta  mémoire. 

Grandir  un  bruit  de  voix  prédisant  ta  victoire. 

En  vain  tu  fus  jadis  un  enfant  du  hameau. 

Et  ton  pays  en  vain  cache  ton  blanc  tombeau 

Sous  le  feuillage  obscur  d'un  humble  petit  chêne 

Qu'à  travers  les  cyprès  l'on  entrevoit  à  peine  ; 

En  vain  ils  ont  redit  qu'un  peu  trop  personnel 

Tu  ne  sus  que  chanter  Marie  et  Ker-rohel  ; 

Moi  je  sais  que,  vaincu  par  ta  mâle  harmonie, 

Le  monde  un  jour  voudra  couronner  ton  génie. 

Je  sais  que,  du  vieux  Rhin  aux  bords  de  l'Océan, 

Des  cœurs  épris  de  toi,  des  bardes  pleins  d'élan 

Viennent  en  pèlerins  répéter  sur  ta  tombe 

Tes  vers  doux  et  plaintifs  comme  un  chant  de  colombe. 

Et  suivre  ton  passage  à  travers  les  grands  bois 

Tout  frissonnants  encore  de  l'écho  de  ta  voix. 

Depuis  longtemps  déjà  ton  œuvre  a  fait  école. 

Qu'on  le  confesse  ou  non  ;  vers  toi  l'on  court,  on  vole, 

Moins  jaloux  qu'ébloui  de  ta  naïveté  ; 


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-  i5  - 

Mais  nul  jusqu'à  présenl  ne  l'a  bien  iroilé. 

Dors  en  paix,  TaveDir  prendra  soin  de  ta  gloire  ! 

Dors  en  paix,  ton  beau  nom  est  écrit  dans  l'histoire  ; 

Le  passant,  sur  un  fût  de  granit  éternel, 

Bientôt  lira  ces  mots  :  «  Gloire  au  barde  immortel  !  i 

Saffré,  juin  1885. 


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POÉSIES 

PAR    JOSEPH    ROUSSE. 

DOM  LOBINEAU 

HISTORIEN  DE  LÀ  BRBTAOi>iE  (*). 


A  M.  ARTHUR  DE  LA  BORDERIE. 

Dans  ce  cloître  où  la  mer,  au  milieu  du  silence, 

Fait  entendre  sa  grande  voix, 
Dom  Lobineau,  lassé  de  son  labeur  immense, 

Vint  se  reposer  autrefois. 

Pour  chasser  h  jamais  les  fables  de  THistoire, 

Il  avait  souffert  et  lutté, 
Aimant  d'un  mCme  amour,  au-dessus  de  la  gloire, 

La  Bretagne  et  la  Vérité. 

Il  mourut,  et  bientôt  dans  l'étroit  cimetière 

On  dispersa  ses  ossements. 
Son  nom  ne  fut  pas  môme  écrit  sur  une  pierre  : 

Ses  ennemis  étaient  puissants  ! 

(«)  Le  3  mai  1886,  à  Saint-Jacut-d6-la-Mcr,  eut  liea  rinauguratinn  du 
iDonumcnt  érigé  à  la  mémoire  de  Dom  Lobineau,  par  les  soins  de  Mgr  Bouché, 
évéque  de  Saint-Biicuc  et  Tréguicr,  avec  le  concours  de  la  Société  des 
Bibliophiles  bretons  et  des  Sociétés  d'Archéologie  crille-et- Vilaine  et  des 
C6tes>du-Nord.  C'est  un  menhir  surmonté  d'une  croix  élevé  dans  le  cime- 
tière où  ont  été  jetés  les  ossements  de  l'illustre  bénédictin.  Après  un  service 
solennel  présidé  par  Mgr  Bouché,  l'éloge  de  Dom  Lobineau  fut  prononcé 
près  de  ce  monument  par  H.  Arthur  de  la  Borderie. 


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—  27  — 

n  avait  défendu  les  droits  de  TArmorique  ; 

On  voulait  les  faire  oublier  ; 
Mais  son  œuvre  était  là,  comme  un  granit  celtique 

Qu'aucun  marteau  ne  peut  plier. 

La  Bretagne  aujourd'hui,  fidèle  à  sa  mémoire, 
Dresse  un  menhir  sur  son  tombeau, 

Et  met,  en  l'entourant  d'une  tardive  gloire. 
Un  nimbe  au  front  de  Lobineau. 

Ami,  nous  penserons  souvent  à  l'abbaye 
Au  milieu  des  jardins  s'élevant  rajeunie, 
A  l'évOque  notre  hôte  y  rassenjblant  un  jour 
Ceux  qui  pour  la  Bretagne  ont  un  ardent  amour. 
Tous  nous  étions  venus  rendre  hommage  à  la  gloire 
Du  vieux  njoine  oublié,  père  de  notre  histoire. 
Nos  âmes  garderont  longtemps  le  souvenir 
Des  Bretons  réunis  au  pied  de  ce  menhir. 
Et  dans  ce  cimetière  écoutant  la  louange 
De  notre  race  antique  et  qui  jamais  ne  change. 
Autour  de  nous  les  fleurs  parfumaient  les  tombeaux  ; 
Nos  regards  découvraient  des  îles  sur  les  eaux. 
Un  manoir  dans  les  bois,  Thébnïde  des  Grèves, 
Où  vécut  un  poète  aussi  doux  que  ses  rêves  ('), 
Les  bords  de  l'Arguenon  et  leurs  landiers  fleuris 
Ouverts  sur  l'Océan  aux  lointains  infinis. . . 

Quand  vint  le  soir,  parut,  image  de  la  Gloire, 
Le  feu  du  cap  Fréhel  aux  éclats  passagers. 
Eclairant  par  instants  les  flots  et  les  rochers, 
Puis  les  abandonnant  bientôt  dans  la  nuit  noire  ! 

l*)  Hippolytc  de  la  Moivonuais. 


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—  218  — 


UN     VILLAGE- 


Le  village  esl  assis  au  milieu  des  fulaies 

Dans  un  étroit  vallon, 
Un  frais  jardin  s'étend  fermé  de  vertes  haies 

Devant  chaque  maison. 

Les  toits  de  chaume  sont  tout  veloutés  de  mousses. 

Et  de  blancs  cerisiers 
Balancent  alentour  avec  des  senteurs  douces 

Leurs  bouquets  printaniers. 

L'aunée  aux  disques  d'or  et  la  menthe  sauvage 

Bordent  les  clairs  ruisseaux 
Qui  courent  gazouillant  à  travers  le  village 

En  tombant  des  coteaux. 

Au  centre  est  un  vieux  puits  enguirlandé  de  lierre 

Et  de  liserons  blancs, 
Où  pour  emplir  d'eau  pure  une  buire  de  terre 

Se  rendent  des  enfants. 

Le  soleil  de  midi  darde  sur  la  vallée  ; 

Je  n'entends  sous  les  cieux 
Qu'un  chant  aigre  et  perçant  de  pintade  isolée  ; 

Tout  est  calme  et  joyeux. 

Malgré  tant  de  chagrins  qu'avec  lui  l'homme  emporte, 

Il  me  semble  qu'ici 
On  trouve  un  peu  de  paix,  et  que  l'àme  esl  plus  forte 

Et  plus  heureuse  aussi. 


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—  29  — 


L'OBÉLISQUE  DE  MI-VOIE. 


L'aurore  se  lève  erai)ourprée, 

La  voûle  du  ciel  est  dorée, 

Les  coqs  chanlcnt  dans  les  hameaux  ; 

Sur  la  roule  silencieuse, 

Tîole,  saulillanle  et  joyeuse, 

La  sonnellc  de  nos  chevaux. 

Le  postillon  sur  la  colline 
Me  montre  un  bois  qui  la  donfme, 
Sombres  mélèzes,  noirs  sapins. 
C'est  là  que,  dans  une  clairière, 
S'élève  une  aiguille  de  pierre. 
Gardant  des  souvenirs  lointains. 

Là  sont  gravés  les  noms  des  Trente, 
Dont  la  gloire  est  encor  vivante. 
Quand  tant  d'autres  sont  oubliés  ! 
Le  passant  s'arrête  à  les  lire. 
Enrant  ou  vieillard,  il  admire 
Beaumanoir  et  ses  chevaliers. 

Nous  descendons  dans  la  clairière. 

Devant  l'obélisque  de  pierre 

Est  un  bouquet  de  fleurs  des  champs. 

Qui  vint  déposer  cet  hommage  ? 

Peut-être  un  poète  en  voyage. 

Ou  quelque  fils  de  paysans. 


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—  30^ 


A  ROBERT  BURNS. 


Vaillant  Burns,  pauvre  âme  brisée, 
Triste  et  gai,  toujours  amoureux, 
Sur  les  vers  perle  la  rosée. 
Comme  les  larmes  dans  tes  yeux. 

J^aime  ta  Muse  aux  chants  alertes, 
Dont  la  graine  rouge  du  houx. 
Brillant  parmi  les  feuilles  vertes. 
Couronne  le  front  jeune  et  doux. 

Ton  livre  sent  la  violette, 

La  fraise  et  les  fleurs  des  ruisseaux. 

On  y  voit  passer  Talouetle 

Et  le  mauvis  dans  les  bouleaux. 

J'y  trouve,  presque  à  chaque  page. 
En  suivant  de  jolis  sentiers. 
Quelque  nouvelle  et  fraîche  image. 
Comme  un  nid  dans  les  noisetiers. 

Quand,  aux  jours  sombres  de  l'automne, 
Tu  rencontrais  la  Pauvreté, 
Pauvre,  lu  lui  faisais  l'aumône 
De  tes  chants  et  de  la  gaîlé. 

La  vieille  Ecosse  t'était  chère. 
Et  ta  voix  disait  aux  échos. 
Sur  les  monls  fleuris  de  bruyère, 
La  gloire  des  anciens  héros. 


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—  31  — 


LA  CATHÉDRALE  DE  NANTES. 


A  Marie  Jenna. 

Depuis  quatre  cents  ans,  ô  vaste  cathédrale, 
Les  générations  ont  versé  des  flots  d'or, 
Pour  dresser  dans  les  cieux  ta  voûte  colossale  ; 
Et  l'heure  du  repos  n'est  pas  venue  encor. 

Il  approche  pourtant,  le  jour  où  la  lunoiëre 
Inondera  tes  nefs  à  travers  les  vitraux, 
Et  fera  resplendir  dans  leur  beauté  sévère 
Les  figures  de  marbre  autour  de  tes  tombeaux. 

Bientôt  il  croulera,  le  dôme  lourd  et  sombre. 
Débris  resté  debout,  entre  tes  larges  bras, 
Sous  qui  se  sont  assis  des  évoques  sans  nombre. 
Et  que  les  siècles  seuls  n'ont  pu  jeter  à  bas. 

0  cathédrale,  immense  ainsi  qu'une  montagne, 
11  nous  fallait  un  temple  aussi  vaste  que  toi, 
Pour  garder  le  tombeau  de  la  vieille  Bretagne, 
Symbole  merveilleux  de  noblesse  et  de  foi  ! 

Vous  veillez  près  de  lui,  sublimes  sentinelles. 
En  portant  dans  vos  mains  le  glaive  et  le  compas. 
Le  fanal  et  la  tour,  ô  Vertus  immortelles  : 
Vos  pieds  de  marbre  blanc  ne  se  lasseront  pas  ! 


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GUANO    D'ALGATRAS 


PAR  MM.  A.  HERBELIN  ET  A.  ANDOUARD. 


Au  cours  d'un  voyage  fait  en  1877,  un  explorateur  avait 
rapporté  de  Tîle  d'Alcatras  (côte  d'Afrique),  un  guano  de 
bonne  apparence  et  qui  avait  donné  h  l'analyse  les  résultats 
suivants,  pour  des  échantillons  différents  : 

HerbelÏD.  Lecharlier.        Bobierre. 

Azote  total  «/o 1-57  1.80         1.45 

Acide  phosphorique  Vo 84 .  36       29 .  50        28 .  19 

Encouragé  par  la  richesse  du  produit,  Tauleur  de  sa 
découverte  affrète  un  navire  et  retourne  sur  la  côte  africaine 
en  chercher  un  chargement  complet.  D'après  ses  premières 
investigations,  l'île  d'Alcatras  était  entièrement  recouverte 
de  guano,  dont  la  partie  superficielle,  sous  une  épaisseur  de 
10  à  15  centimètres,  devait  avoir  la  composition  de  l'échan- 
tillon rapporté  au  premier  voyage,  tandis  que  la  couche 
inférieure,  profonde  de  1",50  et  plus  et  contenant  beaucoup 
de  sable,  pouvait  avoir  un  titre  moitié  moins  élevé  que  le 
précédent.  Ces  prévisions  ne  se  sont  réalisées  qu'en  partie. 
Le  guano  fut  enlevé  avec  précaution,  sur  toute  la  surface  de 
l'île,  c'est-à-dire  dans  le  point  le  plus  riche.  Voici  ses 
caractères  : 

A  son  arrivée,  il  présentait  une  couleur  café  au  lait, 
l'odeur  et  l'aspect  du  guano.  Mais  son  toucher  était  rude  ; 
on  y  sentait  k  la  main  une  forte  proportion  de  sable.  Mis  en 


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—  33  — 

sacs  au  débarquement,  il  en  détruisit  assez  prompiement  le 
lissu  et,  dès  lors,  il  se  trouva  en  contact  avec  Tair.  Sa 
nuance  primitive  disparut  et  il  prit  bientôt  la  teinte  grisâtre 
qu'il  avait,  au  moment  où  nous  nous  en  sommes  occupés. 

Pour  déterminer  avec  certitude  sa  composition  moyenne, 
nous  avons  prélevé  seize  échantillons ,  dans  la  masse  qui 
représentait  le  chargement  presque  entier.  Tous  étaient 
inodores  et  ne  ressemblaient  plus  k  du  guano.  Leur  compo- 
sition était,  à  de  légères  variations  près,  la  suivante  : 

Humidité 7.22 

Azote  organique  et  ammoniacal 0. 75 

Matières  organiques 4 .  64 

Acide  phosphorique H  .52 

Chaux,  magnésie,  oxyde  de  fer 12.06 

Sels  solubles 0.82 

Sable  très  blanc 68.49 

Total 100.00 


il  y  a  loin  de  ces  chiffres  à  ceux  des  premières  analyses. 
Etant  donné  les  soins  apportés  au  choix  du  guano,  au  moment 
du  chargement,  il  est  évident  qu'il  y  a  peu  d'espérances  à 
mettre  dans  le  gisement  de  Tile  d'Alcatras.  Il  est  à  remar- 
quer cependant,  que  la  récolte  a  été  faite  après  la  saison 
des  pluies,  qui  sont  torrentielles  en  cet  endroit.  En  choisis- 
sant mieux  l'époque,  on  obtiendrait  peut-être  un  résultat 
meilleur,  mais  il  n'est  pas  prudent  d'y  compter.  L'île 
est  peu  élevée  ;  la  mer  déferle  à  sa  surface  et  achève  le 
lavage  déjà  commencé  par  la  pluie,  il  est  peu  probable  que 
celte  source  devienne  meilleure  dans  l'avenir  qu'elle  n'est 
aujourd'hui. 


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LES  DERNIERS  JOURS  DE  M.  F.  GUGOT 


Par  m.  h.  FARGUES. 


On  peut  juger  diversement  le  rôle  politique  qu'a  joué 
M.  François  Guizol,  critiquer  ses  vues,  blâmer  certains  de 
ses  actes,  mais  on  est  obligé  de  reconnaître  qu'il  s'impose 
à  l'admiration  des  esprits  impartiaux  par  la  supériorité  de 
son  intelligence,  par  l'incontestable  talent  qu'il  a  déployé  en 
bien  des  circonstances,  par  un  génie  oratoire  que  nul  n'a 
surpassé,  non  moins  que  par  la  droiture  de  ses  intentions 
et  par  l'irréprochable  austérité  de  sa  vie. 

Ce  fut  surtout  depuis  qu'il  se  fut  retiré  de  la  vie  publique, 
après  1848,  pour  se  renfermer  et  s'absorber  dans  ses  travaux 
d'histoire  et  d'études  religieuses,  que  M.  Guizot  se  montra 
sous  un  jour  tout  nouveau  et  révéla  dans  l'intimité  de  la  vie 
privée,  des  qualités  d'âme  que  jusqu'alors  l'on  n'aurait  pu 
guère  soupçonner  chez  lui  :  une  grande  richesse  de  senti- 
ments, une  exquise  bonté,  une  parfaite  bienveillance  pour 
tous  ceux  qui  l'approchaient,  une  appréciation  équitable  et 
mesurée  des  hommes  et  des  choses  qu'il  avait  le  plus  com- 
battus. 

Né  en  1787,  il  avait  83  ans,  quand  éclata  la  guerre 
fatale  de  1870.  Les  angoisses  et  les  douleurs  patriotiques 
ébranlèrent  fortement  sa  santé,  vigoureuse  jusque-là.  «  Mais, 
disait-il,  l'indignation  et  la  tristesse  sont  malsaines  à  mon 


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—  35  — 

âge  ;  «  et  recueillant  les  forces  qui  pouvaient  lui  rester 
encore,  il  voulut  dire  au  monde  du  fond  de  son  lit  ce  qu'il 
pensait  de  la  situation,  ce  qui  l'avait  amenée,  et  quels 
remèdes  il  convenait  d'y  apporter.  Sa  voix  se  perdit  au 
milieu  du  déchaînement  de  la  tempôle  ;  mais  ce  n'en  était 
pas  moins  la  voix  d'un  grand  patriote,  ému  et  troublé  des 
souffrances  de  son  pays,  et  désireux  de  consacrer  à  panser 
ses  plaies  tout  ce  qu'il  pouvait  avoir  encore  d'intelligence, 
de  courage  et  de  vie. 

Lorsque  la  lamentable  issue  de  la  guerre  Qut  ramené  une 
apparence  de  calme  dans  les  esprits,  M.  Guizot  se  remit  à 
l'œuvre  pour  poui'suivre  la  tâche  nouvelle  et  considérable 
qu'il  avait  entreprise  de  donner  au  public  les  leçons  d'histoire 
de  France  qui  charmaient  depuis  plusieurs  années  ses 
petits  enfants.  Le  premier  volume  de  ce  grand  monument 
historique  parut  en  1871.  Trois  autres  ne  tardèrent  pas  à 
suivre.  L'Institut  n'avait  pas  attendu  leur  publication  pour 
décerner  à  l'auteur  et  à  l'unanimité  le  prix  biennal  de 
1871. 

L'activité  intellectuelle  de  M.  Guizot  à  cette  époque  était 
prodigieuse.  11  lisait,  écrivait  ou  dictait  sans  relâche.  Il 
s'occupait  en  môme  temps  et  avec  un  zèle  ardent  des 
intérêts  de  l'église  réformée  dont  il  était  membre  et  dirigea 
les  premiers  travaux  de  son  Synode  général  qui  s'ouvrit 
h  Paris  en  juin  1872.  Mais  il  ne  put  en  soutenir  jusqu'au 
bout  l'effort,  et  en  se  retirant,  il  écrivit  au  Modérateur  de 
celte  assemblée  une  lettre  admirable ,  dans  laquelle  il 
affirmait  une  dernière  fois  ses  convictions  chrétiennes,  et 
«  remerciait  Dieu  d'avoir  pu  témoigner,  si  près  du  terme 
de  sa  vie,  de  son  ferme  attachement  à  la  foi  chrétienne  et 
de  sa  confiance  dans  l'œuvre  poursuivie  par  le  Synode.  » 

On  sait  que  l'auteur  de  l'histoire  de  la  civilisation  était 
resté  toute  sa  vie  profondément  religieux.  Sa  foi  avait  pu 


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—  36  — 

faiblir  au  contact  de  la  société  plus  policée  que  sérieuse  des 
premières  années  de  ce  siècle  et  au  sein  de  l'arène  brûlante 
des  partis,  mais  elle  ne  s'était  jamais  éteinte.  La  philosophie 
spiritualiste  dont  il  se  montra  le  fervent  adepte  ne  pouvait 
lui  suffire.  Il  avait  besoin  de  croire  k  Tintervcntion  constante 
de  la  divinité  dans  les  affaires  humaines.  11  admettait  le 
surnaturel  et  il  en  soutint  le  principe  dans  deux  articles 
publiés  en  1864  dans  la  Revue  des  deux  mondes  peu 
habituée  à  serrer  d'aussi  près  de  semblables  questions.  De 
là  sont  sortis  ces  quatre  volumes  de  méditations  sur  l'essence 
de  la  religion  chrétienne,  première  ébauche  d'un  grand  travail 
qui  devait  être  consacré  à  l'apologie  de  la  religion  chrétienne 
contre  les  attaques  de  la  critique  moderne  ;  et  ceux  qui  ont 
lu  ces  études  magistrales  ont  pu  se  rendre  compte  de  la 
profondeur  de  pensée,  de  la  vigueur  de  raisonnement,  de 
l'éclat  oratoire  avec  lesquels  il  a  partiellement  réalisé  son 
programme. 

Sa  foi  ne  l'abandonna  jamais  :  elle  le  soutint  et  le  fortifia 
dans  les  épreuves  des  deux  dernières  années  de  sa  vie  et 
dans  celles  de  l'heure  suprême. 

Retiré  dans  sa  campagne  du  Val-Richer  en  Normandie, 
entouré  de  la  plupart  de  ses  enfants  et  de  ses  petits  enfants, 
il  vit  s'éteindre  successivement  ses  meilleurs  amis.  La  perte 
de  M.  Vitet  lui  fut  tout  particulièrement  sensible  ;  «  c'était, 
disait-il,  l'un  des  derniers  survivants  d'un  ancien  et  excellent 
bataillon.  »  11  ajoutait  à  cette  occasion,  que  bien  qu'il  ne 
fût  pas  d'une  nature  mélancolique,  les  épreuves  de  la  vie 
avaient  fait  pour  lui,  de  la  tristesse  au  fond  de  l'âme,  un 
état  naturel  dans  lequel  il  rentrait  sans  effort. 

Un  nouveau  et  rude  coup  l'attendait.  Sa  fille,  M"«  Cornélis 
de  Wilt,  atteinte  d'une  pleurésie,  dut  aller  chercher  sous  le 
ciel  plus  clément  du  Midi  le  rétablissement  de  ses  forces. 
Elle  y  laissa  la  vie.  L'illustre  vieillard  accepta  avec  soumis- 


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-  37  — 

sion  celte  séparation  ;  mais  ceux  qui  Taimaient  ne  se 
trompèrent  pas  sur  l'effet  de  sa  douleur  dans  cette  âme  qui 
semblait  devenir  chaque  jour  plus  tendre. 

La  seconde  de  ses  filles,  M"«  Conrad  de  Wiit,  l'auteur  de 
tant  d'ouvrages  fort  estimés  à  l'intention  de  la  jeunesse,  le 
collaborateur  assidu  de  son  père,  qui  lui  disait  :  «  11  nous 
faut  être  une  âme  en  deux  corps  pour  travailler  comme  nous 
faisons,  »  a  publié  sous  ce  titre,  il  y  a  quelques  années  : 
•  M.  Guizot  dans  sa  famille  et  avec  ses  amis,  »  un  livre 
des  plus  captivants  qui  nous  fait  voir  sous  un  jour  tout 
nouveau  l'ancien  ministre  de  Louis-Philippe,  nous  le  montre 
dans  l'intimité  de  la  vie  domestique,  bon,  affectueux,  presque 
tendre,  simple,  flexible,  coulant,  ayant  en  Dieu  une  confiance 
filiale,  d'une  piété  pleine  d'autorité  et  de  charme,  sentant 
vivement  les  émotions  des  siens,  prodiguant  à  ses  amis  dans 
le  deuil  de  sympathiques  et  efficaces  consolations. 

Il  venait  d'achever  les  dernières  lignes  du  quatrième 
volume  de  son  histoire  de  France,  quand  cddanl  h  une 
faiblesse  croissante,  il  se  mit  dans  son  lit  pour  ne  plus  se 
relever.  Tous  les  siens  étaient  accourus  auprès  de  lui. 
On  lui  prodigua  des  soins  inutiles.  11  conservait  toute  sa 
lucidité  d'esprit  ;  mais  il  parlait  peu.  11  prononça  toutefois 
pendant  les  cinq  à  six  jours  qui  précédèrent  sa  mort,  quel- 
ques-unes de  ces  paroles  expressives  qui  le  peignaient  tout  entier, 
et  qui  méritaient  d'être  conservées.  Sur  ses  lèvres  revenait 
constamment  le  nom  de  la  France,  de  cette  patrie  si  chère 
dont  les  malheurs  avaient  les  premiers  porté  un  coup  fatal 
à  sa  robuste  vieillesse.  «  Il  faut  servir  la  France,  dit-il, 
pays  malaisé  h  servir,  imprévoyant  et  inconstant;  il  faut  le 
bien  servir,  c'est  un  grand  pays.  »  L'une  de  ses  petites  filles 
qui  veillait  auprès  de  lui,  dut  chercher  dans  le  3®  volume 
de  son  histoire  de  France  le  portrait  de  Coligny  qu'il 
voulait  revoir.  Il  y  avait  une  grande  affmité  de  caractère 


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—  38  — 

entre  lui  et  l'austère  victime  de  la  Saint-Barlliéleray.  11 
regardait  sa  fille,  elle  aurait  pu  se  tromper  sur  la  séparation 
qui  l'attendait,  tant  ce  regard  était  encore  pénétrant  et 
tendre...  Adieu,  ma  fille,  adieu,  répétait-il...  Une  seule 
espérance  soutenait  alors  les  cœurs.  «  Au  revoir,  mon 
père,  »  dit-elle.  M.  Guizot,  si  faible  quelques  instants  aupa- 
ravant, se  releva  seul  sur  ses  oreillers;  ses  yeux  brillaient, 
sa  voix  avait  repris  sa  force  «  personne  n'en  est  plus  sûr 
que  moi  »  dit-il  ;  et  son  accent  retentit  encore  dans  l'âme 
de  ceux  qui  l'entendirent  (»).  Il  avait  réglé  l'ordre  de  ses 
obsèques  interdisant  toute  invitation  et  tout  discours  : 
«  Dieu  seul  doit  parler  sur  les  tombeaux,  »  avait-il  dit:  encore 
un  de  ces  mots  brefs  et  incisifs  qui  jaillissent  comme  des 
étincelles.  Le  silence  de  la  mort  avait  commencé.  Depuis 
plusieurs  heures,  M.  Guizot  n'avait  pas  ouvert  les  yeux  ; 
son  fils  et  sa  fille  étaient  à  côté  de  lui.  Tout  i\  coup  les 
yeux  njouranls  se  rouvrirent,  plus  beaux,  plus  fermes  que 
jamais,  regardant  au  loin  avec  une  lucidité  étrange,  comme 
s'ils  apercevaient  les  êtres  chéris  qui  l'attendaient  sur  l'autre 
rive,  «  ses  enfants  suivaient  encore  ce  regard  ;  l'âme  était 
déjà  entrée  dans  l'éternité.  » 

Quelques  jours  auparavant,  assis  dans  son  fauteuil,  à  côté 
de  son  bureau,  accablé  par  ime  mortelle  faiblesse,  il  disait 
à  sa  fille  :  «  Ah  !  mon  enfant  que  nous  savons  peu  de 
chose!  »  Puis  levant  les  mains  par  un  mouvement  impé- 
tueux :  «  Enfin,  je  serai  bientôt  dans  la  lumière  !  » 

Je  tiens  d'un  membre  de  sa  famille  qu'à  peu  près  à  la 
môme  époque,  comme  sa  fille  était  péniblement  impressionnée, 
en  le  voyant  trembler  de  tous  ses  membres,  il  la  releva  par 
ces  fortes  paroles  :  «  Mon  corps  tremble,  mais  mon  âme  ne 
tremble  pas.  »  C'est  sous  une  autre  forme  et  dans  des  conditions 

(*)  J'eniprante  tous  ces  détails  aa  livre  de  Mme  c.  de  Witl. 


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-  39  — 

différentes,  le  mol  de  Bailly  :  «  Je  tremble,  mais  c'est  de 
froid.  »  Et  encore  :  «  Je  quille  un  monde  bien  petit  pour  un 
monde  bien  grand.  »  Voilà  le  langage  que  tiennent  les  héros 
chrétiens  sur  le  seuil  du  monde  invisible. 

11  m'a  semblé.  Messieurs,  qu'il  valait  la  peine  de  relever  et 
de  conserver  dans  nos  Annales  de  semblables  expressions  qui 
traduisent  les  nobles  pensées  et  les  sentiments  élevés  de  l'un 
des  plus  grands,  des  plus  vigoureux  esprits  des  temps 
modernes.  A  celte  heure  où  toutes  les  illusions  s'envolent 
et  oii  le  temps  va  faire  place  à  Téternité,  l'homme  interprète 
exactement  et  manifeste  au  dehors  ce  qu'il  sent  dans  les 
profondeurs  les  plus  intimes  de  son  être.  11  a  déchiré  le 
masque  ;  il  est  lui  :  on  ne  dissimule  pas  en  face  de  la  mort. 
A  nos  yeux,  M.  Guizot  se  trouve  grandi  de  toute  la  puissance 
de  ses  convictions  chrétiennes. 


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HISTOIRE 

DES   ENFANTS    ABANDONNÉS  ET   DÉLAISSÉS 

Par  Léon  LALLEMAND. 


ANALYSE  PAR  M'  H.  FARGUES. 


Je  comprends,  Messieurs,  que  M.  Léon  Lallemand  ail 
consacré  un  volume  de  800  pages  in-8**  à  Irailer  celte  question 
capitale.  Par  un  certain  côté,  elle  est  à  la  base  de  toutes  les 
autres,  puisqu'elle  est  liée  au  développement,  k  la  vie,  à 
Texistence  même  de  Thumanité. 

Cette  question,  l'Académie  des  sciences  morales  et  politi- 
ques la  mettait  au  concours,  en  i882,  sous  le  lilre  suivant  : 
«  De  la  protection  de  l'enfance,  au  point  de  vue  des  enfants 
trouvés  et  assistés  ou  délaissés  par  leur  famille. 

»  Rechercher  comment,  soit  dans  Tanliquilé,  soit  chez  les 
peuples  modernes,  a  été  résolu  le  problème  de  la  protection 
de  ces  enfants » 

M.  Léon  Lallemand  a  remporté  le  prix  :  c'est  ce  mémoire 
couronné  que  nous  allons  analyser. 

J'ai  h  peine  besoin  de  vous  faire  remarquer  quelle  somme 


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—  4i  - 

de  recherches  et  de  travail  suppose  celle  vaste  élude.  C'est 
rbistoire  m^me  des  efforts  de  rhumauité  dans  tous  les 
siècles,  en  faveur  de  ces  déshérités  de  ce  monde  que  Ton 
ap[)clle  les  enfants  délaissés,  exposés,  abandonnés,  ou  mieux 
rbistoire  de  la  situation  qui  leur  a  été  faite  par  les  mœui*s  et 
la  législation  des  différents  peuples. 

Le  sujet  se  divise  naturellement  en  trois  parties  :  le 
problème  dans  l'antiquité  ;  le  problème  chez  les  peuples 
appartenant  à  la  civilisation  chrétienne  ;  le  problème  chez 
les  peuples  étrangers  à  cette  civilisation  (Inde,  Chine,  Japon, 
monde  musulman,  etc.) 

LIVRE  I. 

l'antiquité. 

I.  —  A  la  tête  des  peuples  de  l'antiquité  se  trouvent 
les  Egyptiens  qui  sont  l'un  des  plus  rapprochés  du  ber- 
ceau de  l'humanité.  Sur  cette  terre  des  Pharaon,  aujourd'hui 
assez  bien  connue  sous  ce  climat  tempéré ,  les  mariages 
se  formaient  de  bonne  heure  et  restaient  longtemps  féconds. 
Dans  l'intérêt  de  l'agriculture,  les  parents  étaient  tenus  de 
nourrir  tous  leurs  enfants  ;  ce  qu'ils  faisaient  d'ailleurs  h 
pt»u  de  frais.  La  femme  jouissait  des  mêmes  droits  que 
l'homme,  quant  h  la  capacité  légale,  et,  en  cas  de  divorce, 
le  sort  de  ses  enfants  était  toujours  assuré.  La  puissance 
paternelle  ne  présentait  pas  en  Egjpte  le  caractère  de  dureté 
que  lui  imprima  la  loi  romaine  ;  le  père  qui  avait  fait  périr 
son  fils  était  tenu  d'embrasser  pendant  trois  jours  et  trois 
nuits  son  cadavre.  L'enfance  était  protégée  par  les  institutions, 
les  habitudes  sociales  ;  point  de  sacrifices  barbares  comme 
chez  plusieurs  des  peuples  voisins. 

Toutefois,  Ton  ne  trouve  en  Egypte  aucune  trace  d'établis- 
sement en  faveur  de  l'enfance  ;  et  la  démoralisation  qui 
résultait  de  l'indépendance  si  grande  de  la  femme  ne  pouvait 


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—  42  — 

qu'être  Duisible  aux  enfants  et  devait  fréquemment  amener 
leur  abandon  par  leur  mère. 

II.  —  Peuples  chaldéens.  —  Les  Chaldéens,  ces  peuples 
s'étendant  primitivement  de  TEuphrate  à  la  mer  :  Phéniciens, 
Philistins,  Amalécites,  etc.,  ne  nous  sont  guère  connus  que 
par  la  Bible  et  par  quelques  textes  grecs  ou  latins.  Chez  ces 
peuples,  il  ne  semble  pas  y  avoir  eu  de  famille.  Les  mœurs 
étaient  très  dissolues.  Les  enfants  étaient  souvent  sacrifiés 
aux  Dieux  irrités  ;  ils  se  consumaient  avec  des  cris  lamenta- 
bles dans  les  bras  brûlants  de  la  statue  de  Moloch,  en  face 
de  la  mère  obligée  d'assister  au  supplice.  Cette  barbare 
coutume  se  retrouve  à  Carlhage,  colonie  phénicienne  et  à 
ïyr,  lors  du  siège  qu'Alexandre  fit  de  cette  ville.  Vaincus 
par  Agalhocle,  les  Carthaginois  firent  périr  200  enfants  nobles 
pour  apaiser  leurs  dieux  courroucés. 

III.  —  Les  peuples  d'Assyrie  ne  péchaient  pas  par  un 
excès  de  douceur  dans  les  mœurs.  Les  rois  de  Nînive  et  de 
Babylone  abusaient  cruellement  de  leurs  victoires  et  massa- 
craient tout  sur  leur  passage.  Toutefois  ils  ne  semblent  pas 
avoir  connu  les  sacrifices  humains  ,  mais  il  paraît  certain 
que  chez  eux  les  expositions  des  nouveau-nés  étaient 
fréquentes  (Sémiramis,  Cyrus).  Les  tablettes  assyriennes 
mettent  la  chose  hors  de  doute. 

IV.  —  Le  peuple  juif.  —  Chez  ce  peuple  étrange,  à  la 
personnaUté  si  puissante,  la  fécondité  était  en  honneur. 
L'Ecriture  sainte  loue  sans  cesse  les  familles  nombreuses. 
Une  postérité  multipliée  jusqu'à  l'infinie  est  promise  à 
Abraham,  s'il  est  fiJèle.  Le  Talmud  considère  comme  mort 
celui  qui  n'a  point  d'enfants.  L'épouse,  pour  échapper  à  la 
honte  de  la  stérilité,  allait  jusqu'à  partager  ses  droits  conju- 
gaux avec  une  servante.  La  femme  était  tenue  de  nourrir 
son  enfant  ;  veuve,  elle  ne  pouvait  se  remarier  pendant 
l'allaitement. 


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—  43  — 

L'avorleraont  el  rinfanlicide  entraînaient  la  peine  d'homi- 
cide. La  loi  défendait  absolument  Texposition  des  enfants, 
qui  ne  fut  pratiquée  qu'à  titre  d'exception. 

Quant  à  la  puissance  paternelle,  le  père,  protecteur  et 
magistrat  de  la  famille,  avait,  dès  le  dc'but,  droit  de  vie  et 
de  mort  sur  ses  enfants.  Moïse  restreignit  considérablement 
ce  droit  illimité  et  exigea  que  les  fils  coupables  fussent  jugés 
par  les  anciens  el  non  par  le  père.  Dans  certains  cas,  quand 
'a  pauvreté  était  extrême,  celui-ci  pouvait  vendre  sa  fille  ou 
plutôt  l'obliger  à  se  marier  avec  le  maître  qu'il  lui  avait 
choisi.  Mais  quand  k  position  devenait  meilleure,  la  fille 
était  rachetée.  L'éducation  physique  ne  se  séparait  pas  de 
réducatiou  intellectuelle  et  religieuse. 

Quant  aux  orphelins,  ils  étaient  assistés  d'une  manière 
très  efficace  par  ces  caisses  de  bienfaisance  si  nombreuses 
destinées  a  venir  en  aide  aux  pauvres  et  qui  étaient  formées 
de  cotisations  imposées  à  chaque  citoyen.  On  les  dotait 
souvent  à  leur  mariage.  Lorsque  l'Hébreu  était  réduit  en 
esclavage,  il  était  toujours  pourvu  au  besoin  des  siens. 

C'est  là  un  spectacle  consolant  à  contempler.  Tout  autre 
est  celui  que  vont  nous  présenter  les  sociétés  païennes  de  la 
Grèce  et  de  Rome. 

V.  —  Le  peuple  grec.  —  En  Grèce,  les  mariages  étaient 
peu  féconds.  A  Sparte,  on  récompensait  le  père  qui  avait 
deux  ou  trois  fils.  A  Athènes,  seuls  les  enfants  légitimes 
étaient  héritiers  ;  les  enfants  illégitimes  et  délaissés  n'avaient 
ni  droit  de  succession,  ni  droit  de  cité.  Le  père  ne  jouissait 
pas  sans  doute  de  la  patria  pulestas  des  Romains  ;  mais  il 
pouvait  exposer,  vendre  ses  enfants,  les  repousser  à  leur 
naissance  et  plus  tard  les  déshériter,  moyennant  quelques 
légères  formalités. 

A  Lacédémone,  l'éducation  de  l'enfant  n'appartenait  pas 
au  père.   L'Etat  le  prenait  à  l'âge  de  7  ans  et  l'élevait  pour 


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-X  44  — 

lui.  Ajoutons  que  ravorleraent  et  rinfanlicide  étaient  large- 
ment pratiqués  et  point  ou  peu  punis. 

Il  y  avait,  il  est  vrai,  des  dispositions  législatives  qui 
prohibaient  Tavortement  ;  mais  cette  manœuvre  criminelle 
était  accomplie  très  souvent,  sans  que  l'on  s'en  inquiétât 
beaucoup.  D'autre  part,  en  Laconie,  la  raison  d'Etat  prescri- 
vait la  mort  des  enfants  mal  conformés.  On  les  jetait  dans 
un  gouffre  voisin  du  Taygète-  Lycurgue  abolil  les  sacrifices 
humains,  mais  il  faisait  fouetter  jusqu'au  sang  les  enfants 
devant  la  statue  d'Artémise.  A  Athènes,  le  père  faisait  ce  qu'il 
voulait  de  ceux  qui  étaient  faibles  et  débiles. 

Quand  on  ne  les  tuait  pas  sur  l'heure,  on  avait  la  ressource 
de  l'exposition.  Les  Grecs  en  usaient  largement.  Il  y  est 
fait  des  allusions  constantes  dans  Plante  et  dans  Térence, 
traducteurs  de  pièces  grecques.  Riches  et  pauvres,  nul 
n'hésitait  à  abandonner  Cfs  petits  élres,  les  filles  surtout,  ou 
bien  on  les  vendait.  Les  andrnpodistes,  sorte  de  pirates,  se 
livraient  à  l'odieux  métier  de  ravisseurs  d'enfants.  Nous 
devons  dire  que  ce  crime  était  puni  par  les  lois. 

Chose  triste  h  dire,  on  ne  trouve  en  Grèce  aucune  institu- 
tion chargée  de  venir  en  aide  à  ces  victimes  de  la  cruauté 
de  leurs  parents  ou  des  caprices  de  la  force.  Seuls  les  enfants 
légitimes,  devenus  orphelins,  étaient  pourvus  de  tuteurs  et 
élevés  en  certains  cas  aux  frais  de  l'État. 

Ce  qu'il  y  a  peut-être  de  plus  douloureux,  c'est  de  voir  des 
sages,  tels  que  Platon  et  Aristole,  approuver  et  encourager 
ces  atroces  coutumes.  Plutarque  lui-même,  cinq  cents  ans 
plus  tard,  raconte,  sans  protestation,  le  meurtre  juridique 
des  enfants  débiles.  Il  est  vrai  que  les  philosophes  grecs 
n'étaient  que  des  théoriciens  et  que,  dans  sa  république 
idéale,  Platon  n'a  voulu  faire  qu'un  roman.  Mais  l'un  et 
l'autre  auraient  dû  s'élever  avec  force  contre  les  droits  violés 
de  l'humanité. 


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—  45  — 

A  Rome,  les  lois  attribuaient  au  père  une  puissance  sans 
limite  sur  ses  enfants.  C'était  la  fameuse  patria  poteslas, 
dont  Tauleur  recherche  les  origines  et  raconte  l'histoire 
jusqu'au  naoraent  où  elle  prit  fin,  au  !!•  siècle  de  notre  ère. 
Le  père  avait  droit  de  vie  et  de  mort,  de  vente  sur  tous  ses 
eorauts,  ceux  nés  des  jmles  noces,  comme  les  autres,  et 
cela,  quel  que  fût  leur  âge.  Ce  droit  ne  fut  limité  que  tardive- 
ment. 

Il  résulte  de  tous  les  documents,  d'innombrables  relations 
empruntées  h  Martial,  Ovide,  Juvénal,  Horace,  Sénèque, 
Suétone,  que  la  pratique  de  l'avortement,  de  l'infanticide  et 
de  l'exposition  était,  sinon  admise,  du  moins  tolérée  par  les 
mœurs  romaines.  Le  développement  des  jeux  du  cirque,  le 
dérèglement  anormal  des  mœurs,  l'endurcissement  de  toute 
une  nation  ne  pouvaient  que  favoriser  les  coutumes  les  plus 
barbares.  La  vie  de  l'enfant  comptait  pour  très  peu  de  chose. 
Sénèque  déclare  que  c'est  avec  raison  que  l'on  noie  les  enfants 
débiles  ;  quelquefois  on  les  brûlait  au  lieu  de  les  noyer. 

Quand  le  père  rejetait  le  nouveau-né,  ce  pauvre  petit  être 
était  exposé  dans  quelque  carrefour  oii  il  ne  lardait  pas  k 
mourir  ou  à  être  recueilli  par  un  marchand  d'esclaves  qui  le 
vendait  ou  le  réservait  pour  ces  substitutions  dont  parlent 
Plaute  et  Térence.  Il  est  juste  de  dire  que  ces  délaissés  ren- 
contraient quelquefois  des  cœurs  compatissants. 

Les  Romains  s'occupaient  fort  peu  des  pauvres;  ils  préten- 
daient que  leur  donner  du  pain,  c'était  prolonger  inutilement 
leur  infortune.  S'il  y  avait  des  congiaires  ou  distributions  de 
blés,  c'était  par  peur,  point  par  compassion.  Les  femmes  et 
les  enfants  en  étaient  exclus.  On  ne  faisait  rien  à  Rome  pour 
les  enfants  trouvés.  Une  lettre  de  Pline  le  Jeune  en  fait  foi  : 
5,000  enfants,  de  condition  libre,  étaient  élevés  aux  frais  de 
rÉtat  pour  en  être  l'appui  dans  la  guerre.  Avec  Trajan  et 
ses  successeurs  on  sent  déjà  l'influence  du  christianisme. 


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-  46  - 

Adrien  et  Antonin  sMmposenl  des  sacrifices  pécuniaires  en 
faveur  des  enfants  pauvres  dont  les  parents  jouissent  du  droit 
de  cité.  Mais  les  filles  sont  généralement  négligées. 

Chez  les  peuples  barbares  occidentaux,  les  Gaulois,  les 
Germains,  à  côté  de  coutumes  favorables  à  l'enfance,  on 
trouve  cependant  Tusage  des  sacrifices.  Mais  les  enfants 
n'étaient  pas  exposés  sous  de  futiles  caprices  à  tous  les 
dangers  de  l'abandon. 

LIVRE  II. 

LES  PREMIERS  SIÈCLES   DE  l'ÈRE  CHRÉTIENNE. 

Avec  l'Évangile  ,  qui  prêche  une  religion  fondiie  sur 
l'amour  de  Dieu  et  sur  la  charité  envers  le  prochain,  la 
protection  de  l'enfance  devint  un  des  premiers  soucis 
des  chrétiens.  Jésus-Christ  s'est  entouré  d'enfants  et  il  a 
glorifié  ces  pauvres  petits  si  méprisés  par  les  sages  de  l'an- 
tiquité. Il  a  dit  que  recevoir  l'un  d'enlre  eux,  c'est  le  recevoir 
lui-même. 

Les  premiers  apologistes  du  christianisme,  Justin  Martyr, 
Mtnucius  Félix,  Clément  d'Alexandrie,  Gyprien,  Origène 
s'élèvent  avec  indignation  contre  les  pratiques  des  païens 
qu'ils  accusent  de  noyer  les  nouveau-nés,  de  les  faire  mourir 
de  faim  ou  de  froid,  de  les  donner  a  manger  aux  chiens. 
Ces  pratiques  odieuses  étaient  déjà  battues  en  brèche  par 
l'infiuence  de  cette  religion  de  sainteté  et  d'amour  qui  s'insi- 
nuait par  toutes  les  fissures  d'un  édifice  chancelant.  Les 
premiers  chrétiens,  dans  le  premier  élan  de  leur  foi,  n'avaient 
qu'un  cœur  et  qu'une  âme.  Les  orphelins,  les  abandonnés 
sont  les  objets  de  leur  plus  vive  sollicitude.  On  recueille  les 
enfants  exposés  par  la  barbarie  païenne.  De  là,  probablement, 
l'accusation  que  les  sectateurs  du  Christ  immolaient  un  enfant 
au  milieu  de  leurs  mystères.  Aussi  durent-ils  se  modérer 


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-  47  — 

dans  leur  zèle  qui  provoquait  un  redoublement  de  persécu- 
tions. 

Quand  Constantin  eut  placé  la  croix  sur  ses  étendards,  sur 
les  instances  de  Lactance,  précepteur  de  Tun  de  ses  fils,  le 
nouvel  empereur  interdit  les  expositions  et  meurtres  d'enfants, 
sous  la  menace  des  peines  les  plus  sévères.  Mais  le  mal  était 
si  grand  que  Ton  dut  le  tolérer  longtemps  encore,  tout  en 
avisant  aux  moyens  de  l'extirper.  L'Église  fonde  partout  des 
asiles  pour  les  petits,  des  brephotrophia  et  des  orphano- 
trophia,  créations  ignorées  précédemment.  Le  plus  célèbre 
de  ces  asiles  est  celui  qu'avait  Basile  à  Césarée  en  87^. 

Les  peuples  germaniques,  sous  les  coups  desquels  succomba 
l'empire,  subirent  de  bonne  heure  l'influence  du  christianisme, 
et  l'évangile  devint  leur  idéal  législatif.  Il  résulte  de  l'examen 
attentif  des  lois  des  Visigoths,  Bavarois,  Mamans,  Franks, 
Longobards,  Anglo-Saxons  que,  chez  tous  ces  peuples,  la  vie 
de  l'enfant  était  protégée  d'une  manière  très  efficace  et  que 
la  fécondité  était  honorée.  Les  manœuvres  destinées  à  pro- 
curer la  stérilité,  l'avortement,  sont  frappées  de  peines  plus 
ou  moins  sévères.  Le  chrétien  qui  a  vendu  son  enfant  est 
tenu  de  le  racheter. 

Les  dispositions  concernant  l'abandon  et  l'éducation  des 
enfants  trouvés  sont  des  plus  remarquables.  Je  ne  saurais 
entrer  dans  les  détails.  Voici  un  exemple  :  Celui  qui  nourrit 
et  élève  un  enfant  exposé  gagne  la  valeur  d'un  esclave  ;  si 
l'on  ne  peut  retrouver  ses  parents,  ceux  qui  l'ont  recueilli  le 
font  nourrir  et  élever  par  un  homme  de  confiance  qui  pourra 
ensuite  se  l'attacher  comme  serviteur.  L'un  des  plus  beaux 
titres  qu'ambitionnait  l'évêque,  était  celui  de  protecteur  des 
orphelins.  L'Église  lutta  pendant  des  siècles  contre  les 
anciennes  coutumes  très  vivaces  au  sein  de  ces  peuples  encore 
à  demi  barbares,  malgré  la  teinture  de  christianisme  qu'ils 
avaient  reçue.  Le  premier  asile  affecté  en  Occident  à  l'enfance 


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—  48  — 

abandonnée  est  dû  k  l'archiprétre  Dalheur,  de  Milan,  en  787  ; 
il  était  destiné  ii  empêcher  les  parents  de  tuer  certains  de 
leurs  enfants.  On  en  vit  bientôt  d'autres  s'élever. 

Nul  ne  se  préoccupa  plus  des  pauvres  et  des  petits  que 
Charleraagne.  Il  se  proclame  le  défenseur  des  veuves  et  des 
orphelins  et,  dans  ses  capitulaires,  les  recommande  aux 
évêques,  aux  abbés,  aux  comtes  et  aux  mis$i  dominici. 
En  l'an  817,  un  capitulaire  de  Louis  le  Débonnaire  mentionne 
les  orphanotropliia  et  les  brephotrophia.  Mais  nous  voici  en 
pleine  féodalité,  et  les  coutumes  vont  remplacer  les  lois. 
L'Église  favorisera  la  protection  des  faibles  et  développera 
les  institutions  hospitalières. 

{A  suivre). 


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NOTES  ET  DOCUMENTS 

POUR   SERVIR 

A  L'HISTOIRE  DU  DISTRICT  DE  CHALLANS 

Par  Mr  C.  MERLAND 
RÉUNIS  ET  PUBLIÉS  PAR  M.  JULIEN  MERUND 

Ju}?e  suppléant  au  Tribunal  Civil  de  Nantes. 


Dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  mon  père  avail  songé 
à  écrire  Thisloire  du  district  de  Challans,  de  ce  canton  où 
notre  famille  a  vécu  de  longues  années  et  auquel  nous  ratla- 
chent  tant  de  liens  d'afTection.  Dans  ce  but  il  avait  réuni  de 
nombreux  documents  et  compulsé  avec  soin  les  registres 
des  délibérations  du  district.  La  longue  et  cruelle  maladie 
qui  Fa  conduit  au  tombeau  Ta  empêché  d'accomplir  son 
ceuvre. 

Je  viens  aujourd'hui  publier,  non  pas  une  histoire  du  dis- 
trict de  Challans,  mais  bien  les  noies  et  manuscrits  que  m'a 
légués  mon  père.  Ces  notes,  je  l'affirme,  ont  été  recueillies 
avec  soin  el  sont  d'une  exactitude  incontestable.  Je  n'ai  rien 
voulu  en  retrancher.  J'y  ai  ajouté  le  moins  possible.  J'ai 
évité  de  donner  sur  les  faits  el  sur  les  actes  des  personnes 
qai  ont  été  mêlées  aux  événements,  la  plus  légère  apprécia- 
tion. 

Je  dédie  aujourd'hui  ces  notes  k  vous,  mes  Collègues  de 

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TAcadémie  Nantaise,  chez  qui  le  souveDîr  de  mon  père  est 
toujours  vivant.  Je  les  dédie  k  la  Vendée,  berceau  de  ma 
famille.  Peut-être  un  jour,  dans  l'avenir,  alors  que  les  passions 
politiques  se  seront  calmées,  que  nous  nous  serons  davanta  ge 
éloignés  de  la  période  révolutionnaire,  peut-être  pourra -t-on 
s'en  servir  et  en  y  joignant  l'appréciation  des  faits,  ce  que 
j'ai  bien  évité  de  faire ,  en  former  l'histoire  complète  du 
district  de  Challans. 

Julien  MERLAND. 


Les  lois  sur  l'organisation  administrative  et  judiciaire 
avaient  été  votées  dans  les  derniers  mois  de  l'année  1789. 
Elles  ne  furent  guère  mises  à  exécution  que  vers  le  mois  de 
mai  1790. 

Le  département  de  la  Vendée  comprenait  52  cantons 
répartis  en  6  districts  : 

Fontenay,  la  Ghateigneraie,  Montaigu,  la  Roche-sur-Yon, 
les  Sables  et  Challans. 

Le  district  de  Challans  comprenait  9  cantons  :  Challans, 
Saint-Gilles,  Noirmoutier,  Reauvoir,  Saiut-Jean-de-Monls, 
Apremont,  Palluau,  la  Garnache  et  Rouin,  répartis  eux- 
mêmes  en  36  communes  :  Challans,  Coudrie,  Sallertaine, 
SouUans,  Apremont,  Commequiers,  les  Habites,  Mâché,  Saint- 
Maixent,  Reauvoir,  la  Crosnière,  Saint-Gervais,  Saint-Urbain, 
Rouin,  la  Garnache,  Rois-de-Céné,  Châteauneuf,  Falleron, 
Froidfond,  Noirmoutier,  Rarbâtre,  Palluau,  Grand'Landes, 
Chapelle-de-Palluau ,  Saint-Christophe  ,  Saint-Etienne-du- 
Rois,  Saint-Paul-de-Commequiers,  Saint-Gilles,  Croix-de-Vie, 


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—  51  - 

le  Fenouiller ,   Rié  ,  Sainl-Hilaire-de-Rié  ,  Saint-RévércDd, 
Saint-Jean-de-Monls,  Notre-Darae-de-Monls,  le  Perrier. 


Note.  —  M.  Orieax,  président  de  la  Société  académique,  a  bien  voulu 
me  communiquer  le  discours  par  lui  prononcé  le  11  novembre  1883,  ù  la 
Société  amicale  des  anciens  élèves  de  l'Ecole  piofessionnclle  de  Nantes,  dont 
il  est  le  président.  11  m'a  autorisé  à  en  détacher  et  à  en  reproduire  ici 
textuellement  quelques  pages  qui,  très  brièvement  mais  aussi  d'une  manière  très 
complète,  font  connaître  les  rouages  de  TAdministrAtion  de  la  France  d'après 
la  loi  de  1789.  Ces  pages  sont  de  nature  à  intéresser  le  lecteur  à  un  double 
point  de  vue  :  d'abord  parce  qu'elles  sont  bien  écrites,  ensuite  parce  qu'elles 
eipliquent  ce  que  l'on  entendait  par  Conseil  du  département.  Directoire, 
Adminittration  du  district,  etc.  Je  suis  heureux  de  pouvoir  ici  exprimer  à 
M.  Orieox  ma  vive  gratitude. 

J.  M. 


et  Le  11  novembre  1789,  après  cinq  séances  employées  en  discussions  sur  la 

•  matière,  l'Assemblée  constituante  décida  qu'il  serait  fait  une  nouvelle 
»  division  du  royaume,  laquelle  comprendrait  75  à  85  départements.  Elle 
»  décréta  ensuite  la  subdivision  de  chaque  département  eu  districts,  et  de 
»  chaque  district  en  canton.  Le  nombre  des  districts  devait  être  fixé  par 
»  elle,  sur  l'avis  des  députés  des  provinces,  et  suivant  la  convenance  et  les 
»  besoins  de  chaque  département.  Quant  aux  cantons,  ils  étaient  surtout 
n  destinés,  au  point  de  vue  des  élections,  à  la  réunion  des  assemblées 
»  primaires. 

n  Les  jours  suivants,  l'Assemblée  s'occupa  du  projet  d'administration  des 
»  liixisioiis  nonvelles,  et  elle  décréta  : 

>*  Que  chaque  département  serait  administré  par  une  Assemblée  perma- 
••  «ente,  appelée  Administration   du  département,  dont   les  membres,  au 

•  nombre  de  trente-six,  seraient  nommés  pour  quatre  ans  et  renouvelés  par 
•>  moitié  tous  les  deux  ans  ; 

it  Que  l'Administration  du  département  serait  divisée  en  deux  sections, 
»  sous  les  titres  de  Conseil  du  département  et  de  Directoire  du  département, 

»  Le  Conseil  devait  être  chargé  de  fixer  les  règles  de  chaque  partie 
o  d'administration,  et  d'ordonner  les  travaux  et  les  dépenses  générales  du 
^  département  ;  il  était  composé  de  vingt -huit  membres,  et  sa  session 
»  annuelle  ne  pouvait  durer  plus  d'un  mois.  Le  Directoire,  composé  des  huit 


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Aucune  mesure  n'avait  été  décrétée  contre  les  prèlres  qui 
refusaient  le  serment  à  la  Constitution  ;  l'Elat  se  bornait 


»  autres  membres,  devait  être  chargé  de  rexpédition  des  affaires  ;   il  ëlait 
»  permanent  et  avait  le  devoir  de  rendre  compte  de  sa  gestion  au  Conseil. 

o  V Administration  du  district  <^(ait  faite  à  limage  de  celle  du  départe- 
n  ment,  auquel  elle  était  subordonnée  ;  elle  était  composée  de  douze 
»  membres,  elle  avait  un  Directoire  permanent  et  un  Conseil  dont  la  session 
»  annuelle  ne  pouvait  dépasser  quinze  jours. 

»  Les  administrations  de  district  et  de  département  étaient  élues  par  le 
u  suffrage  universel  à  deux  degrés,  et  de  cette  manière  :  les  assemblées 
»  primaires  choisissaient  les  électeurs  parmi  tous  les  citoyens  actifs  de  leur 
u  canton,  ces  électeurs  choisissaient  ensuite  les  membres  de  PAdministra- 
»  tion  du  district  parmi  les  éligibles  de  cotte  subdivision,  et  ceux  de  rAdoiî- 
n  nistration  du  département,  parmi  les  éligibles  de  tous  les  districts,  pourvo 
»  que  chacune  de  ces  subdivisions  eût  au  moins  deux  membres  dans  TAdmî- 
»  nistration  départementale. 

»  Pour  leur  début,  les  administrations  de  département  allaient  avoir  à 
)>  remplir  des  fonctions  très  délicates  et  très  étendues  ;  elles  avaient,  eu  effet, 
n  pour  mission  : 

M  1»  De  répartir  entre  les  districts  les  contributions  directes  imposées  au 
»  département  par  l'Assemblée  législative,  et  de  régler  tout  ce  qui  en  con- 
»  cernait  la  perception  et  le  versement  ; 

n  2o  De  surveiller  tout  ce  qui  était  relatif  au  soulagement  des  pauvres, 
»  aux  maisons  d'arrêt  et  de  correction,  à  la  police  des  «uendiants  et  vaga* 
))  bonds  ;  à  la  police  des  eaux  et  forêts,  des  chemins,  rivières  et  autres 
V  choses  communes  ;  aux  travaux  publics  de  toute  espèce,  tels  que  ceux  des 
n  routes,  chemins  et  canaux  ;  à  la  salubrité,  la  sûri  (é  et  la  tranquillité 
1)  publique  ;  aux  réparations,  reconstructions  et  entretien  des  églises,  pres- 
»  bytères  et  autres  objets  relatifs  au  service  du  culte  ;  à  Téducation  publique 
M  et  k  renseignement  politique  et  moral  ;  enfin  aux  milices  nationales. 

•'  D'après  la  loi  nouvelle,  les  assemblées  administratives  ne  pouvaient 
Il  établir  aucun  impôt  ni  en  répartir  aucun  au-delà  des  sommes  et  de  la 
»»  durée  fixée  par  le  Corps  législatif,'  elles  devaient  pourvoira  l'établisse^ 
n  ment  et  au  maintien  des  moyens  propres  à  leur  procurer  les  fonds  néces^ 
n  saires  au  paiement  de  leurs  dettes,  aux  dépenses  locales,  imprévues  et 
n  urgentes  ,•  mais  elles  ne  pouvaient  faire  aucun  emprunt  sans  y  être  auto- 
it  risées  par  l'Assemblée  nationale. 


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—  53  — 

à  les  priver  de  leur  traitement  («).  Un  arrêté  du  département 
de  la  Vendée  du  9  mars  1 792  prescrivait  aux  administrateurs 

n  Les  délibérations  de  TAsscmblée  administrative  ne  poDvaiont  être  mises 
»  à  exécution  sans  l'approbation  da  roi,  lorsqu'elles  intéressaient  l'Admi- 
n  oistralion  générale  da  royaume  ou  qu'elles  étaient  relatives  à  des  entre- 
»  prises  nouvelles  ou  à  des  travaux  extraordinaires. 

»  Dans  l'Administration  du  département,  il  y  avait  un  Procureur  général 
n  syndic,  et  dans  celle  du  district,  un  Procureur  syndic,  nommés  tons  les 
»  deux  à  Télcetion.  Ils  étaient  chargés  de  la  suite  des  affaires  et  avaient  voix 
n  délibérative  dans  les  Assemblées. 

H  An  commencement  de  chaque  session,  T Administration  du  département 
u  nommait  son  président  qui  se  trouvait,  par  cela  même,  le  Président  du 
H  Directoire.  Ses  fonctions  correspondaient  à  celles  de  nos  préfets.  » 

«  L'Assemblée  nationale,  dont  le  labeur  incessant,  dont  la  prodigieuse 
n  activité  nous  étonnent,  surtout  lorsque  nous  comparons  ce  labeur  et  cette 
'^  activité  à  ce  qui  se  passe  de  nos  jours,  l'Assemblée  nationale  s'occupait 
»  dans  le  même  temps  de  la  création  des  municipalités.  Elle  confia  l'adminis- 
»  tration  des  villes,  bourgs,  paroisses  ou  communautés,  à  un  Conseil  muni- 
»  cipal  nommé  à  l'élection.  L'élection  désignait  aussi  :  le  chef  du  corps 
«municipal,  c'est-à-dire  le  Maire;  le  Procureur  chargé  de  défendre  les 
»  intérêts  de  la  commune,  et  des  notables  en  nombre  double  de  celui  des 
»  membres  du  Conseil  municipal. 

n  Le  Conseil  municipal  confiait  l'expédition  des  affaires  à  un  certain 
»  nombre  de  personnes  sous  l'appellation  de  Bureau,  et  tout  conseiller  qui 
»  faisait  partie  du  Bureau  était  remplacé  dans  le  Conseil  par  le  premier 
»»  notable. 

»  Les  membres  du  Conseil  délibéraient  seuls  pour  arrêter  les  comptes  de 
0  la  commune  :  léunis  aux  membres  du  Bureau,  ils  s'assemblaient  une  fois 
n  par  mois  pour  délibérer  sur  toutes  les  affaires  communales,  et  réunis  aux 
»  notables,  ils  formaient  le  Conseil  général  de  la  commune,  pour  délibérer 
»  sur  des  affaires  déterminées.  Les  notables  furent  remplacés,  un  peu  plus 
•)  tard,  par  les  plus  imposés  dont  l'existence  a  duré  jusqu'il  1881. 

n  Le  Conseil  municipal  était  subordonné  aux  Administrations  de  district  et 
»  de  département.  » 

(*)  Ftéanmoins  ils  touchèrent  leurs  traitements  jusqu'au  mois  d'août  1792. 


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--  54  — 

des  districts  de  faire  conduire  au  cljef-lieu  ceux  qui,  par 
leurs  actes  ou  par  leurs  discours,  Iroubleraienl  la  tranquillité 
publique,  comme  aussi  de  faire  sortir  du  département  les 
prêtres  étrangers  qui  s'y  seraient  réfugiés  sans  présenter 
au  Directoire  du  district  qu'ils  habitaient  un  certificat  cons- 
tatant l'époque  à  laquelle  ils  avaient  établi  leur  nouvelle 
résidence. 

A  la  séance  du  14  avril  1792,  la  conduite  de  plusieurs 
prêtres  non  assermentés  fut  signalée  au  Directoire  du  district 
de  Cballans,  par  plusieurs  lettres,  l'une  entre  autres  du 
Directoire  du  district  de  Machccoul.  Elle  dénonçait  plusieurs 
prêtres,  exerçant  leurs  fonctions  sur  les  limites  des  deux 
districts  et  spécialement  ceux  de  la  Garnacbe  et  de  l'isle  de 
Bouin  en  demandant  que  l'arrêté  du  département  de  la 
Vendée  en  date  du  9  mars  1792  leur  fût  appliqué.  Le  sieur 
Massé,  curé  de  Saint-Christoplie-da-Ligneron,  témoignait, 
de  son  côté,  par  une  lettre  en  date  de  ce  jour,  des  craintes 
qu'il  éprouvait  de  voir  se  renouveler  les  scènes  qui,  un  an 
auparavant,  avaient  affligé  la  paroisse. 

«  Le  desservant  de  la  cure  de  Goudrie,  disait-il,  a  avancé 
»  l'heure  ordinaire  de  ses  messes  paroissiales  et  le  peuple  en 
»  grand  nombre,  que  ce  prêtre,  par  des  suggestions  perfides 
»  et  criminelles,  il  n'en  faut  pas  douter,  a  trouvé  le  secret 
»  d'attirer  dans  son  église,  menace  de  se  porter  à  l'église  de 
»  Saint-Ghrislophe  et  d'exterminer  les  citoyens  qui,  restés 
»  fidèles  à  la  voix  de  leur  pasteur  légitime,  assistent  aux 
»  offices  qu'il  célèbre.  » 

D'autres  dénonciations  avaient  été  faites  précédenmient 
contre  plusieurs  prêtres  non  assermentés.  Il  en  résultait  que 
des  conflits  menaçants  s'élevaient  quelquefois  entre  les 
prêtres  qui  avaient  prêté  serment  à  la  Con^lilution  et  ceux 
qui  l'avaient  refusé. 

«  Depuis  longtemps,  dit  un  membre  du  Directoire,  le 


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—  55  - 

siear  Bouancbaud,  vicaire  ci-devant  de  Saint-Gervais, 
célèbre  dans  celte  paroisse,  fêles  et  dimanches,  la  messe 
qull  avait  coutume  de  dire  en  sa  qualité  de  vicaire.  Il 
éloigne  tant  par  ses  discours  que  par  sa  conduite,  les 
citoyens  de  cette  paroisse  d'assister  aux  offices  de  leur 
pasteur  légitime  ;  il  a  constamment  refusé  de  se  soumettre 
à  la  loi  du  26  décembre  et  de  reconnaître  la  mission 
légitime  de  Févêque  de  ce  département  en  refusant  de 
recevoir  de  lui  les  pouvoirs  nécessaires  pour  exercer  les 
fonctions  de  vicaire;  la  conduite  de  ce  prêtre  exige 
d'autant  plus  de  surveillance  que  le  curé  de  Saint-Gervais, 
ayant  satisfait  à  la  loi  sus-datée,  se  trouve  continuellement 
menacée  par  les  partisans  de  son  ci-devant  vicaire.  Au 
surplus,  la  paroisse  de  Saint-Gervais  n'est  pas  d'une  si 
grande  résidence  qu'elle  ne  puisse  se  passer  de  vicaire. 
Le  département  a  déjà  préjugé  l'inutilité  d'un  vicaire  dans 
celte  paroisse  par  un  délibéré  qui  arrête  que  le  vicaire 
cessera  de  recevoir  son  traitement  de  la  nation.  » 
La  commune  du  Perricr  n'ayant  pas  plus  d'étendue,  le 
vicaire  de  celle  paroisse  ne  paraissait  pas  non  plus  au 
membre  qui  prenait  la  parole  d'une  utilité  indispensable  et 
il  pensait  que  dans  un  temps  où  les  économies  étaient 
commandées  par  l'état  de  nos  finances,  il  était  convenable 
d'en  demander  la  suppression. 

Enfin  une  lettre  du  sieur  Dorion,  capitaine  des  volontaires 
du  département  de  la  Vendée,  informait  le  Directoire  «  qu'un 
»  prêlre  inconnu  faisant  les  fonctions  ecclésiastiques  s'était 
»  retiré  dans  la  paroisse  du  Fenouiller  chez  le  desservant 

•  de  la  paroisse  de  ce  lieu.  » 
«  Le  Directoire, 

»  Considérant  que,  depuis  longtemps,  il  est  à  sa  connais- 
»  sance    que  le   sieur  Ghapot,    vicaire  de   la   Garnache, 

•  entretient  dans  cette  parroisse  et  dans  les  circonscriptions 


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-  56  — 

»  voisines  des  mouvements  séditieux  ;  qu'un  vicaire  est 
0  absolument  inutile  dans  la  paroisse  de  la  Garnacbe,  le 
•  siem-  Bouhicr,  ci-devant  chanoine  de  Luçon,  célébrant 
»  dans  celte  paroisse  la  messe  les  fêles  et  dimanches,  il 
»  n'était  venu  à  notre  connaissance  aucune  plainte  contre 
»  lui  ;  que  la  conduite  incendiaire  de  ce  prélre  (le  vicaire 
»  Ghapot),  a  provoqué  la  dénonciation  du  Direcloire  du 
»  dislrict  de  Machecoul  dans  retendue  duquel  il  avait 
»  conjoinlemcnt,  avec  le  sieur  Goussais,  desservant  de  la 
»  cure  de  Bouin,  propagé  les  iroubles  ;  considérant  que  la 
»  conduile  incidieusc  et  perplexe  du  sieur  Goussais  a  depuis 
»  longtemps  convaincu  radminislration  de  ses  mauvais 
»  principes  ;  qu'il  a  donné  retraile  chez  lui  au  sieur  Martin, 
»  lorsqu'il  provoqua  contre  lui  l'arrélé  du  déparlement,  qui 
0  le  relient  à  Fonlenay  depuis  longtemps;  que  tout  récem- 
D  ment  encore  il  a  provoqué  conlre  lui  la  dénoncialion  d'un 
»  corps  administratif  respectable  ;  qu'il  existe  dans  la 
»  paroisse  de  Bouin  deux  prêtres  sufiRsants  pour  faire  le 
»  service  et  conlre  lesquels  on  ne  nous  a  jusqu'à  ce  jour 
»  porlé  aucune  plainte  ;  considérant  encore  que  le  sieur 
»  Bouanchaud,  ex-vicaire  de  Sainl-Gervais,  est  non  sculc- 
»  ment  inutile  en  celle  paroisse,  mais  encore  qu'il  y 
»  entrelient  des  troubles  et  des  mouvements  très  dangereux  ; 
»  qu'il  éloigne  autant  par  ses  discours  que  par  son  exemple 
»  les  citoyens  de  cette  paroisse  des  offices  de  leur  pasteur 
0  légitime  ;  que  le  sieur  Paeran,  vicaire  du  Perrier,  entretient 
9  de  son  côté  le  trouble  et  la  mésintelligence  entre  les 
»  citoyens,  ce  qui  produit  les  plus  mauvais  effets;  qu'il 
»  éloigne  de  sa  paroisse  les  citoyens  patriotes  ;  que  récem- 
»•  ment  une  troupe  de  paysans,  enhardis  sans  doute  par  ses 
»  conseils,  a  maUraité  un  jeune  citoyen  qui  faisait  ouverte- 
»  ment  profession  d'être  fidèle  à  la  Constitution  et  soumis 
»  à  la  loi  ;  que  cette  scène  a  provoqué  contre  les  coupables 


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—  57  -- 

»  un  mandat  d'arrél  du  juge  de  paix  du  canton  ;  qu'il  est 
»  iaipossibie  d'acquérir  des  preuves  de  délits  contre  les 
»  direcleurs  et  les  principaux  moteurs  de  ces  complots  qui 
»  ont  toujours  soin  de  mettre  leurs  perfides  conseils  à  Tabri 
»  du  secret  de  la  confession  ;  que  la  paroisse  du  Perrier,  par 
8  sa  petite  étendue,  peut  facilement  se  passer  de  vicaire; 
'  considérant  qu'aux  termes  de  TarrÉlé  du  département, 
»  du  5  du-  mois  dernier,  tous  prêtres  étrangers  qui  se 
»  trouvent  actuellement  dans  le  département  sont  tenus  de 
0  présenter   au   Directoire   du  district    qu'ils    habitent,  le 

•  certificat  de  Tépoque  à  laquelle  ils  ont  fixé  leur  résidence  ; 
»  qu'il  est  instruit  qu'il  s'est  retiré  chez  le  desservant  de 
»  la  cure  du  Fenouiller  un  i»rêtre  étranger  dont  on  ignore 

•  le  nom  ; 

»  Oui  le  Procureur-Syndic, 
»  Arrête: 

Article  ^«^ 

»  Les  sieurs  Chapot,  vicaire  de  la  Garnache,  Goussais, 
«»  desservant  de  la  cure  de  Bouin,  Bouanchaud,  ex-vicaire  de 
»  Sninl-Gervais,  et  Paeran,  vicaire  du  Perrier,  sont  tenus  de 
»  se  rendre  au  chef-lieu  du  département  de  la  Vendée,  situé 
»  il  Fontenay,  trois  jours  après  la  notification  qui  leur  sera 
«  faite  du  présent  arrêté,  sauf  au  Directoire  du  département 
»  de  les  renvoyer  s'il  y  a  lieu. 

Article  2. 

»  Ceux  des  dénommés  qui  ne  se  conformeront  pas  aux  dis- 
»  positions  ci-dessus  y  seront  conduits  par  la  force  armée 
»  et  k  leurs  frais. 

Article  3. 

»  Il  sera  ordonné  l\  l'inconnu  se  disant  prêtre  retiré  chez 
«  le  desservant  de  la  cure  de  Fenouiller  de  sortir  dans  trois 
»  jours  pour  tout  délai  de  l'étendue  du  département. 


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—  58  - 

Arlicle  4. 
»  Il  sera  lenu  de  certifier  au  Directoire  de  ce  district  qu'il 
»  a  satisfait  aux  disposilioRs  de  l'article  ci-dessus  par  Taltes- 
»  lation  de  la  municipalité  où  il  se  retirer». 

Article  5. 
»)  Les   municipalités    veilleront,   chacune   en  ce  qui  les 
»  regarde,  k  l'exécution  du  présent  arrêté. 

Arlicle  6. 
»  Il  leur  est  spécialement  recommandé,  à  peine  de  respon- 
>ï  sabilité,  de  concourir  de  tout   leur  pouvoir  k  l'exécution 
»  des  arrêtés  du  département  des  5  et  9  mars  dernier. 

Arlicle  7. 
»  La  gendarmerie  nationale  sera  requise  de  se  transporter 
»  dimanche  prochain  à  Saint-Christophe  pour  y  maintenir  la 
»  tranquillité. 

Article  8. 
»  Le  Directoire  charge  son  Procureur-Syndic  de  mettre  k 
»)  exécution  le  présent  arrêté. 

Arlicle  9. 
»  11  en  sera  adressé  copie  au  Directoire  du   département 
»  et  aux  municipalités  de  la  Garnache,  Bouin,  Saint-Gervais, 
»  le  Perrier  et  le  Fenouiller. 

Article  10. 
»  Il   sera   envoyé  au  département  copie  des  lettres  du 
n  Directoire  du  district  de  Machecoul  et  du  sieur  Massé,  curé 
n  de  Saint-Christophe. 

Article  11. 
»  Le  Directoire  du  département  est  très  instamment  invité 
«  à  prendre  en  considération  notre  arrêté  du  21  mars  der- 
»  nier  relatif  au  sieur  Testard,   curé  de  Coudrie  et  Néau, 
»  curé  de  Soullans.  » 

Il  résulte  d'une  délibération  du  Directoire  de  Challans,  en 
date  du  21  avril  1792,  que,  dès  le  mois  de  mai  1791,  une 


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—  59  — 

garnison  était  élahlie  à  Challans  dans  Tinlention  de  maintenir 
le  bon  ordre  dans  les  paroisses  voisines. 

«  S'est  pn^senlé  à  la  séance  M.  le  Maire  de  la  municipalité 
»  (le  celle  ville,  lequel  a  représenté  que,  depuis  le  mois  de 
»  mai  17ÎM,  la  ville  de  Challans  a  eu  continuellement  en 
•  garnison  dans  ses  murs  une  ou  plusieurs  compagnies  tant 
»  de  troupes  de  ligne  que  des  gardes  nationales,  que  les 
9  habitants  en  ont,  depuis  cette  époque,  seuls  supporté  la 
0  charge  ;  qu'ils  ont  logé  les  soldats,  fourni  des  lits  à 
»  rhApiial  mililairc  ;  que,  cependant,  ces  troupes  élaient 
»  destinées  au  maintien  du  bon  ordre  dans  les  paroisses 
»  voisines,  il  croit  juste  que  leurs  habilants  en  supportent 
»  les  charges  comme  ceux  de  Challans  ;  que,  dans  ce 
a  moment,  il  serait  besoin  de  quatre  lits  pour  Thôpital 
9  militaire  et  la  salle  de  discipline,  qu'il  ne  sait  par  qui  les 
^  faire  fournir  et  prie,  en  conséquence,  le  Directoire  de  les 
'^  faire  fournir  par  les  habitants  des  communes  de  la  Garnache 
»  et  de  Soullans.  » 

Dans  la  séance  du  1«»  mai  1792  s'est  présenté  le  sieur 
Bouvière,  citoyen  de  la  paroisse  de  Saint-Ghristophe-du- 
Ligneron,  lequel  s'exprime  ainsi  : 

»  Frères  et  amis,  l'aurore  de  la  liberté  commençait  à 
»  poindre  ;  les  rayons  resplendissants  ont  blessé  les  yeux  des 
»  êtres  dégradés  de  l'espèce  humaine,  de  ces  hiboux  malfai- 
»  sanls  connus  sous  le  nom  de  prôtres,  de  nobles  et  de 
»  monarques.  Aussitôt  une  conspiration  libertricide  a  été 
«  tramée  ;  les  trahisons,  le  parjure  et  tous  les  crimes  infantes 
»  par  l'ambition,  l'orgueil  et  l'avarice  ont  été  les  indices 
«  certains  de  cette  coalition  infernale  ;  chaque  conspirateur 
«  a  eu  la  tache  de  forfaits  analogues  à  ses  mœurs,  h  son 
«  caractère,  et  tandis  que  des  brigands  forcenés  armaient 
«  contre  la  liberté,  des  scélérats  profondément  pervers  et 
»  religieusement  perfides  ont  agité  en  tous  sens  les  torches 


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—  60  — 

»  du  fanalisrae  cl  de  la  discorde,  et  l'espoir  de  la  guerre 
u  civile  encourageait  les  monstres  déguisés  en  prélres.  Quel 
»  remède  à  tant  de  maux  ?  Les  pères  de  la  pairie  viennent 
»  de  l'appliquer.  La  guerre  seule  pouvait  nous  délivrer  d'une 
»  cohorte  royaliste,  sacerdotale,  l'opprobre  et  le  fléau  du 
»>  genre  humain  !  La  guerre  !  A  ce  cri  redoutable  des  milliers 
»  de  citoyens  se  sont  levés  en  armes  et  ces  enfants  chéris 
»  de  la  patrie,  laissant  à  leurs  frères  le  soin  de  la  nourrir 
»  et  de  la  venger,  ont  entouré  la  mère-commune  d'un 
»  rempart  de  piques  et  de  bayonnettes.  Honle  !  honte  à 
»  jamais  au  cœur  flétri  qui  méconnaîtrait  des  obligations 
»  sacrées  et  qu'un  torrent  indélébile  d'opprobre  et  d'infamie 
»  inonde  à  jamais  l'honime  dégénéré  qui  craindrait  de 
»)  sacrifier  une  partie  de  son  revenu  pour  la  nourriture  de 
»>  ses  frères,  qui  font  chaque  jour  le  sacrifice  de  leur  repos 
»  et  de  leur  vie. 

«  Puisse  l'être  suprême  couronner  nos  efforts  par  la  chute 
»  des  tyrans  de  l'univers,  la  liberté  et  le  bonheur  du  genre 
»  humain. 

»  Je  demande,  en  conséquence,  qu'il  soit  prélevé  sur  ce 
«  qui  m'est  dû  pour  les  paroisses  de  Coudrie  et  de  Froidfond 
D  et  dont  M.  le  Receveur  doit  faire  l'avance,  une  somme  de 
h  100  livres  qui  fera  les  premiers  fonds  d'une  souscription 
»  ouverte  dans  les  bureaux  de  cette  administration  pour 
»  subvenir  aux  frais  de  la  guerre  (<).  » 

Ce  qu'il  y  a  de  curieux,  c'est  que,  dans  cette  même  séance 
où  il  n'était  question  que  du  fanatisme  des  prêtres,  le  Direc- 
toire mettait  en  adjudication  les  réparations  et  augmentations 
à  faire  à  l'église  de  Saint-Jean-de-Monts. 


(*)  Parmi  les  autres  Huns  palrioliques  qui  i'urent  offeils  par  des  habilaiils 
des  dislricls,  ou  remarque  un  don  de  50  livres  fait  par  M.  Borel,  curé  de 
Chailans. 


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-.  01     - 

Le  4  mai,  l'un  des  membres  du  dislricl  appelait  ratlenlion 
de  ses  collègues  sur  ragilalion  produite  dans  la  commune 
de  Sainl-Hilaire-de-Rié  par  le  départ  de  rinsliluteur.  Abso- 
lument animé  de  doctrines  anti-révolutionnaires,  il  n'avait  pas 
voulu  se  soumettre  aux  lois.  Ce  refus  d'obéissance  pouvait 
l'exposer  à  des  mesures  sévères  ;  il  avait  pris  la  fuite  pour 
s'y  soustraire.  Les  habitants  de  la  paroisse,  depuis  son 
départ,  le  redemandaient  k  grands  cris  et  menaçaient  de  se 
perler  à  des  désordres  s'il  ne  leur  était  pas  rendu.  Le 
Directoire,  pour  prévenir  le  mouvement  dont  il  était  question, 
envoya  un  peloton  de  la  garde  nationale  et  des  gendarmes 
pour  prêter  main-forte  à  la  loi. 

Le  7  mai,  la  municipalité  de  Soullans,  ayant  à  sa  tête  son 
maire,  Guesneau,  et  accompagnée  de  plusieurs  notables,  se 
présenla  devant  le  Directoire.  Le  Maire,  ayant  pris  la  parole, 
déclare  :  a  qu'ils  avaient  appris  par  la  voie  publique  que  le 
»  sieur  Noeau  (ou  Néau),  curé  de  leur  paroisse,  en  vertu  d'un 
»  arrêté  du  déparlement,  était  obligé  de  se  rendre  au  chef- 
•  lieu  du  département  et  qu'ils  demandaient  à  connaître  les 
fi  dénonciations  qui  avaient  provoqué  cet  arrêté,  et  k  observer 
0  que  le  sieur  Nœau  s'élant  toujours  comporté,  k  leur 
»  connaissance,  très  tranquillement  et  conformément  aux 
»  lois  constitutionnelles  de  l'Etat,  il  n'avait  pas  dû  être  com- 
»  prisjdans  le  nombre  de  ceux  qui,  ayant  occasionné  des 
»  troubles,  étaient  dangereux  dans  leurs  paroisses.  » 

Le  Directoire  passa  outre,  déclarant  illégale  la  réunion  de 
la  municipalité  de  Soullans  pour  n'avoir  pas  prévenu  la 
municipalité  du  chef-lieu  du  district  ;  statuant  au  fond  : 
«  déclare  que  l'arrêté  du  département  qui  appelle  le  sieur 
»  Nœau,  h  Fontenay,  a  été  provoqué  par  les  dénonciations 
»  du  Directoire  et  sans  doute  par  tous  les  bons  citoyens  du 
»  pays  ;  enjoint  à  la  municipalité  de  Soullans  de  faire  exécuter, 
»  en  ce  qui  la  regarde,  sous  peine  de  la  responsabilité  portée 


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—  62  ^ 

»  en  Tarlicle  4  de  l^arrêtc  du  département,  du  9  mars 
»  dernier,  les  dispositions  de  l'arrêté  du  département,  du 
»  24  avril  dernier,  relatif  k  la  déportation  du  sieur  Nœau, 
A  et  lui  ordonne  en  vertu  de  la  loi,  de  dissoudre  a  Tinstant 
»  son  rassemblement  ;  arrête  qu'extrait  du  présent  sera 
»  adressé  h  la  municipalité  de  Soullans  (t).  •> 

Cette  résolution  du  Directoire  produisit  probablement  une 
grande  émotion  à  Gballans.  Cinq  jours  après,  le  12  mai,  le 
Directoire  requit  le  Commandant  de  la  brigade  de  gendar- 
merie de  se  transporter  avec  sa  brigade  k  Soullans,  pour 
assurer  et  maintenir  la  tranquillité  publique  en  cas  que  des 
gens  mal  intentionnés  tenteraient  de  causer  des  troubles  dans 
l'endroit,  et  le  13  mai,  les  administrateurs  du  district  renou- 
velaient ces  réquisitions,  afin  que  le  Commandant  de  gendar- 
merie se  transportât  le  17  k  Soullans. 

(*)  Le  cnré  Nœau  ne  tint  point  compte  de  l'airâlé  du  département.  11  ne 
se  rendit  pas  à  Fontonay  et  fut  accusé  d'avoir  prêché  la  révolte  dans  le 
marais.  Après  s'être  caché  pendant  quelque  temps,  il  fut  un  jour  surptis  par 
les  Bleus  et  massacré  près  de  la  ferme  des  Clouzils  (Braud,  Notice  sur  les 
curés  de  Soullans,    Semaine  catholique  de  Luçon,  16  novemhie  1879). 

Ce  fut  ce  prêtre  qui  alla  demander  asile  ù  Mme  Pcliteau  et  fut  la  cause 
de  sa  condamnation  et  de  son  exécution.  Cependant,  Mme  Petiteau,  craignant 
pour  elle-même  et  pour  ses  jeunes  enfants,  n'avait  pas  voulu  le  recevoir 
et  l'avait  engagé  à  aller  chercher  une  retraite  ailleurs.  Le  fait  a  été  afGrmé 
à  mon  père  par  un  domestique  de  la  famille  Petiteau,  décodé  très  âgé  chez 
mon  grand-père,  à  Sainl-Jean-d'Orhestiers,  commune  du  Château -d'Olonne. 
Mais  il  suffisait  qu'on  eût  vu  l'abbé  Nœau  entrer  chez  Mme  petiteau  pour  que 
celle-ci  fût  de  suite  dénoncée.  Arrêtée  et  conduite  à  Noirmoulier,  elle  y  fut 
jugée,  condamnée  *a  mort  et  fusillée.  Tous  les  détails  de  cette  horrible 
exécution  ont  été  rapportés  dans  la  publication  très  intéressante  et  très  bien 
écrite  de  M.  le  Dr  Viaud-Grand-Marais,  intitulée  :  Noirmoulier,  9  thermidor 
an  U,  publiée  dans  la  Revue  de  Bretagne  et  Vendée,  année  1881.  Nous  ne 
saurions  trop  engager  le  lecteur  à  prendre  connaissance  de  cette  savante 
étude  sur  les  scènes  les  plus  lamentables  de  l'histoire  locale  de  notre 
pays.  J.  M. 


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.-  63  ^ 

Le  16  mai,  la  municipalité  de  Bois-dc-Céné  faisait  savoir 
au  Directoire  qu'il  n'y  avait  plus  de  prêtres  dans  cette 
paroisse,  le  curé  en  étant  parti,  et  TAdrainistration  engageait 
à  se  pourvoir  près  de  TEvéque  pour  en  obtenir. 

Quelques  jours  après,  un  prfitre  assermenté  ayant  dit  la 
messe,  la  municipalité,  d'après  une  dénonciation  qui  avait  été 
adressée  au  Directoire,  avait  pris  une  délibération  pour 
rinlerdiclion  des  deux  sacristains  et  du  régent  faisant  fonctions 
de  chantre.  Elle  avait,  en  outre,  fait  éteindre  la  lampe  qui, 
de  temps  immémorial,  avait  été  allumée  devant  le  maître- 
autel  de  l'église,  par  la  raison  que  la  présence  de  Dieu 
n'était  pus  réelle,  dès  que  le  sa<:rifice  avait  été  offert  par 
un  prêtre  jureur.  De  son  côté,  la  municipalité  écrivait, 
qu'après  avoir  reçu  l'ordre  du  Procureur-Syndic,  elle  avait 
enjoint  aux  sacristains  d'allumer  la  lampe,  ce  à  quoi  ils  ne 
s'étaient  pas  prêtés  de  très  bonne  grâce.  Mandées  devant  le 
Directoire,  les  diverses  parties,  sur  l'invitation  qui  leur  en  fut 
faite,  consentirent  à  vivre  en  paix.  Le  Directoire  fit  espérer 
à  la  municipalité  qu'elle  aurait  bientôt  un  prêtre  et  la  muni- 
cipalité consentit  en  attendant  à  maintenir  dans  leurs 
fonctions  les  sacristains  et  le  chanlre. 

L'agitation  continuait  de  régner  dans  plusieurs  communes 
du  dislricl.  Le  25  mai  «  le  Directoire  instruit  que  depuis 
»  longtemps  les  ennemis  de  la  cliose  publique  travaillent 
»  continuellement  le  peuple  en  tous  sens  pour  parvenir  à 
»  un  soulèvement  général,  et,  par  là,  être  à  même  de  mettre 
»  k  exécution  les  projets  les  plus  criminels  et  les  plus  sangui- 
»  naires;  instruit  qu'ils  associent  k  leurs  plus  coupables 
»  complots  la  fange  du  peuple,  sur  de  vaines  promesses  d'un 
»  gain  sordide  et  d'une  douce  amélioration  dans  leur 
»  situation  ;  considérant  que,  dans  la  crise  où  nous  nous 
»  trouvons,  il  est  du  devoir  de  toutes  les  autorités  constituées 
»  de  surveiller  des  hommes  qui  ne  tentent  qu'à  la  destruc- 


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»  lion  de  leurs  semblables  el  de  mettre  sous  le  glaive  de  la 
»)  loi  tous  ceux  qui,  par  leur  conduite  et  leurs  propos  incen- 
»  diaires,  cherchent  à  nous  plonger  dans  la  plus  affreuse  des 
»  anarchies,  à  pouvoir  impunément  commettre  ensuile  les 
»  plus  grandes  atrocités  et  à  marcher  de  crime  en  crime  ; 
»>  considérant  que  la  vie  de  beaucoup  de  citoyens,  amis  de 
»  Tordre  et  de  la  paix,  étant  en  danger,  et  qu'il  semble  à 
»  n'en  pouvoir  douter  que  des  fonctionnaires  publics  sont 
»  désignés  pour  assouvir  la  rage  de  ces  antropophages  ; 

»  Arrête  : 

0  Ouï,  le  substitut  du  Procureur-Syndic  ; 

»  Que  le  sieur  François  Baranger,  fermier  du  Vivier, 
»  proche  le  village  de  la  Barre,  paroisse  de  Notre-Dame,  et 
»  officier  municipal  de  ladite  commune,  sera  dénoncé  de 
»  suite  au  Directeur  du  jury  d'accusation  du  Tribunal  de  ce 
»  district  :  1*^  Pour  s'être  transporté  chez  le  Procureur  de  la 
»  commune  et  lui  avoir  fait  défense  de  travailler  à  la  confec- 
»  tion  du  rôle  des  impositions  de  1791  ;  2®  d'avoir,  la 
»  semaine  dernière,  dit  publiquement  et  en  pleine  auberge, 
»  qu'il  voudrait  enfin  que  le  temps  serait  arrivé  ou  il  pour- 
»  rait  avoir  la  télé  du  sieur  Bourlier  (<),  procureur-syndic 
»  de  cette  Administration,  pour  s'en  servir  à  jouer  à  la  boule 
»  el  faire  un  maître  ;  8^  pour  avoir  tenu  à  la  Chambre 
»  municipale  les  propos  les  plus  incendiaires  contre  les 
»  prêtres  assermentés  et  avoir  dit  en  pleine  assemblée  qu'ils 
»  étaient  des  intrus  el  des  apostats  ;  arrête,  en  outre, 
»>  d'inviler  le  Directeur  du  jury  de  faire  ce  qu'il  convient  sur 
0  la  présente  dénonciation  et,  à  cet  effet,  les  noms  des 
»  témoins,  à  nous  connus,  lui  seront  transmis,  ce  qui  a  été 
»  fait  par  une  lettre  particulière.  » 

(*)  Oa  Boursier. 


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-    65  — 

La  répartition  de  l'impôl  rcncûnirait  de  grandes  difficultés  ; 
dans  la  commune  de  Comme^uiers^  les  commissaires,  désignés 
pour  cet  objet,  n'avaient  pas  voulu  s'en  charger,  dans  la 
crainte  sans  doute  de  s'exposer  à  la  colère  des  contribuables. 
Une  autre  mesure  rencontrait  encore  plus  d'opposition.  C'était 
Tapposition  des  scellés  sur  les  meubles  des  émigrés  et  surtout 
sur  ceux  des  congrégations.  Le  5  juin,  le  maire  de  Soullans, 
Gufôueau,  écrivait  au  Directoire  qu'il  lui  serait  impossible 
de  procéder  à  l'inventaire  des  meubles  de  l'hôpital,  dont  la 
direction  était  confiée  aux  Dames  de  la  Congrégation  de 
Saint-Laurent,  et  le  Directoire  était  obligé  de  le  faire  assister 
par  un  piquet  de  gendarmerie.  L'odieux  de  celte  mesure 
retombait  sur  le  Directoire,  qui  ne  faisait  pourtant  qu'exécuter 
la  loi. 

H  en  était  de  môme  k  Saint-Gervais,  où  le  sieur  Gautreau, 
instituteur,  avait  été  nommé  commissaire,  à  l'effet  de  procéder 
k  restimation  des  meubles  garnissant  les  maisons  des  émigrés 
de  la  commune.  Le  10  mai  1792,  il  écrivait,  en  effet,  au 
Directoire  «  qu'il  craignait  de  voir  l'animadversion  des 
»  habitants  dont  l'incivisme  n'était  que  trop  connu,  et  qui 
»  seraient  bien  aise  de  lui  retirer  les  élèves  qu'il  était  chargé 

•  d'instruire,  ce  que,  si  on  lui  relirait  ses  élèves,  n'ayant 
»  point  de  fortune,  il  n'aurait  point  de  moyens  de  subsister  ; 
»  que  d'après  ces  considérations,  il  ne  voulait  point  accepter 
»  la  commission  dont  le  Directoire  l'avait  chargé.  » 

Le  Directoire,  à  défaut  du  sieur  Gaulreau,  prit  un  membre 
dans  son  sein,  le  sieur  Jousson,  pour,  en  raison  de  la  loi  du 
8  avril  179),  procéder  aux  opérations  dont  il  s'agissait. 

Le  19  juin  179-2  «  le  Directoire  instruit  que,  depuis  quelque 
»  lemps,  il  y  avait  différents  quidams  qui  se  promenaient 
•.déguisés  les  uns  en  matelots,  les  autres  en  mendiants,  dans 
»  les  communes  de  Notre-Dame  et  de  la  Barre-de-Monts,  et 

•  qu'ils  allaient  de   maison  en  maison  pour  engager  les 

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-  66  - 

»  habitants  de  ces  communes  k  se  soulever,  et  pour  noumr 
»  dans  leur  cœur  l'esprit  de  fanatisme  dont  ils  sont  inféodés, 
D  se  détermina  k  prendre  des  renseignements  pour  pouvoir 
»  découvrir  la  vérilé  de  pareils  faits  aussi  dangereux  qu'atroces  ; 
»  et  sur  la  connaissance  parfaite  qu'il  a,  en  ce  moment,  qu'il 
»  se  promène  continuellement  8  à  9  personnes  travesties, 
»  au  nombre  desquelles  se  trouve,  dit-on,  le  sieur  Ducloudy, 
»  dans  lesdiles  communes  de  la  Barre  et  de  Notrc-Dame-de- 
»  Monts  ;  que  ces  hommes  ne  se  promènent  point  sous  un 
»  déguisement  sans  avoir  de  mauvais  desseins  ;  qu'ils  cher- 
»  chent  à  se  faire  des  prosélytes  ;  qu'un  nommé  Malhurin 
»  Billon  retire  dans  sa  maison  ces  inconnus,  qui  tiennent 
»  chez  lui  des  assemblées  qui  ne  tendent  rien  moins  qu'à 
n  troubler  le  repos  public  ;  instruit  pareillement  que  ce 
»  Mathurin  Billon  ne  tend  rien  moins  en  recevant  chez  lui 
»>  ces  hommes  non  seulement  suspects,  mais  encore  mal 
»  intentionnés,  qu'à  causer  un  soulèvement  général  dans 
»  toute  cette  partie  et  à  faire  attenter  ou  attenter  lui-même 
0  k  la  vie  des  bons  citoyens  de  ces  deux  communes; 

»  Ouï,  le  Procureur-Syndic, 

*)  Arrête  que  le  nommé  Mathurin  Billon,  demeurant  près 
»  la  Croix-Gaillard,  paroisse  de  Notre-Dame,  sera  dénoncé 
»  au  Juge  de  Paix  du  canton  de  Saint-Jean-de-Monts  : 
»  i^  pour  avoir,  à  différents  temps,  retiré  dans  sa  maison 
»  différents  quidams  travestis,  les  uns  en  matelots,  les  autres 
»  en  mendiants,  parmi  lesquels  on  présume  que  le  sieur 
»  Guery,  dit  Ducloudy,  se  trouvait  ;  2°  pour  avoir  tenu  chez 
»  lui  différentes  assemblées  nocturnes  qui  servaient  de 
»  rendez-vous  à  beaucoup  de  mauvais  citoyens  et  gens 
»  suspects,  et  pour  tenir  encore  journellement  de  ces  assem- 
»  blées  nocturnes  ;  3®  pour  répandre  continuellement  d^ 
«  propos  incendiaires  tendant  à  troubler  le  repos  public  et  à 
»  faire  égorger  tous  les  bons  citoyens  de  son  voisinage  ; 


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—  67  ~ 

m  arrête  aussi  que  le  Juge  de  Paix  dudit  canton  de  Saint- 
«  Jean-de-Monls  emploiera  tous  les  moyens  possibles  pour 
«  lâcher  de  découvrir  la  retraite  que  ces  inconnus  font  dans 
»  les  paroisses  voisines,  et  qu'il  sera  invité  à  faire  pour  la 
»  sûreté  publique  tout  ce  que  son  patriotisme  ou  ses  lumières 

•  lui  suggéreront.  » 

L'article  6  de  l'arrêté  du  département  du  9  mars  était 
ainsi  conçu  :  a  Les  Directeurs  du  districi  qui,  d'après  les  avis 
»  qui  leur  seront  donnés,  négligeraient  de  mettre  en  usage 

•  tous  les  moyens  convenables  pour  s'assurer  des  prêtres 
»  dénoncés,  demeureront   responsables  des  événements  qui 

•  auront  lieu  dans  les  communes  qu'ils  habitent.  »  Se  confor- 
mant h  cet  article,  le  Directoire,  par  une  délibération  du  ^22 
juin  1791,  arrête  que  les  sieurs  Gergaud,  ex-vicaire  de 
Beauvoir,  Noirot,  ex-curé  de  Sallertaine,  et  Rouanchaud,  ex- 
vicaire  de  Saint-Gervais,  qui  avaient  été  transportés  au  chef- 
lieu  du  département  et  qui,  depuis  quelques  jours,  étaient 
de  retour  dans  le  pays,  seraient  invités,  au  besoin  par  la 
force,  à  se  présenter  devant  le  Directoire  pour  donner  des 
explications  sur  leur  présence.  Les  prêtres  dont  il  vient 
d'être  question  avaient-ils  été  faussement  dénoncés,  ou  bien 
purent-ils  se  soustraire  à  toutes  les  recherches,  toujours  est- 
il  que  la  gendarmerie,  malgré  toutes  ses  perquisitions,  ne  put 
les  saisir- 

Le  Directoire  était  chargé  d'opérer  la  saisie  des  biens  des 
émigrés  et  même  des  particuliers  seulement  soupçonnés 
d'émigration.  Quand  il  accomplit  cette  triste  besogne,  beau- 
coup de  réclamations  lui  furent  adressées  par  les  parties 
intéressées  qui  n'avaient  pas  quitté  la  France.  Parmi  ces 
dernières  nous  trouvons  celle  de  Marie-Angélique  de  la 
Doussetière,  épouse  de  François-Athanase  Charette,  se 
fondant  sur  son  contrat  de  mariage  qui  porte  les  non-commu- 
nautés de  biens  entre  les  conjoints. 


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—  68  — 

A  cette  occasion  la  lettre  suivante  fut  adressée  le  80  mars 
1792  à  M"»«  Josnet  Gharette  par  le  Procureur-Syndic  près 
le  Directoire  du  district  de  Challans  : 

«  A  Madame  Josnet  Gharette. 

»  30  mars  1792. 

»  Ayant  reçu  les  ordres  les  plus  précis  de  faire  saisir  tous 
»  les  biens  des  émigrés  ou  suspects  d'émigration,  votre  mari 
»  étant  dénoncé  tel,  je  n'ai  pu  me  dispenser  de  saisir  les 
»  vôtres  et  je  n'aurais  pu,  sans  me  compromettre,  faire  usage 
»  des  connaissances  qui  m'ordonnent  le  secret  relativemcat 
w  à  votre  contrai  de  mariage.  Ma  conduite  ne  saurait  donc 
»  Ctre  désapprouvée  de  vous. 

»  Pour  marque  de  reconnaissance  de  votre  confiance,  je 
»  vous  donne  avis  que  vous  devez  écrire  sur  le  champ  h 
n  votre  mari,  afin  qu'il  adresse  des  certificats  du  lieu  où  il 
»  réside,  et,  par  rapport  à  votre  contrat  de  mariage,  dans 
»  le  cas  où  votre  mari  soit  jugé  comme  émigré  ou  compris 
»  du  pacte  fédératif,  que  tous  les  ci-devant  ont  souscrit, 
•  vous  seriez  forcée  de  le  joindre  à  la  pétition  que  vous 
j)  présenterez  afin  d'obtenir  main-levée   des  saisies.  Voilà 

tout  ce  que  je  peux  vous  dire. 


D 


»»  Le  Procureur-Syndic  près  le  Directoire  du  district  de  Challans, 

«  MEULAND  (1).  I) 

Dès  cette  époque  les  lieux  saints  servaient  de  réunion  aux 
assemblées  électorales.  Le  27  juin  1792,  le  Directoire  de 

{*)  Il  est  croyable  que  Gharette  fit  connaître  au  district  de  Challans  le 
lieu  de  sa  résidence  en  France  puisque,  le  22  novembre  1792,  le  Directoire 
statua  sur  une  pétition  à  lui  présentée  par  François-Alhanase  Gharette.  Une 
jument  qui  lui  appartenait  avait  été  saisie  chez  le  sieur  Crochet,  fermier  à  la 
Géraudrie,  paroisse  du  Perrier,  sous  prétexte  qu'elle  appartenait  à  un  émigré. 
Le  Directoire  eu  ordonna  la  restitution. 


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-  60  — 

Challans  prit  une  délibération  tendant  h  ce  que  les  citoyens 
actifs  de  la  commune  de  Saint-Gervais  s'assemblassent  dans 
la  nef  de  l'église  pour  procéder  h  l'élection  d'ofBciers  muni- 
cipaux en  remplacement  de  ceux  qui  manquaient. 

Le  14  juillet  1792  fut  célébré  le  pacte  fédératif  confor- 
mément aux  prescriptions  de  la  loi.  Toutes  les  autorités  du 
district  et  un  nombre  considérable  de  gardes  nationaux  se 
rendiront,  drapeau  déployé,  h  l'autel  qui  avait  été  dressé  par 
les  soins  du  Maire  de  Challans  sur  la  place  de  la  Chapelle. 
La  messe  y  fut  célébrée  avec  une  grande  pompe  par  M.  Borel, 
cun^  de  Challans.  Des  salves  d'artillerie  se  firent  entendre  et 
des  discours  furent  prononcés  par  MM.  Rorel,  curé,  Jousson, 
administrateur,   et  Bourlier,  procureur-syndic.    Après  quoi 
«  le  Procureur-Syndic  est  monté  sur  l'autel  et  a  prononcé  h 
■  intelligible  voix  la  formule  du  serment  en  ces  termes  :  Je 
»  jure  d'être  fidèle  k  la  nation,  h  la  loi  et  au  roi  et  de  main- 
»  tenir  de   tout  mon  pouvoir  la  Constitution  du  royaume 
»  décrétée  par  l'Assemblée  nationale  constituante  aux  années 
»  1789,  1790,  179-2  —  et  tous  ont  répété  par  ces  mots  :  Je 
»  le  jure  —  et  les  airs  ont  retenti  des  acclamations  de  Vive 
9  la  nation,  la  liberté  et  le  roi,  et  la  journée  s'est  passée 
»  en  l'union  et  l'accord  et  en  témoignages  mutuels  de  fra- 
•  temité  et  de  promesse  de  maintenir  la  Constitution.  » 

Cependant  les  municipalités,  travaillées  par  les  mécontents 
et  effrayées  par  les  menaces,  voyaient  souvent  leurs  officiers 
municipaux  se  démettre  de  leurs  fonctions.  Le  15  juillet  1792, 
celle  de  Sainl-Jean-de-Monts  étant  complètement  désor- 
ganisée, le  Directoire  prit  une  résolution  par  laquelle  il 
décida  que  son  Procureur-Syndic  se  transporterait  à  Saint- 
Jean-de-Monts  pour  procéder  h  de  nouvelles  élections. 

A  la  môme  époque  un  grand  mécontentement  éclatait  dans 
la  commune  de  Bois-de-Céné  contre  la  municipalité  qui  avait 
fait  enlever  jle  la  cure  les  registres  de  baptêmes,  de  mariages 


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—  70  — 

et  de  décès.  Plainte  en  élait  porlée  au  Directoire  qui  se 
déclarait  incompétcnl  et  renvoyait  les  plaignants  devant  les 
tribunaux  judiciaires. 

Le  17  juillel,  le  Directoire  recevait  avis  du  déparlement 
qu'un  acte  du  Corps  législatif  venait  de  déclarer  la  patrie  en 
danger.  Conformément  à  Tordre  qui  lui  en  était  transmis  par 
le  département,  le  Directoire  arrêta  que  le  Conseil  seraîl 
déclaré  en  permanence,  et  le  23,  MM.  Rrossaud,  président, 
Bodel-Lacroix,  Lebreton  et  Merland,  administrateurs  du 
Conseil  du  district,  s'adjoignirent  les  membres  du  Directoire  : 
Mourain,  Merlet,  Jousson  et  Rouvier,  Bourlier,  procureur- 
syndic  Cette  nouvelle  ne  produisit  pas  le  même  effet  dans 
tous  les  cœurs  ;  pendant  que  les  uns  en  concevaient  de 
vives  alarmes,  les  habitants  des  campagnes  s'en  réjouissaient 
dans  l'espoir  qu'on  allait  leur  rendre  leurs  prêtres. 

Le  20  juillet,  le  lieutenant-colonel  de  l'Iîspinai  annonçait 
au  Directoire  que,  d'après  les  ordres  qu'il  avait  reçus  du 
lieutenant-général  de  Verlcuil,  il  allait  faire  armer  les  côtes 
du  district. 

Le  26  juillet,  à  l'ouverture  de  la  séance,  le  Procureur- 
Syndic  donnait  lecture  d'un  arrêté  du  département  qui  ordon- 
nait de  faire  conduire  au  chef-lieu  du  département  tous  les 
ecclésiastiques,  fonctionnaires  et  non  fonctimniaires 
publics,  qui  ne  s'étaient  pas  conformés  à  la  loi  du  26 
décembre  171)0  et  requérait  que  le  dit  arrêté  fût  adressé  à 
toutes  les  municipalités  du  district  |)our  y  être  lu,  publié  et 
affiché  selon  sa  forme  et  teneur.  Cet  ordre  du  déparlement 
causa  une  vive  émotion.  Parmi  les  administrateurs  du  district, 
quatre  de  ses  membres  :  MM.  Mourain,  Jousson,  Rouvier  et 
Merlet,  refusèrent  de  prendre  part  îi  la  délibéralion  qui  suivit 
la  communication  du  Procureur-Syndic  :  «  Le  Conseil,  après 
»  avoir  mûrement  examiné  et  réfléchi  sur  les  dispositions  de 
D  l'arrêté  dont  il  s'agit,  et  s'être  fait  représenter  la  lettre 


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-  71   - 

écrite  par  les  membres  composanl  le  Directoire  du  district 
au  Directoire  du  déparlement  de  la  Vendée  le  21  juin 
dernier  ;  considérant  que  les  circonstances  dans  lesquelles 
se  trouvaient  à  celle  époque  les  habitants  des  campagnes 
de  ce  district  n'étant  plus  les  mêmes  ;  que  la  déclaration 
que  vient  de  faire  le  Corps  législatif  que  la  patrie  est  en 
danger,  y  a  fait,  dans  la  majeure  partie  des  esprits,  une 
impression  tellement  opposée  aux  vues  de  l'Assemblée 
nationale,  que  tout  semble  présager  un  avenir  d'autant 
plus  effrayant  que  l'absence  de  toule  force  publique  ne 
laisse  aucun  moyen  de  le  prévenir,  puisque  k  la  nouvelle 
du  danger  de  la  pairie,  en  plusieurs  endroits  de  ce  district, 
des  sentiments  d'allégresse  se  sont  manifestés  dans  l'espoir 
d'un  moment  qu'ils  osent  envisager  comme  heureux,  celui 
d'une  conlre-révolution  qui,  avec  l'ancien  ordre  de  choses, 
leur  rendrait  leurs  prClrcs  qu'ils  n'ont  pas  encore  oubliés 
el  qu'ils  n'oublieront  que  lorsque  les  ennemis  de  la  Consti- 
tution auront  disparu  ;  considérant  encore  que  l'exécution 
de  cet  arrêté  laissant  un  grand  nombre  de  paroisses  sans 
minisire  pourrait  animer  dans  les  esprits  déjà  en  fermen- 
tation des  sentiments  de  révolte  d'aulant  plus  funestes 
qu'ils  auraient  la  religion  pour  prétexte,  el  que  les  ennemis 
de  l'intérieur  ne  manqueraient  pas  de  saisir  et  de  seconder 
pour  leurs  intérêts  secrets,  el  favorisés  par  les  facihtés  que 
leur  donne  la  position  frontière  de  la  majeure  partie  du 
territoire  du  district  ;  arrête  de  représenter  au  Conseil 
général  du  déparlement  assemblé  en  permanence  ce  que 
l'exécution  générale  de  l'arrêté  dont  il  s'agit,  qui  enveloppe 
les  prêtres  fonctionnaires  et  non  fonctionnaires  publics, 
atteints  ou  non  atteints  par  des  dénonciations  particulières, 
pourrait  exciter  des  troubles  qu'il  est  prudent  et  politique 
d'éviter  dans  les  circonstances  fâcheuses  où  se  trouve  la 
France,  et  de  lui  dénoncer  en  conséquence  qu'il  soit  sursis 


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-  72  — 

n  à  l'cxéculion  dudit  arrêté  ou,  du  moins,  qu'il  ne  soit 
•  exécuté  que  d'une  manière  individuelle,  el  lorsque  lesdits 
»  prélres  fonctionnaires  publics  ou  non  fonctionnaires  seront 
»  dénoncés,  ou  par  leurs  municipalités  respectives,  ou  d'après 
))  les  plaintes  des  citoyens  d'une  probité  et  d'un  patriotisme 
»  reconnu  el  qu'à  cet  effet  extrait  du  présent  arrêté  lui  sera 
»  adressé  par  le  prochain  courrier.  » 

Le  Conseil  général  du  déparlement  ne  voulut  point  accorder 
au  Directoire  du  district  de  Ghallans  la  suspension  de  l'arrêté 
qu'il  avait  pris  le  80  juin.  Le  80  juillet,  il  lui  intima  l'ordre 
de  le  mettre  îi  exécution.  Plus  tard,  le  10  août,  les  communes 
de  Saint-Philbert,  de  Noirmoutier  et  de  Barbâtre  ayant 
demandé  leurs  prêtres,  jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  remplacés, 
le  Directoire  du  district  de  Ghallans  s'appuya  sur  l'arrêté  du 
Conseil  général  qui  leur  opposa  un  refus. 

Vers  le  milieu  de  l'année  1792,  bien  que  les  assignats 
eussent  cours  forcé  dans  les  transactions  particulières,  ils 
perdaient  dans  le  district  de  Challans  la  moitié  de  leur 
valeur,  et  l'homme  de  travail  ne  voulait  plus  être  payé  qu'en 
numéraire.  Mais  comme  le  numéraire  devenait  de  plus  en 
plus  rare,  il  en  résultait  pour  les  propriétaires  l'impossibilité 
de  donner  de  l'ouvrage  aux  ouvriers.  La  valeur  des  assignats 
étant,  du  reste,  bien  au-dessous  de  la  monnaie  courante,  le 
Directoire  du  district  de  Challans  créa,  ainsi  que  cela  s'était 
fait  ailleurs,  des  cartes  de  confiance  pour  une  somme  assez 
élevée,  et  qui  représcnl«ient  des  valeui-s  différentes.  La 
répartition  de  ces  caries  se  faisait  entre  les  municipalités  du 
district  à  raison  de  leur  population  respective.  Le  rembour- 
sement devait  en  être  fait  par  les  municipalités  à  la  caisse 
du  trésorier  a  mesure  de  l'émission  qu'elles  faisaient  des 
cartes  qui  leur  avaient  été  remises.  L'émission  de  ces  billets 
de  confiance  fut,  plus  tard,  prohibée  par  une  loi  du  8  no- 
vembre 1792. 


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—  73  — 

Dans  plusieurs  canlons  du  dislricl,  la  garde  naiionalc 
n'avail  pas  été  organisée.  L'Administration  départementale 
ayant  donné  Tordre  au  Directoire  de  Challans  de  s'en  occuper, 
il  nomma  des  commissaires  dans  celle  intention.  Parmi  ces 
commissaires  se  Irouvaienl  trois  juges  du  tribunal.  Ceux-ci 
refusèrenl  la  commission  qui  leur  avait  été  donnée  par  la 
raison  que,  dans  Téventualilé  de  troubles  occasionnés  par  la 
mise  en  pratique  de  cette  mesure,  ils  ];»ourraienl  être  appelés 
à  juger  en  appel  de  police  correctionnelle  ceux  qu'ils  auraient 
portés  sur  les  cadres.  Ce  refus  fut  loin  de  satisrairc  le  Direc- 
toire. Dans  la  délibération  qu'il  prit  h  ce  sujet,  il  est  dit  que 
si  une  affaire  de  celte  nature  était  portée  devant  le  tribunal, 
le  juge  qui  aurait  opéré  dans  le  canton  du  délinquant  pour- 
rail  très  bien  se  déporter  et  qu'il  en  resterait  assez  d'autres 
[K)ur  en  connaître.  Sans  vouloir  pénétrer  les  motifs  des 
refus  donnés,  on  remplaça  cependant  ceux  qui  les  avaient 
formulés. 

La  nouvelle  de  la  suspension  du  roi  et  Tordre  donné  par 
le  déparlement  de  faire  connaître,  par  voie  d'affiches,  dans 
toutes  les  communes  du  district,  les  résolutions  que  venait 
de  prendre  T  Assemblée  nationale,  ne  fut  pas  sans  donner  des 
inquiétudes  au  Directoire.  Connaissant  la  disposilion  des 
esprits,  il  craignit  un  soulèvement  et  voulut,  dans  cette 
prévision,  avoir  des  forces  pour  se  défendre.  11  requit  donc 
66  hommes  de  bonne  volonté,  pris  dans  les  gardes  nationales 
des  différents  cantons  pour  venir  tenir  garnison  ix  Challans. 
Les  canlons  de  Challans,  de  Saint-Gilles  et  de  Noirmoulier 
devaient  fournir  chacun  12  hommes  ;  ceux  de  Beauvoir,  de 
Sainl-Jean-de-Mouls,  d'ApremonI,  de  Palluau,  delà  Garnache, 
dellouin,  le  premier,  10  hommes;  le  second,  6;  les  troisième, 
quatrième  et  cinquième,  4  ;  le  sixième,  2. 

Le  17  août,  le  Procureiu-Syndic  signalait  aux  Adminis- 
trateurs du  Directoire   Topposition  formelle   que  l'autorité 


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«  74  - 

trouvait  dans  la  municipalité  de  Bois-de-Céné,  au  reraplace- 
ment  de  son  curé  qui  avait  refusé  le  serment  à  la  Constitution. 
L'évéque  de  Luçon  avait  envoyé  comme  curé  de  Bois-de- 
Gêné  un  prêtre  constitutionnel  du  nom  de  Puyo.  Les  citoyens 
actifs  de  Bois-de-Céné  ayant  été  convoqués  à  la  Garnache, 
chef-lieu  du  canton,  pour  reconnaître  les  officiers  de  la  garde 
nationale  et  prêter  serment,  la  municipalité  fit  apposer,  sur 
les  murs  de  Bois-de-Céné,  une  affiche  conçue  en  ces  termes  : 
*c  M.  le  Maire  et  officiers  municipaux  avertissent  tous  les 
»  habitants  de  s'assembler  dimanche  prochain,  k  une  heure, 
«  pour  refuser  ou  accepter  le  sieur  Puyo,  desservant  de  cette 
i>  paroisse.  »>  La  convocation  était  faite  précisément  le  môme 
jour  et  à  la  même  heure  que  celle  pour  l'organisation  de  la 
garde  nationale  dont  nous  venons  de  parler.  Celait  non 
seulement  un  acte  de  désobéissance,  mais  encore  de  révolte 
contre  l'autorité  constituée.  Le  conseil  du  Directoire,  sur 
l'avis  conforme  du  Procureur-Syndic,  cassa  l'arrêté  de  la 
municipalité  de  Bois-dc-Céné,  lui  faisant  défense  de  réunir 
l'Assemblée  qu'elle  avait  convoquée,  lui  enjoignit  de  recevoir 
comme  desservant  de  son  église  le  prêtre  que  l'évêque  lui 
avait  envoyé,  enfin  suspendit  les  officiers  municipaux  et 
notables  composant  la  municipalité  de  Bois-de-Céné,  les 
excluant  de  toute  éligibilité,  et,  en  attendant  de  nouvelles 
élections,  décida  qu'il  serait  nommé  des  commissaires  pour 
faire  fouclions  de  Maire  et  d'officiers  municipaux.  Le  Direc- 
toire demandait  au  Conseil  général  qu'il  voulût  bien  approuver 
la  délibération  pour  que  l'exécution  pût  en  avoir  lieu. 

Pendant  que  ces  choses  se  passaient  k  Bois-de-Céné,  la 
paroisse  de  Saint-Révérend  était  le  théâtre  d'actes  qui  ne 
le  cédaient  en  rien  à  ceux  dont  il  vient  d'être  question. 
M.  Guéry,  habitant  cette  commune,  avait  recueilli  chez  lui 
plusieurs  prêtres  non  assermentés  qui,  pour  obéir  k  la  loi, 
avaient  quitté  leur  paroisse.  A  la  sortie  de  la  messe,  où 


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—  75  ~ 

s'étaient  réunies  8  à  4,000  personnes,  messe  célébrée  par  le 
desservant  de  cette  commune,  M.  Peliol,  qui  ne  s'élait  point 
conformé,  à  la  loi  du  2G  novembre  1790,  le  frère  de  M.  Guéry 
avait  donné  lecture  à  cette  foule  assemblée  d'une  letlre  qu'il 
avait  reçue  de  Paris.  Cette  leltre  annonçait  les  nouvelles  les 
plus  fausses  ;  elle  parlait  de  mouvements  royalistes  accomplis 
k  Paris  et  se  terminait  par  ces  mots  :  «  Qu'on  eut  qu'à 
prendre  patience  et  qu'ils  ne  lardernient  pas  à  venir  ici 
prêter  ntoin  forte  à  ceux  qui  seraient  de  leur  parti.  » 
Le  Conseil  prit  un  arr<^té  pai*  lequel  il  ordonna  que  les  prêtres 
uon  conformistes,  —  les  prêtres  de  l'ile  de  Noirmoutier  et  le 
desservant  de  la  commune  de  Sainl-Maixent,  retenu  pour 
cause  de  maladie,  oxceplés  jusqu'à  nouvel  ordre,  —  seraient 
conduits  au  département  par  la  force  armée  ;  qu'une  visite 
serait  faite  par  la  gendarmerie,  au  domicile  du  sieur  Guéry, 
et  que  le  Juge  de  Paix  de  Saint-Gilles  serait  invité  à  prendre 
toutes  les  dispositions  nécessaires  pour  assurer  la  tranquillité 
dans  son  canton. 

Les  mesures  contre  les  prêtres  insermentés  devenaient  de 
plus  en  plus  rigoureuses.  Le  -25  août,  le  Directoire  de 
Challans  recevait  un  arrêté  du  déparlement,  relatif  l\  la  dépor- 
tation des  prêtres  insermentés.  Nous  sommes  obligés  de  dire, 
en  le  regrettant,  qu'uu  membre  fit  la  proposition  au  Conseil 
de  reniiTcier  l'Assemblée  législative  de  la  mesure  qu'elle 
venait  de  prendre  ;  le  procès- verbal,  que  nous  avons  eu  sous 
les  yeux,  ne  dit  pas  si  cette  motion  fut  approuvée. 

Si.  Bouhier,  curé  de  Saint-Gilles,  n'avait  pas  obéi  aux 
ordres  donnés  par  le  département  à  tous  les  prêtres  inser- 
mentés, de  se  rendre  à  Fontenay.  Pour  se  conformer  au 
décret  de  l'Assemblée,  il  se  présenta  devant  le  district  de 
Challans,  i\  l'effet  d'obtenir  un  passe-port  pour  l'étranger. 
11  lui  fut  demandé  pourquoi  il  ne  s'était  pas  rendu  à  Fontenay 
et  ce  qu'il  était  devenu  depuis  qu'il  avait  quitté  Saint-Gilles. 


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-  76  - 

Il  répondit  que  se  trouvant  malade,  il  s'élail  retiré  à  Chéne- 
Tord,  commune  de  Fenouiller,  chez  le  sieur  Fusilier.  Mandé 
auprès  du  Directoire,  Fusilier  nia  d'abord,  mais  ensuite 
confirma  ce  que  disait  le  prêtre.  La  conduite  de  l'ancien  curé 
de  Saint-Gilles  paraissant  suspecte  au  Directoire,  il  le  fit 
arrêter,  puis  conduire  aux  Sables  pour  élre  déporté.  Il  fut 
embarqué  pour  l'Espagne  le  15  septembre  1792.  Une  visile 
faite  chez  le  sieur  Fusilier  ne  fit  rien  découvrir  de  compro- 
mettant pour  le  curé  de  Saint-Gilles.  On  y  trouva  sa  valise 
avec  un  billet  portant  ces  mots  :  «  Fusilier  aura  la  complai- 
sance de  recevoir  chez  lui  le  porle -manteau  de  M.  Rouhier 
Signé  :  Cavois.  »  Fusilier,  qui  avait  contrevenu  à  l'arrêté  du 
département,  en  donnant  asile  à  un  prélre  insermenté,  fut 
mis  en  liberté  et  condamné  seulement  h  payer  les  frais 
occasionnés  par  le  transport  de  la  force  armée  \\  Chéne- 
Tord. 

M.  Guiard,  curé  de  Noirmoulier,  avait  été  reçu  chez  le 
sieur  Lefebvre,  ofRcier  municipal  de  cette  ville,  qui  n'en 
avait  pas  fait  la  déclaration.  Le  Conseil  du  district  considérant 
qu'il  avait  manqué  l\  une  obligation  qui  lui  était  imposée  par 
la  loi,  admonesta  le  citoyen  Lefebvre,  mettant  îi  sa  charge, 
suivant  les  dispositions  de  l'arrêté  du  département,  les  frais 
faits  en  cette  circonstance  ;  ordonnant  que  M.  Guiard,  aussitôt 
que  l'état  de  sa  santé  le  permettra,  sera  conduit  'a  Fontenay, 
et  que,  jusque-lîi,  la  municipalité  sera  tenue  de  s'assurer 
chaque  jour  de  la  présence  du  sieur  Guiard. 

Les  huissiers  ne  pouvaient  plus  exercer  leur  ministère  sans 
être  exposés  aux  plus  grands  dangers.  Poileur  d'un  mandat 
d'amener  décerné  par  le  Juge  de  Paix  de  la  Garnache  contre 
le  charpentier  Jean  iMinaud,  l'huissier  Guilbaud  s'adressa  au 
Directoire  pour  être  accompagné  de  la  force  armée.  Il  lui  fut 
donné  8  hommes  de  la  garde  nationale  pour  uiettre  son 
mandat  l\  exécution. 


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-  77  - 

Le  13  septembre,  sur  Tordre  du  Directoire,  la  force 
armée  se  portait  dans  la  commune  de  Soullans  pour  désarmer 
tous  les  gens  suspects,  lequel  désarmement  ne  pouvait 
s'effecluer  qu'en  présence  du  Maire. 

La  nomination  du  commissaire  près  les  Tribunaux  civils 
et  criminels  appartenait  au  roi,  en  vertu  de  la  loi  du  17  août 
179i.  Une  nouvelle  loi  suspendit  de  leurs  fonctions  tous  les 
commissaires  nommés  par  le  roi  et  en  confia  l'élection  au 
Conseil  du  district.  Après  deux  tours  de  scrutin  qui  ne 
donnèrent  pas  de  résultat,  M.  Bourdin  fut  nommé  commis- 
saire, près  le  Tribunal  du  district  de  Challans. 

Un  fait  va  démontrer  combien,  à  l'occasion,  les  municipa- 
lités s'arrogeaient  de  pouvoirs  qui  ne  leur  appartenaient  pas, 
et  quels  conflits  pouvaient  s'élever.  Le  maire  de  Groix-de- 
Vic,  Ingoust,  avait  accueilli  chez  lui  M.  Ganacbaud,  ex-curé 
de  Rié,  lequel  était  muni  d'un  passe-port  de  la  municipalité 
pour  s'embarquer  pour  l'Espagne.  En  exécution  de  la  loi  du 
26  aoûl,  relative  à  la  déportation  des  prêtres  insermentés,  il 
le  consigna  dans  sa  chambre,  et  le  lendemain  matin,  il  le 
conduisit  à  la  municipalité  pour  exhiber  son  passe-port  et  le 
fair»».  viser,  se  rendant  d'ailleurs  caution  pour  lui.  Aussitôt, 
la  municipalité  se  réunit  sans  consulter  le  Maire  et  décida 
que  la  force  armée  pénétrera  dans  la  maison  du  Maire, 
procédera  k  l'arrestation  du  curé  Ganacbaud  et  le  conduira 
à  la  maison  d'arrêt  de  Saint-Gilles,  oii  se  trouvaient  d'autres 
prêtres.  A  cette  nouvelle,  M.  Ingoust  conduit  lui-même  à 
Saint-Gilles,  M.  Ganacbaud  ;  mais  h  son  retour,  quel  n'est 
pas  son  étonnement,  quand  il  apprend  qu'un  piquet  de  la 
garde  nationale  a  pénétré  chez  lui  pour  y  faire  une  visite. 
Aussitôt,  il  donne  sa  démission  et  porte  l'affaire  devant  le 
Conseil  du  district.  Le  Conseil,  animé  de  sentiments  de 
conciliation,  déclara  que,  dans  un  moment  oii  la  patrie  était 
en  danger,  un  citoyen  dont  le  civisme  était  parfaitement 


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—  78  — 

connu,  le  sieur  Ingousl,  ne  pouvait  pas  abandonner  son  poste 
et  nomma  un  commissaire  chargé  de  se  rendre  à  Croix-dc- 
Vie  pour  opérer  un  rapprochement  entre  le  Maire  et  les 
ofliciers  municipaux. 

Le  18  octobre,  le  Conseil,  par  une  délibération,  ordonna 
que  la  force  armée  accompagnée  de  la  municipalité  se  trans- 
porterait k  Notre-Dame-de-Monls  pour  y  opérer  des  visites 
domiciliaires  chez  les  gens  réputés  suspects. 

Au  mois  de  novembre  1792,  l'exportation  des  blés  du 
district  de  Challans  exposait  h  de  grands  dangers  ceux  qui 
s'y  livraient.  Deux  négociants  de  Machecoul  eurent  leurs 
agents  insultés  et  menacés  dans  le  district  de  Challans. 
Renchérissant  sur  les  violences  dont  ils  avaient  été  victimes, 
le  maire  de  cette  commune  dépassa  toutes  les  bornes.  En 
effet,  les  citoyens  Casson,  négociants  à  Machecoul,  déclarent 
que  «  le  citoyen  Morisseau,  chargé  de  la  garde  de  leur 
»  grenier,  a  été  emprisonné  par  les  ordres  du  maire  de  cette 
»  ville  (Challans),  qui  leur  a  dit  qu'il  poursuivrait  partout 
»  les  coquins  marchands  de  blé  ;  qu'il  voudrait  avoir  leur 
»  tête.  » 

Les  gardes  nationaux  en  garnison  îi  Challans  avaient  été 
licenciés  ;  le  Directoire,  n'ayant  pas  sous  la  main  la  force 
nécessaire  pour  proléger  ceux  qui  se  livraient  au  commerce 
des  grains,  arrêta  que  le  déparlement  de  la  Loire-Inférieure 
serait  invité  à  envoyer  k  Challans  50  hommes  de  la  garde 
nationale  à  cheval  pour  protéger  la  circulation  des  blés, 
Fontenay  étant  trop  éloigné  de  Challans  pour  qu'on  s'adressât 
à  lui. 

Le  Directoire,  k  cette  occasion,  adressa  aux  habitants  de 
Challans  la  proclamation  suivante  : 

«  Citoyens,  les  lois  ont  été  violées  dans  votre  territoire. 
»  Nous  avons  juré  de  les  maintenir.  Des  citoyens  attroupés 
»  se  sont  opposés  à  la  libre  circulation  des  blés.  Si  des 


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—  79  — 

»  hommes  en  place  ont  pu  favoriser  ces  démarches  crimi- 

•  Délies,  qu'ils  tremblent,  la  loi  les  punit  de  mort. 

»  Nos  concitoyens  nous  ont  chargés  de  maintenir  les  lois 

•  et  de  veiller  à  leur  sûreté.  Nous  ne  trahirons  pas  leur 
»  confiance  ;  les  coupables  seront  dénoncés  ;  bientôt  ils 
»  subiront  la  peine  qu'ils  ont  tnérilée.  Une  force  imposante 
■  nécessaire  au  maintien  de  l'ordre  arrive  dans  vos  foyers. 
»  Elle  est  à  la  charge  de  votre  commune,  jusqu'à  ce  que 
»  les  auteurs  des  troubles  convaincus  de  leurs  crimes  en 
»  supportent  les  frais. 

»  11  est  fâcheux,  chers  concitoyens,  d'employer  des  actes 
»  de  rigueur  contre  des  frères  ;  mais  l'exécution  des  lois 
»  sera  toujours  le  premier  mobile  de  nos  actions.  » 

Le  Directoire  du  département  delà  Loire  Inférieure  envoya 
au  district  de  Challans  les  forces  qui  lui  avaient  été  deman- 
dées. La  tranquillité  ayant  été  promptement  rétablie,  le 
détachement  ne  resta  que  quelques  jours  à  Challans. 

En  exécution  du  décret  du  19  octobre  1792,  des  élections 
avaient  eu  lieu  le  18  novembre  pour  pourvoir  au  remplace- 
ment des  membres  sortants  du  conseil.  MM.  Louis-Henry 
Brossaud,  Urbain-René  Bret,  Arthur  Boiscourbeau,  Gaspard 
Bourdin,  Louis-Raphaël  Bodel,  Pierre-René  Cormier,  René 
Samsonn,  Charles-Marie-René  Merland,  Michel  Luminais  et 
Pierre-Joseph  Rousseau  furent  appelés  à  eu  faire  partie.  Dans 
la  séance  du  17  novembre  1792,  les  huit  premiers  se 
réunirent  aux  membres  du  conseil  précédemment  nommés, 
les  deux  derniers  étant  absents.  Il  fut  procédé  à  la  nomina- 
tion d'un  président  et  d'un  secrétaire.  MM.  Brossaud  et 
Ganachaud  furent  k  l'unanimité  appelés  à  remplir  les  fonc- 
tions, le  premier  de  président,  le  second  celle  de  secrétaire. 
M.  Merland  fut  nommé  procureur-syndic. 

Le  17  décembre,  le  citoyen  Jousson  en  rendant  compte 
des  élections  municipales  de  Commequiers,  qu'il  avait  été 


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—  80  — 

appelé  à  présider,  déclarait  que  tous  les  élecleurs,  ud  seul 
excepté  qui  avait  été  chassé  de  l'assemblée,  avaient  prêté 
le  serment  de  maintenir  la  liberté.  Il  ajoutait  que  les  habi- 
tants de  cetle  commune  avaient  en  horreur  leur  curé, 
parce  quMl  avait  Tait  serment  à  la  Constitution  et  que  la 
plupart  des  membres  élus  lui  paraissaient  peu  instruits  et 
entachés  d'aristocratie.  H  en  exceptait  le  procureur  de  la 
commune,  Porteau,  qui,  malgré  son  patriotisme,  était  telle- 
ment aimé  et  estimé  de  tous  que,  au  moment  oii  il  refusait 
d'accepter  la  position  k  laquelle  il  avait  été  élevé  par  ses 
concitoyens,  les  habitants  des  cami)agnes  avaient  fait  auprès 
de  lui  les  plus  vives  instances  pour  qu'il  les  acceptât.  Us  lui 
avaient  offert  de  l'indemniser  au  quadruple  des  pertes  de 
temps  que  son  acceptation  lui  occasionnerait  et  avaient  été 
jusqu'à  lui  offrir  de  le  porter  sur  leurs  bras  jusque  dans  sa 
maison  toutes  les  fois  qu'il  ferait  mauvais  temps.  Devant  une 
pareille  démonstration,  M.  Porteau  n'avait  pas  pu  résister  et 
avait  fini  par  accepter  les  fonctions  qu'il  avait  d'abord 
refusées. 

Les  élections  du  reste  furent  annulées  pour  plusieurs 
motirs.  Les  uns  paraissent  plausibles  puisqu'ils  se  basent  sur 
cette  considération  que  la  plupart  des  électeurs  étant  domes- 
tiques ou  n'ayant  pas  l'âge  voulu,  ne  devaient  pas  figurer 
sur  la  liste.  Mais  il  en  est  un  qui  ne  peut  se  justifier  à  aucun 
point  de  vue  :  «  Considérant  que,  depuis  le  commencement 
n  de  la  révolution,  il  s'est  formé  dans  cette  commune  de 
»  Commequiers  deux  partis  bien  prononcés.  Il  est  impossible 
n  d'espérer  que  les  esprits  aliénés  par  des  opinions  religieuses 
>»  qui  auraient  été  inspirées  par  quelques  ennemis  du  bien 
«  public,  qui  habitent  celte  paroisse,  puissent  se  rapprocher 
w  et  travailler  de  concert  aux  opérations  que  la  loi  confie 
o  aux  corps  municipaux  ;  considérant  que  cette  opposition  a 
)>  constamment  produit  dans  cette  commune  des  discussions 


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-  81    - 

j»  et  des  animosités,  qu'il  esl  instant  de  faire  cesser  par  un 
n  parti  propre  h  rétablir  la  paix  el  que  toutes  les  opérations 

•  dont  oDt  été  chargés  les  officiers  municipaux  qui  se  sont 
»  succédé  dans  celte  commune  ont  été  on  ne  peut  plus 
■  mal  conduites,  que  le  plus  grand  désordre  y  a  régné, 
a  parce  que  ceux  qui  étaient  animés  du  bien  public  et  du 
»  désir  de  faire  exécuter  les  lois  se  sont  toujours  trouvés  en 

•  nombre  inférieur  à  ceux  qui  étaient  mus  par  des  sentiuients 

»  contraires 

» , 

fl  Oui,  le  Procureur-Syndic  est  d'avis  que   les  officiers 

•  municipaux  élus  les  26  et  27  décembre  dernier  l'ont  été 
»  contre  la  loi  ;  qu'en  conséquence,  leur  élection  doit  être 

•  déclarée  nulle ,  el  que,  vu  la  difficulté  ou  plutôt  l'impossi- 
»  bilité  de  trouver  un  nombre  suffisant  de  bons  citoyens 
»  pour  composer  un  corps  municipal,  qu'il  soit  nommé  des 
»  commissaires  qui,  tant  que  les  circonstances  ou  se  trouve 
»  celle  commune  seront  les  mêmes,  rempliront  les  fonctions 
»  dévolues  aux  corps  municipaux  ;  qu'à  cet  cff'et,  les  citoyens 
»  Guyet,  ancien  maire  des  Habiles  et  demeurant  actuellement 
»  à  Commequiers,  et  Porleau,  procureur  de  la  commune, 
»  réélu  k  ladite  qualité,  seront  désignés  au  département 
»  comme  les  seuls  capables  de  bien  régir  et  bien  administrer 
»  les  intérêts  des  habitants  de  cette  commune  et  de  faire 
»  exécuter  les  lois.  » 

Dès  les  premiers  jours  du  mois  de  janvier  1793,  on  en 
(''lait  venu  \x  exiger  des  hommes  d'aff'aires,  des  notaires 
entre  autres,  des  certificats  de  civisme  délivrés  par  leurs 
municipalités  et  approuvés  par  les  directoires  des  districts  où 
se  trouvait  leur  résidence  et  par  le  département. 

Le  sieur  Auberl,  notaire  à  Soullans,  s'élant  vu  refuser  un 
certificat  de  civisme  de  la  municipalité  de  cette  commune, 

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-  Ôî  - 

se  pourvut  vainement   au  Directoire  du  district.  II  lui  fui 
interdit  de  continuer  l'exercice  de  sa  profession. 

La  récolte  de  l'année  1792  avait  été  très  mauvaise.  Le 
travail  et  le  pain  manquaient  dans  beaucoup  de  communes 
du  district  de  Challans.  La  municipalité  de  Saint-Urbain 
demanda  au  Directoire  qu'une  somme  fût  prise  sur  la  fabrique 
de  la  paroisse  et  fut  affectée  au  soulagement  des  malheureux. 
Le  Directoire  souscrivit  k  cette  demande. 

Le  14  janvier  1793,  rapport  fut  fait:  «  d'une  pétition 
»  présentée  par  le  citoyen  Jean  Cantin,  habitant  de  la 
»  paroisse  de  Saint-Christophe-du-Ligneron ,  expositive  que 
»  le  citoyen  Massé  («),  curé  dudit  lieu,  se  refuse  à  inhumer 
I)  le  corps  de  Jean  Gantin,  oncle  de  l'exposant,  mort  dans  la 
»  nuit  du  12  au  13  du  courant,  sous  prétexte  qu'il  ne  lui 
»  avait  pas  administré  les  sacrements  de  l'Église. 

»  Le  Directoire,  ouï  le  Procureur-Syndic,  a  renvoyé  à  la 
»)  municipalité  de  Saint-Ghristophe-du-Ligneron,  pour  donner 
»  dans  le  plus  court  délai  possible,  ses  dires  et  observations 
»  et  entendre  ceux  du  citoyen  Massé,  curé  dudit  lieu,  et  le 
»  tout  rapporté,  être  pris  par  le  Directoire  tel  parti  qu'il 
»  avisera  ;  et  cependant,  attendu  qu'il  est  urgent  de  faire 
»  inhumer  le  corps  dudit  Gantin,  la  municipalité  est  invitée 
0  k  autoriser  les  parents  du  défunt  à  le  faire  enterrer  par  qui 
»  bon  leur  semblera,  et,  à  cet  effet,  de  leur  permettre  l'entrée 
»  de  l'église  et  l'usage  des  cloches,  le  tout  dans  le  cas  où 
»  ledit  curé  refuserait  de  l'enterrer  ;  dans  le  cas  contraire, 
»)  la  municipalité  autorisera  seulement  les  parents  du  défunt 
w  à  l'enterrer  dans  le  cimetière.  » 

Le  11  février  1793,  sur  la  plainte  qui  leur  avait  été  faite 
par  les  officiers  municipaux  de  Noirmoulier  que,  malgré  les 
prévisions  d'une  guerre  européenne  et  d'attaques  possibles 

(*)  Le  curé  Massé  étail  un  prèlre  assermenté. 


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-   83  - 

des  Anglais  sur  les  côtes  de  Tile,  la  garde  nationale  n'était 
point  organisée  et  que  les  forts  n'étaient  point  armés  et 
manquaient  de  munitions  de  guerre  bien  que  la  demande  en 
eût  été  faite  aux  chefs  de  la  i^2«  division  militaire,  le  Direc- 
toire arrête  que  «  le  citoyen  Mauria  Lucien,  sergent  dans 
»  le  corps  d'artillerie,  est  nommé  commissaire  et  sera  invité 
»  à  se  transporter  sur  le  champ  k  Noirmoutier  pour  aider 
»  le  citoyen  Viaud,  procureur  de  la  commune  et  commis- 
»  saire  nommé  par  le  département,  afin  d'organiser,  confor- 
»  mément  k  la  loi  du  14  octobre  1791,  la  garde  nationale  du 
»  canton  de  Noirmoutier  ;  qu'il  est  également  autorisé  k 
»  aider  de  ses  conseils  et  de  ses  lumières  lesdils  officiers 
»  municipaux  et  autres  bons  citoyens  de  celte  île,  k  armer 
»  les  différents  forts  qui  se  trouvent  construits  provisoire- 
»  raent  et  jusqu'k  ce  que  les  chefs  militaires  de  la  12«  divi- 
»  sien  aient  nommé  des  commissaires  k  cet  effet  ;  que  copie 
»  du  présent  arrêté  sera  adressée  tant  au  département  qu'au 
»  citoyen  commandant  la  12®  division  militaire,  k  la  Rochelle, 
»  par  le  premier  courrier.  » 

Le  surlendemain,  le  Directoire,  sur  la  demande  du  sieur 
Rouillé,  membre  du  directoire  du  département,  commissaire 
nommé  k  l'effet  de  se  transporter  dans  les  districts  des 
Sables  et  de  Challans  pour  y  visiter  les  diverses  parties 
raarilîlnes  qui  avaient  besoin  d'être  mises  en  étal  de  défense 
en  raison  de  la  déclaration  de  guerre  faite  k  la  France  par 
TAnglelerre  et  la  Hollande,  requit  qu'il  fut  nommé  un 
membre  de  l'administration  de  ce  district  pour  l'accompagner 
sur  les  différents  points  du  territoire  du  district  oii  sa 
présence  était  nécessaire.  Le  Directoire  nomma  pour  être 
adjoint  au  citoyen  Rouillé,  M.  Merlet,  un  de  ses  administra- 
teurs. Merlet  rendit  compte  de  sa  mission  le  6  mars  1793. 
Il  déclara  qu'il  résultait  de  la  visite  des  côtes  qu'il  avait  faite 
de  concert  avec  le  sieur  Rouillé  et  un  ingénieur,  qu'il  était 


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-  84  — 

urgent  d'armer  les  côles  de  Noirraoutier,  Saint-Gilles,  Croîx- 
dc-Vie  et  Saint-Hilaire-de-Rié  et  de  les  approvisionner  de 
munitions.  Il  fournit  un  devis  estimatif  de  ce  que  pourraicnl 
coûter  toutes  ces  dépenses.  Le  Directoire  arri^.ta  que  le  dépar- 
tement serait  invité  à  s'occuper  immédiatement  de  travaux, 
qui  ne  pourraient  pas  être  retardés  sans  un  grand  préjudice 
pour  la  tranquillité  publique . 

Quelques  jours  après,  les  citoyens  Rouvière,  de  Saint- 
Christophe-du-Ligneron,  et  Bouvier ,  étaient  chargés  d'orga- 
niser la  garde  nationale  dans  les  cantons  de  Challans  et  la 
Garnache. 

Le  22  février  1793,  le  Directoire  était  informé  par  le  juge 
de  paix  de  Saint-Jean-de-Monts  que  la  gendarmerie  et  la 
garde  nationale  de  Saint-Gilles  s'étant  transportées  la  veille 
à  Saint-Jean-de-Monts,  plusieurs  mandats  d'amener  avaient 
été  décernés  par  lui  contre  des  individus  de  la  commune  qui, 
le  12  et  le  13,  avaient  troublé  la  tranquillité  publique, 
maltraité  des  citoyens  patriotes  et  enlevé  le  bonnet  de  la 
liberté  après  avoir  fait  effraction  dans  la  partie  du  clocher 
oit  il  était  placé.  Un  des  agitateurs  ayant  été  arrêté,  fut  amené 
devant  le  juge  de  paix  qui  le  laissa  sous  la  garde  de  trois 
hommes  pour  aller  faire  une  perquisition  à  la  cure  où  d'autres 
prévenus  s'étaient  réfugiés.  Gomme  il  s'y  rendait,  un  attrou- 
pement composé  d'hommes  armés  de  fourches  et  de  faux  se 
ruèrent  sur  les  trois  hommes  de  garde,  les  maltraitèrent  et 
délivrèrent  le  prisonnier  qu'ils  emmenèrent  en  chantant.  Le 
juge  de  paix  ajoutait  que,  dans  la  disposition  d'esprit  où  se 
trouvait  la  population  du  canton,  un  soulèvement  général 
était  à  craindre  et  que,  pour  le  prévenir,  il  était  indispen- 
sable d'envoyer  promptement  ii  Saint-Jean-de-Monls  des 
forces  assez  considérables  pour  en  imposer  aux  révoltés. 

Le  Directoire,  déjà  prévenu  que  des  commencements 
d'émeute  avaient  eu  lieu  dans  cette  commune,  décida  que 


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-  85   - 

la  gendarmerie  de  Challans  et  27  hommes  de  la  garde 
nalionale  de  ce  canton  allaient  se  mettre  en  route  le  jour 
raêrae  pour  Saint-Jean-dc-Monts.  Il  arrCla  qu'il  serait  écrit 
à  Beauvoir  pour  enjoindre  à  la  municipalité  d'envoyer 
pareil  nombre  de  gardes  nationaux  à  la  même  destination, 
au  district  du  déparlement,  pour  le  prier  d'envoyer  25  hommes 
d'armes  à  Challans;  à  Saint-Gilles,  pour  requérir  de  nouveau 
20  gardes  nationaux  pour  être  envoyés  à  Saint-Jean-de- 
Monts. 

Le  4  mars,  le  Directoire,  dans  la  crainte  de  n'avoir  pas 
assez  de  force  sous  la  main  pour  maintenir  la  tranquillité 
publique,  arrête  : 

Art.  1. 

ff  Que  le  département  sera  invité  d'autoriser  celte  admi- 
•  nislralion  de  requérir  du  déparlement  de  la  Loire-Inférieure 
»  une  compagnie  de  gardes  nationaux  de  Nantes  pour  rester 
»  en  activilé  permanente  ici  et  agir  d'après  les  ordres  que 
»  le  Directoire  de  ce  district  pourra  donner. 

Art.  2. 

»  Que  le  déparlement  est  pareillement  invité  d'écrire  de 
»  son  côté  au  département  de  la  Loire-Inférieure  pour 
»  l'engager  à  fournir  cette  force  armée  h  ses  frères  et  à  ses 
0  voisins.  » 

Les  feuillels  du  registre  des  délibérations  manquent  du 
5  mars  au  5  mai  ou  plulôt  le  Directoire  ne  prit  pas  de 
délibérations,  parce  que,  au  moment  des  massacres  de  Machc- 
coul,  les  administrateurs  du  district  de  Challans  se  réfugièrent 
aux  Sables.  Ils  s'y  trouvaient  au  moment  des  attaques  des 
24  et  29  mars,  et,  le  28  mars,  l'administration  du  district  de 
Challans  réunie  à  celle  des  Sables  adressait  m  Ministre  une 
lettre  lui  faisant  connaître  la  situation.  Celte  lettre  est  repro- 
duite dans  V Histoire  de  la  guerre  des  Vendéens  et  des 
chouans  (tome  I,  p.  122). 


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-  86  — 

Les  administrateurs  du  district  de  Challans  renlrërenl  dans 
celte  ville  le  5  mai.  Lorsqu'ils  se  présentèrent  à  la  maison 
où  jusque-là  ils  avaient  tenu  leui's  séances,  ils  la  trouvèrent 
dans  le  plus  grand  désordre.  Les  Vendéens  en  avaient 
brisé  les  meubles,  les  portes  et  les  fenêtres  ;  les  cheminées 
étaient  abattues;  les  chambres  décarrelées;  les  papiers 
que  Tadministration  n'avait  pas  emportés  étaient  enlevés  ou 
brûlés. 

Dans  Timpossibilité  de  s'installer  dans  un  pareil  local,  le 
Directoire  lU  choix  pour  les  séances  et  l'installation  de  ses 
bureaux  de  la  maison  du  sieur  Macé  de  la  Rarbelais,  qui 
était  passé  du  côté  des  Vendéens. 

Challans  était  alors  occupée  par  des  troupes  de  ligne.  Le 
H  avril,  les  républicains,  déjà  maîtres  de  Saint-Gilles,  avaient 
dirigé  deux  colonnes  sur  Challans,  commandées  Tune  par 
le  général  Boulard,  Tautre  par  le  colonel  Baudry.  La  première 
rencontra  l'ennemi  au  Pas-au-Peton.  Quelques  coups  de 
canon  chargés  à  mitraille  suffirent  pour  le  mettre  en  fuite. 
La  seconde  s'avança  par  Rié,  d'oii  elle  délogea  quelques 
Vendéens  embusqués  dans  le  cimetière. 

Le  12,  les  deux  colonnes  entrèrent  dans  Challans,  que 
l'ennemi  avait  évacuée  pendant  la  nuit.  Le  18,  les  Vendéens 
revinrent  en  force  ;  mais  ils  furent  repoussés  et  laissèrent 
entre  les  mains  des  Iroupcs  républicaines  un  canon  et  un 
pierrier.  Baudry,  k  la  télé  de  sa  colonne,  les  poursuivit 
jusqu'à  la  Garnache.  Quelques  dissentiments  avaient  éclaté 
entre  Boulard  et  Baudry  ;  mais  ils  furent  de  courte  durée. 
De  Challans,  Boulard  s'était  porté  sur  la  route  de  Beauvoir 
pour  s'assurer  si  les  communications  entre  Noirmoutier  et 
Challans  étaient  libres.  Les  Vendéens  se  portèrent  sur  ses 
derrières  et  s'emparèrent  de  Saint-Gervais.  Mais  ils  ne  résis- 
tèrent pas  à  un  retour  offensif  de  Boulard  et  prirent  la  fuite 
sans  s'arrêter  à  Challans,  qu'ils  traversèrent.  Pendant  ce 


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—  87  — 

lemps-là,  Baudry  s'était  porté  autre  part,  car  de  tous  côtés  il 
faUail  tenir  tête  à  Forage. 

Tandis  que  tous  ces  mouvements  s'accomplissaient,  des 
réquisitions  nombreuses  avaient  été  Tailes  par  les  troupes. 
Le  district  était  assailli  de  nombreuses  réclamations  ;  car  il 
n'y  avait  point  à  Challans  de  commissaire  de  guerre  chargé 
de  régler  ces  dépenses.  L'Administration  du  district  se 
trouvait  dans  un  grand  embarras.  Heureusement  qu'un 
commissaire  du  département,  le  citoyen  Gallel,  arriva  à 
Challans.  Il  ordonna,  prenant  cet  acte  sous  sa  responsabilité, 
(le  payer  les  réclamants  sur  la  caisse  du  receveur  du  district. 
Six  mois  de  traitement  furent  aussi  payés  ^  l'avance  au  juge 
de  paix  de  la  Garnaclie,  Dugoust,  que  les  Vendéens  avaient 
dévalisé  de  tout  ce  qu'il  possédait. 

Il  fallut  aussi  pourvoir  aux  besoins  de  la  cavalerie,  qui 
manquait  complètement  de  fourrages  et  faire  réquisition  à  la 
commune  de  SouUans,  dans  laquelle  il  s'en  trouvait  encore, 
de  fournir  le  nécessaire.  11  fallut  enfin  s'adresser  aux  com- 
munes voisines  pour  avoir  le  supplément  de  lils  nécessaires 
pour  coucher  les  troupes,  prendre  des  vins,  de  l'avoine  et 
d'autres  fournitures  chez  des  personnes  qui  s'étaient  jointes 
aux  Vendéens.  Ce  n'était  pas  tout  que  de  pourvoir  Challans. 
Des  demandes  arrivaient  de  tous  les  points  du  district,  entre 
autres  de  Saint-Gilles  pour  des  fournitures  de  bois  et  de 
fourrages  et  de  Saint- Christophe  pour  la  solde  d'une  com- 
pagnie de  volontaires  formée  dans  cette  commune.  Enfin,  le 
9,  arriva  un  agent  du  commissaire  des  guerres  du  départe- 
ment de  la  Vendée. 

Le  receveur  du  district  avait  été  forcé  de  se  retirer  aux 
Sables  avec  les  corps  constitués  des  disiricts  ;  il  trouva  à  son 
retour  ses  bureaux  et  sa  caisse  entièrement  brisés,  les  papiers 
de  comptabilité  disparus,  ainsi  que  les  espèces  et  assignats 
qui  pouvaient  rester  dans  la  caisse.  A  sa  prière,  deux  admi- 


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—  88  — 

nisiraleurs  du  dislricl  vinrenl  conslaler  l'étal  des  choses.  Il 
les  conduisit  aussi  dans  tous  les  lieux  oii  il  avait  pratiqué 
des  caches  pour  y  mettre  le  numéraire  et  les  assignais  qu'il 
n'avait  pas  emportés  avec  lui.  Les  valeurs  s'y  trouvaicDt  à 
l'exception  d'une  certaine  somme  qu'il  avait  cachée  dans  une 
double  cheminée.  Celte  cheminée  avait  été  dégradée  et  pres- 
que entièrement  détruite  ainsi  que  le  foyer.  Enfin,  les 
citoyens  auxquels  le  receveur  avait  confié  des  fonds,  pour 
qu'ils  les  missent  en  sûreté,  les  lui  avaient  remis  fidèle- 
ment. 

Le  16  mai,  sur  l'avis  conforme  du  citoyen  Goupilleau, 
représentant  du  peuple,  l'Administration  accorda  des  bccours 
k  Françoise  Douillard,  veuve  de  François  Naulleau,  Cathe- 
rine Iladivet,  veuve  d'Honoré  Taillé,  Marie  Garnier,  veuve 
de  René  Guillot,  Marie-Rose  Imbert,  veuve  de  Pierre  Gui- 
maron,  de  la  paroisse  de  Bois-de-Céné,  dont  les  maris  avaient 
été  massacrés  k  Machecoul  le  8  avril  précédent  (i). 

Des  commissions  militaires  siégeaient  aux  Sables  et  k 
Noirmoulier  pour  juger  les  crimes  et  les  délits  politiques 
commis  dans  le  district  de  Challans. 

Le  24  mai,  une  indemnité  était  accordée,  sur  sa  demande, 
k  la  veuve  Samson,  de  Bois-de-Céné,  dont  le  mari  a  été 
assassiné  pendant  les  massacres  de  Machecoul. 

Pour  subvenir  aux  besoins  de  la  troupe  et  de  la  population 
de  Challans,  il  était  nécessaire  d'avoir  recours  a  des  appro- 
visionnements. Le  Directoire  les  faisait  dans  les  communes 
du  canton  en  payant  exactement  ce  qu'il  enlevait.  Le  24  mai, 
un  membre  annonçait  qu'il  n'avait  laissé  en  blé  aux  habitants 
de  la  Garnache  que  ce  qui  leur  était  absolument  nécessaire 


(*)  Les  noms  tic  Naulleau,  Taillé,  Guillol  et  Guiinaion  ne  se  Irouvoiil 
poiul  sur  la  liste  qu'a  publiée  M.  Lailié,  des  pi  isoiiniers  massacrés  k  Maclie- 
coul. 


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—  SS- 
II iovilail  le  Directoire  à  n'en  pas  retarder  le  paiement.  Le 
Directoire,  prenant  en  considération  ce  qui  venait  de  lui  être 
(lil,  sVngageait  à  donner  immédiatement  aux  citoyens  qui  lui 
fourniraient  des  grains  pour  l'approvisionnement  des  armées 
de  la  République  en  ce  district,  un  bon  sur  le  vu  duquel  ils 
seraient  payés  aussitôt  qu'il  se  trouverait  en  caisse  une  somme 
suffisante.  Les  besoins  devenaient  d'autant  plus  grands  que 
l'Administration  du  district  de  Challans,  reconnaissante  de 
l'accueil  empressé  qu'elle  avait  trouvé  aux  Sables,  au  moment 
où  elle  avait  été  obligée  de  s'y  réfugier,  était  bien  disposée 
à  accueillir  la  demande  d'un  secours  en  blé  qui  lui  avait  été 
faite  par  les  Administrateurs  de  ce  même  district. 

Dans  la  séance  publique  du  27  mai  1793  (an  11  de  la 
République),  le  Conseil  du  district  de  Cballans  apprenant  que 
la  veuve  Imbert  et  ses  deux  filles  jouissent  à  Nantes  d'une 
liberté  absolue,  ayant  d'ailleurs  en  leur  possession  des  écrits 
de  leur  main  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  leur  participa- 
lion  à  l'insuiTection  vendéenne,  décide  qu'il  en  sera  donné 
avis  aux  autorités  constituées  de  Nantes  et  nomme  pour  se 
transporter  devant  l'Administration  du  département  de  la 
Loire-Inférieure  et  le  renseigner  sur  ce  sujet,  les  citoyens 
Cortèze,  aide-de-camp  du  général  Baudry,  et  Bâtard,  capitaine 
de  cavalerie  («). 

En  apprenant  que  les  prêtres  insermentés  emportaient  les 
vases  sacrés  de  leur  église,  l'Administration  décida  que  tous 
ceux  qui  restaient  seraient  transportés  à  Challans  et  remis  aux 
églises  où  ils  avaient  été  pris,  lorsque  les  paroisses  de  ces 
églises  seraient  pourvues  de  desservants. 

(')  Nous  avons  en  noire  possession  la  copie  intégrale  de  la  ciélibdralion 
<in  27  mai  1793  prise  au  sujet  ric  la  veuve  Imberl  et  de  ses  deux  fdles. 

Celle  copie  a  fié  elle- niénic  prise  sur  l'original  conservé  dans  un  registre 
00  recueil  de  pièces  diverses  et  révolutionnaires,  recueil  composé  par  M. 
Cbevas  et  appartenant  aujourd'hui  à  M.  Dugast-Matifeux.  J.  M. 


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-  90  - 

Le  ^8  mai  1793  «  sur  les  huit  heures  du  matin  est  entré 
D  à  la  séance  le  citoyen  Baudry,  commandant  de  la  deuxième 
»  division  de  Tarmée  des  Sables,  lequel  a  dit  qu'il  avait 
»  expédié,  la  nuit  dernièi*e,  au  citoyen  général  Boulard,  un 
»  courrier  pour  lui  annoncer  qu'une  colonne  formidable 
»  d'ennemis  était  prèle  à  tomber  sur  sa  division  ;  que  tous 
»  les  habitants  du  marais  étaient  soulevés  et  n'attendaient 
»  que  l'instant  favorable  pour  se  joindre  k  cette  colonne,  qui 
D  occupait  Palluau  ;  que,  dans  cette  circonstance,  n'ayant  que 
»  quinze  cents  hommes  ou  environ,  la  majeure  partie  sans 
»>  armes  et  n'étant  que  des  recrues,  il  croyait  ne  pouvoir 
»  résister  i\  celte  foule  d'ennemis  ;  qu'en  conséquence,  il 
n  allait  se  replier  sur  Vairé  avec  sa  troupe  ;  que  celle 
»  retraite  aurait  lieu  la  nuit  prochaine,  et  il  a  invité  cette 
»  Administration,  au  cas  oii  elle  voulut  le  suivre,  à  faire 
')  tous  ses  préparatifs  pour  le  voyage  et  sauver  les  archives.  » 

Le  Conseil  prit  ses  dispositions  en  conséquence  ;  mais 
le  départ  n'eut  pas  lieu  la  nuil,  ainsi  que  l'avait  annoncé 
le  général  Uaudry.  Le  lendemain,  a  6  heures  du  matin,  cet 
oflRcier  se  présenta  au  Direcloire  disant  qu'il  venait  de 
recevoir  une  lellre  du  général  Boulard  lui  enjoignant  de 
rester  à  Ghallans  pour  défendre  ce  posie  important. 

Dans  la  séance  du  3  juin  «  le  capilaine  de  la  première 
»  compagnie  de  Barbezieux  déclare  qu'ayant  appris  que 
»  quelques  soldais  de  la  compagnie  s'étaient  permis  d'enlever 
»  quelques  effets  d'une  maison  appartenant  h  un  chef  de 
»  révoltés,  il  a  été  indigné  de  celle  conduite,  et  qu'après 
»  les  avoir  fail  punir  comme  ils  le  mérilaienl,  il  leur  a  fait 
))  restituer  la  valeur  desdils  objets,  laquelle  somme  a  été 
»  déposée  sur  le  bureau.  »» 

Le  lendeniain,  4  juin,  le  général  Baudry  annonçait  au 
Directoire  que,  sur  l'ordre  du  général  Boulard,  il  allait  se 
replier  sur  Vairé  à  l'effet  d'être  prêt  à  secourir  la  ville  des 


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—  91  — 

Sables  sur  laquelle  on  peusaii  qu'uue  forlc  colonne  sortie 
de  Fontenay  et  arrivée  à  la  Roche-sur- Yon  allait  se  porter. 
11  invita  l'Administration  à  la  suivre  et  à  requérir  le  plus 
grand  nombre  de  voitures  qu'elle  pouirait  pour  enlever  de 
Cballans  toutes  les  subsistances  qui^  sans  cette  précaution, 
De  manqueraient  pas  de  tomber  entre  les  mains  de  l'ennemi. 

Le  5  juin,  les  administrateurs  arrivaient  aux  Sables,  où 
une  pièce  fut  mise  h  leur  disposition. 

Le  IS,  ils  se  réunissaient  extraordinairement  pour  statuer 
sur  une  demande  qui  leur  était  adressée  par  les  oflRciers 
municipaux  de  l'île  de  Noirmoulier.  Ces  officiers  réclamaient 
des  vivres  et  des  munitions,  de  la  poudre  et  des  bœufs. 
Dans  rinipossibililc  où  ils  se  trouvaient  de  satisfaire  h  celte 
demande,  les  administrateurs  du  district  de  Challans  dépu- 
tèrent deux  de  leurs  membres,  RIM.  Bodet  et  Mourain,  auprès 
des  représentants  de  la  Gonvenlion  qui  se  trouvaient  aux 
Sables.  Le  député  Gandin  promit  de  prendre  leur  demande 
en  gi'ande  considération. 

Quelques  jours  après  une  demande  d'argent  leur  était  faite 
par  les  administrateurs  de  Saint-Gilles  et  de  Groix-de-Vie. 
Cet  argent  était  destiné  h  l'approvisionnement  de  la  force 
année  cantonnée  dans  ces  communes.  Ces  demandes  furent 
Favorablement  accueillies. 

Le  2  juillet,  les  administrateurs  furent  avertis  que,  d'après 
la  réquisition  du  citoyen  Gaudin,  commissaire  de  la  Con- 
vention, le  maire  de  Saint-Gilles  venait  de  faire  charger  sur 
deux  chaloupes  un  nombre  considérable  de  débris  de  matières 
de  cloches,  provenant  des  églises  de  Saint-Hilaire-de-Rié, 
de  Croix-de-Vie  et  de  Saint-Gilles.  Ces  matières  furent  mises 
à  la  disposition  des  administrateurs  du  district  des  Sables. 

Le  7  juillet,  le  Conseil  général  de  Tadministralion  du 
district  de  Challans  reçut  du  Procureur  du  département  un 
arrêté  pris  par  le  Conseil   général  en  date  du  4.  Cet  arrêté 


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~  92   - 

portait  que  les  administrateurs  de  tout  chef-lieu  de  district 
envahi  par  l'ennemi,  pourraient  se  retirer  dans  tel  endroit  du 
département  qu'ils  jugeraient  convenable  ;  mais  qu'il  faudrait 
qu'ils  en  donnassent  avis  à  l'autorité  centrale. 

Le  Conseil,  considérant  que  Noirmoulier  et  Saint-Gilles 
et  quelques  rares  localités  étant  les  seuls  points  du  district 
de  Challans  qui  ne  fussent  pas  au  pouvoir  de  l'ennemi  et 
que  la  résidence  aux  Sables  lui  donnait  plus  de  facilité  que 
nulle  autre  de  communiquer  avec  leur  district,  arrêta  qu'il 
continuerait  k  résider  aux  Sables  jusqu'à  ce  que  les  circous- 
tances  lui  permissent  de  retourner  h  Challans. 

Le  10,  le  Comité  de  salut  public  de  la  ville  des  Sables 
invitait  le  Conseil  d'administration  du  district  de  Challans 
à  se  rendre  à  Saint-Gilles.  Celte  ville  manquant  absolument 
de  bois  de  chauffage,  il  était  indispensable  de  lui  en  procurer. 
Le  Conseil  pensa  que  sa  présence  à  Saint-Gilles  n'y  ferait 
rien  ;  que  la  force  armée,  en  faisant  des  coupes  régulières, 
avait  seule  le  pouvoir  qui  lui  manquait  et  décida  en  consé- 
quence qu'il  en  écrirait  au  général  Boulard. 

Parmi  les  affaires  expédiées  par  le  conseil  du  district  de 
Challans  pendant  sa  résidence  aux  Sables,  il  en  est  une  que 
je  ne  veux  pas  passer  sous  silence  parce  qu'il  s'y  môle  tout 
un  souvenir  de  jeunesse  (i).  Il  s'agit  d'une  pétition  de  la 
veuve  Cavois  demandant  à  ce  qu'il  soit  procédé  par  l'Admi- 
nistration \\  la  hquidalion  de  la  succession  de  son  mari  qui, 
négociant  à  Saint-Gilles,  avait  élé  condamné  îi  mort.  Les 
scellés  ayant  été  apposés  sur  tout  ce  qui  appartenait  h  la 
communauté  et  ne  pouvant  disposer  de  rien,  la  veuve  Cavois 
se  trouvait  absolument  sans  ressources. 


(')  l)e  la  jeunesse  (le  mon  pcic  ;  j'ai  io(iio(luil  Ks  propres  expressions 
empioyi^es  dans  son  manuscrit  Je  nai  pu  (ii^eouvrir  à  quel  souvenir  de 
jeunesse  il  faisait  allusion.  i.  M. 


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—  93  — 

Le  26  août,  les  rcprésenlanls  du  peuple  en  mission  dans 
la  Vendée  raellaienl  en  réquisitions  toutes  les  voitures, 
chevaux  de  trait  et  de  buts,  mules  et  mulets,  môme  ceux 
qui  pouvaient  être  réclamés  pour  l'agriculture,  cl  le  80,  le 
Conseil  d'administration  du  district  de  Cballans  était  invité  à 
se  conformer  à  cet  ordre  pour  les  communes  de  son  ressort. 
Le  Conseil,  dans  une  délibération  en  date  du  même  jour, 
déclarait  que  toutes  les  communes  du  district,  à  l'exception 
de  celles  de  Saint-Gilles,  Croix-de-Vie,  le  Fenouiller  et 
Noirmoulier,  étant  entre  les  mains  des  rebelles,  l'exécution 
ne  pouvait  avoir  lieu  que  pour  les  quatre  dont  il  vient  d'être 
question  et  nommait  deux  commissaires  :  Malescot,  avoué 
pour  les  trois  premières  et  Viaud,  receveur  d'enregistrement 
pour  la  quatrième,  chargés  de  faire  des  étals  des  voitures, 
chevaux,  mules  et  mulets  susceptibles  d'être  requis  et  de  les 
adi'esser  à  l'Administration. 

11  fallait  pourvoir  aux  besoins  d'une  foule  d'habitants  du 
district  de  Challans  qui,  pour  se  soustraire  à  l'invasion  des 
rebelles,  s'étaient  réfugiés  aux  Sables  et  qui,  par  suite  d'un 
séjour  prolongé  dans  cette  ville,  avaient  épuisé  le  peu  de 
ressources  qu'ils  avaient  en  y  arrivant.  Le  Conseil  de  l'admi- 
nistration vint  à  leur  secours  autant  qu'il  le  put,  la  Conven- 
tion ayant  mis  k  son  budget  des  dépenses  une  somme 
éventuelle  pour  secourir  les  réfugiés  patriotes  et  le  départe- 
ment ayant  pris  un  arrêté  pour  la  distribution  des  secours; 
34 :î  personnes  ou  familles  reçurent  des  secours  en  argent. 
Au  nombre  de  ces  personnes,  nous  voyons  figurer  Pierre- 
François-Marie  Borel  Miracle,  curé  constitutionnel  de  Challans. 

Au  moment  où  le  Conseil  d'administration  s'était  réfugié 
aux  Sables,  deux  de  ses  membres,  MM.  Merlet  et  Jousson, 
pour  mieux  servir  leur  pays,  avaient  pris  le  parti  de  suivre 
Varmée  républicaine.  Jousson  y  avait  perdu  la  vie  ainsi  que 
trois  autres  membres  du  Conseil  du  district  qui  avaient  été 


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-  94  - 

tués  par  les  insurgés.  Merlet  était  k  l'armée  du  général 
Niskousky.  Le  15  septembre,  lo.  Conseil  d'administration, 
dans  la  prévision  d'une  rentrée  prochaine  à  Ghallans,  décidait 
de  le  rappeler  pour  qu'il  vînt  partager  ses  travaux. 

Le  25  septembre,  Rouillé,  commissaire  du  département  de 
la  Vendée  près  l'armée  des  Sables-d'Olonne,  transmettait  à 
l'administration  du  district  de  Ghallans  trois  copies  de  lettres 
des  représentants  près  l'armée  des  côtes  de  la  Rochelle, 
ordonnant  une  levée  en  masse  des  citoyens  du  département 
de  la  Vendée  contre  les  rebelles.  Conformément  aux  termes 
de  cetle  lettre.  Rouillé  avait  écrit  aux  communes  du  canton 
de  Saint-Gilles  pour  les  prier  de  se  joindre  aux  citoyens  des 
districts  des  Sables  et  de  la  Roche-sur- Yon  pour  marcher 
tous  ensemble  contre  les  rebelles,  sous  la  conduite  des 
commissaires  de  leurs  communes  et  du  commissaire  de 
l'assemblée  primaire  du  canton.  Il  invitait  l'Administration  à 
nommer  deux  commissaires  pour  suivre  leurs  concitoyens  îi 
l'armée  et  certifier  les  états  de  solde  de  ses  citoyens,  sans 
lesquels  ils  ne  pouvaient  pas  être  payés,  pour,  en  outre,  de 
concert  avec  les  commissaires  du  département  et  ceux  des 
autres  districts,  faire  tout  ce  qu'ils  jugeraient  convenable 
dans  l'intérêt  de  la  chose  publique.  Le  Conseil  nomma  deux 
de  ses  membres,  MM.  Cormier  et  Bourdin. 

La  levée  en  masse  de  tous  les  citoyens  de  18  à  25  ans 
avait  été  ordonnée  par  la  loi  du  23  août  1793.  En  vertu  de 
cette  réquisition,  cinq  jeunes  gens  de  la  commune  de  Ghallans 
étaient  arrivés  aux  Sables  où  la  municipalité  leur  refusa  un 
logement.  Cependant,  l'art.  3  de  l'arrêté  du  département 
portait  que  les  citoyens  mis  en  réquisition  se  réuniraient  sans 
délai  au  chef-lieu  du  district  ou  dans  la  ville  ou  commune 
où  l'administration  du  district  était  établie  dans  le  cas  où  le 
chef-lieu  du  district  serait  occupé  par  les  rebelles.  C'était 
donc  aux  Sables  que  les  jeunes  gens  en  question  avaient  dû 


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-  95  - 

se  réunir  aux  termes  de  Tarrôlé  précité  et  ils  avaient  les 
mêmes  droits  que  les  autres  troupes  qui  s'y  trouvaient.  Le 
Conseil  de  l'administration  de  Challans  exposa  vainement  ses 
raisons  k  la  municipalité  des  Sables  ;  elle. s'obstina  dans  son 
refus  déclarant  que  le  citoyen  Dufour,  commandant  de  la 
place,  lui  en  avait  fait  la  défense  formelle.  Le  Conseil,  en 
présence  d'un  refus  aussi  catégorique,  considérant  l'impossi- 
bilité où  il  se  trouvait  de  loger  les  citoyens  qui  s'élaient 
empressés  de  répondre  à  l'appel  qui  leur  avait  été  fait,  arrêta 
qu'ils  seraient  libres  de  retourner  chez  eux  jusqu'à  ce  que  le 
département  en  eût  ordonné  autrement  et  qu'il  ait  avisé  au 
moyen  de  faire  exécuter  la  loi  et  ses  arrêtés  ;  qu'à  cet  effet, 
copie  des  présents  arrêté  et  réquisitoire  lui  serait  adressée. 

Le  général  Haxo  était  sorti  de  Nantes  et  le  général  Guil- 
laume des  Sables  avec  des  forces  considérables,  marchant  sur 
Challans  où  ils  devaient  opérer  leur  jonction  dans  deux  jours. 
Le  !«'  frimaire  an  11,  le  général  Dutruy  informait  le  Conseil 
général  du  district  de  Challans  qu'il  allait  lui-même  se  porter 
sur  Saint-Gilles  où  il  se  mettrait  h  la  tête  d'une  colonne  pour 
se  diriger  sur  Challans.  Le  Conseil,  dont  la  présence  était 
indispensable  à  Challans  pour  le  logement  et  la  nourriture 
des  troupes,  décida  qu'il  accompagnerait  le  général  Dutruy 
à  Saint-Gilles  pour  arriver  en  même  temps  que  lui  k  Challans. 
Le  13  ils  rentrèrent  au  chef-lieu  du  district  dont  ils  étaient 
absents  depuis  le  5  juin  1798. 

Pendant  ce  temps  quatre  des  administrateurs  étaient 
tombés  sous  le  feu  de  l'ennemi.  Deux  étaient  employés  dans 
la  Commission  administrative  près  de  l'armée  de  l'ouest.  Deux 
enfiD  étaient  restés  malades  aux  Sables.  Les  quatre  qui  se 
trouvaient  à  Challans,  Mourain,  Bodel,  Merland  et  Ganachaud, 
ne  pouvaient  pas  suffire  à  l'administration,  d'autant  plus  que, 
dans  ce  moment,  les  difficultés  étaient  grandes,  puisqu'il 
fallait  procurer  aux  troupes  et  aux  habitants  des  subsistances 


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—  96  — 

que  les  raallieurs  de  la  guerre  avaient  rendues  1res  rares. 
Merlet,  cliasseur  îi  cheval  dans  la  compagnie  de  la  Vendée, 
Tut  donc  requis  de  venir  reprendre  ses  fonctions.  D'autres 
fonctionnaires  publics  s'étaient  retirés  qui  à  Nantes,  qui  aux 
Sables,  qui  dans  d'autres  lieux.  Ils  furent  également  informés 
d'avoir  k  regagner  leur  poste  dans  les  vingt-quatre  heures. 

La  Commission  administrative  du  département  de  la  Vendée 
avait  donné  au  Comité  de  surveillance  révolutionnaire,  établi 
aux  Sables  pour  la  représenter,  le  droit  de  passer  au  scrutin 
épuraloire  les  membres  qui  composaient  l'administration  du 
district. 

Le  15  frimaire,  le  Conseil  était  informé  qu'usant  de  ses 
pouvoirs,  le  Comité  de  surveillance  révolutionnaire  venait  de 
rejeter  deux  de  ses  membres,  les  sieurs  Cormier  et  Rousseau; 
qu'en  conséquence,  il  devait  être  pourvu  à  leur  rempla- 
cement, devant  soumettre  de  nouveau  au  scrutin  épuratoire 
les  deux  noms  qui  seraient  choisis  pour  l'administration  du 
district. 

Le  Conseil  «  après  avoir  délibéré  et  ouï  le  Substitut  du 
»  Procureur-Syndic,  arrête  :  que,  quoiqu'il  ne  connaisse  pas 
«  les  motifs  qui  ont  pu  donner  lieu  à  l'arrêté  pris  par  la 
»  Commission  administrative  de  ce  département  près  de 
»  l'armée  de  l'ouest,  agissant  en  le  département  et  quoiqu'il 
w  soit  d'avis  que  cette  Commission  n'eût  pas  le  droit  de 
»>  révoquer  les  commissaires  nommés  parcelle  administration, 
»  sans  intervertir  l'ordre  naturel  des  choses,  il  nomme,  pour 
»  n'apporter  aucun  retard  aux  opérations  intéressantes  dont 
»  cette  même  Commission  est  chargée,  aux  lieu  et  place 
»  des  citoyens  Cormier  et  Rousseau,  lis  citoyens  Savin  et 
n  Voynean,  juges  du  tribunal  de  ce  district,  pour  membres 
»  de  la  Commission  administrative  près  l'armée  de  l'ouest, 
»  qui  sont  invités  à  accepter  la  présente  mission  ;  arrête,  au 
»  surplus,  que  copie  du  présent  arrêté  sera  transmise  tant 


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--  97  -- 

»  auxdils  commissaires  qu'au  Comité  de  surveillance  aux 
»  Sables.  » 

D  fallut  recommencer  k  Ghallans  ce  que  le  Conseil  avait 
fail  aux  Sables,  c'est-à-dire  pourvoir  aux  besoins  de  ceux  qui, 
pour  se  soustraire  aux  dangers  qu'ils  couraient  dans  leur 
résidence,  l'avaient  abandonnée  pour  se  réfugier  soit  k 
Names,  soit  à  Saint-Gilles,  soit  dans  d'autres  localités  non 
occupées  par  les  insurgés. 

Le  24  frimaire  an  II,  le  Conseil  arrêtait  que  l'adresse 
suivante  serait  envoyée  dans  toutes  les  communes  du  district: 

ff  Trop  longtemps  vous  bravâtes  les  lois  ;  il  faut  enfin 
•  vous  y  soumettre  et  sur  le  champ,  sinon  les  armées  de  la 
»  République  vont  détruire  toutes  vos  propriétés  et  extermi- 
»  ner  jusqu'au  dernier  d'entre  vous-  Jusqu'ici  vous  aviez 
»  méprisé  les  invitations  amicales  que  nous  avions  pu  vous 
»  faire  ;  il  a  fallu  les  appuyer  par  la  force.  Eh  bien,  la  voilà 
»  qui  agit  celte  force  armée  !  Déjà  elle  a  foudroyé  ces  rem- 
»  parts  que  vous  aviez  cru  impénétrables,  et  bientôt  elle 
»  aura  renversé  toutes  les  barrières,  à  Tabri  desquelles  vous 
»  croyez  pouvoir  exercer  impunément  toutes  vos  scéléra- 
»  lesses.  Sachez  que  rien  n'est  impossible  à  des  républicains  ; 
»  mais,  en  môme  temps,  apprenez  que  cette  même  répu- 
»  blique  disposée  à  pardonner  à  ses  enfants  quand  ils 
»  reconnaîtraient  leurs  erreurs,  veut  bien  encore  vous  offrir 
»  le  pardon  des  crimes  sans  nombre  que  vous  avez  commis. 

»  Oui,  il  vous  est  offert  ce  pardon,  mais  à  condition  que 
»  vous  mettrez  bas  les  armes  et  que  vous  les  apporterez  de 
B  suite  au  chef-lieu  du  district  ;  que  vous  vous  soumettrez  à 
»  toutes  les  lois  que  la  France,  nouvellement  organisée  en 
»  république,  vient  de  se  donner  ;  que  vous  promettez  d'être 
»  fidèle  au  nouveau  genre  de  gouvernement  et  de  verser 
»  jusqu'à  la  dernière  goutte  de  votre  sang  pour  le  maintenir. 
»  Voilà  les  conditions  auxquelles  vous  serez  admis  au  nombre 

7 


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—  98  — 

»  des  enfants  de  celle  mère  dont  vous  aviez  si  longtemps 
*)  déchiré  le  sein,  et  ce  n'est  qu'îi  cette  condition  qu'elle 
»  veut  bien  oublier  que  vous  lui  fûtes  parjures. 

»  Le  pardon  ou  la  mort,  voilà  donc  ralternalivc  qui  vous 
»  est  offerte.  11  en  coulerait  à  nos  cœurs  de  voir  rejeter  une 
»  offre  qui  vous  est  aussi  avantageuse  et  nous  aimons  k 
))  croire  que,  revenus  d'une  erreur  qui  vous  fut  si  funeste, 
»  vous  accueillerez  enfin  des  frères  qui  vous  tendent  les  bras 
»  et  qui  n'ont  pas  d'espoir  plus  doux  que  celui  de  vous 
»  compter  bientôt  au  rang  de  leurs  amis  et  des  défenseurs 
n  de  la  patrie. 

»  Ne  lardez  donc  pas  \i  vous  réunir  à  nous.  Venez  ;  nous 
»  vous  en  conjurons  ;  chaque  instant  que  vous  différez 
I)  augmente  vos  malheurs  et  par  conséquent  nos  chagrins, 
»  et  nous  vous  jurons  que  l'instant  de  votre  réunion  sera  le 
0  plus  beau  jour  de  notre  vie.  » 

11  y  avait  dans  les  fournitures  un  gaspillage  d'autant  plus 
grand  que  nul  ordre  n'y  présidait.  Le  commissaire  attaché 
à  l'armée  de  l'Ouest,  division  des  Sables,  chargé  de  ce  soin, 
n'ayant  aucun  agent  k  Ghallans,  le  Conseil  nomma,  pour 
s'occuper  de  ces  questions,  le  sieur  Biochaud  fils.  Les 
troupes  du  reste  s'abandonnaient  aussi  au  pillage  et  s'empa- 
raient des  bestiaux  partout  où  ils  en  rencontraient.  Le 
Conseil  était  continuellement  obligé  d'intervenir  pour  arrêter, 
autant  qu'il  le  pouvait,  les  déprédalions.  Le  80  frimaire,  il 
faisait  rendre  à  la  veuve  Billon,  de  Soullans,  six  bœufs  qui 
existaient  encore  sur  les  huit  qui  lui  avaient  été  enlevés. 
Le  2^2  il  faisait  également  restituer  une  jument  à  un  sieur 
Jouheneau,  de  Soullans. 

Les  troupes  brûlaient  tout  ce  qu'elles  trouvaient  sur  leur 
passage.  La  maison  d'un  pauvre  journalier,  Jean  Jolly,  de 
Saint -Chrislophe-du-Ligneron,  avait  été  incendiée;  ses  effets 
entièrement  détruits  par  les  flammes.   Le  Conseil,  sur  sa 


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—  99  - 

danande,  le  logea  dans  un  petit  appartement  du  château 
qai,  seul,  avait  échappé  aux  flammes. 

Le  Conseil  recevait  ordre  des  chefs  de  l'armée  d'approvi- 
sionner leurs  troupes  de  tout  ce  qui  était  nécessaire.  Ces 
approvisionnements  étant  difficiles  à  se  procurer,  ils  deman- 
daient des  bestiaux  aux  communes  du  Perrier  et  de  Saller- 
laioe  ;  ils  requéraient  les  fourrages  qui  se  trouvaient  k  la 
Motbe-Foucrand  et  ailleurs,  autorisaient  les  officiers  munici- 
paux de  Saint- Gilles  auxquels  le  bois  de  chauiïage  manquait 
complètement,  de  faire  des  coupes  dans  la  terre  de  Beaulieu, 
paroisse  de  Saint-Hilairc-de-Rié,  pour  les  besoins  de  la 
garnison.  Pendant  ce  temps,  les  commissaires  du  départe- 
ment de  la  Vendée  près  les  armées  de  l'Ouest  cherchaient 
de  leur  côté  k  s'approvisionner  à  Bouin  et  à  Noirmoulier. 
A  celte  occasion.  Carrier  écrivait  au  général  Haxo  l'abomi- 
nable lettre  que  je  reproduis  textuellement,  l'extrayant  d'un 
mémoire  publié,  le  !•'  prairial  an  III,  par  les  administrateurs 
du  district  de  Challans  en  réponse  à  des  attaques  dont  ils 
avaient  été  l'objet,  mémoire  dont  un  exemplaire  est  en  ma 
possession  («)• 

a  Nantes,  22  frimaire,  an  II  de  la  République. 

•  J'apprends  à  l'instant,  mon  brave  général,  que  des 
»  commissaires  du  déparlement  de  la  Vendée  veulent  parla- 
»  ger  avec  ceux  du  déparlement  de  la  Loire-Inférieure  les 
»  subsistances  et  fourrages  qui  se  trouveront  dans  Bouin  ou 
»  dans  Noirmoulier.  Il  est  bien  étonnant  que  la  Vendée  ose 
»  réclamer  des  subsistances,  après  avoir  déchiré  la  patrie 
»  par  la  guerre  la  plus  sanglante,  la  plus  cruelle  ;  il  entre 
»  dans  mes  projets,  et  ce  sont  les  ordres  de  la  Convention 

(*)  Cette  lettre  est  bien  digne  d'être  rœovre  du  sanguinaire   proconsul 
dont  fiantes  a  gardé  un  si  terrible  souvenir.  i.  M. 


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100  — 

«  nationale,  d'enlever  toutes  les  subsistances,  les  denrées, 
»  les  fourrages,  tout  en  un  mol  dans  ce  maudit  pays,  de 
»  livrer  aux  flammes  tous  les  bâtiments  ;  d'en  exterminer 
»  tous  les  habitants  ;  car  je  vais  incessamment  t'en  faire 
rt  passer  l'ordre,  et  ils  voudraient  encore  affamer  les  patriotes 
»  après  les  avoir  fait  périr  par  milliers.  Oppose-toi  de  toutes 
»  les  forces  à  ce  que  la  Vendée  prenne  ou  garde  un  seul 
0  grain.  Fais-les  délivrer  aux  Commissaires  du  département 
»  séant  à  Nantes,  je  t'en  donne  l'ordre  le  plus  précis,  le  plus 
»  impératif.  Tu  m'en  garantis,  dès  ce  moment,  l'exécution, 
»  en  un  mol  ne  laisse  rien  dans  ce  pays  de  proscription  ; 
o  que  ces  subsistances,  denrées,  fourrages,  tout,  absolument 
»  tout,  se  transportent  à  Nantes. 

*>  Signé  :  le  représentant  du  peuple.  Carrier. 

0  Pour  copie  conforme  à  l'original,  signé  :  Vauguelin, 
»  commissaire  civil.  »> 

Au  milieu  de  toutes  les  douleurs  auxquelles  il  était  en 
proie,  le  Conseil  général  du  district  de  Challans  recevait 
l'ordre  de  se  réjouir.  Toulon  venait  de  succomber  sous  la 
main  de  celui  qui  devait  un  jour  vaincre  l'Europe,  triompher 
de  l'anarchie  et  rétablir  l'ordre.  La  Convention  ordonnait 
dans  toutes  les  communes  de  la  République  la  célébration 
d'une  fête  nationale.  Le  Conseil  transmit  l'arrêté  de  la  Con- 
vention ainsi  qu'il  lui  avait  été  ordonné.  Mais  il  ne  nous  a 
rien  été  appris  touchant  les  réjouissances  ordonnées. 

Le  12  nivôse  le  Conseil  apprenant  que  toute  la  garnison 
de  Challans  allait  se  porter  sur  Machecoul  qui  était  tombé 
au  pouvoir  des  Vendéens,  dans  la  crainte,  en  l'absence  de 
toute  force  armée,  de  voir  la  ville  envahie  par  l'ennemi,  se 
replia  sur  Saint-Gilles.  Son  absence  ne  fut  pas  longue;  les 
troupes  étant  rentrées  trois  jours  après,  ils  y  revinrent  le 
16  nivôse.  Les  défenseurs  de  la  ville  y  avaient  fait  plus  de 


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-101  - 

mal  que  n'en  eussent  pu  causer  les  ennemis.  «  Les  Adminis- 
»  Iraleurs  du  district  de  Ghallans,  arrivés  audit  lieu  de 
»  Ghallans  et  réunis  en  la  salle  ordinaire  de  leurs  séances, 
»  ont  vu  avec  peine  et  avec  une  extrême  surprise  que  la 
»  force  armée  arrivée  hier  soir  en  cette  ville  ait  rais  toutes 
»  les  maisons  des  vrais  républicains  de  cette  commune  au 
»  pillage  le  plus  affreux,  sans  même  respecter  le  lieu  ordi- 
B  naire  de  leurs  séances,  puisqu'ils  ont  enfoncé  ses  portes  et 
»  ses  fenêtres,  brûlé  quelques-uns  de  leurs  bureaux,  enlevé 
»  des  ornements  d'église  et  autres  objets  précieux  apparte- 
0  nanl  à  la  République  ;  considérant  qu'une  telle  conduite 
»  n'est  point  celle  que  doivent  tenir  de  vrais  républicains, 
»  amis  de  l'ordre  ;  qu'elle  doit  être  réprimandée  et  punie  en 
•  cas  de  récidive  suivant  les  rigueurs  des  lois  ; 

»  Après  avoir  délibéré,  arrêtent  que  la  conduite  tenue 
0  cette  nuit  dernière,  en  cette  ville,  par  les  volontaires  de 
a  l'armée  du  Nord,  commandée  par  le  général  de  brigade 
»  Jacob,  lui  sera  dénoncée  comme  contraire  aux  lois,  et  que 
»  le  général  sera  invité  à  prendre  tous  les  moyens  possibles 
»  pour  empêcher,  à  l'avenir,  de  pareils  excès  et  à  faire 
a  restituer  les  objets  volés  aux  braves  républicains  de  cette 
»  commune  et  ceux  de  la  République  enlevés  à  l'Adminis- 
«  iration,  et,  qu'à  cet  effet,  il  lui  sera  écrit  une  lettre  parti- 
»  culière  («).  « 

Un  décret  du  14  frimaire  an  11  contenait,   entre    autres 

(*]  Une  lettre  particulière  fut  en  effet  écrite  par  les  administrateurs  da 
district  de  Gballans  au  Comité  de  Salut  public  de  la  Convention  nationale, 
en  date  du  20  nivôse  an  W.  Celle  lettre  est  reproduite  dans  le  mémoire 
publié  par  les  Administrateurs  du  district  de  Cballans,  dont  j'ai  déjà  parlé 
(pièces  juslificatives  no  3).  Je  ne  crois  pas  devoir  reproduire  cette  letlre 
qoi  est  fort  longue,  mais  qui  peint  bien,  et  avec  un  certain  courage,  le  triste 
état  dans  lequel  les  armées  do  la  République  avaient  mis  cette  partie  de  la 
Veudée.  J.  M. 


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—  l(tt  — 

dispositions,  un  article  qui  cbangeail  le  dodi  du  Procureur- 
Syndic  en  celui  d'Agent  national.  Conformément  aux  ordres 
qu'il  avait  reçus,  le  Conseil  du  district  en  ordonna  Tafficbage 
dans  toutes  les  communes  de  son  ressort,  et  le  20  nivôse,  la 
municipalité  de  Cballans,  représentée  par  deux  de  ses  membres 
revêtus  de  leurs  insignes,  en  fit  la  promulgation  dans  la 
ville,  au  son  du  tambour. 

Quelques  jours  après,  les  babilants  des  communes  du 
canton  de  Cballans  étaient  convoqués  au  cbeMieu  du  canton 
pour  entendre  la  lecture  de  l'acte  constitutionnel  et  assister 
à  la  plantation  de  l'arbre  de  la  liberté.  Là,  furent  renouvelés 
tous  les  serments  de  vivre  et  de  mourir  pour  le  maintien 
de  la  liberté  et  de  l'égalité  et  pour  l'extermination  des 
tyrans  et  des  ennemis  de  la  Bépublique. 

A  la  même  époque,  Perrine  Mulonnière,  veuve  Cantin,  de 
la  commune  du  Falleron,  fut  arrêtée  pour  avoir  cacbé  chez 
elle  des  prêtres  insermentés.  Deux,  trouvés  dans  sa  maison, 
furent  fusillés  à  Cballans  par  ordre  du  général  Haxo. 

n  devenait  urgent  de  créer  k  Cballans  un  magasin  d'abon- 
dance, car  les  subsistances  allaient  lui  manquer  complètement. 
Les  sieurs  Rouvière,  Savin,  Cliartier,  David,  Gautraud,  Valot, 
Viaud,  Vigneron  et  Vosgien  furent  requis  par  le  Conseil 
général  du  district  pour  constituer  k  cet  effet  un  Comité.  Ds 
devaient  s'assurer  des  maisons  où  se  trouvaient  des  grains  et 
sommer  tous  ceux  qui  en  avaient  plus  que  pour  leur  consom- 
mation, d'en  faire  conduire  au  grenier  public  ;  prendre  des 
mesures  pour  que  le  paiement  en  fût  effectué  ;  faire  le  recen- 
sement de  tous  les  grains  se  trouvant  dans  l'arrondissement 
du  district. 

Pendant  que  le  Conseil  général  du  district  prenait  ces 
dispositions  pour  Cballans,  Beauvoir  était  menacée  de  la 
famine. 

La  Commission  administrative,  à  la  suite  de  l'armée  de 


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—  103  — 

rOuesl,  division  des  Sables,  avait  négligé  de  faire  des  appro- 
visionnements pour  la  troupe  cantonnée  h  Beauvoir,  à  te^ 
point  qu'elle  était  prèle  à  manquer  complètement  de  subsis- 
lances.  Elle  avait  ramassé  tous  les  grains  k   la  Crosnière 
pour  les  conduire  aux  Sables.  Cette  Commission,  du  reste, 
n'avait   tenu  aucun  compte   du  décret  de  la    Convention 
nationale  du  14  frimaire.  Aux  termes   de  l'art.    17    de  ce 
décret,  elle  aurait  dû  se  dissoudre  24  heures  après  la  publi- 
cation dudit  décret.  Loin  d'agir  ainsi,  elle  avait  continué  à 
enlever  toutes  les  subsistances  pour  les  diriger  sur  les  Sables 
sans  s'inquiéter  du  sort  des  malheureux  babitanls  de  Beauvoir 
et  d'une  grande  partie  de  ceux  du  district  qui  se  trouvaient 
menacés  de  mourir  de  faim.  La  Commission  administrative 
près  les  armées  de  l'Ouest   avait  partout  agi  de  force  sans 
délivrer  de  bons,   sans  laisser  aux  mains   de  ceux    qu'ils 
dépouillaient  rien  qui  pût  justifier  la  quantité  et  la  nature  des 
grains  qu'ils  avaient   enlevés  ;  en  conséquence,  le  Conseil 
général   arrête  : 
9  Ouï  l'Agent  national,   après   avoir  pris  connaissance 

•  de  la   lettre  que   les    Administrateurs    du   déparlement 

•  de  la  V^endée  ont  écrite  à  cette  Adminislralion  (celle 
»  près  les  armées  de  l'Ouest),  portant  qu'ils  n'ont  plus  la 
»  surveillance,  en  ce  qui  concerne  les  subsistances,  suivant 
»  un  décret  du  14  frimaire,  qui  l'attribue  aux  districts  ;  que 
»  la  Commission  administrative,  près  l'armée  de  l'Ouest, 
»  division  des  Sables,  sera  tenue  de  cesser  toute  fonction 
»  dans  l'étendue  du  territoire  de  ce  district  et  que  ses 
»  membres  rendront  compte  des  opérations  qu'elle  a  faites 
»  dans  le  Directoire  de  ce  district,  de  la  intime  manière 
»  qu'elle  eût  à  le  faire  au  département  avant  le  décret  dudit 
»  jour,  14  frimaire  ;  qu'à  cet  effet,  ils  lui  présenteront  leurs 
»  livres  et  notes,  qu'ils  ont  dû  tenir  de  leurs  opérations, 
»  lesquels  seront  arrêtés  par  l'Administration   et  resteront 


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—  104  — 

»  déposés  à  ses  archives  pour  en  prendre  telle  connaissance 
»  qu'elle  avisera  ; 
j»  Arrête,  en  outre,  que  provisoirement  et  jusqu'à  ce  qu'il 

•  soit  dans  le  pouvoir  de  l'Administration  de  se  procurer  des 

•  bleds  du  pays  de  marais  encore  au  pouvoir  des  rebelles 

•  pour  la  subsistance  de:  armées  agissant  dans  ce  district, 
»  que  la  municipalité  de  Beauvoir  sera  tenue,  sous  sa  respon- 
»  sabilité,  de  faire  arrêter  les  bâtiments  en  chargement  pour 
»  la  ville  des  Sables,  soit  à  la  Crosnière,  soit  à  la  BaiTe, 
»  soit  à  la  Galîonette  ;  l'autorise,  à  cet  effet,  k  requérir  la 
n  force  armée  pour  faire  mettre  l'arrêté  qu'elle  prendra  a 
»  exécution,  et  que  défense  soit  faite  à  tous  citoyens,  sous 
n  telle  peine  qu'il  pourra  appartenir,  de  porter  obstacle  à 
»  l'exécution  du  présent  arrêté  ;  qu'enfin,  copie  en  sera 
»  notifiée  aux  membres  de  ladite  Commission,  pour  qu'ils 
w  aient  à  s'y  conformer,  laquelle  notification  leur  sera  faite 
0  par  le  greffier  de  la  municipalité  de  Beauvoir,  qui  en  rappor- 
»  tera  procès -verbal,  et  qu'une  autre  copie  sera  adressée  a 
»  la  Commission  générale  des  subsistances  des  armées  de  la 
»  République  établie  près  la  Commission  nationale,  a  Paris.  » 

Le  l'^f  pluviôse,  «  l'Administration  instruite  que  des 
»>  commissaires  envoyés  dans  le  district  par  la  Commis- 
0  sion  civile  et  administrative  de  Nantes  près  l'armée  de 
»  l'Ouest,  font  des  enlèvements  de  grains  dans  plusieurs 
»  paroisses  de  son  territoire  ;  que  ces  enlèvements  n'étant 
»  pas  dirigés  par  des  personnes  qui  connaissent  et  les 
»  besoins  et  chaque  famille  et  ses  ressources  pour  subsister, 
»)  exposeraient  bientôt  un  grand  nombre  d'individus  à  périr 
»  de  faim  et  en  forceraient  beaucoup  d'autres,  qui  sont  restés 
»  tranquilles  chez  eux,  ii  prendre  les  armes  pour  disputer 
«  aux  bons  citoyens  le  morceau  de  pain  qui  leur  resterait 
»  encore  ;  considérant  que  la  majeure  partie  des  paroisses 
»  libres  de  son  territoire  sont  épuisées  par  l'enlèvement  forcé 


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—  105- 

des  grains  que  les  rebelles  y  ont  d'abord  fait,  ensuite  par 
la  consommation  que  les  armées  de  la  République  y  ont 
faite  en  enlevant  le  plus  souvent  chez  les  habitants  de  la 
campagne  le  pain  qui  s'y  trouvait  ;  que,  de  celte  manière, 
la  consommation  a  été  énorme,  de  sorte  que,  s'il  n'y  élait 
pas  apporté  un  prompt  remède,  la  famine  succéderait  de 
bien  près  aux  malheurs  de  la  guerre  civile  ;  considérant 
que  les  cou)missaires  de  Nantes  eux-mfimes  ont  dû  s'aper- 
cevoir en  parcourant  les  campagnes  de  toutes  ces  vérités; 
considérant,  d'un  aulre  cAté,  que  nous  touchons  au  moment 
d'être  maîtres  du  pays  du  marais  de  ce  district  qui  possède 
une  quantité  émincnte  de  subsistances,  surtout  en  grains 
et  bestiaux  ;  que  déjà  même  plusieurs  habitants  de  ces 
infimes  marais  se  sont  empressés  de  fournir,  pour  les  besoins 
des  armées  de  la  République,  beaucoup  de  besliaux  qu'ils 
ont  vendus  au  citoyen  Fortin,  chargé  des  approvisionne- 
ments des  armées  de  l'Ouest  et  de  Brest  ;  qu'il  en  serait 
de  môme  des  grains  que  beaucoup  d'habitants  dudit  marais 
s'erapresseraie::t  de  livrer  pour  les  besoins  de  la  Répu- 
blique et  ceux  de  la  ville  de  Nantes,  si  on  employait  les 
mêmes  moyens,  celui  de  payer  au  comptant  le  prix  des 
grains,  ainsi  que  le  citoyen  Fortin  fait  des  bestiaux  qu'il 
achète  ; 

»  Le  Conseil  :  ouï  l'Agent  national,   arrête   d'inviter  la 
Commission  civile  et  administrative  de  Nantes  près  l'armée 
de  l'Ouest  de  faire  cesser  l'enlèvement  forcé  des  grains  qui 
se  font  dans  plusieurs  communes  de  ce  district  chez  des  habi- 
tants auxquels  il  n'est  pas  resté  de  quoi  subsister  pendant 
[)lus  d'un  mois,  et  de  prendre  des  mesures  pour  faire  payer 
ceux  qui  ont  été  enlevés  ;  et  de  lui  observer  que  de  cette 
»  manièns  la  confiance  se  rétablira  entre  tous  les  citoyens  ; 
»  que  ceux  qui  ont  déjh  des  denrées  i\  vendre  se  feront  un 
«  plaisir  de  les  livrer  ;  de  lui  observer  encore  qu'en  prenant 


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—  106  — 

»  des  mesures  pour  payer  coraplanl  les  gi-ains  dont  Nantes 
»  a  besoin,  il  suffira  à  la  Commission  que  ses  agents  se 
«  tiennent  h  Challans  et  à  Beauvoir  et  de  se  concerter  avec 
n  TÂdministration  du  district  qui  se  Tera  un  devoir  fraternel 
»  de  concourir  au  succès  des  opérations  des  agents  qu'elle 
»  emploiera  pour  Tapprovisionnement  de  la  ville  de  Nantes 
»  dans  son  territoire  ;  qu'en  employant  de  tels  moyens  on 
«  parviendra  à  préserver  de  la  famine  une  population 
»  nombreuse  qui  a  échappé  aux  horreurs  de  la  guerre 
»  civile  et  qui  travaille  en  ce  moment  à  préparer  une 
»  récolte,  qui  promet  les  plus  belles  espérances,  dont  la 
»  ville  de  Nantes  peut  se  promettre  de  consommer  la  majeure 
•  parlie  ;  que  le  citoyen  Berruel,  un  de  ses  commissaires, 
I)  qui  a  été  invité  de  se  présenter  au  Conseil  de  cette  admî- 
»>  nistration,  est  dans  le  cas  de  rendre  témoignage  de  ces 
»  vérités,  dont  il  a  dû  s'apercevoir  en  parcourant  les 
I»  communes  du  district  où  il  a  fait  des  enlèvements  de 
»  grains  ;  de  lui  observer  enfin  que  les  autorités  de  Nantes 
»  devraient  attendre  le  besoin  urgent  de  subsistances  où 
»  se  trouve  celte  ville,  se  concerter  avec  les  généraux  pour 
»  que  les  moyens,  que  Ton  doit  employer  pour  soumettre 
0  les  marais  du  district  de  Challans,  soient  promptement 
»  mis  en  usage  ;  que  le  plus  grand  avantage  en  résulterait 
»  pour  tout  le  pays  et  pour  Nantes  en  particulier.  » 

Le  2  pluviôse  Louis  Pillel,  officier  municipal  de  la  com- 
mune de  Challans,  se  présenta  devant  le  Conseil,  déclarant 
que  la  grande  majorité  des  hahitants  de  la  commune , 
revenue  de  Terreur  dans  laquelle  elle  avait  été  plongée, 
désirait  faire  acte  d'adhésion  à  la  République  et  pour  faire 
une  manifestation  qui  ne  laissa  aucun  doute  à  ce  sujet  ils 
demandaient  l'autorisation  de  planter  l'arbre  de  la  liberté. 
Le  Conseil  donna  avec  empressement  l'autorisation  qui  lui 
était  demandée. 


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—  107  — 

Nous  avons  vu  que  le  Conseil  général   du  district  de 
Cballans  avait  mis  embargo  sur  les  grains  embarqués  pour 
les  Sables.  Les  citoyens  Dufour,  commandant  de  celle  place, 
Grandcourt,  inspecteur  général  des  subsistances  de  l'armée 
de  rOuesl,  Dumansin,  commissaire  envoyé  pour  la  Société 
populaire  des  Sables,  et  de  Barre,  membre  du  Comité  de 
subsistances  militaires,   se  présentèrent  devant  le   Conseil 
munis  le  troisième  de  l'exlrail  d'un  procès-verbal  de  la 
Société  en  date  du  1"  pluviôse,  le  second  d'un  extrait  d'un 
arrêté  pris  par  l'administration  du  district   dos  Sables,  les 
deux  autres  demandant  que  les  mesures  prises  par  l'admi- 
nistration de  Cballans   cessassent  de  recevoir  leur  exécu- 
tion. 

Mais  le  Conseil,  par  les  raisons  sus-énoncées,  persista 
dans  sa  résolution  : 

«  Considérant  enfin  qu'il  lui  suffira  pour  justifier  sa 
»  conduite  de  faire  connaître  à  l'administration  du  district 
ft  des  Sables,  au  citoyen  commandant  de  la  même  ville  et 
«  au  citoyen  Grandcourt,  inspecteur  général  des  subsistances 
»  de  l'armée  de  l'Ouest,  son  arrêté  du  28  nivôse,  les  lettres 
»  de  la  municipalité  de  Beauvoir,  du  commandant  temporaire 

•  dudit  lieu,  qui  ont  provoqué  le  même  arrêté  ;  leur  faire 
»  également  connaître  la  lettre  que  lui  a  écrite  la  munici- 
»  palité  de  Croix-de-Vie,  le  2  de  ce  mois,  sans  qu'il  soit 
n  besoin  de  répondre  aux  qualifications  injurieuses  et 
»  calomnieuses  d'égoïsme,  d'insouciance  et  d'ingratitude  que 

•  l'administration  des  Sables  lui  a  si  gratuitement  prodiguées 
»  par  suite  sans  doute  des  rapports  infidèles  qui  lui  ont 
»  été  faits  relativement  k  cet  embargo  provisoire  des  grains, 
»  tandis  qu'agissant  avec  moins  de  précipitation  et  de 
»  prévention,  elle  eût  dû,  par  fraternité,  suspendre  son 
»  jugement  et  chercber,  avant  de  prononcer  à  connaître  les 
»  motifs  qui  ont  fait  agir,  dans  cette  circonstance,  l'adminis- 


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^-  108  - 

»  Ira  lion  du  district  de  Ghallans,  que,  par  ce  moyen,  elle. 
»  met  la  Société  populaire  des  Sables  dans  le  cas  de 
»  conserver  des  idées  défavorables  sur  son  compte.  »> 

Le  lendemain  un  commissaire  de  l'île  d'Yëu  demandail 
au  Conseil  k  être  autorisé  à  approvisionner  sa  commune 
de  dix  tonneaux  de  blé  pris  dans  le  district  de  Challans. 
Par  la  même  raison,  le  Conseil  refusail  celte  autorisation, 
lui  donnant  pourtant  l'espoir  que,  dans  un  prochain  avenir, 
le  marais  devant  être  aux  mains  des  troupes  de  la  République, 
on  y  trouverait  assez  de  grains  pour  satisfaire  \\  la  demande 
du  commissaire. 

Le  5  pluviôse  deux  citoyens  de  la  ville  des  Sables  se 
présentaient  devant  le  Conseil,  «  déposant  sur  le  bureau  un 
»>  extrait  du  registre  des  délibérations  du  Comité  de  surveil- 
«  lance  révolulionnaire  de  la  ville  des  Sables  portant  : 
»  art.  1",  qu'ils  se  transporteront,  comme  commissaires  du 
»  Comité,  à  Challans,  nantis  des  pouvoirs  attribués  par 
«  le  représentant  du  peuple  au  Conutè  ;  lesquels  ils  présen- 
«  teront  h  l'administration  du  district  de  Challans  et  les 
»  y  feront  enregistrer  ;  lesquels  ont  également  dépose  sur 
»  le  bureau  un  écrit  daté  de  Uochefort,  le  23  nivôse, 
»  l'an  II  de  la  République  une  et  indivisible  où  on  lit 
»>  ces  mots  : 

»  Nous,  représentants  du  peuple,  envoyés  dans  les  dépar- 
»»  ments  de  la  Charente-Inférieure,  de  la  Vendée,  etc., 

»  Considérant  que  les  mesures  révolutionnaires  décrétées 
»  par  la  Convenlion  nationale  peuvent  seules  sauver  la  chose 
»  publique  et  voulant,  aulanl  qu'il  est  en  nous,  les  rendre 
»  communes  à  toutes  les  parties  de  la  République,  autorisons 
»  le  Comité  de  surveillance  révolutionnaire  établi  aux 
))  Sables,  d'exercer  provisoirement  ses  fondions  dans  l'admi- 
»i  nistration  du  district  de  Challans. 

»  Signé  :  Lequinio. 


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r 


—  109  — 

»  Le  Conseil,  ouï  l'Agent  national,  arrfitc  que  la  Com- 
»  mission  ci-dessus  transcrite  donnée  par  le  représentant  du 
•  [Xîupic  Lequinio  au  Comité  de  surveillance  révolutionnaire 
a  des  Sables,  sera  enregistrée  el  que  cependant  il  sera  fait 
»  des  observations  sur  ladite  Commission  el  arrêté  dudit 
»  Comité  de  surveillance  révolutionnaire  du  district  des 
»  Sables,  tant  au  Comité  de  Salut  public  de  la  Convention 
»  nationale,  qu'au  citoyen  Lequinio  lui-même,  en  ce  qu'ils 
»  semblent  contraires  à  l'art.  !«'  du  décret  du  21  mars 
»  1793  (vieux  style)  et  aux  art.  16  et  17  du  décret  du 
»  14  frimaire  »  (<)• 


(*)  Observations  faites  au  Comité  de  Salut  public  : 

«  Le  5  courant,  deux  membres  du  comité  de  surveillance  de  la  commune 
»  des  Sables  se  sont  présentés  à  notre  administration  et  nous  ont  présenté 
»  une  Commission  du  républicain  Lequinio,  député  dans  les  dépaitements 
n  de  la  Vendée,  de  la  Charente-Inférieure,  etc.,  datée  de  Rochefort,  23 
M  nivôse,  portant  que  le  Comité  de  surveillance  de  ladite  commune  des 
n  Sables  est  provisoirement  autorisé  à  exercer  ses  fonctions  dans  le  district 
»  de  Cballans.  Les  cammissaires  nous  ont  aussi  présenté  un  arrêté  pris  au 
n  Comité  de  surveillance  révolutionnaire  des  Sables,  portant  :  to  leur 
n  Commission  ;  1o  de  prendre  des  renseignements  sur  le  lieu  ;  3o  pour 
»  nous  demander  la  désignation  d'un  local  dans  la  commune  de  Saint-Gilles 
»  pour  y  établir  une  maison  d'arrêt.  Nous  vous  transmettons  une  copie 
»  de  cet  arrêté  que  nous  avons  enregistré  purement  et  simplemenL 
n  Noos  ne  vous  dissimulons  pas,  républicains,  que  nous  avons  été  très 
»  étonnés  k  la  vue  de  cette  Commission  et  arrêté,  d'après  les  art.  6  et  8 
n  de  la  2e  section  et  les  art.  15,  16  et  17  de  la  3e  du  décret  de  la 
n  Convention  nationale  sur  le  mode  du  Gouvernement  provisoire  et  révolu- 
»  tionnaire  du  14  frimaire.  L'art.  6  attribue  la  surveillance  de  Texécution  des 
»  lois  révolutionnaires  de  gouvernement  de  sûreté  générale  et  de  salut  public 
»  dans  les  départements  au  district  de  Cballans  de  rendre  compte  exactement 
»  dans  les  dix  jours  au  Comité  de  Salut  public.  L'art.  8  confie  l'application 
n  des  lois  révolutionnaires  et  des  mesures  de  sûreté  générale  et  de  salut 
»  public  aux  municipalités  et  aux  Comités  de  surveillance  révolutionnaire,  à 
»  la  charge  de  rendre  compte  tous  les  dix  jours  de  l'exécution  de  ces  lois 


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—  110  — 

«  L'Adminislration,  instruite  par  le  citoyen  commandant 
»  de  cette  place  de  Tarrivée  des  habitants  de  la  commune 
»  de  Soullans,  ayant  en  tête  le  drapeau  tricolore,  lesdîts 
D  habitants  ont  demandé  à  être  admis  par  députation  à  la 
•  séance  et  sur  l'invitation  qui  leur  en  a  été  faite,  douze 
»  d'entre  eux  sont  entrés  portant  le  vœu  de  tous  leurs 
»  concitoyens,  jurant  soumission  aux  lois,  fidélité  à  la  Répu- 
»  blique,  offrant  de  déposer  leurs  armes,  de  dénoncer  leurs 
»  chefs,  instigateurs  ou  autres  scélérats,  auteurs  de  celte 
»  malheureuse  guerre,  de  dénoncer  le  lieu  de  leur  retraite, 
»  de  prêter  leurs  bateaux  pour  les  faire  arrêter.  » 

L'Administration  accueillit  avec  empressement  cette  dé- 


n  aux  districts  d«  lear  arrondissement  chargés  de  leur  saneillauce  immé- 

»  diatc. 

n  D'après  les  deux  articles  de  cette  loi,  nous  avons  pensé  qu'à  nous  seuls 

»  appartenait  dans  notre  territoire  le  droit  d'établir  des  Comités  de  SQr?eil- 

»  lance  et  de  sûreté  générale  dans  les  différentes  municipalités,  auxquelles 

n  l'application  des  lois  révolutionnaires   est  confiée,    par  Part.  7,  comme 

»  étant  locatrice,   comme  connaissant  plus  particulièrement   dans   chaque 

»  commune  les  malveillants  et  gens  suspects,  pour,   par  lesilites  munici- 

»  palités  qui  nous  sont  subordonnées,  vous  rendre  compte  tous  les  dix  jours. 

»  Cependant,  républicains,  si  Texéculion   des  lois  révolutionnaires  et    de 

n  salut  public  reste  confiée  au  Comité  du  district  des  Sables,  il  est  constant, 

>•  qu'étant  dans  un  district  indépendant  éloigné  de  sept  lieues,   nous    ne 

»  pourrons  surveiller  l'exécution  de  la  loi  et  les  municipalités  ne  pourront 

n  en  faire  l'application  qui  leur  est  confiée  pour   nous  eu  rendre   compte. 

n  Le  Comité  des   Sables  lui-même  ne  pourra,  malgré  la  vigilance  la  plus 

»  scrupuleuse,   faire   arrêter  qu'arbitrairement   les  gens  suspects,  qui   se 

n  trouveraient  dans  toutes  les  parties  de  notre  arrondissement. 

n  Nous  trouvons  encore  que  la  Commission  d'amplification  des  pouvoirs 

»  donnés  au  Comité  des  Sables  est  contraire  à   l'art.  13  de  la   3e  section 

n  d'un  décret  qui  défend  expressément  à   toutes  les  autorités  constituées 

»  d'étendre  l'exercice  de  leurs  pouvoirs  au-delà  du  territoire  qui   leur  est 

••  assigné  et  d'empiéter  sur  d'autres  autorités. 

»  Noos  trouvons   pareillement  que   le  Comité  des  Sables   est  composé 


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-  Ht  - 

marche  et  applaudît  à  la  résolution  qu'ils  ont  prise  de 
députer  vers  le  représentant  du  peuple  Carrier,  actuelle- 
ment à  Nantes,  et  aux  sociétés  populaires  de  la  même 
commune  pour  y  demander  amitié  et  fraternité  et  leur 
offrir  de  partager  avec  eux  leurs  subsistances  (*). 

La  loi  du  14  rrimairc  an  II  avait  augmenté  les  attributions 
des  administrateurs  du  district.  L^Administration  de  celui  de 
Gbailans  se  trouvait  surchargé  d'affaires  ;  elle  se  décida,  le 
6  pluviôse  an  H,  k  diviser  ses  travaux  entre  les  différents 
menobres  et  à  former  quatre  bureaux  spécialement  chargés 
de  certaines  parties  de  l'administration . 

Le  premier  bureau,  dit  de  sûreté  générale,  comprenait 


»  d'hommes  qui  n'en  peuvent  pas  faire  partie,  tels  que  Gérard,  président  du 

n  district,  Béret,  agent  national  et  Bouard,  membre  du  Conseil  d'adminis- 

n  tration.  L*art.    16  de  la  même   section  défend   expressément  à    toutes 

n  autorités  constituées  de  se  réunir  avec  d'autres  autorités.  Cependant  ces 

»  trois  citoyens  réunissent  les  deux  qualités  d*aduiinistrateiirs  et  de  membres 

»  du  Comité  et  par  là  confondent   à  la  fois  celles  de  surveillants  de  leurs 

n  propres  opérations.  Nous  ne  trouvons  pas  encore  comment  cette  Commis- 

n  sion  quoique  provisoire  puisse  s'accorder  avec  Tart.  16  de  laJite  section 

n  3e  de  la  loi  citée  qui  révoque  tout  congrès  ou  réunion  centrale  établie 

n  soit  par  les  représentants  du  peuple,    soit  par  les  sociétés  populaires, 

»  quelque  dénomination  qn  elles  puissent  avoir,  même  de  Comité  central  de 

n  surveillance  ou  de  Commission   centrale  révolutionnaire  ou  militaire,  qui 

n  leur  défend  expressément  et  leur  ordonne  de  se  dissoudre  dans  les  vingt- 

»  qoatre  heures.  Les  Comités  de  surveillance  ainsi  établis  ne  devront  plus 

'•  exister  d'après  cet    article   pour  rester   confiés   aux    municipalités  sous 

>>  la  surveillance    des    districts.  Comment  se  peut-il    faire  d'après   cela 

n  que  le  représentant   Lequinio  accorde   une   ampliation  de   pouvoirs  an 

>*  Comité  des   Sables,   tandis  que  ce  Comité  ne  peut  être  que  celui  de  la 

n  commune.  » 

(*)  C'était  aller  infiniment  trop  loin  que  de  solliciter  Tamitié  de  Tabo- 
m'uable  Carrier,  l'auteur  des  noyades  et  des  mariages  républicains.  Les 
boaunes  de  tous  les  temps  sont  du  reste  ainsi  faits  qu^ils  tomberont  toujours 
d'ao  excès  dans  un  autre.  J.  M. 


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—  11^- 

toutes  les  mesures  révolutionnaires  ou  de  sûreté  générale 
attribuées  aux  districts  et  ce  qui  était  relatif  aux  subsistances. 

Le  second,  appelé  bureau  des  conlribulions,  indépen- 
damment de  ce  qui  était  relatif  aux  contributions  directes  et 
indirectes,  s'occupait  de  ce  qui  concernait  les  grands  chemins, 
les  chemins  vicinaux,  les  ponts  et  chaussées,  les  chemins 
pubUcs. 

Le  troisième,  dit  des  biens  nationaux,  comprenait  tout 
ce  qui  était  relatif  à  son  titre. 

Le  quatrième,  tout  ce  qui  était  relatif  aux  militaires  et 
aux  marins. 

A  chaque  bureau  étaient  attachés  un  administrateur,  un 
chef  de  bureau  et  un  nombre  de  commis  indéterminé. 

Chaque  administrateur  faisait  au  Conseil  un  rapport  sur 
les  affaires  de  son  bureau. 

Chaque  jour  le  Conseil  avait  deux  séances  :  une  publique 
de  dix  heures  k  midi;  une  secrète  qui  avait  lieu  le  soir  Qt  où 
étaient  prises  les  mesures  de  sûreté  générale  et  révolution- 
naire. 

Aux  séances  publiques,  toute  marque  d'approbation  ou 
d'improbation  était  interdite.  On  n'y  traitait  que  des 
affaires  ordinaires  d'administration. 

L'Agent  national  était  de  tous  les  bureaux  ;  il  donnait  les 
réquisitions  nécessaires  pour  la  prompte  expédition  des 
affaires  arriérées. 

Les  paquets  adressés  k  l'Administration  devaient  être 
ouverts  par  le  président  ou,  en  son  absence,  par  un  membre 
désigné  i\  cette  intention  ;  il  en  était  donné  lecture  k  la  séance 
du  matin,  k  moins  que  le  contenu  des  dépèches  fût  de  nature 
k  ne  pas  être  rendu  public. 

Les  Administrateurs  furent  au  premier  bureau  Cormier; 
au  deuxième  Mourain  ;  au  troisième  Merlet  ;  au  quatrième 
Bodel. 


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Dn  membre  devait  être  de  permanence  au  Directoire  pour 
toutes  les  éventualités  qui  pourraient  se  présenter. 

H  n'était  pas  facile  d'organiser  les  municipalités,  surtout 
dans  les  cantons  qui  étaient  aux  mains  des  Vendéens.  Aussi 
le  30  pluviôse,  le  Conseil  du  district  de  Challans  décida  que 
Ton  pourrait  donner  à  plusieurs  communes  la  même  adminis- 
tration municipale.  Il  en  résulta  l'état  de  choses  suivant: 
dans  le  canton  de  Cballans,  les  communes  de  Sallerlaine  et 
de  SouUans  conservèrent  leur  administration  ;  la  commune 
de  Goudrie  fut  jointe  à  celle  de  Challans. 

Dans  le  canton  de  Palluau,  une  seule  Commission  admi- 
nistra toutes  les  communes  du  canton. 

Les  cantons  d'Apremont,  la  Garnache  et  Beauvoir  furent 
paiement  administrés  par  une  seule  Commission. 

Dans  le  canton  de  Saint-Gilles,  les  communes  du  Fenouiller 
et  de  Saint-Révérend  furent  réunies,  pour  leur  administration, 
•k  celle  de  Saint-Gilles  ;  celles  de  Saint-Hilairc-de-Rié  et  de 
Rié  à  celle  de  Croix-de-Vie. 

Déjà,  le  8  pluviôse,  des  greniers  d'abondance  avaient  été 

créés  à  Saint-Gilles  et  k  Croix-de-Vie.  Le  12  pluviôse,  le 

Conseil  consentit,  malgré  ses  grands  besoins  de  subsistances, 

k  lever  l'embargo  qui  avait  été  mis  sur  un  bâtiment  chargé 

de  16  tonneaux  de  blé  à  destination  de  la  ville  des  Sables, 

espérant  que  cette  ville  lui  saurait  gré  de  cet  acte  fraternel. 

Le  14  pluviôse,  la  municipalité  de  Croix-de-Vie  faisait 

connaître  au  [Directoire  que  le  commandant  de  la  force 

armée  cantonnée   à   Saint-Jean-de-Monts    venait    de    lui 

envoyer  186  pièces  de  bestiaux,  composées  de  bœufs,  vaches 

et  taureaux   et    qu'il  en  annonçait  un   autre   envoi  très 

prochain. 

Le  Directoire,  considérant  qu'un  pareil  enlèvement  ne  peut 
pas  être  justifié  ;  qu'il  portera  nécessairement  un  grand  pré- 
judice à  l'agriculture  et  à  ceux  qui  en  ont  été  dépouillés, 


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-«4  — 

ordonne  que  lesdîts  bestiaux  seront  conduits  à  Saint-Jean-de- 
Monls  où  ils  pourront  être  remis  k  ceux  qui  produiront  la 
preuve  qu'ils  leur  appartiennent. 

Deux  jours  après,  cependant,  le  sieur  Mombeau,  chef  de 
la  boucherie  militaire  des  Sables,  armée  de  l'Ouest,  ayant 
informé  le  Directoire  du  district  de  Challans  qu'il  manquait 
complètement  de  bœufs  pour  le  service  journalier  des  bou- 
cheries militaires,  le  Conseil  l'autorisait  à  en  réclamer,  soit  à 
Groix-de-  Vie,  soit  à  Saint- Jean-de-Monls,  dans  le  cas  où  les 
bestiaux  dont  il  a  été  parlé  plus  haut  y  auraient  été  retournés. 
Même  autorisation  lui  fut  donnée  pour  l'approvisionnement 
de  l'île  de  la  Montagne  (ci-devant  Noirmoutier),  où  se  trou- 
vaient de  nombreux  militaires  malades.  Il  devait  faire  estimer 
par  des  experts  les  bœufs  qui  lui  seraient  livrés  et  en  payer 
le  prix  sur  le  champ. 

De  part  et  d'autre,  la  guerre  se  faisait  sans  pitié  et  sans 
merci.  Le  15  pluviôse,  le  Conseil  fut  informé  que  les  chefs 
des  royalistes  qui  se  trouvaient  dans  le  marais  avaient 
arrêté  que  tous  ceux  qui  avaient  fourni  du  blé,  des  bœufs, 
des  chevaux  ou  d'autres  subsistances  à  l'armée  républicaine, 
seraient  fusillés  et  qu'ils  en  avaient  écrit  à  Charette.  11  s'em- 
pressait donc  d'en  informer  le  général  Haxo,  actuellement  à 
Machecoul,  le  suppliant  de  faire  toutes  diligences  pour 
empêcher  d'horribles  massacres  qui  mettraient  les  armées 
républicaines  dans  l'impossibilité  de  trouver  des  subsistances. 
Le  Conseil  lui  faisait  savoir  que  des  patriotes  du  marais 
s'offraient  à  lui  servir  de  guides,  k  prendre  dans  leurs 
bateaux  les  soldats  et  de  les  conduire  où  les  chefs  qu'ils 
dénonceraient  se  trouveraient  cachés  (*). 

(*)  Si  ics  Vendéens  se  livraient  à  des  excès  très  regrettables,  il  en  était 
de  même  des  troupes  régulières.  Je  dois  relater  ici  un  certain  nombre  de 
documents  que  j'ai  trouvés  consignés  dans  le  mémoire  des  Administrateurs 
du  district  de  Challans,  mémoire  dont  j'ai  déjà  parlé  et  aussi  dans  des  pièces 


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—  lis- 
Le  1"  ventôsfi,  ordre  était  donné  de  mettre  k  exécution  le 
décret  de  la  Convention  nationale  du  8  nivôse  qui  ordonnait 
do  saisir  les  selles,   brides  et  autres  objets  nécessaires  k 
réquii)ement  des  troupes  à  cheval. 

La  loi  requérant  la  levée  en  masse  de  tous  les  hommes 
non  mariés  ou  des  hommes  veufs  depuis  18  jusqu'à  25  ans, 
n'avait  pu  recevoir  qu'une  exécution  fort  incomplète  dans  le 
district  de  Challans.  On  se  souvient  même  que  des  hommes 

cxlrailes  des  registres  île  correspondance.  Ce  sont  des  délibérations  da 
district  on  dos  ff tires  adressées  par  le  Conseil,  soit  au  Comité  de  Salut 
public  de  la  Convention  nationale,  soit  aux  pénéraox  Tureau,  Dutruy,  Haxo, 
soit  à  d'autres  personnages.  Les  Administrateurs  y  dépeignent  b  triste 
situation  do  pays.  Ils  déplorent  les  incendies,  les  ravages,  les  actes  de 
violfucc  accomplis  par  les  troupes  légulières.  Ah  !  les  généraux  de  la  Répu- 
blique exécutaient  bien  fidèlement  les  ordres  du  cruel  Carrier,  qui  aurait 
voulu  faire  de  la  Vendée  un  vaste  désert.  Quand  on  voit  aujourd'hui  le 
canton  de  Cballans  si  prospère  et  si  paisible,  quand  on  voit  nos  laboureurs 
eoltirer  si  tranquillement  leurs  champs  et  augmenter  leur  bien-être  par  leur 
travail  et  leur  économie,  on  ne  peut  se  figurer  dans  quel  état  la  guerre  civile 
avait  mis  cette  malheureuse  contrée.  Tout  était  brûlé,  tout  était  à  feu  et  à 
saug.  On  ne  saurait  trop  louer  le  courage  et  la  fermeté  que  déployèrent  les 
Administrateurs  du  district  de  Challans.  Les  documents  dont  je  viens  de 
parler  en  font  foi.  W  fallait  en  effet  du  courage  pour  tenir  tête  aux  puissants 
da  jour.  Il  fallait  do  courage  pour  écrire  les  lettres  quMIs  ont  adressées  aux 
rbf fs  de  Tannée  de  TOoesl.  Si  donc,  dans  quelques  circonstances,  nous 
voyons  ces  mêmes  Administrateurs,  dans  certaines  délibérations,  donner  une 
adhésion  peut-être  trop  complète  aux  actes  du  Gouvernement,  montrer  une 
aDiujosilé  peut-être  trop  vive  vis-à-vis  des  insurgés  et  surtout  des  prêtres 
iosemientés,  il  faut  songer  à  quelle  époque  de  terreur  révolutionnaire  tous 
ces  faits  s  accomplissaient.  11  faut  tenir  grandement  compte  aux  Administra- 
teurs do  district  de  Challans  du  dévouement  avec  lequel  ils  défendirent  leur» 
administrés,  lésés  dans  leurs  intérêts  et  menacés  dans  leur  personne.  Gardons 
dour  fidèlement  la  mémoire  de  ces  hommes  de  bien,  qui,  sacrifiant  leurs 
propres  intérêts,  n'ont  été  mus  que  par  le  désir  de  venir  en  aide  à  leurs 
concitoyens.  Quant  à  moi,  je  m'honore  d'avoir  compté  l'un  d'eux  parmi  les 
membres  de  ma  famille  et  je  suis  fier  de  porter  son  nom.  J.  M. 


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-  116  - 

de  Saint-Gilles  et  de  Croix- de- Vie,  qui  avaient  répondu  îi 
rappel  et  s'étaient  rendus  aux  Sables,  avaient  été  renvoyés 
dans  leurs  foyers  par  le  Conseil  général  du  district  de 
Ghallans,  parce  que  la  municipalité  sablaise  leur  avait  refusé 
les  vivres  et  le  logement.  Le  2  ventôse,  le  Conseil  du  dépar- 
tement donnait  de  nouveaux  ordres  pour  que  Texéculion  eût 
lieu  immédiatement.  Le  Conseil  du  district  de  Challans,  tout 
en  faisant  observer  que  cette  mesure  était  inexécutable  sur 
une  grande  échelle,  puisque  le  marais  presque  tout  entier 
élait  aux  mains  des  rebelles  et  qu'on  ne  savait  pas  ce 
qu'étaient  devenus  beaucoup  d'hommes  placés  dans  la  caté- 
gorie de  ceux  qui  devaient  être  soumis  à  l'appel,  prit  i)0ur- 
tant  des  dispositions  pour  se  conformer  à  l'injonction  qu'il 
venait  de  recevoir. 

«  Aujourd'hui,  7  ventôse,  an  II  de  la  République,  une  et 
»  indivisible,  le  Conseil  instruit  d'une  manière  indirecte  et 
•>  non  ofïicielle  qu'il  existe  un  arrêté  des  représentants  du 
»  peuple,  près  l'armée  de  l'Ouest,  daté  de  Nantes,  portant 
»  que  les  réfugiés  entre  la  Loire  et  la  mer  doivent  se  retirer 
»  à  20  lieues  du  théâtre  de  la  guerre,  dite  de  la  Vendée  ; 

»  Considérant  que  cet  arrêté  présente  des  incertitudes  aux 
»  citoyens  qui  se  trouvent  actuellement  dans  le  district  de 
»  Challans,  occupé  en  partie  par  les  troupes  de  la  République; 
»  que  plusieurs  de  ces  citoyens  sont  des  communes  voisines 
»  du  chef-lieu  du  district  où  ils  ont  cru  devoir  se  réfugier, 
»  en  attendant  que  la  force  armée  ait  rétabli  la  tranquillité 
»  dans  ce  Directoire  ; 

»  Arrête,  ouï  l'Agent  national,  que  le  citoyen  Merlet,  un 
»  de  ses  membres,  se  transportera  sur  le  champ,  à  Nantes, 
»  près  les  représentants  du  peuple  qui  s'y  trouvent  actuelle- 
»  ment,  pour  leur  demander  des  éclaircissements  qui  feront 
»  cesser  les  incertitudes  que  présente  leur  arrêté  du  2  de  ce 
»  mois  et  feront  cesser  les  alarmes  que  les  bons  citoyens  du 


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-117- 

»  pays  ont  conçues  à  la  lecture  de  cet  arrêté,  dont  ils  n'ont 
»  eu  qu'une  connaissance  indirecte,  et  pour  aider  le  citoyen 
»  Merlel,  dans  la  commission  importante  qui  lui  est  donnée, 
»  le  Conseil  arrête  qu'il  s'adjoindra  le  citoyen  Ganlin,  officier 
0  de  santé,  a  Nantes,  d'un  patriotisme  reconnu  ;  lequel  sera 

•  invité  de  vouloir  bien  aider  de  tous  ses  moyens  le  citoyen 
»  Merlel  ;  charge,  au  surplus,  lesdits  commissaires  de  conférer 
9  avec  les  représentants  du  peuple  sur  la  situation  affreuse 
9  OU  se  Irouve  ce  district  ;  de  leur  peindre  les  maux  qui 

•  l'affligent  et  les  inviter  de  prendre  des  mesures  pour  y 
•»  api)orter  un  remède  prompt  et  efficace  ;  et  qu'à  cet  effet, 
9  il  sera  délivré  un  extrait  du  présent  arrêté  au  citoyen 
4  Merlet  pour  lui  servir  de  pouvoirs  et  un  pareil  au  citoyen 

•  Cantin.  » 

Les  observations  du  Conseil  ne  furent  pas  prises  en  consi- 
déralion  et  les  malheureux  réfugiés  durent  chercher  un 
asile  à  vingt  lieues  du  théâtre  de  la  guerre  ;  la  plupart 
étaient  dans  le  dénûment  le  plus  complet. 

Du  reste,  à  cet  égard,  dans  la  séance  du  16  germinal, 
un  membre  du  Conseil  déclare  : 

■  Qu'en  conséquence  des  arrêtés  des   représentants  du 

•  peuple  relatifs  à  la  déportation  des  réfugiés  à  vingt  lieues 
a  au-delà  du  théâtre  de  la  guerre  de  la  Vendée,  la  muni- 
■  cipalité  de  cette  commune  a  communiqué  à  celte  adminis- 

•  Iralion  le  procès-verbal  de  ses  opérations  à  ce  sujet  et 
»  fait  proclamer  par  affiche  la  liste  des  réfugiés  qui  se 
0  trouvent  dans  cette  commune  et  qui  doivent  partir  les 
«  premiers,  ne  pouvant  les  faire  partir  que  successivement 
»  à  défaut  de  voitures  en  suffisance  pour  en  faire  l'envoi 
«  ensemble,  il  est  nécessaire,  et  l'humanité  nous  fait  un 
»  devoir  d'avoir  k  aviser  aux  moyens  de  subvenir  aux 
»  besoins  de   ces  infortunés ,  qui  ont   généralement  tout 

•  perdu  par  l'effet   de  la   guerre   civile,   époux,   famille, 


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—  118  — 

»  ménage,  fortune,  propriétés,  et  îi  beaucoup  desquels  il  ne 

»  reste  uniquement   que   les  haillons    qui  les  couvrent  ; 

»  considérant  que  jamais  la  sensibililé  ne  peut  mieux   se 

i)  faire  sentir  que  dans  cette  circonstance  ;  avoir  vécu  dans 

»  une  honnête  aisance  sur  un  sol  ferlile,  se  voir  au  dépourvu 

»  de  tout,  abandonnant  son  pays  pour  se  porter  dans  un 

»  autre  où  ces  infortunés  seront  sans  connaissances  et  sans 

»  habitudes,  des  femmes  infirmes  et  sans   époux,  d'autres 

D  ayant  des  enfants  à  la  mamelle,  des  orphelins  sans  père 

'^  ni  mère  ;  tant  de  maux  affecteront  sans   doute  les  cœurs 

»  de  nos  frères  des  autres  districts  et  municipalités,  qui 

o  seront  assez  généreux  pour  prodiguer  à  ces  infortunés 

»  tous  les  secours  que  Thumanité  souffrante  exige  des  vrais 

»  républicains  ; 

»  Considérant  que  les  ordres  des  représentants  du  peuple 

»  déportant    ces   malheureux   pour  les  soustraire   au  fer 

»  vengeur  lancé  contre  les  rebelles,  qui  ont  attiré  et  nécessité 

»  tous  nos  maux  et  afin  que  l'innocent  ne  fût  pas  confondu 

M  avec  le  coupable,  nous  devons  subven'^r  à  leurs  besoins 

»>  jusqu'aux  départements  de  leur  résidence  respective;  en 

i>  conséquence,  l'Agent  national  entendu,  le  Conseil   arrête 

*»  que  pour  subvenir  aux  besoins  de  première   nécessité  de 

.«)  chacun  desdils  réfugiés,  jusqu'aux  départements  respectifs 

.  o  oii  ils  doivent  être  conduits ,    il  sera  payé   k  chaque 

»  personne  de  l'un  et  l'autre  sexe,  depuis  l'âge  de  quinze 

»  ans  et  au-dessus,  25  sols  par  lieue  de  poste  de  roule  par 

»  terre  et  celles  depuis  douze  jusqu'à  quinze  ans,  20  sols  ; 

»  celles  depuis  douze  et  au-dessous  15  sols,  sauf  à  imputer 

»  une  partie  desdits  frais  de  voyage  sur  leur  traitement 

»  ultérieur,  dans  le  cas  ou  les  autorités  constiluées  supé- 
rt  rieures  trouveraient  la  fixation  ci-dessus  exagérée  ; 

«  Arrête    en    outre  qu'il  sera  fourni    auxdits  réfugiés 
1)  des  voitui'es  à  raison  d'une  pour  quinze  individus,  qui 


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—  119  — 

»  seront  payiH»s  aux  frais  de  la  République ,  sur  les  étais 
»  qui  scix)nl  founiis  et  certifiés  par  les  raunicipalilés  et  les 
B  (Jislricls  qui  les  auront  fournies  ; 

•  Fit  pour  le  fourniment  desdites  voituies  arrête  qu'il  en 
»  sera  fourni   une  de   Ghallans  jusqu'aux  Sables   h  ladile 

•  raison  de  quinze  personnes  et  que  les  autres  districts  du 

•  pays,  que  les  réfugiés  seront  obligés  de  parcourir,  seront 
»  iovilés  au  nom  de  riiumanité  et  de  la  fraternité  d'en  faire 
9  fournir  une  îi  la  môme  raison  de  quinze  personnes  pour 
»  se  rendre  jusqu'il  leur  destination.  »> 

Les  Administrateurs  du  district  de  Ghallans  étaient  souvent 
obligés  de  faire  exécuter  des  décrets  d'une  autorité  supérieure 
qiiidcvaieni  les  rendre  odieux  ii  ceux  que  ces  décrets  venaient 
alieindre.  C'est  ainsi  que  le  H  ventôse  an  II,  ils  firent  savoir 
l\  lous  leurs  administrés  que,  pour  l'approvisionnement  des 
armées  ils  devaient  fournir  aux  agents  de  l'Etal,  moyennant 
nu  prix  rénuméraleur,  tous  les  bestiaux  qui  ne  leur  seraient 
pas  indispensables  pour  le  labourage  ;  dans  le  cas  où  ils  ne 
b  conduiraient  pas  aux  lieux  que  leur  ferait  connailre  le 
sieur  Fortin,  chargé  de  l'approvisionnement  des  armées,  ils 
seraient  traités  comme  rebelles  et  la  force  armée  ne  Irans- 
porterait  dans  leurs  étableaf  et  enlèverait  tous  leurs 
bestiaux,  sans  tiuo,  dans  ledit  cas,  ils  liassent  prétendre 
aucun  paiement. 

Pendant  que  l'Administration  prenait  ces  dispositions  dans 
rinlérôl  de  l'armée,  le  Commandant  du  bataillon  de  l'Aube 
faisait  son  entrée  à  Challans  et  proférait  contre  la  munici- 
palité les  plus  horribles  menaces.  Il  ne  se  bornait  plus  à 
menacer  de  mort  les  officiers  municipaux  et  les  autres 
citoyens  de  la  commune  ;  il  parlait  d'une  extermination 
générale,  sans  exception  de  sexe  ni  d'ûge,  se  montrant 
beaucoup  plus  cruel  que  n'avait  été  l'ennemi  qui  avait  épargné 
ceux  qui  ne  lui  opposaient  aucune  résistance. 


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—  iso- 
la municipalité  porta  plainte  de  celte  conduite  devant 
TAdminislration. 

(i  Le  Conseil,  ouï  l'Agent  national,  arrête  que  copie  de  la 
0  lettre  et  du  procès-verbal  rapportés  par  les  officiers  muui- 
Il  cipaux  de  cette  commune  contre  le  chef  du  bataillon  de 
0  l'Aube   sera  de  suite  transmise   au   citoyen    Boussard, 
»  commandant  la  force  armée  à  Challans,  afin  qu'il  donne 
»  des  ordres  pour  que  les  citoyens  de  cette   commune 
«  n'éprouvent  pas  le  sort  cruel  dont  ledit  chef  a  eu  l'audace 
0  de  les  menacer  dans  la  personne  de  leurs  magistrats  et 
»  pour  que  leur  domicile  ne  soit  pas  violé  ;  arrête  également 
»  que  pareilles  copies  seront  adressées,   l'une  au   général 
»  Haxo,  commandant  de  la  division  dans  laquelle  se  trouve 
»  actuellement  ledit  bataillon  de  l'Aube,  une  autre  au  Ministre 
1)  de  la  Guerre,  et  une  troisième  au  Comité  de  Salut  public 
»  de  la  Convention,  en  les  invitant,  au  nom  de  la  loi,   à 
»  protéger  les  autorités  constituées  de  cette  commune,   qui, 
»  après  avoir  échappé  par  une  espèce  de  prodige,  à  la  fureur 
»  des  brigands,  se  voient  exposées  à  périr  sous  le  poignard 
»  d'hommes  qui  se  disent  leurs  frères  et  être  venus  pour  les 
»  défendre  et  protéger  leurs  propriétés.  » 

Le  Jury  d'accusation  était  composé  de  seize  membres.  Le 
8  germinal,  l'Agent  national  présentait  à  l'Administration  la 
liste  suivante  qui  fut  acceptée  par  elle: 

Cormier  père,  Jean  Simonneau, delà  Garnache, 

Chamot,  Cavoloau, 

Vallot,  Jacques  Chaillou, 
Degounor,  ancien  marin,    Pierre  Rabreau, 

Basty,  Rabreau  père,  armurier, 

André  Bisseau,  Couisand, 

Alexis  Lucas,  Laydet,  horloger, 

Gautreau,  Bédouin,  tailleur  d'habits. 


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—  1-21  — 

De  Nanles,  des  Sables  et  même  de  Luçon,  des  demandes 
élaieDl  adressées  au  Conseil  général  pour  des  approvisionne- 
ments. Le  14  germinal,  le  citoyen  Louis-Philippe  Payneau  se 
présentait  porteur  d'un  extrait  des  registres  des  délibérations 
du  Comité  de  subsistances  militaires  de  la  division  de  Luçon, 
tendant  h  ce  que  cette  administration  lui  procure  des  fourrages 
et  des  avoines  dont  la  division  avait  un  besoin  pressant. 

Le  Conseil  arrête  qu'il  serait  répondu  au  Comité  de  sub- 
sistances militaires  de  la  division  de  Luçon  «  qu'il  n'existait 
•  aucune  avoine  dans  son  district,  que  les  ravages  de  la 
û  guerre  civile  ont  fait  disparaître  le  peu  que  la  dernière 
»  récolte  avait  produit.  » 

Le  citoyen  Choblet,  juge  de  paix  de  Challans,  s'était  réfugié 
à  Nantes.  Son  absence  se  prolongeant  pour  cause  de  maladie, 
le  Conseil,  le  19  germinal,  le  remplaça,  ainsi  qu'il  y  étail 
autorisé  par  la  loi,  par  le  citoyen  Basly. 

Deux  femmes  étaient  malades  dans  la  maison  d'arrêt.  Le 
6  prairial,  le  Conseil  :  «  Considérant  que,  quoique  ces  femmes 
»  soient  dans  la  détention,  soit  pour  crime,  soit  pour  simple 
o  cause  de  suspicion,  nous  ne  devons  pas  moins  exercer 
»  contre  elles  tous  les  devoirs  que  l'humanité  exige;  en 
»  conséquence,  le  Conseil,  ouï  l'Agent  national,  requiert  la 
9  municipalité,  et  sous  sa  responsabilité,  de  fournir  aux  deux 
o  fenunes  malades  Ji  la  maison  d'arrêt  un  local  convenable 
0  dans  la  maison  d'un  citoyen  dont  le  civisme  assure  la 
»  surveillance  attentive  à  ce  que  lesdites  femmes  ne  s'évadent 
»  pas  et  de  les  y  faire  conduire  dans  le  jour,  pour  pouvoir 
ù  plus  commodément  leur  faire  administrer  les  secours  que 
»  leur  état  exige,  et  sera  encore  tenue  la  municipalité  de 
»  nous  donner  avis  dans  le  jour  de  l'exécution  dudit  arrêté,  « 
Le  lendemain,  môme  mesure  pour  une  autre  femme  ;  le  sur- 
lendemain également  pour  trois  autres.  La  maison  d'arrêt 
étant  encombrée  par  les  détenus  qui  y  étaient  amenés  par  la 


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-  1221  - 

force  armée  en  vertu  d'ordres  donnés  par  les  municipalités  ; 
les  maladies  s'y  développaient  souvent. 

Le  16  prairial,  le  Conseil  fut  en  proie  à  une  vive  alerte; 
il  venait  à  peine  d'ouvrir  la  séance,  que  la  générale  se  fit 
entendre  et  toute  la  garnison  prit  les  armes.  L'Administration, 
voyant  que  toutes  ses  ambulances  étaient  chargées  et  prèles 
à  partir,  fit  mettre  dans  une  voilure  tous  ses  registi^es  et  ses 
autres  papiers  pour  les  soustraire  aux  rebelles  dans  le  cas 
d'une  attaque  oii  ils  resteraient  vainqueurs.  Le  lendemain, 
la  garnison  élait  toujours  sous  les  armes  et  les  papiers  prêts 
à  être  enlevés. 

Le  18  prairial,  «  sur  les  dix  heures,  l'ennemi  s'étant  pré- 
9  sente  en  force  majeure  devant  cette  place  pour  attaquer, 
«  les  républicains  qui ,  après  avoir  fait  un  feu  des  plus 
»  opiniâ  res  et  des  plus  vifs  qui  a  duré  quelques  heures,  oui 
»  défait  l'ennemi,  l'ont  mis  en  déroute  complète  et  l'ont 
»  poursuivi  toute  la  journée  après  lui  avoir  tué  plus  de  trois 
»  cents  hommes.  » 

Le  20  prairial,  en  exécution  du  décret  de  la  Convention, 
fut  célébrée  la  fête  de  l'Être  suprême. 

Le  2  messidor,  le  Conseil  «  considérant  que  le  moment  de 
»  la  récolte  approchait,  qu'elle  s'annonçait  sous  les  plus 
»  belles  apparences,  mais  que  les  bras  pour  la  recueillir 
»  manquaient,  arrête  qu'il  écrirait  h  cet  effet  aux  représen- 
»  tanls  du  peuple  en  résidence  à  Nantes;  qu'il  leur  deman- 
»  derail  également  que  la  Commission  civile  établie  par  les 
»  représentants  Hentz,  Prieur  et  Carreau,  qui  s'étaient 
«  emparés  de  chevaux  appartenant  aux  patriotes,  fussent 
*)  tenus  de  les  leur  remettre.  » 

Deux  jours  après,  la  municipalité  de  Saint-Hilaire-de-Uié 
écrivait  à  rAdministralion  pour  lui  signaler  les  dilapidations 
que  commettaient  sur  les  récoltes  les  agents  de  la  Commission 
civile  de  Saint-Gilles  ;  la  municipalité  de  Beauvoir  demandait 


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—  iî3  — 

que,  pour  couper  et  senior  les  blés,  des  citoyens  fussent  mis 
en  réquisition.  Sur  le  premier  fait,  le  Conseil  arrêta  qu'il  en 
serait  écrit  aux  représenlants  du  peuple  à  Nantes  et  au  Comité 
de  Salut  public  ;  sur  le  second,  elle  fit  droit  à  la  demande 
de  la  municipalité  de  Beauvoir. 

Le  8  messidor,  «  un  membre  a  donné  lecture  d'une  lettre 
»  de  la  municipalité  de  l'île  de  la  Montagne  du  jour  d'hier, 
»  exposilivc  que  la  Société  populaire  de  Challans  a,  par  une 
«  lettre  du  premier  de  ce  mois,  annoncé  la  liberté  des 
»  prisonniers  détenus  et  une  amnistie  du  Comité  de  Salut 
*  public  pour  tous  ceux  qui  rentreront  dans  le  devoir  ;  que 
»  cette  lettre  a  causé  une  grande  joie  à  tous  les  républicains, 
»  mais  qu'une  autre  lettre  du  Comité  de  surveillance  à  la 
0  Commission  nnlitairc  a  fait  succéder  le  sentiment  coniraire 
»  et  fait  prendre  sur  le  champ  des  mesures  importantes  pour 
«  surveiller  les  détenus  jusqu'il  la  réponse  de  l'Administration. 

0  Cette  lettre  a  été  remise  îi  l'Administration  par  une 
»  ordonnance  qui  en  a  déposé  une  autre  écrite  par  la  Com- 
»  mission  militaire  élablie  à  l'île  de  la  Montagne,  près 
«  l'armée  de  l'Ouest,  par  les  représenlants  du  peuple  et  le 
0  Comité  de  Salut  public  a  l'adresse  du  Comité  de  surveil- 
»  lance  de  l'Administration  du  district  et  la  municipalité 
»  réunies  à  Challans,  ayant,  k  quelques  expressions  près,  le 
»  contenu  de  la  préseute,  par  laquelle  elle  demande  ii  être 
»  instruite  de  la  vérité. 

»»  Délibérant  sur  ces  deux  lettres  avec  les  membres  de  la 
«  municipalité  et  du  Comité  de  surveillance,  il  a  été  arrêté 
»  qu'il  serait  écrit  tant  à  la  municipalité  de  l'île  de  la  Mon- 
•  Ingne  qu'à  la  Commission  militaire  près  l'armée  de  l'Ouest 
«  pour  leur  expliquer  les  mesures  prises  par  le  général 
»  Boussard,  d'après  les  ordres  du  général  en  chef  Vimeux, 
»  il  l'égard  des  détenus  amenés  par  la  force  armée  ;  un 
»  membre  a  été  chargé  de  la  rédaction.  »> 


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Le  5  messidor,  sur  la  proposition  d'uo  de  ses  membres, 
le  Conseil,  dans  Tespérance  que  Tarrôté  du  Comité  de  Salut 
public,  qui  accordait  protection  à  tous  les  rebelles  qui  dépo- 
seraient les  armes,  pourrait  en  faire  rentrer  un  grand  nombre 
dans  le  devoir  et  qu'il  serait  utile  de  songer  à  leur  subsis- 
tance, puisque  la  destruction  de  la  plus  grande  partie  des 
moulins  y  mettait  obstacle,  arrête  qu'elle  écrirait  au  général 
Boussard  pour  lui  demander  ce  qu'il  y  avait  à  faire. 

Le  même  jour,  l'Administration  s'occupait  de  l'établisse- 
ment de  Bois-Fossé  oîi  avaient  élé  recueillis  tous  les  enfants 
abandonnés  et  accordait  une  rétribution  aux  femmes  qui  leur 
donnaient  des  soins  ;  le  Commissaire  des  guerres  siégeant  à 
Challans  refusant  de  délivrer  sur  des  bons  de  l'Administra- 
tion la  viande  qui  était  nécessaire  aux  enfants  en  question, 
le  Conseil  écrivait  à  cet  agent  pour  qu'il  eût  k  leur  en 
fournir. 

A  la  même  séance,  «  il  a  été  fait  lecture  d'une  lettre  de 
»  la  municipalité  de  Port-Fidèle  (Sainl-Gilles),  du  4  prairial, 
«  expositive  qu'il  existe  dans  les  prisons  de  leur  commune 
0  plusieurs  femmes  et  enfants  de  la  commune  de  Rié  qui  ont 
»  été  arrêtés  et  amenés  par  la  force  armée  et  par  laquelle 
»  lettre  la  municipalité  demande  ce  qu'elle  fera  de  ces 
0  prisonniers. 

»  Le  Conseil,  vu  ladite  lettre,  considérant  que  tous  les 
«  prisonniers  qui  ont  été  anienés  en  cette  commune  par  la 
»  force  armée  ont  été  mis  en  liberté  par  ordre  du  général 
»  Boussard,  d'après  les  ordres  supérieurs  qu'il  avait  reçus  ; 
M  considérant  qu'il  doit  en  être  ainsi  b  l'égard  des  prisonniers 
ù  de  Port-Fidèle  et  ceux  des  autres  communes  également 
n  arrêtés  par  la  force  armée  ;  que  sans  doute  le  général 
»  Boussard  ignore  la  détention  de  ces  individus; 

»  Arrête  qu'il  sera  écrit  au  général  Boussard  pour  l'ins- 
»  truire  de  la  détention  de  ces  individus  et  l'inviter  k  prendre 


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tant  à  leur  égard  qu'à  celui  de  tous  ceux  qui  se  Irouvo- 
ronl  détenus  pour  la  même  cause  dans  l'étendue  de  son 
commandement,  les  moyens  qu'il  jugera  nécessaires  soit 
pour  les  mettre  en  liberté  soit  pour  les  détenir.  •> 
Le  6  messidor,  «  un  membre  a  donné  lecture  d'une  lettre 
et  extrait  de  la  municipalité  de  Ghallans  en  date  du  5  de 
ce  mois,  portant  qu'un  aide-de-camp  du  général  Boussard 
s'est  permis  à  l'égard  d'un  officier  municipal  les  propos  les 
plus  injurieux  et  les  plus  outrageants,  par  lequel  procès- 
verbal  la  municipalité  demande  que  l'Administration  prenne 
des  mesures  pour  empêcher  que  les  magistrats  du  peuple 
ne  fussent  insultés  dans  leurs  fonctions. 
»  Le  Conseil,  considérant  que  les  articles  4  et  6  de  la  loi 
du  17  avril  1791  portent  des  peines  très  graves  contre  les 
individus  qui  insulteraient  les  magistrats  du  peuple  en 
fonctions;  que  l'article  17  de  la  loi  du  27  germinal  dernier 
porte  que  le  respect  sera  religieusement  observé  envers 
les  magistrats  du  peuple,  après  en  avoir  délibéré  et ,  ouï 
l'Agent  national  : 

«»  A  arrêté  que  copie  de  la  lettre  et  de  l'extrait  des  registres 
de  la  municipalilé  de  Ghallans  serait  adressée  au  général 
Boussard  pour  qu'il  fasse  droit,-  d'après  les  lois  ci-dessus, 
aux  plaintes  portées  par  la  municipalité  contre  un  de  ses 
»  aides- de-camp  et  qu'il  prenne  des  mesures  pour  que 
»  pareille  insulte  ne  soit  plus  commise  îi  l'avenir.  » 

A  la  séance  du  7  messidor,  le  citoyen  Julien  Gaudin, 
membre  de  la  Commission  civile  de  Nantes,  informa  le 
Conseil  qu'une  Commission  nommée  par  le  Comité  de  Salut 
public  pour  surveiller  les  récoltes  du  département  de  la 
Vendée  venait  d'arriver  k  Fonlenay-le-Peuple. 
Le  Conseil  arrête  : 

•  \^  Que  le  citoyen  Bourdin,  commissaire  près  le  Tribunal 
»  de  ce  district^  sera  invité  à  se  transporter  à  Fontenay-le- 


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—  126  — 

»  Peuple  pour  représenter  aux  membres  de  celte  Commission 
»  qu'il  est  de  la  plus  grande  urgence  de  faire  faire  les 
»  récolles  dans  le  district  et  que,  pour  y  procéder,  il  serait 
»  du  plus  grand  intérêt  que  quelques  membres  de  cette 
»  Commission  se  transportassent  le  plus  promptement  pos- 
»  sible  dans  ce  district  pour  concerter  les  mesures  les  plus 
»  avantageuses  à  cette  opéralion. 

»  2«  Que  le  citoyen  Bourdin  est  invité  d'observer  aux  Coni- 
»  missaires  que  la  majeure  partie  des  bo&ufs  aratoires  ayant 
»  été  enlevés  du  pays,  il  est  inslant  qu'il  en  soit  donné  aux 
»  cultivateurs  pour  voilurer  leur  récolte. 

»  8"  Que  le  citoyen  Bourdin  est  invité  de  demander  que 
»  l'enlèvement  des  jeunes  bestiaux,  vacbes  pleines,  juments 
))  poulinières  et  élalons,  cesse  promptement,  sans  quoi  le 
»  pays  en  sera  bientôt  dépeuplé,  ce  qui  sera  une  perte  irré- 
n  parable  pour  la  République. 

0  4°  Que  le  citoyen  Bourdin  est  invité  de  demander  auxdits 
')  Commissaires  quejes  bestiaux  des  cultivateurs  restés  pai- 
i>  sibles  chez  eux  leur  soient  conservés. 

»  5^  Ordonner  que  la  prime  que  l'on  paie  individuellement 
»  aux  volontaires  pour  l'enlèvement  des  bestiaux,  est  un 
»  abus  qui  expose  les  citoyens  îi  perdre  la  vie  et  facilite  les 
rt  moyens  de  voler  la  République  et  demander  que  cette 
»>  prime  soit  bornée,  suivant  l'arrêté  du  Représentant  du 
rt  peuple,  aux  soldats  seuls  qui  feront  des  enlèvements  par 
»  des  ordres  de  l'officier  commandant  la  colonne  et  sur  son 
»  certificat. 

»  Le  citoyen  Bourdin  est  invité  de  réitérer  ses  sollicita- 
«  tions  auprès  des  républicains  commissaires,  pour  qu'ils 
I)  viennent  promptement  dans  ce  district  et  qu'ils  y  fassent 
))  arriver  les  instruments  aratoires  pour  la  récolte  des  blés 
»  et  des  foins. 

»  Autorise,  au  surplus,  le  citoyen  Bourdin  à  se  concerter 


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«  avec  rAdrainislraiion  du  déparlcmenl  et  qu'à  col  effet  il 
»  sera  écrit  i\  ces  républicains  pour  les  inviter  d'employer 
»  leui-s  bons  offices  auprès  de  la  Commission  i)Our  le  plus 
»  grand  avantage  de  la  République. 

ù  Est  aussi  invité ,  le  citoyen  Bourdin ,  à  demander 
•  aux  Commissaires  que  tous  les  blés  de  notre  district 
a  soient  transportés  à  mesure  qu'ils  seraient  préparés,  dans 
»  nie  de  la  Montagne  (Noirmoulier) ,  qu'ils  seraient  en 
«  sûreté  contre  les  brigands  et  a  portée  d'être  transférés 
0  dans  toutes  les  parties  de  la  République  qui  en  auraient 
»  besoin ,  le  strict  nécessaire  de  nos  administrés  préala- 
»  blcment  pris.  »> 

Pour  faciliter  encore  la  récolte,  le  Conseil  rappelant  son 
arrêté  du  80  pluviôse  qui,  jusque-là,  n'avait  pas  pu  être  mis 
k  exécution,  mais  qui,  dans  ce  moment,  paraissait  praticable, 
puisque  la  plupart  des  communes  alors  au  pouvoir  des 
rebelles  étaient  aujourd'hui  occupées  par  les  troupes  répu- 
blicaines, organisa  des  municipalités  dont  le  premier  soin 
devait  être  de  pourvoir  à  la  récolte  des  blés  et  des  foins.  Il 
nomma  : 

1^  Pour  la  commune  de  Soullans  : 

Gaspard  Jouhenneau, 

François  Ricolleau  père, 

Pierre  Crochet  aîné, 

Jacques  Gaborlt,  de  la  Sauvagette. 

2"  Pour  la  commune  du  Perricr  : 

Pierre  Chartier,  de  Coudrie, 
Pierre  Raballand,  de  l'Hommeau, 
Louis  Braud  fils,  des  Chaignettes, 
Pierre  Devineau,  du  Pont-Veillet, 
Rivière  jeune. 


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—  128  — 

3°  Pour  la  commune  de  Saint-Jean-de-Monls  : 

Jean  Savin,  boulanger, 

Jean  Gliarlier  père, 

Pierre  Bret, 

Renaud,  laboureur,  de  la  Moite, 

Pierre  Ferrand. 

4°  Pour  la  commune  de  Noire-Dame  : 

Jacques  Jodcl  père,  de  la  Grande-Croix, 

Angibaud,  de  la  Barre, 

André  Travers,  des  Gais, 

Nicolas  Néau,  de  la  Croix-Givrand, 

Mathurin  Renaud,  de  la  Minée, 

Etienne  ïhibaud, 

Charrier,  de  Lenclosc, 

François  Baranger, 

Martin  Dupont,  de  la  Grande  Cheminée. 

Les  Commissions  municipales  devaient  administrer  leurs 
communes  respectives  de  la  même  manière  que  les  officiers 
municipaux  élus  par  le  peuple ,  à  qui  les  circonstances 
ne  permettaient  pas  de  s'assembler  pour  faire  ces  nomina- 
tions. 

Le  9  messidor,  nous  trouvons  une  réclamation  du  com- 
missaire des  guerres  de  Challans,  annonçant  qu'il  manquait 
complètement  de  fourrages.  Il  put  s'en  procurer  dans  la  com- 
mune de  Saint-Gervais. 

Pendant  que  les  soldats  emportaient  au  bout  de  leurs 
baïonnettes  les  enfants  qu'ils  trouvaient  au  berceau,  l'Ad- 
ministration du  district  donnait  des  nourrices  à  ceux  qui  leur 
avaient  échappé.  Les  parents  d'un  enfant  de  quatre  mois,  les 
époux  Bonamy,  de  Nolre-Dame-de-Monls,  l'ayant  abandonné 
au  moment  où  les  troupes  entraient  dans  cette  partie  du 
marais,  l'Administration  le  donna  en  nourrice  à  la  femme  de 


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—  129- 

Pierre  Rondeau,  de  la  commune  du  Perrier,  moyennant  une 
rélribulion  de  15  livres  par  mois. 

De  tous  côtés  des  plaintes  arrivaient  à  l'Administration 
conlre  les  abominables  excès  auxquels  se  portaient  les 
troupes.  La  garde  du  Pas-Opton,  commune  de  Saint- 
Maixenl,  ne  se  bornait  pas  k  se  livrer  au  pillage  ;  elle  fusil- 
lait dans  les  champs  les  gens  inoffensifs  qui  cultivaient  la 
terre. 

Le  Conseil,  en  conséquence,  arrêtait  «  que  le  procès- 
»  verbal  dressé  par  le  Maire  de  Saint-Maixent  serait  envoyé 
a  au  général  Boussard  avec  invitation  de  prendre  des  mesures 
»  pour  empêcher  des  crimes  ;  c'était  le  seul  moyen  de  faire 
»  renaître  la  confiance  chez  des  gens  égarés  et  rentrés  dans 
»  le  devoir  au  moyen  des  proclamations.  » 

Le  12  messidor,  la  Commission  d'agriculture  et  des  arts 
de  Fontenay  demandait  à  l'Administralion  du  district  de 
Challans  le  nombre  et  la  nature  des  instruments  qui  leur 
étaient  nécessaires  pour  faire  la  récolte. 

«  Le  Conseil,  considérant  qu'une  grande  partie  des  instru- 
«  ments  nécessaires  à  la  récolte  sont  devenus,  dans  ce  dis- 
»  trict,  la  proie  des  flammes  ;  que  beaucoup  d'autres  ont  été 
»  cachés  par  les  propriétaires  qui  sont  venus  à  périr  dans 
»  celte  funçste  guerre  et,  par  ce  moyen,  se  trouvent  perdus; 

»  Après  avoir  délibéré,  et  ouï  l'Agent  national,  d'après 
»  les  renseignements  qu'il  a  pris,  estime  que  pour  faire  la 
»  récolte  dans  l'étendue  du  dislricl,  il  faut  le  nombre  d'ins- 
»  Iruments  suivant  :  500  faulx  complètes  ;  500  fourches  ; 
»  500  râteaux  ;  2,000  faucilles  ;  200  livres  de  cuir  blanc, 
0  pour  faire  des  fléaux  et  battre  le  blé,  et  arrête  qu'il  sera 
»  répondu  aux  agents  de  ladite  Commission  pour  leur  donner 
*  l'aperçu  ci-dessus,  r 

Quelques  jours  après,  le  citoyen  Pilloy,  commis  par  la 
Commission  d'agriculture  et  des  arts,  se  présentait  devant  le 


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—  130  — 

Conseil  du  district  pour  s'enlendre  avec  lui  relalivemenl  aux 
récoltes,  procurer  le  nombre  d'ouvriers,  de  voilures  cl  de 
chevaux  nécessaires  et  assurer  l'existence  des  hal)itanls. 

La  Commission  civile  de  Machecoul  faisait,  même  en  dehors 
de  son  district,  une  razzia  complète  des  blés  et  fourrages, 
sans  même  payer  ce  qu'elle  enlevait.  Des  habitants  de  la 
commune  de  Châteauneuf  étant  venus  se  plamdre  k  l'Admi- 
nistration du  district  de  Challans,  celle-ci  arrêta  :  «  qu'il 
»  serait  écrit  au  citoyen  Bô,  représentant  du  peuple  à  Nantes, 
»  pour  l'inviter  k  faire  cesser  ces  enlèvements  partiels  qui 
»  désolent  le  peuple  et  qui  ne  feraient  qu'empêcher  l'effet  de 
»  la  proclamation  qui  sollicite  les  habitants  des  campagnes 
»  à  rentrer  dans  leurs  foyers  pour  y  jouir  de  leurs  droits  et 
i>  de  leurs  propriétés.  » 

Le  13  et  le  15  messidor,  deux  patrouilles  de  cavalerie 
venant  de  Challans  s'étaient  portées  à  des  excès  sur  des 
habitants  de  la  campagne  au  moment  oii  ils  travaillaient 
tranquillement  k  leurs  ouvrages.  La  municipalité  d'Apremont, 
dans  la  commune  de  laquelle  ces  scènes  s'étaient  passées,  en 
porta  plainte  au  Conseil  du  district. 

Le  Conseil  décida  que  le  général  Boussard  en  serait 
informé  pour  qu'il  mît  fin  k  des  actes  si  peu  propres  k 
ramener  le  calme  dans  le  pays. 

Dans  la  séance  du  !«'  thermidor,  «  un  membre  donne 
»  lecture  d'une  lettre  du  27  messidor,  qui  transmet  copie 
«>  de  celle  du  représentant  du  peuple  Ingrand  du  23  messi- 
j)  dor,  qui  donne  l'état  des  tribunaux  révolutionnaires, 
})  commissions  populaires  et  commissions  militaires  établies 
»  en  ce  district.  Le  Conseil,  ouï  l'Agent  national,  arrête  de 
»  répondre  au  département  qu'il  n'existe  dans  ce  district  que 
»  la  Commission  militaire  révolutionnaire  établie  k  l'ile  de  la 
»  Montagne  (Noirmoutier)  par  les  représentants  du  peuple  et 
»  le  Comité  de  Salut  public  et  qu'il  lui  serait  en  même  temps 


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->131  — 

»  donné  avis  que  le  Comité  révolutionnaire  des  Sables  étend 
»  ses  pouvoirs  sur  le  district  de  Challans,  quoiqu'il  y  ait 
»  des  comités  de  surveillance  établis  par  la  loi.  » 

A  des  recommandations  qui  lui  avaient  été  faites  par  le 
département  sur  la  nécessité,  dans  Tinlérét  de  la  salubrité 
publique,  d'inhumer  promptement  les  cadavres,  TAdminis- 
iration  du  district  répondait  que  les  chefs  de  la  force  armée 
y  avaient  mis  la  plus  grande  négligence,  et  que  souvent, 
après  des  affaires  meurtrières,  les  morts  étaient  restés  sur  le 
champ  de  bataille  sans  être  enterrés. 

La  Commission  civile  de  Nantes  était  venue  s'approvisionner 
dans  le  marais  occidenlal  de  la  Vendée.  Elle  y  avait  fait  de 
lels  approvisionnements  qu'en  quiltant  Challans,  elle  n'avait 
laissé  que  pour  deux  jours  de  vivres  aux  troupes  qui  occu- 
paient celte  place. 

Le  Commissaire  des  guerres  en  informa  l'Administration 
du  district. 

Le  Conseil,  considérant: 

«  Que,  dans  ce  moment,  il  ne  peut  procurer  tout  k  coup 
»  les  grains  nécessaires  par  la  voie  de  la  réquisition,  ignorant 
»  les  lieux  oîi  la  Commission  en  a  laissés  ;  que,  cependant, 
»  il  va  tenler  tous  les  moyens  que  lui  présentent  les  localités; 

»  Considérant  que  les  communes  de  Port-Fidèle  (Sainl- 

•  Gilles),  île  de  la  Montagne  (Noirmoutier)  et  île  Marat 
a  (Bouin)  peuvent  seules  avoir  des  grains  vieux,  et  notam- 

•  ment  k  Port-Fidèle,  chez  le  commissaire  Giron  ;  que, 
»  d'ailleurs,  la  récolle  n'est  jamais  aussi  tardive  dans  ces 
»  communes  que  dans  les  autres  ;  qu'il  esl  même  possible 

•  que,  dans  ce  moment,  il  y  ail  des  bleds  nouveaux  de 

•  battus  qui  puissent  servir  à  alimenter  les  armées  ; 
»  Arrête  : 

Art.  ^•^ 
»  Il  sera  nommé  des  commissaires  qui  se  transporteront 


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»  de  suite  dans  les  communes  de  Port-Fidèle,  île  de  la 
»  Montagne  et  île  Marat. 

Art.  2. 

»  Les  commissaires  sont  autorisés  à  mettre  en  réquisition 
w  lous  les  bleds  qui  se  trouveront  dans  ces  communes  excé- 
i>  dant  la  consommation  des  habitants. 

Art.  8. 

»>  Comme  il  existe  dans  ces  communes  beaucoup  de 
0  moulins  qui  tournent  presque  toujours,  les  commissaires 
»  mettront  pareillement  en  réquisition  un  nombre  suffisant 
»  pour  convenir  en  farines  les  grains  qu'ils  auront  requis  en 
*»  laissant  toujours  aux  habitants  les  moyens  de  faire  moudre 
»  les  grains  nécessaires  à  leur  subsistance. 

Art.  4. 

»  Ils  mettront  pareillement  en  réquisition  les  bleds  nou- 
»  veaux  qui  se  trouveront  battus  et  qu'ils  feront  également 
»  convertir  en  farines,  lesquelles  farines  ils  feront  filer  sur 
»  cette  place  au  fur  et  k  mesure  qu'elles  seront  moulues. 

Art.  5. 

»)  Les  commissaires  sont  encore  autorisés  k  presser  de 
»  tous  leurs  pouvoirs,  dans  ces  communes,  le  battage  des 
»  grains,  à  l'égard  desquels  ils  useront  comme  des  précé- 
»  dents,  si  ces  derniers  ne  sont  pas  suffisants  pour  alimenter 
»  les  armées,  jusqu'à  ce  que  les  autres  communes  aient  fait 
D  assez  de  récoltes  et  aient  mis  par  ce  moyen  l'Administra- 
»  tion  dans  le  cas  d'étendre  ses  réquisitions  sur  toutes  les 
•  communes  du  district. 

Art.  6. 

»)  Les  commissaires  rendront  compte  du  résultat  de  leurs 
»  opérations  par  des  ordonnances,  s'ils  ne  trouvent  des 
»  occasions  sûres  et  promptes. 

Art.  7. 

D  Us  sont  autorisés,  si  besoin  est,  k  requérir  la  force 


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—  133  — 

»  armée  pour  les  aider  pour  la  prompte  exéculion  de  leur 
»  commission  en  se  concertant  pour  le  tout  avec  les  muni- 
n  cipalilés  des  lieux  et  les  commandants  de  force  armée  pour 
»  ce  qui  les  concerne,  et  les  agents  de  la  Commission 
B  d'agriculture  et  des  arts  qui  peuvent  se  trouver  dans  le 
»  district. 

Art.  8. 

»  Les  commissaires  donneront  des  reconnaissances  des 
»  bleds  qu'ils  auront  requis  et  enlevés,  lesquelles  reconnais- 
»  sances  seront  acquittées  provisoirement  par  le  receveur 
»  du  district,  au  cas  où  le  garde-magasins  n'aurait  pas  de 
»  fonds  suffisants. 

»  Le  Conseil  nomme  pour  commissaires  le  sieur  Bourdin, 
»  commissaire  national  du  district  pour  Port-Fidèle  et  autres 
»  communes  environnantes,  le  citoyen  Savin,  juge  au  Tri- 
»  bunal,  pour  l'ile  de  la  Montagne,  et  le  citoyen  Bouvière 
»  pour  l'île  Marat. 

Art.  10. 

»  Il  leur  sera  délivré  à  chacun  une  copie  du  présent  arrêté 
»  pour  leur  servir  de  pouvoirs,  et  il  sera  écrit  au  commis- 
9  saire  des  guerres  pour  l'instruire  de  ces  mesures.  » 

x\u  milieu  des  horreurs  de  la  guerre  civile,  les  habitants 
des  campagnes  avaient  également  à  souffrir  des  soldats  de 
Charette  et  des  troupes  de  la  République. 

Le  9  thermidor  an  II  (date  célèbre),  «  s'est  présentée  h  la 
»  séance  Marie  Maconneau,  veuve  de  Jacques  Bcssonnel, 
»  laboureur  de  la  commune  de  Challans,  laquelle  a  déclaré 
»  qu'elle  se  trouve  chargée  d'une  fille  âgée  d'environ  quatre 
»  mois,  que  lui  a  laissée  en  mourant,  le  20  messidor  der- 
»  nier,  Marie-Anne  Bessonnet,  sa  fille,  veuve  de  Jean  Tessier, 
»  laboureur  ;  qu'elle  est  sans  subsistance  pour  elle  et  son 
«  enfant;  que,  par  suite  des  malheurs  de  la  guerre  civile, 
»  elle  a  perdu  sa  maison,  tous  ses  meubles  ;  que  les  brigands 


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À  k. 


^134  — 

•  de  la  suite  de  Cbarelle  ont  tué  ledit  Tessier  son  gendre 
»  parce  qu'ils  le  trouvèrent  avec  la  cocarde  tricolore  ;  que 
0  les  armées  de  la  République,  dans  le  cours  d'une  cxpédi- 
»  tion  ou  un  général  sanguinaire  avait  donné  Tordre  d'in- 
0  cendier  tout  ce  qui  se  trouvait  sur  leur  passage  et  de  tuer 
»  tout  ce  qu'ils  rencontraient,  elle  a  perdu  deux  de  ses 
0  enfants,  âgés  l'un  de  22  ans,  l'autre  de  19  ans  ;  que, 
»  victime  de  la  fureur  des  deux  partis  et  accablée  de  tant  de 
»  malheurs,  elle  se  voit  réduite  à  la  dernière  extrémité,  si  la 
i>  République  ne  vient  à  son  secours  et  à  celui  de  sa  petite 
»  fille.  0 

Le  Conseil  accorde  à  la  veuve  Bessonnet  un  secours  de 
15  livres  par  mois,  lui  offrant,  en  outre,  de  faire  placer  son 
enfant  en  nourrice. 

Plusieurs  habitants  de  la  commune  du  Ligneron  s'étaient 
réfugiés  k  Challans.  Le  temps  de  récolter  la  moisson  était 
arrivé  et  les  bras  manquaient.  La  municipalité  de  Palluau 
demanda  au  Directoire  qu'ils  fussent  renvoyés  dans  leur 
commune  pour  s'en  occuper.  Le  Directoire  prit  un  arrêté  à 
ce  sujet,  déclarant  que  ceux  qui  ne  rentreraient  pas  dans  la 
commune  du  Ligneron  seraient  traités  comme  suspects. 

Un  camp  avait  été  établi  commune  de  Saint-Ghrislophe- 
du-Ligneron.  Le  13  thermidor,  «  est  entré  h  la  séance  le 
D  général  Boussard,  qui  s'est  plaint  de  ce  que  le  service  de 
0  son  camp  est  négligé  ;  que  les  chevaux  de  sa  cavalerie 
»  manquent  souvent  de  fourrage  ;  qu'ils  ne  reçoivent  que  le 
»  soir  ce  qu'ils  devraient  recevoir  le  matin  ;  que  d'autres 
»  objets  ne  sont  pas  fournis  dans  le  temps  utile,  ce  qui 
»  occasionne  la  dilapidation  faite  par  son  armée  ;  il  invile 
»  l'Administration  à  y  remédier.  Le  Directoire,  sur  ces 
»  plaintes,  arrête  qu'il  sera  écrit  aux  citoyens  Davy  et 
D  Bouvier  l'aîné,  commissaires  près  le  camp  du  Ligneron, 
»  pour  les  inviter  à  se  concerter  avec  le  général  et  prendre 


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-  136- 

»  avec  lui  louâ  les  moyens  d'emp<^cher  les  désordres  et  faire 

•  en  sorlc  que  Tarmée  ne  manque  pas  de  ce  qu'elle  a  besoin. 
»  Le  général  Boussard  se  plaint  encore  de  ce  que  les  offl- 

»  ciers  municipaux  du  Ligneron  s'occupent  plus  de  leurs 
»  affaires  particulières  que  de  faire  fournir  au  camp  ce  qui 
»  lui  est  nécessaire  ;  qu'ils  ne  sont  pas  exacts  a  se  tenir  îi 
»  la  maison  commune  ;  arrOle  qu'il  sera  pareillement  écrit  à 
»  ces  officiers  municipaux  pour  qu'ils  soient  plus  exacts  ix 

•  se  tenir  à  la  maison  commune  pour  être  dans  le  cas  de 
»  faire  donner  au  camp  tout  ce  qu'il  a  besoin.  » 

Les  armes  avaient  été  enlevées  à  tous  les  citoyens  qui  ne 
faisaient  pas  partie  de  l'armée  ou  de  la  garde  nationale.  Les 
membres  du  Directoire,  obligés  de  faire  de  fréquentes  excur- 
sions en  dehors  de  la  ville,  les  réclamèrent  au  général  Tur- 
rcau  pour  se  défendre  dans  le  cas  où  ils  seraient  attaqués. 

Ce  n'était  pas  seulement  aux  attaques  à  main  armée  que 
l'on  était  exposé.  Quand  elles  ne  pouvaient  pas  avoir  lieu,  on 
avait  recours  a  d'aulres  moyens.  Les  citoyens  Luminais, 
juge  de  paix  hBouin,  et  Pelletier,  notable  de  celte  commune, 
avaient  donné  de  nombreux  gages  de  leur  patriotisme.  Pour 
les  perdre,  Pajot  feignit  d'être  d'intelligence  avec  eux  et 
leur  écrivit  dans  ce  sens  des  lettres  qu'il  savait  bien  devoir 
être  interceptées.  Il  n'en  aurait  pas  fallu  davantage  si  le 
Directoire,  éventant  la  ruse,  n'avait  pas  décidé  qu'il  infor- 
merait de  la  vérité  le  représentant  Bô,  en  résidence  l\  Nantes. 

Aucune  mesure  de  salubrité  n'était  prise.  Les  immondices, 
les  cadavres  des  animaux,  quelquefois  ceux  des  hommes 
jonchaient  la  terre.  11  s'en  développait  des  miasmes  infec- 
lueux.  Ce  que  l'on  devait  craindre  arriva.  Des  maladies 
contagieuses  surgirent  et  vinrent  s'ajouter  aux  ravages 
de  la  guerre.  Vainement  le  Directoire  avait  ordonné  des 
mesures  à  ce  sujet.  11  était  un  peu  tard  quand,  le  18  ther- 
midor, il  les  renouvela  et  écrivit  à  la  municipalité  de  Chai- 


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—  136  — 

ians  pour  qu'elles  fussent  exécutées.  Celle-ci  n'y  mît  pas 
grand  empressement,  car  nous  voyons  la  même  réclamation 
reproduite  huit  jours  après.  Presque  tous  les  officiers  muDÎ- 
cipaux  de  la  commune  de  Cballans  tombèrent  malades,  si 
bien  que  le  18  Ihermidor,  le  Directoire  fut  obligé  d'adjoindre 
à  la  municipalité  trois  citoyens,  Rouvière,  juge  au  Tribunal, 
Basty,  juge  de  paix,  et  Degounor. 

A  Apremont,  comme  à  peu  près  partout,  il  y  avait  de 
grandes  dilapidations  dans  la  fourniture  du  fourrage  et  sou- 
vent dans  celle  des  blés.  Les  soldats  pénétraient  dans  les 
magasins  souvent  mal  gardés  et  y  commettaient  de  nom- 
breuses déprédations.  Le  Directoire,  voulant  mettre  un  peu 
d'ordre  dans  la  distribution  qui  était  faite,  répondit  aux 
plaintes  de  la  municipalité  d' Apremont  en  priant  le  général 
Boussard  d'y  mettre  ordre  et  d'apposer  des  sentinelles  aux 
portes  des  magasins.  L'extrait  suivant  prouve  combien  les 
justes  réclamations  de  la  commune  d' Apremont  préoccupaient 
l'Administration  du  district  : 

«  Un  membre  donne  lecture  d'une  lettre  de  la  municipalité 
»  d' Apremont  qui  annonce  que,  faute  de  garde-magasin 
»  dans  la  place,  il  se  commet  une  dilapidation  affreuse  dans 
»  la  distribution  des  vivres  et  fourrages  pour  la  garnison. 
»  D'après  celte  lettre,  il  propose  d'écrire  au  citoyen  Gaudry, 
»)  commissaire  des  guerres,  pour  lui  témoigner  l'étonnement 
»  de  l'Administration  sur  ce  que,  ayant  été  plusieurs  fois 
I»  invité  par  elle  d'envoyer  à  Apremont  un  garde-magasin 
»  pour  veiller  à  la  distribution  des  vivres  de  la  garnison,  il 
»  n'y  ail  pas  encore  satisfait  -,  que  ce  défaut  de  surveillance 
»  active  de  sa  part  sur  cette  garnison  cause  une  perte  réelle 
»  à  la  République  et  aux  particuliers  de  celte  commune,  de 
»  qui  on  prend  journellement  les  denrées  sans  qu'ils  puissent 
»  se  faire  délivrer  aucuns  bons  pour  assurer  le  paiement  de 
»  ce  qu'on  lem*  fait  fournir  au  nom  du  bien  public.  » 


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-  137- 

Du  resle,  si  les  grains  el  la  farine  manquaient  souvent, 
quand  on  pouvait  s'en  procurer  on  n'élait  pas  sûr  pour  cela 
d'avoir  du  pain,  car  il  fallait  le  cuire  el  le  bois  faisait 
défaut. 

Les  lois  révolutionnaires  donnaient  à  l'autorité  le  droit  de 
requérir  à  volonté  tous  les  citoyens  en  état  de  travailler.  Le 
Directoire  du  district  de  Challans  eut  souvent  recours  à  ce 
moyeu  extrême.  Il  ne  requérait  pas  seulement  les  bras  des 
travailleurs,  mais  aussi  leurs  bœufs,  leurs  chevaux,  leurs 
charrettes. 

Le  î6  thermidor  «  s'est  présenté  dans  le  sein  de  l'Admi- 
»  nistration,  un  individu  nommé  Pierre-André  Bounaire,  se 
»  disant  direcleur  de  l'hospice  ambulant  de  cette  place,  en 
»  bottes  et  une  baguette  à  la  main,  suivi  de  trois  fusiliers 
»  armés,  qui  demande  un  individu  inconnu  h  cette  Adminis- 
»  tration.  Sur  l'étonnement  que  le  Directoire  a  témoigné  à 
»  André  Bounaire  d'introduire  dans  le  sein  de  cette  Admi- 
»  nistration  la  force  armée,  il  lui  a  été  demandé  en  vertu  de 
»  quel  ordre  et  de  quel  droit  il  osait  ainsi  insulter  au  respect 
»  dû  à  une  Administration.  Il  a  répondu  qu'il  en  avaiU'ordre, 
»  mais  que  cet  ordre  n'était  pas  sur  lui,  qu'il  l'avait  laissé 
»  chez  le  Commandant  de  la  place.  Il  a  voulu  envoyer  un 
»  de  ses  fusiliers  chercher  ce  même  ordre.  Ce  fusilier  lui  a 
»  répondu  que  ce  n'était  pas  sa  consigne,  de  manière  que 
»  Bounaire  a  introduit  ici  la  force  armée  avec  un  air  de 
»  despotisme  peu  ordinaire  k  un  républicain.  Les  adminis- 
»  Iraleurs  ignoraient  si,  avec  le  ton  de  cet  individu  suivi  de 
a  la  force  armée,  sans  être  muni  d'aucun  ordre,  il  n'avait 
»  pas  quelque  dessein  coupable  en  prenant  pour  prétexte  la 
»  recherche  d'un  individu  inconnu  h  la  municipalité. 

»  Le  Directoire,  indigné  d'une  pareille  démarche  puisqu'elle 
»  ne  tend  rien  moins  qu'à  faire  perdre  aux  magistrats  du 
0  peuple  la  confiance,  que  tout  citoyen  doit  avoir  en  eux. 


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—  138  — 

»  OUÏ  les  conclusions  de  l'Agent  national,  lendant  à  ce  que 
9  Bounaire  soit  de  suite  mis  en  état  d'an'estation,  pour 
»  s'être  présenté  d'une  manière  aussi  indécente  et  suivi  de  la 
»  force  armée,  à  cetle  Administration,  prenant  pour  prétexte 
»  la  recherche  d'un  individu  absolument  étranger  et  que 
»  ledit  Bounaire,  pour  faire  une  pareille  démarche,  n'était 
»  muni  d'aucun  ordre,  sur  l'aveu  que  lui-même  a  fait  et  sur 
»  la  réquisition  qui  lui  a  été  faite  de  le  montrer,  arrête  :  1* 
»  que  Bounaire  sera,  pour  un  trente  seulement,  mis  à  la 
I)  maison  d'arrêt  de  cette  place,  sauf,  au  cas  de  récidive,  à 
»>  prendre  de  nouvelles  mesures  ;  2*»  enjoint  audit  Bounaire 
I)  d'être,  une  autre  fois,  plus  circonspect  en  sa  manière  d'agir 
»  et  de  porter  plus  de  respect  à  l'autorité  constituée  ;  8®  le 
•»  présent  arrêté  sera  de  suite  envoyé  au  Commandant  de  la 
»  force  armée  de  celte  place  pour  le  mettre  à  exécution  sous 
»)  sa  responsabilité  personnelle  et  pour  sa  garantie ,  il  sera 
»  fait  apposer  le  cachet  de  cette  Administration  au  pied  de 
»  l'expédition  du  présent  arrêté.  » 

Un  arrêté  du  Comité  de  Salut  public  ordonnait  que  les 
ouvriers  employés  pour  la  récolte,  par  la  Commission  de 
l'agriculture  et  des  arts,  seraient  payés  par  le  Receveur  du 
district.  La  caisse  de  ce  receveur  étant  complètement  vide 
et  les  fonds  qui  lui  étaient  annoncés  ne  lui  étant  pas  arrivés, 
le  Directoire  enjoignit  au  Receveur  d'écrire  immédiatement  à 
la  Trésorerie  nationale  pour  obtenir  les  fonds  nécessaires  au 
paiement  des  ouvriers  qui  lui  avaient  été  fournis  par  la 
Commission  d'agriculture  et  des  arts. 

Les  réquisitions  forcées  ne  pouvaient  qu'irriter  ceux  à  qui 
elles  étaient  adressées.  Plusieurs  refusèrent  d'y  obéir  et  alors 
il  fallut  l'emploi  de  la  force  armée,  ce  qui  était  propre  à 
faire  rentrer  dans  les  rangs  des  insurgés  ceux  qui  en  étaient 
sortis.  Bernard,  Vrignaud,  Bcsseau,  Martineau  et  Guitton- 
neau,  cultivateurs  du  marais   de  Soullans,    furent  requis 


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•  139  — 

d'ameoer  à  Soullans  les  bestiaux  non  propres  k  Tagriculture, 
mais  propres  à  la  boucherie,  qu'ils  avaient  devers  eux.  Us 
ne  répondirent  point  îi  la  demande  qui  leur  était  faite  et  le 
Directoire  prit  un  arrêté  pour  qu'ils  y  fussent  contraints  par 
la  force  armée. 

L'accord  le  plus  parfait  ne  régnait  pas  entre  l'autorité  mili- 
laire  et  l'autorité  civile.  Le  général  Boussard  avait  écrit  une 
lellre  un  peu  vive  au  Directoire  articulant  certains  griefs 
contre  celle  Adminislration. 

Dans  la  séance  du  2  fruclidor,  «  un  membre  observe  qu'il 
»  est  inléressanl  pour  l'Administration  de  montrer  à  décou- 
»  verl  sa  conduite  ;  que  c'est  le  seul  moyen  de  répondre  aux 
»  inculpations  que  lui  fait  le  général  Boussard  ;  qu'il  est 
»  enfin  temps  que  cette  lutte  finisse  et  que  l'on  découvre  qui, 
»  de  l'Administration  ou  du  général,  a  mieux  mérité  de  la 
»  patrie.  Il  propose  d'écrire  au  Comité  de  Salut  public  et  de 
»  lui  mettre  sous  les  yeux  l'abrégé  de  la  conduite  de  l'Ad- 
»  minislralion,  en  attendant  qu'on  puisse  l'informer  plus 
•  amplement  de  tout  ce  qu'elle  a  fait  ;  il  demande,  de  plus, 
»  que  le  paquet  soit,  par  le  premier  courrier,  adressé  k 
»  Musset,  représentant  du  peuple.  Celte  proposition  est  adop- 
»  Ice  et  les  lettres,  avec  les  observations,  rédigées.  » 

Trois  jours  après,  le  5  fructidor,  une  scène  épouvantable 
eut  lieu,  provoquée  entièrement  par  le  général  Boussard. 
Pour  lui  laisser  sa  véritable  physionomie,  je  ne  puis  mieux  faire 
que  de  reproduire  l'exlrail  complet  du  registre  des  délibéra- 
tions du  district  : 

«  Sont  entrés  dans  la  salle  de  nos  séances  où  assistait  le 
»  citoyen  Bourdin,  commissaire  national  près  le  Tribunal  de 
»  ce  district,  sur  les  neuf  heures  du  matin,  les  citoyens 
»  Boussard,  général  de  brigade  et  commandant  le  camp  du 
»  Ligneron,  placé  en  avant  de  cette  place,  à  la  distance  de 
9  deux  lieues  sur  la  route  de  Palluau,  et  Claveau,  comman- 


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~  140- 

»  dant  actuel  de  celle  place.  Le  général  Boussard,  d'un  air 
»  1res  animé,  prenant  la  parole,  a  dît  :  —  Un  de  vos  maraî- 
»  chins  a  dit  hier  à  Ghallans,  où  il  était  venu  conduire  trois 
»  bœufs  mis  en  réquisition  par  cette  Administration  pour  le 
»  service  de  l'armée,  quMI  se  f. ..  des  1,700  livres  que  le 
I)  fournisseur  de  l'armée  lui  offrait  en  assignats  pour  le  prix 
»  de  ses  trois  bœufs  qui  valaient,  disait-il,  plus  de  2,000 
»  livres,  qu'il  ne  fallait  pas  lui  faire  perdre  une  journée  pour 
»  1,700  livres  en  assignats,  ajoutant  :  —  On  m'en  a  bien 
»)  pris  d'autres,  on  peut  bien  encore  me  prendre  ceux-lk,  — 
»  observant  le  général  Boussard  que  ce  propos  était  contre- 
»  révolutionnaire,  puisqu'il  tendait  à  avilir  les  assignais; 
»  qu'il  fallait  faire  arrêter  le  maraichin  et  qu'il  requiert  de 
»  l'Administration  le  nom  du  particulier. 

»  Alors  un  des  membres  ayant  observé  que  l'Administra- 
»  tion  n'en  ayant  pas  de  connaissance,  il  fallait  prendre  la 
»  déclaration  de  ceux  qui  l'avaient  entendue. 

»  Le  général  Boussard  a  répliqué  que  le  Commandant  de 
»  la  place  présent,  les  avait  entendus,  ce  dont  il  est  convenu 
»  après  avoir  montré  de  l'embarras  dans  la  réponse,  sur- 
»  tout  après  l'observation  d'un  membre  qui  lui  a  dit  :  — 
»  Puisque  tu  les  as  entendus,  ces  propos,  en  ta  qualité  de 
»  commandant  de  la  place  et  ayant  en  main  la  force  armée, 
»  tu  devais  le  faire  arrêter. 

»  Le  général  Boussard  continuant  toujours  avec  un  air 
»  plus  animé  a  dit  :  —  Au  reste,  ce  n'est  pas  le  seul  fait  ; 
»  vos  maraichins,  qui  font  toute  votre  sollicitude,  parce  qu'ils 
»  font  valoir  vos  propriétés,  ont  leurs  enfants  qui  viennent 
»  chez  eux  changer  de  linge  et  s'en  retournent  î^  l'armée  de 
»  Gharette.  —  Tirant  alors  une  lettre  de  sa  poche  :  —  En 
»  voici  encore  une  preuve,  dit-il,  on  m'écril  de  Saint-Jean- 
»  de-Monts  —  il  paraît  lire  :  —  Ayant  appris  qu'un  parti- 
»  culier  était  dans  le  marais,  chez  son  père,  nous  sommes 


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r 


^141- 

allés  pour  Tarrôter.  A  noire  arrivée,  le  père  a  d'abord 
nié  qu1l  fui  venu  ;  mais  il  en  est  ensuile  convenu,  ajoulant 
qu'il  avait  seulemenl  changé  de  linge  el  qu'il  élail  retourné 
à  l'armée  de  Charelte.  Le  général,  toujours  animé,  a  dit  : 
—  VoOà  les  personnes  à  qui  vous  faites  délivrer  des 
vaches  pour  les  nourrir  et  des  bestiaux  aratoires  ;  je  me 
f...  du  disiricl,  des  municipalités  el  des  aulorilés  cons- 
tituées,  j'ai  une  armée  el  je  vais  m'en  servir.  Sur  ce 
qu'un  membre  lui  a  demandé,  s'il  était  bien  sûr  que  le 
père  de  ce  particulier  avait  reçu  une  vache  et  autres 
bestiaux  de  la  République,  puisque  l'Administration  avait 
TaUeniion  de  n'être  d'avis  qu'il  ne  soit  délivré  par  l'Agent 
de  la  Commission  de  l'agriculture  et  des  arls,  que  sur 
ralleslation  des  municipalités,  aux  familles  qui  sont  ren- 
trées dans  leurs  foyers,  et  s'il  connaissait  lui-même  quel- 
qu'un qui  ne  soit  pas  rentré  dans  leurs  foyers  et  qui  en 
ail  reçu;  à  quoi  Boussard  n'a  rien  répondu.  —  Vous  n'avez 
donc  pas  donné,  a-t-il  repris,  d'instructions  aux  munici- 
palités pour  faire  arrêter  tous  ceux  qui  entrent  dans  le 
marais  et  en  sortent  ensuile  pour  passer  aux  brigands?  — 
A  quoi  un  membre  a  répondu  que  les  municipalités  avaient 
été  invitées  de  faire  arrêter  tous  les  individus  qui,  après 
êlre  rentrés  dans  le  marais,  en  étaient  sortis  pour  aller 
parmi  les  rebelles  et  que,  si  elles  n'avaient  pas  une  force 
sufiBsante,  qu'elles  eussent  à  en  donner  avis  à  l'Adminis- 
tration qui  aviserait  au  moyen  de  les  faire  arrêter,  lui 
observant  même  que  les  municipalités  n'étaient  pas  ins- 
truites de  l'entrée  de  ces  individus,  à  temps  pour  les  faire 
arrêter,  et  qu'ordinairement  même,  elles  n'en  avaient 
aucune  connaissance. 

»  De  suite,  le  général  s'est  retiré  avec  précipitation  ; 
lequel  procès-verbal  l'Administration  a  rapporté  à  telle  tin 
que  de  raison.  » 


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—  144  — 

Le  général  Boussard  ne  fil  plus  rien  pour  arrêter  les  dépré- 
dations de  ses  troupes  et  sa  tolérance  devint  un  encourage- 
ment pour  les  pillards.  Le  18  fructidor,  T Administration 
prenait  la  délibération  suivante  :  «  Le  Conseil  instruit  qu'il 
»  se  commet,  par  la  cavalerie  du  camp  du  Ligneron,  une 
»  dilapidation  affreuse  dans  les  fourrages  ;  que  les  cavaliers 
»  ne  se  contentent  pas  de  la  ration  qui  leur  est  donnée 
w  journellement,  vont  çà  et  Ik  et  enlèvent  une  partie  des  four- 
»>  rages,  mettent  même  dans  les  différentes  maisons  le  parll- 
"  culier  k  contribution,  délibérait  sur  ces  faits  et  considérail 
»  que,  si  on  ne  porte  pas  un  prompt  remède  aux  abus  qui 
»  se  commettent  journellement  par  la  cavalerie  du  camp  du 
»  Ligneron,  dans  la  partie  des  fourrages,  il  sera  de  toute 
»  impossibilité  de  trouver  dans  ce  district  la  quautité  de 
»  fourrages  nécessaires  pour  le  service  de  la  cavalerie  ; 
»  considérant  sur  le  second  objet,  que  si  celui  k  qui  on 
»•  promet  protection  n'est  pas  protégé  réellement,  la  sûreté 
»  qu'on  lui  promet  en  restant  chez  lui  n'est  qu'un  vain 
»  fantôme  ;  arrête,  ouï  l'Agent  national,  qu'il  sera  écrit  au 
»  citoyen  Guérin,  commandant  le  camp  du  Ligneron,  pour 
»  l'instruire  de  ces  deux  abus  et  l'engager  à  y  apporter  le 
»>  plus  prompt  remède. 

»  Le  lendemain,  le  Conseil  recevait  la  dénonciation  sui- 
»  vante  :  «  Pendant  la  séance  sont  arrivés  deux  citoyens  de 
»  la  Bloire,  commune  de  Challans,  qui  ont  déclaré  que,  hier 
»  soir,  avant  le  coucher  du  soleil,  il  est  sorti  de  cette  place 
»  trois  chasseurs  pour  se  rendre  au  camp  du  Ligneron  ;  que 
»  deux  de  ces  chasseurs  se  sont  comportés  envers  eux  de  la 
i>  manière  la  plus  indigne  ;  que  ces  chasseurs  ont  tiré  le 
»  sabre  sur  un  guide  de  l'armée,  l'ont  traîné  de  son  lit  hors 
»  de  sa  maison,  ont  fait  la  fouille  chez  lui  et  lui  ont  pris 
»)  divers  objets  ;  que  les  mêmes  fouillèrent  dans  le  village  un 
»  enfant  à  qui  ils  donnèrent  un  coup  de  sabre  ;  qu'ensuite. 


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-143- 

•  passant  à  la  Véronnière  pour  se  rendre  au  Ligneron,  ils 
»  massacrèrent  k  coups  de  sabre  Jean  Véronneau,  qui  élait 

•  à  travailler  chez  lui  et  prirent  tout  l'argent  qu'il  portail 

•  sur  lui.  Le  Conseil,  considérant  qu'une  telle  conduite  ne 

•  peut  que  mettre  l'alarme  dans  les  campagnes  et  éloigner 
«  de  leurs  travaux  le  cultivateur  paisible  et  le  forcer  d'aban- 
»  donner  ses  foyers  ;  considérant  que  la  loi  accorde  sûreté 
■»  et  protection  k  de  telles  personnes  ;  qu'il  ne  peut  y  avoir 
9  que  des  scélérats  qui  puissent  agir  autrement,  arrête,  ouï 
»  l'Agent  national,  qu'il  sera  de  suite  écrit  au  citoyen  Guérin, 
»  commandant  le  camp  du  Ligneron,  pour  l'inviter  à  ne  pas 

•  laisser  de  tels  forfaits  impunis  ;  k  faire  rechercher  les 
»  coupables  afin  de  faire  cesser  le  crime,  et  que  copie  des 

•  deux  déclarations  faites  par  ces  particuliers  lui  seront 
»  adressées.  » 

Des  détachements  étaient  donnés  aux  bouviers  employés 
par  la  Répubhque  pour  les  protéger  contre  les  attaques 
éventuelles  des  Vendéens  ;  c'étaient  ces  détachements  qui, 
agissant  contrairement  aux  ordres  qu'ils  avaient  reçus,  se 
portaient  contre  eux  aux  excès  les  plus  blâmables.  Le  18  fruc- 
tidor, le  Conseil  écrivait  au  commandant  de  la  force  armée 
d'Apremont,  dans  le  ressort  duquel  de  pareilles  scènes 
s'étaient  passées,  pour  dénoncer  ces  faits  et  en  demander  la 
répression. 

Le  -21,  des  bouviers  du  district  se  trouvant  k  Machecoul, 
furent  chargés  de  transporter  k  Challans  les  effets  d'une 
compagnie  de  canonniers,  qui  devait  passer  par  cette  localité 
en  se  rendant  k  la  Rochelle.  Pour  les  en  récompenser,  les 
canonniers  les  maltraitèrent  cruellement.  Voulant  mettre  fin 
i  ces  actes  barbares  peu  propres  k  terminer  la  guerre,  le 
Conseil  arrêta  que  «  ces  bouviei^s,  maltraités  par  les  canon- 
*  niers,  feraient  leurs  déclarations  k  cette  Administration, 
»  et  que  copie  de  ladite  déclaration  serait  envoyée  au 


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^  144  - 

»  Commissaire  des  guerres,  comme  ayant  la  surveillance  sur 
»  les  troupes  passagères  et  au  Représentant  du  peuple,  îi 
»)  Fontenay. 

»  A  la  séance  se  sont  présentés  plusieurs  habitants  de  la 
»  commune  de  Goudrie,  qui  ont  dit  qu'ils  étaient  exposés  k 
I)  périr  de  faim,  parce  que  le  garde-magasin  de  cette  place 
»  avait  mis  en  réquisition  le  moulin  des  Echarnaux,  qui  est 
»  le  seul  qui  faisait  moudre  pour  cette  commune  ;  qu'ils 
»  avaient  perdu  tous  ceux  de  Goudrie  par  l'incendie  ;  ils 
»  prient,  en  conséquence,  l'Administration  de  jeter  les  yeux 
»  sur  le  sort  qui  les  attend,  s'ils  ne  peuvent  faire  moudre 
»  leurs  grains.  Le  Gonseil,  considérant  qu'il  existe  dans  la 
»  commune  de  SouUans  un  moulin  appelé  le  Moulin-Neuf, 
»  qui  peut  être  mis  en  réquisition,  mais  que  ce  serait  faire 
»  perdre  aux  cultivateurs  un  temps  précieux  que  de  leur  faire 
))  conduire  leurs  blés  au  Moulin-Neuf,  arrête  :  ouï  l'Agent 
»)  national,  qu'il  sera  sur-le-champ  éciit  au  citoyen  Daumas, 
»>  garde-magasin  de  celte  place,  pour  l'inviter  à  laisser  pour 
»  les  particuliers  de  Goudrie  et  autres  le  moulin  des  Echar- 
rt  naux,  afin  qu'ils  puissent  y  conduire  leurs  grains  pour  les 
»  faire  moudre  et  à  mettre  en  réquisition  le  Moulin-Neuf, 
»  situé  dans  la  commune  de  SouUans,  en  remplacement  de 
»  celui  qu'il  abandonnerait  pour  les  habitants  de  Goudrie  et 
')  autres.  »> 

L'adjudant  général  Guérin  avait  remplacé  le  général 
Boussard  au  commandement  du  camp  du  Ligneron.  Manquant 
de  guides  j,)Our  son  armée,  il  en  demanda  à  l'Administration 
du  district,  qui  s'empressa  de  mettre  à  sa  disposition  les 
citoyens  Bouquard,  Mercier  et  Lambert,  dont  le  patriotisme 
et  les  connaissances  locales  étaient  certains. 

Le  27  fructidor  «  T Administration  instruite  par  une  pièce 
»)  aullienlique  déposée  sur  le  bureau,  que  le  garde-magasin 
»  des  vivres,  à  Machecoul,  se  permet  de  donner  des  somma- 


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L^: J 


--145- 

»  lions  et  des  réquisitions  en  blés  aux  communes  de  ce 
»  dislricl  et  notamment  à  celle  de  Bois-de-Céné,  le  Conseil, 
fl  considérant  que  le  département  de  la  Vendée  est  déjà 
»  frappé  de  très  fortes  réquisitions  ;  que  ce  district  a,  comme 
»  les  autres  de  la  République,  son  contingent  à  fournir  ;  que 
»  si  ces  réquisitions  arbitraires  ont  lieu,  il  sera  impossible 
»  aux  différentes  municipalités  de  fournir  leur  contingent  ; 
»  que  d'ailleurs  ce  n'est  point  au  garde-magasin  à  envoyer 
»  des  réquisitions  aux  particuliers,  qui  ne  sont  point  de 
»  Tarrondissement  du  dislricl  où  il  est  employé  ;  qu'il  devait 
«  s'adresser  à  l'Administration  de  Machecoul  pour  ses  provi- 

*  sions,  et  au  cas  où  cette  Administration  ne  pût  le  salisfaire, 
«  s'adresser  à  l'Administration  de  ce  district,  qui  lui-ménae 
»  aurait  donné  des  réquisitions  k  ses  administrés  ; 

rt  Considérant  enfin  qu'il  est  temps  que  ces  enlèvements 
«  arbitraires  aient  une  fin  et  que  les  moyens  indiqués  par 
»  la  loi  sont  les  seuls  qui  doivent  êlre  employés   par   des 

*  républicains,  qui  en  sont  les  amis,  arrête  :  ouï  l'Agent 
»  national,  qu'il  sera  écrit  de   suite  au  garde-magasin  des 

*  vivres  de  Machecoul,  pour  l'inviter  expressément  à  cesser 
»  toute  réquisition  dans  les  communes  de  l'arrondissement 
»  de  ce  district  et  k  employer  les  moyens  prescrits  par  la 
n  loi,  dans  le  cas  où  l'Administration  de  Machecoul  ne  pour- 
»  rait  lui  fournir  les  grains  nécessaires  au  service  de  la 
»  place  et  qu'il  fût  obligé  d'en  requérir  de  cette  Admi- 
9  nislralion.  » 

Au  28  fructidor,  le  nombre  des  commis  employés  par 
rAdminislration  du  district  était  de  sept.  C'étaient  les  sieurs 
Febvre,  Cormier,  Moizeau,  Grolleau,  Renaudineau,  Lansier 
et  Valteau.  Leurs  traitements  étaient,  pour  le  premier,  de 
1,000 livres;  le  second  et  le  troisième,  de  900;  les  quatrième, 
cinquième  et  sixième,  de  800  ;  le  septième,  de  800. 

Les  assignats  continuaient  à  avoir  cours  forcé ,  mais  ils 

10 


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--  146- 

étaienl  fort  dépréciés,  et  beaucoup  de  citoyens  refusaient  de 
les  recevoir  en  paiement.  Des  dénonciations  avaient  été  faites 
au  Conseil  contre  des  habitants  de  la  Garnache  qui  vendaient 
leurs  denrées  à  des  prix  doubles  en  assignats  qu'en  numé- 
raire. Le  Conseil  «  arrêtait  qu'il  serait  écrit  au  juge  de  paix 
»  du  canton  de  la  Garnache  pour  le  requérir  de  se  faire 
»  remettre  les  dénonciations  que  l'Administration  avait 
»  remises  à  la  municipalité  de  la  Garnache  ;  de  Taire  de 
»  nouvelles  informations  sur  les  coupables,  qui  sont  en  grand 
»  nombre;  de  faire  arrêter  et  traduire  sans  délai  les  prévenus 
»  devant  le  directeur  du  jury,  suivant  Tarticle  8  de  la  loi 
j»  du  5  septembre,  et  de  faire  part  k  l'Administration,  sous 
»  trois  jours,  des  diligences  qu'il  aura  faites  à  cet  égard. 

»  Arrête,  en  outre,  qu'il  sera  écrit  à  la  municipalité  de  la 
o  Garnache  pour  lui  faire  part  de  la  mesure  qui  a  nécessité 
0  son  insouciance  à  réprimer  un  abus  aussi  nuisible  à  la 
n  chose  publique  et  aux  administrés  de  ce  district,  et  la 
n  requiert  de  transmettre,  dans  le  jour,  les  dénonciations 
»  que  l'Administration  lui  a  remises,  au  juge  de  paix  de  la 
»  commune,  l'avertissant  qu'on  va  instruire  le  représentant 
»  du  peuple  et  le  Comité  de  Salut  public  de  sa  négligence  à 
ù  faire  exécuter  les  lois,  dont  le  défaut  est  essentiellement 
D  nuisible  à  la  chose  publique  et  aux  intérêts  des  administrés 
»  de  ce  district  que  l'Administration  ne  peut  regarder  avec 
»  indifférence.  *> 

Nous  voici  arrivés  au  2  vendémiaire  de  l'an  III.  L'armée, 
campée  à  Challans,  était  alors  sur  le  point  de  manquer 
complètement  de  vivres.  Le  calme  de  l'atmosphère,  qui 
contrastait  avec  l'état  des  esprits,  empêchait  les  moulins  de 
tourner  et  la  farine  était  devenue  d'une  rareté  excessive.  Le 
général  Boussard  se  présenta  au  sein  du  Directoire  et  déclara 
que,  pour  parer  à  une  éventualité  menaçante,  il  allait  être 
forcé  d'évacuer  le  poste  important  qu'il  occupait,  pour  se 


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porter  dans  une  localité  où  il  pourrait  trouver  des  vivres 
pour  ses  soldats.  L'Administration  du  Directoire  prenant  en 
coDsidéralion  cet  état  de  choses,  instruite  d'ailleurs  qu'à 
Port-Fidèle  (Saint-Gilles)  et  au  Ilàvre-de-Vie  (Groix-de-Vie), 
il  se  trouve  des  farines,  les  moulins  en  raison  de  leur  proxi- 
mité de  la  mer  étant  plus  favorisés  par  le  vent  que  ceux 
de  Challans,  arrête  qu'un  commissaire  sera  chargé  de  se 
Iransporler  à  Pori-Fidèle  et  dans  les  communes  environnantes 
pour  en  enlever,  en  les  payant  sur  le  champ,  toutes  les 
farines  qui  ne  seront  pas  absolument  indispensables  îi  la 
consommation  de  la  garnison  et  des  habitants  ;  à  cet  effet 
d'avoir  recours  au  besoin  à  la  force  armée  et,  dans  le  cas 
d'insuffisance,  de  s'adresser  aux  Sables. 

Merlet  fut  chargé  de  cette  mission  prise  le  2  vendémiaire. 
Le  lendemain,  il  en  rendit  compte.  Arrivé  à  minuit  k  Port- 
Fidèle,  il  se  transporta  aussitôt  chez  le  garde-magasin  et  lui 
exposa  l'objet  de  sa  visite.  Celui-ci  se  récria,  affirmant  qu'en 
fait  de  farines,  il  n'avait  guère  que  le  nécessaire.  Merlet 
déclara  qu'il  voulait  s'assurer  de  l'état  des  choses  et  que, 
lorsque  la  troupe,  à  Challans,  était  réduite  à  la  demie  et 
mime  au  quart  de  la  ration,  il  fallait  qu'on  lui  vînt  en  aide.  La 
visile  des  magasins  le  convainquit  qu'une  assez  grande  quantité 
de  farines  pouvait  en  être  distraite,  sans  un  grand  préjudice 
pour  la  garnison  et  la  population  de  Porl-Fidèle.  Après  une 
discussion  avec  le  garde-magasin  sur  la  quantité  disponible, 
il  le  requit  deux  fois,  au  nom  de  la  loi,  de  lui  faire  délivrer 
160  quintaux  et,  immédiatement,  des  voitures,  à  la  destination 
de  Challans,  lesquelles  voitures  en  furent  chargées.  11  n'avait 
pu  faire  pareille  réquisition  chez  les  particuliers,  qui  n'avaient 
pas  tous  le  strict  nécessaire.  La  conduite  de  Merlet  fut 
lîaolement  approuvée  par  le  Directoire. 

Ce  n'était  pas  tout  que  de  fournir  du  pain  aux  soldats.  Un 
arrêté  des  représentants  du  peuple  Guiardeau  et  Dornier  avait 


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—  148  — 

décidé  qu'il  serait  s\ibvenu  aux  besoins  des  réfugiés  qui 
avaient  quitté  leurs  communes  insurgées  pour  se  réfugier  k 
Challans.  L'Administration  voulant  se  conformer  k  cet  arrêté, 
comprenant  que  la  situation  précaire  ou  elle  se  trouvait  lui 
commandait  la  plus  grande  économie,  épura  la  liste  des 
réfugiés,  qui  demandaient  des  secours,  et  n'en  accorda  qu'à 
ceux  qui>e  pouvaient  pas  absolument  s'en  procurer. 

Le  16  vendémiaire,  le  citoyen  Allaire  se  plaint  que  des 
militaires  se  sont  transportés  à  son  domicile  et  se  sont  livrés 
à  des  actes  de  pillage  inqualifiables,  lui  enlevant  ou  brisant 
ses  instruments  aratoires. 

V  Le  Conseil,  prenant  en  considération  la  déclaration  du 
»  citoyen  Allaire  et  considérant  que  l'esprit  de  rapine  et  de 
»  pillage  est  au  point  où  il  n'a  jamais  été;  que  l'habitant  des 
»  campagnes  ne  peut  rien  sauver  ;  qu'au  lieu  de  trouver  des 
»>  protecteurs  dans  les  républicains,  sa  vie  n'est  pas  en 
»  sûreté  ;  qu'une  pareille  conduite  de  la  part  des  militaires 
»)  est  tout  à  fait  opposée  aux  vues  bienfaisantes  des  rcpré- 
»  sentants  du  peuple  et  de  la  Convention  elle-même, 
D  puisqu'elle  ne  tend  qu'à  faire  haïr  les  lois  de  la  Répu- 
»  blique  ; 

»  Arrête,  ouï  l'Agent  national,  que  copie  de  la  déclaration 
»  du  citoyen  Allaire,  cultivateur  de  cette  commune,  sera 
'»  adressée  au  général  Boussard,  pour  l'inviter  h  faire  cesser 
»  ces  plaintes  et  faire  veiller  ces  oppresseurs,  afin  de  les  faire 
»  punir  suivant  la  rigueur  des  lois.  » 

Les  farines  arrivées  de  Port-Fidèle  avaient  été  bien  insuf- 
fisantes pour  alimenter  les  troupes.  Le  garde-magasin  de 
Challans  s'adressa  au  Directoire  pour  avoir  des  grains. 
Celui-ci  frappa  à  toutes  les  portes,  11  donna  l'ordre  d'enlever 
de  la  commune  de  Bois-de-Céné  les  blés  provenant  de  biens 
appartenant  à  la  nation,  entre  autres  ceux  qui  se  trouvaient 
chez  André  Gallais,  demeurant   à  la  Frélière,   même 


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—  149  — 

mmmum,  cultivant  un  bien  appartenant  au  brigand 
Charette,  el  fil  des  réquisitions  provinoiren  en  grains  auprès 
des  municipalités  des  communes  libres  du  district,  montant 
eosemble  ^  10,400  quintaux.  Chaque  municipalité  était 
responsable,  en  ce  qui  la  concernait,  du  retard  qu'elle 
apporterait  dans  Tapprovisionnement  de  la  place  de  Challans. 

Trois  membres  manquaient  pour  compléter  le  bureau  de 
conciliation.  Le  19  vendémiaire,  le  Directoire,  ouï  le  substitut 
»  de  l'Agent  national  (Cormier),  ne  pouvant  remplir  le  vœu 
»  entier  de  la  loi  du  30  messidor,  puisque  la  majorité  des 
•  membres  de  son  Conseil  ont  été  massacrés  par  les  brigands, 
»  que  les  autres  ont  opté,  ayant  deux  fonctions  à  remplir 
»  et  surtout  l'intérêt  de  compléter  le  bureau  de  conciliation, 
»  nomme,  pour  le  même  complément,  les  citoyens  Vigneron, 
j»  Bouvier  jeune  dit  Violièrc  et  Joseph  Gaulreau.  » 

Le  juge  de  paix  avait  quatre  assesseurs  (suppléants)  et 
un  greffier.  Le  !•'  brumaire,  Laurent  Davy,  Joseph- Jean 
Brémaud,  Charles  Rivière  et  Gharlier  furent  nommés  asses- 
seurs du  juge  de  paix  de  Challans.  Vigneron  fut  nommé 
secrétaire-greffier. 

Cormier,  d'abord  simple  membre  du  Conseil  d'adminis- 
tration, fut  nommé  membre  du  Directoire  en  remplacemenl 
de  Jousson,  tué  par  les  Vendéens. 

A  cette  époque,  18  brumaire,  les  assignais  étaient  tombés 
dans  un  grand  discrédit,  mais  ils  avaient  toujours  cours 
forcé.  Aussi  la  municipalité  de  Port-Fidèle  dénonçait-elle  au 
district  un  citoyen  qui  avait  vendu  des  assignats  à  50  Vo  de 
perle.  Le  Directoire  signalait  le  fait  au  juge  de  paix  de  Port- 
Fidèle  pour  qu'il  donnât  suite  Ji  cette  affaire  (<)• 


(*)  Mon  père  m'a  souvent  raconté  Tanecilute  suivante  qui  prouve  quoHe 
valror avaient  les  assignais:  W  élait  ilù  à  ses  parents,  qui  habitaient  Saint- 
Gilles  (Port-Fiil^le),  ano  rente  annuelle  et  perpétuelle  de  5  ou  10  hectolitres 


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-  150- 

Les  enfants  malades  des  familles  dites  patriotes  avaient 
été  recueillis  dans  un  hospice  établi  à  Bois-Fossé  (*).  Mais 
comme  cet  établissement  était  loin  de  la  ville  ;  qu'il  ne 
recevait  pas  tous  les  jours  les  soins  médicaux;  que  les 
denrées,  qui  lui  étaient  indispensables,  le  bois  en  particulier, 
étaient  pillées  par  les  volontaires,  le  Directoire  du  district 
le  fit  transporter  dans  l'enceinte  de  la  ville.  11  lui  affecta 
la  maison  qui  avait  servi  au  presbytère. 

Des  démêlés  très  vifs  avaient  éclaté  entre  l'Administra- 
tion du  Directoire  et  le  citoyen  Savin,  ancien  officier  de 
santé,  puis  juge  au  Tribunal  du  district  de  Gballans.  Ces 
démêlés  s'étaient  manifestés  en  propos  et  en  écrits  d'une 
extrême  violence.  L'affaire  fut  portée  par  le  Directoire  devant 
le  Comité  de  Salut  public  et  les  représentants  en  mission 
près  les  armées  de  l'ouest.  Plus  lard  (1^^  prairial  an  111)  à 
un  pamphlet  dirigé  contre  eux,  les  administrateurs  firent 
une  réponse  victorieuse  (2). 

Ce  n'était  pas  tout  que  de  pourvoir  aux  besoins    des 

de  blé,  je  crois.  Celui  qui  devait  cette  rente,  en  apportant  son  blé,  mani- 
festa sa  volonté  de  racheter  la  rente.  Or,  il  se  trouva  que,  par  erreur,  il 
avait  apporté  un  hectolitre  ou  peut-être  môme  un  demi-heclolil'-e  de  plus 
qu  il  ne  devait.  Mes  grands  parents  lui  proposèrent  de  leur  laisser  cet 
hectolitre  ou  ce  dcmi-hecloliire  moyennant  quoi  ils  considéreraient  la  rente 
comme  rachetée.  Il  refusa,  déclarant  vouloir  racheter  sa  renie  en  assignats; 
ce  qu  il  fit. 

Ce  fut  sans  doute  à  la  mémo  époque,  à  cette  époque  où  la  délation  était  à 
Tordre  du  jour,  que  mon  grand-père,  qui  habitait  Saint-Gilles,  fut  dénoncé 
parce  qu'il  avait  des  lys  dans  son  jardin.  Il  ne  put  éviter  une  poursuite  qu'en 
faisant  Valoir  quMI  était  médecin  et  que  le  lys  est  employé  dans  certaines 
préparations  médicinales.  J.  H. 

(*)  Le  service  de  rh6pital  de  Bois-Fossé  était  alors  fait  par  M.  Lc- 
tenneur,  officier  de  santé  à  Chalians,  grand- père  du  Dr  Lctenneur,  mort 
il  y  a  quelques  années  et  dont  Nantes  gardera  toujours  la  mémoire.  C'était 
aussi  fariierc-grand-pèrc  de  l'excellent  Dr  Viaud-Grand-Marais,  si  apprécié 
dans  notre  ville  et  si  connu  surtout  par  la  classe  nécessiteuse.  J.  M. 

(')  11  s'agit  ici  de  ce  mémoire  dont  j'ai  plusieurs  fois  parlé  dans  mes 


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limites  el  des  habitanls.  Le  Comité  de  Salut  public,  le 
8  frimaire ,  requérait  6,000  quintaux  de  fôves  pour  le 
dislrict  de  Libourae. 

Pendant  ce  temps-là,  les  particuliers  de  Challans  man- 
quaient de  blé  ;  l'Administration  du  district  était  contrainte 
de  requérir  des  municipalités  qui,  elles-mêmes,  el  cela 
.arbitrairement,  mettaient  en  réquisition  les  particuliers  de 
eur  commune,  la  quantité  de  blé  qui  était  nécessaire  pour 
approvisionner  un  marché  qu'elle  venait  de  créer. 

Le  9  frimaire,  deux  cultivateurs  de  Chàtcauneuf  se  présen- 
tèrent au  sein  de  l'Administration  du  district  et  exposèrent 
que,  pour  obéir  à  la  réquisition  qui  leur  avait  été  adressée, 
ils  conduisaient  du  foin  à  Challans,  quand,  passant  sur  la 
route  de  Beauvoir,  des  volontaires  se  jetèrent  sur  leurs 
charrelles  iK)ur  en  enlever  le  foin.  Afin  de  se  sauver  de 
ce  pillage,  ils  furent  contraints  d'aiguillonner  leurs  bœufs 
el  de  les  mettre  au  galop.  Mais  arrivés  à  Pont-Abert,  des 
soldats  du  74*  régiment  et  des  volontaires  les  assaillirent 
de  nouveau  et  leur  enlevèrent  une  grande  quantité  de  foin. 

L'Administration,  pour  réprimer  de  pareils  abus,  dont 
Feffct  était  de  rendre  toute  réquisition  impossible,  arrêta  qu'il 
en  serait  donné  avis  au  général  Roussard  et  aux  représen- 
lanis  du  peuple  près  les  armées  de  l'ouest. 

Au  21  frimaire  de  la  même  année  an  111,  nouvelles 
vexations  et  nouvelles  réclamations  : 

Dates  et  qoi  contient  de  nombreuses  pièces  et  documents  si  curieux,  si 
honorables  pour  les  membres  du  district  de  Challans  et  qui  établissent 
d'une  manière  irr<^futable,  avec  quel  dévouement  el  quel  courage  les  Admi- 
nistrateurs du  district  défendirent  les  intérêts  et  la  vie  même  de  leurs 
concitoyens,  ne  craij^nant  pas  de  tenir  tète  à  Taulorité  militaire  et  n'hésitant 
pas  à  dénoncer  les  pillages  et  les  actes  abominables  dont  les  troupes  du 
Gouvernement  se  rendaient  coupables.  Pour  avoir  du  reste  plus  do  détails 
sur  cette  partie  de  riiistoire  du  district  do  Challans,  voir  Gaudin,  Biographies 
veniéennes,  par  C.  Merland,  lome  II,  page  351.  J.  M. 


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—  153i  — 

«  Le  Directoire,  instruit  des  vexations  que  la  troupe  de 
»  Soullans  a  commises  dans  cette  commune  k  son  arrivée, 
»  instruit  également  de  la  manière  indécente  avec  laquelle 
»  elle  s'est  comportée  vis-à-vis  d'un  officier  municipal,  en 
»  enlevant  de  sa  chambre  municipale  tout  ce  qui  s'y  irou- 
»  vait,  instruit  pareillement  de  la  difficulté  que  la  munici- 
»  palilé  a  de  pouvoir  procurer  à  la  troupe  le  bois  qui  lui 
»  est  nécessaire  manquant  d'ouvriers  et  d'outils  pour  en 
»  faire  couper; 

»  Arrête,  ouï  le  substitut  de  l'Agent  national  :  l'Agent 
»  national  de  ce  district  se  transportera  de  suite  à  Soullans; 
»  il  prendra  les  mesures  convenables  pour  faire  rendre  tous 
»  les  objets  enlevés  de  la  municipalité,  principalement  les 
»  registres.  A  cet  effet,  il  se  retirera  devant  le  comman- 
»  dant  de  la  garnison,  pour  que  les  différents  objets  soient 
»  rendus  ;  il  prendra  également  avec  le  commissaire  muni- 
»  cipal  et  le  commandant  toutes  les  mesures  nécessaires 
»  pour  faire  procurer  de  suite  à  la  troupe  le  bois  qui  lui 
»  revient  pour  ses  besoins  ;  ils  se  concerteront  ensemble 
»  pour  pouvoir  trouver  dans  la  garnison  des  hommes  de 
»  corvée  et  des  outils  pour  que  le  service  n'éprouve  aucun 
»  relard  et  pour  que  les  propriétés  privées  et  nationales 
»  ne  soient  pas  continuellement  dévastées  ;  enfin  il  fera  avec 
»  la  municipalité  de  Soullans  tout  ce  que  le  bien  de  la 
»  chose  peut  exiger.  » 

Et  le  22  frimaire  «  lecture  est  donnée  d'une  lettre  du 
»  citoyen  Merland,  maire  de  la  commune  de  Saint-Gilles, 
«  en  date  du  17  de  ce  mois,  par  laquelle  il  donne  connais- 
»  sance  qu'un  délachement  sorti  du  Perrier,  une  de  ces 
»  dernières  nuits,  fut  chez  les  citoyens  Gaiveau  et  Gaillou  («), 
o  métayers    de     sa    belle-mère,    demeurant  au   quartier 

(*)  Ou  Oaillon.  Le  nom  csl  assez  mal  écrit.  J.  N. 


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—  153  — 

•  d'Orouel,  commune  de  Saint-Jean-de-Monts  el  y  exerça 
»  le  pillage  le  plus  affreux,  enleva  leur  pain,  leur  viande, 

.«leur   beurre    et  brisa    leurs  portes;  que  les   vexations 

»  furent  accompagnées  des  menaces  les  plus  effrayantes  ; 

»  que  les  voisins  de  ces  cultivateurs  ont  également  souffert 

»  de  ces  militaires. 

»  Lecture    pareillement  faite  d'une    lettre   des  officiers 

•  municipaux  de  Rois-de-Géné,  de  ce  môme  jour  17,  tendant 
»  à  inviter  l'Administration  à  prendre  les  mesures  les  plus 
»  propres  à  empi^cher  les  détachements  qui  sortirent  de 
»  cette  cité,  pour  aller,  dans  leur  commune,  prendre  le 
»  pain  des  particuliers,  ajoulant  que  la  dernière  fois  qu'ils 
9  y  sont  allés,  ils  ont  réduit  des  ménages  à  vivre  plusieui^s 
»  jours  de  bouillie  de  son  trempé. 

»  Le  Directoire,  délibérant  sur  le  tout,  arrête,  ouï  l'Agent 
i>  national, 

»  Que  copie  de  la  lettre  du  citoyen  Merland,  maire  de 
»  Saint-Gilles,  ainsi  que  copie  par  extrait,  de  la  lettre  des 
»  officiers  municipaux  de  Rois-de-Géné,  seront  envoyées  au 
«  général  Boussard,  pour  qu'il  prenne  des  mesures  pour 
0  empêcher  de  telles  dilapidations  à  l'avenir  (i).  » 

Deux  jours  après,  le  24  frimaire,  le  Directeur  de  l'enre- 
gistrement et  des  domaines  ayant  consulté  le  Directoire  sur 
l'opportunité  de  reconstruire  les  maisons  incendiées,  le  Direc- 
toire lui  faisait  la  réponse  suivante  : 

«  Le  Directoire,  considérant  que  par  suite   de  la  guerre 

(*)  M.  Morland,  maire  de  Saint-Gilics,  qui  réclamait  alors  au  nom  de  sa 
b(*llc-mèrc,  la  veuve  Raffin,  était  mon  grand-père  paternel.  Les  fermes 
situées  au  quartier  d'Orouet,  dont  les  cultivateurs  avaient  été  dévalisés, 
sont  les  fermes  de  Beauséjour,  du  Nauroy  cl  de  la  Poiliôre,  qui  appar- 
lionnenl  aujourd  hui,  la  première,  h  mon  oncle,  M.  Aman  Morland,  demeu- 
raol  à  la  Rodie  sur-Yon,  la  seconde,  à  mon  cousin,  M.  le  docteur  Petiteau, 
des  SabIcs-d'Olonnc  et  la  troisième  à  moi-même.  J.  H. 


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-154- 

n  civile  qui  dure  dans  ce  district  depuis  près  de  deux  ans, 
»  les  deux  tiers  des  habitations,  tant  nationales  que  parti- 
»  culières,  ont  été  incendiées  ou  démolies  ;  que  des  comniu- 
0  nés  entières  ont  été  livrées  aux  flammes  ;  qu'une  ruine 
»  certaine  et  inévitable  est  le  sort  destiné  l\  ce  fertile  pays 
»  si,  par  de  grandes  mesures  et  dont  la  République  seule 
n  est  capable,  on  ne  se  bâte  de  réparer  promptement  des 
»  habitations  pour  les  colons,  sans  lesquels  il  ne  peut  exister 
0  ni  agriculture,  ni  bestiaux,  ni  récoltes  ;  au  contraire,  que 
»  laissant  ce  soin  à  des  fortunes  particulières,  toutes  anéan- 
o  tics  par  la  flamme,  renlèvemenl  des  bestiaux,  bêles  à 
»  laine  et  chevaux,  le  pillage  et  la  dévastation,  il  en  est  fait, 
»  pendant  plus  d'un  siècle,  de  ces  contrées,  autrefois  les 
»>  greniers  de  Nantes,  Bordeaux  et  autres  communes  de  la 
I»  République  et  qui  leur  fournissaient  des  bestiaux  pour  la 
»  boucherie,  surtout  pour  Paris  et  Nantes  ; 

»  Considérant  également  que  le  cultivateur  qui  a  tout 
»  perdu,  ses  bestiaux  enlevés  par  la  force  armée,  ses  meubles 
»  dévorés  par  les  flammes,  ainsi  que  ses  vêtements  et  son 
»  linge,  qui  n'a  sauvé  que  celui  qu'il  se  trouvait  avoir  à  se 
»  couvrir,  lorsqu'il  fallut  quitter  ses  foyers  et  fuir  se  cacher 
»  dans  les  forêts  pour  sauver  sa  vie,  celle  de  sa  femme  et 
«  de  SfS  infortunés  enfants,  que  des  soldats  furieux  égor- 
»  geaient,  en  exécutant  les  ordres  barbares  de  généraux  dont 
»  la  mémoire  est  eu  exécration,  n'a  plus  le  moyen  de  bâtir 
»  des  cabanes  pour  se  mettre  à  couvert  des  intempéries  des 
M  saisons,  sa  famille,  ses  bestiaux,  ses  récolles  ;  qu'ainsi  il 
»  est  impossible  que  l'on  puisse  trouver  à  affermer  ou  h  vendre 
M  partiellement  ou  en  totalité  les  propriétés  nationales  de  ce 
0  district  ou  que  ce  ne  pourra  être  qu'à  un  vil  prix  et 
»  encore  pour  une  1res  petite  parlie  ; 

»)  Considérant  encore  que  s'il  reste  à  quelques  cultivateurs 
M  un  peu  de  faculté,  ils  l'emploieront  à  se  procurer  quelques 


t 


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-  155- 

»  bestiaux  pour  les  aider  dans  leurs  travaux  ;  qu'alors  tous 
»  leurs  moyens  épuisés  par  tant  de  revei's,  ils  ne  pourraient  se 
i>  bâtir  que  des  cabanes  qui,  par  leur  insufiRsance  et  leur 
«  insalubrité,  deviendraient  bientôt  leur  tombeau,  celui  de 
»  leur  famille  et  de  leurs  bestiaux  et  la  perte  inévitable  de 
»  leui^s  récoltes  avec  d'autant  plus  de  raison  que  l'expérience 
»  avait  appris  que  les  anciennes  habitations  agricoles,  quoi- 
»  que  plus  commodes  que  celles  que  l'on  propose  de  bâtir, 
»  étaient  loin  de  réunir  la  commodité  et  la  salubrité,  que 
»  les  amis  des  utiles  habitants  des  campagnes  auraient  désiré 
«  qu'elles  eussent  ;  de  là  sans  doute  ces  sources  fécondes 
0  d'épidémies,  qui  enlevaient  tant  de  bras  à  l'agriculture  et 
p  en  même  temps  tant  de  bestiaux  ;  que  ces  malheurs 
»  deviendraient  encore  bien  plus  fréquents  et  plus  grands  si 
»  les  cultivateurs  de  ce  district,  dont  le  territoire  est  géné- 
»  ralemenl  humide,  étaient  réduits  à  n'habiter  que  des 
*>  cabanes  construites  par  les  mains  de  l'indigence  et  avec 
»  parcimonie...  « 

(L'exposé  des  motifs  est  à  peu  près  le  même  en  ce  qui 
concerne  l'intérêt  pour  la  République  de  reconstruire  les 
maisons  des  biens  nationaux.) 

«  Considérant  enfin  que  la  saine  politique  demande  que 
»  les  habitations  des  cultivateurs  soient  promptcment  rétablies 
»  afin  que  l'état  d'indigence,  de  dénuement  de  toutes  les 
»  choses  nécessaires  l\  la  vie,  où  ils  se  trouvent  ne  les 
»  réduisent  au  désespoir  et  ne  les  déterminent  à  continuer  le 
»  brigandage,  qui  désole  depuis  si  longtemps  ces  contrées  et 
n  ne  les  portent  h  tous  les  crimes  qui  en  sont  la  suite  ; 

o  Ouï  l'Agent  national,  est  d'avis  qu'il  est  plus  avantageux 
»  i\  la  Nation  de  rétablir  les  habitations  incendiées  de  ses 
»  propriétés    agricoles   que    d'obliger    les    fermiers    à    se 

construire  des  cabanes  en   diminulion  de   leur  prix  de 

ferme  ;  que  l'humanité,  le  bonheur  et  même  l'existence  de 


0 


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—  156  — 

»  la  population  actuelle  et  l'espérance  de  la  génération  future 
»)  lui  en  font  un  devoir  ;  que,  sans  celte  mesure,  il  est  plus 
D  que  probable  que  ses  colons  abandonneraient  ses  propriétés 
«  pour  aller  cultiver  les  propriétés  particulières  que  rhuraa- 
»  nité  et  même  l'intérêt  auront  promptement  rétablies, 
»)  lorsque  la  Convention  aura  procuré  aux  citoyens  l'indem- 
*>  nité  que  la  loi  a  promise  k  ceux  qui  ont  éprouvé  des  pertes; 

«  Arrête  aussi  que  copie  du  présent  arrêté  sera  adressée 
»  lant  au  déparlement  de  la  Vendée  qu'au  Directeur  de 
»  l'agent  national  de  l'enregistrement  et  des  domaines,  au 
»  Comité  d'agriculture  et  des  arts  de  la  Convention,  aux 
M  agents  nationaux  de  l'enregistrement  et  des  domaines  k 
»  Paris,  au  Comité  de  Salul  public  de  la  Convention.  » 

Le  garde-magasin  de  Machecoul  enlevait,  avec  l'aide  de 
la  force  armée,  les  foins  des  parliculiers  des  communes  de 
Bois-de-Céné  et  de  Châleauncuf.  Ces  deux  communes  étant 
déjà  requises  de  fournir  h  la  place  de  Challans,  la  première 
cent  milliers,  el  la  seconde  soixante  milliers  de  foin,  le 
Directoire  dénonça  la  conduite  du  garde-magasin  de  Mache- 
coul h  l'Inspecteur  général  des  fourrages  de  l'armée  de  la 
Loire  et  à  la  Commission  du  commerce  et  approvisionnements 
de  la  République. 

Les  roules  n'étaient  pas  sûres  et  il  amvait  souvent  que  les 
cultivateurs,  requis  pour  approvisionner  la  place  de  Challans, 
étaient  allaqués,  faits  prisonniers,  el  que  leurs  attelages  et 
les  denrées  qu'ils  transportaient  tombaient  aux  mains  des 
Vendéens.  Le  27  frimaire,  les  sieurs  Joseph  Bossis,  Louis 
Texier,  François  Bélhuyseau  et  Pierre  Redois  avaient  élé 
emmenés  dans  un  village  inconnu.  Menacés  de  mort,  ils 
s'étaient  enfuis,  moins  Bossis,  qu'ils  croyaient  avoir  succombé 
aux  coups  qui  lui  avaient  élé  portés.  Le  28,  René  Guilbaud 
et  Pierre  Mériau  exposaient  que  le  détachement  qui  les 
accompagnait,  lorsqu'ils  approvisionnaient  de  viandes  la  gar- 


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—  157  — 

nison  d'Apreinonl,  avait  été  attaqué  par  les  Vendéens  et,  en 
grande  partie,  massacré.  Quant  k  eux  faits  prisonniers,  ils 
s'étaient  écliappés  à  graçd'peine,  abandonnant  leurs  l)œufs  et 
leur  charrette  aux  raains  de  Tenneini.  Le  Directoire  accorda 
aux  uns  et  aux  autres  une  indemnité  proportionnelle  aux 
pertes  qu'ils  avaient  faites. 

Le  lendemain,  29  frimaire,  c'était  au  général  Boussard  que 
le  Directoire  s'adressait  pour  lui  signaler  les  pillages  que 
commettaient  ses  soldats  sur  le  domaine  du  Bois-du-Breuil, 
dont  ils  coupaient  les  arbres  et  avaient  démoli  la  maison. 

Dans  les  premiers  jours  de  nivôse,  on  mettait  en  réqui- 
sition tous  les  blés  qui  n'étaient  pas  indispensables  à  l'ali- 
mentation de  leurs  propriétaires  et  tous  les  bestiaux  dont 
pouvait  se  passer  l'agriculture.  Ces  réquisitions  se  faisaient 
souvent  k  main  armée. 

Le  6  pluviôse  an  II,  «  rapport  fait  et  délibérant  sur  une 
»  lettre  écrite  à  cette  Administration  ce  jour,  et  reçue  à  deux 
»  heures  et  demie  de  l'après-midi  par  le  citoyen  Claudel, 

•  capitaine  commandant  le  détachement  qui  se  trouve  depuis 
»  plusieurs  jours  cantonné  dans  la  commune  de  Bois-de- 
»  Céné,  située  dans  ce  district,  par  laquelle  il  parait  que  le 
»  premier  de  ce  mois,  ayant  envoyé  un  détachement  au 
»  village  des  Rallières,  situé  môme  commune,  pour  empé- 

•  cher  l'enlèvement  d'une  gerberie  appartenant  h  la  Répu- 
»  blique,  par  l'absence  du  sieur  Lépinay,  l'officier  à  la  tête 
»  de  ce  détachement  rencontra  dans  ce  village  une  quaran- 
»  taine  de  charrettes  chargées  de  blé,  escortées  par  deux 
»  cents  rebelles  ou  environ,  et  qu'il  n'osa  pas  troubler  ce 

•  convoi  dans  sa  marche  parce  qu'il  était  absolument  défendu 
t  de  tirer  aucun  coup  de  fusil  sur  les  rebelles  ; 

»  Qu'il  paraît  en  outre  que  les  rebelles  doivent  faire  dans 
»  ce  même  canton  un  second  enlèvement  considérable  de 
»  grains,  ayant  déjà  mis  la  plus  grande  partie  des  charrettes 


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-158- 

»  du  pays  en  réquisition  ;  que  par  conséquent  cette  Admi- 
»>  nislration  ne  devait  point  être  surprise  si,  jusqu'à  présent, 
»  la  municipalité  de  Bois-de-Géné  ne  pouvait  remplir  la 
»  réquisition  en  grains  dont  celte  commune  se  trouvait 
»  frappée. 

»  Rappwl  pareillement  fait  d'une  lettre  écrite  à  celte 
»  Administration  par  la  municipalité  de  Saint-Gervais,  le 
»  l®"^  de  ce  mois,  qui  l'instruit  de  ces  enlèvements  de  grains 
«  et  de  la  triste  perspective  des  habitants  du  pays  de  mourir 
»  de  faim,  si  de  pareilles  incursions  continuent. 

»  De  la  lettre  écrite  par  celte  Administration  le  mêtt>e  jour 
»  au  citoyen  Cbadeau,  adjudant  général  et  commandant 
»  l'armée  cantonnée  h  Challans  et  les  postes  environnants, 
»  par  laquelle  elle  s'instruit  des  passages  de  ce  convoi  consî- 
»  dérable  en  grains,  escorté  par  les  rebelles,  par  la  commune 
»  de  la  Garnachc,  distante  de  Challans  d'une  lieue  et  oii  il 
»  y  a  des  troupes  cantonnées. 

»  Rapport  aussi  fait  de  l'envoi  de  ces  deux  pièces  aux 
I)  représentants  du  peuple  près  l'armée  de  l'Ouest,  actuelle- 
»  ment  à  Nantes,  en  date  aussi  du  1"  de  ce  mois,  où  on  les 
»  instruit  que  les  blés  que  les  rebelles  viennent  ainsi  enlever 
»  sous  nos  yeux,  surtout  de  différentes  communes  qui,  étant 
»  regardées  depuis  longtemps  comme  libres,  et  où  il  y  a 
»  des  troupes  canloonées,  avaient  été  frappées  de  réquisitions 
»  en  grains  à  différentes  fois  pour  les  besoins  de  l'armée,  et 
w  le  sont  encore  de  nouveau,  relativement  à  une  réquisition 
»>  de  2,400  quintaux  faite  par  les  représentants  du  peuple  le 
»  14  nivôse  dernier. 

»  Le  Directoire,  considérant  que  depuis  la  récolte  les 
»)  rebelles  n'ont  cessé  d'enlever  les  grains  dans  une  grande 
»  partie  des  communes  de  ce  district,  que  l'on  pouvait 
»  regarder  comme  libres,  autant  que  les  circonstances  pou- 
»  valent  le  permettre  ;  que,  malgré  ces  enlèvements,  on  a 


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—  159- 

»  encore  Mré  de  ces  communes  de  très  grandes  ressources 
»  pour  les  besoins  des  troupes  cantonnées  dans  ce  district  ; 
»  que,  sans  les  secours  que  ces  communes  ont  fournis,  il 
»  n'eût  pas  été  possible  de  satisfaire  aux  demandes  des  divers 
»  gardes-magasins  militaires  de  l'armée  ; 

»  Considérant  que,  malgré  l'amnistie  accordée  aux  rebelles, 
»  ils  cherchent  par  les  enlèvmients  continuels,  qu'ils  font 
»  de  subsistances  en  tout  genre,  qui  se  trouvent  dans  diverses 
»  communes,  qui  depuis  longtemps  ne  sont  plus  k  leur. pou- 
»  voir,  par  la  rentrée  presque  générale  des  cultivateurs,  à 
»  mettre  la  famine  dans  le  pays  et  à  empêcher  l'approvi- 
»  sionnement  des  armées  ; 

»  Considérant  que,  si  de  pareils  enlèvements  durent  encore 

•  dans  ces  communes,  placées  en  arrière  des  troupes  can- 
»  tonnées,  il  est  impossible  que  l'habitant  des  campagnes 
»  puisse  avoir  la  subsistance  assurée  et  qu'il  puisse  fournir 
»  aux  réquisitions  journalières  qui  lui  sont  faites  ; 

•  Considérant  que,  de  notre  côté,  nous  ne  pouvons  faire 
»  rentrer  dans  les  magasins  militaires  les  blés  requis  dans 

•  des  communes,  d'oii  sortent  nos  principales  ressources, 
»  puisque  les  rebelles  les  enlèvent  sans  cesse  ;  que  le  culti- 
»  valeur  ne  peut  môme  sauver  son  pain  de  la  rapacité  de 

•  ces  insurgés  ;  que,  de  là,  il  en  résulte  dans  le  pays  une 
»  très  grande  pénurie  de  subsistances,  qui  devient  des  plus 
»  affligeantes  pour  les  habitants  et  les  grands  besoins  de 
»  l'armée  ; 

»  Arrête,  ouï  l'Agent  national,  qu'expédition  de  la  lettre 
»  de  la  municipahté  de  Saint-Gervais  écrite  à  celle  Admi- 
»  nislralion,  de  celle  de  celle  Administration  à  l'adjudant 
»  général  Chadeau,  de  celle  du  commandant  de  la  force 
»  armée  à  Bois-de-Géné,  de  celle  enfin  écrite  aux  représen- 
»  lanis  du  peuple  à  Nantes,  le  tout  en  date  des  1"  et  3  de 

•  ce  mois,  ensemble  expédition  de  la  présente  délibération, 


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»  seront  envoyées  au  Gorailé  de  Salut  public  de  la  Convention 
»>  nationale  et  au  Général  en  chef  de  l'armée  de  TOuest  ;  que, 
»  pareillement,  expédition  de  ladite  délibération  sera  envoyée 
»  aux  représentants  du  peuple  près  l'armée  de  l'Ouest,  afin 
«  de  leur  faire  connaître  la  triste  position  de  ce  dislrict  et 
I)  d'aviser  dans  leur  sagesse  aux  moyens  à  prendre  pour  que 
»  de  semblables  enlèvements  de  grains  de  la  part  des  rebelles 
rt  cessent  promptement.  » 

En  môme  temps,  il  fallait  embarquer  les  6,000  quintaux 
de  fèves  k  l'adresse  de  Libourne  et  pourvoir  aux  besoins  des 
garnisons  du  district,  par  de  nouvelles  réquisitions,  pour 
l'exécution  desquelles  le  Directoire  était  obligé  le  plus  souvent 
de  recourir  à  la  force  armée.  Bourdin  était  nommé  commis- 
saire pour  faire  exécuter  les  réquisitions  de  blé  à  Saint- 
Gçrvais  et  à  Beauvoir  et  la  municipalité  de  Saint-Gilles  était 
invitée  h  faire  tous  ses  efforts  pour  se  procurer  les  vivres 
qui  lui  étaient  nécessaires,  le  Directoire  étant  dans  l'impossibilité 
de  venir  k  son  secours.  Le  citoyen  Cretez  élail  aussi  nommé 
pour  l'approvisionnement  des  subsistances  militaires  k  Apre- 
mont  ;  enfin,  les  journaliers  menacés  de  mourir  de  faim, 
ceux  de  Sallertaine  parliculièremenl,  puisque  les  cultivaleui-s 
ne  demandaient  pas  moins  de  72  fr.  de  l'hectolitre  de  blé, 
venaient  crier  famine  ;  le  Directoire  aux  abois  s'adressait 
aux  représentants  du  peuple  Dornier  et  Bézard,  actuellemeot 
k  Ghallans,  «  pour  solliciter  d'eux  un  arrêté  par  lequel  les 
»  municipalités,  où  les  journaliers  ne  peuveul  se  procurer  du 
))  grain,  seraient  autorisées  k  leur  délivrer  des  bons,  pour 
0  prendre  chez  les  différents  possesseurs  de  blé  la  subsistance 
*)  nécessaire  pour  deux  décades  pour  eux  et  leur  famille,  à 
»  la  charge  de  la  part  desdits  journaliers  d'en  payer  le  prix 
a  sur  le  pied  que  les  gardes-magasins  militaires  le  paient^ 
»  ou  si  mieux  n'aiment  lesdits  cultivateurs  et  journaliers 
»  convenir  de  prix  k  prix.  » 


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-^161  — 

Le  26  pluviôse,  trois  coramissaires  élaienl  nommés  pour 
se  transporter  dans  les  communes  de  Notre-Dame-de-Monts, 
le  Perrier  et  Saint-Jean-de-Monts  pour  la  rentrée  des  grains. 
Le  lendemain,  les  sieurs  Moizeau  et  Boucard  étaient  chargés 
de  s'approvisionner  de  grains  dans  la  commune  de  Gom- 
mequiers. 

Le  8  ventôse,  une  mesure  générale  fut  prise  d'envoyer  un 
commissaire  dans  chaque  commune,  assisté  de  la  force 
armée,  pour  se  procurer  du  blé  par  tous  les  moyens  possi- 
bles, la  garnison  de  Ghallans  n'ayant  pas  eu  de  pain  pour 
la  distribulion  de  ce  jour. 

Toutes  les  rigueurs  du  monde  ne  pouvaient  pas  faire 
trouver  du  blé  là  où  il  n'y  en  avait  pas.  Bodet,  un  des  admi- 
Tûstrateurs  du  district,  fut  chargé  de  se  rendre  h  Nantes 
pow  exposer  que  le  marais  seul  était  la  partie  du  district  où 
i  pouvait  s'en  trouver,  mais  qu'étant  occupé  par  les  rebelles 
commandés  par  Dabbays,  on  ne  pouvait  pas  s'y  aventurer 
sans  courir  le  risque  d'être  égorgé  ;  en  conséquence,  il 
demandait  aux  représentants  à  Nantes  de  pourvoir  à  la  sub- 
sistance de  la  garnison  de  Ghallans,  qui  était  devenue  impos- 
sible au  Directoire. 

En  attendant  le  succès  de  cette  démarche,  comme  la  faim 
ne  peut  pas  attendre  longtemps,  Meriand  et  Febvre  étaient 
nommés  commissaires  pour  se  transporter,  accompagnés  de 
la  force  armée,  dans  les  communes  de  Ghâteauneuf,  Saint- 
Gcrvais  et  Beauvoir,  où  l'on  soupçonnait  que  des  blés  pou- 
vaient se  trouver. 

Le  21  ventôse,  le  représentant  du  peuple  Gandin  se  trou- 
vait à  Ghallans.  Dans  la  séance  du  Directoire  du  district 
«  un  membre  a  dit  qu'il  croyait  intéressant  d'observer  au 
»  représentant  du  peuple  Gandin  que  le  chef-lieu  du  district 
B  est  dans  une  position  à  mériter  toute  son  attention  ;  placé 
»  en  avant  des  marais  et  sur  la  grande  route  de  Nantes  aux 

11 


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ê  Sables,  sa  position  semble  exiger  qu'il  soit  mis  dans  un 
i>  état  de  défense  propre  à  rassurer  non  seulement  les 
i»  citoyens  qui  l'habitent,  mais  même  tous  les  bons  citoyens 
»  des  communes  voisines,  puisqu'il  serait  utile  de  trouver  au 
»  besoin  un  lieu  sûr  qui  les  mît  à  couvert  de  la  fureur  des 
»  insurgés  et  qui  pût,  en  même  temps,  leur  servir  de  refuge 
»  dans  le  cas  où  un  ennemi  extérieur  viendrait  à  faire  une 
»  descente  sur  les  côtes  voisines  ;  que,  sans  doute,  on  a  eu 
»  celle  intention  quand  on  a  fait  enceindre  cette  commune  ; 
n  mais  ceux  qui  ont  dirigé  ces  travaux,  également  que  ceux 
»  qui  les  ont  ordonnés,  n'avaient  pas  les  talents  nécessaires 
»  puisque  ces  ouvrages  n'ont  ni  la  direction,  ni  la  perfec- 
»  tion  dont  ils  étaient  susceptibles,  en  sorte  qu'on  dirait  à  les 
»  voir  qu'ils  ont  été  entrepris,  plutôt  pour  être  une  branche 
»  de  commerce,  que  pour  être  utile  à  la  République  qui 
»  faisait  les  frais  ; 

»  Que,  d'après  ces  considérations,  l'Administration  doit 
»  lui  représenter  l'importance  de  cette  place,  tant  pour  la 
»  commune  en  particulier  que  pour  tout  le  district  et  même 
»  pour  la  République  entière,  puisque  ce  pays-ci  fournissait 
»  autrefois  chevaux,  bestiaux  et  blés  pour  les  armées  et  les 
»  principales  communes  de  la  République  ; 

»  Arrête,  ouï  l'Agent  national, 

»  Que  copie  du  présent  arrêté  sera  mise  sous  les  yeux  du 
»  représentant  du  peuple  Gandin  avec  invitation  de  le  pren- 
0  dre  en  considération  et  de  viser  lui-même  pendant  son 
x>  séjour  dans  cette  commune  les  fortifications  dont  il 
»  s'agit.  (0  » 

Le  24  ventôse,  le  sieur  Davy  était  nommé  commissaire 
pour  aller  au  village  du  Payré,  commune  de  Sallertaine,  chez 

(^)  11  ne  m*esl  pas  possible  de  me  figurer  où  pouvaient  se  trouver  àius 
la  commune  de  Ghallans  les  fortifications  dont  il  est  ici  question.     J.  tf* 


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—  1fi3  - 

le  citoyen  Ledain  et  la  veuve  Ledain  qui  avaient  un  tonneau 
de  blé  disponible. 

Le  26,  le  Directoire  se  montrait  très  favorable  à  Thérèse 
Dorion,  ex-religieuse,  demeurant  à  Saint-Gilles,  qui  avait 
adressé  une  pétition  au  représentant  du  peuple  Gandin,  ten- 
dant à  ce  que  la  pension  dont  elle  devait  jouir  lui  fût  restituée 
ff  et  cependant,  vu  le  besoin  de  la  réclamante,  qu'il  lui  soit 
»  provisoirement  payé,  et  ce  à  compter  sur  ce  qui  peut  lui 
»  être  dû  sur  sa  dite  pension,  comme  reliquat,  une  somme 
»  de  1,800  livres,  prise  sur  telle  caisse  qu'il  plaira  au  repré- 
»  sentant  du  peuple  de  fixer.  » 

Tous  les  grains,  faute  de  bras,  n'avaient  pas  été  battus.  Il 
en  restait  encore  quelques-uns  en  gerbe.  Le  représentant  du 
peuple  Gandin  s'entendit  avec  le  Directoire  pour  faire  procé- 
kr  à  l'opération  du  battage  et  l'Administration  nomma  des 
commissaires  à  cet  effet.  En  même  temps,  elle  faisait  procé- 
der aux  réparations  des  moulins,  presque  tous  ayant  été  mis 
bors  d'état  de  service. 

Bien  qu'un  traité  de  pacification  eût  été  signé  entre  les 
chefs  vendéens  et  les  représentants  du  peuple,  le  volcan 
n'était  pas  complètement  éteint.  Le  19  floréal  an  III,  Ghartier, 
juge  de  paix  de  Saint-Jean-àe-Monts,  écrivait  au  Directoire 
[H)ur  lui  signaler  la  conduite  peu  rassurante  que  le  chef  des 
rebelles  Dabbays  continuait  de  tenir  dans  le  marais  avec 
SCS  hommes.  Le  Directoire  arrêtait  que  cette  lettre  serait 
immédiatement  adressée  au  citoyen  Gaudin,  représentant 
du  peuple,  et  envoyée  au  Comité  de  Salut  public  de  la 
Convention. 

Ce  n'est  guère  qu'au  mois  de  floréal  an  III,  que  nous 
voyons  disparaître  les  noms  révolutionnaires  donnés  à  quel- 
ques communes  de  notre  pays.  L'île  de  la  Montagne  rede- 
vient l'ile  de  Noirmoutier  ;  l'île  Maral,  l'île  de  Bouin  ;  Port- 
Fidèle,  Saint-GiUes  ;  Le  Havre-de-Vie,   Groix-de-Vie,  ainsi 


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-164- 

que  de  quelques  autres.  C'esl  aussi  5'  celle  époque  que  le 
litre  d'Agent  national  est  remplacé  par  celui  de  Procureur- 
Syndic. 

La  municipalité  de  Saint-Jean-de-Monls  n'était  pas  en 
arrière  pour  les  démonstrations  patriotiques.  Le  25  floréal  an 
III,  «  à  l'ouverture  de  la  séance  un  membre  donne  lecture 
»  d'un  arrêté  pris,  le  18  floréal,  par  la  municipalité  de 
0  Sainl-Jean-de-Monls,  portant  : 

»  Art.  I.  —  Qu'en  exécution  de  la  loi  qui  prescrit  à  tout 
»  Français  de  porter  la  cocarde  tricolore,  tous  les  habitants 
»  de  cette  commune  seront  tenus  de  s'en  décorer  trois  jours 
»  après  la  publication  du  présent  arrêté. 

»  Art.  II.  —  Que  le  commandant  de  la  garnison  de 
»  Saint-Jean-de-Monts  sera  invité  de  surveiller  et  faire  sur- 
»  veiller  l'exécution  de  l'an.  1"  en  enjoignant  à  tous  ses 
0  postes  d'instruire  les  habitants  entrant  dans  le  bourg  de 
»  se  soumettre  au  présent  arrêté. 

»  Art.  III.  —  Ceux  qui  refuseront  de  se  soumettre  prou- 
»  veront  l'envie  de  préférer  l'obéissance  aux  ennemis  de  nos 
»  lois,  qu'à  elles-mêmes,  seront  regardés  comme  mauvais 
»  citoyens  et  soumis  aux  peines  prescrites  par  la  loi  rendue 
»  à  ce  sujet. 

»  Art.  IV.  —  Copie  du  présent  arrêté  sera  adressée  au 
»  Directoire  du  district  afin  d'obtenir  de  lui  son  autorisation 
»  et  lé  rendre  commun  à  toutes  les  communes  de  son  arron- 
»  dissement. 

»  Le  Directoire,  vu  ledit  arrêté  et  considérant  que  tant 
n  que  la  horde  de  Dabbays  restera  dans  le  marais  et  y  exer- 
»  cera  des  actes  de  brigandage  et  intimidera  par  la  force  les 
»  habitants  paisibles  de  ces  environs,  il  est  presque  impos- 
n  sible  que  les  habitants  du  marais  osent  arborer  la  cocarde 
»  tricolore,  vu  les  risques  qu'ils  pourraient  courir  d'être 
»  massacrés  en  leurs  maisons,  et  que  pour  éviter  de  plus 


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9  grands  abus,  il  est  peut-être  intéressant  de  ne  donner 
|.  >  aucune  suite  à  cet  arrêté, 

»  Ouï  le  Procureur-Syndic,  arrête  : 

I»  Qu'il  sera  écrit  à  la  municipalité  de  Saint-Jean-de- 

Ib  Nonls,  pour  Tinviter  à  ne  donner  aucune  suite  à  son 

1 1  arrêté  du  18  de  ce  mois,  jusqu'à  ce  que  les  habitants  de 

1 1  leur  pays  puissent,  sans  inconvénient  pour  eux,  arborer  ce 

signe  sacré  de  la  liberté  française.  • 

Toutes  les  municipalités  du  district  de  Gballans  ne  se 

j  montraient  pas  di^sées  à  seconder  le  Directoire  du  district  ; 

celle  de  Riez,  entre  autres,  refusait  de  répondre  à  la  demande 

de  bois  qui  lui  était  faite  par  Tofllcier  qui  commandait  les 

troupes  du  cantonnement.  Le  Directoire  manda  devant  lui  le 

âeur  Guilbaud  qui  faisait  les  fonctions  de  maire  et  autorisa 

Tilat-major  du  bataillon  en  casernement  à  Riez,  à  abattre  le 

Jkms  impropre  au  charronnage  dont  il  aurait  besoin  pour  la 

caisson  des  aliments. 

Le  25  floréal,  une  pétition,  adressée  au  représentant  du 
peuple  Gaudin,  fut  renvoyée  au  Directoire  du  district.  Par 
cette  pétition,  le  sieur  Rodard,  de  Sallertaine,  exposait  que, 
se  rendant  de  Saint-Gilles  aux  Sables  avec  des  marchands 
et  escortés  de  deux  gendarmes,  ils  furent  assaillis  près  du 
village  de  la  Sousay  par  cinq  cavaliers  rebelles.  Les  deux 
gendarmes  ayant  pris  la  fuite,  les  Vendéens  s'emparèrent  de 
ses  marchandises  et  de  son  attelage  et  aussi  d'une  somme 
assez  forte  qu'il  portait  sur  lui. 

Le  Directoire,  attendant  qu'il  soit  procédé  par  la  munici- 
palité de  Sallertaine  à  l'estimation  de  la  perte  subie  par 
Bodard,  lui  alloue  provisoirement  comme  indemnité  une 
somme  de  4,890  livres. 

Des  rassemblements  continuaient  à  avoir  lieu  au  Puy- 
Rousseau,  commune  de  la  Garnache.  Le  maire  de  cette  loca- 
lité, le  sieur  Ledain,  informait  le  Directoire  que  ces  attrou- 


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—  166  — 

pemenls  se  livraient  à  toutes  sortes  d'excès  ;  que  ceux  qui 
les  formaient  enlevaient  les  bestiaux  appartenant  à  la  Répu- 
blique ;  qu'il  y  avait  quinze  jours,  une  jeune  fille  nommée 
Baraud,  que  son  patriotisme  leur  rendait  suspecte,  avait  été 
emmenée  ;  qu'on  lui  avait  promis  de  la  renvoyer,  mais  qu'on 
ne  l'avait  pas  fait  et  que  l'on  croyait  qu'elle  avait  été  tuée  : 

«  Le  Directoire,  considérant  que  le  rassemblement  qui  doit 
»  avoir  lieu  au  Puy-Rousseau  n'est  composé  que  de  scélérats, 
»  qui  pillent,  égorgent,  sur  la  route  de  Machecoul,  les  mili- 
»  taires  et  les  particuliers  qui  voyagent  isolément,  et  qui 
»  commettent  dans  les  campagnes  toute  espèce  d'exactions; 

»  Considérant  que  l'arrêté  du  Comité  de  Salut  public  du 
»  9  de  ce  mois  ordonne  de  dissoudre  par  la  force  tout  ras- 
»  semblement  ;  que  cet  arrêté  a  été  publié  dans  les  communes 
»  de  ce  district  ; 

u  Arrête,  ouï  le  Procureur-Syndic, 

»  Qu'il  sera  de  suite  écrit  au  citoyen  Chadeau,  adjudaBi 
I)  général,  actuollement  à  Machecoul,  pour  l'inviter  à  donner 
»  des  ordres  à  la  îorci  armée  cantonnée  à  la  Garnache,  pour 
»  faire  dissoudre  ce  rassemblement  et  à  prendre  toutes  les 
»  précautions  pour  empêcher  la  dilapidation  de  la  Prié  de 
»  Puy-Rousseau,  propriété  nationale  dans  laquelle  les  insur- 
»  gés  mettent  continuellement  leurs  chevaux.  » 

Le  général  Chadeau,  conformément  à  la  demande  gui  lui 
était  faite,  donna  l'ordre  à  l'un  de  ses  officiers  de  s'emparer 
des  individus  qui  résidaient  dans  la  maison  de  Puy-Rousseau. 
Us  furent  arrêtés  au  nombre  de  sept  et  conduits  devant  le 
Directoire,  qui  leur  fit  subir  un  interrogatoire.  Le  commandant 
Goulpaud,  jardinier,  ne  sachant  écrire,  déclara  qu'il  rece- 
vait des  ordres  de  Lccouvreur,  commandant  à  Legé,  et  que 
c'était  sur  son  injonction  qu'il  était  venu  s'établir  a  Puy- 
Rousseau  ;  qu'il  n'avait  point  connaissance  du  traité  de  paci- 
fication et  de  l'arrêté  du  Comité  de  Salut  public  du  12  prai- 


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—  1«7  - 

rial  ao  III.  Ses  chefs  lui  avaient  donné  l'ordre  de  ne  faire 
de  mal  à  personne  et  il  s'y  était  parfaitement  conformé.  Il 
affirme  que  les  attaques  sur  les  grands  chemins  n'étaient  ni 
son  Tait,  ni  celui  de  ses  hommes  ;  qu'il  fallait  s'en  prendre  k 
la  troupe  de  Pajot. 

Les  autres  prisonniers  firent  des  réponses  analogues. 

Le  Directoire  les  renvoya  devant  le  Juge  de  paix  de  la 
Garaache.  En  attendant  que  le  Jury  d'accusation  et  le  Jury 
de  jugement  statuassent  sur  leur  sorl,  ils  furent  incarcérés 
dans  la  maison  d'arrêt  de  Cballans  ;  mais  comme  cette  prison 
élail  peu  sûre,  le  Directoire  les  envoya  dans  celle  des 
Sables. 

A  l'emploi  de  la  force,  le  Directoire  du  district  de  Glial- 
lans  préférait  la  persuasion.  Il  adressa  aux  habitants  du 
fclrict  les  paroles  suivantes  qu^,  sous  la  forme  d'une  circu- 
laire, furent  répandues  à  profusion  dans  toutes  les  communes 
(le  son  ressort  : 

•  Vous  l'avez  vu,  citoyens,  le  traité  de  pacification  de  la 

*  Vendée,  que  nous  avons  fait  passer  aux  municipalités  de 

*  ce  district  ;  il  promettait  le  bonheur  à  notre  malheureux 
«»  pays.  Déjà,  la  majorité  d'entre  nous,  oubliant  ses  maux 

*  passés,  travaillait  à  réparer  les  que  la  guerre 

*  civile  avait  fait  à  sa  fortune. .  Bientôt,  nous  eussions  vu 
»  l'abondance  régner  parmi  nous  ;  tout  semblait  l'annoncer  : 
»  des  bestiaux,  des  chevaux,  du  fer,  de  l'acier,  nous  étaient 
»  promis  et  déjà  ces  derniers  articles  étaient  ou  arrivés  à 
»  Nantes  ou  prêts  d'y  arriver.  Des  outils  aratoires  se  distri- 

*  huaient  chaque  jour  à  cette  administration  ;  d'autres 
»  envoyés  de  Paris  étaient  sur  le  point  d'y  arriver  pour  être 
»  distribués  de  même. 

»  Nous  dirons  plus,  citoyens,  vos  fortunes  n'étaient  pas 
»  seulement  l'objet  de  nos  sollicitudes.  Amis  de  vos  per- 
»  sonnes,  autant  et  plus  que  de  vos  propriétés,  nous  n'avons 


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-168  — 

»  pas  négligé  d'informer  le  Gouvememenl  des  maladies  qui 
»  affectent  les  habitants  de  ce  pays-ci  ;  et  Taccueil  quMl 
x>  avait  fait  k  nos  plaintes  nous  faisait  espérer  qu'il  s'empres- 
»  serait  de  vous  fournir  des  secours.  Nous  en  avons  même 
j)  Tassurance  dans  une  lettre  du  Comité  de  Secours  publics 
j»  reçue  hier  à  cette  Administration. 

»  Mais  tandis  que  nous  nous  livrions  à  la  joie  qu'inspirait 
D  à  tous  les  bons  citoyens  une  paix  si  longtemps  désirée, 
»  nous  avons  eu  la  douleur  d'apprendre  que  des  rassemble- 
»  ments  se  formaient  encore  dans  le  Bocage.  En  vain  les 
w  chefs  vendéens  ont  signé  la  pacification  de  leur  pays, 
»  donàinés  peut-être  par  des  scélérats  déserteurs  et  fainéants, 
»  qui  ne  connaissent  de  bonheur  que  dans  le  trouble  el  le 
»  brigandage,  ils  n'exécutent  point  un  traité  qu'il  devrait 
»  être  dans  leur  cœur  de  mçttre  à  exécution. 

M  Non,  citoyens,  il  n'y  a  pas  sans  doute  un  de  vos  chefs 
»  reconnus  avant  l'insurrection  pour  un  homme  de  bien, 
D  qui  ne  gémisse  de  voir  la  paix  sur  le  point  d'être  troublée 
»  et  les  horreurs  de  la  guerre  civile  prêtes  à  fondre  de  nou- 
»  veau  sur  ce  trop  infortuné  pays.  ^ 

»  Mais  non,  ils  ne  se  réaliseront  pas  ces  projets  de  destruc- 
»  tion.  Instruits  par  le  malheur  et  l'expérience,  chacun  de 
»  vous  fera  ses  efforts  pour  contenir  les  malveillants,  La 
»  masse  des  citoyens  est  bonne  el  elle  ne  souffrira  pas  que 
»  quelques  individus  fassent  la  loi  dans  leur  commune.  Oui, 
»  citoyens,  votre  bonheur  dépend  de  vous.  S'il  est  quelques 
»  brigands  qui  veulent  vous  forcer  de  prendre  les  armes, 
0  saisissez  ces  coquins  et  livrez-les  à  la  justice.  Si,  dans  la 
M  crainte  de  leur  fureur,  vous  n'osez  mettre  la  main  sur  ces 
»  hommes  pervers,  la  force  armée  est  là  pour  le  maintien 
M  de  la  tranquillité.  Hâtez-vous  de  vous  informer  des  lieux 
»  qui  recèlent  ces  scélérats  et  bientôt  vous  n'aurez  rien  à 
9  craindre  de  leur  vengeance.  Le  soldat  n'est  plus  comme 


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—  169  — 

autrefois  envoyé  pour  tout  détruire.  Il  a,  au  contraire,  les 
ordres  les  plus  précis  de  respecter  l'habitant  paisible  des 
campagnes  et  de  le  proléger  dans  sa  personne  et  dans  ses 
propriétés.  Vous  vous  rappelez,  citoyens,  que  Tart.  5  du 
traité  de  pacification  exemple  vos  enfants  de  la  réquisition 
pour  les  rendre  à  ragriculture.  Vous  n'ignorez  pas  non 
plus  que  des  secours  sont  promis  pour  rebâtir  vos  maisons 
dévastées  par  le  fléau  de  la  guerre  civile.  Ainsi  tout  doit 
vous  porter  à  la  paix.  La  religion  ne  pourrait  pas  non  plus 
être  un  prétexte  de  vous  armer,  puisque  vos  prêtres  sont 
au  milieu  de  vous  et  qu'ils  peuvent  y  exercer  le  culte 
catholique  sous  la  protection  des  lois.  Ainsi  que  nous,  ses 
ministres  doivent  s'opposer  à  l'effusion  du  sang  ;  c'est  le 
véritable  esprit  de  la  religion  qu'ils  professent,  et  tout 
homme  qui  vous  tiendrait  un  autre  langage  serait  assu- 
rément un  imposteur  et  l'ennemi  de  votre  salut  comme  de 
votre  repos. 

»  D'après  cela,  citoyens,  si  vous  croyez  devoir  quelque 
confiance  à  vos  administrateurs  ;  si,  rendant  justice  à  la 
pureté  de  leurs  intentions,  vous  reconnaissez  qu'ils  furent 
toujours  vos  vrais  amis,  ne  méprisez  pas  les  conseils  qu'ils 
vous  donnent  ;  ce  sont  leurs  cœurs  qui  vous  parlent;  que 
les  vôtres  ne  soient  pas  insensibles,  et,  malgré  les  malveil- 
lants, nous  entretiendrons  la  paix  au  milieu  de  Vous,  et 
avec  elle  nous  aurons  l'abondance  et  le  bonheur  qui  en 
sonl  la  suite.  » 

Le  sieùr  Hériau,  jeune  homme  de  18  ans,  ancien  sacristain 
de  Touvois  et  ancien  soldat  de  Charette,  fut  arrêté  à  son 
retour  de  Belleville,  quartier  général  de  Charette,  et  conduit, 
le  16  messidor,  devant  le  Directoire  du  district  de  Challans, 
Il  résulta  des  réponses  qu'il  fit  à  son  interrogatoire,  qu'en 
passant  au  village  de  la  Rétière,  commune  de  Legé,  il  avait 
Irouvé  Lecouvreur  à  la  tête  de  cinq  cents  hommes  ;  qu'arrivé 


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^170  — 

à  Belleville,  il  apprit  que  Gharette  était  parti  pour  les  Essarts; 
que  Guérin  commandait  la  division  du  Marais  ;  que  la 
division  de  Vieillevigne  était  commandée  par  le  frère  de 
Guérin  ;  qu'une  autre  division  s'était  formée  dans  le  district 
de  Machecoul,  mais  qu'il  iporait  le  nom  de  celui  qui  la 
commandait.  Ayant  quitté  Belleville  pour  se  rendre  à  Venan- 
sault,  il  y  trouva  une  autre  division  commandée  par  le  frère 
de  Gharette.  Quant  à  sa  division,  elle  se  rendit  jusqu'à  Beau- 
lieu  oii  le  bruit  d'une  vive  fusillade  frappa  ses  oreilles.  G'étail 
l'attaque  d'un  convoi  escorté  par  les  troupes  républicaines. 
Au  sujet  de  cette  attaque,  il  donna  les  renseignements  sui- 
vants :  quinze  volontaires  h  peu  près  étaient  restés  morts  sur 
le  champ  de  bataille  et  un  cent  avait  été  fait  prisonnier.  Au 
moment  ou  il  avait  quitté  Belleville,  le  11  de  ce  mois,  leur 
vie  avait  été  respectée.  Seul,  un  officier  avait  succombé  ; 
dans  un  moment  de  désespoir,  il  s'était  brûlé  la  cervelle  d'un 
coup  de  pistolet.  La  division  qui  avait  attaqué  le  convoi  était 
formée  d'environ  cinq  mille  hommes  dont  trois  cents  de  cava- 
lerie. Gharette  n'avait  pas  assisté  à  l'attaque.  Rendu  à 
Venansault,  après  la  réception  d'une  lettre,  il  était  retourné 
sur  ses  pas.  Un  seul  Vendéen  avait  été  tué.  Au  moment  où 
il  avait  quitté  Belleville,  Gharette  s'y  trouvait  avec  deux 
mille  hommes  environ. 

Le  lendemain  17,  à  la  nouvelle  que  plusieurs  militaires  et 
marins  avaient  été  assassinés  sur  la  route,  le  Directoire 
arrêta  qu'il  serait  écrit  au  Gommandant  de  la  force  armée  à 
Machecoul  pour  le  prier  de  ne  plus  laisser  les  soldats  et  les 
marins  voyager  isolément. 

Le  18,  la  môme  résolution  fut  prise  dans  des  termes  encore 
plus  énergiques. 

Les  assassinats  avaient  lieu  journclleraenl.  Le  courrier  de 
Ghallans  h  Saint-Gilles  avait  été  arrêté,  le  conducteur  Biochaud 
et  cinq  autres  personnes  tués.  Il   devenait  très  difficile  de 


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-171- 

trouver  quelqu'un  qui  voulût  faire  le  service  de  la  poste.  On 
rencontra  poui'tant  un  homme,  le  sieur  Perrochaud,  qui  s'en 
chargea  moyennant  un  traitement  annuel  de  dix-huit  cents 
livres. 

Le  Conseil  général  de  la  commune  des  Sables  avait  nommé 
un  Commissaire  pour  se  rendre  à  Beauvoir  pour  des  achats 
de  blé  dont  la  ville  et  la  garnison  avaient  besoin.  Ce  com- 
missau'e,  ne  pouvant  se  procurer  des  blés  qu'en  les  payant 
comptant,  était  parti  porteur  d'une  somme  considérable  qui 
ne  s'élevait  pas  à  moins  de  cent  cinquante  mille  livres.  11 
fut  arrêté  par  des  malfaiteurs,  fort  maUrailé  et  dépouillé  de 
tout  ce  qu'il  portait  sur  lui. 

Déjà  le  8  germinal  an  III,  un  individu  qui  conduisait  des 
marchandises  de  Nantes  à  Bois-de-Céné  avait  été  assassiné 
par  des  malfaiteurs  qui  s'étaient  emparés  de  tout  ce  qu'il 
Iransporlait. 

La  guerre  avait  recommencé.  11  devenait  impossible 
d'obtenir  volontairement  des  bœufs  pour  l'approvisionnement 
de  Challans  de  la  part  des  habitants  du  marais,  que  les 
insurgés  menaçaient  de  mort  s'ils  venaient  à  en  hvrer.  Devant 
un  pareil  état  de  choses,  le  Directoire  recommença  ses 
réquisitions,  sans  toutefois  fixer  le  prix  auquel  les  bestiaux 
devaient  être  vendus,  et  ordonna  des  expertises  dans  le  cas 
où  les  vendeurs  et  le  garde-magasin  ne  pourraient  pas 
s'entendre. 

Le  6  thermidor  «  à  la  séance  a  comparu  le  citoyen  Sauzeau, 

•  de  la  Barbière,  commune  de  Gommequiers,  lequel  a  déclaré 
»  que  la  nuit  même,  vers  les  minuit,  cinq  volontaires  armés 

•  et  le  visage  barbouillé  pour  n'être  pas   reconnus,   ont 
»  enfoncé  sa  porte,  ont  tout  bouleversé  dans  sa  maison,  l'ont 

•  menacé  et  frappé  et  ont  fini  par  lui  voler  de  l'argent,  cinq 

•  pains  de  20Jivres  et  d'autres  objets  de  ménage;  que  ces 
»  mêmes  hommes,  après  avoir  fait  leur  coup,  ont  pris  la 


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—  174  — 

»  route  de  SouUans,  ce  qui  fait  présumer  qu'ils  font  partie 
»  de  la  troupe  qui  y  est  cantonnée. 

o  Le  Directoire,  considérant  qu'il  a  déjà  reçu  plusieurs 
»  plaintes  contre  les  soldats  cantonnés  à  SouUans;  qu'il  est 
»  étonnant  que  des  gens  envoyés  pour  défendre  les  propriétés 
A  soient  les  premiers  dilapidateurs  des  fortunes  particulières  ; 
»  que  ces  manœuvres  ne  peuvent  servir  qu'à  armer  le  peuple 
»  des  campagnes  et  le  pousser  à  des  excès  nuisibles  au  bien 
»  public  ; 

»  Considérant  l'avantage  qu'il  aurait  de  pouvoir  connaître 
»  les  soldats  qui  se  sont  portés  à  ces  excès,  afin  que  leur 
»  punition  pût  servir  d'exemple  aux  autres  et  les  engager  à 
»  respecter  davantage  les  propriétés  des  paisibles  habitants 
»  des  campagnes  et  montrer  à  ces  derniers  que  l'intérêt  de 
»  la  République  est  de  protéger  les  amis  de  leur  patrie  en 
0  sévissant  contre  ceux  qui  ne  veulent  pas  se  soumettre  à 
»  ses  lois  ; 

»  Arrête,  ouï  le  Procureur-Syndic,  qu'il  sera  écrit  au 
»  citoyen  commandant  le  5«  bataillon  de  Lot-et-Garonne, 
»  cantonné  à  SouUans,  pour  l'instruire  des  excès  commis 
»  dans  la  personne  et  les  propriétés  du  citoyen  Sauzeaus 
»  demeurant  à  la  Barbière,  commune  de  Commequiers,  l'in- 
»  viter  à  faire  des  perquisitions  pour  découvrir  les  coupables 
»  et  prendre  des  mesures  pour  éviter,  à  l'avenir,  de  pareils 
I)  excès; 

0  Arrête  également  qu'il  sera  donné  avis  par  une  lettre 
»  au  citoyen  Gbadeau,  adjudant  général,  commandant  la 
»  force  armée  à  Ghallans,  pour  qu'il  soit  fait  une  perquisition 
t  aux  fins  dont  il  s'agit.  » 

Les  communications  par  terre  de  Ghallans  à  Nantes  étaient 
si  périlleuses  que  le  Directoire  n'osait  pas  confier  au  mes- 
sager ordinaire  les  fonds  versés  dans  la  caisse  de  cette 
commune  pour  être  portés  à  Nantes.  Dans  la  crainte  qu'il  ne 


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• 


—  173  — 

fût  dévaKsé,  il  accepta,  le  16  thermidor,  la  proposition  que 
lui  fit  ce  dernier  de  s'embarquer  à  Noirmoutier  et  de  se 
rendre  à  Nantes  par  mer. 

Les  Anglais  avaient  opéré  un  débarquement  sur  la  côte  de 
Saint-Jean-de-Monts  pour  approvisionner  de  munitions  de 
guerre  la  division  de  Pajot  qui  en  manquait.  Le  28  thermidor 

a  été  conduit  par  le  citoyen  fougeron,  aide-de-camp  du 
»  général  divisionnaire  Canuel,  un  citoyen  en  remettant  une 

•  lettre  datée  de  ce  jour  portant  que  le  citoyen  Pierre  Bené- 
»  teau,  arrêté  par  le  général  Cambray  dans  la  tournée  qu'il 

•  a  faite  aujourd'hui  dans  le  marais  ;  que  cet  homme  est 
»  accusé  par  les  habitants  du  pays  de  s'être  trouvé  au  dernier 
t  rassemblement  de  Pajot,  avec  intention  de  l'interroger  et 
»  annonçant  l'envoi  d'un  rouleau  d'étoffe  saisi  sur  lui,  pro- 
>  venant  présomptivement  du  débarquement  fait  par  les 

•  Anglais.  « 

L'interrogatoire  de  Benéteau  n'apprit  rien  sur  le  débar- 
quement. Il  fut  constaté  que  la  pièce  d'étoffe  saisie  sur  lui 
que  l'on  croyait  être  de  provenance  anglaise  était  au  con- 
traire de  fabrication  française. 

Le  29  thermidor  a  un  membre  dit  que  le  pillage  est  encore 
»  à  l'ordre  du  jour  de  ces  contrées  ;  que  des  militaires  du 
»  camp  se  répandent  dans  les  campagnes  et  s'y  livrent  à 
»  tous  les  excès  ;   que  cette  conduite  atroce  peut  encore 

•  soulever  les  habitants  des  campagnes  et  les  forcer  d'aller 
»  grossir  l'armée  de  Charette  ;  que  le  général  de  division 
»  Ganuel,  instruit  des  horreurs  qui  se  commettent,  vient  de 
»  donner  un  ordre  sévère  à  l'armée  et  faire  punir  deux  ou 
»  trois  coupables  ;  mais  comme  il  est  à  craindre  que  cela 
»  ne  suffise  pas  pour  ramener  le  soldat  à  l'ordre  et  à  la 
»  discipline,  il  propose  qu'il  soit  écrit  au  Comité  de  Salut 

•  public  pour  l'instruire  des  horreurs  qui  viennent  de  se 

•  commettre  aux  envbrons  de  cette  commune  par  des  volon- 


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-174- 

»  taîres  de  Tarmée  campée  devant  Ghallans,  qui  se  sont 
»  livrés  au  pillage,  viols  et  assassinats  de  citoyens  paisibles, 
9  afin  qu'il  prenne  toutes  les  mesures  convenables  pour 
»  arrêter  ces  désordres  et  autoriser  les  généraux  à  punir  de 
»  la  manière  la  plus  sévère  le  soldat  qui  s'écarterait  ainsi 
»  de  son  devoir  et  qui  ne  respecterait  pas  les  personnes  et 
»  les  propriétés, 

»  Le  Directoire,  ouï  le  Procureur-Syndic,  adopte  la  propo- 
»  sition  d'un  de  ses  membres  et  arrête  qu'il  sera  écrit  au 
»  Comité  de  Salut  public  dans  le  sens  qui  vient  d'être  dit, 
»  et,  de  suite,  un  membre  a  été  chargé  de  la  rédaction  de 
»  la  lettre.  » 

Au  2  fructidor  an  III,  mêmes  plaintes  et  mêmes  réclama- 
tions :  «  Un  membre  observe  que  les  militaires  se  répandent 
»  encore  dans  les  campagnes  et  y  pillent  les  cultivateurs  ; 
))  ils  ne  leur  laissent  pas  un  morceau  de  pain,  de  sorte  qu'ils 
»  sont  pour  la  plupart  réduits  à  ne  vivre  que  de  choux  ;  que 
»  cette  triste  position  les  réduit  à  la  dernière  extrémité  et 
»  peut  les  obliger  à  aller  grossir  le  nombre  des  ennemis  et 
»  demande  qu'il  soit  écrit  au  général  de  division  Canuel  pour 
0  qu'il  vienne  au  secours  de  ces  malheureux  habitants  et 
»  réprime  encore  les  désordres  militaires.  » 

Cette  proposition  fut  adoptée. 

Les  membres  du  bureau  de  conciliation  mentaient  quel- 
quefois au  titre  qu'ils  portaient.  Le  sieur  Bouvier,  l'un  d'eux 
commissaire  municipal  du  canton  de  Challans,  placarda 
pendant  la  nuit  du  10  thermidor  un  écrit  des  plus  outrageants 
contre  l'Administration  du  Directoire,  dont  les  premiers 
mots  :  ignorante,  imbécile  et  mensongère  administration 
répondaient  au  reste  de  l'écrit.  Le  Directoire  en  demanda 
justice. 

Au  8  fructidor  a  un  membre  observe  que  quelques  mesures 
»  que  les  généraux  prennent  pour  rétablir  le  bon  ordre  dans 


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•  Tannée,  le  viol,  le  vol  el  le  pillage  se  continuent  et  sont 

•  sans  cesse  k  Tordre  du  jour  dans  les  campagnes  ;  que  celte 
»  Administration  affluant  des  malheureux,  qui  viennent  porter 
»  leurs  plaintes  contre  les  mauvais  traitements  du  soldat, 
»  elle  manquerait  à  ses  devoirs  si  elle  gardait  le  silence  sur 

•  ces  désordres  et  n'en  donnait  pas  connaissance  au  Comité 
t  de  Salut  public  et  au  général  en  chef  de  Tarmée  de  TOuest; 
»  et  il  demande  qu'il  soit  écrit  au  général  de  brigade  Gratien, 
»  commandant  à  Challans,  pour  lui  annoncer  le  parti  que 

•  vient  de  prendre  cette  Administration.  » 

Le  Directoire  adopte  ces  différentes  propositions. 

Il  arrivait  quelquefois  que  des  arrestations  illégales  avaient 
lieu  par  la  force  armée.  Ainsi  deux  cultivateurs,  les  sieurs 
Besseau  père  et  fils  avaient  été  arrêtés  k  la  métairie  des 
Sept-Joumaux  par  la  seule  raison  qu'à  l'approche  de  la 
troupe,  ils  avaient  pris  la  fuite.  L'enquête  qui  avait  été  faite 
n'avait  mis  aucun  grief  à  leur  charge.  Ds  n'avaient  fui  que 
parce  que,  parmi  les  soldats,  il  s'en  trouvait  qui,  sans  aucun 
motif,  se  portaient  à  des  actes  de  violence  contre  tous  les 
cultivateurs  qu'ils  rencontraient.  Ils  n'en  avaient  pas  moins 
été  jetés  en  prison  où  ils  languissaient  depuis  vingt-un  jours, 
sans  avoir  subi  d'interrogatoire.  Ils  s'adressèrent  au  Directoire 
demandant  à  être  jugés,  si  on  les  croyait  coupables,  ou  mis 
en  liberté  si  on  trouvait  que  leur  innocence  était  constatée. 

t  Le  Directoire,  considérant  que  les  citoyens  Besseau  père 
»  et  fils  ayant  été  arrêtés  chez  eux  par  la  force  armée  et 
»  sans  armes  et  sans  réquisition  d'aucune  autorité  constituée, 
»  Tout  été  illégalement  ;  considérant  qu'il  a  sollicité  inutile- 
»  ment  pendant  sept  jours  du  commandant  alors  de  la  force 
»  armée  à  Challans  le  procès-verbal  de  leur  arrestation  ; 

•  qu'enfin,  étant  parvenu  à  se  le  procurer,  il  a  fait  plusieurs 

*  démarches  auprès  du  juge  de  paix  du  canton  de  Challans, 
»  afin  qu'il  les  interroge  et  prononce  leur  liberté  s'il  le 


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—  176  — 

»  croyait  juste  ;  mais  qu'elles  ont  été  infructueuses  ;  que  le 
»  juge  de  paix  n'a  pas  cru  devoir  connaître  de  leur  affaire, 
»  «ans  doute  parce  qu'ils  avaient  été  arrêtés  par  la  force 
»  armée  illégalement  et  sans  réquisition  des  autorités 
»  constituées,  arrête  :  ouï  le  Procureur-Syndic,  que  le 
»  commandant  de  la  force  armée  qui  a  succédé  \  celui  qui 
»  commandait  à  Challans,  lors  de  l'arrestation  desdits 
»  Besseau  père  et  fils,  sera  invité  de  les  mettre  de  suite  en 
»  liberté,  comme  ayant  été  arrêtés  illégalement  et  étant  de 
))  même  détenus.  » 

Toutes  ces  réclamations  et  ces  récriminations  n'amenaient 
aucun  résultat.  Le  22  fructidor,  l'Administration  du  district 
prenait  la  très  énergique  délibération  qui  suit  :  <»  Le  Direc- 
»  toire,  ayant  pris  lecture  d'une  lettre  écrite  le  20  de  ce  mois 
»  par  la  municipalité  de  Challans  portant  qu'elle  ne  peut 
»  garder  plus  longtemps  le  silence  sur  les  mauvais  traite- 
»  ments  que  font  éprouver  journellement  les  volontaires  aux 
0  habitants  des  campagnes  ;  qu'on  a  de  la  peine  à  se  faire 
»  une  idée  de  la  conduite  horrible  et  déshonorante  qu'ils  se 
0  permettent  à  leur  égard  ;  que  plusieurs  ont  déjà  aban- 
»  donné  leurs  maisons  ;  que  d'autres  sont  prêts  à  le  faire  ; 
»  que  l'armée  commet  des  dévastations  considérables  dans 
))  les  vignes  qui  avoisinent  la  place  de  Challans  ;  qu'ils  en 
»  emportent  les  raisins  ou  plutôt  les  verjus,  qui  ne  peuvent 
»  manquer  de  leur  occasionner  les  maladies  les  plus  dan- 
»  gereuses  ;  que  déjà  ils  ont  détruit  de  cette  manière  quatre 
0  cents  barriques  de  vin  et  qu'une  récolte  d'environ  huit 
0  cents  barriques  aura  bientôt  disparu  par  cette  dévastation  ; 
»  que  plusieurs  habitants  de  cette  commune  se  voient  ainsi 
»  frustrés  de  leur  seul  espoir  de  se  procurer  des  subsistances 
»  avec  le  prix  de  leur  récolte  de  vin  ;  que  les  militaires  ne 
»  bornent  pas  là  leurs  dévastations  ;  qu'ils  enlèvent  des 
»  champs  le  millet  qu'ils  mangent  le  plus  souvent  sans  aucune 


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—  177  — 

préparation  ;  qu'ils  enlèvent  de  chez  les  cultivateurs  les 
blés  en  grains  et  en  farines,  les  réduisant  ainsi  h  mourir 
de  faim  et  k  manquer  de  blé  pour  les  semences  de  la 
prochaine  emblaison,  avec  invitation  à  cette  Administration 
d'apporter  promptement  un  remède  à  cette  dilapidation,- 
s'il  est  en  son  pouvoir  de  le  faire  ; 
»  Ayant  également  pris  lecture  du  procès-verbal,  rapporté 
par  le  Procureur-Syndic  de  ce  district,  le  20  de  ce  mois, 
duquel  il  résulte  que  ledit  jour,  s'étant  trouvé  chez  le  juge 
de  paix  du  canton  de  Ghallans,  il  y  rencontra  le  citoyen 
Couthouis,  cultivateur  à  la  métairie  du  Bois-David, 
commune  dudit  Ghallans,  lequel  était  à  porter  plainte  de 
l'enlèvement  fait  chez  lui  par  des  militaires  de  l'armée 
campée  sous  Ghallans,  de  quatre  quintaux  douze  livres  de 
froment  qu'il  avait  achetés  pour  semer,  n'en  ayant  pas 
récolté  assez  de  bonne  qualité  pour  cet  objet  ;  que,  sur 
l'invitation  du  juge  de  paix,  qui  déclare  n'ôtre  pas  com- 
pétent, il  accompagna  ce  cultivateur  au  quartier  général, 
oii  se  trouvait  alors  le  général  de  brigade  Gratien  ;  que, 
touché  de  la  position  affligeante  de  ce  cultivateur,  qui 
n'osait  se  présenter  seul  chez  le  général,  il  se  décida  à  l'y 
accompagner  ;  qu'ils  trouvèrent  le  général  à  table  avec 
plusieurs  officiers  de  son  état-major;  qu'alors,  lui  adressant 
la  parole,  il  lui  dit  :  —  Voici,  général,  un  cultivateur  qui 
vient  vous  porter  des  plaintes  relativement  h  l'enlèvement 
de  quatre  quintaux  douze  livres  de  blé  froment  que  des 
militaires  ont  pris  chez  lui,  il  y  a  deux  jours,  et  qui  se 
sont  en  outre  portés  à  des  voies  de  fait  envers  son  frère 
qu'ils  ont  rencontré  dans  son  champ  et  qu'ils  ont  pris 
pour  lui-même  en  lui  supposant  l'intention  de  se  rendre  à 
Ghallans  pour  les  dénoncer;  qu'alors  ils  l'ont  renversé  à 
coups  de  crosse  de  fusil  et  l'ont  laissé  pour  mort  ;  que  la 
réponse  du  général  a  été  celle-ci  :  —  Je  n'y  puis  rien  ; 

12 


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—  178- 

n  c^est  ta  faute  des  habitants  de  Challans  qui  achètent  les 
»  objets  provenant  du  pillage  des  militaires  ;  que  c'était 
0  également  la  faute  de  la  municipalité  et  du  district  qui  ne 
i>  punissaient  pas  les  habitants  qui  recèlent  les  objets  volés  ; 
0  qu'il  leur  répliqua  qu'il  était  étonnant  que  lui,  général,  ifl 
0  une  semblable  sortie  contre  T Administration  du  district, 
n  puisqu'il  ne  pouvait  pas  ignorer  qu'il  avait  dénoncé  au 
0  juge  de  paix  la  veuve  Lucas,  qui  avait  acheté  du  blé  volé 
»  par  des  dragons,  et  qu'il  avait  vu  la  réponse  de  ce  juge  de 
M  paix  qui  ne  se  croyait  pas  compétent  ;  et  que  c'était  le 
I)  commandant  de  la  place  qui  devait  en  connaître  en  l'absence 
»  de  l'officier  de  police  militaire  ; 

»  Considérant  que,  jusqu'ici,  l'Administration  a  fait  son 
»  devoir  en  dénonçant  au  général  de  brigade  Gratien  les 
n  excès  en  tout  genre  auxquels  se  porte  l'armée  campée  sous 
»  Challans,  qui  tendent  évidemment  à  augmenter  les  forces 
i)  de  Charette,  en  réduisant  à  la  plus  affreuse  misère  ceux 
»  des  cultivateurs  qui  voudraient  rester  paisibles  chez  eux  ;  en 
»  les  poussant  au  désespoir,  ils  préféreront  sans  doute  mourir 
»  les  armes  à  la  main  plutôt  que  de  mourir  de  faim  chez 
»  eux,  oii  les  mauvais  traitements  exercés,  tant  sur  eux  que 
»  sur  leurs  femmes,  ne  leur  permettent  plus  de  rester  ;  que 
»  l'Administration  avait  lieu  d'espérer  que  le  général  de 
»  brigade  Gratien  aurait  pris  des  mesures,  sinon  pour  pré- 
a  venir  tous  ces  excès  et  tous  ces  malheurs,  du  moins  les 
•  diminuer,  les  empêcher  de  se  reproduire  en  aussi  grand 
»  nombre  ;  mais  que,  loin  de  voir  ces  espérances  se  réaliser, 
»)  les  désordres  continuent  et  tout  présage  aux  malheureux 
»  habitants  de  Challans  la  plus  affreuse  misère,  puisqu'ils  se 
»  voient  enlever  la  seule  ressource  qui  leur  restait,  par  la 
I)  destruction  de  leur  récolte  en  vin  ;  que  déjà  même  ils  ne 
»  peuvent  plus  se  procurer  de  blé  parce  que  les  cultivateurs 
»  environnants,  qui  en  ont  déjà  fort  peu  récolté,  ne  veulent 


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-  179  - 

»  plas  le  vendre  à  quelque  prix  que  ce  soit,  par  la  certitude 
»  qu'ils  ont  que  les  militaires  leur  enlèveront  au-delà  de 
»  l'excédent  de  leur  provision,  soit  en  pillant  leurs  pains, 
»  soit  en  enlevant  leurs  grains  et  farines  ; 
»  Considérant  que,  plusieurs  fois,  à  cette  Administration, 

•  le  général  de  brigade  Gratien  avait  fait  la  promesse  de 
■  faire  cesser  ces  discordes  ;  qu'il  était  d'autant  plus  urgent 
»  de  le  faire  que  l'usage  immodéré  que  les  soldats  du  camp 

>  ne  cessent  de  faire  du  raisin  ou  plutôt  du  verjus  a  multiplié 

>  dans  le  camp  de  la  manière  la  plus  effrayante  les  maladies; 

•  que  déjà  plusieurs  d'entre  eux  sont  attaqués  de  la  dyssen- 
»  terie; 

»  Considérant  enfin  que  le  général  de  brigade  Gratien 
»  accuse  maintenant  la  municipalité  de   Challans  et  cette 

■  Administration  d'être  la  cause  de  ces  désordres  en  ne 
'  faisant  pas  punir  ceux  des  habitants  de  Challans  qui  se 
»  permettent  d'acheter  des  effets  pillés;  que  cette  inculpation 

■  de  sa  part  tend  évidemment  à  diminuer  sa  responsabilité, 
»  comme  si  les  autorités  civiles  pouvaient  quelque  chose  sur 
»  le  militaire,  tandis  que,  d'un  autre  côté,  il  ne  peut  ignorer 
»  que  l'Administration  s'est  fait  un  devoir  non  pas  de  punir, 
»  parce  qu'elle  n'en  a  pas  le  droit,  mais  de  dénoncer  aux 
»  juges,  qui  doivent  en  connaître,  ceux  des  habitants  qui  se 
»  permettent  d'acheter  de  ces  effets,  lorsqu'elle  parvient  à  en 

•  avoir  connaissance  ;  qu'une  telle  imputation  de  la  part  du 

•  général  Gratien  est  une  injure  faite  par  lui  à  ta  raunicipa- 

•  lité  de  Challans  et  à  cette  Administration,  et  qu'elle  tend 
»  à  vouloir  les  faire  regarder  comme  les  complices  des  excès 
»  en  tout  genre  dont  les  militaires  se  rendent  coupables  ; 

»  Ouï  le  Procureur-Syndic,  arrête  qu'il  sera  écrit  au  général 
»  de  brigade  Gratien  pour  lui  dénoncer  de  nouveau  les  excès 
»  que  commettent  des  militaires  dans  les  campagnes  envi- 
»  ronnant  la  place  de  Challans  et  même  dans  les  communes 


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» 


—  iso- 
voisines,  notamment  en  détruisant  une  récolte  d'enviroH 
»  huit  cents  barriques  de  vin  au  préjudice  de  la  santé  du 
»  soldat  qui,  journellement,  tombe  malade  en  grand  nombre; 
»  qu'il  lui  sera  représenté  qu'il  a  fait  injure  k  la  aiunicipalilé 
»  de  Cballans  et  k  cette  Administration  en  lui  faisant  une 
»  telle  imputation  ;  arrête,  en  outre,  que  copie  du  présent 
»  arrêté  lui  sera  adressée  ainsi  qu'au  général  en  chef,  aux 
»  représentants  près  les  armées  de  l'Ouest  et  au  Comité  de  j 
D  Salut  public.  » 

Le  26  thermidor,  ordre  fut  donné  au  Directoire  d'envoyer 
k  la  monnaie  de  Paris  Targenlerie  et  autres  effets  précieux 
d'or  et  d'argent,  diamants  et  bijoux,  qui  peuvent  encore 
rester  sous  la  surveillance  de  l'Administration  et  dans 
quelque  dépôt  que  ce  soit  de  son  arrondissement,  soil 
qu'ils  viennent  d'émigrés,  déportés,  condamnés,  détenus 
ou  autres,  soit  qu'ils  proviennent  des  églises  supprimées 
ou  non  supprimées,  rétablies  ou  non  rétablies. 

Déjk  antérieurement  on  avait  envoyé  k  Nantes  les  matières 
d'or  et  d'argent  qui  se  trouvaient  dans  les  églises,  et  ce, 
ponr  y  être  fondues. 

Le  29  fructidor,  un  tonneau  de  blé  avait  été  enlevé  par 
des  militaires  de  la  métairie  de  la  Sorliëre,  commune  de  la 
Garnache,  parce  que  le  métayer,  le  sieur  Cormier,  leur  avait 
paru  suspect,  ayant  caché  son  blé  dans  son  jardin.  Mais 
Cormier  ayant  déclaré  qu'il  n'avait  agi  que  pour  le  soustraire 
aux  recherches  des  rebelles,  le  Directoire  ordonna  qu'il  lui 
fût  rendu. 

Le  lendemain,  80  fructidor,  un  secours  était  adressé  au 
Directoire  pour  être  réparti  entre  les  personnes  nécessiteuses 
qui  avaient  cherché  un  refuge  dans  le  district. 

Le  deuxième  jour  complémentaire  de  l'an  111,  Charles 
Savin,  ancien  juge  près  le  Tribunal  du  district  de  Ghallans, 
avait   dirigé   les   attaques  les   plus   violentes   contre  les 


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—  181  — 

membres  du  Directoire  ;  ceux-ci  avaient  répondu  par  un 
mémoire,  qu'il  trouva  calomnieux  contré  sa  personne.  Il  le 
cita  devant  le  juge  de  paix,  se  portant  partie  civile  et  deman- 
dant que  chacun  d'eux  fût  condamné  à  1,000  fr.  de  domma- 
ges-intérêts, dont  il  déclarait  vouloir  faire  l'abandon  aux 
pauvres  de  la  commune.  Les  membres  du  district,  n'ayant 
fait  que  défendre  leur  Administration,  refusèrent  de  compa- 
raître devant  le  juge  de  paix  ,  s'appuyant  sur  l'article  18  du 
litre  II  du  décret  du  24  août  1790,  ainsi  conçu  :  «  Les 
»  fonctions  judiciaires  sont  distinctes  et  demeureront  toujours 

*  séparées  des  fonctions  administratives.  Les  juges  ne  pour- 
9  ront,  à  peine  de  forfaiture,  troubler  de  quelque  manière  que 

•  ce  soit,  les  fonctions  du  corps  administratif,  ni  citer  devant 
»  eux  les  administrateurs  pour  raison  de  leurs  fonctions.  (>)  » 

Le  quatrième  jour  complémentaire,  de  nouvelles  plaintes 
Paient  adressées  au  général  Gratien,  contre  les  soldats,  qui 
ne  se  contentaient  plus  de  piller  les  récoltes,  de  voler  le  pain 
des  habitants  des  campagnes,  mais  qui  leur  enlevaient  aussi 
tous  leurs  effets  d'habillement. 

Le  1«'  vendémiaire  an  IV,  quatre  cultivateurs  de  la 
Garnache  vinrent  se  plaindre  de  ce  que  les  militaires  leur 
avaient  enlevé  tout  leur  blé,  disant  qu'ils  étaient  à  la  veille 
de  mourir  de  faim  et  qu'il  leur  était  impossible  d'ensemencer 
leurs  terres.  Ces  blés  avaient  été  enlevés  pour  l'approvision- 
nement de  Challans  et  payés  après  expertise.  Le  Directoire 
décida  que  la  quantité  de  blé  nécessaire  h  la  subsistance  des 
réclamants  et  à  l'ensemencement  de  leurs  terres  leur  serait 
rendue. 

Un  camp  composé  de  5  à  6,000  hommes  d'infanterie  et  de 
quelques  cavaliers  avait  été  établi  a  Soullans,  sans  qu'au 

(*)  Je  irai  pu  savoir  quelle  avait  était  la  décision  du  juge  de  paix. 

J.  M. 


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—  182  — 

préalable  rAdrainistralion  de  la  guerre  se  fût  assurée  de 
provisions  pour  les  hommes  et  pour  les  chevaux.  Il  fallut  que 
le  Directoire  y  pourvût  et  pour  arriver  à  cela,  il  établit,  de 
permanence  à  Soullans,  d'accord  avec  la  municipalité  de 
Ghallans,  un  commissaire,  auquel  elle  donna  de  pleins 
pouvoirs  pour  faire  punir  ceux  qui  refuseraient  de  livrer  à  la 
troupe  les  denrées  qui  auraient  été  requises. 

Le  lendemain,  le  général  Raoul,  commandant  le  camp, 
écrivit  au  Directoire,  le  priant  de  lui  adjoindre  un  de  ses 
membres  pour  une  expédition  qu'il  devait  faire  la  nuit.  Le 
sieur  Cormier  fut  désigné  à  cet  effet  et  partit  immédiatement 
rejoindre  le  général  Raoul. 

Le  26  vendémiaire  an  IV,  la  municipalité  de  Saint-Gervais 
écrivait  au  Directoire  pour  lui  faire  connaître  toutes  les 
atrocités  commises  sur  quelques  habitants  de  la  commune 
par  la  troupe  de  Pajot  et  lui  demander  protection.  Le  Direc- 
toire décidait  qu'il  en  serait  écrit  au  général  de  division 
Ganuel,  en  résidence  à  Machecoul. 

Le  lendemain,  comme  confre-partie,  un  membre  du  Direc- 
toire annonçait  «  que  les  soldats  de  l'armée  campée  h  Soul- 
»  lans  se  portaient  aux  plus  grands  excès,  en  démolissant 
à  les  maisons  et  en  emportant  des  métairies  le  foin  et  la 
M  paille,  destinés  à  la  nourriture  des  bestiaux,  l'hiver 
»  prochain  et  pendant  les  labours.  Il  demandait  qu'il  fût 
«  écrit  au  commandant  du  camp  pour  lui  dénoncer  ces  excès 
»  et  l'inviter  à  prendre  tous  les  moyens  qui  étaient  en  son 
i>  pouvoir  pour  les  réprimer. 

»  Le  Directoire,  ouï  le  Procureur-Syndic,  adopte  cetle 
proposition.  » 

Le  Directoire  avait  succédé  à  la  Convention.  Luminais 
aîné  avait  été  nommé  membre  du  Corps  législatif.  Le  Direc- 
toire du  district  de  Ghallans  s'en  félicite,  parce  que  personne 
mieux  que    lui  ne  connaissait  l'état  du  pays,    l'affreuse 


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-183  - 

guerre  civile  qui  désolait  ces  malheureuses  contrées  et  les 
moyens  qu'on,  employait  pour  la  terminer.  Le  Directoire 
aiTêlait  qu'il  lui  serait  écrit  pour  lui  donner  tous  les  rensei- 
gnements  possibles  sur  la  manière  dont  se  fait  la  guerre  et 
dont  se  comportent  les  armées  avec  invitation  de  prendre, 
de  concert  avec  ses  collègues  au  Corps  législatif,  la  posi- 
tion des  malheureux  habitants  de  la  Vendée  en  la  plus 
grande  considération  et  les  mesures  nécessaires  pour  y 
remédier. 

Le  5  brumaire   an  IV   «  un  membre  représente  que  de 
»  nouvelles  plaintes   sont  continuellement  portées  h  celle 

•  Administration  contre  quelques  soldais  de  l'armée  campée 
»  à  Soullans,  qui,  non  contents  de  voler  le  pain,  la  viande, 

•  le  linge  et  toute  autre  espèce  de  vêtements,  en  se  permet- 

•  tant  d'ouvrir  les  coffres,  armoires  et  tout  ce  qui  renferme 
»  quelques  effets,  portant  même  la  cruauté  et  la  barbarie 
i>  jusqu'à  écraser  à  coups  de  sabre  et  de  crosse  de  fusil  et 
»  menacent  même  les  malheureux  cultivateurs  de  tirer  sur 
»  eux  ;  que  cette  conduite  est  bien  contraire"  à  celle  promise 
»  par  la  Convention  nationale  et  même  par  la  proclamation- 
»  du  général  en  chef  de  l'armée  de  l'Ouest,  et  demande 
»  qu'il  soit  écrit  au  commandant  de  la  force  armée  pour  lui 
»  dénoncer  ces  excès  et  l'inviter  à  y  apporter  un  prompt 
a  remède. 

»  Le  Directoire,  ouï  le  Procureur-Syndic,  adopte  celle 
»  proposition.  » 

Le  7  brumaire,  un  arrêté  du  déparlement  en  date  du 
29  vendémiaire,  était  transmis  au  Directoire.  Conformément 
à  la  loi  du  19  vendémiaire,  il  portait  que  des  cleclions 
auraient  lieu  le  10  du  présent  mois,  pour  nommer  les  diffé- 
rents fonctionnaires  publics  du  canton.  Le  Directoire  adres- 
sait de  suite  un  exemplaire  de  cet  arrêté  à  chacune  des 
communes  libres. 


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—  184  — 

• 

Le  même  jour,  le  Directoire  prenait  connaissance  d'un 
autre  arrêté  du  département,  qui,  dans  une  réquisition  de 
30,000  quintaux  de  paille  et  30,000  quintaux  de  foin  pour 
tout  le  département,  comprenait  le  district  de  Cballans  pour 
8,500  quintaux  de  foin  et  2,000  quintaux  de  paille. 

«  Le  Directoire,  considérant  que,   par  différentes  réqiiisi- 
»  sitions  qu'il  a   faites  lui-même  sur  les  communes  de  ce 
»  district,  il  est  très  probable  quelles  ont  fourni  plus  que 
»  leur  contingent,  tant  en  foin  qu'en  paille,  arrête  qu'il  sera 
»  écrit  aux  divers  gardes-magasins  de  fourrages  des  corainuDes 
»  de  Challans,  Saint-Gilles,  Noirmoutier  et  Bouia,  k  l'effet 
»  de  savoir  la  quantité  de  foin  et  de  paille  qui  ont  été  versés 
»  k  leurs  magasins   respectifs  depuis  la  récolle,  de  laquelle 
»  quantité  ils  en  dresseront  le  tableau  qu'ils  enverront  sans 
o  délai  à  l'Administration  du  district,  qui  en  fera  passer  Je 
t)  résultat  au  déparlement.  « 

Le  11  bruniaire  v  un  membre  dit  que  des  bouviers  de /a 
»  commune  de  Soullans,  Joseph  Ghampot,  de  la  Grande- 
»  Mougie,  et  Pierre  Massonneau,  du  Puyprit,  allant  au  Bocage 
»  avec  leurs  voilures,  qui  avaient  été  requises  par  la  force 
w  armée  sortie  du  camp  de  Soullans,  furent  frappés  violem- 
»  ment  à  coups  de  sabre  par  l'un  des  officiers  commandant 
»  le  détachement,  le  9  de  ce  mois  ;  que  Ghampot  se  plaint 
»  surtout  de  la  brutalité  de  l'officier  qui  le  frappa  ;  il  le 
»  désigne  assez  pour  le  faire  connaître  et  il  est  de  la  85* 
»  demi-brigade  ;  qu'il  est  à  observer  que  ce  citoyen  fut 
»  frappé,  parce  qu'une  cheville  de  sa  charrette  étant  cassée, 
»  il  avait  été  dans  la  nécessité  de  la  remplacer  pour  conli- 
»  nuer  sa  course  ;  que  Massonneau  se  plaint  également 
»  amèrement  de  cet  officier,  et  il  demande  qu'il  soit  écrit  au 
»  citoyen  Dubois,  chef  de  brigade,  commandant  à  Challans, 
»  pour  lui  dénoncer  la  conduite  de  cet  officier,  qui  ne  sait 
»  pas  respecter  les  cultivateurs  qui  servent  la  chose  publique. 


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—  185  — 

»  Le  Directoire,  ouï  le  Procureur-Syndic,  adopte  cette 
•  proposition.  » 

Le  lendemain,  12  brumaire  «  un  membre  observe  qu'il  a 
»  été  écrit  le  6  de  ce  mois  à  l'adjudant  général  Mermet, 
»  conamandant  le  camp  de  Soullans,  pour  se  plaindre  des 
»  excès  que  commettent  dans  cette  commune  les  soldats 
»  sous  ses  ordres,  et  que,  malgré  les  plaintes  réitérées,  le 
»  désordre  ne  diminue  pas.  Il  demande  qu'il  soit  envoyé 
■  copie  de  cette  lettre  au  général  en  chef  avec  invitation  de 
»  prendre  toutes  les  mesures  que  lui  dictera  sa  prudence 
«  pour  faire  cesser  ces  désordres. 

»  Le  Directoire,  ouï  le  Procureur-Syndic,  adopte  celte 
»  proposition*  » 

L'Administration  de  la  guerre  venait  de  décider  d'évacuer 
ks  postes  de  Soullans  et  Riez  pour  occuper  Saint-Jean-de- 
ïiflits,  Nolre-Dame-de-Monts  et  le  Perrier.  Le  Directoire 
craignant  que  l'abandon  complet  de  Soullans  ne  livrât  entière- 
ment ce  pays,  qui  est  la  clé  du  marais,  à  l'ennemi,  demanda 
que  200  hommes  y  fussent  laissés,  demandant  également 
deux  postes,  de  50  hommes  chaque,  l'un  pour  Sallerlaine, 
l'autre  pour  Saint-Gervais ,  qui  étaient  complètement  dé- 
sarmés. 

Au  15  brumaire,  le  Directoire  du  district  cessait  ses  fonc- 
tions pour  faire  place  à  une  Administration  nouvelle,  ainsi 
composée  :  Merland,  président  ;  Lefebvre,  agent  municipal 
de  Challans  ;  Boisselier,  agent  municipal  de  Sallertaine  ; 
Bremaud,  agent  municipal  de  Soullans  ;  Doisy,  agent  muni- 
cipal de  Goudrie  ;  Ganachaud,  secrétaire  en  chef  ;  Bironneau, 
commissaire  exécutif  du  Directoire. 

A  partir  de  ce  moment,  nous  ne  voyons  guère  d'incidents 
et  de  faits  dignes  d'être  rapportés.  Les  plaintes  contre  les 
soldats,  d'une  part,  contre  les  Vendéens,  de  l'autre,  parais- 
sent bien  moins  fréquentes.  Le  calme  semble  renaître  ;  et  on 


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-186  — 

peut  dire  du  district  de  Challans  :  Heureux  les  peuples  qui 
n'ont  pas  d'histoire. 

Notons  cependant  l'extrait  suivant  d'une  délibération  prise 
au  sujet  de  la  répartition  de  fonds  qui  avaient  été  accordés 
aux  communes  du  département.  Cet  extrait  établit  l'état  de 
dévastation  dans  lequel  la  guerre  civile  avait  laissé  le  canton 
de  Challans  : 

«  Considérant  qu'il  n'est  peut-être  pas  de  canton  dans  le 
»  département  qui  ait  été  le  plus  ravagé  que  celui  de  Challans 
»  (le  chef-lieù  seulement  excepté  encore  que  plusieurs 
»  maisons  aient  été  pillées  et  incendiées),  puisque  les  campa- 
»  gnes  ont  presque  toutes  été  incendiées,  la  commune  de 
â>  Coudrie,  par  exemple,  où  il  n'est  resté  qu'un  seul  petit 
D  hameau,  le  reste  a  été  livré  aux  flammes  ;  les  communes 
»  de  Challans,  SouUans  et  Sallertaine,  outre  l'incendie  d'une 
»  grande  partie  des  maisons  et  granges  servant  aux  exploi- 
D  talions  et  l'enlèvement  de  la  presque  totalité  de  leurs 
n  bestiaux,  ont  encore  été  privées  de  leur  récolte  pendant 
o  toute  la  durée  de  la  guerre.  » 

Nous  arrivons  ainsi  au  1®'  floréal  an  VI,  époque  à  laquelle 
furent  installés  les  membres  de  l'Administration  municipale 
du  canton  élus  k  des  élections  récentes,  les  membres  en 
exercice  étant  arrivés  au  bout  de  leur  mandat. 

La  nouvelle  Administration  fut  composée  de  : 

Merland,  réélu  président. 

Commune  de  Challans.  Moreau,  agent  municipal  ;  Chamot, 
adjoint.  —  Commune  de  Sallertaine.  André  Denys,  agent 
municipal;  Joseph-Louis-Félix  Mourain,  adjoint.  —  Commune 
de  Soullans.  Jean  Bremaud,  agent  municipal  ;  Joseph  Papon, 
adjoint.  —  La  commune  de  Coudrie  n'ayant  point  eu  de 
réunion  de  son  assemblée  électorale,  l'Administration  nomma 
Doisy,  charpentier,  agent  municipal  de  cette  commune  et 
Blanchard,  adjoint. 


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-.187-^ 

Ganacbaud  avait  cessé  ses  Tonctions  de  secrétaire  de 
rAdmiolslralion  municipale  du  canton  de  Ghallans  et  avait 
élé  remplacé  par  Febvre.  Le  26  vendémiaire  an  VII,  il  les 
«prit,  Febvre  ayant  été  révoqué  pour  cause  de  négli- 
geDce. 

Le  pays  était  devenu  bien  plus  tranquille.  Cependant  au 
11  brumaire,  an  VIII,  une  certaine  agitation  régnait  encore 
dans  les  campagnes.  Le  Commandant  de  la  force  armée  de 
Ghallans  demandait  que  les  barrières  de  la  place  fussent 
rétablies,  pour  qu'elles  pussent  résister  à  l'éventualité  d'un 
coup  de  main,  des  brigands  en  nombre  parcourant  le  pays 
el  venant  jusqu'aux  portes  de  Ghallans.  L'Administration 
municipale  ordonna  le  rétablissement  desdites  barrières. 

Le  lendemain,  l'Âdminislraiion  instruite  que  les  brigands 
4^  signalés  enlevaient  les  armes  qu'ils  trouvaient  dans 
les  campagnes ,  ordonna  qu'un  désarmement  général  eut 
lieu.  Les  réfugiés  abondaient  de  nouveau  à  Ghallans 
et  l'Administration  déclarait  que ,  dans  l'état  actuel , 
il' lui  était  impossible  de  mettre  à  exécution  l'art.  5  de  la 
loi  du  4  vendémiaire  dernier  ainsi  conçu  :  «  Dans  les  trois 
»  jours  de  la  réception  de  la  présente  loi,  les  administrations 
«  municipales  du  canton  nommeront  des  commissaires,  qui 

•  se  transporteront  dans  chaque  commune,  y  recevront  les 
»  déxîlarations  prescrites  par  l'art.  5  et  feront  le  dénombre- 

•  ment  exact  de  tous  les  chevaux,  juments,  mules  et  mulets, 
»  qui  y  existent.  » 

Les  nouveaux  insurgés  prenaient  le  nom  de  Chouans. 
Ils  se  portaient  particulièrement  dans  le  marais. 

L'Administration  municipale  du  canton  prit  l'arrêté  sui- 
vant : 

«  Art.  1.  —  Il  est  fait  défense  à  tous  individus  habitant 
»  les  rives  du  marais  de  fournir  leurs  bateaux  où  tous 
»  autres  moyens  aux  brigands,  qui  se  présenteront  pour 


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—  188  — 

»  entrer  dans  le  marais,  même  aux  étrangers,  qui  ne  seront 
»  pas  porteurs  de  passeports  visés  par  les  administrations 
»  environnantes. 

»  Art.  2.  —  Ceux  qui  seront  convaincus  d'avoir  favorisé 
0  d'ime  manière  quelconque  l'entrée  des  brigands  ou 
»  étrangers  dans  le  marais,  ou  seulement  d'avoir  laissé 
»  prendre  leurs  bateaux  pour  ne  pas  les  avoir*  mis  en  lieu 
»  de  sûreté,  seront  regardés  comme  leurs  complices  et 
»  dénoncés  comme  tels  à  la  justice. 

»  Art.  3.  —  Les  bons  citoyens  sont  invités,  au  nom  du 
»  bien  public  et  de  la  tranquillité  de  leur  pays,  à  dénoncer 
»  tous  ceux  qui  prévariqueront  audit  arrêté. 

»  Art.  4.  —  Le  présent  arrêté  sera  publié  et  affiché  dans 
»  toutes  les  communes  du  canton,  afin  que  personne  n'en 
»  ignore. 

»  Art.  5.  —  Il  sera  écrit  aux  administrations  munici- 
»  pales  de  Saint-Gilles,  Saint-Jean-de-Monls  cl  Beauvoir 
M  pour  les  inviter  à  prendre  pareilles  mesures.  » 

Le  11  nivôse  an  VIII  «  un  membre  observe  que,  dans 
»  les  circonstances  présentes,  où  des  brigands  royaux  connus 
»  sous  le  nom  de  Chouans  parcourent  les  campagnes ,  y 
»  commettent  toute  espèce  d'exactions  et  de  vols,  on  ne 
»  saurait  prendre  trop  de  précautions  pour  éclairer  les 
»  routes  et  assurer  la  sûreté  particulière  des  voyageurs  ; 
»  qu'il  y  a  sur  la  route  de  Challans  k  SouUans  deux  taillis 
»  appelés  taillis  de  la  Motte,  qui  se  trouvent  des  deux  côtés 
»  de  la  grande  route  ;  que  des  malfaiteurs  peuvent  se 
»  cacher  dans  ces  bois  et  attendre  le  voyageur  sans  en 
»  être  aperçus,  et  venir  tout- à-coup  fondre  sur  lui  pour 
M  le  piller  et  le  voler  pour  ne  rien  dire  de  plus  ;  qu'il  est  du 
»  plus  grand  intérêt  pour  la^  sûreté  publique  de  faire  couper 
i>  les  bois  taillis  des  deux  côtés  de  la  grande  route  à  une 
tt  distance  d'au  moins  cinquante  toises  ; 


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-189- 

•  L'AdmiaistralioD  municipale,  le  Commissaire  du  Gouver- 

•  nemenl  entendu,  approuve  la  mesure  ci-dessus  proposée 
»  et  arrête  que  le  fermier  de  la  terre  de  la  Motte  sera 
0  tenu  de  faire  couper  les  deux  taillis  dont  il  est  question, 
»  à  la  distance  d'au  moins  cinquante  toises,  et  qu'à  cet 
»  effet,  expédilioç  du  présent  lui  sera  adressée.  » 

  quelque  temps  de  là,  le  ^  floréal  an  VllI,  à  la  réunion 
de  l'Administration  :  «  Le  Commissaire  du  Gouvernement 
»  donne  lecture  d'une  lettre  écrite  à  cette  Administration 
»  par  le  citoyen  Lefaucheux,  préfet  du  déparlement  de  la 
»  Vendée,  en  date  du  11  floréal  dernier,  parvenue  à  cette 
»  Administration,  il  y  a  deux  jours,  par  laquelle  il  la  prévient 
»  qu'en  exécution  de  l'art.  5  de  Tarrélé  des  consuls  du  11 

•  ventôse  dernier,  relatif  à  l'établissement  des  préfectures,  le 
i  citoyen  Gaudin,  sous-préfet  de  l'arrondissement  des  Sables, 

•  dont  ce  canton  fait  partie,  a  prêté  entre  ses  mains  le 

•  serment  de  fidélité,  prescrit  par  la  loi  ;  qu'en  conséquence 
»  celte  Administration  ait  à  cesser  ses  fonctions.  » 

Les  rouages  administratifs  de  la  France  étaient  changés. 
La  direction  des  affaires  était  remise  aux  préfectures  et  aux 
sous-préfectures.  Les  districts  n'existaient  plus. 


Ici  s'arrêtent  les  notes  et  manuscrits  de  mon  père.  Aussi 
bien  son  œuvre  élait-clle  terminée.  Du  moment  oii  les  arron- 
dissemenls  étaient  organisés,  par  là  même  les  districts  dispa- 
raissaient et  les  hommes  qui  les  avaient  dirigés  rentraient 
dans  la  vie  privée. 

En  publiant  ces  pages,  j'ai  obéi,  je  crois,  à  un  sentiment 
filial  et  j'ai  adressé  un  hommage  à  cette  Vendée  que  mon 
père  a  tant  aimée,  oii  je  suis  né  et  pour  laquelle  je  garderai 
toute  ma  vie  le  plus  profond  attachement. 

Julien  MERLAND. 


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RAPPORT  DE  M.  MAITRE 


sua 


L'HISTOIRE   DES  CHAPELLES-BOURBON 


DE  M.   LEGOUX. 


Messieurs, 

L'opuscule  que  vous  m'avez  transmis  pour  être  examiné 
porte  le  titre  suivant  :  Histoire  de  la  commune  des  Cha- 
pelleS'Bourbon,  par  Jules  Legoux.  L'auteur  n'en  est  pas  à 
ses  débuts  comme  écrivain  :  il  a  déjà  publié  un  volume  de 
jurisprudence  et  plusieurs  comédies  ou  saynètes,  il  se  recom- 
mande donc  à  notre  attention  et  c'est  avec  empressement  que 
j'ai  parcouru  son  nouveau  volume.  M.  Legoux  est  un  patriote 
ardent,  qui  s'est  attaché  au  pays  qu'il  administre  en  qualité 
de  maire  et  qui  voudrait  conserver  et  augmenter  autour  de 
lui  l'amour  du  sol  natal  en  recueillant  dans  une  sorte  de 
table  chronologique  les  faits,  grands  ou  petits,  qui  se  sont 
accomplis  autour  du  clocher.  Sa  pensée  est  aussi  de  créer 
un  mémorial  administratif  oii  les  magistrats  municipaux 
puissent  trouver  rapidement  les  noms,  les  dates  et  les  docu- 
ments dont  ils  ont  besoin  pour  l'étude,  la  discussion  et 
l'expédition  des  affaires.  Le  but,  vous  le  voyez,  est  très 
louable. 


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-19!- 

Commenl  Fauteur  s'est-il  acquitté  de  sa  tâche  iionorable  ? 
Voici  son  plan. 

Le  premier  chapitre  est  un  précis  historique  qui  com- 
mence  au  XI*  siècle,  au  moment  où  la  dame  de 
Garlande  Haouis  donna  naissance  à  la  paroisse  en  fondant 
deux  chapelles  sous  la  dépendance  de  Tabbaye  de  Saint- 
Maar-des-Fossés,  et  finit  au  21  septembre  1885,  jour  de 
Tinauguration  de  la  nouvelle  mairie.  Ensuite,  vient  une  table 
chronologique  des  faits  principaux,  qui  nous  offre,  après  la 
série  des  seigneurs,  le  résumé  des  principales  décisions  du 
Conseil  municipal,  puis  les  événements  heureux  ou  malheu- 
reux qui  se  sont  passés  aux  Chapelles-Bourbon,  la  liste  des 
maires,  adjoints,  conseillers,  instituteurs,  gardes-champétres, 
curés  et  desservants,  qui  se  sont  succédé.  Là,  je  note  une 
lacune  en  passant,  car  je  ne  vois  pas  la  liste  des  syndics  ou 
iBarguilliers  qui  administraient  la  paroisse  avant  1790,  ce 
qui  ferait  croire,  à  tort,  que  le  curé  fût  le  seul  administra- 
teur du  pays.  En  revanche,  je  remarque  avec  plaisir  un 
instituteur  à  la  date  de  1651.  Les  renseignements  adminis- 
tratifs, agricoles  et  la  statistique  qu'un  maire  doit  avoir  tou- 
jours sous  les  yeux,  occupent  bon  nombre  de  pages. 

La  seconde  moitié  du  volume  comprend  le  relevé  de  toutes 
les  notes  historiques  consignées  par  les  curés  sur  leurs 
registres  et  les  actes  de  baptêmes,  mariages  et  sépultures 
HX)Qcemant  les  personnes  de  qualité.  Parmi  les  pièces  justifi- 
catives, je  citerai  un  tableau  de  la  répartition  de  la  taille 
réelle  et  personnelle,  un  état  des  biens  vendus  nationalement 
et  sept  biographies  de  personnages  qui  appartiennent  à  l'his- 
toire générale  de  notre  pays,  tels  que  le  maréchal  Augereau, 
que  M.  Legoux  s'est  empressé  d'inscrire  sur  son  répertoire 
parce  qu'il  a  possédé  l'une  des  fermes  de  sa  commune. 

La  notice  du  duc  de  Penthièvre  nous  apprend  qu'étant 
seigneur  du  pays,  il  donna  son  nom  aux  Chapelles-BourboQ. 


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-^192  — 

Voilà  bien  des  faits  minuscules  qu'on  serait  surpris  de  voir 
enregistrés,  si  l'auteur  ne  nous  avait  prévenus  qu'il  veut 
faire  une  sorte  de  livret  de  famille  communale.  Le  titre  d'his- 
torien qu'il  a  emprunté  n'est  que  pour  le  frontispice  du 
volume  ;  il  avoue  bien  vite  dans  sa  préface  qu'il  ne  compte 
pas  découvrir  de  faits  mémorables  dans  les  Annales  des 
Chapelles.  Quelle  que  soit  la  portée  du  volume,  le  peu  de 
retentissement  auquel  il  est  appelé,  il  a  cependant  son  utilité. 
M.  Legoux  vous  l'offre,  non  pas  à  cause  de  son  intérêt,  mais 
comme  le  type  d'un  cadre  que  chaque  maire  rural  devrait 
s'efforcer  de  remplir  pour  sa  propre  instruction,  comme  pour 
la  leçon  de  ses  administrés. 

L'œuvre  de  M.  Legoux,  telle  qu'elle  est,  peut-elle  être 
offerte  à  l'imitation  ? 

Pour  l'apprécier  nous  devons  la  diviser  en  deux  parties 
distinctes.  Si  je  la  considère  au  point  de  vue  administratif 
comme  un  manuel,  je  la  crois  appelée  à  rendre  de  grands 
services,  car  il  est  bon  qu'un  maire  et  son  conseil  aient  tou- 
jours sous  les  yeux  le  tableau  exact  de  ce  qu'ont  fait  leurs 
prédécesseurs.  C'est  pour  eux  un  stimulant  à  bien  faire  et  un 
guide  contre  les  erreurs. 

Si  j'examine  la  partie  historique  qui  tient  la  plus  grande 
place,  l'auteur  me  semble  avoir  attaché  trop  d'importance  à 
des  détails  qui  mériteraient  de  demeurer  dans  l'oubli.  C'est 
émietter  l'histoire  que  de  choisir  un  cadre  aussi  restreint  et 
de  le  remplir  d'événements  aussi  insignifiants.  Le  lecteur 
ordinaire  n'a  pas  le  temps  de  s'attarder  aux  petits  faits  que 
recherchent  les  érudits.  Ce  qu'il  faut  au  public  illettré,  ce 
sont  des  notions  générales  et  des  peintures  à  grands  traits. 
L'œuvre  de  M.  Legoux  eût  été  bien  autrement  instructive  si, 
rattachant  sa  petite  agglomération  de  104  habitants  à  une 
grande  unité  administrative  féodale  ou  judiciaire,  il  avait 
exposé  brièvement  dans  son  préambule  par  quels  liens  son 


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-  193  — 

petit  territoire  se  rattachait  à  raulorité  royale,  au  parlement, 
au  diocèse,  à  l'élection,  à  Tintendance,  s'il  avait  dépeint  les 
hiœurs  et  les  coutumes  locales.  Elargissant  l'horizon  jus- 
qu'aux limites  de  sa  contrée  qui  est  la  Brie,  il  aurait  trouvé 
à  citer,  non  pas  des  noms  de  propriétaires,  mais  des  nolabi- 
lilés  qui,  par  leurs  services  éclatants  ou  leurs  bienraits,  ont 
mérité  de  vivre  dans  la  mémoire  de  leurs  concitoyens.  Nous 
n'avons  pas  besoin  d'insister  pour  nous  faire  comprendre  et 
nous  sommes  persuadés  que  M.  Legoux,  mieux  que  personne, 
aurait  su  donner  tous  ces  attraits  à  son  livre  si  le  sort  l'avait 
conduit  sur  un  terrain  plus  fécond  en  événements  et  en 
grands  hommes.  La  critique  doit  être  très  bienveillante  à  son 
égard,  car  nous  ne  sommes  pas  habitués  à  trouver  beaucoup 
d'écrivains  préoccupés  d'exactitude  historique,  parmi  les  chefs 
k  nos  municipalités.  Le  suffrage  universel  ne  nous  gâte  pas 
soQs  ce  rapport.  Les  félicitations  ne  sauraient  être  trop 
empressées  autour  des  hommes  dévoués  qui,  comme  M. 
Legoux,  n'exercent  le  pouvoir  que  pour  répandre  autour 
d'eux  la  lumière. 


13 


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QUELQUES  LETTRES  INÉDITES 
DE    PAUL    BAUDRY 

Par  Julien  MERLAND 

JOOB   SUPPLÉANT   AU   TRIBUNAL  CIVIL  DE  NaRTBS. 


Lorsqu'il  y  a  •  quelques  années,  mon  père  écrivait  ses 
Biographies  vendéennes,  il  me  disail  en  parlant  de  Paul 
Baudry  :  «  Je  ne  m'occupe  que  des  morts.  Ce  n'est  donc 
pas  moi  qui  écrirai  sa  biographie.  »  Hélas  !  à  un  an  de  date, 
presque  jour  pour  jour,  l'un  et  l'autre  devaient  succomber 
et  aller,  à  peu  de  distance  l'un  de  l'autre,  se  retrouver  là  où 
on  ne  se  sépare  plus. 

Pendant  près  de  quarante  années,  mon  père,  qui  avait 
connu  Baudry  enfant,  entretint  avec  lui  des  relations  suivies. 
Il  me  fut  donné  à  moi-même  de  connaître  le  grand  artiste 
et  de  pouvoir  apprécier  ses  nobles  qualités.  On  m'a  souvent 
raconté  qu'au  moment  oii  Baudry,  premier  prix  de  Rome, 
partait  pour  l'Italie,  il  voulut  faire  mon  portrait.  J'avais 
alors  peut-être  six  à  sept  ans.  Pris  de  colère  et  probable- 
ment de  peur,  je  refusai  obstinément  de  lui  laisser  prendre 
mes  traits. 

Des  relations  de  mon  père  avec  Baudry  résulta  une  cor- 


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^Tespondance  dont,  aujourd'hui,  j'ai  recherché  les  traces.  En 
]  fouillaDl  dans  les  papiers  de  famille  j'ai  retrouvé  onze  lettres 
Iwiginales  émanant  de  Paul  Baudry  et  la  copie  d'une  dou- 
Izfeme.  J'ai  pensé  que  peut-être  la  communication  en  offri- 
Irait-elle  quelque  intérêt  et  c'est  pourquoi  je  me  suis  décidé  à 
|les  publier. 

La  première,  par  ordre  chronologique,  dont  je  n'ai  que  la 
[copie,  date  de  loin.  Baudry  avait  alors  une  vingtaine  d'an- 
tBées.  Cette  lettre,  adressée  aux  parents  de  Baudry,  fut 
;  reproduite  par  mon  père  dans  son  discours  de  Président  de 
I  la  Société  académique  de  la  Loire-Inférieure  (année  1877). 
Je  l'en  extrais  textuellement  : 

«  Nous  vivons  pour  être  heureux  en  définitive,  il  faut 
•  àxsBC  que  la  raison  choisisse  les  droits  chemins.  Pour 
»  moi,  c'est  une  conviction,  l'homme  le  plus  heureux  sur 
»  terre,  c'est  celui  qui  a  le  cœur  pur,  l'esprit  cultivé,  une 

•  bonne  tête  et  des  bras  pour  gagner  sa  vie.  L'on  ne 
»  dépend  plus  de  personne,  lorsque  tout  le  monde  a 
»  besoin  de  vous.  Ainsi  est  l'ouvrier.  Qu'importe  les  révo- 
»  lutions  et  les  bouleversements,  il  faut  toujours  des 
»  maisons,  des  souliers,   des  cbapeaux,   etc.;  et  l'on  se 

•  passe  fort  bien  de  tableaux.   Je  veux  donc  qu'Ambroise 

•  apprenne  un  état  manuel,  je  veux  qu'il  soit  menuisier  ; 
»  c'est  un  état  intéressant  ;    on  dessine  tous  les  jours,  un 

•  ouvrier  intelligent  a,  avec  le  rabot,  toutes  les  routes 

•  ouvertes  vers  l'art.  Avec  cette  profession,  on  vit  partout, 
»  et,  dut-on  la  laisser  pour  devenir  artiste,  on  a  toujours 

•  cette  ressource  et  la  vie  assurée. 

»  Si  vous  habitiez  une  grande  ville,  et   qu'il  y   eut  à 
»  choisir  dans  les  métiers,    peut-être  aurais-je  donné  la 

•  préférence  h  la  ciselure.  Mais  vous  êtes  à  Napoléon,  et 
»  le  seul  état  qui  me  convienne  pour  Ambroise,  est  celui 


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-196- 

»  de  menuisier  ébéniste.  Je  voudrais  aussi  ne  commencer 
0  que  lorsque  Ambroise  aura  quinze  ou  seize  ans  ;  deux 
»  ans,  c'esl  assez  pour  apprendre  un  métier,  et  alors,  sûr 
»  de  lui-même,  de  ses  ressources,  de  sa  vie,  je  Temmène 
»  a  Paris  à  mon  retour,  là  nous  serons  ensemble,  et  je 
•'  réponds  du  reste.  Qu' Ambroise  continue  donc  jusqu'à 
»  cette  époque,  ses  éludes  ;  qu'il  laisse  de  côté  l'archi- 
»  tecture  qu'il  ne  peut  comprendre  et  qu'il  dessine  comme 
»  je  le  faisais.  Mais  voilà  l'objection  à  laquelle  vous  vous 
»  arrêterez  peut-être,  et  comme  elle  m'est  venue  souvent 
»  à  la  pensée,  je  ne  veux  pas  manquer  de  vous  en  parler  ; 
»  faut-il  le  faire  aller  au  collège  jusqu'à  seize  ans  ?  N'est- 
»  ce  pas  en  faire  une  espèce  de  Monsieur^  un  demi- 
i>  bourgeois  manqué  ;  lui  donner  des  espérances  et  des 
n  sottes  ambitions  pour  le  faire  descendre  plus  tard,  à 
»  l'atelier  de  menuisier,  lui  donner  le  rabot,  qu'il  prendra 
))  à  contre-cœur,  avec  mépris  peut-être,  en  se  souve- 
»  nant  d'un  tel  qui  est  à  Saint-Cyr,  ou  d'un  autre  qui 
»  est  devenu  bachelier,  étudiant,  etc.  Oui,  c'est  là 
»  recueil  :  mais  pour  un  imbécile  !  je  connais  assez  mon 
»  Ambroise  pour  savoir  que  ce  n'est  pas  à  redouter  pour 
»  lui,  il  n'aura  pas  d'envie,  si  ce  n'est  celle  de  faire  bien, 
»  pas  d'autre  orgueil  que  de  valoir,  comme  homme,  le 
0  premier  venu  ;  il  saura,  à  cet  âge,  que  la  vraie  supério- 
»  rite  ne  consiste  que  dans  le  cœur  et  la  raison.  Un 
»  homme  est  coupable  de  ne  pas  faire  tous  ses  efforts  pour 
n  s'instruire,  et  la  bonne  instruction,  même  la  plus 
»  étendue,  ne  gêne  pas  pour  tenir  un  outil.  Qu'il  dessine 
»  donc  comme  s'il  devait  devenir  peintre,  et  qu'il  manie 
0  le  rabot  comme  un  brave  ouvrier  ;  un  mauvais  peintre 
»  est  une  calamité,  et  un  menuisier,  même  médiocre^ 
*>  est  utile. 
»  Alors,   avec  ces   bons  commencements,   instruction, 


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—  197  — 

»  raison  droite,  bon  cœur,  des  bras  habiles  au  métier  et 
»  au  crayon,  nous  ne  serons  pas  embarrassés  et  nous 
»  ferons  notre  chemin  ensemble.  » 

Ce  jeune  Ambroise,  dont  Baudry  parle  avec  tant  de  solli- 
cilude,  est  devenu  le  célèbre  architecte  dont  le  nom  est 
connu  de  l'Europe  entière.  Aujourd'hui,  il  pleure  à  chaudes 
!  larmes  celui  qui  fut  pour  lui  un  second  père.  Obéissant  à  la 
plus  pieuse  des  pensées,  il  rassemble  tout  ce  qui  émana  de 
son  frère  et  il  écrit  à  chacun  pour  le  prier  de  lui  communi- 
quer les  lettres  que  l'on  peut  posséder  de  Paul  Baudry.  J'ai 
reçu,  dans  ce  sens,  une  demande  d' Ambroise  Baudry  et  rien 
n'est  plus  touchant  que  sa  lettre  qui  m'a  été  communiquée. 
D  veut,  et  il  a  raison,  conserver  à  ses  enfants  tout  ce  qui  se 
rattache  à  son  frère  et  le  leur  laisser  comme  un  modèle  à 
suivre,  afin  qu'ils  perpétuent  à  tout  jamais  le  nom  si  illustre 
et  si  honorable  des  deux  Baudry. 

A  une  époque  à  peu  près -concomitante  avec  celle  où  fut 
écrite  la  lettre  que  je  viens  de  transcrire,  Baudry  adressa  de 
Rome  la  lettre  suivante,  la  première  dont  je  possède  l!ori- 
ginal  : 

A  Monsieur  le  D^  Merland. 

Rome,  le  10  août  1854. 

!  a  Cher  Monsieur  Merland, 

!  »  J'ai  été  touché  jusqu'au  fond  du  cœur  des  soins  que 

»  vous  avez  donnés  à  mon  pauvre  petit  Ambroise.  Je  suis 
»  persuadé  que  vous  l'avez  sauvé  et  que  c'est  un  bienfait  à 
I  »  ajouter  à  ceux  que  j'ai  déjà  reçus  de  vous.  Quel  homme 
I  »  bon  et  charmant  vous  êtes  î  Vous  témoignez  à  vos  amis, 
»  par  tous  les  moyens  possibles,  que  vous  les  aimez  et  que 
»  vous  les  aimez  inaltérablement.  Je  voudrais  être  auprès  de 
»  vous  pour  vous  presser  les  mains  et  vous  dire,  dans  toute 


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—  198- 

«  Teffusion  de  mpn  âme,  combien  je  vous  suis  reconnais- 
n  sant.  Mais  vous  le  savez,  cher  Monsieur,  à  quoi  bon  vous 
»  le  dire.  Nous  nous  entendons  parfaitement  et  ces  lignes  ne 
»>  vous  apprendront  rien.  Il  me  reste  seulement  une  crainle, 
»  une  inquiétude  :  c'est  que  vous  ne  soyez  affligé  de  ma 
»  paresse  épistolaire  et  qu'une  vilaine  inspiration  ne  se  soit 
*>  glissée  dans  votre  esprit  pour  vous  faire  croire  à  un  affai- 
»  blisseraent  de  mon  affection  pour  vous.  Non,  non,  cher 
•»  Monsieur,  je  vous  aime  toujours  comme  par  le  passé  et  le 
»  nombre  de  mes  lettres  n'a  rien  à  voir  Ik-dedans.  Vous 
A  devinez,  avec  votre  instinct  d'homme  d'esprit,  que  la  vio 
n  artistique  est  un  tourment  continuel. 

n  Lorsque  la  toile  est  blanche,  mille  espérances  ardentes 
M  vous  clouent  devant  le  chevalet.  On  a  hâte  de  les  voir 
«  vivantes  et  réalisées.  Dans  ces  moments,  une  solitude 
*>  morale  immense  se  fait  autour  de  celte  idée  fixe.  C'est 
»  notre  pierre  philosophale  que  nous  cherchons  ;  nous  mar- 
'>  chons  comme  des  fous,  comme  l'astrologue  du  père 
»  Lafontaine,  les  yeui  fixés  sur  l'étoile  qui  scintille  et  dis- 
«  paraît  à  chaque  instant  et  il  nous  arrive  mille  accidents 
«  semblables  à  celui  de  la  fable.  Je  ne  sais  point  si  je  ferai 
»  la  même  chute.  Mais  enfin  j'ai  réussi  à  fixer  l'image 
t>  idéale  que  je  poursuivais.  La  Fortune  est  une  déesse 
»  vagabonde  bien  difficile  à  saisir.  Mais  l'audace  sied  si  bien 
»>  aux  jeunes  fous.  C'est  la  passion  de  la  jeunesse.  Je  l'ai 
»  prise  par  sa  longue  chevelure  et  je  l'ai  peinte  dans  le 
))  simple  appareil.  L'avenir  me  dira  si  je  n'ai  saisi  que  son 
»  ombre  et  si  ses  cheveux  me  resteront  dans  la  main  comme 
»  cela  est  arrivé  maintes  fois  à  en  croire  les  poètes. 

»  Voici  mon  sujet  :  La  Fortune  et  le  jeune  enfant  (Lafon- 
«  taine,  fable  XI,  livre  V).  J'ai  brodé  sur  ces  deux  vers  : 

»  Mon  inignou,  je  vous  sauve  la  vie, 

»  Soyez,  une  autre  fois,  plus  sage,  je  vous  prie. 


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—  191)  - 

»  Vous  voyez,  cher  Monsieur,  que  le  sombre  Vendéen  est  las 
»  des  meurtres,  des  luttes  tragiques.  U  a  voulu  prouver  qu'au 

•  fond,  il  est  bon  enfant  et  que  les  joues  veloutées  et  les 
-  lèvres  roses  le  charment  aussi  comme  peintre.   Quoi- 

•  que  ayant  fait  Sabinus  dans  le  charnier  des  Gémonies,  il 
»  est  ravi  à  la  vue  des  petits  blondins  au  nez  retroussé, 

•  aux  sourires  à  fossettes  ;  il  abhorre,  surtout  dans  l'art 
»  moderne,  la  spécialité  dans  le  sentiment.  Il  croit  que  la 
»  peinture  ne  se  fait  pas  comme  un  cent  d'épingles.  N'avez- 
9  vous  pas  frémi  à  celte  idée  qu'un  homme  fait  par  le  bon 
«  Dieu,  exécute  toute  sa  vie  des  têtes  d'épingles,  rien  que 
»  des  têtes,  un  autre  les  tiges,  un  autre  toutes  les  pointes  ! 
»  Cette  idée  m'a  piqué  au  vif  et  je  veux  faire  mon  épingle 

•  tout  entière»  Voilà  un  bien  vilain  jeu  de  mots  et  je  ne 

•  puis  guère  l'attribuer  qu'à  l'influence  de  ce  bon  M.  Sauzet 

•  que  j'entends  peut-être  trop  souvent.  U  est  à  Rome  dans 
»  ce  moment  et  il  est  ravi  d'avoir  été  arrêté  par  un  infor- 
«  luné  brigand  qui  lui  a  pris  cinquante  sous.  Son  histoire 

•  vaut  cinquante  louis  pour  l'importance  qu'il  lui  donne,  et 
»  depuis  quinze  jours  il  la  raconte  dix  fois  par  soirée.  Je 
0  vous  épargnerai  tous  les  faibles  calembours  qu'il  place  en 
«  se  tapant  sur  la  cuisse,  geste  oratoire  dont  il  use  trop 

•  fréquemment.  Je  me  bornerai  à  vous  demander  si  vous 

•  savez  pourquoi  nous  sommes  allés  jeter  l'encre  dans  la 

•  mer  Noire.  C'est  son  meilleur. 

»  Oh  !  mon  Dieu  !  me  voilà  tombé  dans  cette  abominable 
»  question  d'Orient  !  En  ressentez-vous  le  contre-coup  dans 
»  la  Vendée.  Est-ce  que  la  guerre  vous  inquiète  en  France  ? 
»  U  me  semble  à  moi  que  cela  va  durer  bien  longtemps,  et 
»  la  poudre  à  canon  va  bien  noircir  les  tableaux. 

»  J'ai  causé  politique,  l'autre  jour,  avec  ce  charmant  et 
«  amusant  M.  Ampère.  Les  lettres  et  les  arts  frissonnent  au 
»  bruit  du  canon.  Mais  je  m'aperçois  tous  les  jours  que  les 


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-200- 

9  savants  et  les  artistes  sont  des  enfants  insouciants  et 
»  paresseux,  qu'ils  se  laissent  aller  au  courant  de  Teau  sans 
9  jamais  se  soucier  d'aborder  la  rive.  Ce  bon  M.  Ampère 
»  continue  avec  la  même  activité  flâneuse  son  ouvrage 
»  commencé,  et  c'est  bien  sans  le  savoir  qu'il  touche  un  peu 
»  à  ce  que  Nicolas  I*^  voudrait  prendre.  Le  titre  de  son 
9  ouvrage  est,  je  crois,  l'Origine  de  l'art  bysantin.  Vous 
9  avez  lu  les  voyages  de  M.  Ampère.  Vous  savez  quel  esprit 
»  et  quelle  bonhommie  !  Eh  bien  !  c'est  tout  l'homme.  On 
9  lui  donnerait  mon  âge  en  voyant  son  imprévu  et  sa  viva- 
9  cité  d'imagination.  L'autre  jour,  après  un  déjeuner  vif  et 
9  animé,  il  a  voulu  me  soutenir,  en  prenant  un  accent 
»  marseillais  des  plus  violents,  qu'il  n'y  avait  que  Marseille 
9  qui  fût  d'origine  grecque.  Je  lui  ai  ôté  mon  chapia  et  je 
9  lui  ai  dit  en  patois  de  paysan  de  comédie  mêlé  des  beaux 
9  jurons  du  Bocage,  les  antiquité  d'e  Nichouille  (*)  et 
»  d'Olonne.  Vous  devez  avoir  deviné  à  ce  surabondant 
»  bavardage,  qu'il  aime  mon  tableau  et  qu'il  me  l'a  dit. 
9  Tant  pis,  voilà  le  bout  de  mon  oreille. 

9  Cette  lettre  a  été  vite  et  je  regrette  de  l'avoir  si  mal 
9  remplie.  Pardonnez-moi,  mon  cher  Monsieur  Merland,  et 
*•  conservez-moi  toute  votre  bienveillante  indulgence. 

9  Adieu,  cher  Monsieur,  je  vous  embrasse  de  tout  mon 
9  cœur. 

9  Paul  BAUDRY. 

»  Mes  hommages  respectueux  à  M™«  Merland.  » 

Cette  lettre  nous  a  paru  charmante.  Ecrite  avec  Y  humour 
d'un  jeune  homme,  dans  certaines  parties  elle  dénote  toute 
la  profondeur  de  pensée  et  tout  l'esprit  de  celui  qui  devait 
être  le  grand  artiste.    Ajoutons  qu'il  ne  faut  pas  oublier 

(*)  Ecqaebouille,  un  des  faobouigs  de  la  Roche-sor-Too. 


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—  201  — 

qu'au  moment  où  il  écrivait  cette  lettre,  Baudry  avait  vingt- 
sli  ans. 

La  seconde  lettre  est  du  mois  d'août  1869.  Elle  ne  porte 
pas  de  date.  Mon  père  venait  d'être  nommé  chevalier  de  la 
Légion-d'Honneur.  Il  ne  savait  qui  avait  pu  le  désigner  à 
l'Empereur  pour  l'obtention  de  cette  haute  distinction.  11 
avait  pensé  que  ce  avait  pu  être  Baudry  ;  il  lui  écrivit  à  ce 
sujet  et  en  reçut  la  charmante  lettre  que  voici  : 

Cl  Cher  ami, 

j>  Votre  lettre  m'a  causé  une  bien  grande  joie  en  m'appre- 
»  nant  votre  nomination  de  chevalier.  Je  dois  vous  avouer 
»  1res  sincèrement  que  mon  cœur  n'avait  pu  former  jusqu'à 
»  présent  que  des  vœux  stériles  pour  la  réalisation  de  cet 

•  acte  de  haute  et  pure  justice.  Vous  êtes  si  aimé  et  si 

*  profondément  estimé  de  tous  vos  amis  que  vous  trouverez 
»  peut-être  difficilement  celui  qui  a  eu  le  bonheur  de  faire 
»  signer  à  l'Empereur  cette  croix  de  vrai  chevalier.  Quant  à 
»  moi,  j'ai  une  méchante  pensée  pour  cet  ami,  je  l'envie. 

»  Mais  je  vous  aime  de  tout  mon  cœur  et  vous  serre 
^  affectueusement  la  main. 

«  Paul  BAUDRY. 

»  Je  m'imagine  que  vos  parrains  sont  M.  Drouyn  de 
»  Lhuis  ou  M.  Emile  Leroux.  Si  j'ai  occasion  de  le  rencontrer, 
»  je  le  saurai.  » 

Baudry,  dans  cette  lettre,  a  commis  évidemment  une 
erreur  de  plume.  Au  lieu  de  Emile  Leroux,  il  faut  lire  Alfred 
Le  Roux,  qui  était  alors  député  de  la  Vendée  et  dont  le  fils, 
M.  Paul  Le  .Roux,  est  lui-même,  actuellement,  un  des  plus 
sympathiques  députés  de  ce  départemenl.  J'ai  aujourd'hui 
quelques  raisons  de  croire  que  Baudry  ne  se  trompait  pas  et 
que,  avec  une  discrétion  parfaite,   dont  il  ne  s'est  jamais 


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départi,  c'étail  M.  Alfred  Le  Roux  qui  avait  fait  décorer  mon 
père. 

Quelques  mois  plus  tard  Baudry  venait  d'être  nommé 
membre  de  riostilut.  Voici  en  quels  termes  il  annonce  sa 
nomination  : 

Rome,  le  1t  mai  1870. 

ff  Cher  Monsieur  Merland, 

»  Je  tiens  à  vous  apprendre  moi-même,  bien  que  vous  le 
»  sachiez  probablement,  ma  nomination  à  l'Institut.  C'est  k 
I)  vous  que  je  pense  et  aux  quelques  rares  amis  de  ma 
»  jeunesse,  lorsqu'il  m'arrive  quelque  événement  heureux 
»  dans  ma  vie  d'artiste.  C'est  à  vous,  à  défaut  de  mon  père, 
«  que  je  reporte  tout  le  plaisir  que  j'en  puis  éprouver.  J'étais 
»  venu  dans  ce  pays  pour  m'y  retremper  dans  la  solitude  et 
»  poursuivre  les  études  de  mes  grands  travaux  incessants  de 
»  l'Opéra.  Mon  attente  y  a  été  entièrement  trompée.  J'ai 
»  eu  ici  de  tristes  préoccupations.  11  m'est  arrivé  un  ami 
»)  extrêmement  malade.  Je  suis  devenu  son  soutien,  son 
M  unique  ressource.  Mon  pauvre  ami  a  une  maladie  de 
»>  poitrine  arrivée,  je  crois,  à  la  période  fatale.  Sa  femme 
>»  qui  l'accompagne  ne  sait  pas  l'ilalien.  Je  les  garde  à 
»  Rome  et  vais  être  obligé  de  les  suivre  à  Venise  oii  le 
«  malade  veut  absolument  se  rendre.  Il  peut  mourir  sur  le 
»)  chemin.  Voilà  les  deux  faces  de  toutes  les  choses  humaines: 
»  la  douleur  pour  un  peu  de  joie. 

»  Mon  frère  Ambroisc  a  eu  un  grand  triomphe  à  l'exposi- 
n  lion  de  celte  année;  il  a  exposé  son  projet  de  Viennct  qui 
n  lui  a  valu  le  1"  prix  en  Allemagne,  et  un  nouveau  travail 
))  sur  le  Forum  romain. 

»  Il  a  obtenu  la  première  des  six  médailles  réservées  à 
»  l'architecture. 

»  Ma  santé  est  bonne,  bien  que  j'aie  eu  comme  d'habitude 


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—  203  — 

•   le  tribut  à  payer  au  climat  italien.  Tout  est  bien  maintenante 
»  J'espère  que  Dieu  dissipera  toutes  mes  inquiétudes  et 

»  qu'il  me  donnera  la  grâce  d'accomplir  ce  que  je  viens 

-  faire  ici. 

»  Veuillez  agréer,  cher  Monsieur  et  ami,  tous  mes  vœux 

»  pour  vous  et  votre  famille  et  croyez-moi  bien  toujours 

••  votre  très  affectionné, 

D  Paul  BâUDRY.  ^ 

La  quatrième  lettre  remonte  à  Tannée  1871,  au  lendemain 
lie  nos  désastres  : 

A  Monsieur  Constant  Merland,  à  Nantes. 


Bordeaux,  11  mars. 


«  Cher  Monsieur  Merland, 


»  Je  viens  de  recevoir  votre  lettre.  Je  suis  sauf,  ainsi  que 
mon  frère.  J'ai  quitté  Paris  il  y  a  mois  avec  lui  (•). 
Je  l'ai  dirigé  vers  le  Caire. 

»  Mon  pauvre  frère  a  été  terriblement  exposé  cet  hiver  et 
il  a  fait  vaillamment  son  devoir  comme  tous  les  Vendéens  ; 
c'est  une  consolation  pour  moi  d'avoir  vu  nos  provinces 
de  l'Ouest  se  montrer  si  vraiment  françaises.  Que  de 
défaillances  ailleurs  !  J'ai-  encore  le  cœur  brisé  de  tous 
nos  malheurs.  Mes  travaux  et  mes  études  habituelles  sont 
bien  loin  de  moi.  Je  ne  sais  à  quoi  me  rattacher.  Je  ne 
vous  parlerai  pas  du  siège  de  Paris.  C'est  un  sujet  d'amer- 
tumes et  de  souffrances  pour  moi.  Cette  lutte  de  cinq 
mois  contre  la  populace  et  les  Prussiens  a  été  un  enfer. 
»  Nous  causerons  de  ces  tristes  choses  quand  nous  nous 


(*)  Un  mot  a  été  évidemment  omis. 


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—  204  — 

»  reverrons.  Ne  maudissez  pas  trop  Paris.  Il  a  fait  son  devoir. 
ù  On  en  dira  jamais  assez  de  bien  ni  assez  de  mal. 

»  J'ai  rencontré  ici  Beulé  qui  m'a  parlé  de  vous,  et 
0  M.  Gauja  et  son  fils.  Je  crois  que  nous  aurons  la  joie  de 
a  revoir  M.  Gauja,  préfet  de  la  Vendée. 

»  J'irai  de  mon  côté  bientôt  ;  j'essaierai  de  vous  joindre. 

t  Les  deux  Bonnin  vont  bien.  J'ai  été  à  Cherbourg  pour 
»  voir  Etienne.  Il  venait  de  quitter  la  rade  sur  la  Savoie. 

«  Je  vous  serre  la  main  bien  affectueusement. 

»  Paul  BAUDRY.  « 

Tout  commentaire  affaiblirait  ces  lignes.  Baudry  est  là 
tout  entier  :  Vendéen,  grand  homme  de  cœur,  grand 
patriote. 

Les  cinquième,  sixième  et  septième  lettres  datent  de  l'année 
1875. 

A  ce  moment,  Baudry  séduit  par  la  magnifique  plage  de 
Saint-Gilles-sur- Vie,  avait  conçu  l'idée  de  s'y  construire  un 
chalet.  Il  rencontra  un  propriétaire  récalcitrant  qui,  pensant 
sans  doute  qu'il  était  millionnaire,  voulut  lui  vendre  à  prix 
d'or  quelques  mètres  de  terrain  sablonneux.  Baudry  renonce 
h  son  idée  et  s'exprime  ainsi  : 

A  Monsieur  le  D'  Constant  Merland.  rue  Copernic,  i, 

Nantes. 

Paris,  1i  jaio. 

«  Cher  ami, 

»  Vplre  appréciation  sur  le  seigneur  X...  me  semble  en 
»  tous  points  exacte.  Je  ne  sais  vraiment  pas  ce  qu'espère 
»  ce  vieux  vérificateur.  En  tous  cas,  il  ne  lui  viendra  rien 
*i  de  moi  et  j'ajourne  indéfiniment  mes  projets  de  Saint- 
1)  Gilles. 

»  Les  terrains  du  docteur  Grolleau  sont  trop  éloignés  de 


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-20S  — 

•  la  mer,  et  mon  projet  de  petite  maison  n'avait  d'autre 
»  raison  que  le  voisinage  immédiat  du  rivage  et  de  la  lame. 
»  Quand  j'irai  vous  voir  en  septembre,  rien  ne  nous  empfi- 
»  chera  de  pousser  jusque-là  en  chassant,  et  nous  veiTons 
a  mieux  sur  le  terrain. 

»  Je  suis  en  train  de  m'installer;  c'est  bien  long  et  bien 
»  ennuyeux.  Je  prévois  que  je  ne  pourrai  me  mettre  au 
»  travail  avant  une  quinzaine.  Mais,  quoiqu'il  arrive,  je 
»  quitte  Paris  le  1"  septembre  et  je  veux  suivre  vos  conseils 
»  d'ami  et  de  docteur.  Un  mois  de  pêche  et  de  chasse  valent 
»  mieux  que  les  escrimes  et  les  douches  du  gymnase  Paz. 

»  Mes  bons  souvenirs  à  nos  amis  et  aux  vôtres. 

»  Votre  ami , 

*>  PAUL.  • 

A  quelques  mois  de  là  il  nous  écrivait  pour  tenir  sa  pro- 
messe de  venir  nous  voir  à  notre  campagne,  à  Ghallans  : 

A  M.  Constant  Merland,  aux  BallièreSj  près  Ghallans 

{Vendée). 

La  Roche-sur- Yon. 

«  Cher  Monsieur  Merland, 

»  J'ai  le  désir  de  tenir  la  promesse  que  je  vous  ai  faite. 
1»  Mais  je  voudrais  avoir  de  vous  quelques  indications  pré- 
»  cises  pour  vous  retrouver  et  surtout  savoir  si  ma  visite 
»  aux  Rallières  ne  vous  causerait  en  ce  moment  aucun 
»  embarras. 

»  Mais  êtes-vous  aux  Rallières  ?  Peut-on  y  aller  avec  le 
»  fusil  de  chasse? 

»  Quels  sont  les  moyens  de  locomotion  et  les  heures 
»  préférables  ? 

»  Si  ma  lettre  vous  trouve  dans  votre  retraite,  j'aurai  de 


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—  20fi  — 

»  suite  ces  petits  renseignements  ;  si  vous  êtes  à  Nantes, 
û  soyez  assez  bon  pour  m'en  aviser ,  car  j'ai  très  peu  de 
*)  temps  à  passer  en  Vendée  et  j'ai  des  engagements  dans 
»  des  départements  voisins. 

»  Veuillez  présenter  mes  hommages  à  vos  dames  et 
»  croyez-moi  toujours  votre  fidèle  et  très  affectueux, 

•  Paul  BAUDRY, 

»  La  Roche-sur-YoD,  rue  Gouvion,  9.  » 

Quelques  jours  après,  il  nous  écrivait  de  nouveau. 

La  Roche-sui'-Yon,  mercredi  22  septembre  1875. 

a  Cher  ami  , 

»  je  compte  aller  h  Saint-Gilles  après  demain  vendredi. 
»  J'y  resterai  peu  de  temps,  car  il  faut  bientôt  revenir  à 
»  Paris  reprendre  mes  travaux.  Si  vous  pouviez  me  faire 
))  prendre  à  Saint-Gilles  samedi  matin,  j'irais  passer  la  journée 
I)  de  samedi  tout  entière  aux  Rallières.  Je  ne  pourrai  qu'aller 
»  vous  serrer  la  main  et  voir  un  peu  vos  champs.  Il  me  faut 
»  rentrer  à  la  Roche  pour  un  petit  travail  de  restauration 
»  de  cuir  de  Cordoue  que  j'ai  apporté  de  Paris  et  que  je  ne 
»  puis  faire  qu'ici  dans  ces  quelques  heures  de  vacances 
»  que  je  prends  en  Vendée.  Si  vous  aimiez  mieux  dimanche 
»  pour  ma  visite  aux  Rallières,  ayez  la  bonté  de  m'en  prévenir 
»  par  dépêche  à  la  Roche. 

»  Avons, 

I)  P.  BAUDRY. 

B  descendrai  k  Saint-Gilles  chez  Malescot,  sur  le  quai 
Saint-Gilles,  près  le  bureau  des  diligences.  » 

is  eûmes  le  plaisir  de  recevoir  Baudry  et  de  chasser 
ui.  Je  dois  ajouter,  pour  Être  véridique,  qu'il  songeait 


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—  207  — 

beaucoup  plus  à  contempler  la  nature  qu'à  se  livrer  à  dés 
exploits  sur  des  perdrix  et  des  lapins.  Je  me  rappelle  Tanecdote 
suivante  :  Un  lapin  venait  à  lui.  Quelqu'un  le  fit  remarquer 
à  Baudry  et  s'étonna  qu'il  ne  l'ait  pas  tiré.  Il  répondit  simple- 
ment :  «  Que  voulez-vous  !...  Ces  petites  bêtes  qui  viennent 
à  moi...  J'aime  autant  les  voir  courir.  Àb  !  si  c'étaient  des 
perdrix  qui  s'enfuiraient,  je  ne  dis  pas....  » 

Je  me  souviens  cependant  qu'il  tua  un  écureuil  sur  la 
demande  d'un  de  ses  jeunes  neveux  qui  l'accompagnait. 

La  huitième  lettre  se  rapporte  à  une  époque  oii  de  grands 
événements  venaient  de  s'accomplir  en  Egypte.  Ambroise 
Baudry  s'y  trouvait  alors.  Mon  père,  inquiet,  écrivait  à  Paul 
pour  avoir  des  nouvelles  de  son  frère.  11  en  reçut  la  lettre 
suivante  : 

A  Monsieur  le  D'  Merland,  rue  Copernic,  5^  Nantes. 

a  Paris,  18  juillet  1882. 

»  Bien  cher  Ami, 

•  Je  suis  hors  d'inquiétude  pour  Ambroise  et  sa  femme. 
»  Ils  viennent  d'arriver  en  Italie. 

»  Mon  frère  est  resté  au  Caire  jusqu'au  8  juillet  et  s'est 
»  embarqué  le  5  pour  le  retour  en  France. 

*>  Il  sera  bien  sensible  à  votre  lettre,  il  vous  a  toujours 
9  fidèlement  conservé  sa  vive  affection. 

»  Je  ne  sais  ce  qui  se  sera  passé  au  Caire.  Je  crois  que 

•  les  événements  si  cruels  d'Alexandrie  ont  été  grossis.  Déjà 
»  à  Paris  on  a  dit  que  tout  n'est  pas  absolument  détruit 
»  comme  nous  le  disaient  les  premiers  rapports. 

»  Enfin,  grâce  à  Dieu,  Ambroise  est  sain  et  sauf.  J'ai  appris 
»  aujourd'hui  qu'il  en  était  de  môme  pour  notre  directeur  de 

•  l'école,  M.  Maspéro,  qui  est  resté  intrépidement  au  Caire 
»  avec  les  quelques  jeunes   savants   français.  Une  poli- 


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-208- 

»  tique  un  peu  hardie  nous  eût  épargné  tous  ces  nnalheurs 
»>  et  les  Anglais  auraient  pu  faire  débarquer  des  soldats  au 
«  lieu  de  faire  ce  sot  bombardement. 

»  Il  n'y  a  pas  d'armée  indigène  en  Egypte  ;  c'est  une 
»  pure  ineptie  de  nos  gouvernants  d'y  croire  ;  il  n'y  aura, 
»  vous  le  verrez,  aucun  combat  d'Alexandrie  au  Caire.  Mais 
»  l'impéritie  de  nos  cliefs  militaires  laissera  le  temps  aux 
»  bandits  d'incendier  et  d'assassiner. 

»  La  hardiesse  d'un  général  eût  sauvé  la  vie  à  des  raillions 
»  d'êtres  humains. 

»  Décidément,  cher  ami,  tout  baisse  dans  notre  Europe, 
M  et  surtout,  hélas  !  dans  notre  pauvre  pays. 

»  Je  vous  envoie,  cher  bon  ami,  tous  mes  tendres  souve- 
»  nirs  d'affection,  ainsi  qu'à  votre  famille. 

»  Votre  ami, 

»  Paul  BAUDRY.  . 

Je  ne  puis  indiquer  la  date  de  la  neuvième  et  dernière 
lettre  adressée  k  mon  père,  cette  lettre  n'étant  pas  datée. 
Elle  doit  remonter  à  une  quinzaine  d'années.  Moti  père  avait 
alors  la  pensée  d'écrire  la  biographie  d'un  sculpteur  vendéen, 
Bousseau.  Pensant  que,  soit  par  lui-même,  soit  par  ses  amis, 
Baudry  pourrait  lui  fournir  des  renseignements  sur  ce  person- 
nage, il  lui  écrivit  et  en  reçut  la  réponse  suivante  : 

(c  Cher  Monsieur  Merlând, 

»  J'ai  reçu  votre  dernière  lettre  avec  un  bien  grand  plaisir. 
n  Elle  me  prouvait  que  vous  vous  portiez  bien  et  que  vous 
0  employez  utilement  vos  loisirs.  Ces  travaux  sont  tout  à  fait 
»  dignes  de  votre  excellent  et  judicieux  esprit. 

»  J'ai  communiqué  à  un  de  mes  amis,  un  peu  bibliographe, 
»  la  note  que  vous  m'envoyez..  Je  vous  avouerai  à  ma  grande 


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—  209  — 

honte  que  j'ignorais  l'existence  de  notre  sculpteur  vendéen. 
J'ai  prié  cet  ami  de  compléter  les  renseignements  que  vous 
possédez  et  qui  me  semblent  très  étendus  pour  la  vie  d'un 
artiste.  Vous  savez  que  Vasari  n'en  sait  pas  si  long  sur  des 
artistes  italiens,  allemands  ou  français  dont  il  écrit  la  vie, 
quoique  les  œuvres  et  les  noms  soient  souvent  très  célèbres. 
Quelle  pénurie  de  détails  pour  les  grands  artistes  de  la 
Renaissance  et  même  sur  ses  contemporains  !  Il  ne  nous 
dit  rien  de  la  vie  de  Raphaël  ;  quelques  anecdotes  insigni- 
fiantes sur  Michel-Ânge,  qu'il  a  pratiqué  pendant  de  longues 
années,  dont  il  était  l'ami  intime,  voilà  tout. 
»  Je  doute  par  ces  raisons  qu'il  soit  possible  d'étendre  vos 
renseignements  sur  notre  Vendéen. 
»  J'écris  à  Madrid  à  un  artiste  de  mes  amis  ;  peut-être 
aurons-nous  de  ce  côté  quelques  indications  sur  ces  travaux 
faits  en  Espagne,  si  toutefois  ses  sculptures  n'ont  pas  été 
ensevelies  dans  la  nomenclature  usuelle,  commode  poiu* 
les  ignorants  (école  de  tel  temps)  ^ 
»  Que  d'oeuvres  distinguées,  môme  beUes,  perdent  leur 
extrait  de  naissance  sous  cette  rubrique  facile,  école 
française,  école  italienne.  Quand  la  chose  est  belle,  on 
l'attribue  à  tel,  le  chef  de  file,  puis  les  œuvres  de  second 
ordre  de  celui-ci  passent  à  l'actif  de  l'école. 
»  Les  anciens  avaient  la  bonne  habitude  de  ne  pas  signer. 
Le  chef-d'œuvre  s'affirmait  sans  le  nom.  Les  (i) 
Romains  endossaient  le  reste. 

»  Sitôt  que  j'aurai  quelque  chose  de  satisfaisant  et  de 
nouveau,  je  m'empresserai  de  vous  le  communiquer. 
Recevez,  en  attendant,  cher  Monsieur  Merland,  l'expression 
de  mes  bien  sincères  et  bien  vives  amitiés. 


(0  J'ai  dû  laisser  ici  en  blanc  an  mot  absolument  illisible  sor  roriginal. 

i.   M. 

14 


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—  MO  — 

»  Mon  frère  se  joint  à  moi  dans  le  même  sentiment  pour 
«>  vous.  Il  est  toujours  très  occupé  à  son  Hôlel-de- Ville  de 
n  Vienne.  (C'est  un  concours  public). 

»  Votre  ami, 
.  Paul  BAUDRY-  . 

En  outre  des  lettres  que  je  viens  de  citer,  j'en  possède 
deux  autres  écrites,  hélas  !  à  moi-môme.  Bien  qu'elles  ravi- 
vent en  moi  les  plus  cruels  souvenirs,  et  peut-être  à  cause  de 
cela  même,  elles  me  sont  doublement  précieuses. 

La  première  est  datée  du  17  janvier  1885,  neuf  jours 
après  la  mort  de  mon  père. 

A  Monsieur  Julien  Merland,  rue  Copernic,  5,  Nantes. 

a  Monsieur, 

•  J'ai  reçu  avec  une  vive  émotion  la  funeste  nouvelle 
»  que  m'apportait  votre  lettre. 

»  Je  vous  suis.  Monsieur,  reconnaissant  de  vous  être 
«  souvenu  de  la  profonde  affection  que  j'avais  pour  votre 
»  vénéré  père. 

»  Bien  que  nous  fussions  séparés  depuis  de  longues 
»  années,  ma  pensée  était  souvent  jivec  lui  et  au  moment 

*  même  oii  vous  aviez  les  angoisses  de  sa  fin,  je  parlais  de 
»  lui  à  mon  confrère  de  l'Académie  française,  M.  Camille 
»  Doucet,  au  sujet  des  travaux  littéraires  qui  occupèrent  ses 
0  loisirs  aux  Rallières  et  à  Nantes.  Je  n'aurai  pas  eu,  bêlas  ! 
0  la  satisfaction  de  lui  donner  ce  dernier  témoignage  de  mon 

•  affection. 

»  Soyez  assuré,  Monsieur,  que  je  garderai  éternellement 


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-211  — 

•  le  souvenir  de  cette  amitié  qui  m'a  été  si  fidèle  et  dont  je 
«  remercie  Dieu. 

»  Agréez,  ciier  Monsieur,  l'expression  de  mes  sentiments 
«  dévoués. 

•  Paul   BAUDRY. 

»  Paris,  17  janvier  1885.» 

La  deuxième  lettre  est  du  14  décembre  1885. 
A  Monsieur  Merland,  rue  Copernic,  5,  Nantes. 

Cl  Paris,  le  14  décembre  1885. 

0  Cher  Monsieur, 

»  Votre  père,  qui  fut  le  meilleur  et  le  premier  ami  de  mon 

•  enfance,  me  chargea,  il  y  a  bien  longtemps,   de  remettre 

*  au  Secrétariat  de  l'Académie  française  ses  livres  {Biogra- 
»  phies  vendéennes)  et  vous  aurez  su  sans  doute  la  distinc- 
»  lion  que  l'ouvrage  de  votre  père  a  obtenue  tout  récemment  ; 
»  mais  je  tiens  à  vous  confirmer  cet  événement  dont  l'éclat 
»  eût  été  si  apprécié  de  nous  tous,  et  qui,  malheureusement, 
»  ne  ravive  que  d'amers  et  de  douloureux  souvenirs. 

»  Veuillez,  cher  Monsieur,  agréer  l'expression  de  mes 
»  sentiments  dévoués. 

D  Paul  BAUDRY  («). 
Je  puis  bien  dire,  je  crois,  que  ce  fut  une  des  dernières 

(^)  A  cette  lettre  était  joiut  Textrait  suivant  da  rapport  de  M.  Camille 
Doocet  (séance  du  26  novembre  1885,  page  23). 

M  L'Académie  accorde  en  oalre  une  mention  honorable  à  cinq  petits 
»  volâmes  dans  lesquels  sont  accumulés  les  meilleurs  exemples  de  courage 
»  et  de  vertu,  et  que  leur  auteur,  M.  C.  Merland,  a  publiés  sous  ce  titre  : 
n  Biographiei  vendéennet.  n 


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lettres  que  dut  écrire  Paul  Baudry.  Un  mois  plus  tard,  il 
n'était  plus.  Les  sentiments  qu'il  exprime  dans  ses  deux 
dernières  lettres  sont  bien  l'expression  de  son  cœur.  Grand 
artiste,  Vendéen  dans  l'âme,  bon  parent,  ami  sûr  et  fidèle, 
tel  fut  celui  qui  restera  une  des  gloires  les  plus  pures  de  ma 
chère  Vendée. 

Julien  MERLAND. 


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RAPPORT 


SUR 


L'EXPOSITION    D'HORTICULTURE 


Par  le  Dr  DELAMARE. 


Une  réunion  de  circonstances  non  préméditées  va  faire 
de  notre  paisible  cité  un  centre  de  grande  attraction. 

La  Société  de  Géograpliie  commerciale  de  Nantes  va 
réunir  autour  d'elle  de  nombreuses  sœurs  venant  de  plusieurs 
points  de  la  France.  Vous  connaissez  son  programme,  vous 
avez  pu  apprécier  ses  vues,  ses  tendances,  son  importance 
commerciale  et  industrielle. 

Une  Exposition  organisée  par  ses  soins,  et  sous  le 
patronage  de  la  Ville,  va  réunir  tout  ce  qui  peut  se 
rattacher  aux  questions  si  importantes  de  notre  industrie 
nantaise  et  de  notre  commerce  maritime  si  gravement 
compromis. 

Vous  avez  vu  avec  quel  empressement  notre  ville  s'est 
associée  à  cette  œuvre,  si  pleine  d'espérance;  et  notre 
Administration  municipale  n'a  reculé  devant  aucun  sacrifice 
pour  la  mener  à  bien.  Vous  pouvez  en  juger  par  le  dévelop- 
pement considérable  qu'elle  a  donné  aux  constructions  qui 
couvrent  nos  deux  Cours.  Mais  la  Société  de  Géographie  ne 
sera  pas  seule  dans  la  lice. 


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-«^14- 

Dans  un  autre  ordre  d'études,  une  seconde  Société  issue 
de  l'Association  bretonne,  à  la  suite  de  son  Congrès  archéo- 
logique tenu  h  Nantes  en  1845,  par  ses  travaux  et  ses 
développements  successifs,  s'est  élevée  à  cet  état  d'impor- 
tance où  se  trouve  en  ce  moment  la  Société  d'archéologie 
de  Nantes  et  de  la  Loire-Inférieure. 

Par  une  coïncidence  fortuite,  depuis  1884,  la  Société 
française  d'archéologie  avait  choisi  notre  ville  pour  y 
tenir  son  Congrès  cette  année.  Les  riches  collections  que 
renferme  notre  Musée  d'archéologie,  les  importantes  substruc- 
tions  de  villas  gallo-romaines,  découvertes  par  notre  actif 
et  savant  collègue,  M.  Léon  Maître,  à  Mauves,  à  Petit-Mars, 
et  par  M.  Chaillou  dans  sa  propriété  des  Cléons,  sont  autant 
d'attraits  pour  ceux  qu'intéressent  les  souvenirs  de  l'art 
antique- et  du  séjour  des  Romains  dans  les  Gaules. 

Enfin,  une  troisième  compagnie,  la  Société  nantaise  d'Hor- 
ticulture viendra  prêter  à  la  science  et  à  l'industrie  le 
concours  de  ses  brillantes  et  utiles  productions.  Après  son 
Exposition  générale,  concours  de  Roses,  puis  Congrès  pomo- 
logique.  Sa  tâche  sera  donc  longue  et  variée. 

D'autres  Sociétés,  les  unes  littéraires,  les  autres  artistiques, 
paraissaient  devoir,  aussi  elles,  se  mettre  sur  les  rangs  ; 
les  journaux  de  notre  localité  en  ont  même  publié  les  pro- 
grammes et  les  jurys.  Cet  élan  semble  s'être  arrêté.  Mais 
notre  Administration  municipale  paraît  devoir  y  suppléer. 
Sous  son  initiative,  une  Exposition  de  peinture,  une  série  de 
concerts  viendraient  donner  un  attrait  de  plus  aux  fêtes 
projetées. 

Si  l'industrie,  la  science  et  les  beaux-arts  vont  trouver 
des  éléments  à  leurs  applications,  la  curiosité  publique  aura 
aussi  sa  part  :  concours  de  tir,  concours  de  gymnastique, 
il  y  en  aura  pour  tous  les  goûts. 

Cette  dernière  Société,  sous  le  nom  de  Société  de  gymnas- 


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—  218  — 

tique  de  France,  a  choisi  Nantes  pour  siège  de  sa  12*  fête 
fédérale. 

De  toutes  ces  réunions  de  Société  diverses  une  seule  doit 
ici  fixer  notre  attention. 

La  Société  nantaise  d'Horticulture,  suivant  son  habitude, 
est  venue  demander  à  sa  sœur,  l'Académie,  un  de  ses 
membres  pour  faire  partie  du  Jury  appelé  à  juger  du  mérite 
des  exposants.  Dans  sa  séance  du  27  avril  dernier,  notre 
CoDiité  central  m'a  fait  l'honneur  de  me  choisir  pour  repré- 
senter notre  Société.  J'ai  dû  accepter  cette  tâche,  et  je  me 
fais  un  devoir  de  vous  rendre  compte  de  la  mission  que 
vous  avez  bien  voulu  me  confier. 

Commençons  donc  par  jeter  les  yeux  sur  le  lieu  de 
l'Exposition  florale.  Aujourd'hui  l'emplacement  est  le  même 
qu'en  1882,  le  square  au  bas  du  cours  Saint- André.  Comme 
à  cette  époque,  le  passage  qui,  ordinairement,  sépare  l'un 
de  l'autre,  a  été  supprimé,  pour  faire  de  l'horticulture  une 
annexe  de  l'Exposition  commerciale  et  industrielle. 

Le  plan  du  jardin  avait  été  cette  année  mis  au  concours. 
Exécuté  par  M.  Provost,  horticulteur  paysagiste,  il  ne  pouvait 
guère  différer  des  précédentes  dispositions,  commandé  qu'il 
était  par  les  exigences  du  terrain.  Ainsi,  rocailles,  cascade, 
pelouses  coupées  d'un  lac,  de  ruisseau  serpentant,  accidentées 
de  divers  massifs,  fleurs,  arbustes  et  arbres,  l'ensemble 
nous  rappelle  à  peu  de  choses  près,  tant  en  bas  qu'en  haut, 
l'ancienne  disposition,  y  compris  la  tente  de  la  Société, 
faisant  fond  au  paysage. 

Mais  l'heure  est  arrivée,  les  délégués  se  réunissent  dans 
une  pièce  agréablement  placée  dans  une  élégante  construc- 
tion du  côté  de  la  rue  Tournefort,  au-dessus  de  trois  petits 
salons  sur  lesquels  nous  aurons  à  diriger  plus  tard  votre 
attention. 

M.  Marmy,  secrétaire  de  la  Commission  d'organisation, 


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—  Î16  — 

donne  lecture  des  conditions  générales  des  concours  cl  des 
récompenses  que  la  ville  met  libéralement  à  la  disposition 
du  Jury. 

Ces  récompenses  consistent:  en  médailles  d'or,  de  vermeil, 
d'argent,  !'•  et  2«  classes,  et  de  bronze.  Enfin  un  prii 
d'honneur,  médaille  d'or  ou  objet  d'art  d'une  valeur  de 
200  fr.  pour  l'exposant  qui  aura  obtenu  le  plus  grand 
nombre  de  prix,  ou  celui  dont  les  produits  auront  été  jugés- 
constituent  l'ensemble  le  plus  complet  et  le  plus  remar- 
quable. 

M.  le  Secrétaire   fait  ensuite  l'appel  des  délégués  des 
diverses  Sociétés  d'horticulture  qui  se  sont  rendues  k  l'invita- 
tion de  celle  de  Nantes.  Neuf  y  ont  répondu  : 
MM.  De  Coniac,  président  de  la  Société  centrale  d'IUe-el- 
Vilaine. 
Lançon-Gaulry,  délégué  de  celle  du  Loiret. 
Brézeau-Proust,  délégué  de   la  Société  d'horticultttfe 

d'Orléans  et  du  Loiret. 
Gonlard-Delaunay,  délégué  de  la  Société  d'horticulture 

d'Angers. 
Lemée-Bocheron,  délégué  de  la  Société  d'horlicullure 

de  l'Orne. 
Gentilhomme,  secrétaire,  délégué  de  la  Société  d'horti- 
culture de  Vincennes. 
Georges  Kritler,  délégué  de  la  Société  d'horticulture  de 

Saint-Germain-en-Laye. 
Fonteny,  délégué  de  la  Société  d'horticulture  de  Cholet. 
Gandy,  délégué  de  la  Société  d'horticulture  de  Limoges. 
Enfin,  votre  rapporteur,  ayant  l'honneur  de  représenter  la 
Société  Académique  de  la  Loirc-lnférieure. 

Le  Jury  ainsi  réuni  devait,  avant  tout,  se  constituer  en 
nommant  son  bureau.  La  nomination  du  Président  aurait  dû 
se  faire  au  scrutin  secret  ;  mais  la  majorité  en  a  décidé 


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-217- 

autrement,  et,  par  acclamation,  les  voix. se  sont  portées  sur 
voire  délégué,  qui  n'aurait  eu  pour  titre  à  cet  honneur  que 
le  triste  privilège  d'être  le  doyen  d'âge  de  la  réunion,  s'il 
n'avait  eu  celui  bien  plus  recoramandable  de  représenter 
l'Académie  de  la  Loire-Inférieure. 

Malgré  mes  refus  plusieurs  fois  réitérés,  j'ai  dû  céder  aux 
instances,  je  dois  le  dire,  bien  affectueuses  de  mes  honorables 
collègues,  et  me  soumettre  à  une  tâche  qui,  je  ne  me  le 
dissimulais  pas,  devait  être  au-dessus  de  mes  forces. 

A  la  vice-présidence,  toutes  les  voix  ont  proclamé,  sur 
ma  proposition,  M.  de  Coniac,  président  de  la  Société  centrale 
d'horticulture  d'ille-et- Vilaine,  et  sur  MM.  Marmy  et  Ernest 
Crouan  pour  la  tâche  de  secrétaires. 

Tous  les  deux,  chargés  de  l'organisation  de  l'exposition  et 
do  placement  des  lots  exposés,  nous  ont,  par  leur  zèle  et  leur 
connaissance  de  la  position  des  groupes,  rendu  notre  mission 
plus  facile.  Je  me  plais  à  les  remercier  ici  de  l'empressement 
qu'ils  ont  mis  à  nous  guider  dans  notre  travail. 

Ainsi  constitué,  le  Jury  s'est  rendu  sur  les  lieux  des  con- 
cours ;  c'est  de  son  travail  que  j'ai  à  vous  rendre  compte. 

Pour  abréger  le  plus  possible  mon  rapport,  je  ne  parlerai 
avec  quelques  détails  que  des  principaux  lauréats,  ne  disant 
que  quelques  mots  des  expositions  d'une  importance  secon- 
daire. Je  passerai  sous  silence  la  partie  spécialement  indus- 
trielle de  l'Exposition,  confiée  à  une  Commission  prise  en 
dehors  du  Jury.  Je  ne  suivrai  donc  pas  l'ordre^  numérique 
des  concours,  et  je  commencerai  par  celui  qui  a  réuni  le  plus 
de  suffrages. 

De  tous  les  concurrents,  le  plus  important  par  le  nombre 
des  concours  auxquels  il  a  pris  part,  par  la  valeur  des 
récompenses  qu'il  a  obtenues,  par  l'ensemble  à  la  fois  complet 
et  remarquable  de  ses  collections,  est,  sans  contredit,  M.  Cha- 
telier  fils,  horticulteur  praticien,  petite  rue  Saint-Glément. 


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Successeur  de  M.  Ménoreau  dans  son  important  établisse- 
ment, il  soutient  dignement  la  réputation  de  son  prédécesseur 
tant  de  fois  lauréat  de  notre  Société. 

M.  Chatelier,  outre  une  médaille  d'or  d'une  valeur  de 
100  fr.,  deux  de  vermeil,  grand  et  petit  modules,  et  une 
d'argent  grand  module,  a  réuni  toutes  les  conditions  exigées 
pour  recevoir  le  prix  d'honneur  offert  par  la  ville  de  Nantes, 
et  consistant  en  une  médaille  d'or  ou  un  objet  d'art.  Nous 
citerons  seulement,  comme  les  plus  importantes  de  ses  collec- 
tions primées  : 

1<*  Le  splendidc  massif  d'Azalées  de  l'Inde  en  fleurs,  le 
lot  le  plus*  considérable  et  le  plus  remarquable  de  l'Expo- 
sition ; 

a^^JL'imporlante  collection  de  Palmiers,  Pandanées,  Cyca- 
dées,  dont  Iplusieurs  genres  de  cette  dernière  famille,  Ence- 
phalartos,  Cycas,  Macrozamia,  figurent  pour  la  première  fois 
dans  lesjcultures  nantaises  ; 

8<*  Enfin,  un  lot  considérable  de  Yuccas,  d'Aroïdées  et  de 
Fougères  arborescentes. 

En  second  lieu  vient  M.  Richard,  praticien,  rue  des  Hauts- 
Pavés:  médaille  d'or  de  100  fr.  pour  sa  remarquable  collec- 
tion de  Caladium  que  MM.  les  Jurés  étrangers  ont  signalée 
comme  l'une  des  plus  belles  qu'ils  aient  vues.  M.  Richard  a 
reçu  de  plus  une  m('!daille  de  vermeil  grand  module,  une 
d'argent  grand  module,  pour  ses  Bégonias  rex  discolor^  et 
son  lot  de  50  plantes  de  serre  et  de  pleine  terre  remarquables 
par  leur  rareté  et  leur  bel  état  de  culture. 

Enfin,  M.  Guichard,  praticien,  rue  des  Hauts-Pavés,  avec 
une  médaille  d'or  et  une  médaille  de  vermeil  grand  module 
pour  ses  collections  de  plantes  de  serre  chaude  et  de  serre 
tempérée. 

Nous  citerons  surtout  des  Orchidées  en  bel  état  de  floraison: 
Lycasler  Skinnerii^  Eucharis  Amazonii,  Odontoglosstm 


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-219  — 

Alexandra,  Catleya  Citrina,  des  Anthurium,  des  Bertho- 
lonia^  etc. 

Enfin,  pour  une  belle  collection  de  plantes  de  serre  chaude, 
mais  moins  importante,  M.  Gouleau,  praticien,  rue  Fulton,  a 
reçu,  pour  2*  prix,  une  médaille  de  vermeil  grand  module. 

Passons  maintenant  aux  collections  de  plantes  de  pleine 
terre  et  de  serre  froide,  toutes  aussi  dignes  d'encouragements, 
car  ces  végétaux,  d'une  culture  facile,  peu  exigeante,  plus 
accessibles  aux  petites  bourses,  sont  le  sujet  d'un  commerce 
considérable  et  cultivés  sur  une  très  vaste  échelle. 

Deux  praticiens  se  sont  principalement  distingués  par  le 
nombre  et  la  variété  de  leurs  apports. 

M.  René  Bahuaud,  praticien,  rue  des  Ghalâlres,  pour  ses 
remarquables  collections  :  1°  de  Rosiers,  répondant  à 
plusieurs  concours  de  cette  spécialité,  amenés  par  une 
culture  forcée  à  un  étal  satisfaisant  de  floraison  ;  2°  son  lot 
considérable  de  plantes  grasses:  Aloées,  Cactées,  Agavées, 
etc.  ;  3^  ses  Fougères  de  serre  froide  et  de  pleine  terre, 
a  reçu  cinq  médailles,  deux  de  vermeil,  grand  et  petit 
module,  trois  d'argent,  deux  grands  et  un  petit  module. 

M.  Méchineau,  praticien  à  Chantenay,  cultive  principale- 
ment les  plantes  dites  marchandes,  celles  qui  approvisionnent 
en  partie  le  marché  aux  fleurs.  Aussi  M.  Méchineau  a-t-il  pu 
se  présenter  avec  succès  dans  de  nombreux  concours  : 
Orangers,  Héliotropes,  Géraniums  de  plusieurs  classes. 
Pétunias  à  fleurs  simples  et  doubles,  massifs  de  Pensées, 
etc.,  lui  ont  valu  trois  médailles  de  vermeil,  deux  grandes  et 
une  petite,  et  trois  d'argent  grand  module. 

Quant  aux  autres  prix  accordés  pour  la  floriculture,  à  des 
collections  intéressantes,  il  est  vrai,  mais  de  moins  d'impor- 
tance, nous  renverrons  aux  diverses  publications  qui  ont 
déjà  rendu  compte  de  l'Exposition. 

Nous  citerons  seulement: 


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—  420  — 

M.  Prévost  pour  ses  Conifères  et  Palmiers  ornant  les 
pelouses  du  jardin,  médaille  de  vermeil  ; 

M.  Gbagnas  :  lot  de  Cinéraires,  médaille  d'argent  petit 
module  ; 

.    M.   Gouleau:    Fucshias   variés,  médaille  d'argent   petit 
module  ; 

M.  Heurlin  :  collection  de  Lierres,  médaille  d'argent  grand 
module  ; 

M.  Bellet  :  Renoncules,  fleurs  coupées,  médaille  d'argent 
grand  module. 

Nous  arrivons  maintenant  à  une  spécialité  horticole  bien 
importante  :  les  expositions  légumières.  Nous  n'aurons  pas  à 
nous  étendre  beaucoup,  mallieureusement,  sur  ce  sujet,  vu 
le  petit  nombre  de  concurrents.  Sur  neuf  concours  institués, 
quatre  au  plus  ont  été  remplis.  Aussi  le  Jury  n'a  pu  suivre 
le  programme  dans  ses  termes  et  il  a  réuni  les  concurrents 
sans  distinction. 

Pour  le  plus  beau  et  le  plus  nombreux  lot  d'ensemble  de 
légumes  de  la  saison  : 

1"  prix,  M.  Hélie  Jacquart,  horticulteur  à  Bain  (lUe-et- 
Vilaine),  médaille  d'or  de  40  fr.  ; 

2«  prix,  M.  Auguste  Praud,  à  Doulon,  médaille  d'argent 
grand  module. 

Pour  un  lot  d'au  moins  dix  espèces  différentes  : 

1"  prix,  M.  Félix  David,  rue  des  Hauts-Pavés,  médaille  de 
vermeil  petit  module  ; 

2*  prix,  M.  Loreau,  jardinier  au  Hallay,  commune  de  la 
Haie-Fouassière,  médaille  d'argent  grand  module. 

Pour  le  plus  beau  lot  de  Pommes  de  terre  précoces: 

M.  Jacquart,  déjà  primé,  médaille  d'argent  petit  module. 

Pour  le  plus  beau  lot  d'Asperges  : 

!•'  prix,  M.  Jacquet-RifiBet,  à  Bon  (Loiret),  médaille  de 
vermeil  grand  module  ; 


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2«  prix,  M.  Jean-Marie  Chesneau,  chez  les  Frères  de 
Toutes-Aides,  médaille  d'argent  grand  module; 

8*  prix,  M.  Loreau,  déjà  nommé,  médaille  d'argent  petit 
module. 

Une  industrie  qui  se  rattache  intimement  à  la  floriculture 
et  qui,  de  nos  jours,  prend  de  plus  en  plus  de  l'importance, 
a  élevé  nos  bouquetières  au  rang  de  véritables  artistes. 
Hodifiantlles  termes  de  son  programme  primitir,  la  Commission 
de  l'Exposition  et  des  Concours  a  établi  des  prix  importants 
pour  l'ornementation  des  salons  par  bouquets,  corbeilles  et 
jardinières.  Leurs  expositions  dans  les  petits  salons  du  rez- 
de-chaussée  de  la  salle  des  délibérations  du  Jury  attiraient 
l'attention  d'une  foule  incessante  de  visiteurs. 

Quatre  bouquetières  ont  répondu  à  l'appel  de  la  Société  : 
M"«  Ghamblelte  aurait  obtenu  le  1«'  prix;  mais  s'étant  pré- 
sentée comme  hors  de  concours,  elle  n'a  pu  recevoir  que  les 
félicitations  unanimes  du  Jury. 

M"«  Guichard,  rue  des  Hauts-Pavés,  a  obtenu  le  1"  prix, 
médaille  de  vermeil  grand  module,  augmentée  d'une  valeur 
de  100  fr. 

2«  prix,  M°»«  Béchat,  Haute-Grande-Rue,  médaille  d'argent 
grand  module,  augmentée  de  75  fr. 

8«  prix,  M"«  Gapais,  rue  de  la  Bastille,  médaille  d'argent 
petit  module  augmentée  de  25  fr. 

Dans  un  salon  voisin  des  précédents,  plusieurs  plans  de 
jardins  d'une  valeur  réelle  étaient  exposés.  Leur  auteur, 
M.  Aubry,  architecte-paysagiste,  s'étant  mis  hors  concours 
par  l'apposition  trop  ostensible  de  son  nom,  n'a  pu  recevoir 
que  les  vives  félicitations  du  Jury. 

Vous  désirerez  sans  doute,  Messieurs  et  honorés  collègues, 
connaître  mes  appréciations  sur  l'Exposition  horticole  de 
l'aonée  1886.  Si  je  la  compare  k  celle  des  années  188-2  et 
1884,  auxquelles  vous  m'aviez  fait  l'honneur  de  me  déléguer. 


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—^22  — 

je  trouve  certains  concours  non  remplis  cette  année.  De 
plus,  dans  les  deux  expositions  générales  précédentes,  certains 
lots  paraissaient  plus  garnis,  les  collections  plus  rapprochées 
les  unes  des  autres.  Par  une  nécessité  des  dispositions,  une 
partie  des  concours  de  1886  a  dû  être  portée  sur  le  cours 
Saint-André  même.  Séparés  du  jardin  proprement  dit,  ces 
lots  attiraient  moins  Tatlention  du  public.  Plusieurs  visiteurs 
ont  à  peine  entrevu  la  partie  haute  de  l'Exposition.  Quoi- 
que ayant  un  mérite  réel,  ces  collections,  remarquables  la 
plupart  plutôt  par  leur  mérite  horticole  que  par  l'éclat  de 
leur  floraison,  ont  dû,  par  cela  même,  échapper  à  l'attention 
de^  visiteurs. 

Cependant,  nous  le  devons  dire  hautement,  l'importance 
des  collections,  nécessitant  la  culture  en  serres  chaudes  el 
tempérées,  n'a  pas  été  au-dessous  de  celles  des  années  pré- 
cédentes. Les  efforts  de  ces  praticiens,  leur  habileté  dans  la 
culture  difBcile  de  ces  végétaux  exotiques;  les  dépenses 
devant  lesquelles  ils  n'ont  pas  reculé,  sont  dignes  d'encoura- 
gements et  bien  au-dessus  des  récompenses  que  nous  leur 
avons  décernées. 

Cependant,  je  ne  puis  dissimuler  les  vifs  regrets  que  j'ai 
éprouvés  en  voyant  l'abandon  dans  lequel  sont  tombées  ces 
belles  collections  qui,  naguère  encore,  donnaient  tant  d'éclat 
à  nos  expositions.  Où  sont  ces  curieuses  plantes  grasses, 
cultivées  il  y  a  h  peine  quelques  années,  par  plusieurs  ama- 
teurs; ces  Gloxinias,  ces  Gesnerias,  ces  Achiménès  aux 
splendides  corolles,  ces  Bégonias,  ces  Coleus  aux  feuillages 
jaspés  de  couleurs  si  vives,  si  variées,  ces  Rhododendrons, 
ces  Pélargoniums,  ces  Cinéraires,  ces  Calcéolaires,  et  tant 
d'autres,  que  nous  nous  empressions  de  primer  autrefois.  A 
peine  si  nous  avons  rencontré  quelques  rares  spécimens  d'un 
petit  nombre  d'entre  elles,  dispersés  au  milieu  d'autres  étran- 
gères ;  et  cependant  elles  sont,  à  cette  heure,  en  pleine  flo- 


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raison.  Que  sont  devenus  nos  amateurs  qui  s'empressaient 
de  se  rendre  à  nos  invitations  et  ne  dédaignaient  pas  les 
médailles  que  nous  leur  offrions.  Mais,  surtout,  quelle  déplo- 
rable pénurie  dans  nos  expositions  maraîchères  !  Quelques 
rares  fidèles  viennent  encore  nons  apporter  leurs  produits. 
Une  médaille  d'or,  spécialement  destinée  aux  collections 
légumières  aurait  dû  tenter,  sinon  la  cupidité,  au  moins  le 
zèle  de  nos  praticiens.  Une  exposition  a  mérité  le  prix  et 
c'est  celle  d'un  amateur  étranger  à  notre  département.  Nous 
avons  accordé  une  médaille  de  vermeil  grand  module,  pour 
une  collection  de  Pommes  de  terre  précoces  ;  c'est  encore 
un  étranger  qui  l'obtient.  La  médaille  pour  le  plus  beau  lot 
d'Asperges  s'en  va  dans  le  Loiret.  Sur  sept  concurrents, 
trois  lauréats  ne  sont  pas  de  la  Loire-Inférieure. 
.  Cependant,  nous  pouvons  affirmer  que  bien  de  nos  maraî- 
chers de  Doulon,  de  la  route  de  Rennes,  de  Chantenay  et 
autres  de  nos  environs,  auraient  pu,  largement  et  avec  succès, 
disputer  les  prix  que  nous  avons  accordés. 

On  ne  se  plaindra  pas,  cependant,  de  la  parcimonie  ni  de 
la  tiédeur  de  notre  Société  d'Horticulture.  Elle  n'a  jamais 
reculé  devant  le  nombre  et  la  valeur  des  primes  a  décerner. 
Outre  ses  expositions  générales  de  chaque  année,  n'en  fait- 
elle  pas  fréquemment  de  particulières  ?  En  ce  moment  même, 
ne  fait-elle  pas  appel  aux  rosiérisles  pour  une  Exposition 
spéciale  de  la  reine  des  fleurs,  si  chère  aux  horticulteurs  de 
toutes  les  classes,  n'admettant  pas  moins,  par  extension, 
toutes  les  plantes  fleuries  de  la  saison  ?  Ne  projette-t-elle  pas 
encore,  en  temps  opportun,  une  Exposition  pomologique? 
N'a-t-elle  pas,  deux  fois  par  mois,  sa  salle  de  séance  ouverte 
pour  recevoir  tous  les  sujets  intéressants  que,  amateurs  et 
praticiens,  lui  présentent  ?  Elle  en  prend  note^  assigne  un 
nombre  de  points,  suivant  l'intérêt  que  l'objet  exposé  peut 
offrir  ;  et,  à  la  fin  de  l'année,  un  certain  nombre  de  ces 


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—  2Î4  — 

points  donne  droit  à  une  récompense. . .  PTa-t-elle  pas  des 
Commissions  permanentes,  allant  visiter  les  borticutteurs 
praticiens  et  amateurs  qui  en  font  la  demande  ? 

Honneur  donc  à  la  Société  nantaise  d'Horticulture  pour 
son  dévouement  aux  progrès  de  la  science  qu'elle'préconise, 
au  bon  goût  qu'elle  s'efforce  de  propager,  aux  intérêts  des 
travailleurs  et  des  industriels  qui  y  trouvent  la  rémunération 
de  leur  dur  labeur. 

Le  parfait  horticulteur,  en  effet,  doit  réunir  en  lui  les 
qualités  de  l'artiste,  du  commerçant  et  même  du  savant  : 

De  l'artiste,  par  le  bon  goût  qui  doit  présider  dans  le 
choix  qu'il  a  à  faire  de  sujets  auxquels  il  va  donner  ses  soins  ; 
par  le  sentiment  de  la  concordance  des  couleurs  et  des  effets 
à  produu'e,  par  la  disposition  des  fleurs  et  des  feuillages  dont 
il  doit  tirer  parti  ; 

Du  commerçant,  par  la  connaissance  des  goûts  et  des 
besoins  de  la  clientèle  qui  peut  s'adresser  à  lui  ; 

Enfin,  du  savant,  car  il  ne  doit  pas  ignorer  les  principes 
de  la  physiologie  végétale,  les  applications  de  la  chimie 
agricole  et  même  certaines  notions  de  la  météorologie. 

Honneur  aussi  à  ceux  qui,  comprenant  le  but  que  poursuit 
la  Société  nantaise  d'Horticulture,  s'efforcent  de  la  seconder 
dans  sa  grande  et  utile  mission. 


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POMMES  A  CIDRE 


DU    DÉPARTEMENT   DE   L'ORNE 


PAR  A.  ANDOUARO 


Directeur  de  la  Station  agronomique. 


k  Vissue  du  Congrès  tenu  l'année  dernière,  au  Mans,  par 
V  Association  pomologique  de  TOuest,  les  fruits  exposés  par 
le  Musée  de  la  ville  du  Sap  ont  été  envoyés  à  la  Station 
agronomique  de  la  Loire-Inférieure  pour  y  être  analysés. 
La  collection  comprenait  78  espèces  de  pommes  et  16 
espèces  de  poires,  en  tout  94  variétés,  qui  ont  été  réduites 
à  78,  par  suite  du  blpssîssement  de  plusieurs  d'entre 
elles. 

Ces  fruits  ont  été  analysés  d'après  les  méthodes  indiquées 
au  dernier  bulletin  de  la  Station  agronomique. 

Jusqu'à  présent,  les  pommes  seules  avaient  été  soumises  à 
Texamen  chimique.  Les  poires  méritent  également  d'être 
étudiées  ;  elles  servent  à  préparer  une  boisson  dont  l'usage 
est  très  répandu,  et  souvent  leur  qualité  rivalise  avec  celle 
des  meilleures  espèces  de  pommes.  Voici  la  composition  des 
spécimens  réunis  par  le  Musée  de  la  ville  du  Sap: 


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n 


—  226  — 
COLLECTION  DU  MUSÉE  DU  SAP  (Orne).  i 


VARIÉTÉ. 


POIDS 

moyen 

d*uDe 

pomme 


DENSITE 

du  jus. 


SUCRE 
par  litre 
de  jus. 


ACIDITÉ 

par  litre 
en  acide 
malique. 


TANNIN 
par  litre 
de  jus. 


Mucila^ 
par  liui 
de  jus. 


l'«  SAISON. 


Biscaye 

Blanc  doux    

Blanc-Mollet 

Doux-Migeot 

Jeannetonne 

Fréquin-rouge-rayé. 

Fréquin-petit 

Hâtive 

Jaunet 

Molleton 

Petite-forte 

Renouvelet 


62.5 

1.055 

111.10 

2.28 

2.18 

62.8 

1.067 

130.40 

1.14 

1.41 

63.1 

1.062 

129.60 

1.15 

1.83 

65.6 

1.061 

117.64 

0.76 

1.32 

38.8 

1.063 

125.00 

1.14 

5.17 

40.0 

1.054 

102.56 

0.78 

2.35 

21.6 

1.064 

129.03 

1.16 

6.26 

45.0 

1.056 

138.09 

1.16 

3.34 

48.3 

1.067 

143.03 

1.14 

2.77 

49.3 

1.060 

121.20 

1.20 

4.75 

47.7 

1.055 

117.64 

9.50 

2.91 

32.7 

1.050 

88.89 

7.60 

3.73) 

2«  SAISON. 


Alouette 

Barbrée  

Blangy 

Blanc-vert 

Bonne-forte / 

Carnette-grosse  

Carnette 

Coteotin 

Doux-Auvêque  

Ecarlate  ou  Germaine 

Fossevacin 

Fréquin-doux  ou  Fréquin-Charlemoine. 

Grisetle 

Jamot 

Matois 

Mousse 

Or-Miiccnt 

Orpolin 

Pont 

Poule 

Peau-de-Chien 

Presbytère 

Reinette-douce 

Rouge-amer 

Rouge-bruyère 


55.0 

1.052 

95.24 

1.14 

3.20 

«33 

72.1 

1.056 

117.64 

1.33 

2.21     2.1511 

31.1 

1.044 

81.63 

1.52 

3.29 

•  .38 

58.7 

1.057 

108.10 

1.14 

3.20 

1.25 

57.5 

1.062 

121.20 

0.80 

2.77 

2.25 

82.8 

1.067 

142.86 

1.50 

1.36 

1.76 

44.0 

1.050 

100.00 

0,92 

1  50 

1.80 

51.8 

1.050 

102.57 

0.95 

1.22 

1.41 

58.7 

1.062 

121.16 

2.28 

4.23 

1.75 

25.5 

1.057 

111.10 

1.33 

2.63 

0.55 

27.2 

1.070 

133.42 

1.90 

2.77 

4.25 

47.2 

1.068 

125.00 

2.66 

3.76 

2.00 

42.5 

1.058 

117.64 

2.30 

3.48 

0.60 

60.6 

1.055 

132.85 

1.90 

3.81 

0.70 

46.6 

1.070 

143.00 

2.28 

6.21 

1.35 

106.6 

1.'053 

100.00 

0.82 

1.32 

2.10 

36.6 

1.064 

121.00 

1.92 

3.43 

0.65 

55.0 

1.063 

114.28 

1.90 

0.47 

2.34 

46.1 

1.062 

108.10 

2.25 

2.16 

175 

68.7 

1.076 

143.00 

2.64 

3.57 

8.35 

47.2 

1.055 

105.26 

3.U4 

5.56 

0.25 

50.5 

1.060 

111.32 

2.30 

3.52 

1.00 

59.3 

1.066 

133.00 

2.30 

5.14 

1.35 

.38.7 

1.062 

125.00 

10.20 

4.98 

QM 

46.1 

1.057 

108.10 

9.64 

3.43 

1.10 

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—  227  — 


VARIÉTÉ. 


Roosse 

BfiQsse-Jamelle  oa  Amer-et-rooi . 

SaiiU-Bazire 

toguine 

Térel-donx 

Tert 


Uog-Bois  oa  Fleur-de-JoiD. 


POIDS 

moyen 

d'ime 

pomme. 


58.3 
45.5 
45.5 
56.8 
52.2 
59.3 
58.7 


DBIfSITÉ 

du  jos. 


1.058 
1.068 
1.052 
1.060 
1.060 
1.058 
1.056 


SUCRE 
par  litre 
de  ju5 


108.10 
143.00 
100.00 
121.00 
111.32 
111.10 
117.64 


ACIDITÉ 

par  litre 
en  acide 
malique. 


2.26 
2.28 
1  52 
1.35 
1.71 
1.96 
3.45 


TANNIN 
par  litre 
de  jus. 


BediB 

Booifaee 

BoDoiqaet 

iHtfiile 

Cfl^oerel  (gros) 

-      (P«tit) 

fiement 

GreiD-d'Ane 

lïràhOnfroi 

loBlibard 

Wo-à-Venl 

lascadet 

Orange , . . 

han-de-Vacbe 

iBoget 

Swt-Martin 

Sflhge-à-Goaet 

Teliîer 

3?  (gros) 

yja  (petit) 

Tard-trottvé 

Tard-lroavé-blanc 

Troche 

Semis 

Id 

Id 


POIRES. 
!'•     SAISON. 
Roog^Penie^ |     38. 7|  1.058|117.64| 

2*    SAISON. 

Bonneau 

Fer 

Cïsselin ! 

Grand-Sciage 

Hochet 

Marcel 

Peiil-Morin 


2.49 
4.14 
5.10 
2.96 
3.48 
4.36 
7.64 


Mucilage 
par  litre 
de  jus. 


SAISON. 

49.0 

1.061 

129.03 

0.85 

2.73 

59.2 

1.052 

117.64 

1.54 

1.93 

42.2 

1.057 

111.10 

1.90 

2.30 

84.2 

1.057 

192.20 

1.60 

1.69 

70.0 

1.060 

180.00 

1.86 

1.87 

35.5 

1.049 

95.02 

1.16 

2.74 

40.5 

1.059 

108.10 

1.52 

2.74 

29.8 

1.070 

236.50 

1.92 

3.24 

73.2 

1.062 

160.00 

2.28 

2.42 

42.5 

1.067 

212.29 

1.50 

2.96 

40.6 

1.070 

214.76 

2.66 

3.62 

39.5 

1.064 

230.40 

1.95 

2.16 

88.7 

1.068 

129.00 

1.60 

2.21 

55.5 

1.060 

178.16 

2.00 

3.20 

51.8 

1.043 

160.91 

1.96 

1.69 

30.0 

1.042 

130.40 

2.32 

4.23 

28.0 

1.055 

180.00 

1.58 

4.75 

45.0 

1.054 

105.26 

0.80 

2.07 

66.8 

? 

200.34 

2.42 

2.02 

21.1 

1.058 

164.72 

0.84 

2.72 

66.2 

1.055 

133.30 

3.44 

5.27 

53.1 

1.056 

105.26 

3.83 

2.44 

24.3 

1.054 

168.18 

3.80 

2.07 

56.2 

1.042 

143.00 

3.05 

2.40 

38.1 

1.060 

86.95 

4.59 

6.02 

75.0 

1.058 

121.20 

2.14 

3.10 

1.85 
1.30 
0.80 
1.35 
1.55 
0.90 
0.75 

0.25 
1.00 
0.30 
3.75 
3.35 
0.50 
1.75 
0.50 
3.50 
1.75 
2.65 
0.70 
2.60 
1.15 
0.30 
0.25 
3.25 
0.75 

? 
2.53 

0.38 
2.50 
4.10 
1.75 
0.50 
1.15 


62.5 

1.050 

90.90 

0.61 

3.01 

45.5 

1.064 

100.00 

1.02 

1.08 

51.0 

1.054 

97.56 

0.92 

3.71 

73.3 

1.063 

114.28 

1.84 

7.15 

8.9 

1.062 

68.96 

3.37 

5.64 

124.1 

1.060 

98.30 

0.54 

1.50 

28.5 

1.059 

95.00 

1.76 

2.21 

1.76|    4. 80  (Traces 


0.55 

0 

0 

0 

0 
0.25 
0.50 


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—  228  - 


ERRATUM. 


Page  ^5  du  2i«  trimestre  de  1885 ,  ligne  8,  au  lieu  de 
etnéroîde ,  lisez  :  anéroUde. 


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HISTOIRE 

DES    ENFANTS    ABANDONNÉS    ET    DÉLAISSÉS 


Par  Léon  LALLEMAND. 


ANALYSE  PAR  M'  H.  FARGUES 

(SciTB.  —  Voir  le  premier  semeslre  1886,  page  40.) 


FRANCE. 

La  France  est,  de  tous  les  pays,  celui  qui  s'est  le 
plus  occupé  de  Yenfance  abandonnée.  L'auteur  fait  l'histoire 
des  trouvés  et  des  orphelins  chez  nous,  du  X*  siècle  à  la  fon- 
dation des  hôpitaux  généraux.  Au  moyen  âge,  la  législation 
frappait  des  peines  les  plus  sévères  l'infanticide  et  même  la 
dissimulation  de  grossesse,  ce  qui  n'empêchait  pas  l'expo- 
sition d'être  universellement  pratiquée. 

Pendant  cette  période  malheureuse  de  guerres  et  de 
famines  incessantes,  les  seigneurs  justiciés,  les  communautés 
d'habitants  et  les  administrations  hospitalières  eurent  à  s'oc- 
cuper des  trouvés. 

Les  premiers,  dans  le  désordre  des  temps,  firent  te  moins 
possible,  malgré  les  arrêts  du  Parlement  qui  mettaient  à 

15 


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—  5130- 

leur  charge  le  soin  de  renfance  abandonnée.  Ils  rejetèrent, 
toutes  les  fois  qu'ils  le  purent,  le  fardeau  sur  les  commu- 
nautés d'habitants,  et  celles-ci  travaillèrent  à  s'en  débar- 
rasser sur  les  maisons  de  Dieu. 

Pendant  longtemps  ces  maisons  refusèrent  de  recevoir  les 
trouvés,  le  chiffre  en  étant  énorme  ;  mais  à  la  longue,  ces 
établissements  s'étant  multipliés,  leurs  portes  s'ouvrirent  à 
ces  infortunés.  L'ordre  hospitalier  du  Saint-Esprit,  à  Mont- 
pellier, se  fonda  avec  la  mission  spéciale  de  les  recueillir.  Les 
enfants  étaient  exposés  à  la  porte  des  églises,  au  Irou  de  la 
porte  ou  à  la  porte.  On  les  confiait  h  des  nourrices  qui 
recevaient  quatre  sols  par  mois,  mais  dont  le  salaire  s'accrut 
rapidement. 

HlSTOmS  DE  LA  MAISON  DE  LA  COUCHE  A  PARIS. 

Au  XVI^  siècle,  la  situation  des  enfants  exposés  était 
lamentable.  Ils  mouraient  presque  tous.  On  les  vendait  à 
des  bateleurs.  Ce  fut  alors  que  parut  Saint- Vincent-de-Paul. 
On  sait  comment  sa  charité  et  son  énergie  triomphèrent  de 
tous  les  obstacles  et  comment  fut  ouverte  la  Maison  des 
Enfants  trouvés  de  Paris. 

Vers  1670  cette  maison  fut  fondée  dans  l'hôpital  général 
qui  datait  de  1656.  Elle  eut  toutefois  une  administration 
distincte  et  fut  connue  sous  le  nom  de  Maison  de  la 
Couche.  C'était  le  Bureau  qui  nommait  les  supérieures  de 
l'établissement.  Cet  asile  prit  bientôt  une  très  grande  exten- 
sion. Il  était  soutenu  par  des  revenus  provenant  de  sources 
diverses  :  subventions  et  concessions  royales,  concessions 
de  droits  d'octroi  et  de  loteries,  réunions  d'œuvres  déjà 
existantes,  dons  et  legs,  quêtes  et  produits  de  propriétés 
foncières. 

Des  commissaires  enquêteurs,  le  lieutenant  criminel,  les 


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-Ml  — 

procureurs  fiscaux  se  mêlaient  d'envoyer  des  enfants  dans 
cet  établissement,  et  les  modes  d'admission  usités  favori- 
saient l'apport  à  Paris  de  petits  êtres  étrangers  à  la  capitale: 
apport  contre  lequel  protestaient  vainement  les  administra- 
teurs. Dans  la  période  décennale  de  1770  à  1779  on  prononce 
67,033  admissions,  tandis  que  dabs  la  période  antérieure  de 
cent  ans  il  y  en  avait  dix  fois  moins.  C'était  malheureusement 
la  débauche  qui  peuplait  les  hôpitaux  des  trouvés. 

La  Maison  de  la  Couche  ne  devait  d'abord  recevoir  que 
les  enfants  nouveau-nés  et  privés  de  secours.  Elle  modifia 
son  règlement  et  en  recueillit  de  deux,  trois  et  quatre  ans  ; 
elle  les  confiait  à  des  nourrices  dont  le  nombre  fut  d'abord 
très  insuffisant.  Il  était  difficile  de  se  procurer  des  nourrices 
en  province.  Les  meneurs  et  les  meneuses  servirent  d'inter- 
médiaires, d'où  naquirent  toutes  sortes  d'abus  contre  lesquels 
il  fut  pendant  longtemps  impossible  de  réagir.  Les  salaires 
des  nourrices  étaient  dérisoires,  et  Dieu  sait  comment  elles 
traitaient  leurs  nourrissons,  bien  que  ceux-ci  fussent  plus 
d'une  fois  visités  par  des  sœurs  inspectrices. 

Après  trois  ans  de  séjour  au  dehors,  les  pupilles  devaient 
être  ramenés  à  Paris.  Mais  le  système  ayant  des  inconvé- 
nients, on  les  laissa  en  province,  et  on  leur  fit  apprendre 
divers  métiers,  en  rétribuant  les  patrons  qui  les  recevaient 
jusqu'à  12  ou  13  ans.  Mais  ces  enfants  ne  recevaient  de 
gages  qu'à  partir  de  20  ans  ;  que'  de  misères  à  endurer 
jusque-là  !  Quant  à  ceux  ramenés  à  Paris,  on  s'occupa  beau- 
coup de  leur  instruction;  mais  dans  l'organisation  de  l'ensei- 
gnement professionnel,  on  échoua  entièrement.  Aussi  les 
placements  dans  certains  établissements  agricoles  ou  manu- 
facturiers situés  en  province  furent  fréquents  et  produisirent 
d'heureux  résultats.  Plusieurs  enfants  retrouvaient  leurs 
parents  ;  d'autres  entraient  dans  d'excellentes  familles  ou  se 
plaçaient  pour  leur  propre  compte. 


■% 

L 


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-232  — 

La  mortalilé  des  pupilles  reçus  dans  la  Maison  de  la 
Couche  était  effrayante.  En  1671,  sur  121  présents,  il  en 
meurt  118.  En  1758,  grande  amélioration  :  mais  sur  5,012, 
1,470  meurent  dans  la  maison  en  attendant  les  nourrices.  Le 
muguet  fait  parmi  eux  de  grands  ravages. 

La  phtisie,  résultat  d'une  mauvaise  constitution,  n'est  pas 
moins  meurtrière.  Six  ans  après,  il  ne  reste  plus  qu'un 
septième  des  enfants.  Des  tableaux  très  nets  établissent  la 
proportion  de  la  mortalité  suivant  les  âges.  Ceux  qui,  de  la 
campagne,  étaient  ramenés  à  Paris,  succombaient  presque 
tous  pour  diverses  raisons.  Les  ressources  et  les  soins  médi- 
caux manquaient. 

Certains  petits  malades,  les  gastez  ou  atteints  de  maladie 
vénérienne,  étaient  recueillis  à  l'hospice  de  Vaugirard,  que 
dirigeaient  les  Sœurs  de  la  Charité. 

VHôpital  général  et  la  Maison  de  la  Couche  ne  consti- 
tuaient pas  au  siècle  dernier  l'unique  mode  d'assistance  pour 
l'enfance.  Plusieurs  œuvres  particulières  les  recevaient,  sans 
parler  des  placements  en  province.  L'Hôpital  de  la  Trinité, 
existant  depuis  1202,  s'occupait,  au  XVIII®  siècle,  de  ces 
petits  abandonnés  et  les  dressait  plus  tard  à  la  confection  des 
produits  fournis  par  les  pays  étrangers.  En  1789  il  contenait 
100  garçons  et  36  filles. 

U Hôpital  Beaujon,  fondé  en  1784,  était  destiné  à  rece- 
voir 24  orphelins.  Indiquons  encore  l'Hôpilal  Necker,  la 
maison  des  Orphelines  de  la  Mère-Dieu  pour  32  filles  et 
8  garçons  ;  l'Hôpital  de  la  Miséricorde  ou  des  Cent-FiUcs, 
enfin  les  Orphelines  du  Saint-Nom  de  Jésus,  rue  des  Postes, 

Au  XVUI»  siècle  on  organisa  tout  spécialement  le  service 
de  la  surveillance  des  nourrices  et  des  recommanderesses  ou 
inteimédiaires.  Les  premières  doivent  produire  de  bons  certi- 
ficats :  il  leur  est  défendu  d'allaiter  deux  enfants,  à  peine  de 
fouet.  En  1769  les  recommanderesscs  non  responsables  sont 


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-433- 

remplacées  par  un  seul  Bureau  général  qui  veille  à  ce  que 
les  paiements  se  fassent  régulièrement  ;  ils  sont  aidés  par  des 
iospecleurs  et  deux  directeurs,  ainsi  que  par  des  médecins, 
n  y  avait  une  amélioration  sensible. 

En  province,  il  n'y  eut  aucune  uniformité  dans  les  mesures 
prises  à  Tégard  des  enfants  délaissés.  Maintes  fois  on  les 
envoya  à  Paris.  Les  intendants  réglaient  seuls  les  questions 
concernant  ceux  qui  restaient  placés  dans  de  vastes  maisons 
largement  dotées,  soit  par  les  seigneurs,  soit  par  tous  les 
habitants  imposés  ad  hoc.  On  n'y  recevait  guère  que  ceux 
trouvés  dans  l'étendue  de  la  province.  A  Nantes,  l'Hôtel- 
Dieu  devait  ouvrir  seulement  ses  portes  aux  enfants  de  la 
ville  et  de  la  banlieue,  à  moins  que  leur  pension  ne  fût  inté- 
gralement payée.  Le  système  de  l'admission  secrète  au  moyen 
de  tours  était  peu  usité  et  ne  date  guère  que  de  1789.  En 
1780,  on  inscrit  le  chiffre  de  40,000  enfants  trouvés  dans  les 
hôpitaux  de  province,  mais  l'auteur  estime  que  ce  chiffre  est 
très  au-dessous  de  la  vérité. 

Au  XVIII*  siècle  ces  enfants  continuèrent  à  être  placés  en 
nourrice  moyennant  un  salaire  insuffisant.  A  Nantes,  on 
payait  24  livres  par  an.  Dans  l'Agenois  on  ne  donnait  au 
début  que  8  livres.  Les  pupilles  devenus  grands  étaient  en 
général  ramenés  dans  les  hospices.  Nantes  estima  qu'il  était 
mieux  de  les  maintenir  à  la  campagne.  On  les  initiait  à 
toutes  sortes  de  professions,  petits  métiers,  cordonnerie, 
bonneterie,  tonnellerie,  etc.  Ils  collectaient  au  profit  de 
l'hôpital,  figuraient  dans  les  sépultures,  moyennant  salaire  ; 
les  filles  dans  notre  ville  jouaient  le  rôle  de  pleureuses. 
Plusieurs  devenaient  infirmiers,  soldats,  matelots.  Partout  on 
constate  une  mortalité  effrayante.  A  Aix,  la  première  année, 
il  meurt  les  trois  quarts  d'exposés  ;  ailleurs  la  moitié.  Ce 
triste  résultat  s'explique  par  les  terribles  maladies  dont  ces 
petits  êtres  étaient  infectés. 


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-234- 
LA  PÉRIODE  RÉVOLUTIONNAIRE. 

Les  cahiers  de  1789  font  souvent  menlion  des  enfants 
trouvés.  Les  assemblées  qui  ont  gouverné  la  France  de  1790 
à  1800  s'octupèrenl  d'eux  avec  quelque  sollicitude.  Les 
assemblées  constituante  et  législative  décidèrent  que  le 
Trésor  public  rembourserait  tous  les  trois  mois  les  dépenses 
faites  par  les  établissements  pour  ces  enfants.  La  Convention 
se  montre  animée  à  leur  égard  d'intentions  excellentes,  mais 
décrète  des  mesures  générales  et  parfois  peu  pratiques.  La 
naflure,  dit  l'article  1«%  se  charge  de  l'éducation  physique  et 
morale  des  abandonnés....  Ils  seront  reçus  gratuitement  dans 
tous  les  hospices  civils  de  la  République,  à  litre  d'orphelios. 
Mais,  hélas  !  l'Etat  ne  fit  pas  toujours  honneur  à  sa  signa- 
ture, et  les  hospices,  privés  de  leurs  anciens  revenus,  ne 
pouvaient  pas  remplir  leurs  obligations,  au  détriment  des 
pauvres  êtres  abandonnés. , 

Aussi  les  nourrices,  payées  en  assignats,  ne  se  présen- 
taient plus.  En  1797,  il  meurt  92  <>/o  enfants.  On  crée  bien 
h  Paris  un  établissement  de  nourrices  qui  produit  les  plus 
heureux  résultats  ;  mais  en  province,  point  ou  peu  de  nour- 
rices, et  les  nourrissons  meurent  presque  tous  dans  les 
hôpitaux,  dans  les  proportions  de  18  à  19  sur  20.  A  Toulon^ 
sur  104,  il  n'en  survécut  que  3. 

LES  ENFANTS  TROUVÉS  AU   XIX»  SIÈCLE. 

Au  commencement  du  XIX«  siècle  un  fait  considérable  se 
produit.  La  loi  du  15  pluviôse,  an  XllI,  règle  que  les  Com- 
missions hospitalières  seront  chargées  de  la  tutelle  des  enfants 
admis  dans  les  hospices  et  choisiront  un  de  leurs  membres 
pour  être  tuteur,  disposition  confirmée  par  le  décret-loi  de 
1811.  Une  somme  annuelle  de  4  millions  doit  contribuer  au 


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-235  — 

paiement  des  mois  de  nourrice  et  des  pensions.  Il  y  aura  un 
tour  au  plus  dans  chaque  arrondissement.  L'ensemble  des 
décrets  et  ordonnances  de  1811  ii  1870  établit  la  situation 
ainsi  qu'il  suit  : 

Dans  chaque  département,  la  tutelle  des  enfants  trouvés, 
abandonnés,  orphelins,  appartient  aux  Commissions  hospita- 
lières des  hospices  dépositaires  ; 

Le  Gcmseil  général  règle  le  service  et  l'Inspecteur  nommé 
par  l'Etat  tend  à  tout  accaparer.  Cette  diversité  de  droits,  de 
pouvoirs  et  d'attributions  entraîne  souvent  des  conflits. 

L'auteur  suit  l'enrant  assisté  depuis  son  admission  jusqu'à 
sa  majorité  et  examine  en  détail  de  quelle  manière  il  est 
pourvu,  en  France,  k  sou  éducation  et  h  la  défense  de  ses 
intérêts. 

Pendant  la  période  révolutionnaire,  on  admettait  à  bureau 
ouvert.  Aussi  les  présentations  affluèrent.  Des  parents  mariés 
et  connus  se  débarrassaient  souvent,  par  cette  voie,  de  leurs 
enfants.  L'ouverture  des  tours  favorisa  les  admissions.  On  dut 
en  supprimer  plusieurs.  Il  fallut  aussi  déterminer  ce  que  l'on 
entendait  par  enfants  abandonnés  et  fixer  l'âge  d'admission. 

Les  enfants  admis  sont  immatriculés,  reçoivent  un  nom, 
sont  enregistrés,  souvent  rapatriés  ;  ils  séjournent  peu  de 
temps  dans  l'hospice  dépositaire  où  on  les  nourrit  au  bibe- 
ron ;  on  les  confie  promplement  à  des  nourrices  par  l'inter- 
médiaire de  gens  appelés  préposés.  Us  doivent,  sauf  exception, 
être  élevés  au  sein.  Les  nourrices,  choisies  et  surveillées, 
reçx)ivent  un  bon  salaire,  25  fr.  par  mois,  h  Paris.  Elles 
doivent  garder  l'enfant  le  plus  longtemps  possible,  môme 
jusqu'à  21  ans  s'il  est  possible.  Toutefois,  les  changements 
et  déplacements  ont  été  fréquents.  La  condition  agricole 
convient  le  mieux  aux  pupilles  et  assure  le  mieux  leur 
avenir.  Une  foule  de  circulaires  ministérielles  se  préoccupent 
d'eux  à  ce  point  de  vue. 


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—  236- 

Ed  (oui  élat  de  cause,  les  pensions  finissant  k  1^  ans,  il 
fallait  pourvoir  à  l'avenir  des  pupilles.  Ceux-ci  doivent  se 
suffir  par  eux-mêmes  et  travailler  assez  pour  gagner  leur 
entretien  ;  toutefois  la  tutelle  des  Commissions  hospitalières 
continue  à  s'exercer  en  leur  faveur,  qu'ils  soient  légitimes  ou 
non.  Ces  Commissions  ont  droit  de  garde  et  de  correction, 
d'émancipation,  de  consentement  au  mariage  et  aux  engage- 
ments militaires  et  d'administration  des  biens.  Si  les*  parents 
réclament  leurs  enfants,  ils  devront,  s'ils  le  peuvent,  rem- 
bourser toutes  les  dépenses. 

La  tutelle  dont  il  vient  d'être  question  s'exerçait  mal,  et 
l'on  ignorait  ce  que  devenaient  les  trois  quarts  des  enfants 
trouvés,  leur  treizième  année  une  fois  accomplie.  Comment 
les  Commissions  auraient-elles  pu  se  transporter  sur  les 
divers  points  du  territoire  pour  surveiller  les  pupilles  ?  La 
création  des  Inspecteurs  départementaux,  représentants  de 
l'autorité  préfectorale,  réalisa  un  certain  progrès,  au  dire  de 
l'Administration,  mais  affaiblit  l'autorité  des  commissions.  Ces 
Inspecteurs  sont  devenus  administrateurs  et  surveillants. 
Us  sont  tout,  sauf  dans  le  département  de  la  Seine,  où  l'Ad- 
ministration administre  et  l'Inspection  inspecte. 

Cette  organisation  nouvelle  de  1874  a  produit  des  résul- 
tats heureux  au  point  de  vue  des  placements  et  de  la  dimi- 
nution de  la  mortalité.  L'auteur  l'établit  par  des  tableaux 
comparatifs. 

Il  examine  ensuite  les  ressources  du  service,  produit  des 
fondations,  produit  des  amendes  de  police  correctionnelle, 
contingent  des  communes,  contingent  de  l'Etat  et  part  contri- 
butive des  départements. 

A  côté  des  enfants  abandonnés  de  fait  ou  orphelins,  il  y 
a  des  enfants  moralement  abandonnés,  incomplètement  sur- 
veillés par  leurs  parents,  vagabonds,  et  envoyés  dans  des 
maisons  de  correction  oii  ils  se  pervertissent.  Le  service 


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-237-^ 

organisé  par  T Assistance  publique,  en  1881,  a  pour  but 
de  régéner  par  le  travail  en  liberté,  tous  ces  vagabonds 
et  ces  insoumis  qtii  sont  sur  le  chemin  du  vol  el  de  la 
prison.  C'est  de  là  qu'est  sorlie  la  fameuse  loi  Roussel. 
Ces  enfants  sont  placés  par  groupes  ou  isolément  chez  des 
industriels  et  s'appliquent  à  un  métier  en  rapport  avec  leurs 
goûts  et  leurs  aptitudes.  On  a  fondé  pour  eux  deux  écoles 
professionnelles  d'horticulture  ou  d'ébénisteric.  Les  résultats 
obtenus  ont  dépassé  les  espérances.  Beaucoup  d'êtres  dan- 
gereux ont  été  transformés  en  laborieux  ouvriers.  L'auteur 
s'attache  k  démontrer  que  la  religion  *est  la  grande  éducatrice 
el  la  plus  sûre  réformatrice  des  mœurs. 

Ici,  M.  Lallemand  examine  l'économie  de  la  loi  du  28 
décembre  1874,  qui  réglemente  la  protection  des  enfants  du 
premier  âge  placés  en  nourrice  ou  en  garde  par  leurs  parents, 
loi  qui  a  pour  but  de  combattre  cette  mortalité  excessive  des 
nourrissons,  si  fatale  pour  les  familles  et  pour  le  pays. 

L'industrie  nourricière  produisait  des  effefs  désastreux  que 
signalèrent  les  docteurs  Monod  et  Brochard.  Le  D^  Th. 
Roussel  saisit  l'Assemblée  nationale  d'un  projet  de  loi  sur  la 
protection  des  enfants  du  premier  âge.  De  là  naquit  la  loi 
de  1874.  Le  service  ne  fut  organisé  qu'en  1877  ;  en  1878  il 
reçut  un  commencement  d'exécution. 

La  loi  règle  les  questions  relatives  aux  obligations  de  ceux 
qui  mettent  l'enfant  en  sevrage  ou  en  garde,  à  celles  des 
nourrices,  aux  conditions  qu'elles  doivent  réunir,  aux  bureaux 
de  placement,  à  la  surveillance  dont  l'Inspecteur  est  la  télé. 
Ce  service  existant  déjà  depuis  cinq  à  six  ans  a  produit  de 
bons  fruits,  bien  qu'il  fonctionne  avec  lenteur  et  ait  mani- 
festé quelques  défauts. 

Avant  d'examiner  lés  projets  de  loi  soumis  aux  Chambres 
sur  la  question,  de  1848  à  1885,  l'auteur  dit  un  mot  de  la 
charité  privée  du  XIX»  siècle.  Il  constate  que  s'il  faut  ajouter 


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—  238  — 

foi  aux  enquêtes  incomplètes  qui  ont  été  faites,  il  y  aurait 
1,110  asiles  privés  recevant  40,000  enfants  élevés  par  la 
charité.  Les  ressources  qu'absorbent  ces  asiles  sont  très  con- 
sidérables. Transformées  en  pensions  chez  les  cultivateurs, 
elles  permettraient  de  secourir  un  chififre  plus  élevé  de 
délaissés. 

De  1848  à  1869,  trois  projets  de  loi  où  le  tour  est  réta- 
bU  sont  jugés  impraticables.  Il  s'agissait,  à  côté  du  rétablis- 
sement du  tour,  de  supprimer  les  secours  aux  filles-raères 
et  de  coloniser  l'Algérie  à  l'aide  des  enfants  abandonnés. 

En  1877,  le  projet  B^renger,  H.  Martin,  Schœlcher,  rede- 
mande le  rétablissement  des  tours  et  propose  une  Direction 
générale  des  enfants  trouvés  au  Ministère  de  l'Intérieur.  Le 
vœu  n'eut  pas  de  suite.  D'autres  projets  de  loi,  celui  de 
M.  Lacretellc  notamment,  qui  propose  de  créer  des  orphe- 
linals  agricoles,  n'aboutissent  pas  davantage. 

Nous  voici  en  présence  de  la  proposition  de  loi  sur  la 
protection  des  enfants  abandonnés,  délaissés  ou  maltraités, 
votée  par  le  Sénat.  Elle  demande  un  sérieux  examen.  C'est 
la  loi  Roussel,  Bérenger,  J.  Simon,  qui  \rise  les  enfants  âgés 
de  plus  de  12  ans,  non  recueillis  habituellement  par  les 
hospices,  vagabonds,  déclassés,  elc. 

D'après  l'art.  1®%  tout  mineur  abandonné,  délaissé  ou  mal- 
traité, est  placé  sous  la  protection  de  l'autorité  publique.  U 
est  créé  des  Comités  départementaux  de  protection,  secondés 
par  des  Comités  de  patronage  cantonaux.  Les  Préfets,  sur 
l'avis  de  ces  Comités,  sont  autorisés  à  prendre  les  mesures 
concernant  le  placement  définitif,  *  garde,  éducation,  tutelle 
des  enfants  en  question,  tandis  que  les  établissements  privés 
ou  les  particuliers  sont  gênés  quand  ils  veulent  recueillir  ces 
enfants. 

M.  Lallemand  critique  vivement  ce  premier  article  qui 
compromet  les  intérêts  de  la  bienfaisance  privée  et  est  une 


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-ro- 
main-mise complète  de  l'autorité  administrative  sur  toutes  les 
œuvres  et  institutions. 

Le  titre  II  s'occupe  de  la  protection  des  mineurs  en  cas 
d'incapacité  des  parents  ou  tuteurs  et  accorde  aux  familles 
trop  de  facilités  pour  se  débarrasser  du  soin  de  pourvoir  à 
l'éducation  de  leurs  enfants. 

Le  titre  III  prévoit  les  cas  de  déchéance  paternelle  et,  au 
lieu,  de  se  borner  à  provoquer  cette  déchéance  quand  le  père 
ou  la  mère  attente  aux  mœurs  de  l'un  de  ses  enfants,  il  la 
prononce  pour  toute  espèce  de  cas,  condamnations  légères, 
cas  d'ivrognerie,  etc.  :  c'est  la  suppression  de  la  puissance 
paternelle.  Les  conséquences  peuvent  être  abusives  et  même 
monstrueuses. 

Les  art.  83  et  88  font  des  Préfets  et  des  Comités  départe- 
mentaux des  tuteurs  universels  des  enfants  protégés  et  leur 
coulèrent  des  pouvoirs  exorbitants. 

Les  autres  articles  concernent  les  dispositions  de  la  loi  et 
renvoient  son  exécution  k  l'époque  de  la  revision  des  lois  et 
décrets  qui  régissent  les  services  des  enfants  assistés. 

La  loi  Roussel,  adoptée  par  le  Sénat,  prête  donc  le  flanc 
à  de  sérieuses  critiques  que  M.  Waldeck-Rousseau  n'a  pas 
cachées  en  disant  que  l'on  y  froisse  certains  '  droits  de  la 
famille,  et  qu'il  n'aurait  pas  fallu  y  présenter  l'Etat  comme 
étant  prêt  à  recueillir  tous  les  enfants  dont  les  parents  ne 
prendront  pas  soin. 

Le  problème  n'est  donc  pas  résolu  d'une  manière  satisfai- 
sante. 

LES  NATIONS  APPARTENANT  A  LA  CIVILISATION  CHRÉTIENNE. 

L'auteur,  poursuivant  son  étude,  se  demande  ce  qu'ont 
fait,  en  dehors  de  la  France,  dans  l'intérêt  de  l'enfance 
abandonnée,  les  différents  peuples  qui  se  rattaphent  k  la 


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—  240  — 

civilisation  chrétienne.  Estimant  que  la  manière  de  com- 
prendre la  religion  exerce  une  influence  considérable  sur  le 
mode  d'application  et  sur  l'exercice  de  la  cbaritc,  il  distingue 
entre  les  pays  catholiques  et  les  pays  protestants.  Les  premiers, 
chez  lesquels  domine  l'esprit  de  centralisation  et  où  l'influence 
ecclésiastique  est  prépondérante,  ont  une  tendance  à  gi^onper 
les  enfants  trouvés  dans  certains  établissements  généraux 
—  hospices,  asiles,  —  dirigés  par  des  religieux,  dotés  par 
des  legs,  fondations  pieuses,  et  à  les  séparer  nettement  des 
autres  enfants  infortunés,  —  ceux  qui  sont  simplement 
orphelins  par  exemple. 

Dans  les  pays  protestants,  au  contraire,  pays  d'initiative 
et  d'indépendance,  l'organisation  de  l'hospice  dépositaire, 
recevant  le  pupille,  l'élevant  dans  l'établissement,  le  confinant 
pendant  des  années  loin  de  tout  contact  extérieur,  existe  à 
un  moindre  degré.  C'est  aux  communes  et  aux  paroisses 
qu'incombe  l'obligation  de  venir  en  aide  aux  pauvres,  y 
ayant  leur  domicile,  toute  liberté  leur  étant  laissée  pour  les 
dispositions  à  prendre,  et  l'enfant  abandonné  se  trouvant 
confondu  avec  les  autres  petits  êtres  dignes  de  compassion, 
sans  être  compris  dans  une  catégorie  spéciale. 

Quant  aux  peuples  qui  pratiquent  la  religion  grecque  ou 
orthodoxe,  et  à  certaines  nations  catholiques,  telles  que  la 
Belgique  et  l' Autriche-Hongrie,  ils  ont  plus  ou  moins  adoptti 
un  régime  mixte,  et  le  système  hospitalier  n'est  pas  aussi  en 
faveur  qu'autrefois. 

Il  nous  serait  impossible  de  suivre  M.  Lallemand  dans  ses 
excursions  chez  les  pays  civilisés  d'Europe  et  d'Amérique 
qu'il  nous  fait  visiter.  Nous  devons  nous  borner  à  un  résumé 
très  succinct. 

En  Italie,  les  brefotrofio  abondent,  mais  ils  manquent 
souvent  d'air,  et  la  mortalité  y  est  grande.  Depuis  la  consti- 
tution d'un  royaume  italien,  ce  sont  les  Conseils  municipaux 


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—  ^41  — 

qui  décident  si  les  œuvres  de  bienfaisance  doivent  être 
soumises  aux  Congrégations  de  cliarilé  ou  à  une  direction 
spéciale.  Les  communes  et  les  provinces  sont  chargées 
d'entretenir  les  exposés,  ou  plutôt  de  combler  le  déficit 
résultant  de  rinsuflisance  constatée  des  revenus  particuliers 
de  fonctions  déjà  existantes  pour  cet  objet.  Le  nombre  de 
ces  infortunés  est  énorme.  De  1879  h  1881,  il  est  né  en 
Italie  187,555  enfants  naturels  et  40,296  inconnus.  En  1879, 
les  naissances  illégitimes  déclarées  ont  été  de  78  pour  mille, 
et  le  chiffre  tend  à  s'accroître.  Les  hospices  dépositaires  sont 
encombrés  ;  la  forme  de  Tassistance  devient  de  plus  en  plus 
administrative  ;  les  placements  chez  les  cultivateurs  se 
multiplient;  les  enfants  sont  moins  immobilisés  dans  les 
brefotrofi. 

EN  Espagne  et  en  Portugal,  la  charité  privée  toute  seule 
a  d'abord  soutenu  toutes  les  institutions  de  bienfaisance.  Ce 
n'est  que  tardivement  que  l'État  est  intervenu.  Chaque  chef- 
lieu  de  province  doit  avoir  au  moins  un  asile  pour  les  aban- 
donnés- Ils  sont  confiés  à  des  nourrices  du  dehors,  puis 
maintenus  chez  leurs  parents  nourriciers  ou  placés  chez  des 
lal)oureurs.  En  1859,  il  y  avait  en  Espagne  149  de  ces 
asiles,  renfermant  37,000  pupilles  en  bas  âge.  La  mortalité 
y  était  assez  grande.  En  Portugal,  l'Administration  des 
trouvés  est  une  administration  de  district;  la  junte  géné- 
rale en  a  la  direction  supérieure.  Le  service  se  rapproche 
de  celui  qui  fonctionne  en  France  :  48,762  de  ces  enfants 
étaient  assistés  en  1878. 

Dans  le  groupe  espagnol  de  l'Amérique  du  Sud,  Mexique, 
Brésil,  Uruguay,  République  argentine,  Chili,  Pérou,  répu- 
bliques de  l'Equateur,  de  San-Salvador,  ce  sont  des  confréries 
religieuses  qui  ont  généralement  pris  l'initiative  de  la  fonda- 
lion  d'asiles  destinés  k  recevoir  les  trouvés.  Le  gouvernement 
n'intervient  guère  que  pour  approuver  les  statuts  et  donner 


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quelques  subsides.  C'est  le  système  du  tour  qui  est  en  vigueur. 
Les  enfants,  confiés  k  des  nourrices  négresses,  sont  mis  en 
apprentissage  et  établis  par  les  soins  de  TÂdministration 
hospitalière.  Malheureusement  la  démoralisation  est  fort 
grande.  A  Quito,  par  exemple,  capitale  de  la  République  de 
l'Equateur,  il  y  a  un  tiers  de  naissances  illégitimes. 

En  Belgique,  avant  le  XIX*  siècle,  la  Commune  pourvoit, 
par  moitié,  à  l'entretien  des  abandonnés,  au  moyen  de  taxes 
prélevées  sur  les  représentations  des  comédiens  et  sahim- 
banques.  Mais  la  province,  k  laquelle  appartient  la  commune, 
a  la  charge  de  l'autre  moitié.  Le  gouvernement  essaie  des 
colonies  agricoles  où  l'on  relègue  les  orphelins,  les  trouvés, 
pupilles  des  hospices.  Mais  le  système  réussit  peu  et  l'on  en 
revient  au  placement  à  la  campagne. 

En  Autriche-Hongrie,  avant  1868,  les  rares  hospices 
d'çnfants  trouvés  relevaient  de  l'État.  Depuis  cette  époque, 
ils  appartiennent  aux  pays  respectifs  oii  ils  sont  situés  et  sont 
entretenus  par  chaque  gouvernement  local.  D'ailleurs,  ces 
enfants  sont  assimilés  aux  indigents  ordinaires,  système  que 
l'auteur  désapprouve  et  combat.  Les  états  particuliers  n'ayant 
guère  compris  leurs  devoirs,  ce  sont  les  communes  qui  ont 
vu  presque  toute  la  charge  retomber  sur  elles. 

En  Russie,  le  nom  A' enfants  trouvés  disparaît,  de  peur 
que  le  berceau  d'enfants,  sur  qui  se  fonde  l'espoir  de  la  société, 
soit  déconsidéré.  On  ne  parle  plus  d'hôpital,  d'hospices,  mais 
seulement  de  maisons  d'éducation.  Ces  maisons  furent 
ouvertes  à  Moscou  et  à  Saint-Pétersbourg.  Mais  les  pupilles 
de  toute  provenance  que  l'on  y  entassa  moururent  dans  la 
proportion  des  deux  tiers.  Il  fallut  joindre  k  ces  maisons 
d'éducation  des  maternités  ;  les  femmes  qui  viennent  y  faire 
leurs  couches  restent  inconnues  ;  leurs  enfants  sont  confiés 
k  des  nourrices  et  emmenés  dans  les  campagnes.  Plus  tard, 
Us  sont  mis  en  apprentissage,  et  souvent  ils  sont  adoptés  par 


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.  243  - 

leurs  pères  nourriciers  ou  leurs  bienfaiteurs.  En  Pologne, 
l'on  a  créé  des  colonies  agricoles  et  des  asiles  industriels. 

Passons  sur  la  Grèce,  la  Roumanie,  la  Serbie  et  le  Monté- 
négro où  nous  ne  remarquons  rien  de  spécial;  nous  en 
venons  aux  pays  protestants. 

Le  caractère  propre  de  ces  pays,  c'est  de  voir  surtout  dans 
l'enfant  abandonné  un  orphelin  et  de  le  comprendre  dans  la 
catégorie  générale  des  enfants  infortunés,  ayant  droit  à 
l'assistance  publique  comme  indigents,  pas  autrement. 

En  Allemagne  ,  il  n'existe  aucune  législation  pour  les 
trouvés  et  les  abandonnés.  Les  personnes  bienveillantes  sont 
invitées  k  se  charger  d'enfants  illégitimes  afin  d'en  faire  des 
citoyens  utiles  h  l'État.  Il  existe  sans  doute  des  orphelinats. 
Mais,  d'après  l'auteur,  ce  sont  de  vraies  maisons  de  correc- 
tion. Il  avoue  toutefois  que  dans  ceux  que  Ton  a  élevés  en 
ces  derniers  temps,  règne  un  esprit  meilleur.  Ce  qu'il  blâme 
absolument,  c'est  de  confondre  les  délaissés  avec  les  autres 
pauvres. 

En  Prusse  ,  l'institution  des  hospices  d'enfants  trouvés  a 
toujours  été  repoussée.  On  cherche  h  donner  la  préférence 
h  l'éducation  de  famille  sur  le  système  d'envoi  dans  les 
établissements  publics  ;  ce  qui  n'empêche  pas  l'existence  des 
orphelinats.  Mais  ces  maisons  ont  un  caractère  privé.  Elles 
sont  d'ailleurs  très  bien  tenues.  La  charité  privée  fait  tous 
les  frais  de  leur  entretien.  On  en  compte  164  en  Prusse  et 
850  en  Allemagne,  ou  l'on  s'occupe  de  l'éducation  des  enfants 
moralement  ou  matériellement  délaissés. 

En  Saxe,  dans  le  grand-duché  de  Bade,  dans  le  Wurtem- 
berg, on  a  fondé  diverses  maisons  oii  l'on  dirige  les  groupes 
d'enfants  suivant  l'esprit  de  famille.  L'auteur  n'aime  pas  ce 
système,  il  veut  la  vie  de  travail  en  pleine  liberté  au  sein 
d'une  famille  agricole  surtout. 

En  Suisse  ,  chaque  état  est  chargé  de  ses  indigents  ;  le 


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—  244  — 

canton  a  rejeté  la  charge  sur  la  commune  :  c'est  de  là  qn'est 
née  la  taxe  des  pauvres,  la  charité  légale.  Mais  ici  encore 
point  de  loi  concernant  les  trouvés,  secourus  au  même  titre 
que  les  orphelins  et  jusqu'à  Tâge  de  16  ans.  Ces  enfants  sont 
placés  assez  souvent  chez  des  particuliers,  et  Ton  veille  à  ce 
qu'ils  reçoivent  une  excellente  éducation  morale  et  religieuse. 
En  dehors  de  l'assistance  officielle,  la  charité  privée  n'est  pas 
inactive,  elle  fonde  des  établissements,  forme  des  Sociétés 
et  moralise  hautement  la  jeunesse  abandonnée.  Tout  cela  est 
digne  d'éloges. 

Nous  trouverions  des  choses  fort  intéressantes  à  dure  sur 
les  moyens  employés  dans  les  petits  États  du  nord  de 
l'Europe  —  Hollande,  Danemark,  Suède  et  Norwège,  — 
pour  protéger  l'enfance  abandonnée.  Mais  nous  avons  hâte 
d'en  venir  k  V Angleterre  et  aux  États-Unis. 

En  Angleterre  ,  d'après  l'art.  1602,  plus  ou  moins  en 
vigueur  encore,  chaque  paroisse  doit  pourvoir  au  soulage- 
ment de  ses  pauvres,  l'abandonné  compris.  La  bienfaisance 
publique  n'embrasse  que  deux  ordres  d'institution:  les 
secours  à  domicile,  et  les  maisons  de  travail.  C'est  vers 
l'industrie  et  la  marine  que  l'on  dirige  les  pupilles.  On  les 
place  rarement  chez  les  cultivateurs.  Ce  système  exige  des 
dépenses  énormes,  sans  que  les  résultats  soient  merveil- 
leux. 

Heureusement  qu'à  côté  de  la  charité  légale,  il  y  a  la 
charité  privée  qui  enfante  des  merveilles.  La  maison  des 
enfants  trouvés,  fondée  à  Londres  en  1789,  admettait 
sans  difficulté  tous  les  pauvres  petits  êtres  âgés  de  moins 
de  deux  mois  ;  mais  avant  la  fin  du  siècle,  il  fallut  faire 
un  choix,  et  la  proportion  des  admis  est  allée  en  se  restrei- 
gnant. 

Dans  les  grandes  villes,  telles  que  Londres  et  Liverpool, 
l'accroissement   exagéré  de  la  population  ouvrière  et  la 


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—  Î45  — 

misère  multiplièrent  le  nombre  des  enfants  abandonnés  qni 
devenaient  un  danger  pour  la  société.  Alors  surgissent  de 
nombreuses  institutions  destinées  k  arracher  au  vice  et  au 
dénuement  ces  parias  :  ce  furent  les  écoles  de  réforme, 
vrais  établissements  correctionnels  et  les  écoles  industrielles, 
ob  ne  sont  admis  que  des  enfants  âgés  de  moins  de  14  ans, 
vagabonds  et  sans  foyer,  qui  n'ont  pas  été  condamnés.  Bien 
que  ce  ne  soit  pas  un  idéal,  ces  écoles  ont  donné  d'assez 
bons  résultats. 

L'Ecosse  est,  à  ce  qu'il  paraît,  un  pays  privilégié.  Il  y  a 
peu  d'enfants  abandonnés,  le  niveau  de  la  moralité  publique 
étant  relativement  élevé.  Ces  pupilles  sont  placés  au  dehors, 
n'es  surveillés,  et  deviennent  généralement  de  très  bons 
sujets. 

En  Irlande,  les  enfants  sont  assistés  par  la  charité  légale  ; 
depuis  quelques  années  pourtant  les  asiles  privés  s'y  sont 
multipliés. 

COLONIES   ANGLAISES. 

AU  Canada  ,  sous  l'administration  franco-canadienne,  au 
milieu  des  guerres  incessantes,  la  situation  des  enfants 
trouvés  était  déplorable.  Les  nourrices  vendaient  aux  sauvages 
les  enfants  qqi  leur  étaient  confiés.  M°»«  d'Yonville,  fondatrice 
des  sœurs  de  la  charité  de  Villemarie,  ouvrit  à  Montréal, 
vers  1754,  une  maison  destinée  à  les  recevoir.  L'hôpital  de 
Québec  ne  larda  pas  à  les  recueillir  k  son  tour.  La  charité 
privée  vint  en  aide,  et  ces  pauvres  abandonnés  sont  souvent 
adoptés  par  les  familles.  A  l'heure  actuelle  le  gouvernement 
tend  à  développer  les  écoles  de  réforme  ou  industrielles, 
pareilles  à  celles  qui  existent  en  Angleterre. 

Même  système  en  Australie  où  abondent  les  Sociétés  de 
charité. 

16 


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-246  ~ 

Etats-Unis  d'Amérique.  Il  est  très  difficile  tfoblenîr  des 
renseignements  complets  sur  la  question,  dans  ce  pays  jeune , 
sans  aucune  idée  de  centralisation.  Ici  point  de  législation 
applicable  aux  trouvés.  Certains  fitats  défendent  Tabandon 
et  le  punissent  sévèrement.  Ailleurs  ces  enfants  sont  adoptés 
par  des  parents  ou  voisins  charitables.  Quand  ils  deviennent 
trop  nombreux,  à  la  suite  des  émigrations  irlandaises  ou 
allemandes,  on  les  place  dans  des  asiles,  des  poor-housei, 
dans  des  écoles  de  réforme  et  d'industrie.  Partout  on  cherche 
à  les  relever  et  à  les  moraliser  par  l'instruction,  sans  que 
le  succès  ait  répondu  à  l'attente.  L'instruction  sans  l'édu- 
cation, sans  la  culture  morale  et  religieuse  du  cœur  est  un 
pauvre  système.  On  a  fini  par  le  comprendre. 

Les  vagabonds  abondent  aux  Etats-Unis,  ils  sont  presque 
tous  fils  d'étrangers.  Ils  constituent  un  vrai  péril  social  dans 
les  grandes  villes.  On  en  prend  un  soin  spécial.  On  les 
dirige  vers  les  travaux  agricoles  dans  les  vastes  territoires 
de  l'Ouest. 

D'une  manière  générale,  c'est  au  placement  dans  la  famille 
d'adoption  qu'aboutissent  les  efforts  des  philanthropes  amé- 
ricains qui  ont  voué  leur  vie  au  relèvement  matériel  et 
moral  des  délaissés. 

LES  NATIONS  N'APPARTENANT  PAS  A  LA  CIVILISATION  CHRÉTIENNE. 

Inde.  Il  y  a  peu  d'enfants  trouvés  dans  l'Inde.  Les  illé- 
gitimes sont  étouffés,  vendus  ou  placés  dans  des  asiles  créés 
par  les  missions  protestantes  et  catholiques  du  pays.  L'in- 
fanticide est  prohibé  et  sévèrement  puni  par  les  lois  anglaises. 
A  l'intérieur  on  pratique  encore  l'immolation  des  enfants  ; 
chose  curieuse,  les  difformes  sont  regardés  par  les  Hindous 
comme  une  bénédiction  du  ciel. 

Chine.  L'ancienne  patria  poleslas  existe  en  Chine,  mais 


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-247  - 

au  profit  des  pères  seuls,  qui  out  sur  leurs  eufants  en  certaines 
occasions  le  droit  de  vie  et  de  mort.  Ils  peuvent  être  impuné- 
ment homicide.  LMnfanlicide  est  largement  pratiqué  ;  cela 
est  hors  de  doute,  malgré  les  dénégations  de  certains  voyageurs 
qui  n'ont  vu  que  la  surface  des  choses.  L'habitude  de  noyer 
les  petites  filles  est  tellement  passée  dans  les  mœurs  qu'elle 
cesse  d'être  monstrueuse.  On  a  cité  des  familles  qui  Y)nt 
noyé  jusqu'à  dix  petites  filles.  L'auteur  l'établit  en  citant 
des  documents  péremptoires.  Il  recherche  les  causes  de  ce 
crime  permanant,  et  le  trouve  dans  la  foi  des  Chinois  en  la 
transmigration  des  âmes. 

Il  résulte  de  Va  qu'il  n'y  à  que  peu  d'asiles  destinés  h 
recueillir  des  enfants  pauvres.  Mais  les  étrangers,  surtout 
les  missionnaires  catholiques  français,  ont  créé  bon  nombre 
de  maisons  charitables.  C'est  comme  une  aurore  de  civilisa- 
tion européenne, 

En  Inuo-Chine  on  pratique  peu  l'infanticide.  Mais  les 
enfants  des  deux  sexes  y  sont  vendus.  Depuis  l'occupation 
française,  on  a  fondé  des  fermes  agricoles  et  des  maisons 
hospitalières  pour  eux. 

Au  Japon  ,  l'infanticide  est  fréquent.  La  charité  chrétienne, 
catholique  et  protestante  y  a  ouvert  quelques  asiles  pour 
l'enfance. 

Le  Koran,  dont  certains  passages  ont  été  empruntés  à 
l'Evangile,  protège  très  nettement  les  enfants  et  les  orphelins. 
Mais  les  orphelines  sont  destinées  trop  souvent  aux  harems. 
Les  asiles  élevés  chez  les  populations  musulmanes,  à 
Alexandrie,  à  Constantinople ,  sont  généralement  dus  à 
l'initiative  de  la  charité  chrétienne.  Les  Sœurs  de  charité  y 
jouent  le  principal  rôle  avec  un  admirable  dévouement. 

En  Perse,  les  enfants  illégitimes  sont  détruits  par  l'avorte- 
ment  ou  par  l'étouffement.  Les  chrétiens  ne  peuvent  inter- 
venir dans  ce  pays  oii  ils  sont  l'objet  d'une  hame  violente. 


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—  248- 

Ghez  les  peuples  barbares  proprement  dits  de  rÂmérique, 
de  l'Afrique  et  de  rOc(5anie,  il  n'existe  point  de  sentiments 
qui  prédisposent  îi  protéger  l'enfance.  Sur  toute  la  Côte-d'Or, 
par  exemple,  la  paternité  ne  s'accuse  que  sous  ks  traits 
d'une  opération  commerciale. 

CONCLUSION. 

Quelle  sera  la  conclusion  de  cette  longue  étude  ? 

En  dehors  de  la  réglementation  du  service  des  enfants 
délaissés  ou  maltraités,  l'auteur  propose  des  réformes  préa- 
lables auxquelles  j'applaudirais  chaleureusement. 

Ce  sont  les  enfants  illégitimes  qui  fournissent  la  majeure 
partie  des  assistés.  Il  faut  doue  faire  tous  ses  efforts  vers  la 
diminution  des  naissances  hors  mariage  :  empêcher  les 
publications  éhontées,  arrêter  la  propagande  anti-religieuse 
qui  favorise  l'immoralilé,  réprimer  les  excès  de  la  séduction, 
frapper  sévèrement  les  attentats  à  la  pudeur,  infliger  de 
forts  dommages-intérêts  aux  séducteurs. 

Gela  posé,  convient-il  de  conserver  les  hospices  d'enfants 
trouvés?  Les  peuples  prolestants  les  repoussent,  au  nom 
de  l'intérêt  des  enfants  qui  y  meurent  dans  des  proportions 
énormes  et  y  contractent  des  habitudes  licencieuses,  et  au 
nom  de  l'intérêt  social,  les  enfants  recueillis  restant  étrangers 
à  la  vie  de  famille  et  à  la  vie  générale. 

Mais,  répond  M.  Lallemand,  la  première  de  ces  critiques 
ne  porte  plus,  l'hospice  n'étant  plus  qu'un  lieu  de  passage, 
et  le  placement  chez  les  particuliers  étant  la  règle.  De  plus, 
on  enlève  ces  petits  êtres  à  la  protection  naturelle  de  leurs 
parents  :  c'est  vrai.  Mais  de  quels  parents?  En  les  envoyant 
à  la  campagne,  on  cherche  au  contraire  à  leur  créer  une 
famille  et  k  les  arracher  au  contact  du  vice. 

Le  service  doit  donc  être  conservé*  Mais  qui  en  aura  la 


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—  249  — 

direction  ?  Les  administrations  préfectorales  ayant  en  main 
Finspeclion  ?  Non  ;  les  bureaux  administrants  ?  Ils  n'aiment 
pas.  Il  faut  dans  chaque  département  un  comité  unique,  bien 
composé,  sous  raulorilé  du  Conseil  général  qui  nomme  les 
agents  d'inspection. 

Mais  quel  sera  le  mode  d'admission  ?  Ici  l'auteur  examine 
longuement  la  question  des  (ours.  Il  s'oppose  h  leur  rétablis- 
sement, non  moins  qu'aux  restrictions  apportées  aux  admis- 
sions par  l'inspection  départementale.  Il  se  prononce  pour  un 
mode  de  réception  paternel,  tout  en  restant  vigilant,  seul 
moyen  capable  de  sauvegarder  les  triples  droits  de  la  société, 
des  parents  et  des  délaissés,  et  demande  la  suppression  du 
domicile  de  secours,  tel  qu'il  est  entendu  maintenant.  Il  nie 
que  les  secours  temporaires  diminuent  la  mortalité  infantile, 
qu'ils  moralisent  les  mères,  qu'ils  restreignent  les  sacrifices 
des  départements,  qu'ils  assurent  l'avenir  des  enfants  et 
contribuent  à  accroître  la  moralité  publique.  El  sur  la  base 
des  considérations  ci-dessus,  il  présente  un  nouveau  projet 
de  loi  sur  les  enfants  assistés  et  une  autre  sur  les  enfants 
moralement  abandonnés. 

Je  n'ai  pu  analyser  que  d'une  manière  très  imparfaite  ce 
long  et  important  ouvrage  qui  touche  à  tant  de  questions 
et  vise  tant  de  faits  particuliers.  Je  ne  saurais  davantage 
examiner  et  discuter  les  théories  de  l'auteur  pour  arriver  à 
la  solution  du  problème.  Ce  problème  ne  se  pose  pas  partout 
de  la  même  manière  et  n'est  pas  entouré  des  mêmes 
complications.  C'est  beaucoup  qu'il  attire  à  un  aussi  haut 
degré  l'attention  des  moralistes,  des  philanthropes,  des  législa- 
teurs les  plus  éminents  de  notre  époque.  L'enfance  aban- 
donnée doit  exciter  toute  notre  sollicitude.  La  moraliser  par 
l'éducation,  par  le  travail,  par  la  religion,  par  les  bons 
exemples  et  les  bonnes  habitudes,  c'est  là  notre  premier 
devoir.  L'intérêt  de  notre  pays,   l'avenir  de  notre  société, 


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—  250-- 

rélévation  de  la  moralité  publique,  Texigent  absolument. 
Beaucoup  d'hommes  de  cœur  et  de  dévouement  s'occupent 
chez  nous,  jusque  dans  notre  ville,  de  cette  capitale 
question. 

Puissent  tous  ces  efforts  combinés  aboutir  à  une  œuvre 
sérieuse,  pratique,  durable,  pour  la  réhabilitation  et  le  plus 
grand  bien  physique  et  moral  de  tant  d'êtres  qui  sont 
d'autant  plus  dignes  de  sympathie  qu'ils  subissent  générale- 
ment une  situation  dont  la  responsabilité  ne  saurait  leur 
Incomber. 


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NOTICE 

SUR 
L'INVASION  DD  MILDEW  DANS  LES  VIGNOBLES  DES  COTEAUX  DE  LA  SEVRE 

AUX  ENVIRONS  DE  NANTES 
PAR    LE    Dr    DELAMARE. 


Dans  la  séance  du  80  septembre  1885^  de  la  Section  des 
sciences  naturelles  de  notre  Société  académique,  M.  Renou, 
notre  studieux  collègue,  propriétaire  de  vignes  dans  la 
commune  de  Châteautbébaud,  nous  annonça  l'apparition  du 
mlldew,  peronospora  viikola,  dans  ses  vignobles.  Peu 
répandu  à  cette  époque,  le  mal  ne  parut  avoir  que  peu 
d'influence  sur  la  récolle,  assez  généralement  médiocre,  celte 
année,  mais  plutôt  par  suite  de  fâcheuses  circonstances 
atmosphériques. 

Dans  la  même  séance,  notre  collègue  M.  Tabbé  Coquet 
nous  exposa  plusieurs  feuilles  de  vigne  rapportées  par  lui  de 
la  commune  de  Gouffé,  arrondissement  d'Ancenis,  lesquelles 
feuilles  portaient  d'une  manière  irrécusable,  ainsi  que  celles 
mises  sous  nos  yeux  par  M.  Renou,  les  caractères  du  funeste 
cryptogame- 

D'après  un  rapport  de  M.  Fontaine,  agent-voyer  d'arron- 
dissement, le  mildew  aurait,  dès  1883,  occasionné  le  dépam- 


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premeDl  des  vignes  dans  certaines  parties  du  département. 
Mais  l'attention  des  viticulteurs  n'avait  pas  été  attirée  sur  ce 
phénomène,  portés  qu'ils  sont  à  attribuer  à  l'action  des 
brouillards  ou  des  mauvais  vents,  toutes  les  altérations  qui 
surviennent  aux  feuilles  des  vignobles. 

Déjà  M.  Fontaine,  au  mois  de  mai  dernier,  avait  mani- 
festé ses  craintes  sur  une  invasion  plus  générale  du  fléau, 
pensant  que  si  le  mildew  n'avait  fait  que  peu  de  ravages  cd 
1884,  c'était  dû  à  la  sécheresse  de  Télé  ;  aussi,  invitait-il  à 
pratiquer  de  bonne  heure  le  traitement  préservatif  et  recom- 
mandait même  les  moyens  qui  ont  paru  les  plus  efficaces 
pour  combattre  le  mal  :  solution  de  sulfate  de  cuivre,  lait  de 
chaux  cuivreux,  poudre  de  Podechard,  mélange  de  soufre, 
poudre  de  chaux  éteinte  dans  une  solution  de  sulfate  de 
cuivre.  Il  préconise  ces  agents,  en  donne  la  formule,  la 
préparation  et  la  manière  de  les  appliquer. 

Dans  les  mois  suivants,  juin,  juillet,  notre  collègue 
M.  Andouard,  dans  ses  intéressantes  chroniques,  insérées 
dans  les  bulletins  mensuels  du  Comice  agricole  central  du 
déparlement  de  la  Loire-Inférieure,  ne  cesse  de  présager 
l'apparition  prochaine  du  mildew,  et  engage  à  se  prémunir 
contre  son  invasion. 

Malgré  ces  avertissements,  une  fâcheuse  sécurité  régnait 
chez  tous  les  viticulteurs  de  nos  régions  ;  les  pluies  de  la  (in 
de  juin  n'avaient  que  peu  altéré  l'évolution  de  la  floraison  ; 
les  grappes  étaient  généralement  nombreuses  ;  elles  offraient 
des  dimensions  peu  communes  ;  les  grains  se  développaient 
d'une  manière  satisfaisante  :  tout  faisait  espérer  une  riche 
récolte  comparable  à  celles  si  abondantes  de  18i7  et  de 
1876,  et  promettait  de  soulager  la  détresse  de  nos  malheu- 
reux viticulteurs,  ruinés  par  une  série  de  six  annéeà  de 
récolles  nulles  ou  d'une  médiocrité  désespérante.  Jusqu'aux 
premiers  jours  du  mois  d'août,  nos  espérances  n'avaient  subi 


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—  ^53  — 

aucun  échec.  Le  8,  des  circonstances  m'ayaul  mis  à  même 
de  constater  l'étal  des  vignobles,  depuis  la  sortie  de  Nantes 
par  la  route  de  Clisson  et  de  ceuï  des  coteaux  de  la  Sèvre 
jusqu'à  Verlou,  le  feuillage  paraissait  n'avoir  subi  aucune 
atteinte  de  la  maladie  ;  cependant,  à  l'entrée  du  bourg,  un 
petit  clos  me  présenta  quelques  traces  faisant  présager 
l'invasion  du  cryptogame.  Le  9  et  le  10,  je  commençai  à 
ni'inquiéter  de  l'aspect  que  me  présentaient  mes  treilles. 
Quelques  feuilles  offraient  leurs  bords  recoquillés  et  comme 
grillés,  et  leurs  faces  inférieures  plus  ou  moins  couvertes 
d'une  pulvérulence  disséminée  ou  en  petits  groupes  à  l'inter- 
section des  ramifications  des  nervures.  Je  n'eus  plus  de 
doute  sur  l'apparition  du  mildew.  J'enlevai  les  feuilles 
malades  ;  mais  le  lendemain  l'invasion  s'étendait  de  plus  en 
plus.  Il  ne  fallait  pas  songer  au  traitement  prescrit,  la  toxicité 
présumée  du  fruit  traité  par  le  cuivre  devant  le  faire  rejeter 
imptloyablement  de  l'usage  de  la  table  ;  et  cependant  l'appa- 
rence des  grappes  faisait  regretter  cet  ostracisme,  dont  les 
recherches  présentes  ont  constaté  la  parfaite  inanité. 

Pendant  ces  deux  journées,  rien  de  nouveau  dans  nos 
vignobles  ;  des  vignerons,  qui  y  avaient  travaillé  les  jours 
précédents,  disaient  qu'ils  n'avaient  rien  vu  et  tous  reslaicnl 
dans  une  fâcheuse  sécurité.  Mais  il  n'en  fut  pas  de  même  le 
11.  Le  mal  y  paraissait  irrécusable;  le  12,  l'invasion  était 
complète  et  les  informations  prises  de  tous  les  côtés  consta- 
taient que  le  fléau  était  général.  Cependant  le  plus  grand 
nombre  des^vignerons  ne  voulait  pas  reconnaître  la  cause  du 
mal  ;  pour  les  uns,  c'était  la  grêle  qui,  quelques  semaines 
auparavant,  avait  porté  sur  certains  points  ;  pour  d'autres, 
c'était  des  brouillards  de  la  Sèvre  qui,  pendant  plusieurs 
matins,  s'étaient  étendus  sur  nos  contrées  ;  puis  enfin  des 
vents  tempétueux  qui  avaient  régné  à  diverses  époques  du 
mois  précédent,  étaient  les  seules  causes  du  mal.  Partant  de 


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-^  Min- 
ces assertions^  aucun  traitement  n'était  applicable  et  il  n'était 
pas  besoin  d'empoisonner   le  monde  ;  aucun   raisonnement 
n'eut  de  prise. 

Au  milieu  d'un  pareil  désastre, .  dès  le  lendemain,  je 
m'occupai  d'appliquer  le  traitement  par  le  lait  de  chaux 
cuivreux,  suivant  la  formule  prescrite.  Mais,  persuadé 
d'avance  de  l'inutilité  de  mon  travail,  ayant  plus  de  confiance 
dans  le  traitement  préventif  que  dans  le  curatif.  Ne  comptant 
guère  sur  l'efficacité  d'un  agent  trop  tardivement  appliqué, 
je  ne  sulfatai  qu'environ  la  moitié  de  ma  vigne,  ce  qui  me 
permettait  de  constater  l'influence  du  traitement  sur  les 
progrès  de  la  maladie,  sur  la  chute  plus  ou  moins  prématurée 
du  feuillage,  enfin  sur  le  développement  et  la  maturation  du 
fruit. 

Pendant  les  premiers  jours,  la  marche  du  fléau  parut 
arrêtée,  un  certain  nombre  de  feuilles  semblaient  intactes  ; 
les  contaminées  se  maintenaient  assez  solidement  sur  leurs 
liges,  aussi  bien  dans  les  vignes  sulfatées  que  dans  celles  qui 
ne  l'étaient  pas.  On  pouvait  penser  que  sous  l'influence  d'une 
chaleur  solaire, assez  élevée,  surtout  vers  le  milieu  du  jour, 
l'état  permanent  d'une  foliation  encore  assez  abondante,  la 
maturation  encore  très  peu  avancée,  relativement  à  l'époque, 
pourrait  néanmoins  se  faire  et  donner  une  récolte  passable, 
sinon  pour  la  qualité,  au  moins  pour  la  quantité. 

Quelques  pluies  assez  abondantes  et  quelques  brouillards 
du  matin  étant  survenus  vers  cette  époque,  les  inquiétudes 
se  renouvelèrent.  Quels  seraient  les  effets  de  l'I^midité  sur 
la  situation  actuelle?  Le  lavage  des  feuilles,  quoiqu'en 
faisant  disparaître  à  peu  près  toutes  les  traces  du  traitement, 
mais  humectant  les  parties  tant  aériennes  que  souterraines 
du  cep,  aura-t-il  quelque  influence  sur  la  végétation  sensi- 
blement arrêtée? 

Cette  hypothèse  parut  devoir  se  réaliser.   L'extrémité  des 


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sarments  qui  semblait  avoir  le  moins  souffert  de  l'action  du 
mildew,  parut  sortir  de  son  engourdissement.  Des  bourgeons 
lalBDts  se  développèrent  ;  des  feuilles  surgirent,  s'étalèrent  ; 
les  sommités  de  la  ramure  se  couvrirent  d'une  foliation  délicate, 
d'un  vert  tendre,  de  telle  sorte  que  l'ensemble  des  vignobles 
vu  de  loin,  offrait  un  coup-d'œil  agréable  et  plein  d'espé- 
raoces.  Mais  de  près  quelle  désillusion  ! 

Sous  l'influence  de  ce |y tour  de  sève  auquel  on  n'était  pas 
accoutumé  et  ^ont  on  voyait  l'évolution  avec  un  vif  plaisir, 
un  autre  phénomène  que  l'on  redoutait  s'accomplissait.  La 
sève,  dans  sa  circulation,  rencontrant  le  pétiole  de  la  feuille 
frappé  de  mort  par  l'empoisonnement  cryptogamique,  conti- 
nuait son  cours,  et  toute  la  foliation  primaire  se  détachant 
successivement,  les  sarments  se  trouvaient  dépouillés  dans 
la  plus  grande  partie  de  leur  étendue. 

C'est  alors  que  le  désastre  se  montra  dans  toute  sa  triste 
réalité  ;  réalité  d'autant  plus  cruelle,  que  les  sannents  dans 
leur  affi'euse  nudité  présentaient  le  spectacle  navrant  d'une 
récolte  d'une  richesse  telle  qu'on  n'en  cite  que  deux  analogues 
depuis  plus  de  60  ans. 

Ces  grappes  si  abondantes,  si  bien  garnies  de  grains 
remplis  de  tant  de  promesses,  arrêtées  dans  le  début  de  la 
maturation,  enlevaient  toute  espérance  d'une  récolte  rémuné- 
ratrice. 

Je  ne  peindrai  pas  le  découragement  de  nos  malheureux 
vignerons  après  six  années  de  récoltes  nulles  ou  au-dessous 
de  la  moyenne,  suivant  avec  anxiété  la  marche  lente  et 
incomplète  de  la  maturité. 

Dans  la  même  grappe,  tous  les  degrés  :  grains  à  maturité 
parfaite,  mais  médiocrement  savoureux  ;  grains  à  l'état  de 
veijus,  d'une  acidité  des  plus  accentuées  ;  grains  à  l'état 
d'arrêt  de  développement  ;  enfin,  grains^  passant  au  noir  dans 
certains  vignobles  qui  avaient  été  frappés  par  la  grêle.  Si  on 


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•  —  256  — 

louchait  un  peu  brusquement  le  cep,  2i  Tinstanl,  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  grains  se  détachait  et  la  rafle 
restait  presque  à  nu. 

Si  la  maturité  était  un  peu  plus  avancée  dans  les  cépages 
de  muscadet,  ce  qui  a  permis  de  les  récolter  à  la  fin  de  la 
première  semaine  d'octobre,  les  gros-plants  n'ont  pu  être  en 
partie  récollés  qu'à  la  fin  du  mois  et  même  dans  les  premiers 
jours  de  novembre.  ^ 

Les  vendanges,  dans  nos  localités,  se  faisaient  en  général 
dans  la  dernière  quinzaine  de  septembre  ;  cette  année,  elles 
ont  dû  subir  un  notable  retard. 

Pour  relever  la  qualité  de  leur  vin,  plusieurs  propriétaires 
ont  sucré  leur  moût,  précaution  qui,  en  relevant  le  degré 
alcoolique,  donnera  peut-être  à  leur  vin  une  partie  de  la 
qualité  qui  lui  manquerait. 

La  notice  que  je  viens  de  vous  exposer  ne  se  rapporte 
qu'aux  vignobles  des  bords  de  la  Sèvre  aux  environs  de 
Nantes.  Mais,  hélas  !  les  autres  localités  ont  présenté  des 
résultats  tout  aussi  désastreux.  Puisse  la  fatale  imprévoyance 
dont  nous  venons  d'être  victimes  nous  tenir  en  garde  contre 
le  fléau  et  pousser  nos  vignerons  à  le  combattre  par  un  traite- 
ment préventif  bien  soigneusement  appliqué. 


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DESCRIPTION 


D  UN 


ORGHIS    HYBRIDE    INÉDIÏ 

TROUVÉ  A  BOURGNEUF-EN-RETZ ,  PAR  M.  LAJUNCHÈRE, 
PAR  Mr  E.  6ADEGEAU. 


M.  Lajunchère,  de  Bourgneuf-en-Retz,  botaniste  auquel 
nous  devons  déjà  plusieurs  découvertes  dans  la  région  qu'il 
habile,  appelait  mon  attention,  dès  Tannée  1882,  sur  un 
Orchis  très  curieux  trouvé  par  lui  à  Bourgneuf. 

Bien  que  nous  ne  connaissions  jusqu'ici  qu'un  seul  pied 
de  celte  plante,  Tintérôt  qui  s'attache  à  l'étude  des  hybrides 
et  l'espoir  qu'elle  puisse  être  rencontrée  de  nouveau  m'ont 
décidé  à  la  signaler  aux  recherches  des  botanistes. 

Je  n'ai  pu  trouver  nulle  part  de  description  ni  de  figure 
s'adaptanl  à  notre  plante,  et,  grâce  îi  l'obligeance  de  mes 
correspondants,  MM.  Malinvaud  et  Camus,  de  Paris,  qui  ont 
bien  voulu  se  livrer,  de  leur  côté,  à  des  recherches  à  cet 
égard,  j'ai  acquis  la  certitude  qu'elle  est  inédite. 

Voici  la  description  que  nous  avons  rédigée  de  concert, 
M.  Lajunchère  et  moi  : 

Racines  à  tubercules  entiers. 


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—  4S8  — 

Feuilles  liDéaires-lancéolées,  aiguës,  en  gonUièrei  eugai- 
nantes. 

Bractées  lancéolées-linéaires,  égalant  Tovaire,  h  3  ou  5 
nenures. 

Fleurs  rouge-violacé  eu  épi  assez  compact,  sépalei  lan- 
céolés, subaigus,  soudés  à  la  base,  puis  libres  dans  leur 
2/1  supérieurs^  d*abord  étalés  horizontalement,  tous  trois 
sur  un  même  plan,  comme  dans  0.  Alata,  à  pointe  cucullée 
à  la  fin  un  peu  redressée. 

Pétales  supérieurs  étroits,  réunis  en  voûte  sous  les  sépales, 
distincts  de  ceux-ci  et  entrecroisés  au  sommet. 

Label  rouge-violacé,  un  peu  plus  clair  ii  la  gorge  qui  est 
ponctuée  de  violet,  à  trois  lobes,  les  latéraux  rectangulaires, 
obscurément  crénelés,  un  peu  repliés  par  les  bords,  l'inter- 
médiaire entier,  non  échancré^  en  gouttière  en  dessons, 
beaucoup  plus  étroit  et  un  peu  plus  long  que  les  latéraux. 

Éperon  cylindrique,  droit,  obtus,  diminuant  insensiblement 
en  largeur  de  la  base  au  sommet,  plus  court  que  Tovaire. 

Odeur  douce,  très  faible. 

Un  pied  seulement  trouvé  k  Bourgneur-en-Retz  (Loire- 
Inférieure),  par  M.  Lajuncbère,  au  milieu  des  0.  Morio, 
laxiflora  alata  et  maculata. 

Ce  pied,  cultivé  depuis  six  ans,  s'est  maintenu  avec  tous 
ses  caractères  et  a,  de  plus,  donné  naissance,  par  tubercules, 
à  deux  autres  individus  identiques. 

Quant  à  Torigine  de  cet  hybride,  le  champ  est  ouvert  aux 
hypothèses  et  je  me  bornerai  à  faire  connaître  Topinion  des 
botanistes  qui  ont  étudié  la  plante  vivante  : 

M.  Lajuncbère  serait  tenté  de  la  considérer  comme  un 
AlataXPragrans  ;  l'intervention  d'O.  Fragrans,  qui  croît 
dans  le  voisinage,  se  trahirait  par  la  conformation  du  label 
et  par  l'odeur. 

M.  Camus,  l'orchidologue  parisien  connu  par  les  inléres- 


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sanls  travau  x  qu'il  a  publiés  dans  le  Bullelin  de  la  Société 
botanique  de  France  et  au  talent  duquel  je  suis  redevable 
de  la  belle  aquarelle  qui  accompagne  cette  communication, 
verrait  dans  notre  Orchis  un  Morioxpalustris  et  il  explique 
ainsi  la  ressemblance  de  notre  plante  avec  0.  Alata  Fleury  : 

Ce  dernier  étant,  d'après  M.  Camus,  0.  Morioy^laxifiora, 
le  nôtre  serait  0.  Morioxlaxiflora,  var.  palustris  Go^s.  et 
Genn.  (0.  palmtris  Jacq.) 

Pour  moi,  qui  considère  jusqu'ici  l'O.  Alata  Fleury  comme 
une  espèce  légitime,  je  dirais  que  l'Orchis  de  Bourgneuf 
serait  un  AlataxMorio,  l'influence  de  l'O.  Morio  se  tra- 
hissant, k  mon  avis,  par  la  soudure  inférieure  des  sépales, 
leur  forme  et  leurs  stries  et  celle  de  l'O.  Alata  (dont  il  se 
rapproche  davantage),  par  la  couleur  des  fleurs  et  la  dispo- 
sition des  sépales. 

Notre  Orchis  difïère  absolument  et  nettement  de  l'un  et  de 
l'autre  par  le  label  dont  le  lobe  intermédiaire  est  aigu, 
étroit,  entier,  non  échancré,  et  dépasse  en  longueur  les 
lobes  latéraux. 

Adversaire  résolu  de  la  nomenclature  binaire  de  Schiede  (0, 
je  propose,  pour  cette  plante,  le  nom  d'X  Orchis  alatoïdes, 
qui  rappelle  sa  ressemblance  avec  l'O.  Alata  Fleury,  sans 
préjuger  Ja  question  d'origine. 

(*)  Ainsi  qne  je  l*ai  dit  aillcars,  j'accepterais,  à  la  rij^oear,  cette  nomen- 
elatare  pour  des  hybrides  doot  rorigitie  a  été  démontrée  par  voie  d'expérience, 
mais  pour  ceox  d'origine  douteuse  (et  c'est  là  le  cas  de  beaucoup  d'entre 
eox),  rimposition  d'un  nom  unique  précédé  du  signe  X  ^^  parait  la  méthode 
la  plus  rationnelle  et  je  me  conforme,  du  reste,  eu  agissant  ainsi,  k  l'art.  37 
du  Code  de  nomenclature  botanique  rédigé  en  1867  au  Congrès  de  Paris 
par  M.  Alphonse  de  Candolle  et  adopté  par  cette  assemblée. 


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LE    LONG    CALENDRIER 


Par  Mr  E.  ORIEUX. 


Tai  souvent  éprouvé,  dans  mes  lectures,  le  désir  de  vérifier 
une  date  qui  me  semblait  douteuse,  ou  de  la  compléter  lors- 
que je  la  trouvais  insuffisamment  déterminée.  Les  calculs  à 
faire  en  pareil  cas  n'ont  rien  de  difficile  ;  mais  comme  ils 
exigent  l'emploi  d'élémenls  qui  peuvent  échapper  à  la  mémoire 
et  dont  la  recherche  demande  toujours  quelque  temps,  je  me 
décidai  à  composer,  pour  mon  usage,  un  calendrier  embras- 
sant un  grand  nombre  de  siècles  et  pouvant  être  contenu 
dans  trois  ou  quatre  pages  d'un  livre  ordinaire. 

Quelques  heures  suffisant  pour  composer  les  tableaux  de 
ce  calendrier,  je  n'hésilai  pas  k  le  faire  remonter  à  l'origine 
de  notre  ère,  plutôt  par  curiosité  que  par  utilité,  car  Jésus- 
Christ  était  mort  depuis  cinq  cents  ans,  lorsqu'on  songea  à 
établir  une  ère  nouvelle  se  rapportant  à  sa  naissance,  et 
longtemps  encore  après,  les  historiens  ont  daté  leurs  récits  à 
la  manière  ancienne,  comme  s'ils  n'avaient  point  connu  d'ère 
chrétienne. 

Les  tableaux  que  j'ai  dressés  embrassent  les  calendriers 
Julien,  Grégorien  et  Républicain,  et  ils  comprennent  aussi  la 
fêle  de  Pâques  qui  régla  le  commencement  de  l'année  pen- 


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—  261  — 

danl  plusieurs  siècles,  au  Moyen- Age.  Avant  de  donner  quel- 
ques explications  à  leur  sujet,  je  ferai  une  excursion  dans  le 
domaine  de  l'histoire  du  calendrier. 

Le  calendrier  nous  fait  connaître  l'ordre  régulier  des  jours 
et  des  mois  qui  composent  Tannée.  Les  peuples  de  l'antiquité 
employaient  deux  sortes  d'années  :  soit  l'année  lunaire,  dont 
chaque  mois  commençait  avec  la  nouvelle  lune  ou  avec  le 
coucher  héliaque  de  la  lune  ;  soit  Tannée  solaire  représentée 
par  la  durée  d'une  révolution  de  la  terre  autour  du  soleil. 
Ces  deux  genres  d'années  étaient  généralement  divisés  en 
douze  mois  ;  et  au  moyen  d'intercalation  plus  ou  moins 
ingénieuses,  Tannée  lunaire  de  certains  peuples  coïncidait 
avec  Tannée  solaire  après  une  période  déterminée  (Jont  la 
plus  remarquable  était  celle  de  dix-neuf  ans. 

Au  dire  de  Pline  (i)  Tannée  des  Gaulois  était  lunaire  ;  mais 
il  n'en  connaissait  pas  la  durée  :  chaque  mois  commençait 
le  sixième  jour  de  la  lune,  et  le  siècle  était  formé  de  trente 
ans.  C'est  de  Jules  César,  dont  le  génie  embrassait  tant  de 
choses,  que  vient  le  calendrier  employé  chez  les  peuples 
chrétiens  et  dont  l'origine  remonte  aux  premiers  temps  de 
Rome. 

Romulus  avait  établi  Tusage  d'un  calendrier  qui  n'est  pas 
exactement  connu.  Des  savants  ont  pensé  qu'en  ce  temps-là, 
Tannée  n'avait  que  dix  mois,  et  que  Numa  y  ajouta  janvier 
et  février  ;  d'autres  ont  cru  que  Tannée  de  Romulus  avait 
douze  mois,  que  son  dernier  mois  était  février,  et  que  Numa, 
en  la  régularisant,  avait  reporté  janvier  et  février  de  la  fin 
au  commencement,  afin  de  la  faire  ouvrir  par  le  dieu  Janus. 
Plutarque  cite  ces  deux  opinions  et  semble  se  prononcer 
pour  la  première ,  b  cause  du  nom  de  quinlilis  donné  à 
juillet,  et  de  celui  de  december  considéré  comme  le  dernier 

(»)  Livre  XVI,  cli.  95. 

17 


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-  26Î  - 

mois  (*).  Mais  d'après  Varron,  le  dernier  jour  de  ramée 
arrivait  le  28  février,  appelé  terminal,  et  les  cinq  jours 
suivants  Tormaienl  un  mois  intercalaire  (^). 

Selon  Macrobe,  Tannée  de  Romulus  était  de  dix  mois  et  de 
304  jours  ;  il  y  avait  six  mois  de  30  jours  et  quatre  de  31 
jours  ;  mais  cette  division  n'étant  d'accord  ni  avec  le  cours 
du  soleil,  ni  avec  les  phases  de  la  lune,  il  arrivait  souvent,  ' 
dit  cet  auteur,  que  les  chaleurs  se  prolongeaient  en  hiver  ; 
alors  on  cessait  de  compter  les  mois  jusqu'au  moment  où  le 
mois  resté  en  suspens  se  trouvait  coïncider  avec  l'état  du 
ciel  (3).  Ovide  donne  305  jours  à  l'année  de  ces  premiers 
temps  (4). 

Ges^  commencements  sont  pleins  d'obscurité,  et  la  lecture 
des  anciens  auteurs  qui  ont  traité  cette  matière  soulève  bien 
des  contradictions. 

S'il  me  paraît  sage  de  ne  pas  prendre  de  parti,  en  un 
sujet  si  peu  connu  et  si  controversé,  je  ne  puis  cependant 
m'empêcher  de  remarquer  que  les  anciens  auteurs  sont  d'ac- 
cord sur  ce  point,  que  l'année  romaine  était,  au  temps  de 
Romulus,  une  année  lunaire  ;  ils  affirment  même  que  le  com- 
mencement de  chaque  mois  était  réglé  par  les  Pontifes  sur 
l'apparition  de  la  nouvelle  lune  (s).  Mais  une  année  lunaire 
doit  avoir  un  nombre  de  jours  multiple  de  29  jours  et  demi 
représentant  la  durée  d'une  lune  ;  elle  peut  être  composée  de 
mois  de  29  et  de  30  jours  alternativement,  ou  de  mois  de 
29  jours  suivis  de  jours  complémentaires  ;  pour  dix  lunes, 
elle  doit  embrasser  295  jours,  et  854  jours  pour  douze 
lunes. 

(*)  Vie  de  Numa. 

(»)  De  la  langue  laline,  I.  VI,  ch.  13. 

{»)  Les  Saturnales,  ch.  12. 

(*)  Les  Fastes,  liv.  Ul. 

(«)  Macrobe.  Les  Saturnales,  ch.  15.  . 


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—  263  — 

On  voit  que  Tannée  de  304  ou  de  305  jours  ne  saurait 
répondre  à  une  année  lunaire ,  et  que  les  Pontifes  chargés 
de  régler  le  cours  des  mois  n'auraient  pu  faire  concorder  le 
commencement  de  chacun  d'eux  avec  l'apparition  de  la 
nouvelle  lune.  Il  faut  donc  renoncer  ou  à  cette  durée  de  304 
jours,  si  Ton  doit  conserver  l'année  lunaire,  ou  k  l'année 
lunaire  si  l'on  adopte  l'année  de  304  jours.  Les  deux  sys- 
tèmes sont  incompatibles. 

Quant  à  Numa,  il  connut  évidemment  le  calendrier  grec  et 
dut  s'en  servir  pour  réformer  l'année  solaire  des  Romains. 

Les  Grecs  employaient  l'année  lunaire  de  354  jours  ;  mais 
ils  usaient  d'une  intercalalion  pour  se  mettre  d'accord  avec 
l'étal  du  ciel.  Des  divers  systèmes  employés  par  eux,  le  plus 
connu  consistait  à  ajouter  trois  mois  de  30  jours  dans  les 
intervalles  d'une  période  de  huit  années,  soit  90  jours  qui 
représentent  h  peu  de  chose  près  l'avance  de  huit  années 
lunaires  sur  huit  années  solaires  ;  ces  ^0  jours  donnant  11 
jours  1/4  pour  chaque  année,  l'année  moyenne  se  trouvait 
ainsi  portée  à  365  jours  1/4.  De  sorte  que  tous  les  huit  ans, 
Tannée  lunaire  grecque  reprenait  le  cours  des  saisons.  Les 
Grecs  savaient  que  cette  durée  de  365  jours  1/4  n'était  pas 
tout  à  fait  exacte;  aussi  leur  arrivait-il  quelquefois  de  faire 
de  petites  intercalations  qui  remettaient  Tannée  solaire  à  sa 
place. 

La  plupart  des  anciens  auteurs  qui  ont  traité  ce  sujet  ont 
avancé  que  Numa  avait  besoin  de  50  jours  pour  faire  de 
Tannée  de  Romulus  une  année  lunaire,  et  qu'il  les  trouva  : 
1^  en  enlevant  six  jours  aux  six  mois  de  trente  jours,  afin  de 
leur  donner  le  nombre  impair  «  dont  la  nature  avait  révélé 
le  mystère  ;  »  et  2**  en  ajoutant  deux  mois  de  28  jours, 
janvier  et  février,  aux  dix  mois  attribués  à  Romulus.  Mais 
nous  venons  de  voir  que  cette  affirmation  manque  de  preuves 
suffisantes.  Dans  tous  les  cas,  Tannée  de  Numa  eut  d'abord 


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—  264  — 

854  jours,  comme  celle  des  Grecs,  el  pour  en  faire  une 
année  solaire  on  y  ajouta  tous  les  deux  ans  un  mois  supplé- 
mentaire qui  fut  alternativement  de  ^  et  de  23  jours  :  en 
quatre  ans,  les  Romains  avaient  donc  deux  années  de  354 
jours,  une  de  876  jours  et  une  de  877  jours  ;  leur  année 
solaire  moyenne  était  ainsi  de  365  jours  1/4. 

Si  Numa  s'était  arrêté  là,  on  n'eût  pu  reprocher  à  son 
système  qu'une  complication  plus  ou  moins  savante,  plus  oa 
moins  ingénieuse  ;  car  avec  l'élasticité  du  mois  intercalaire 
de  22  ou  de  23  jours,  qui  revenait  tous  les  deux  ans,  la 
durée  moyenne  de  l'année  solaire  pouvait  atteindre  la  perfec- 
tion ;  mais  «  peu  de  temps  après,  il  ajouta  un  jour  au  mois 
»  de  janvier,  afin  de  conserver  l'imparité  tant  dans  l'année 
n  que  dans  le  mois,  celui  de  février  seul  excepté  (*)  ;  » 
l'année  lunaire  fut  ainsi  portée  à  855  jours,  l'année  solaire 
moyenne  à  366  jours  1/4,  et  les  mois  se  trouvèrent  réglés 
ainsi  qu'il  suit  :  janvier,  avril,  juin,  sextilis,  septembre, 
novembre  et  décembre  eurent  29  jours  ;  mars,  mai,  quintilis 
et  octobre,  81  jours  ;  février  conserva  ses  28  jours  (2),  mais 
on  le  cbai^ea  des  intercalations  bi-annuelles. 

On  reconnut  bientôt  que  Tannée  de  366  joui^  1/4  était  trop 
longue  ;  alors  pour  conserver  le  système  de  Numa  et  l'impa- 
rité des  jours  k  laquelle  on  attachait  toutes  sortes  de  vertus, 
on  se  servit  d'une  inlercalation  qui  paraît  avoir  été  de 
66  jours,  au  lieu  de  90,  à  chaque  période  de  24  ans,  ce  qui 
compensait  exactement  l'excédent  d'un  jour  établi  par 
Numa  (3). 

Toutes  les  intercalations   furent  placées  inunédiatement 

(*)  Macrobe.  Satumalet,  ch.  13. 

(»)        Id.  Id.  Id. 

(')  Scaliger  pensait  qu'au  liea  de  ce  changement  tons  les  24  ans,  on 
supprimait  on  Mercédonias  tous  les  22  ans,  ce  qui  eût  été  bien  pins 
ingénieux .       ^ 


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—  265  — 

après  le  23«  jour  de  février,  où  l'on  fêtait  le  dieu  Terme  ;  le 
mois  intercalé  s'appelait  Mercédonius,  et  les  cinq  derniers 
joure_  de  février  venaient  après  lui. 

Voilà  bien  des  complications  —  et  il  y  en  avait  d'autres 
encore  —  lorsqu'il  était  si  facile  d'établir,  comme  les  Grecs, 
une  année  de  365  jours  1/4  en  donnant  au  Mercédonius, 
puisqu'on  tenait  tant  k  l'année  impaire  de  355  jours,  une 
durée  alternative  de  20  et  de  21  jours,  au  lieu  de  22  et  de 
23.  Mais  ce  n'eût  pas  été  l'affaire  des  Ponlifes  qui  étaient 
chargés  de  l'application  du  calendrier  et  qui  réglaient  sur 
leur  intérêt  ou  celui  de  leurs  clients  l'augmentation  ou  la 
diminution  du  nombre  des  jours  intercalaires  (i).  Aussi,  au 
temps  de  Jules  César,  le  calendrier  romain  «  élait  devenu  si 
»  absurbe  par  la  négligence  du  collège  des  Ponlifes,  que  la 
I»  saison  de  la  moisson  ne  tombait  plus  en  été,  ni  celle  des 
»  vendanges  en  automne  (î).  » 

La  réforme  du  calendrier  que  voulut  établir  Jules  César 
ne  présentait  pas  de  difficulté.  L'année  solaire  de  365  jours 
1/4  était  connue  ;  elle  était  employée  chez  les  Grecs  et  chez 
les  Eîgyptiens.  L'année  égyptienne  était  même  fort  simple  : 
elle  comprenait  douze  mois  de  80  jours,  lesquels  étaient 
suivis,  après  le  mois  de  Mesori,  qui  correspondait  à  notre 
mois  d'août,  de  5  jours  complémentaires  pendant  trois 
années,  et  de  6  jours  à  la  quatrième  année  {^). 

Une  opinion  généralement  admise  cependant,  c'est  que  les 
Egyptiens  se  servaient  alors  de  Tannée  de  365  jours,  qu'ils 
ne  comptèrent  le  sixième  jour  qu'après  la  réformalion  de 
Jules  César,  et  qu'avant  cela,  ils  employaient  une  période  de 
1461  ans  pendant  laquelle  le  commencement  de  chaque  année 

(*)  Macrobe.   SaturnaleSj  cb.  14. 
(>)  Soélone.  Vie  de  Juleê  César. 
(^)  Macrobe.  Les  Saturnales,  cb.  15. 


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parcourait  toutes  les  saisons,  pour  revenir,  à  la  fin  de  la 
période,  au  même  endroit  du  ciel.  Mais  d'après  certains 
auteurs,  il  s'agirait  non  pas  de  1461  ans,  mais  blinde 
1461  jours,  c'est-à-dire  de  trois  années  communes  et  d'une 
année  bissextile. 

Qu'il  s'agisse  d'années  ou  de  jours,  ce  nombre,  1461, 
présente  deux  périodes  remarquables  :  dans  le  premier  cas, 
1461  années  de  865  jours  représentent  exactement  1460 
années  de  865  jours  1/4  ;  et  dans  le  second  cas,  1461  jours 
font'exactemelit  quatre  années  de  865  jours  1/4.  Quoi  qu'il 
en  soit,  il  me  parait  impossible  que  les  Egyptiens  aient 
employé,  au  temps  de  Jules  César,  l'année  de  865  jours  et 
la  période  de  1461  ans.  Qu'ils  s'en  soient  servi  dans  un 
temps  très  reculé,  je  ne  dis  pas  non,  et  ne  saurais  le 
vérifier  ;  mais  au  temps  de  Jules  César,  même  au  temps 
d'Hérodote,  cela  ne  me  parait  pas  vraisemblable.  Et  voici 
pourquoi  : 

Moïse,  qui  fut  élevé  en  Egypte  et  dont  les  ancêtres  habi- 
taient le  pays  depuis  plus  de  400  ans,  se  sert  de  mois  de 
80  jours  en  parlant  du  déluge,  puisqu'il'  compte  150  jours 
depuis  le  dix-septième  jour  du  second  mois  jusqu'au 
dix-septième  jour  du  septième  mois  ;  son  récit  ne  permet 
pas  de  voir  si  les  12  mois  et  10  jours  qui  s'écoulèrent 
entre  l'entrée  de  Noë  dans  l'arche  et  sa  sortie,  comprenaient 
des  jours  complémentaires  ;  mais  Moïse  ne  nous  apprend-il 
pas  que  le  mois  de  Nissan  arrivait  tous  les  ans  à  la  même 
époque,  lorsqu'il  dit  aux  Israélites  :  «  Observez  le  mois  des 
»  blés  nouveaux,  qui  est  au  commencement  du  printemps, 
*>  et  faites  la  Pâques  en  l'honneur  du  Seigneur  votre 
0  Dieu  (^).  » 

D'autres  exemples  vont  nous  permettre  d'être  plus  aEBr- 

(*)  Genèse,  ch.  7,  v.  tl  et  ch.  8,  v.  4.  —  DetUéronome,  ch.  16,  ▼.  I . 


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malif.  Après  avoir  parlé  de  la  rérormalion  Julienne  et  des 
corrections  faites  par  Auguste  César,  Macrobe  dit  formelle- 
ment que  «  César,   à  Vimitation  des  Egyptiens,,  s'efforça 

•  de  modelei^  son  année  sur  la  révolution  du  soleil  qui 
»  s'effectue  en  865  jours  1/4....  Que  la  coutume  de  placer  le 
»  jour  intercalaire  avant  le  commencement  de  la  cinquième 
»  année,    s'accordait   avec  celle   d'Egypte,    la   mère  des 

•  sciences,  dont  tous  les  mois  sont  de  30  jours,  et  qui,  au 
0  bout  de  12  mois,  ajoutait  5  jours  à  son  année,  et  après 
»  4  ans,  plaçait  le  jour  intercalaire  produit  par  les  quatre 
»  quarts  de  jour  écoulés  et  omis  (•).  » 

Voilà  qui  est  fort  clair  ;  et  si  l'on  objectait  que  Macrobe 
écrivait  au  V«  siècle  de  notre  ère,  et  qu'il  parlait  d'un 
temps  rapproché  de  lui,  Hérodote  et  Diodore  pourraient 
facilement  nous  prouver  que  cet  auleur  avait  ici  en  vue  une 
époque  fort  reculée. 

Hérodote  ne  paraît  pas  avoir  apprécié  exactement  l'année 
des  Grecs,  et  il  se  trompe  évidemment  dans  la  durée  qu'il 
lui  attribue  au  chapitre  82  de  son  1"  livre.  Dans  le  règle- 
ment de  l'année,  les  Egyptiens  lui  paraissaient  beaucoup  plus 
habiles  pour  conserver  l'ordre  des  saisons.  «  Les  Egyptiens, 
»  dit-il<font  chaque  mois  de  80  jours,  et  tous  les  ans  ils 
»  ajoutent  à  leur  année  5  jours  complémentaires,  au  moyen 
»  de  quoi  les  saisons  reviennent  toujours  au  même 
»  point  (î).  » 

Hérodote  ne  dit  rien,  il  est  vrai,  du  sixième  jour  interca- 
laire ;  nous  allons  voir  que  ce  n'est  pas  une  raison  pour  le 
rejeter  ;  s'il  en  avait  parlé,  la  discussion  serait  close  et 
Diodore  de  Sicile  va  nous  fixer  k  ce  sujet,  dans  un  passage 


(*)  Les  Saturnales,  liv.  I,  ch.  15. 

(')  Hérodote,  liv.  U,   chap.    4.  Hérodote  vivait  plas  de  400  ans  avant 
iules  César. 


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de  son  premier  livre  oii  rinspiration  d'Hérodote  est  évidente. 
Voici  ce  qu'il  dit  :  •  Il  n'y  a  peut-être  pas  de  pays  où  Tordre 
n  et  le  mouvement  des  astres  soient  observés  avec  plus 
»  d'exactitude  qu'en  Egygte;  on   y  conserve,  depuis  un 

•  nombre  incroyable  d'années,  des  registres  où  ces  observa- 

•  tions  sont  consignées  («}.  Les  Tbébaires  d'Egypte,  dit-il 
»  ailleurs,  comptent  les  jours,  non  d'après  la  lune,  mais 
»  d'après  le  soleil  ;  ils  font  chaque  mois  de  30  jours  et  ils 
»  sgoutent  5  jours  et  un  quart  aux  12  mois,  pour  compléter 

•  ainsi  le  cycle  annuel  (2).  » 

Si,  par  impossible,  nous  admettions  que  le  sixième  jour 
ne  fut  point  encore  appliqué  au  temps  d'Hérodote,  nous  nous 
trouverions  dans  cette  bizarre  période  de  1461  ans,  qu'on 
attribue  aux  Égyptiens,  et  pendant  laquelle,  au  commencement 
de  chaque  année,  le  soleil  se  levait  dans  une  constellation 
nouvelle,  pour  assister  encore,  après  1461  ans,  au  lever 
héliaque  de  Sirius  ou  de  Procion.  Les  Égyptiens  auraient 
donc  commis,  au  temps  du  vieil  historien,  une  erreur  d'un 
quart  de  jour  tous  les  quatre  ans,  soit  de  ^  jours  par  siècle. 
Que  devient,  dans  ce  cas,  leur  habileté  dans  le  règlement 
de  l'année  ?  Que  penser  de  ces  saisons  revenant  toujours  au 
même  point  ?  Et  quelle  valeur  attacher  à  ces  observations  si 
méthodiques,  si  exactes  des  astres?  Mais  si  les  saisons  avaient 
élé  en  concordance  avec  l'année,  au  temps  d'Hérodote, 
l'omission  du  6<^  jour  intercalaire  aurait  produit,  au  temps 
de  Diodore,  une  différence  de  plus  de  trois  mois  entre 
l'aspect  du  ciel  et  le  calendrier  égyptien  ;  d'un  autre  côté, 
la  période  de  1461  ans  elle-même  n'est  pas  exacte  ;  elle  est 
en  avance  de  1 1  jours  28  centièmes  sur  le  temps  astrono- 

(«)  Diodore  de  Sicile,  liv.   1,  ch.  8t.  Cet  aotear  était  contemporain  de 
Joies  César. 
(>)  ld.,liv.  1,  ch.  50. 


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f 


—  269  — 

mique,  el,  à  son  achèvemenU  le  lever  de  Procion  eût  été  en 
retard  de  44  minutes.  Nous  ne  pouvons  donc  nous  empêcher 
de  nous  ranger  à  Topinion  des  auteurs  qui  ont  pensé  que  les 
Égyptiens  employaient  le  bissextile  —  sous  une  autre  forme, 
—  avant  Jules  César  et  même  longtemps  avant  lui.  Nous 
dirons  plus  :  à  Texemple  des  Grecs,  ils  devaient  corriger, 
par  intervalles,  l'erreur  de  trois  quarts  de  jour  par  siècle  qui 
résulte  de  l'année  moyenne  de  365  jours  1/4. 

Si  nous  nous  sommes  étendus  sur  ce  poinl,  c'est  que  des 
savants  dont  le  nom  fait  autorité,  François  Arago  notamment, 
n'admettent  pas  le  6«  jour  intercalaire  des  Égyptiens. 

Jules  César,  qui  connaissait  le  système  des  Grecs  et  celui 
des  Égyptiens  (i)  et  qui  osa  braver  les  maléfices  du  nombre 
pair,  n'osa  pas  renoncer  tout  h  fait  à  la  savante  complication 
de  l'année  romaine.  A  l'année  lunaire  de  Numa,  il  ajouta  dix 
jours,  pour  obtenir  l'année  de  865  jours,  et  il  remplaça  le 
Mcrcédonius  par  un  jour  supplémentaire  qui  devait  élre 
compté  de  quatre  ans  en  quatre  ans,  afin  de  donner  à  l'année 
moyenne  une  durée  de  865  jours  1/4. 

Le  24  février  était  appelé  le  sixième  jour  avant  les  calendes 
de  mars  ;  la  désignation  des  jours  qui  le  précèdent  fut 
conservée  et  le  jour  intercalé  tous  les  quatre  ans  entre  le  28 
et  le  24  février,  à  la  place  du  Mercédonius,  fut  appelé  bissex- 
tum,  de  Va  le  nom  de  bissextile  donné  à  l'année  de  366  jours. 
Les  dix  jours  supplémentaires  furent  attribués  aux  sept  mois 
de  29  jours,  savoir:  deux  jours  à  chacun  des  mois  de  janvier, 
de  sextilis  et  de  décembre,  et  un  jour  à  chacun  des  mois 
d'avril,  de  juin,  de  septembre  et  de  novembre. 

La  réforme  de  Jules  César  eut  lieu  l'an  708  de  la  fondation 
de  Rome.  Le  calendrier  était  alors  en  retard  de  80  jours  sur 


(*)  Joies  César  fit  venir  d*Égypte  ou   savant,  Sosigènes,  pour  lui  venir 
en  aide  dans  la  réforme  da  calendrier.  ^ 


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—  wo  — 

les  saisons  (de  78  selon  Macrobe)  :  une  durée  de  445  jours 
(ou  448)  fut  assignée  à  celte  année  708,  dite  de  la  confusion; 
et  Tannée  709  fut  la  première  de  la  réformation  Julienne. 

La  réforme  fut  mal  appliquée  à  l'origine.  Dans  l'espace  de 
86  ans,  de  l'an  I"  à  l'an  XXXVII,  les  Pontifes  s'étaient  trom- 
pés de  trois  jours  en  comptant  douze  bissextiles,  au  lieu  de 
neuf.  Pour  remédier  à  cet  état  de  choses,  on  supprima  les 
bissextiles  des  années  41,  45  et  49  du  calendrier  Julien,  et 
la  période  de  quatre  ans  fut  rétablie  à  l'année  bissextile  53 
qui  correspond  à  l'an  VIII  de  l'ère  chrétienne.  Les  quatre 
premières  années  de  notre  ère,  années  juliennes  46,  47,  48 
et  49,  commencèrent  un  jour  plus  tard  que  ne  l'avait  prévu 
la  réformation  de  Jules  César  ;  de  sorte  que  l'an  I«'  de  l'ère 
chrétienne,  qui  aurait  dû  commencer  un  samedi,  commença 
en  réalité  un  dimanche. 

Dans  la  manière  de  compter  les  jours  du  mois,  les  Romains 
avaient  une  méthode  qui  doit  nous  paraître  bien  singulière. 
Nous  savons  que  chaque  mois  de  leur  calendrier  avait  trois 
jours  remarquables  appelés  les  calendes,  les  nones  et  les 
ides  ;  que  les  calendes  marquaient  le  !•'  jour  du  mois  ;  que 
les  nones  arrivaient  le  5  et  les  ides  le  18  dans  le  mois  de 
février  et  dans  les  sept  mois  de  Numa  qui  avaient  vingt-neuf 
jours;  enfin,  que  ces  mêmes  nones  arrivaient  le  7  et  ces 
mêmes  ides  le  15,  dans  les  quatre  autres  mois  qui  avaient 
SI  jours. 

Or,  toutes  les  dates  du  mois  se  rapportaient  à  ces  trois 
jours,  non  pas  en  comptant  les  dates  à  la  suite  des  calendes, 
des  nones  et  des  ides,  mais  bien  en  les  plaçant  devant.  Ainsi, 
le  81  mars  était  appelé  la  veille  des  calendes  d'avril  ; 
l'avant-veille,  qu'on  aurait  dû  appeler  le  second  jour,  'était 
appelé  le  troisième  jour  avant  les  calendes  ;  les  jours  précé- 
dents étaient  énoncés  de  la  même  manière  avec  une  erreur 
d'un  jour  également. 


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—  471  — 

Il  en  était  ainsi  des  nones  et  des  ides,  avec  celte  différence 
qu'il  n*y  avait  pas  de  changement  de  mois. 

Celle  manière  de  compter  les  jours  du  mois  trouve  son 
explication  dans  un  anlique  usage  :  à  Torigine  de  Rome, 
alors  que  son  territoire  n'avait  pas  Timporlance  d'un  de  nos 
cantons,  les  habitanls  des  campagnes  étaient  tenus  de  se 
rendre  à  la  ville  te  jour  des  nones  pour  y  apprendre  tout  ce 
qu'ils  devaient  observer  dans  le  cours  du  mois.  Le  premier 
jour  du  mois,  que  la  lune  nouvelle  était  censée  indiquer, 
c'est-à-dire  le  jour  des  calendes,  un  pontife  convoquait  les 
habitants  de  la  curie  de  Romulus  et  proclamait  le  nombre 
de  jours  qui  devaient  s'écouler  jusqu'aux  nones  ;  celle  indi- 
cation était  répandue  de  la  ville  h  la  campagne  et  l'on  disait: 
Nous  sommes  à  cinq  jours,  à  quatre  jours  avant  les 
nones  ;  noits  sommes  à  la  veille  des  nones.  On  savait  qu'il 
y  avait  huit  jours  d'intervalle  entre  le  jour  des  nones  et  celui 
des  ides  ;  de  sorte  qu'après  les  nones,  on  disait  :  Nous 
sommes  à  tant  de  jours  avant  les  ides. 

Jusqu'à  la  réformalion  de  Jules  César,  il  y  avait  toujours,  à 
Texception  de  février,  16  jours  entre  les  ides  et  les  calendes; 
car  les  ides  arrivaient  le  13  dans  les  mois  de  29  jours  et  le 
15  dans  ceux  de  81 .  Lorsque  les  ides  étaient  passées,  on  les 
abandonnait  pour  dire  :  Nous  sommes  à  tant  de  jours  avant 
les  calendes. 

Le  calendrier  Julien  continua  d'être  employé  après  l'éta- 
blissement du  christianisme  et  il  survécut  à  l'effondrement  de 
l'Empire.  Les  Romains  n'employaient  pas  d'ère  proprement 
dite  pour  indiquer  la  succession  des  années,  ils  désignaient 
les  années  par  les  noms  des  consuls,  même  sous  les  empe- 
reurs ;  et  c'est  au  moyen  de  supputations  assez  compliquées 
que  les  faits  de  l'histoire  ancienne  peuvent  êlre  rapportés  à 
une  ère  quelconque. 


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-272  — 

Oq  essaya  de  les  rapporter  à  la  créaliou  du  monde  ;  mais 
on  était  loin  d'être  d'accord  sur  ses  commencements. 

L'ère  dite  de  Dioclélien  ou  des  Martyrs,  fondée  en  284, 
fut  employée  quelque  temps  par  les  chrétiens  d'Orient  ;  mais 
elle  fut  bientôt  abandonnée. 

Une  ère  d'indiction,  formée  de  séries  de  périodes  de  quinze 
ans,  fût  également  essayée  à  partir  de  31S,  mais  sans  plus 
de  succès. 

On  doit  à  un  moine  de  l'Eglise  romaine,  un  Scythe,  Denis 
de  Petit,  l'initiative  de  l'établissement  de  l'ère  chrétienne.  Le 
savant  moine  croyant  que  Jésus-Christ  était  né  le  25  décem- 
bre de  l'an  de  Rome  753  (45  de  l'ère  julienne),  proposa  de 
faire  commencer  l'an  I^"^  de  l'ère  chrétienne  sept  jours  plus 
tard,  le  !•' janvier  754,  pour  mettre  l'ère  nouvelle  en  con- 
cordance avec  le  calendrier  Julien.  Son  système  fut  adopté  ; 
mais  cela  se  passait  au  VP  siècle,  en  582,  alors  que  le 
calendrier  de  Jules  César  avait  près  de  six  siècles  d'exis- 
tence, et  les  historiens  n'en  continuèrent  pas  moins  à  dater 
leurs  récits  comme  s'ils  n'avaient  point  connu  d'ère  chré- 
tienne. 

Ainsi,  dans  la  seconde  moitié  du  VI»  siècle,  Grégoire  de 
Tours  relie  les  faits  en  les  rapportant  soit  à  la  Passion  du 
Sauveur,  soit  à  des  consuls  ou  à  des  empereurs  romains,  la 
plupart  aux  règnes  des  rois  de  son  pays  ;  ainsi  Frédégaire, 
au  VII®  siècle,  les  compare  généralement  aux  règnes  succes- 
sifs des  rois  francs  dont  il  écrit  l'histoire.  Ce  fut  au  VIII« 
siècle  seulement  que  s'établit  chez  les  peuples  chrétiens 
l'usage  de  compter  les  années  à  partir  de  la  naissance  sup- 
posée de  Jésus-Christ. 

L'anaée  ne  commença  pas  toujours  le  !•'  janvier.  Malgré 
les  variations  de  son  commencement,  on  peut  l'indiquer,  en 
généralisant,  au  !•'  mars  avant  700  et,  depuis  l'arrivée  des 
Francs;  à  Noël  jusqu'k  l'an  1000;  et  ensuite,  au  jour  variable 


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de  Pâques.  Dans  le  Limouzin,  pendant  deux  siècles  et  demi, 
à  partir  de  1801,  ce  fut  le  25  noars.  Un  édit  de  Charles  IX, 
de  1568,  ordonna  de  commencer  l'année  le  1"  janvier  ;  mais 
celle  date  ne  fui  généralement  appliquée  qu'à  partir  de  1567. 

Si  l'on  n'a  rien  pour  s'éclairer,  on  peut  avoir  un  doute  au 
sujet  de  l'année  applicable  aux  trois  ou  quatre  premiers  mois. 
Uo  événement  portant,  par  exemple,  la  date  du  14  février 
1491,  est  de  1492.  Pour  les  temps  où  l'année  commençait  à 
Pâques,  il  est  donc  nécessaire  de  connaître  la  date  de  cette 
grande  fêle  du  christianisme.  Aussi,  en  parlerons-nous  plus 
loin. 

Dans  le  calendrier  Julien,  les  années  bissextiles  revenaient 
tous  les  quatre  ans  sans  exception  ;  mais  nous  avons  vu  que 
les  calculs  qui  avaient  servi  k  l'établir  renfermaient  une 
erreur  d'environ  trois  quarts  de  jour  par  siècle  (0,78)  ;  de 
sorte  qu'au  XVI»  siècle  de  notre  ère,  le  21  mars  était  en 
relard  de  dix  jours  sur  l'équinoxe. 

La  réforme  grégorienne  vint  fort  à  propos  remédier  h  cet 
état  de  choses  :  pour  régler  le  présent,  elle  diminua  de  dix 
jours  la  durée  de  l'année  1582,  et  pour  l'avenir  elle  retrancha 
du  nombre  des  années  bissextiles,  les  années  oculaires  dont 
le  millésime  séculaire  n'est  pas  multiple  de  4  ;  ainsi  1700, 
1800  et  1900  ne  sont  pas  bissextiles  dans  le  calendrier  actuel, 
tandis  qu'elles  l'auraient  été  si  on  avait  contitnué  l'emploi  de 
l'ancien  calendrier  ;  les  années  1600  et  2000  sont  bissextiles 
dans  les  deux  calendriers  (i). 

Le  calendrier  Grégorien  a  donc  trois  jours  de  moins  que 
le  calendrier  Julien,  pour  une  durée  de  quatre  siècles.  Lors  de 

i  Juliennes  font....  3.652.500  jours. 
Grégoriennes  font.  3.652.425    — 
Astronomiques  font.  3.652.422     >-     ,64. 
En  10,000  ans,  Tannée  Julienne  eût  donc  été  en  retard  de  78  jours  sur 
la  réalité,  tandis  que  Tannée  Grégorienne  ne  le  sera  que  do  2  ou  3  jours. 


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son  applicalion  en  France,  en  1582,  Tannée  fut  réduite  à 
855  jours  ;  et  le  10  décembre  fut  compté  pour  le  20. 

Le  jour  de  la  semaine  par  lequel  commença  Tèrc 
chrétienne  étant  connu,  rien  n'est  plus  simple  que  de  déter- 
miner celui  qui  représente  le  1"  janvier,  à  l'origine  de 
chaque  siècle,  dans  les  deux  calendriers. 

Le  siècle  du  calendrier  Julien,  formé  de  75  années  com- 
munes et  de  25  années  biss^tiles,  embrasse  5,217  semaines 
plus  six  jours.  Puisque  le  siècle  ne  prend  que  six  jours  à  sa 
dernière  semaine,  il  s'ensuit  que  le  siècle  suivant  commen- 
cera le  septième  jour  :  un  siècle  quelconque  doit  donc  com- 
mencer, par  rapport  k  l'ordre  régulier  des  jours  de  la 
semaine,  un  jour  plus  tôt  que  le  siècle  qui  l'a  précédé.  Le 
premier  jour  de  l'an  !«'  dut  être  un  samedi  (i),  l'an  101 
commença  donc  le  vendredi,  et  l'an  201  le  jeudi.  En  allant 
ainsi  de  siècle  en  siècle,  on  reprend  la  même  série  de  jours 
après  sept  siècles  écoulés,  c'est-à-dire  que  l'année  701  com- 
mença le  même  jour  de  la  semaine  que  l'an  I«%  et  aussi 
l'année  1401.  Le  l*"^  janvier  1401  fut  donc  un  samedi,  et  le 
1«'  janvier  1501  un  vendredi.  C'est  ce  qu'on  appelle  la 
marque  de  l'année. 

Au  XVI®  siècle,  nous  arrivons  à  l'emploi  du  calendrier 
Grégorien.  On  obtiendrait  un  jeudi  pour  le  commencement  ou 
la  marque  de  1601,  si  rien  n'avait  été  changé  dans  l'inter- 
valle ;  mais  l'année  1582  ayant  été  diminuée  de  dix  jours, 
qui  font  une  semaine  plus  trois  jours,  il  faut  reculer  de  trois 
jours  pour  trouver  le  commencement  du  XVII«  siècle.  Au 
lieu  du  jeudi,  le  i^^  janvier  1601  fut  en  effet  un  lundi. 

Si  l'année  1700  avait  été  bissextile,  le  1"  janvier  1701  eut 


(*)  Nous  avons  vu  que  ce  fut  un  diroanchei  par  suite  des  erreurs  com- 
mises sous  Auguste  par  les  Pontifes  chargés  de  veiller  à  Inapplication  du 
calendrier.  ' 


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—  275- 

été  uo  dimanche  ;  mais  ce  fut  une  année  commune  ;  de  sorle 
que  le  siècle  qui  comprend  l'année  1700  compte  un  jour  de 
moins  que  les  siècles  de  la  période  Julienne  :  le  !«'  janvier 
1701  dut  donc  rétrograder  de  deux  jours  au  lieu  d'un  seul,  et 
arriver  un  samedi  et  non  pas  un  dimanche.  Pour  une  raison 
semblable,  c'est-k-dire  les  années  1800  et  1900  étant  com- 
munes, le  1«'  janvier  1801  arriva  un  jeudi  et  le  1«'  janvier 
1901  sera  un  mardi  ;  mais  l'année  2000  étant  bissextile,  le 
1"  janvier  2001  sera  un  lundi  exactement  comme  le  1«' 
janvier  1601 . 

Chaque  siècle  du  calendrier  Julien  était  donc  en  retard 
d'un  jour  au  point  de  vue  de  la  semaine  sur  le  siècle  précé- 
dent ;  pendant  sept  siècles  consécutifs  les  sept  jours  de  la 
semaine  arrivaient  tour  à  tour,  en  rétrogradant,  à  la  tête 
d'un  siècle  nouveau  et,  après  sept  siècles  écoulés,  ils  recom- 
mençaient, en  rétrogradant  de  la  même  manière,  une  nou- 
velle période  de  sept  siècles.  Dans  le  calendrier  Grégorien, 
c'est  h  l'achèvement  de  quatre  siècles  qu'on  a  rétrogradé 
d'une  semaine  entière  ;  trois  siècles,  h  raison  de  deux  jours 
chacun,  et  un  siècle  donnant  un  jour  seulement.  De  sorle 
que  les  années  grégoriennes  reviennent  lous  les  400  ans  au 
même  point  de  départ  et  reprennent  leur  même  ordre  de 
jours  :  chaque  siècle  commençant  successivement  le  lundi, 
le  samedi,  le  jeudi  et  le  mardi. 

Tel  est  l'ordre  de  succession  des  jours  pour  le  commence- 
ment du  siècle  ;  il  en  est  autrement  pour  le  commencement 
de  Tannée. 

L'année  commune  de  365  jours  a  cela  de  remarquable, 
qu'après  une  succession  de  52  semaines,  il  faut  encore  un 
jour  pour  la  compléter  ;  de  sorte  que  le  jour  par  lequel  elle 
commence  est  aussi  celui  par  lequel  elle  doit  finir.  Une  série 
d'années  communes  étant  donnée,  si  la  première  année 
commence,  par  exemple,  un  lundi,  elle  finira  un  lundi  ;  la 


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—  270- 

deuxième  année  commencera  donc  un  mardi  et  la  troisième  un 
mercredi,  en  continuant  ainsi  selon  Tordre  régulier  des  jours 
de  la  semaine  et  en  reprenant  tous  les  sept  ans  cette  même 
succession  des  jours. 

Mais  Tannée  bissextile  vient  modifier  cet  ordre  de  choses, 
en  faisant  avancer  Tannée  d'un  jour  tous  les  quatre  ans  ;  à 
la  huitième  année,  celle  avance  est  de  deux  jours  ;  elle  est 
de  trois  jours  k  la  douzième  et  de  sept  jours,  c'esl-h-dire 
exactement  d'une  semaine,  à  Tachèvement  de  la  vingt-hui- 
tième année.  Après  28  ans,  Tannée  reprend  donc  la  série  des 
jours  qui  ont  marqué  les  sept  périodes  de  quatre  ans  ;  cette 
série  de  28  ans  qu'on  appelle  improprement  cycle  solaire, 
revient  et  continue  sans  interruption  dans  le  calendrier  Julien  ; 
elle  est  interrompue  à  Tannée  séculaire  non  bissextile  dans  le 
calendrier  Grégorien. 

D'après  cela,  le  !•'  janvier  1801  ayant  été  un  jeudi,  les 
années  1829,  1857  et  1885,  qui  commencent  des  périodes 
de  28  ans,  ont  également  commencé  un  jeudi. 

En  résumé  : 

Dans  la  succession  des  années  communes,  le  premier  jour 

de  Tan  suit  la  marche  des  jours  de  la  semaine  ;  ce  qui  a 

lieu  pendant  3  ans  ;  au  passage  d'une  année  bissextile  à  une 

année  commune,  le  premier  jour  de  Tan  avance  de  deux 

'  jours; 

Les  jours  se  succèdent  de  la  même  manière  et  reviennent 
aux  mêmes  dates  k  chaque  période  de  28  ans  ;  les  années 
qui  ont  le  même  rang  en  deux  périodes  successives  eu  quel- 
conques, ont  des  jours  semblables  k  toutes  les  dates  sem- 
blables ; 

Dans  le  calendrier  Julien,  cette  succession  de  périodes  a 
lieu  sans  interruption  ; 

Dans  le  calendrier  Grégorien,  les  périodes  de  28  ans  peu- 
vent se  succéder  pendant  deux  siècles,  quand  elles  rencon- 


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—  277  — 

trent  une  année  séculaire  bissexlilCi  mais  elles  sont  toujours 
interrompues  par  les  années  séculaires  communes  ; 

La  période  séculaire  embrasse  sept  siècles  dans  le  calen- 
drier Julien,  et  elle  est  formée  de  vingt-cinq  périodes  de 
vingt-huit  ans  ;  dans  le  calendrier  Grégorien,  elle  embrasse 
eiaclement  400  ans. 

Avec  ces  données  on  peut  trouver  sans  difficulté  le  1«^ 
janvier  d'une  année  quelconque,  en  se  rappelant  que  le 
premier  jour  de  l'ère  chrétienne  fut  ou  dut  être  le  samedi. 

Voici  d'ailleurs  les  opérations  qu'il  convient  de  faire  pour 
obtenir  le  jour  de  la  semaine  correspondant  au  1«^  janvier 
d'une  année  quelconque. 

D'abord,  il  faut  chercher  le  rang  qu'occupe  cette  année 
dans  une  période  de  28  ans  dont  le  jour  du  l^^  janvier  est 
connu  :  si  cette  période  commence  à  l'an  !•%  on  divise  par 
28  le  nombre  tout  entier  qui  représente  l'année  donnée  ;  si 
elle  commence  k  la  première  année  du  siècle,  on  divise  par 
^  le  nombre  formé  par  les  dizaines  et  les  unités  de  l'année 
donnée:  dans  l'un  et  l'autre  cas,  le  reste  de  la  division  repré- 
sente la  situation  qu'occupe  cette  année  dans  la  période  de 
28  ans. 


EXEMPLES  POUR  LES  ANNÉES  1579  ET  1880. 


1579 

179 

Reste.    11 


28 


56 


80 
Reste.    24 


28 
2 


Dans  ces  exemples,  l'année  1579  a  le  11«  rang  dans 
la  période  qui  commença  un  samedi,  et  Tannée  1880,  le 
24«  rang  dans  celle  qui  commença  un  jeudi. 

Ensuite,  il  faut  chercher  le  jour  de  la  semaine  par  lequel 
commence  l'année  donnée.  Au  reste  trouvé,  on  ajoute  le 

18 


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--Î78  — 

nombre  de  bissextiles  qu'il  contient,  toutefois  moins  un  si 
ce  reste  CBt  multiple  de  4  ;  puis,  du  total,  on  retranche  autant 
de  fois  7  que  ce  total  renferme  de  semaines  ;  le  nouveau 
reste  ainsi  obtenu  indique  le  rang  que  le  jour  cherché  occupe 
dans  la  semaine,  en  partant  du  jour  qui  commença  la 
période. 


EXEMPLES. 


Reste  égal  à H 

Plus  %  bissextiles S 

Total 18 

Moins  une  semaine* . . . 7 

Rang  du  jour  cherché. .      6 

Le  1«'  jour  de  la  période 
étant  un  samedi,  le  !•'  janvier 
1579  fut  un.......    jeudi. 


Reste  égala 24 

Plus5bissextiles(6-1). 5 

Total 29 

Moins  4  semaines 28 

Rang  du  jour  cherché. .      1 

Le  l^^  jour  de  la  période 
étant  un  jeudi,  le  1"  janvier 
1880  fut  un jeudi. 


Tels  sont  les  calculs  fort  simples  que  nous  avons  remplacés 
par  des  tableaux. 

Le  calendrier  Grégorien  subit  une  interruption  de  1798  à 
1805,  en  France,  ou  il  fut  remplacé  par  le  calendrier  Répu- 
blicain. Le  14  juillet  1790,  on  avait  commencé  à  dater  de 
cette  manière  :  le  l®^  jour  de  la  2«  année  de  la  liberté  ; 
le  21  août  1792,  on  écrivait  :  Fan  IV  de  la  Liberté  et  le 
1«^  de  rÉgalité  ;  mais  en  datant  ainsi  on  conservait  les 
indications  du  calendrier  Grégorien.  C'est  dans  la  séance  du 
5  octobre  1798  que  la  Convention  prescrivit  l'usage  du 
calendrier  Républicain.  Jusque-là,  et  depuis  le  24  septembre 
1792,  on  datait  de  Tan  de  la  République  française  en  ajoutant 
l'indication  grégorienne  ;  on  disait,  par  exemple  :  lundi  24 
septembre  1792,  l'an  I"  de  la  Républiqtie  française  i 


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—  279  — 

mardi  !«'  janvier  179S^  l'an  II  de  la  Bépublique  fran- 
çahe.  Mais,  h  partir  du  7  octobre  1793,  on  commença  à  dater 
ainsi:  le  \&  du  \^^  mois  de  l'an  II  de  la  République  fran- 
çaise, en  ajoutant  aussi  :  lundi  7  octobre  1798,  vieux  style. 

L'année  républicaine  avait  douze  mois  de  trente  jours  et 
se  terminait  par  cinq  ou  six  jours  complémentaires  placés 
après  le  douzième  mois.  La  chose  n'était  point  nouvelle. 
C'était  exactement,  comme  nous  l'avons  vu,  l'ancienne  année 
égyptienne,  qui  commençait  à  la  fin  du  mois  d'août,  et  les 
décades  étaient  imitées  des  Grecs. 

Le  1«'  vendémiaire,  par  lequel  la  Convention  voulut  faire 
coraraencer  l'an  I",  correspond  au  22  septembre  1792;  ce 
jour-là,  le  soleil  était  arrivé  à  l'équinoxe  h  9  heures  18  mi- 
nutes du  matin  ;  le  commencement  des  années  suivantes  Tut 
déterminé  par  l'équinoxe  d'automne,  c'est-à-dire  par  l'entrée 
du  soleil  dans  le  signe  de  la  balance  (*).  Le  moment  de 
l'équinoxe  arriva,  en  1799,  le  23  septembre,  à  2  heures 
4S  minutes  du  matin,  et  en  1803,  le  24,  à  1  heure  16  mi- 
nutes ;  de  sorte  que  le  commencement  de  l'année  républicaine 
varia  du  22  au  24  septembre.  Le  mois  était  formé  de  trois 
décades  de  dix  jours  (2).  Au  commencement  de  l'application 
du  nouveau  calendrier,  on  disait  :  te  16  du  1®'  mois  de 
fan  II  de  la  République  française  ;  un  mois  plus  tard, 
c'était  :  octidi^  1^«  décade  de  brumaire  ;  primidi,  2«  dé- 
cade. Mais  il  semble  qu'on  ait  vite  renoncé  aux  décades  ; 
nous  trouvons  en  effet  presque  aussitôt:  octidi,  28  brumaire, 
l'an  IL 

Les  jours  complémentaires,  nommés  plus  tard  sans  culo- 
lides,  s'énonçaient  ainsi  :    1»^^  jour  complémentaire  de 


(«)  Loi  du  5  octobre  1793. 

(')  Primidi,  daodi,  Iridi,  qoartidi,  quinlidi,  sextidi,  septidi,  octidi,  nonidi, 
décadi. 


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—  MO  — 

Van  III  ;  ou  encore  :  primidi,  i«^  jour  complémentaire 
de  Van  VI. 

On  ne  peut  éprouver  d'embarras  dans  la  lecture  d'une 
date  qu'à  partir  du  7  octobre  1798.  Nous  avons  néanmoins 
fait  partir  le  calendrier  républicain  du  22  septembre  1792. 
Il  Tut  aboli  par  un  sénatus-consulte  du  22  fructidor  an  XIII 
(9  septembre  1805),  et  le  calendrier  Grégorien  fut  rétabli  le 
1«'  janvier  1806  (11  nivôse  an  XIV). 

Le  long  Calendrier,  que  nous  avons  dressé  d'après  les 
indications  qui  précèdent,  est  formé  de  quatre  tableaux  : 

Le  premier  tableau  donne  le  premier  jour  de  l'année  pour 
la  période  comprise  entre  l'an  I"  et  l'an  1582,  et  il  peut  être 
utilisé  après  cette  date  pour  les  nations  chrétiennes  qui  ont 
conservé  le  calendrier  Julien  ;  le  second  commence  h  1583 
et  peut  servir  pendant  des  milliers  d'années,  puisqu'en  l'an 
5000,  la  différence  entre  le  temps  marqué  par  lui  et  le  temps 
astronomique  atteindra  un  jour  à  peine.  Ainsi,  au  moyen  de 
ces  deux  tableaux,  on  peut  trouver  le  premier  jour  d'une 
année  quelconque  de  l'ère  chrétienne. 

Ce  premier  jour  étant  connu,  le  troisième  tableau  donne 
les  dates  pour  tous  les  jours  de  l'année.  Il  est  formé  :  P  de 
sept  séries  de  semaines  commençant  chacune  par  un  jour 
différent  ;  et  2''  dû  tableau  des  douze  mois  dont  chaque  date 
correspond  aux  jours  de  la  semaine. 

Le  quatrième  tableau  contient  le  calendrier  Républicain,  de 
1792  k  1805,  dont  les  dates  sont  placées  en  regard  de  celles 
du  calendrier  Grégorien. 

n  y  a  enfin  un  cinquième  tableau  :  celui-ci  est  relatif  h  la 
fêle  de  Pâques  dont  nous  allons  parler  maintenant. 

LA  FÊTE  DE  PAQUES. 

La  Pâque  des  Juifs  commençait  le  soir  du  14*  jour  du 


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—  281  — 

mois  de  Nissan  ou  des  blés  nouveaux  («)  ;  elle  avait  lieu  le 
lendemain,  et  les  fêles  des  azymes,  qui  la  suivaient,  duraient 
jusqu'au  21  «  jour  (2).  Pendant  plus  d'un  siècle  et  demi,  les 
chrétiens  n'eurent  pas  de  jour  bien  déterminé  pour  célébrer 
la  Pâque:  les  uns,  en  Orient  surtout,  la  célébraient  le 
14"  jour  de  la  lune  de  mars  ;  les  autres,  le  dimanche  qui 
suivait  ce  14*  jour.  Le  Concile  tenu  à  Rome  l'an  196  de  l'ère 
chrétienne  sanctionna  cette  dernière  coutume  qui  était 
généralement  suivie  en  Occident. 

L'an  325  de  l'ère  chrétienne  (870  du  calendrier  Julien  et 
1078  de  la  fondation  de  Rome),  le  Concile  de  Nicée  établit  à 
ce  sujet  des  règles  précises  en  déterminant  la  succession  des 
épactes  au  moyen  desquelles  on  calcule  la  pleine  lune  pascale 
pour  chaque  année.  Ces  règles  ont  servi  à  calculer  le  jour 
de  Pâques  jusqu'à  l'an  1582,  et  elles  servent  encore  aujour- 
d'hui moyennant  une  modification  dans  l'épacte  supplémen- 
taire ;  mais  on  ne  doit  pas  les  appliquer  d'une  façon  absolue 
pour  trouver  la  Pâque  avant  l'an  325,  parce  que  :  1«  la  lune 
ficlive  admise  par  le  Concile  peut  différer  d'un  ou  deux  jours, 
en  plus  ou  en  moins,  sur  la  lune  réelle  ;  et  que,  2**  le  cycle 
de  19  ans  n'est  pas  d'une  exactitude  mathématique. 

Depuis  l'an  825,  la  fCte  de  Pâques  est -déterminée  par  la 
pleine  lune  qui  coïncide  avec  l'équinoxe  du  printemps  ou 
par  celle  qui  arrive  après  ce  môme  équinoxe.  Cette  pleine 
lune,  dite  lune  pascale,  est  comprise  entre  le  21  mars,  jour 
fixé  pour  l'équinoxe,  et  le  18   avril,  dont  la  pleine  lune 


(*)  D'après  le  calendrier  israëlitc,  en  usage  depuis  le  IVn  siècle,  en  1876, 
le  14  de  Nissan  correspondait  au  8  avril  ;  il  s'agissait  de  l'année  commune 
israélite  5636  ;  en  1883,  année  embolismique  5643,  le  t4  de  Nissan  corres- 
pondait au  21  avril;  la  Pâque  des  chrétiens  était  le  16  avril  en  1876  et  le 
25  mars  en  1883. 

(')  Lévitiqoe,  ch.  23,  v.  5. 


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—  282  — 

succède,  sans  intermédiaire,  à  celle  du  20  mars  (i).  Quant  è 
la  fête  même,  elle  est  célébrée  le  dimanche  qui  vient  immé- 
diatement après  Ja  pleine  lune  pascale,  c'est-à-dire  au  plus 
tôt  le  22  mars,  au  plus  tard  le  25  avril. 

Le  Concile  de  Nicée  imagina,  à  ce  sujet,  une  lune  fictive 
dont  la  marche  méthodique  suit  de  près  celle  de  la  lune 
réelle,  la  devançant  parfois  et  parfois  la  suivant.  Lorsque  la 
lune  fictive  est  nouvelle  le  !•'  janvier,  elle  est  nouvelle  aussi 
le  80  mars,  et,  dans  ce  cas,  elle  est  pleine  le  13  avril  ; 
lorsqu'elle  n'est  pas  nouvelle  le  1"  janvier,  l'âge  qu'elle  a  ce 
jour-là  est  aussi  celui  qu'elle  aura  le  80  mars,  et  cet  âge 
représente  l'avance  de  la  pleine  lune  sur  le  18  avril  :  la 
pleine  lune  fictive  devance  donc  le  13  avril  d'autant  de  jours 
que  la  nouvelle  lune  a  devancé  le  1«'  janvier. 

La  durée  de  la  lune  fictive  est  alternativement  de  29  et  de 
80  jours  :  douze  lunes  font  854  jours  dans  les  années 
communes  ;  dans  les  années  bissextiles,  il  y  a  cinq  lunes  de 
29  jours  et  sept  de  30  jours,  et  les  douze  lunes  font  355  jours. 
Il  reste,  dans  tous  les  cas,  onze  jours  pour  compléter  l'année 
solaire  (2). 

Lorsque  la  lune  est  nouvelle  au  l*""  janvier  d'une  année 
quelconque,  ces  onze  jours  représentent  son  âge  au  1"  jan- 
vier de  Tannée  suivante  ;  à  la  fin  de  la  seconde  année,  onze 
autres  joui-s  s'ajoutent  aux  premiers  et  portent  à  22  jours 
l'âge  de  la  lune  au  commencement  de  la  troisième  année. 
  la  fin  de  cette  troisième  année,  il  y  a  une  treizième  luue 
à  laquelle  on  attribue  80  jours  ;  de  sorte  qu'à  l'origine  de  la 
quatrième  année,  l'âge  de  la  lune  est  de  trois  jours.  11  en 
est  ainsi  d'ailleui*s  pour  la  lune  réelle.  Cette  treizième  lune 


(*)  En  325,  les  savants  avaient  remarqué  que  Téquinoxe  répondait  an 
XU  des  calendes  d'avril,  c  est-à-dirc  au  21  mars. 
{*)  Exactement  i0i,875. 


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—  283  — 

« 

de  la   troisième  aonée  est  la  première  lune  supplémen- 
taire. 

Les  onze  jours,  en  s'accumulant  pendant  une  période  de 
19  ans,  font  sept  lunes  supplémentaires  que  Ton  intercalle 
tous  les  deui  ou  trois  ans,  à  mesure  que  le  cumul  atteint  le 
nombre  80,  c'est-à-dire  la  durée  d'une  lune;  la  dernière 
lune  supplémentaire  est  de  ^9  jours.  La  lune  revient  ainsi 
tous  les  19  ans  à  la  même  place,  après  avoir  accompli 
285  fois  son  passage  entre  le  soleil  et  la  terre.  C'est  celte 
période  de  19  ans,  trouvée  par  l'Athénien  Melon,  qui  est 
appelée  Nombre  d'or;  on  donne  le  nom  A'Épacte  à  l'âge  de 
la  lune  à  chaque  1"  janvier. 

Voici  d'ailleurs  le  tableau  des  épactes  en  regard  du  cycle 
de  19  ans  (i)  : 

cyïd^iâ'rs"  j     2    3  4    5    6  7    8    9  iO  U  12  13  14  15  i6  17  18  19    1 

chrétienne    ^^"^^  I     *    ^  ^    *    ^  ®    ^    ^    9  10  11  12  13  14  15  16  17  18  19 

Epactes |  11  22  3  14  25  6  17  33    9  20    112  23    4  15  26    7  18    0 

Lones  intercalées  |  1  2  3         4  5  6  7 

Du  moment  où  il  est  admis  que  la  lune  revient  toujours 
dans  la  même  situation,  à  l'origine  d'une  période  de  19  ans, 
il  est  évident  qu'elle  occupera  également  la  même  situation 
en  deux  années  de  même  rang  dans  toutes  les  périodes.  11 
suffit  donc  de  savoir  l'âge  de  la  lune  au  commencement  de 
chacune  des  19  années  de  la  première  période,  pour  connaîlre 
son  âge  au  commencement  d'une  année  dont  on  connaît  le 
rang  dans  une  période  quelconque. 

En  l'an  825,  la  lune  avait  été  nouvelle  le'l"  janvier;  elle 

(*)  Le  nombre  d'or  1  représentait  Tannée  où  la  lune  était  nouvelle  le 
l«r  janvier  et  correspondait  à  Tépacte  O4  en  faisant  concorder  Tépacle  11 
avec  la  Ire  année  de  l'ère  chrétienne,  nous  simplifions  les  calculs  relatifs  à 
la  recherche  de  Tépacte. 


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avait  donc  été  Doavelle  19  ans  plus  tôt,  à  rorîginede  rannée. 
En  remontant  de  19  ans  en  19  ans  vers  le  commencement 
de  Tère  chrétienne,  on  la  retrouve  également  nouvelle  le 
1"  janvier  de  Tan  %  car  de  l'an  2  à  l'an  825,  il  y  a  exac- 
tement dix-sept  périodes  de  19  ans.  Mais  l'an  2,  la  troisième 
année  du  cycle  de  19  ans,  correspond  à  l'épacte  22; 
de  sorte  que  l'épacte  de  l'an  325  était  22.  Cependant,  en 
825,  la  lune  ayant  été  nouvelle  le  i^^  janvier,  il  fallait  obtenir 
zéro  h  l'épacte  pour  avoir  exactement  l'âge  de  la  lune.  Le 
Concile  de  Nicée  ajouta  8  h  l'épacte  22  pour  obtenir  30  ou  0, 
et  il  décida  que  ce  supplément  de  8  serait,  h  l'avenir,  ajouté 
à  l'épacte  de  chaque  année,  afin  d'avoir  zéro  pour  point  de 
départ  à  chaque  nouvelle  lune  (*).  Cet  ordre  régulier  des 
épactes  fut  suivi  jusqu'à  la  réformation  du  calendrier  Julien 
en  1582. 

A  partir  de  l'an  2  ou  de  l'an  325,  et  jusqu'à  1582,  l'épacte 
est  donc  toujours  0,  de  19  ans  en  19  ans,  lorsqu'on  y  agoute 
l'épacte  supplémentaire  8. 

Si  l'on  fait  abstraction  de  l'épacte  supplémentaire,  l'épacte 
directe  de  l'an  2  étant  22,  celle  de  l'an  1"  est  11;  elle  est 
donc  0  pour  l'an  qui  précéda  l'ère  chrétienne  ;  l'an  19, 
l'an  88,  c'est-à-dire  tous  les  multiples  de  19,  doivent  donc 
avoir  0  pour  épacte  ;  on  obtiendrait  8  pour  ces  mêmes 
années  en  tenant  compte  de  l'épacte  supplémentaire. 

Pour  simplifier  la  recherche  de  l'épacte,  il  convient  de 
prendre  pour  point  de  départ,  non  pas  l'an  2,  oii  la  lune 
devait  être  nouvelle  au  l^^^  janvier,  mais  bien  l'an  0  qui  a 


(^)  En  réalité,  en  raison  de  la  différence  d*un  joar  pour  312  ans  dans  la 
marche  do  i-ycle  et  de  la  lune,  ccile-ci  dut  être  nouvelle  le  l«r  janvier  de 
Tan  2,  et  Tépacte  supplémentaire  aurait  dû  être  7,  et  non  pas  8,  au  com- 
mencement de  Père  chrétienne. 


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-^485  — 

pour  épacte  simple  0  et  qui  permet  de  se  servir  directement 
des  multiples  de  19. 

Ainsi,  Fan  l»"^  de  Tère  chrétienne,  qui  correspond  au 
nombre  d'or  2,  a  11  pour  épacte  directe;  Tan  20,  l'an  39, 
toutes  les  années  multiples  de  19,  avec  1  pour  reste,  auront 
la  même  épacte  ;  cette  épacte  sera  portée  k  19,  si  l'on  y  ajoute 
répacte  supplémentaire  8. 

L'an  8  a  3  pour  épacte,  soit  11  avec  l'épacte  supplémen- 
taire. Il  en  est  ainsi  de  l'an  22,  de  l'an  41  et  de  toutes  les 
années  multiples  de  19  avec  8  pour  reste. 

En  continuant  de  cette  manière,  on  trouve  toutes  les 
épactes  données  par  le  cycle  de  19  ans.  Dans  ces  19  séries 
d'années,  il  n'y  a  que  19  dates  pour  marquer  la  pleine  lune 
pascale  pendant  la  période  de  35  jours  comprise  entre  le 
22  mars  et  le  25  avril.  De  sorte  qu'un  simple  tableau  de 
19  séries  d'années  peut  faire  connaître  toutes  les  pleines 
lunes  pascales  du  calendrier  Julien,  c'est-à-dire  jusqu'à 
l'année  1582.  Nous  donnons  plus  loin  ce  tableau. 

Lorsque  la  lune  est  nouvelle  le  1«'  janvier,  avons-nous  dit, 
la  pleine  lune  pascale  arrive  le  13  avril.  C'est  cette  date  du 
13  avril  que  nous  avons  prise  pour  point  de  départ  des 
calculs  qu'exigent  les  recherches  de  la  fête  de  Pâques;  nous 
avons  simplifié  ceux-ci,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  en 
ajoutant  à  ces  13  jours  d'avril  les  31  jours  de  mars  et 
nous  servant  du  nombre  44  qui  est  la  somme  de  ces  deux 
dates. 

D'après  ce  qui  précède,  on  reconnaît  facilement  que  : 

1<*  Si  l'épacte,  c'est-à-dire  l'âge  de  la  lune  au  1"  janvier, 
varie  de  1  à  12,  la  pleine  lune  pascale  arrive  en  avril.  Dans 
ce  cas,  du  nombre  13  on  retranche  l'épacte  trouvée  et  l'on 
obtient  directement  la  date  de  la  pleine  lune. 

Exemple  :  £=7  ||  13—7=6  avril. 


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—  486  — 

2<»  Si  l'épacte  varie  de  18  à  28,  en  la  retranchaot  de  44, 
on  obtient  directement  la  pleine  lune  qui  arrive  alors  en 
mai*s. 

Exemple  :  E=16  (1  44—16=28  mars. 

8**  Si  répacte  est  de  24  exactement,  une  pareille  opération 
donne  pour  résultat  le  20  mars.  Mais,  le  20  mars,  ne  pou- 
vant représenter  la  lune  pascale,  on  ajoute  à  ce  nombre  20, 
dans  le  cas  particulier,  une  lune  de  29  jours,  et  du  chiffre 
obtenu  49,  on  retranche  les  81  jours  de  mars  :  on  trouve 
ainsi  le  18  avril,  dernière  limite  de  la  pleine  lune  pascale. 

4*»  Enfin,  si  Tépacte  est  de  plus  de  24  jours,  il  faut  ajouter  à 
44  une  lune  de  80  jours  et  retrancher  du  total  l'épacte  donnée 
et  les  31  jours  de  mars  ;  on  obtient  ainsi  la  pleine  lune 
pascale  qui,  alors,  a  lieu  en  avril. 

Exemple  :  E=27  |1 44+80-27  -81=16  avril. 

Cependant,  pour  simplifier,  dans  ce  4«  cas,  on  remplace 
44+40—81  par  48  ;  de  43  on  retranche  Tépacle  et  on 
obtient  directement  la  date  de  la  pleine  lune  pascale.  Ici, 
48—27=16  avril,  comme  ci-dessus. 

La  lune  fictive  fut  admise,  sans  changement,  jusqu'à 
rétablissement  du  calendrier  Grégorien,  en  1582.  Mais  à 
cette  époque,  la  lune  réelle  avançait  de  trois  ou  quatre  jours 
sur  la  lune  fictive,  c'cst-a-dire  que  lorsque  la  nouvelle  lune 
fictive  était  fixée  au  1«' janvier,  la  nouvelle  lune  réelle  arrivait 
le  28  ou  le  29  décembre. 

La  durée  d'une  lune  n'était  pas  connue  avec  précision, 
lors  de  la  découverte  du  cycle  de  dix-neuf  ans  :  l'astronome 
Méton  comptait  exactement  235  lunes  pendant  cette  période  ; 
mais,  en  réalité,  les  19  années  de  865  jours  1/4  étaient  plus 
longues  de  une  heure  vingt-neuf  minutes  et  une  seconde 
que  les  285  lunes  ;  il  en  résultait  une  erreur  d'un  jour  tous 


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—  487- 

les  812  ans  1/2  environ  («)•  C'est  ce  qui  explique  le  retard 
de  la  lune  fictive  depuis  la  réunion  du  Concile  de  Nicée,  en 
825,  jusqu'à  la  réformalion  Grégorienne,  en  1582. 

En  retranchant  dix  jours  à  cette  année  1582,  la  réforma- 
lion  Grégorienne  aurait  diminué  d'autant  l'épacte  supplémen- 
taire 8  indiquée  par  le  Concile  de  Nicée,  si  285  lunes  réelles 
avaient  exactement  représenté  19  années  du  calendrier  Julien; 
mais  la  lune  réelle  exigeait  alors  11  pour  épacle  supplémen- 
taire; de  sorte  que  pour  faire  concorder  la  lune  fictive  avec 
la  lune  réelle,  on  enleva  sept  jours  au  lieu  de  dix  à  l'épacte 
supplémentaire;  celle-ci  fut  donc  fixée  à  un  en  1588,  et  elle 
conserva  cette  valeur  jusqu'en  1699. 

Les  connaissances  qu'on  avait  acquises  en  astronomie  ne 
permettaient  plus  de  conserver  une  épacte  supplémen- 
taire invariable  comme  cela  avait  eu  lieu  pendant  douze 
siècles. 

Dans  le  calendrier  Julien,  la  période  de  19  ans  est  plus 
longue  que  lés  285  lunes  ;  le  contraire  a  lieu  dans  le  calen- 
drier Grégorien  dont  la  période  est  plus  courte  de  1  heure 
56  minutes  et  H  secondes;  de  sorte  que  la  lune  réelle  se 
trouve  maintenant  en  retard  d'un  jour  tous  les  284  ans 
environ  sur  le  calendrier  Grégorien  ;  ce  qui  fait  3  jours  de 
moins  en  7  siècles  ;  il  faut  donc  dans  cet  intervalle  de 
700  ans  retrancher  8  épactes  de  l'épacte  supplémentaire. 

Rien  ne  nous  semble  plus  facile  que  de  répartir  ces 
8  épactes  en  deux  séries  de  200  ans  et  une  série  de  800.  De 


(*)  Une  lune  rooyennne  est  de 29  jours  12  h.  44  m.  2  s.  8 

12  lones  sont  de 354    »        8      48      33 

235  lunes  fout  ensemble 6.939    »      16      30      59 

f     Juliennes 6.939    »      18        0        0 

19  années..!     Grégoriennes 6.939    »      14      34      48 

(    Astronomiques 6.939    »      14      28      21 


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—  9188  — 

la  sorte,  l'épacte  5  de  1600  étant  1,  on  aurait  pour  épactes 
supplémentaires  : 

En  1700  et   1800,      épacte  ....  0 

En  1900  et   2000,          id 29 

En  2100,  2200  et  2300,   id 28 

En  2400  et  2500,          id 27 

En  2600   et  2700,          id 26 

En  2800,  2900  et  3000    id 25 

En  continuant  ainsi,  on  retrouverait  l'épacte  0  à  Tannée 
8700,  après  70  siècles  écoulés  ;  car,  à  raison  de  3  épactes 
pour  7  siècles,  les  70  siècles  font  30  épactes  ou  une  lune. 
Mais  au  tieu  de  celte  méthode  simple  et  facile,  on  admit  la 
méthode  compliquée  des  équations  lunaires  et  des  équations 
solaires  ;  on  conserva  les  données  du  calendrier  Julien  qui 
gagne  une  épacte  tous  les  312  ans,  et  on  appela  équation 
lunaire  l'addition  de  celte  épacte  ;  puis  on  diminua  d'une 
épacte  toutes  les  années  séculaires  non  bissextiles  du  calen- 
drier Grégorien,  et  on  appela  cette  soustraction  une  équation 
solaire. 

De  cette  manière,  on  trouve  en  1700  une  équation  solaire 
qui  réduit  à  0  l'épacte  1  de  1700  ;  en  1800,  on  a  également 
l'épacte  0  parce  qu'il  y  a  celte  année-là  deux  équations  qui 
se  détruisent;  en  1900,  l'équation  solaire  réduit  l'épacte  à 
29  ;  celle-ci  se  trouve  sans  changement  l'an  2000.  Et  en 
continuant  ainsi  i\  ajouter  et  retrancher,  on  retrouve  l'épacte 
0  en  8700. 

D'après  cette  méthode  compliquée,  il  arrive  aussi  que  les 
épactes  se  croisent  d'une  façon  assez  singulière  :  ainsi, 
l'épacte  sera  de  28  en  2200  et  en  2400,  et  de  27  en  2300  ; 
elle  sera  de  23  en  3400  et  3600,  et  de  22  en  3500. 

Voici,  d'ailleurs,  le  tableau  de  ces  épactes  jusqu'à  l'année 
8700  : 


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—  Î89- 

TABLEAU  DES  ÉP ACTES  SUPPLÉMENTAIRES 
De  1700  à  8700. 


=a 


d'après  la  MÉTAOIiE 


Des  ëqnations 

lonaires 
et  solaires. 

2 
1 

P3 

"S 

ÇA 

1700  et  1800 

0 

1900  à  2100 

29 

2?00 

28 

2300 

27 

2400 

28 

2500 

27 

2600  à  2800 

26 

2900  et  3000 

25 

3100  à  3300 

24 

3400 

23 

3500 

22 

3600 

23 

3700 

22 

3800  à  4000 

21 

4100 

20 

4200  à  4400 

19 

4500  et  4600 

18 

4700  à  4900 

17 

5000 

16 

5100 

15 

5200 

16 

5300 

15 

Du  retranchement 
de  3  épactcs 
par  7  siècles. 


1700  et 
1900  et 
2100  à 
2400  et 


2600  et 
2800  à 
3100  et 
3300  et 
3500  à 


3800  et 
4000  et 
4200  à 
4500  et 
4700set 
4900  à 
5200  et 


1800 
2000 
2300 
2500 


2700 
3000 
3200 
3400 
3700 


3900 
4100 
4400 
4600 
4800 
5100 
5300 


d'apbès  la  HÉTHODB 


Des  équations 

lonaires 
et  solaires. 

2. 

o 

•o 
S. 

5^00  à  5600 

14 

5700  et  5800 

13 

5900  à  6100 

12 

6200 

11 

6300 

10 

6400 

11 

6500 

10 

6600 

9 

6700 

8 

6800 

9 

6900 

8 

7000  à  7200 

7 

7300  et  7400 

6 

7500  à  7700 

5 

7800 

4 

7900 

3 

8000 

4 

8100 

3 

8200  à  8400 

2 

8500  et  8600 

1 

8700 

0 

» 

n 

Du  retranchement 
de  3  épactes 
par  7  siècles. 


5400  et  5500 
5600  à  5800 
5900  et  6000 
6100  et  6200 
6300  à  6500 


6600  et  6700 
6800  et  6900 
7000  à  7200 
7300  et  7400 
7500  et  7600 
7700  à  7900 
8000  et  8100 


8200  et  8300 

8400  à  8600 

8700 


» 


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-  MO  — 

Quelle  que  soit  la  méthode  qu'on  emploie,  qu'elle  soit 
simple  ou  composée,  nous  savons  maintenant  tout  ce  qu'il 
faut  savoir  pour  calculer  sans  peine  la  pleine  lune  pascale 
d'une  année  quelconque,  à  partir  de  l'an  325.  Nous  allons 
donner  des  exemples  de  ces  calculs. 

Premier  exemple.  Trouver  l'épacte  de  l'an  326. 

En  divisant  326  par  19,  on  obtient  un  reste  S  qui  repré- 
sente la  8«  année  de  l'ère  chrétienne  dont  l'épacte  est  8 
(voir  le  tableau  de  la  page  29)  ;  en  y  ajoutant  l'épacte 
supplémentaire  8,  on  obtient  11  pour  l'épacte  de  Tan  826. 
Pour  trouver  la  pleine  lune  pascale,  il  faut  employer  le 
premier  cas  de  la  page  33,  c'est-à-dire  qu'il  faut  retrancher 
11  de  la  date  du  13  avril  :  on  obtient  ainsi  le  2  avril  pour 
la  pleine  lune  cherchée  (i). 

Deuxième  exemple.  Epacte  de  l'année  1680. 

La  division  par  19  donne  un  reste  8  qui  représente  le 
rang  de  l'année  dans  les  périodes  de  19  ans  et  correspond 
à  l'épacte  28  ;  ici  l'épacte  supplémentaire  est  1,  ce  qui 
porte  à  29  l'épacte  de  l'année  1680.  En  prenant  le  quatrième 
cas  de  la  page  5,  on  retranche  29  de  43,  et  on  obtient  le 
14  avril  pour  la  date  de  la  pleine  lune  pascale. 

Troisième  exemple.  Epacte  de  l'année  1886. 
Le  reste  est  5  et  l'épacte  25  ;  l'épacte  supplémentaire  est 

(*)  Si  Ton  n*a  pas  sous  les  yeux  le  tableau  des  épactes,  on  peut 
trouver  celles-ci  «ie  mémoire,  en  remarquant  leur  succession  de  3  en  3  ; 
savoir:  lo  les  années  3,  6,  9,  12,  15  et  18  correspondent  à  des  épactes 
de  même  nombre;  lo  les  années  1,  4,  7,  10,  13  et  16  aux  épactes  11,  14, 
17,20,23  et  26;  et  3o  les  années  2,  5,  8,  11,  14  et  17  aux  épacles 
22,  25,  28,  1,4  et  7.  Le  dernier  chiffre  des  années  Id  donne  0  à  Tépaae. 


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nulle.  En  retranchantes  de  4S,  on  obtient  le  18  avril,  date 
extrême,  pour  la  pleine  lune  pascale. 

Connaissant  la  date  de  la  pleine  lune  pascale,  pour  une 
année  donnée,  on  trouvera  celle  de  la  fête  de  Pâques,  si 
Ton  sait  à  quel  jour  de  la  semaine  correspond  cette  pleine 
lune  :  car  la  fête  arrive  le  dimanche  suivant.  Ce  que  nous 
avons  dit  à  la  page  28  permet  de  calculer  ce  jour-là  ;  mais 
nos  tableaux  ont  précisément  pour  but  de  supprimer  les 
calculs. 

Ainsi  nous  trouvons  dans  le  calendrier  que  Tan  326 
commença  le  samedi  et  que  le  2  avril  fut  aussi  un  samedi  ; 
Pâques  arriva  donc  le  lendemain  dimanche  3  avril. 

L'année  1680  commença  le  lundi,  mais  comme  elle  était 
bissextile,  il  faut,  à  partir  du  l^*"  mars,  se  servir  de  la 
seconde  lettre  du  tableau  pour  le  commencement  de  Tannée. 
On  trouve  ainsi  que  le  14  avril  fut  un  dimanche  :  Pâques 
arriva  le  dimanche  suivant  21  avril 

L'année  1886  commencera  un  vendredi  ;  le  18  avril  sera 
un  dimanche,  et  Pâques  arrivera  le  25  avril. 

Nous  avons  vu  que  la  fête  de  Pâques  ne  fut  fixée  par 
des  règles  précises  qu'en  825,  et  que  l'épacte  supplémen- 
taire était  représentée  par  8  cette  année-là  ;  mais  en  raison 
de  la  différence  de  durée  entre  les  285  lunes  et  la  période 
de  19  ans,  c'est  l'épacte  supplémentaire  7  qu'il  aurait  fallu 
employer  dans  la  plus  grande  partie  de  la  période  comprise 
entre  les  années  34  et  325. 

D'un  autre  côté,  dans  les  premiers  temps  de  cette  période, 
la  Pâque  fut  célébrée  soit  le  jour  de  la  pleine  lune  de  mars, 
soit  le  dimanche  suivant  :  elle  eut  lieu  quelquefois  du  14  au 
21  mars  ;  alors  elle  n'était  point  fêlée  après  le  12  ou 
après  le  19  avril.  Pour  ces  temps  éloignés  le  jour  de  la 
fête  de  Pâques  ne  saurait  donc  être  indiqué  avec  précision. 

Les  fêtes  mobiles  sont  réglées  sur  celle-là.  En  ajoutant 


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-  592  - 

39  jours  à  la  date  de  Pâques,  on  trouve  rAsccnsion  ;  49 
jours,  la  Pentecôte  ;  56  jours,  la  Trinité.  Lorsque  Pâques 
arrive  le  22  mars,  l'Ascension  a  lieu  le  80  avril  ;  lorsqu'elle 
arrive  du  28  au  81  mars,  du  total  trouvé  on  retranche  les 
81  jours  de  mars  et  les  80  jours  d'avril,  le  reste  donne  la 
date  du  mois  de  mai  ;  lorsqu'elle  arrive  en  avril,  du  total 
trouvé  on  retranche  les  80  jours  d'avril  :  si  le  reste  ne 
dépasse  pas  31,  il  indique  une  date  du  mois  de  mai  ;  s'il 
dépasse  31,  on  en  retranche  les  81  jours  de  mai  et  on  obtient 
une  date  du  mois  de  juin.  Exemples  : 

Année  1888^  Pâques  25  mars. 

Ascension.  Trinilé.  Pentecôte. 

Date  de  mars 25  25  25 

A  ajouter 89  49  56 

64  74  81 

A  retrancher 61  61  61 

8  mai        13  mai       20  mai 
Année  1889^  Pâques  21  avril. 

Ascension.  Trinité.  Pentecôte. 

Date  d'avrU 21  21  21 

A  ajouter 39  49  56 

Total 60     •         70  77 

A  retrancher: 
Mois  d'avril 80  30  80 

30  mai       40  47 

A  retrancher,  mois  de  mai. ...    81  81 

9  juin       16  juin 

Nous  venons  de  voir,  dans  cette  rapide  histoire  de  notre 
calendrier,  que,  dès  les  temps  les  plus  reculés,  avant  qu'il 
fût  question  de  cette  Rome  née  dans  un  champ  de  bergers 


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—  M3  - 

et  destinée  à  commander  à  un  si  grand  nombre  de  peuples, 
un  pays  fort  savant,  aujourd'hui  le  jouet  de  deux  ou  trois 
nations,  avait  une  connaissance  exacte  des  mouvements  du 
soleil  et  des  astres,  et  de  la  durée  des  saisons  ;  on  y  faisait 
usage  d'un  calendrier  fort  simple  qui  donnait  la  juste 
mesure  de  Tannée.  Rome  naît,  grandit  et  conquiert  le 
monde  ;  elle  a  un  calendrier  défectueux,  compliqué,  incor- 
rect, dont  elle  se  sert  pendant  sept  siècles  ;  elle  le  modifie 
à  la  fin  sans  le  rendre  parfait.  La  Rome  chrétienne  l'adopte 
et  le  suit  pendant  plus  de  mille  ans  ;  elle  en  connaît  bientôt 
les  erreurs  qui  sont  telles,  qu'elle  ne  peut  plus  célébrer  la 
grande  fête  du  christianisme  dans  les  délais  fixés  à  la  suite 
de  l'équinoxe  du  printemps. 

Mais  la  coutume  est  là  ;  on  se  complaît  dans  sa  méthode  ; 
la  dignité  ou  un  je  ne  sais  quoi  ne  permet  pas  d'en  suivre 
un  autre.  11  faut  qu'une  nécessité  absolue  vienne  nous 
obliger  d'adopter  un  calendrier  meilleur,  qui  pouvait  être 
appliqué  bien  des  siècles  plus  tôt. 

Le  voilà  cependant  en  usage,  ce  nouveau  calendrier*  Il 
est  aussi  parfait  que  peuvent  l'être  les  œuvres  des  hommes, 
puisqu'après  dix  mille  ans  d'existence  il  n'aura  sur  le  temps 
vrai  qu'une  différence  de  moins  de  trois  jours.  Les  nations 
catholiques  s'empressent  de  l'adopter  -,  certaines  nations  pro- 
testantes attendeat  près  de  deux  siècles  ;  quant  aux  Grecs 
et  aux  Russes,  parce  qu'ils  ne  reconnaissent  pas  pour  chef  le 
Pape  qui  officie  à  Rome,  ils  trouvent  le  calendrier  de  Grégoire 
XIII  déplaisant  et  ils  se  condamnent  à  *ne  commencer 
l'année  que  douze  jours  après  nous  ;  quelques  siècles  de  plus 
ils  la  commenceront  un  mois  trop  tard  ;  encore  quelques 
siècles  plus  loin,  et  ils  feront  la  moisson  au  mois  de  janvier. 

En  prenant  à  l'Egypte  un  système  abandonné,  les  conven- 
tionnels de  93  n'eurent  pas  de  pareils  scrupules  ;  il  est  vrai 
qu'ils  n'adoptaient  pas  le  système  des  autres.  Aucun  calen- 

19 


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—  294- 

drier  ne  pouvait  être  plus  exact  que  le  calendrier  républicaio, 
ni  plus  en  harmonie  avec  le  cours  des  saisons,  puisque 
Tannée  commençait  le  jour  même  de  Téquinoxe  d'automne, 
et  que  sa  longueur  était  fixée  à  865  ou  366  jours,  de 
manière  à  finir  la  veille  de  Téquinoxe.  Mais  il  avait  le  grave 
inconvénient  de  rompre  entièrement  avec  les  calendriers  en 
usage  autour  de  nous  et  de  ne  pas  permettre  aux  autres 
nations  de  l'adopter.  Dans  la  manière  de  compter  les  jours, 
les  mois,  les  années,  il  nous  isolait  du  reste  du  monde.  D 
était  tout  naturellement  destiné  à  mourir. 

Nous  voici  dans  un  siècle  oii  la  science  a  atteint  des 
hauteurs  qui  semblaient  inaccessibles  :  la  vapeur,  la  lumière, 
l'électricité  sont  devenues  les  esclaves  de  l'homme,  et  nous 
nous  vantons  d'une  civilisation  sans  exemple  ;  les  nations 
s'emparent  des  découvertes  des  nations:  ce  que  l'une  a 
trouvé  pour  détruire,  une  autre  s'empresse  de  l'adopter. 
Elles  cherchent  à  s'entendre  dans  l'emploi  d'une  commune 
mesure  des  choses  ;  s'entendront-elles  sur  la  manière  de 
mesurer  la  marche  du  temps  ? 

Non.  Les  peuples  qui  se  servent  de  l'année  lunaire  n'adop- 
teront pas  l'année  des  chrétiens  ;  ceux  qui  font  un  agence- 
ment habile  des  mois  lunaires  et  de  la  révolution  solaire, 
trouvent  qu'ils  font  usage  du  calendrier  le  plus  parfait  ; 
pour  nous  qui  avons  persisté  pendant  des  siècles  à  nous 
servir  d'un  calendrier  que  nous  savions  défectueux,  nous 
n'abandonnerons  pas  celui  que  nous  avons  adopté  il  y  a 
trois  siècles  et  dont  nous  reconnaissons  toujours  l'excellence. 

De  sorte  que  l'humanité  continuera  pendant  des  siècles  et 
des  siècles  encore  k  employer  des  moyens  différents  pour 
marquer  la  marche  du  soleil  k  travers  les  constellations  du  ciel. 


(Voir  les  tableaux  et  les  observations  à  la  fin  da  volome). 


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RECHERCHE  DU  CUIVRE 

DANS  LES  VINS 

raOVENANT  DE  VIGNES  TRAITtES  PAR  LE  SULFATE  DE  CUIYRE 

Par  a.  ANDOUARD, 
DireeUur  d«  It  SUUm  tgrononiqM  de  It  Loire-Ioliérieiire. 


Le  vignoble  de  la  Loire-Ioférieure  a  été  gravement  éprouvé 
par  le  inildew,  en  1886.  La  bouillie  bordelaise  est  le  principal 
agent  dont  on  >ait  fait  usage  pour  combattre  le  parasite. 
Quelques  viticulteurs  ont  cependant  eu  recours  à  la  solution 
de  sulfate  de  cuivre  seul  et  au  mélange  pulvérulent  de  ce 
sulfate  avec  de  la  chaux  éteinte.  Une  seule  application  de 
chaque  remède  a  été  faite,  en  général  ;  par  exception,  eUe 
a  été  réitérée  dans  deux  ou  trois  clos  seulement. 

A  la  suite  de  ces  traitements,  Topinion  publique,  surexcitée 
par  des  agents  intéressés,  à  semer  Talarme,  se  préoccupait 
vivement  de  la  présence  du  cuivre,  à  dose  nuisible,  dans  la 
vendange  et,  par  suite,  dans  le  vm,  malgré  les  résultats 
analytiques  rassurants  déjà  publiés  sur  ce  point  par  MM. 
Milntz,  Gayon  et  Millardet,  Caries,  etc. 

Pour  dissiper  toute  inquiétude  à  cet  égard,  en  même 
temps  que  pour  répondre  au  désir  manifesté  par  M.  le 
Ministre  de  TAgriculture,  j'ai  dosé  le  cuivre  contenu  dans  les 
produits  de  notre  dernière  récolte.  Les  analyses  ont  été 
faites  par  la  méthode  électrolytique  indiquée  par  H.  À.  Riche 


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et  suivie  par  MM.  Gayon  et  MiUardet.  Elles  ont  compris  sept 

moûts  et  trente  vins  blancs  et  rouges  pressés  dans  la  Loire- 
Inréricure.  Ces  proportions  de  cuivre  trouvées  sont  indiquées 

en  milligrammes  et  rapportées  au  litre  dans  le  tableau 
suivant  : 

Moût.  Tin  Mane.  Tiotongs. 

Bouillie  bordelaise 1.40  0.40  0.00 

—           2.60  0.00  0.06 

—            2.10  0.80  0.08 

—            1.20  0.50  — 

— 2.00  1.00  — 

— —  0.09  — 

—            —  0.08      — 

—            -  0.80  — 

—            —  0.65  — 

—            —  0.25  — 

—            —  0.40  — 

—  0.00  — 

— —  0.90  — 

—  0.60  — 

—            —  0.20  — 

—            —  1.80  — 

--            —  0.75  — 

— —  0.45  — 

—            —  0.25  — 

—            —  0.00  — 

— —  0.00  — 

Solution  de  sulfate  de  cuivre  à  5  <>/»•  0.95  0.10  0.10 

—  —          .  0.70  0.05  — 

—  —          .       -  0.20  — 
Mélange  pulvérulent  de  chaux  et 

de  sulTate  de  cuivre —  0.55  — 

—  —          .      —  1.20  — 


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—  497- 

Ces  chiffres  sont  en  complète  harmonie  avec  ceui 
été  antérieurement  donnés  par  les  expérimentateurs 
Us  prouvent  à  l'évidence  que  le  cuivre  n'est  pas  à 
dans  les  vins  fabriqués  avec  des  raisins  préservés  d 
par  des  aspersions  de  liquide  cuivrique. 


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SOURCE  FERRUGINEUSE  DU  HÂUT-ROCHER 

Par  a.  ANDOUARD, 
Directeiir  de  U  SUtioD  agroBoaiiqie  de  le  Loire-lniérieore. 


Cette  source  coule  dans  la  commune  de  RiaiUé  (Loire* 
Inférieure),  sur  le  versant  d'une  colline  à  pente  rapide  située 
à  S  kilomètres  environ  du  bourg,  sur  le  bord  de  la  rivière 
d'Erdre.  Elle  émerge,  à  5  ou  6  mètres  au-dessus  du  niveau 
de  la  rivière,  d'un  terrain  appartenant  à  Tétage  des  Phlanites 
à  Graplolithes  de  la  Loire-Inrérieure  et  de  TAnjou  (Silurien 
supérieur). 

Sa  température  est  voisine  de  l^"".  Son  débit  atteint 
approximativement  6,000  litres  par  24  heures. 

L'eau  qu'elle  Toûmit  est  très  limpide,  incolore  et  douée 
d'une  saveur  ferrugineuse  marquée,  mais  non  désagréable. 
Voici  sa  composition,  pour  un  litre  : 

Gr. 

Fer 0-00810 

Manganèse 0.00090 

Calcium 0.01740 

Magnésium Traces- 
Potassium  Traces. 

Sodium 0.04672 

Aluminium 0.00040 

Chlore 0*08700 

Acide  sulfurique 0 .  02400 

—  silicique 0 .  01^298 

—  carbonique 0.02286 

Arsenic Traces. 


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-log- 
ées divers  élémeats  peuvent  être  groupés  de  la  i 
suivante  : 

Gr. 

Bicarbonate  de  fer 0-00964 

—  manganèse...  0.00299 

—  calcium 0.08061 

Sulfate  de  calcium 0.08880 

Chlorure  de  sodium 0 .  05264 

—  calcium 0.00797 

—  magnésium Traces. 

—  potassium Traces. 

Alumine 0.00074 

Silicate  de  sodium 0.03128 

Silice  en  excès ...  0.00278 

Arsenic Traces. 

Total 0.17295 

r4ette  eau  se  recommande  par  son  extrême  léger 
plus,  elle  est  intéressante  par  la  proportion  de  mai 
qu'elle  contient. 

Elle  est  faiblement  minéralisée  par  le  fer  et,  sous  ( 
port,  elle  est  inférieure  à  plusieurs  eaux  ferrugine 
notre  région,  notamment  k  celle  de  Préfailles.  Néaj 
elle  est  susceptible  de  rendre  des  services  dans  le  vc 
du  lieu  oii  elle  coule. 


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NOTE 

SUB 

LE  DOSAGE  DE  L'ACIDE  PHOSPHORIQUE  PAR  L'URANE 

Par  a.  ANDOUARD, 
Directeur  de  la  Station  agronomique  de  la  Luire-Inférieure. 


Malgré  les  perfeclionnemenls  nombreux  donl  le  dosage  de 
Tacidc  phosphoriqiie  a  été  Tobjel,  Taccord  n'est  pas  toujours 
absolu  entre  les  résultais  analytiques  fournis  par  des  opéra- 
teurs différents.  L'Association  des  chimistes  de  sucrerie  et  de 
distillerie  a  récemment  publié,  sur  cette  question,  une  bro- 
chure ayant  pour  but  d'effacer  les  écarts  de  titre  qui  se 
produisent  encore.  Elle  a  convié  tous  les  chimistes  à  suivre 
la  méthode  cilro-uranique  de  M.  Joulie,  si  pratique  et  si 
exacte  quand  elle  est  minutieusement  exécutée  et,  à  cet 
égard,  je  partage  entièrement  son  opinion.  Mais,  dans  la 
description  donnée  de  celle  mélhode,  il  est  un  point  sur 
lequel  je  crois  utile  d'appeler  l'attention. 

L'Association  propose,  pour  la  précipilalion  de  l'acide 
phosphorique  total  et  pour  celle  de  l'acide  soluble  dans  l'eau, 
de  substituer  à  la  liqueur  citro-magnésiennc  de  M.  Joulie, 
celle  qui  a  été  formulée  par  M.  Milloi.  Or,  celle-ci  contient 
deux  fois  et  demi  plus  de  magnésie  que  la  première.  Par 
suite,  lorsqu'on  la  mélange  ii  la  solution  à  titrer,  la  précipi- 


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—  301  — 

talion  de  l'acide  phosphorique  est  rapide  et  le  phosphate 
ammoniaco-magnésicn  très  ténu  ;  double  inconvénient  quMl 
me  paraît  utile  d'éviter. 

Je  préfère  conserver  h  la  liqueur  citro-magnésienne  la 
composition  indiquée  par  M.  Joulie.  Ainsi  préparée,  elle 
donne  lieu  à  une  précipitation  moins  vive,  dont  j'exagère 
encore  la  lenteur  par  une  addition  d'eau  distillée,  de  noanière 
a  obtenir  du  phosphate  ammoniaco-magnésien  presque  tota- 
lement adhérent  aux  parois  du  vase  où  s'est  opérée  sa  for- 
mation. Voici,  du  reste,  comment  je  procède  : 

Je  prends  un  vase  ii  précipitation  chaude,  pouvant  conte- 
nir environ  150  grammes  d'eau  et  jaugé  à  75  centimètres 
cubes.  J'y  verse  la  solution  d'engrais  dont  je  veux  doser 
l'acide  phosphorique,  10  centimètres  cubes  d'eau  distillée, 
pois  la  liqueur  citro-magnésienne  en  proportion  convenable 
et  un  léger  excès  d'ammoniaque.  Je  mélange  le  tout  en 
imprimant  au  vase  un  léger  mouvement  de  rotation,  sans  y 
introduire  de  baguette  de  verre,  et  je  laisse  la  précipitation 
s'accomplir  pendant  12  heures  au  moins. 

Le  phosphate  ammoniaco-magnésien  se  dépose  en  cristaux 
relativement  volumineux  et  presque  tous  attachés  aux  parois 
du  vase.  Je  décante  alors  le  liquide  sur  un  petit  filtre,  en 
prenant  la  précaution  de  laisser  tomber  le  moins  de  cristaux 
possible.  Je  lave  ceux-ci  par  décantation,  à  l'eau  ammonia- 
cale, en  opérant  comme  la  première  fois,  jusqu'à  ce  que  Teau 
de  lavage  n'entraîne  plus  rien.  A  ce  moment,  je  place  le 
vase  qui  contient  le  phosphate  magnésien  sous  l'entonnoir. 
Je  lave  le  filtre  avec  de  l'acide  azotique  au  dixième,  pour  lui 
enlever  tous  les  cristaux  qu'il  contient  et,  comme  il  en  ren- 
ferme fort  peu,  cette  opération  est  promptement  achevée.  Je 
complète  alors  la  dissolution  du  phosphate  ammoniaco-ma- 
gnésien en  inclinant  le  vase  à  précipitation  dans  tous  les  sens, 
de  manière   h  mettre  tous  les  cristaux  en  contact  avec 


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—  302  — 

l'acide.  Puis,  je  lave  le  filtre  à  Teau  distillée  et  je  termine 
comme  à  Tordinaire  la  préparation  du  liquide  à  titrer. 

Je  trouve  à  ce  modus  faciendi  les  avantages  suivants  : 

La  précipitation  de  Tacide  phosphorique  et  son  dosage 
étant  effectués  dans  le  même  vase,  les  chances  de  perte  de 
substance  sont  notablement  diminuées  ; 

La  quantité  d'acide  azotique  employée  à  dissoudre  le  phos- 
phate ammoniaco-niagnésien  est  toujours  moindre  que  dans 
le  cas  où  Ton  jette  intégralement  le  précipité  sur  le  filtre,  ce 
qui  est  une  garantie  d'exactitude  dans  le  titrage  ; 

Le  lavage  de  ce  précipité  est  plus  facile  et  plus  rapide 
que  dans  le  cas  habituel. 

11  y  a  quelques  années,  suivant  une  pratique  recommandée 
depuis  par  M.  Pellet,  je  mettais  dans  la  solution  nitrique  le 
filtre  qui  avait  servi  à  séparer  le  phosphate  ammoniaco- 
magnésien,  dans  la  crainte  d'une  dissolution  incomplète  de  ce 
composé.  L'obligation  de  filtrer  chaque  jour  de  très  nom- 
breux dosages  d'acide  m'a  fait  renoncer  à  cette  manœuvre. 
La  quantité  de  phosphate  recueilli  par  le  filtre  est  si  faible 
que  sa  dissolution  est  toujours  assurée,  je  puis  dès  lors 
employer  les  mêmes  filtres  à  des  clarifications  successives, 
sans  nuire  à  la  sécurité  de  l'opération. 

Des  expériences  multipliées  m'ont  démontré  que  les  titres 
trouvés  en  suivant  la  méthode  que  je  viens  de  décrire  sonl 
fréquemment  plus  élevés  que  ceux  qui  sont  fournis  par  l'an- 
cien procédé.  Tout  au  moins  leur  concordance  entre  eux  esl- 
elle  toujours  parfaite. 


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INCOMPATIBILITÉ 
DES  NITRATES   ET  DES   SUPERPHOSPHATES 

Par  a.  ANDOUARD, 
Directeur  de  la  Station  agroDomique  de  la  Loire-Inférieure. 


Tous  les  chimistes  adonnés  aux  analyses  d'engrais  recon- 
naissent les  mélanges  de  nitrates  et  de  superphosphates  à 
leur  odeur  nilrcuse  caractéristique.  Mais  je  ne  sache  pas  que 
cette  constatation  ait  conduit  personne  à  soupçonner  Tim- 
portance  de  la  déperdition  d'azote  qui  se  fait  parfois  dans 
les  mélanges  de  cette  nature. 

A  la  fin  du  mois  de  mai  de  cette  année,  une  maison  bien 
connue  pour  son  honorabilité  fabriquait  une  grande  quantité 
de  superphosphate  minéral  avec  addition  de  nitrate  de  soude. 
Le  produit  devait  titrer  et  titrait  en  effet  6  «/o  d'azote,  au 
début.  Cependant  les  livraisons  aux  agriculteurs,  nombreuses 
et  rapidement  expédiées,  ne  tardèrent  pas  à  provoquer  des 
réclamations  motivées.  L'engrais  n'avait  pas  la  richesse  conve- 
nue, en  azote,  et  chaque  semaine  nouvelle  aggravait  le  déficit. 
Voici,  représentée  par  quelques  chiffres,  l'allure  de  la  décrois- 
sance du  titre  telle  que  je  l'ai  observée  : 

Juin      6.  —  Azote  nitrique 6,17  Vo 

—  14.  —  —  5,74  - 

—  26.  —  —  4,90  — 

—  80.—  —  4,80  — 

Juillet   4.  —  —  8,86  — 

—  12.—  -  8,78  — 


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—  304  — 

Un  mélange  analogue,  sorti  de  la  même  fabrique  vers  le 
même  temps  avec  un  titre  de  2  Vo  d'azote  nitrique,  ne  pré- 
sentait plus  que  0,72  ^o  de  ce  principe  au  bout  de  trois 
semaines  environ. 

Enfin  un  engrais  semblable  au  précédent,  mais  préparé 
dans  un  chantier  différent,  perdait  à  la  même  époque  1,16  Vo 
d'azote  nitrique  en  moins  de  quinze  jours. 

Dans  plusieurs  des  échantillons  adressés  à  la  Station 
agronomique,  la  décomposition  du  nitrate  était  si  active  que 
la  masse  de  Tengrais  se  trouvait  boursoufBée  par  le  déga- 
gement des  gaz  nitrés  résultant  de  son  altération.  L'un 
d'eux  avait  perdu  la  majeure  partie  de  son  azote  et  cepen- 
dant la  vitesse  du  dédoublement  du  nitrate  restant  était  encore 
notable.  Cent  grammes  de  ce  produit  enfermés  dans  un 
flacon  communiquant,  au  moyen  d'un  tube  recourbé,  avec 
une  éprouvette  pleine  d'eau,  ont  fourni  : 

Le  premier  jour ; . . .    8^s8  de  gaz  nitrés. 

Le  deuxième  jour 1,7         — 

Le  troisième  jour 0,9         — 

Il  est^bon  de  noter  qu'au  moment  de  l'expérience  la  tem- 
pérature était  seulement  de  21  ^^,2  et  que  la  sortie  du  gaz  se 
trouvait  contrariée  par  la  pression  exercée  par  l'eau  de 
l'éprouvette  sur  le  contenu  du  flacon.  A  l'air  libre,  il  se 
serait  certainement  dissipé  plus  d'azote. 

Devant  des  faits  aussi  parlants,  je  me  suis  demandé  si 
j'étais  en  présence  d'un  cas  particulier  ou  si  la  décompo- 
sition des  nitrates  par  les  superphosphates  était  un  fait 
général.  Pour  m'en  rendre  compte,  j'ai  préparé,  le  18  juillet^ 
les  mélanges  suivants  : 

N»  1. 

Nitrate  de  soude 81  gr. 

Superphosphate  minéral  anciennement  préparé.    69  — 


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—  305  — 

N^  2. 

Nitrate  de  soude 81  gr. 

Superphosphate  minéral  récemment  préparé...    69  — 

Le  dosage  de  l'azote,  exécuté  de  semaine  en  semaine,  a 
donné  les  résultats  suivants  : 

No  i.      No  2. 

Juillet  18.  —  Azote  nitrique  «/o 4,94  4,97 

—  21.  -  —  4,83  4,74 

—  28.  —  —  4,40  4,81 

Août    4.  —  —  4,24  4,18 

—  11.  —  —  4,28  8,84 

En  un  mois,  l'engrais  fait  avec  le  superphosphate  préparé 
de  longue  date  avait  perdu  18,86  ^/o  de  son  azote  ;  celui  qui 
contenait  du  superphosphate  de  fabrication  récente  avait  perdu 
20,72  Vo  du  même  principe  ferlilisant.  Cette  diminution  de 
titre  est  d'autant  plus  importante  que  les  engrais  avaient  été 
soigneusement  préservés  de  toute  élévation  de  température. 
En  outre,  elle  est  plus  forte  avec  le  superphosphate  récent 
qu'avec  le  superphosphate  ancien. 

Ce  point  acquis,  j'ai  recherché  ensuite  si  la  décomposition 
des  nitrates  n'était  pas  destructive  du  sulfate  d'ammoniaque 
et  des  principes  azotés  organiques  souvent  introduits  dans  de 
semblables  mélanges.  A  cet  effet,  j'ai  expérimenté  sur  des 
superphosphates  d'os  et  sur  des  superphosphates  minéraux, 
additionnés  de  sulfate  d'ammoniaque  dans  des  proportions 
correspondantes  k  celles  des  engrais  dont  j'avais  constaté 
Tallération.  Je  relève  plusieurs  de  ces  expériences  : 

No  8. 

Nitrate  de  soude 81  gr. 

Superphosphate  d'os  anciennement  préparé.  •  « .    59  — 
Plâtre 10  — 


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-â06- 

Le  plâtre  n'a  été  mis  dans  le  mélange  que  pour  obtenir 
une  composition  centésimale,  analogue  à  celle  des  engrais 
dans  lesquels  j'avais  constaté  la  disparition  de  Tazote  nitrique. 
Il  aurait  pu  être  avantageusement  remplacé  par  une  autre 
substance  inerte.  L'observation  a  duré  un  mois  ;  elle  a 
donné  les  résultats  suivants  : 

Nitiiqoe.      Organtqoe. 

JuiUetl9.  —  Azote  *>/o 5,00        0,80 

Août    2.  —        —       4,91        0,80 

—  9.  —        —       4,88        0,a8 

—  16.  —        —       4,65        0,20 

—  23.  —        —       4,70        0,20 

L'action  décomposante  du  superphosphate  n'était  point 
terminée,  le  relèvement  de  l'azote  nitrique  à  la  dernière  date 
et  la  stagnation  de  l'azote  organique  tiennent  uniqueoient  à 
la  difficulté  de  mélanger  bien  exactement  tous  les  éléments 
d'un  produit  tel  que  celui-ci.  Les  mêmes  variations  se  retrou- 
vent dans  les  autres  expériences,  sans  qu'elles  puissent  êlre 
considérées  comme  un  indice  de  la  cessation  des  effets  chi- 
miques manifestés.  Au  moment  où  j'ai  mis  Gn  à  leur 
influence,  les  modifications  imprimées  à  l'engrais  se  résu- 
maient ainsi  : 

Perle  en  azote  nitrique 6,00  Vo 

—  organique 88,88  — 

Nitrate  de  soude 81  gr. 

Superphosphate  d'os  récemment  préparé 59  — 

Plâtre 10  — 

Nitrique.      Oiganiqoe. 

Juilletl9.  —  Azote  o/o 5,15       0,29 

Août    2.—        ~       .• 4,65        0,29 


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—  307  — 

Nitrique. 

Aoûl    9.  —  Azote  % 4,65 

—  16.  —        —      4,50 

—  23.  —        —       4,60 

Perle  en  azote  nitrique 10,67  • 

—  organique 17,24  - 

N«5. 

Nitrate  de  soude 

Sulfate  d'ammoniaque 

Superphosphate  minérdU anciennement  préparé. 

Nitrique. 

Juillet  19.  —  Azote  % 0,97 

Aoûl    2.  —        —       0,98 

—  9.  —        —       0,96 

—  16.  —        — • .       0,90 

—  28.  —        —       0,90 

Perte  cn^  azote  nitrique 7,21  ° 

—  ammoniacal ......     15,61  - 

No  6. 

Nitrate  de  soude 

Sulfate  d'ammoniaque 

Superphosphate  minéral  récemment  préparé. . . 

Nitrique. 

Juillet  19.  —  Azote  Vo 0,94 

Août    2.  —        —       0,92 

—  9.  —        —       0,96 

—  16.  —        —      0,91 

—  23.  —        —       0,84 

Perte  en  azote  nitrique 10,63  * 

—  ammoniacal 15,29  • 


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—  308  — 

N»  7. 

Nilrale  de  soude 6  gr. 

Sulfate  d'ammoniaque ^  — 

Superphosphate  d'os  anciennement  préparé. ...  59  — 

Plâtre 15  — 

Nitrique.     Ammoniacal.  Organique. 

Juillell9.  —  Azote  »/, 0,97        4,09        0,40 

Août    2.  —        —      0,94        4,00        0,40 

—  9.  —        —      0,94        4,00        0,25 

—  16.  —        —      0,92        8,90        0,20 

—  28.  —        —      0,92        8,86        0,15 

Perte  en  azote  nitrique 5,15  «/o 

—  ammoniacal 5,62  — 

—  organique 62,50  — 

N»8. 

Nitrate  de  soude 6  gr. 

Sulfate  d'ammoniaque 20  — 

Superphosphate  d'os  récemment  préparé 59  — 

Plâtre 15  — 

Nitrique.    Ammoniacal.  Organique. 

Juillet  1 9.  —  Azote  o/o 0,95        4,10        0,86 

Août    2.—        —      0,90        4,00        0,80 

—  9.  —       —      0,87        3,80  » 

—  16.  —        —      0,80        8,72        0,20 

—  28.  —        —      0,74        8,70        0,10 

Perte  en  azote  nitrique 22,10.»/o 

—  ammoniacal 9,75  — 

—  organique 72,22  — 

N»9. 
Même  composition  qu'au  n^  7,  avec  addition  d'un  peu    ' 


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—  309  — 

d*eau  pour  commuDiquer  au  mélange  une  consistance  un  peu 
molle. 

Nitrique.    Ammoniacal.  Organique. 

Juillet  19.  —  Azote  Vo 0,96       4,00       0,28 

Août    %  —        —      0,92        8,95        0,20 

—  9.  —        —      0,98        8,90        0,20 

—  16.  —        —      0,89        8,90        0,16 

_    28.  —        —      0,82        8,81        0,10 

Perte  en  azote  nitrique 14,58  ^/o 

—  ammoniacal 4,75  — 

—  organique 64,28  — 

N<>  10. 

Même  composition  qu'au  n*'  8,  avec  addition  d'eau  pour 
donner  au  mélange  une  consistance  molle. 

Nitrique.    Ammoniacal.  Organique. 

Juilletl9.  —  Azote  o/o 0,97        4,02   .    0,84 

Août    2.  —        —      0,98        4,00  » 

—  9.—        —      0,94        8,80        0,88 

—  16.  -        —      0,75        8,60        0,20 

—  28.  —        -      0,74        8,68        0,14 

Perte  en  azote  nitrique 28,71  ^/o 

—  ammoniacal 9,70  — 

—  organique 58,82  — 

De  tout  ce  qui  précède,  il  résulte  que  les  superphosphates 
sont  préjudiciables  aux  nitrates  dans  les  engrais.  Les  super- 
phosphates minéraux  semblent  produire  la  décomposition 
plus  rapidement  que  les  superphosphates  d'os  ;  les  uns  et  les 
autres  manifestent  d'autant  plus  d'énergie  qu'ils  sont  plus 
récemment  préparés. 

Si  des  engrais  de  cette  espèce,  préparés  en  petite  quantité 
et  conservés  à  une  température  peu  élevée,  donnent  des 

20 


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—  310- 

résultats  aussi  accentués,  que  ne  doit-on  pas  attendre  de  ceux 
qui  sont  obtenus  industriellement  ?  Exposés  parfois  à  subir 
l'ardeur  des  rayons  solaires  et  entassés  en  masses  volumi- 
neuses, ils  sont  susceptibles  d'échauffement  notable  lors  de  la 
décomposition  des  nitrates  et,  par  suite,  ils  doivent  perdre 
beaucoup  plus  encore  que  les  premiers. 

Quant  au  mécanisme  du-  dédoublement  éprouvé  par  les 
nitrates,  il  est  probablement  le  suivant.  Les  superphosphates 
contiennent  de  l'acide  phosphorique  libre ,  parfois  un  peu 
d'acide  sulfurique,  et  môme  de  l'acide  fluorhydrique  lorsqu'il 
s'agit  de  superphosphates  minéraux ,  qui  renferment  géné- 
ralement des  fluorures.  Ces  acides  réagissent  sur  les  nitrates, 
dont  ils  déplacent  l'acide  nitrique,  et  celui-ci  se  trouve  réduit 
graduellement  par  les  corps  oxydables  qu'il  rencontre  dans 
le  produit  :  matières  organiques,  sels  ammoniacaux,  pyrites, 
etc.  Le  phénomène  devient  actif  vers  la  température  de  25 
ou  30'';  une  fois  commencé  il  continue  même  à  la  température 
de  12  à  15^.  Il  y  a  Ik  un  ensemble  de  faits  assez  complexe 
qu'il  serait  intéressant  d'étudier  de  plus  près. 

Le  seul  que  je  veuille  faire  ressortir  aujourd'hui,  c'est 
qu'il  est  défectueux  d'associer  des  nitrates  aux  super- 
phosphates. Lente  ou  vive,  la  décomposition  des  premiers 
est  certaine  et  elle  peut,  en  abaissant  notablement  la  richesse 
des  engrais  en  azote,  provoquer  des  contestations  fâcheuses 
et  des  déceptions  regrettables.  On  ne  peut  la  retarder  qu'en 
employant  les  nitrates  en  fragments  grossiers,  c'est-à-dire 
dans  un  état  préjudiciable  k  leur  bonne  répartition  dans 
le  sol. 


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ACCIDENTS 
CAUSÉS    PAR   L'ERGOT   DES   GRAMINÉES 

Par  a.  ANDOUARD. 
Directeur  de  la  Station  agronomique  de  la  Loire -Inférieure. 


f  ai  eu  l'occasion  d'observer,  celle  année,  sur  des  vaches 
laitières,  plusieurs  cas  d'intoxication  qu'il  me  semble  utile 
de  faire  connaître,  ne  serait-ce  que  pour  appeler  l'attention 
des  agriculteurs  sur  leur  cause  probable. 

Vers  le  mois  d'avril  dernier,  une  vache  appartenant  à  un 
cultivateur  de  la  commune  de  Bousrye  tombe  subitement 
malade  ;  elle  perd  l'appétit  et  reste  obstinément  couchée  sur 
sa  litière.  Lorsqu'on  la  force  à  se  lever,  elle  y  réussit  péni- 
blement et,  quand  elle  se  met  en  marche,  on  s'aperçoit 
qu'elle  boite  d'une  manière  très  prononcée. 

Le  mal  persistait  depuis  dix  jours  lorsque  je  vis  l'animal. 
Son  siège  était  dans  les  pattes  de  derrière,  principalement 
dans  la  patte  gauche;  le  membre  entier  était  froid  et  presque 
dépourvu  de  sensibilité  ;  il  n'y  avait  aucun  gonflement  des 
articulations.  Dès  les  premières  atteintes,  la  sécrétion  lactée 
avait  diminué  dans  des  proportions  notables. 

En  examinant  le  foin  déposé  dans  les  crèches,  j'y  ai  trouvé 
de  nombreux  ergots.  Je  me  suis  empressé  de  conseiller 
de  changer  le  fourrage  contaminé  pour  du  fourrage 
exempt  d'ergot.  Mon  avis  ayant  été  suivi,  trois  ou  quatre 
jours  plus  tard  tout  accident  avait  disparu,  la  vache  marchait 


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librement  el  commençait  à  donner  plus  abondamment  son 
lait. 

Un  mois  plus  tard,  une  vache  de  quatre  ans,  bonne  laitière 
jusqu'alors,  tarissait  tout-h-coup  dans  la  commune  de  Frossay. 
Je  n'ai  pu  la  voir,  mais  les  renseignements  qui  m'ont  été  fournis 
établissaient  une  analogie  frappante  entre  son  cas  et  celui  que 
je  viens  de  résumer.  J'avais  demandé  à  examiner  le  foin  qui 
faisait  la  nourriture  habituelle  de  l'animal  ;  il  ne  m'a  point 
été  envoyé.  Mais  j'ai  su  qu'on  avait  cessé  d'en  mettre  dans 
la  ration  quotidienne  et  que  la  vache  était  promptement 
revenue  ii  la  santé. 

Chez  moi-même  enfin,  une  vache  un  peu  âgée  se  trouve 
prise  de  diarrhée,  au  mois  de  juillet  dernier.  Le  lendemain 
se  déclare  une  boiterie  intense  à  la  patte  gauche  de  derrière  ; 
le  point  douloureux  parait  être  l'articulation  du  genou.  Le 
refroidissement  de  la  patte  n'est  pas  très  appréciable  au  débuts 
mais  il  devient  sensible  dès  le  deuxième  jour.  La  bête  peut 
ii  peine  marcher.  En  même  temps,  la  traite  devient  de  plus 
en  plus  faible. 

A  ce  moment,  on  commençait  ii  consommer  le  foin  qui 
venait  d'être  récolté.  Or,  cette  année,  la  plupart  des  variétés 
de  graminées  d'une  de  mes  prairies  portaient  des  ergots. 
Instruit  par  l'expérience,  j'ai  fait  changer  la  nourriture  et 
tout  aussitôt  les  accidents  se  sont  amendés. 

Ces  faits  sont  tout  ii  fait  en  concordance  avec  ceux  qui 
ont  été  signalés  ii  la  Société  nationale  d'Agriculture  par 
M.  Prillieux,  ii  la  fin  de  1885.  D'après  le  savant  professeur, 
une  maladie  sévissait  alors  en  Amérique  sur  les  vaches 
laitières.  Elle  consistait  en  diarrhée,  boiterie  et  raideur  des 
articulations  inférieures,  principalement  dans  les  membres 
postérieurs,  le  tout  accompagné  de  refroidissement  et  de 
perte  de  sensibilité  des  membres  malades.  Une  lésion  parti- 
culière du  pied  amenait  peu  ii  peu  le  décollement  du  saboU 


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-313  — 

EnfiD,  des  érosions  se  produisaient  dans  la  bouche  et  la 
parturiiion  était  affectée  de  troubles  pouvant  aller  jusqu'il 
ravortement. 

Le  D^  Salomon,  à  qui  était  due  la  relation  de  cette  épidé- 
mie, ayant  trouvé  dans  le  foin  donné  aux  animaux  malades 
jusqu'à  1,S3  ^lo  de  son  poids  d'ergot,  n'avait  pas  hésité  à 
imputer  à  ce  champignon  tous  les  désordres  observés. 

Le  mal  dont  j'ai  été  témoin  était  fort  heureusement  .moins 
grave,  mais  je  le  crois  de  même  ordre  et  il  me  parait 
prudent  d'engager  les  cultivateurs  à  veiller  à  la  qualité  du 
foin  qu'ils  distribuent  à  l'élable. 


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INFLUENCE  DU  RÉGIME  ALIMENTAIRE 

SUR  LA   COMPOSITION    DU   LAIT    DE  VACHE 

Par  a.  ANDOUARD, 
Directeur  de  la  Station  igronomique  de  la  Loire-Inférieure. 


Malgré  les  travaux  considérables  effectués  en  France,  par 
MM.  Boussingaull,  Dumas,  Becquerel  et  Vemois,  etc.  ;  en 
Allemagne,  par  MM.  Kùhn,  Wolff,  Grouven,  Playfair,  etc.; 
les  modifications  que  subit  la  composition  du  lait  pendant  le 
cours  de  la  lactation  sont  encore  imparfaitement  connues. 
Les  données  recueillies  sur  ce  sujet  sont  fréquemment  contra- 
dictoires ;  en  outre,  la  plupart  ont  été  établies  sur  des 
analyses  trop  peu  nombreuses  pour  permettre  des  conclusions 
inattaquables.  Les  faits  publiés  jusqu'à  ce  jour  peuvent  être 
énoncés  de  la  manière  suivante  : 

La  quantité  moyenne  des  éléments  solides  contenus  dans 
le  lait  d'une  année  entière  est  en  raison  inverse  du  poids  de 
ce  lait.  Autrement  dit  :  le  lait  est  d'autant  plus  chargé  de 
matériaux  solides  qu'il  est  moins  abondant  ; 

En  général,  le  lait  est  d'autant  plus  concentré  que  la 
période  de  la  lactation  est  plus  avancée; 

La  proportion  du  beurre  et  celle  du  sucpe  diminuent  en 
même  temps  que  la  sécrétion  lactée  ; 

Dans  la  plupart  des  cas,  au  contraire,  on  observe  une 
augmentation  de  la  caséine,  vers  la  fin  de  la  période  de 
lactation. 


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-315  — 

Quant  à  l'acide  phosphorique,   Tun  des  facteurs  les   plus 

pportauts  de  la  nutrition,  puisqu'il  est  destiné  au  dévelop- 

aent  du  tissu  osseux,  le  plus  incomplet  de  tous  chez  le 

animal,  il  ne  semble  pas  que  ses  variations  dans  le  lait 

ai^^été  l'objet  de  recherches  suivies. 

expériences  que  je  vais  résumer  ont  été  entreprises 
dan^H  but  de  commencer  h  combler  celte  lacune  et  de 
vérif»|es  conclusions  qui  viennent  d'être  rappelées.  Elles 
ont  poK  sur  quatre  vaches  de  race  parthenaise,  de  taille  h 
peu  prBsemblable  et  dont  l'âge  variait  de  4  à  11  ans. 

Ces  wnaux  ont  été  mis  en  observation  au  même  moment, 
huit  à  ^vze  jours  après  le  part.  Us  pesaient  respectivement  : 

liche  n^  l 411  kilogrammes. 

n^^ 402  — 

n°3 390  — 

nn 384  — 

La  J^^  n^*  1  a  été  saillie  à  plusieurs  reprises  et  pour  la 
derny^His  le  15  juin  1885  ;  elle  a  séché  le  7  février  1886. 
le  n*>  2,  saillie  le   7  mars  1885,  était  sèche  le 
l^K^^k  de  la  même  année . 

v^K  n"»  3,  saillie  le  22  mars  1885,  était  sèche  dès  le 
loveiflb  suivant. 

Pouji^vacheno  4,  elle  n'est  devenue  pleine  que  le  15  mai 
^^H^Bne  tarissait  le  2  février  1886. 

gestation  a  été  normale  pour  toutes.  Cependant,  le  u®  2 
prouvait  une  légère  indisposition  du  12  au  16  juillet,  et  le 
n^  4  était  également  malade  entre  le  22  et  le  26  du  même 
mois.  Le  premier  animal  a  été  promptement  rétabli  ;  chez 
l'autre,  la  lactation  a  été  troublée  pendant  près  de  trois 
semaines  à  la  suite  de  ce  malaise. 

La  vache  n<>  1  a  été  nourrie  exclusivement  au  pâturage 
avec  un  complément  de  foin  et  de  son  de  froment  à  l'étable. 


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—  316  — 

Le  complément  comporlait  de  ^  à  5  kilogr.  de  foin  et  de 
1  à  2  kilogr.  de  son,  suivant  les  ressources  du  pâturage. 
Lorsque  le  pacage  était  impossible,  il  était  remplacé  par  la 
ration  n^*  1  des  autres  animaux.  J'ajoute  que  la  prairie 
affectée  à  la  vache  n°  1  est  une  prairie  haute ,  qui  reçoit 
chaque  année  une  fumure  abondante,  libéralement  enrichie 
d'azote  et  d'acide  phosphorique. 

Les  vaches  n"  2,  8  et  4  ont  consommé,  à  l'étable,  des 
rations  variées  dans  lesquelles  j'ai  fait  entrer  les  principaux 
fourrages  appliqués  dans  l'Ouest  à  la  nourriture  des  vaches 
laitières.  Elles  passaient  chaque  jour  quelques  heures  en 
plein  air,  mais  dans  un  lieu  oh  elles  ne  trouvaient  pas  d'herbe 
ii  manger. 

Par  suite  d'un  retard  dans  l'approvisionnement  en  four- 
rages verts,  la  première  ration  a  consisté  uniquement  en 
foin  et  en  son  de  froment. 

J'ai  donné,  à  l'état  crû,  les  racines  et  les  tubercules,  pour 
me  conformer  aux  usages  locaux,  mais  non  dans  l'intention 
d'en  recommander  l'habitude.  La  supériorité  des  aliments 
cuits  a  été  surabondamment  établie  ;  je  ne  me  suis  pas 
préoccupé  de  l'affirmer  de  nouveau.  Je  voulais  seulement 
montrer  aux  cultivatcui-s  de  la  région  l'influence  relative  des 
divers  fourrages ,  dans  les  conditions  où  ils  les  emploient 
habituellement. 

Chaque  régime  a  été  continué  pendant  trois  semaines  au 
moins,  parfois  même  pendant  quatre  et  six  semaines,  de 
manière  à  effacer  entièrement  des  résultats  l'action  pertur- 
batrice qui  accompagne  souvent  tout  changement  dans 
l'ahmentation. 

Les  rations  ont  été  calculées  de  manière  à  fournir  constam- 
ment aux  animaux  une  quantité  de  substance  sèche  rigoureu- 
sement comprise  entre  2,5  et  8  ^/o  de  leur  poids  vif.  Celte 
proportion  a   toujours  été  suffisante  ;  elle  dépassait  même 


L 


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—  317  — 

légèrement  les  besoins  des  animaux  ;  cependant  il  y  avait 
rarement  un  excédent  notable  dans  les  crèches.  Voici  la 
composition  chimique  centésimale  des  divers  fourrages 
consommés,  déterminée  avec  soin,  et  celle  des  rations  qu'ils 
ont  servi  à  confectionner  : 

Matières 
Protéine       extractives       Matières 
Eau.  totale.      non  azotées,      grasses. 

Foin  de  pré  n»l 15.00  10.4  41.0  8.50 

SondefromcDl 1^.60  16.4  50.6  4.20 

BelleravenM 87.10  1.6  10.1  0.17 

Chou  fourrage  n«  1 .. .  83.40  8.1  9.0  0.86 

Rutabaga  n°  1 86.20  1.5  10.8  0.16 

"  Pomme  de  terre 78.00  2.8  22.7  0.48 

Trèfle  rouge  en  fleur. .  77.00  8.2  8.4  0.80 

Vesce  en  fleur 82.10  4.1  9.2  0.52 

Mais 80.40  1.8  12.0  0.61 

Chou  fourrage  n»  2....  84.00  2.8  8.5  0.80 

Betterave  n»  2 87.80  1.5  9.8  0.18 

Uulabagan''2 87.00  1.4  10.2  0.15 

Chou  fourrage  n»  8...  82.50  8.0  9.6  0.84 

BATIONS  DES  VACHES  N»»  2,   8  ET  4. 

N»  1.  —  Du  6  au  28  février. 

Matière  sèche.    Proléine  totale', 

Foin  de  pré llkil.  g^SSO  l''144 

Son  de  froment 2  —  1 .748  0.828 

ISkil.         ll^OgS  1H72 

^HHIHHMB  HHHH^HHM  MBaHB^i^B 

1 

Relation  nutritive  (M  :  7— ^ 
^  '     4.5 

(*)  Rapport  des  substances  protéiques  aux  substances  extraclives  non 
aiotées  anginentées  de  2  fois  1/2  les  matières  grasses  Cf^ûhn). 


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^T^ 


—  318  — 
N»  2.  —  Du  !•'  au  21  mars. 

Matière  sèche. 

Foin  de  pré 8kil.  2>'550 

Betterave 50  —  6.450 

Son  de  froment 2  —  1.748 

55kil.  40^^748 

1 

Relation  nutritive  :    -r-77 
4.9 

N*»  8.  —  Du  22  mars  au  12  avril. 

Matière  sèche. 

Foin  de  pré Skil.  2^^550 

Chou  fourrage  n<»  1 . . .    45  —  7.470 

Son  de  froment 1  —  0.874 

51  kil.  10^^894 

1 

Relation  nutritive  :   -r-r 
8.4 

N<»  4.  —  Du  18  au  26  avril. 

Matière  sèche. 

Foin  de  pré Skil.  2^550 

Rutabaga  n«>  1 45  —  6.21ff 

Son  de  froment 2  —  1.748 

50  kil.  10^^508 

1 

Relation  nutritive  :  -^-r 

D.l 

N«  5.  —  Du  26  avril  au  17  mai. 

Matière  sèche. 

Foin  de  pré Skil.  2^^550 

Pomme  de  terre 80  —  7 .  500 

Son  de  froment 1  —  0.874 

84  kil.  10^924 

Relation  nutritive  :    -t-tt 


Protéine  totale. 

0.940 
0.828 

l'SSO 


Protéine  totale. 

o^sia 

1.895 
0.164 

1*871 


Protéine  totale. 

0.812 
0.750 
0.164 


Protéine  total». 
OkSia 

0.840 
0.164 

i^sie 


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-319  — 
N»  6.  —  Du  18  mai  au  7  juin. 

Matière  sècbe.   Protéine  totale. 

Foin  de  pré 8kil.  ^^SiiO  O^'Sia 

Trèfle  rouge  en  fleur  •  •    50  —  6 .  150  1 .  600 

Son  de  froment 2  —  1.748  0.828 

55kil.  10^^448  a'^240 

1 
Relation  nutriUve  :  -^-r 
3.4 

N^  7.  —  Du  8  au  80  juin. 

Matière  sèche.    Protéine  totale. 

Foin  de  pré 8kil.  2^550  0''8I2 

Vesce  en  fleur 40  —  7.160  1 .640 

Son  de  froment 1  —  0.874  0.164 

44kil.  10*^584  2M16 

1 

Relation   nutritive  :  -tts 

2.8 

N«  8.  —  Du  1«  au  24  juillet. 

Matière  sècbe.    Protéine  totale. 

Foin  de  pré 11  kil.  9^  850   .        V"  144 

Son  de  froment 2  —  1.748  0.828 

18  kil.  11*^098  1H72 

1 

Relation  nutritive  :   -r-^ 
4.5 

N<*  9.  —  Du  25  juillet  au  21  septembre. 

Matière  sècbe.    Protéine  totale. 

Foin  de  pré 8kil.  2^550  0*^812 

Maïs  fourrage 40  —  7 . 840  0. 720 

Son  de  froment 1  —  0.874  0.164 

44  kil.  11^^264  1M96 

1 
Relation  nutritive  :   ^"^ 

0.1 


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—  340  — 
N^  10,  —  Du  22  septembre  -au  7  novembre. 

Matière  sèche.    Protéine  totale. 

Foin  de  pré 8  kil.  2>^  550  0^  8ia 

Chou  fourrage  n^a..    45  —  7.200  1.260 

Son  de  froment 1  —  0 .874  0 .  164 

49  kil.  10*^624  1^786 

Relation    nutritive  :   -s-r 

3.4 

No  11.  —  Du  8  au  80  novembre. 

Matière  sèche.    Protéine  totale. 

Foin  de  pré 8ka.  2>^550  0»^812 

Betterave  n»  2 50  —  6.100  0.750 

Son  de  froment 2  —  1.748  0.828 

55  kil.  10*^898  1^890 

Relation  nutritive  :  -^-^ 
N«  12.  —  Du  1"  au  31  décembre. 

Matière  sèche.    Protéine  totale. 

Foin  de  pré 8kil.  2»'550  0^^812 

Rutabaga  n<>  2. ......    50  —  6.500  0.700 

Sou  de  froment 2  —  1 .748  0.828 

55  kil.  10^798  l'^840 

1 

Relation  nutritive  :  -^-3- 
5.0 

N«  13.  —  Du  !•'  janvier  1886  au  7  février. 

Matière  sèche.    Protéine  totale. 

Foin  de  pré 8kil.  2>^550  0^812 

Chou  fourrage  n«  8...    40  —  7.000  1.200 

Son  de  froment 1  —  0.874  0.164 

44  kil.  10H24  1^676 

1 

Relation  nutritive  :  -r-r 
0.0 


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^321  — 

DaDS  une  ration  d'adulte  bien  équilibrée,  la  relation  nutri- 
tive doit  être  de  -f-  selon  Wolff,  de  -y-  d'après  Grouven  ; 
pour  d'autres,  elle  peut  s'élever  jusqu'à  4-*  Les  fouiTages 
dont  je  me  suis  servi  présentaient,  dans  celle  hypothèse,  un 
rapport  un  peu  trop  élevé  pour  le  chou  et  pour  les  légumi- 
neuses, trop  faible  pour  le  maïs  et  pour  la  pomme  de  terre, 
satisraisant  pour  le  foin,  la  betterave  et  le  initabaga.  L'ali- 
mentation a  donc  élé  tantôt  un  peu  au-delà,  tantôt  un  peu 
%n  deçà  des  limites  considérées  comme  les  plus  rationnelles, 
dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances.  Il  eût  été  plus 
scientifique  de  la  baser  exclusivement  sur  la  relation  nutritive. 
Mais  alors  j'aurais  dû  réduire  la  consommation  des  fourrages 
riches  en  substance  protéique,  dans  des  proportions  très 
différentes  de  celles  qui  sont  usuelles  chez  nos  cultivateurs 
et  la  prédominance  de  ces  fourrages  ,  ainsi  amoindrie , 
n'aurait  pas  aussi  bien  accusé  leur  influence  particulière  sur 
la  composition  du  lait. 

Les  traites  ont  été  pratiquées  trois  fois  par  jour  et  leur 
produit,  soipeusement  noté,  a  fourni  les  moyennes  ci-après 
pour  chaque  changement  d'alimentation.  En  consultant  ce 
tableau,  il  ne  faut  pas  oublier  que  la  vache  n^  1  vivait 
exclusivement  d'herl)e  verte  ou  sèche  et  que,  par  conséquent, 
les  fourrages  énumérés  s'appliquent  seulement  aux  autres 
animaux.  J'ai  rapproché  les  quatre  rendements  les  uns  des 
autres,  parce  qu'il  est  intéressant  de  les  comparer. 

Vache  n®  I,    Vache  no  2,    Vache  ifi  3,    Vachç  no  4, 
Régime.  8  ans.  10  ans.         11  ans.  4  ans. 

Foin  de  pré 8'.83  7'.88  7'.15  6^.98 

Betterave  n»  1 10.38  10.87  8.60  11.85 

Chou  fourrage  n'I..  11.51  11.76  8.83  12.07 

Rutabaga  n«  1 11.05  10.^  7.98  10.88 

Pomme  de  terre 10.94  9.51  6.91  8.06 


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%  Vache  no  1,    Vache  n«  9,    Vache  n»  3,    V«Bhe  do  4, 

Régime.  8  ans.  10  ans.  11  ans.  4  ans. 

Trèfle  rouge H».43  10M7  8».89       9>.99 

Vesce 9.89  10.24  8.48       9.80 

Foin  de  pré 9.91  7.20  5.99        8.11 

Maïs  fourrage 7.15  6.26  4.26       5.04 

Chou  fourrage  no  2. .  6.14  5.80  1.82       5.20 

Betterave  no  2 5.88  8.41                    4.18. 

Rutabaga  no2 2.81  1.25                     1.48 

Chou  fourrage  n<>  8 . .  1 .  86                                 1 .  07 

FIei8chmann  enseigne  que  la  période  de  la  lactation  offre 
ordinairement  quatre  phases  plus  ou  moins  distinctes  : 

La  première  correspond  au  maximum  de  production  et 
dure  environ  28  jours  ; 

A  ce  terme,  la  sécrétion  diminue  dans  le  rapport  de  8  &  S 
et  se  maintient  dans  ces  limites  pendant  2  mois  1/2  ; 

Puis,  le  rapport  de  réduction  devient  5  à  2  et  le  volume 
du  lait  reste  stalionnaire  pendant  plusieurs  mois  ; 

Il  diminue  ensuite  graduellement,  jusqu'à  ce  que  la  sécré- 
tion soit  supprimée. 

Les  choses  n'ont  pas  marché  exactement  de  cette  façon 
dans  mes  expériences.  L'augmentation  de  quantité  a  duré 
plus  de  deux  mois.  Elle  est  vraisemblablement  imputable  à 
plusieurs  causes,  parmi  lesquelles  l'adoucissement  de  la 
température  et  l'augmentation  du  pouvoir  nutritif  de  l'herbe, 
pour  la  vache  n*'  1,  l'élévation  de  la  relation  nutritive  et 
aussi  celle  de  la  température  pour  les  vaches  2,  8  et  4. 

  partir  du  18  avril,  la  décroissance  de  la  sécrétion 
commence  pour  tous  les  animaux.  J'en  domie  le  schéma 


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—  323  — 

dans  le  tableau  suivant ,  en  Taisant  observer  de  nouveau 
que  rindication  des  fourrages  ne  concerne  pas  la  vache 
n«  1. 

Diminulion  de  la  traite ,  en  centièmes  du  maximum  : 

No  i.  No  2.  No  3.  No  4. 

Rutabaga  nM 4-00  4.42.  10.89  14.00 

Poramcde  terre 4.95  19.18  21.92  88.22 

Trèfle  rouge 0.00  18.52  5.19  17.06 

Vesce 14.07  12.92  4.74  18.80 

Foin  de  pré 18.90  88.77  82.81  82.80 

Maïs  fourrage 87.88  45.91  51  86  58.24 

Chou  fourrage  n<>  2 . . .  46 .  67  56 .  80  85  08  56 .  91 

Betterave  n^»  2 5S.69  71.00  65.78 

Rutabaga  n^  2 75.58  89.87  88.15 

Chou  fourrage  n<»  8 . . .  88 .  18  91 .  18 

La  progression  déproissante  des  traites  est  manifestement 
plus  lente  et  plus  régulière  pour  la  vache  n®  1  que  pour  les 
autres,  ce  qui  doit  tenir  en  grande  partie  à  Tuniformité  de 
son  alimentation.  Elle  a  subi  un  temps  d'arrêt  marqué  vers 
la  fin  de  mai.  À  ce  moment,  le  pâturage  avait  sa  plus  grande 
valeur  et  la  traite  a  reconquis  son  chiffre  maximum  pendant 
une  période  de  20  jours  environ,  pour  diminuer  ensuite 
graduellement  jusqu'au  dernier  jour.  Pour  celte  vache,  la 
deuxième  période  de  Fleischmann  (diminution  87,5  V©)  a  donc 
commencé  au  sixième  mois,  au  lieu  d'être  inaugurée  avec 
le  deuxième,  et  sa  troisième  période  (diminution  60  ^/o)  a  été 
reculée  du  quatrième  au  neuvième  mois  de  la  lactation.  Cet 
écart  considérable  tient  sans  doute  au  retard  de  la  gestation, 
commencée  seulement  le  15  juin;  et  si  l'on  fait  remonter  les 
périodes  ii  cette  date,  elles  n'excèdent  plus  que  de  6  à  7 
semaines  celles  de  Fleischmann. 


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La  vache  n<*  4  est  dans  le  même  cas.  Saillie  avec  succès 
au  milieu  de  mai  seulement,  elle  a  conservé  un  rendemeot 
élevé  pendant  un  temps  beaucoup  plus  long  que  ne  le  com- 
porte la  loi  énoncée  par  Fleischmann,  mais  qui  se^  réduit  à 
un  excédent  de  4  à  5  semaines,  si  Ton  date  Texpérience  da 
15  mai.  Cette  prolongation  nVst  cependant  pas  négligeable 
et  elle  prouve  que  les  périodes  constatées  admettent  une 
certaine  élasticité,  bien  compréhensible  du  reste. 

Cette  réserve  faite,  deux  résultats  se  détachent  nettement 
du  dernier  tableau  :  l'action  déprimante  de  la  pomme  de 
terre  et  Teffet  stimulant  des  légumineuses.  Sous  Tinfluence 
du  premier  aliment,  la  traite  des  vaches  %  3  et  4  perd,  en 
trois  semaines,  19,  ^i  et  33  ^/o  de  son  volume  maximum. 
Tandis  que  l'usage  du  trèfle  et  de  la  vesce  ramène  cette 
perte  à  13,  5  et  19  «/o  en  chiffres  ronds,  malgré  Tinfluence 
contraire  duc  à  l'avancement  de  la  gestation. 

Vers  la  fin  des  expériences,  le  chou  fourrage  dont  le 
pouvoir  stimulant  était  si  évident  au  début,  manifeste  encore 
l'énergie  de  ses  effets  nutritifs  sur  la  vache  n^  4,  dont  il 
relève  légèrement  la  traite.  Mais  son  action  n'est  pas  appa- 
rente sur  la  vache  n*»  2  et  elle  ne  pouvait  pas  l'être  sur  la 
vache  n°  3,  qui  était  sur  le  point  de  tarhr. 

Comparons  maintenant  le  total  de  la  production  des  quatre 
vaches  : 

Moyeone 
quotidieuid . 

Vaclw  n«>  1 :  2,284  litres  de  lait  en  865  jours. . .  6*i*-20 

—  n<>  2:  1,892           —           305    —  .-.  6,  20 
~    no  3:  1,533           —           244    -   ...  6,  24 

—  no  4:  1,845  —  860     —  ...  5,  12 

Il  est  curieux  de  constater  que  des  vaches  soumises  h 
deux  régimes  alimentaires  très  différents  et  dont  l'âge  variait 


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-  un  - 

de  8  à  11  ans  ont  donné  une  moyenne  quotidienne  remar- 
quablement identique.  Le  rendement  de  la  dernière,  qui 
était  en  même  temps  la  plus  jeune,  est  inférieur  aux  autres 
de  17  <»/o.  Ce  résultat  était  prévu,  à  Tintensité  près  ;  l'animal 
était  à  sa  deuxième  portée  et  la  sécrétion  la  plus  abondante 
coïncide  en  général  avec  le  sixième  part. 

L'âge  et  la  nature  des  aliments  n'ont  donc  pas  sur  la 
sécrétion  lactée  une  influence  absolue.  L'individualité  semble 
jouer  le  premier  rôle  dans  le  développement  de  cette 
fonction. 

Pendant  toute  la  durée  des  observations,  le  lait  de  chaque 
vache  a  été  régulièrement  analysé  deux  fois  par  semaine 
au  moins,  souvent  trois  fois,  et  même  tous  les  jours  pendant 
une  certaine  période.  Les  échantillons  soumis  à  Fexamen 
chimique  provenaient  toujours  de  la  traite  du  matin.  Ce  n'est 
pas  celle  qui  fournit  le  lait  le  plus  riche  en  principes  nutritifs, 
mais  la  régularité  de  sa  composition  est  peut-être  plus 
grande  que  celle  du  produit  des  deux  autres,  et  d'ailleurs 
réloignement  du  champ  d'expériences  ne  permettait  pas 
d'utiliser  le  mélange  des  trois  traites. 

Les  résultats  dont  il  me  reste  à  parler  représentent  près 
de  deux  cents  analyses  pour  chaque  animal.  Ces  analyses 
ont  été  faites  à  l'aide  du  galaclotimèlre  du  D'  Adam.  Le 
glucose  et  l'acide  phosphorique  ont  été  dosés  volumétrique- 
ment,  le  premier  par  la  liqueur  de  Fehling,  le  second  avec 
Tazotate  d'urane.  Les  moyennes  des  dosages  effectués  chaque 
semaine  remplisssent  les  colonnes  ci-dessous  : 


Tableau. 


21 


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I 


a 

o 
a 


o 


O 

o 


z 

00 


Sucre. 


Caséine. 


Beurre. 


Acide       I 
^pliospborique.{ 


Sucre. 


Caséine.    1 

Beurre.     1 

Acide       I 
phosphorique.l 


Sucre. 


Acide 
Vphosphorique. 


Sucre. 


Caséine. 


Beurre. 


Acide 
l  phosphorique.l 


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—  328  - 

La  discussion  des  chiffres  qui  précèdent  n'est  pas  facile, 
en  raison  de  leur  nombre  et  des  variations  quotidiennes 
inévitables  que  subit  la  composition  du  lait.  Elle  va  devenir 
aisée  quand  j'aurai  réuni  en  une  seule  moyenne  tous  les 
dosages  fournis  par  les  échantillons  correspondant  h  chaque 
ration  en  particulier  : 

Moyennes   correspondant   à   chaque   ration. 


i 

FOURRAGES. 

VACHE  No  1. 

VACHE 

No  2. 

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. 

Foin  de  pré 

0.218 

4.61 

3.15 

5.38 

0.262 

4.50 

3.20 

5.44 

Betterave  no| 

0.209 

4.27 

3.05 

5.43 

0.229 

4.50 

3.16 

5.44 

Chou  fourrage  no  l . . 

0.218 

4.89 

3.23 

5.37 

0.248 

4.18 

3.38 

5.22 

Rutabaga  no  i 

0.212 

4.48 

3.33 

5.31 

0.252 

4.50 

3.21 

5.33 

Pomme  de  terre .... 

0.233 

4.44 

3.41 

5.39 

0.263 

5.14 

3.51 

5.11 

Trèfle  rongé 

0.230 

4.55 

3.40 

5.35 

0.253 

5.28 

3.41 

5.10 

Vesce 

0.227 

4.67 

2.96 

5.31 

0.232 

4.90 

3.08 

5.12 

Foin  de  pré 

0.235 

5.63 

3.08 

4.74 

0.213 

4.55 

3.40 

4.93 

Maïs 

0.220 

4.96 

3  20 

4.98 

0.230 

4.94 

3.29 

5.02 

Chou  fourrage  no  2 . 

0.217 

5.02 

3.44 

4.93 

0.228 

4.74 

3.48 

5.24 

Betterave  no  2 

0.221 

3.87 

3.59 

4.45 

0.237 

3.99 

3.88 

4.91 

Rutabaga  no  2 

0.229 

3.72 

4.08 

4.36 

1 

Choij^  fourrage  no  3. 

0.218 

3.20 

3.77 

3.46 

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-3i9  — 


Moyennes  correspondant   à   chaque   ration. 


FOURRAGES. 


FoÎD  de  pré , 

Betterave  no  1 .... , 
Cboo  fourrage  do  1 
Rutabaga  no  1 ... . 
Pomme  de  terre... 

Trèfle  ronge 

Ve*ce..... 

FoJD  de  pré 

Mais 

CboQ  fourrage  no  2 
Betterave  n»2.... 
Rutabaga  no 2.... 
Cbon  fourrage  no  3 


VACHE  No  3. 


e  sr 
o  o 


0.228 
0.227 
0.233 
0.232 
0.253 
0.246 
0.236 
0.223 
0.241 
0.217 


4.80 
4.45 
5.02 
4.56 
4.60 
5.09 
5.45 
4.64 
4.50 
3.63 


3.15 
3.27 
3.34 
3.36 
3.49 
3.30 
3.29 
3.33 
3.43 
5.18 


5.17 
5. .30 
5.27 
5.32 
5.16 
5.15 
5.18 
4.95 
4.84 
2  74 


VACHE  Jio  4. 


fi» 


0.269 
0.245 
0.244 
0.233 
0.248 
0.258 
0.240 
0.241 
0.236 
0.226 
0.236 
0,220 
0.130 


4.67 
4.18 
4.64 
4.53 
4.48 
4.74 
4.35 
3.88 
4.75 
4.60 
4.22 
3.71 
3.43 


3.23 
2.92 
3.34 
3.20 
3.47 
3.47 
3.37 
3.42 
3.32 
3.42 
3.71 
3.84 
3.68 


B 


3t 
53 
49 
48 
31 
35 
57 
77 
05 
38 
92 
38 


Un  coup-d'œil,  jeté  sur  les  tableaux  ci-dessus,  permet 
d'apprécier  les  changements  de  composition  corrélatifs  à 
chaque  modification  de  régime.  Examinons  d'abord  ceux 
qu'a  présentés  le  lait  delà  vache  nourrie  presque  exclusive- 
ment au  pré. 

Dans  celui-ci,  Yacide  phosphorique  a  éprouvé  des  alter- 
natives d'accroissement  et  de  diminution  assez  faibles,  et  son 
quantmn  est  redevenu,  la  dernière  semaine,  exactement  ce 


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—  330  — 

qu'il  était  pendant  la  première.  Son  point  culminant  comcide 
avec  les  mois  de  mai  et  de  juin. 

Le  beurre  s'est  maintenu  sensiblement  stationnaire  pendant 
sept  mois,  avec*  trois  maxima ,  en  mars,  en  juillet  efen 
septembre.  A  ce  moment,  il  a  brusquement  fléchi  de  14  V© 
d'abord,  puis  de  29  ^/o  pour  finir. 

La  caséine  a  suivi  une  progression  ascendante  jusqu'au 
milieu  de  mai.  Une  cause  inaperçue  la  fait  alors  passer  par 
un  minimum,  dont  elle  se  relève  promptement  pour  reprendre 
sa  marche  primitive  jusqu'à  la  fin  de  l'expérience,  qui  la 
trouve  en  hausse  de  19,68  Vo- 

Le  sucre  est  parti  d'un  maximum  qu'il  n'a  pour  ainsi  dire 
pas  dépassé.  Sa  décroissance  a  été  aussi  régulière  que  pos- 
sible, sauf  pendant  le  dernier  mois  oii  une  baisse  rapide  lui 
fait  perdre  plus  de  85  **/o  de  son  poids  initial. 

Dans  le  lait  des  vaches  n^»  2,  8  et  4  les  variations  ne  sont 
ni  absolument  identiques  à  celles  du  lait  n^  1,  ni  semblables 
entre  elles. 

La  proportion  d'acide  phosphorique  acquise  pendant  le 
régime  au  foin  diminue  sensiblement  avec  la  betterave,  pour 
se  relever  un  peu  avec  le  chou  fourrage  et  surtout  avec  la 
pomme  de  terre  et  avec  le  trèfle.  Elle  baisse  ensuite  jusqu'à 
la  terminaison,  d'une  manière  un  peu  irrégulière,  faible  pour 
le  n«  2  et  le  n<>  8,  qui  perdent  9,54  et  4,85  Vo>  forte  pour 
le  n®  4  qui  perd  51,67  Vo  de  sa  caséine  des  premiers  jours. 

Le  beurre  n'a  pas  éprouvé  de  variations  comparables  dans 
les  trois  laits.  Il  a  légèrement  augmenté  avec  l'usage  de  la 
pomme  de  terre  et  des  légumineuses.  Les  autres  aliments  ont 
produit  des  changements  de  sens  différent  et,  finalement,  le 
beurre  a  diminué  de  11  Vo  (n«  2)  et  de  24  ^o  (n°»  3  et  4). 

La  caséine  des  laits  n<*»  2  et  4  suit  une  marche  parallèle. 
Elle  accuse  trois  minima,  correspondant  aux  rations  de 
betterave ,  de  rutabaga  et  de  vesce  ;  trois  maxima ,  pour 


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-331    - 

le  chou,  la  pomme  de  terre  et  le  foin  de  pré.  Celle  du  lait 
n«  8  progresse  jusqu'au  moment  où  commence  la  consom- 
mation du  trèfle,  elle  subit  alors  une  atténuation  qui  disparait 
seulement  avec  Talimentation  au  foin,  pour  faire  place  Ji  une 
augmentation  considérable  et  ininterrompue. 

Le  sucre,  enfin,  décroît  graduellement  et  très  réguliè- 
rement dans  le  lait  n«  3.  Pour  le  n^  %  la  différence  consiste 
en  une  légère  augmentation  de  titre  déterminée,  vers  la  fin 
de  la  lactation,  par  le  maïs  et  par  le  chou  fourrage,  tandis 
que  le  n®  4  manifeste  trois  périodes  décroissantes,  commen- 
çant respectivement  aux  rations  de  betterave  (1"  mars),  de 
vesce  (7  juin),  et  de  chou  fourrage  (22  septembre),  et  abou- 
tissant 'a  une  diminution  finale  importante,  comme  celle  du 
n«8. 

Pour  se  rendre  un  compte  exact  des  différences  imprimées 
à  la  composition  du  lait  par  le  développement  du  fœtus,  en 
dépit  de  l'action  des  fourrages  les  plus  énergiques,  il  est 
nécessaire  maintenant  de  comparer  les  dosages  du  premier 
et  du  dernier  jour  et  non  plus  les  moyennes  d'un  espace  de 
trois  semaines  au  minimnm  : 

Variations    extrêmes. 


Vache  no  1.. 
•—    no  2.. 

—  no  3.. 

—  no  4.. 

il             — 

ACIDE 

PROSPHORIQUE. 

BEURRE. 

CASÉINE. 

SUCRE. 

Début. 

Fin. 

Début. 

Fin. 

Début. 

Fin. 

Début. 

Fin. 

0.239 
0.295 
0.238 
0.293 

0.214 
0.251 
0.176 
0.160 

4.92 
4.83 
5.91 
5.29 

3.20 
4.45 
3.81 
3.18 

3.40 
3.57 
3.13 
3.55 

3.27 
3.77 
5.40 
3.32 

5.42 
5.23 
5.04 
5.08 

1.60 
4.38 
1.91 
2.62 

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—  334- 

li  ressort  de  ces  données  que  Yacide  photphorique  a 
diminué,  du  commencement  à  la  fin  des  expériences,  dans  la 
proportion  de  : 

10,46  ®/o  de  son  poids  initial,  pour  le  m  1. 

14,91      —                   —  n»  2. 

26,50      —                    —  no  8. 

45,39      —                    —  n«  4. 

La  proportion  du  beurre  a  également  baissé.  La  perte, 
en  centièmes  du  poids  primitif,  est  de  : 

84,95  pour  le  lait  n»  1. 

7,86       —       n^  2. 

85,53        —        n*»  8. 

89,82       —       n<>  4. 

La  caséine  aflecte  des  variations  diamétralement  opposées, 
dont  les  écarts  sont  considérables  : 


o» 


Le  lait  n^  1  en  perd     7,94  V, 

—  n<>  2  en  gagne  5,80  — 

—  n^  8  en  gagne  48,88  — 

—  n<>  4  en  perd     6,47  — 

Les  différences  accusées  par  le  sucre  sont  les  plus  fortes. 
Elles  marquent  toutes  une  diminution  représentée  par  : 

70,47  Vo  du  poids  initial,  pour  le  n^  1. 

16,25  —                —              no  2. 

62,10  —                —              n<>  3. 

48,42  —                 —               n«  4. 

En  somme,  il  n'est  pas  constant  que  la  masse  des  éléments 
solides  du  lait  augmente ,  de  la  délivrance  à  la  fin  de  la 
lactation,  comme  l'avance  Wolff.  Dans  les  expériences 
auxquelles  je  me  suis  livré,  tous  ces  éléments  tendaient  vers 


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-^333-- 

une  réduction  souvent  importante,  qui  ne  pouvait  être  com- 
pensée par  raccroisscmenl  de  la  caséine,  survenu  deux  fois 
seulement  sur  quatre  et  dans  des  proportions  insuffisantes. 
L'alimentation  des  vaches  était  cependant  de  nature  à  com- . 
battre  cet  abaissement  de  titre  dans  la  mesure  du  possible. 
Les  rations  de  chou  et  de  légumineuses  excédaient  même  les 
besoins  de  la  nutrition,  sous  le  rapport  des  substances  pro-^ 
léiques,  et  je  ne  les  donne  pas  comme  des  modèles  à  suivre, 
au  point  de  vue  économique.  Mais  l'inégalité  des  effets  qu'elles 
ont  produit,  malgré  leur  exagération,  indique  précisément 
que  les  aptitudes  individuelles  sont  encore  ici  la  cause  pré- 
pondérante des  variations  constatées. 

En  présence  des  rendements  fournis  par  le  foin,  d'une 
part,  et  par  les  fourrages  verts,  de  l'autre,  il  est  à  peine 
utile  de  discuter  la  valeur  réciproque  de  ces  deux  sortes 
d'aliment.  Au  début  de  mes  observations  et  alors  qu'elle 
aurait  dû  être  maximum,  la  séci^lion  lactée  restait  faible 
sous  l'influence  du  foin,  tandis  qu'elle  a  pris  un  essor  immé- 
diat sous  l'impulsion  de  la  betterave  et  du  chou  fourrager.  Je 
ne  puis  donc  partager  l'opinion  du  docteur  Krœmer,  qui  pré- 
conise l'emploi  exclusif  des  fourrages  secs.  Les  reproches  faits 
aux  aliments  verts,  de  présenter  une  composition  chimique* 
différente  aux  divers  moments  de  leur  utilisation  et  d'exposer 
les  animaux  à  des  troubles  de  nutrition  fâcheux,  h  chaque 
changement  de  nourriture,  sont  largement  compensés  par  la 
digestibilité  plus  grande  de  tous  les  végétaux  qui  n'ont  pas 
séché.  D'un  autre  côté,  on  n'obtient  pas  toujours  une  unifor- 
mité absolue  avec  les  fourrages  secs  même  de  bonne  qualité  ; 
dès  lors,  h  quoi  bon  renoncer  à  des  avantages  certains  pour 
courir  après  des  bénéfices  problématiques  ? 

Je  ne  crois  pas  non  plus  que  la  pomme  de  terre  mérite  la 
qualification  d'énergique  fourrage  à  lait  qui  lui  est  donnée 
par  Kùlm.  On  a  vu  précédemment  qu'elle  avait  accru  la 


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—  334  — 

richesse  du  lait  en  acide  phosphorique,  en  beurre  et  en 
caséine  ;  mais  elle  a  provoqué  une  diminution  sensible  de 
quantité.  On  sait,  de  plus,  qu'elle  donne  au  beurre  une 
qualité  médiocre.  Je  suis  surpris  aussi  de  voir  Kûbn  recom- 
mander de  l'administrer  crue,  sous  prétexte  que  cuite  elle 
diminue  la  production  du  lait  tout  en  améliorant  sa  compo- 
sition. Je  suis  convaincu,  pour  l'avoir  tenté  dans  une  autre 
circonstance,  que  ce  fourrage  augmente  de  valeur  par  la 
coction  à  l'eau  ou  à  la  vapeur.  Kuhn  reconnaît,  du  reste, 
qu'il  agit  favorablement  sur  le  volume  et  sur  la  richesse  du 
lait,  lorsqu'on  le  délaie  dans  un  liquide  chabd,  après  l'avoir 
fait  cuire  à  la  vapeur. 

Quand  on  introduit  la  pomme  de  terre  dans  l'alimentation 
d'une  vache  laitière,  il  n'est  pas  rare  de  voir  l'animal  pris  de 
diarrhée,  si  les  tubercules  n'ont  pas  été  convenablement 
divisés  ou  si  leur  proportion  est  trop  forte.  Malgré  les 
précautions  dont  j'ai  entouré  son  emploi  dans  mes  essais, 
j'ai  dû  en  modérer  l'usage  tout  d'abord,  et  il  a  fallu  quelques 
jours  pour  arriver  à  en  faire  tolérer  80  kilogrammes. 

Conclusions.  —  t®  L'accroissement  de  la  somme  des 
éléments  solides  dans  le  lait,  pendant  la  période  de  la  lactation, 
n'est  pas  un  fait  constant.  Le  contraire  a  été  la  règle  dans 
mes  expériences. 

*1^  L'acide  phosphorique  a  diminué  de  quantité  pendant  la 
même  période. 

8<^  Il  en  a  été  de  même  du  beurre  et  du  sucre. 

4<'  La  caséine  a  présenté  deux  fois  une  augmentation  et 
deux  fois  une  diminution. 

5«  L'âge  des  vaches  en  observation  n'a  paru  influer  sur  la 
production  du  lait  que  pour  un  très  jeune  si^et,  qui  était  à 
sa  deuxième  portée. 

6<>  La  valeur  nutritive  des  aliments  a  manifestement  accru 
la  quantité  comme  la  qualité  du  lait. 


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-335  — 

7*»  Malgré  rafiarmation  de  Krœmer ,  les  fourrages  verts 
sont  préférables  aux  fourrages  secs  pour  Tenlretien  des  vaches 
laitières. 

8<*  Les  meilleurs  fourrages  verts  de  la  région  de  l'Ouest 
sont,  de  beaucoup,  le  chou  et  les  légumineuses  (trèfle,  vesce, 
etc.).  Viennent  ensuite  la  pomme  de  terre,  le  rutabaga,  la 
betterave,  le  maïs. 

9®  Les  différentes  phases  admises  dans  le  cours  de  la 
lactation  sont  susceptibles  d'une  large  extension. 

10<>  Le  facteur  le  plus  important,  parmi  ceux  qui  sont 
susceptibles  de  modifier  l'abondance  et  la  composition  du 
lait,  c'est  l'individualité. 


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COMPOSITION  DU  BEURRE 
AUX  DIVERSES  ÉPOQUES  DE  LA  LACTATION  DES  VACHES 

Par  a.    ANDOUARD, 
Directeur  de  la  Statioo  agrooomique  de  la  Loire-Ioférieure. 


La  vérification  de  la  pureté  du  beurre  est  généralement 
basée  sur  le  dosage  des  acides  gras  fixes  et  des  acides  gras 
volatils  qu'il  contient.  A  la  suite  de  recherches  nombreuses, 
la  quotité  des  uns  et  des  autres  a  été  circonscrite  par  les 
expérimentateurs  dans  des  limites  assez  étroites  pour  être 
considérées  comme  à  peu  près  invariables.  Ce  sont  ces  limites 
qui  servent  actuellement  à  décider  de  la  loyauté  des  livrai- 
sons. Rien  de  mieux,  si  les  proportions  des  acides  fixes  et 
celles  des  acides  volatils  ne  sont  influencées  ni  par  Tâge  des 
animaux,  ni  par  les  conditions  dépendant  de  la  race,  de 
Talimentation,  de  l'état  d'avancement  de  la  gestation,  etc. 
Dans  le  cas  contraire,  il  est  important  d'être  édifié  sur  la 
grandeur  de  la  perturbation  produite  par  chacune  des  causes 
déterminantes.  Le  problème  est  extrêmement  délicat  et  il 
exigera  des  études  aussi  longues  que  variées.  Je  me  suis 
proposé  d'en  aborder  un  point,  en  évaluant  l'ensemble  des 
acides  fixes  d'une  part  et  celui  des  acides  volatils  de  l'autre, 
abstraction  faite  de  leur  composition  chimique  respective. 

A  cet  effet,  j'ai  utilisé  le  lait  des  quatre  vaches  de  race 
parlhenaise  affectées  aux  expériences  relatées  dans  le  mémoire 
qui  précède.  Je  pouvais,  en  l'employant,  apprécier  dans  une 


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-337  — 

certaine  mesure  les  variations  dues  à  Tâge  des  animaux,  à 
leur  régime  alimentaire  et  aux  diverses  périodes  de  la  lacta- 
tion. Les  beurres  ont  été  préparés  à  la  Station  agronomique 
avec  toutes  les  précautions  nécessaires  ;  ils  ont  été  soigneu- 
sement délaités ,  mais  non  lavés,  et  portés  au  laboratoire 
aussitôt  après  leur  fabrication. 

Le  dosage  des  acides  gras  fixes  a  été  effectué  par  la 
méthode  de  Hehner  et  Angell.  La  prise  d'échantillon  repré- 
sentait environ  8  grammes  de  beurre.  Le  lavage  était  fait 
avec  un  litre  d'eau  maintenue  constamment  à  100*.  Heintz  et 
Vieth  ont  fait  remarquer  avec  raison  que  celte  quantité  d'eau 
n'est  pas  suffisante  pour  enlever  au  beurre  tout  ce  qu'il 
renferme  d'acides  solubles.  Mais  je  me  suis  assuré,  par  des 
essais  multipliés,  que  l'efficacité  du  lavage  dépend  presque 
autant  de  la  manière  dont  il  est  exécuté  que  de  l'excès  de 
liquide  qu'on  y  emploie.  Quand  on  prend  la  précaution  de 
verser  l'eau  bouillante  de  manière  à  diviser  la  substance 
grasse  en  globules  peu  volumineux,  ce  qui  reste  d'acides 
solubles,  après  le  passage  d'un  litre  d'eau  bouillante  sur  le 
filtre,  est  assez  faible  pour  être  négligé  dans  des  recherches 
comparatives  comme  celles  qui  font  l'objet  du  présent  travail. 

Pour  évaluer  les  acides  volatils,  j'ai  suivi  le  procédé  de 
Reichert,  en  remplaçant  l'acide  sulfurique  par  l'acide  phos- 
phorique,  ainsi  que  l'a  indiqué  M.  Schmitt  (*).  La  saponifi- 
cation portait  chaque  fois  sur  2  gr.  50  de  beurre,  traités 
par  1  gr.  de  soude  caustique  dissoute  dans  80  centimètres 
cubes  d'alcool  à  90°.  Après  avoir  chassé  l'alcool  complète- 
ment, à  la  chaleur  du  bain-marie,  le  savon  était  dissous  dans 
assez  d'eau  pour  donner  un  volume  de  solution  rigoureuse- 
ment égal  à  75  centimètres  cubes.  Je  la  distillais  alors,  en 

(^)  Au  moment  où  ce  travail  a  été  entrepris,  M.  Duclaux  n*avait  pas 
encore  fait  connaître  Texcellentc  méthode  qu  il  a  publiée  depuis. 


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—  338  — 

présence  d'un  léger  excès  d'acide  phosphorique,  et  je 
recueillais  exactement  60  centimètres  cubes  de  produit  acide, 
que  je  titrais  avec  une  solution  décinormale  de  soude  pure. 

Lorsqu'on  opère  ainsi,  on  dissipe  peut-être  une  petite 
quantité  des  acides  à  doser.  Mais  la  perte  est  bien  faible  et 
assez  régulière  quand  on  a  soin  d'évaporer  à  siccité  la 
solution  alcoolique  de  savon,  sans  dépasser  la  température 
de  100**.  Dans  ces  conditions,  les  résultats  restent  compa- 
rables, tandis  que  si  le  liquide  à  distiller  contient  de  l'alcool, 
les  acides  condensés  diminuent  d'autant  plus  qu'ils  s'échappent 
d'un  milieu  plus  alcoolique. 

Dans  les  tableaux  ci-après,  les  numéros  des  beurres  cor- 
respondent à  ceux  des  vaches  du  précédent  mémoire  : 

ACIDES  GRAS  FIXES  CONTENUS   DANS  100  GRAMMES  DE  BEURRE. 


Mars 


Avril  < 


Mai 


Juin. 


N»  1. 

.N»i. 

No  3. 

N«  t. 

7 

86.78 

87.00 

87.52 

87.14 

16 

86.53 

87.42 

87.84 

86.80 

23 

86.98 

86.87 

86.67 

86.10 

81 

86.87 

86.60 

86.23 

86.26 

8 

86.80 

86.70 

87.12 

87.28 

18 

86.60 

86.86 

87.46 

87.28 

21 

86.00 

87.00 

88.85 

88.03 

27 

86.86 

86.90 

88.50 

87.98 

4 

86.19 

87.88 

88.92 

87.56 

12 

86.88 

87.92 

87.86 

88.00 

18 

86.40 

87.47 

87.60 

87.60 

26 

86.48 

86.80 

87.68 

87.50 

1 

86.48 

87.63 

87.27 

88.58 

4 

86.98 

87.04 

88.68 

87.96 

10 

86.80 

86.70 

87.90 

88.27 

18 

86.60 

87.00 

87.80 

87.78 

24 

86.86 

87.10 

86.47 

88.67 

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--  339  - 


K»  1. 

N»  2. 

N»  3. 

No  4. 

Juillel 

1 

86.70 

87.70 

87.27 

88.37 

—    

9 

86.67 

87.16 

86.60 

87.53 

—    .... 

16 

87.20 

86.72 

87.60 

87.88 

Août 

4 

86.50 

87.93 

86.93 

88.60 

'              »  »  •  t  • 

H 

86.75 

87.40 

87.50 

88.06 

••  •  •  • 

27 

86.70 

87.80 

87.70 

88.24 

Septembre . . 

9 

86.00 

86.68 

87.80 

88.08 

16 

87.10 

86.76 

88.37 

87.84 

25 

86.76 

86.90 

87.48 

86-77 

Octobre — 

7 

86.52 

87.34 

87.50 

—    

16 

86.97 

87.52 

87.68 

—    

24 

86.70 

87.40 

88.87 

Novembre., 

9 

86.88 

87.60 

—    

28 

86.96 

87.48 

Décembre . . 

4 

87.10 

88  00 

—    

25 

87.08 

87.96 

Janvier  .... 

8 

87.00 

88.67 

-    24 

Valeur  moyenne: 

86.90 

^  86.60 

86.68 

87.12 

87.61 

87.68 

ACIDES  GRAS  VOLATILS. 

Quantités  de  soude  décinormale  nécessaires  pour  saturer 
les  acides  produits  par  2«,50  de  beurre  : 

1885                                       No  i.               Ho  2.  No  3.  No  4. 

Mars 7         14««2         18"4  14«6  15««2 

—     16          14.6          18.9  14.2  15.5 

—    28         14.0         18.6  14.7  14.8 

—     81          14.5          14.0  15.0  14.3 

Avril 8         14.1          18.7  14.7  14.5 

_    18         14.7         18.8  14.8  14.0 


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—  340- 

lg85  N"  1.  No  s.  Ro  3.  Ro  4. 

Avril 21  14.4  18.8  15.4  14.4 

-     27  14.8  13.9  15.0  18.8 

Mai 4  14.1  14.1  14.7  14.3 

-     12  14.6  18.8  14.9  14.9 

~    18  14.8  18.6  15.8  14.6 

—    26  14.5  18.8  15.6  15.1 

Juin 1  18.9  18.9  14.9  15. S 

-     4  14.6  18.7  14.7  15.2 

-     10  14.2  18.6  15.1  15  4 

—    18  14.8  14.0  14.8  15.0 

-     24  14.2  14.0  15.2  15.4 

Juillet 1  14.0  18.5  14.7  15.2 

—    9  14.7  18.8  14.6  14.5 

—    16  14.7  18.6  14.8  14.1 

Août 4  14.8  13.9  14.6  15.0 

~    .....  12  14.5  18.7  14.9  15.8 

Septembre..  9  18.0  13.8  15.0  14.7 

—  .....  16  12.8  14.2  15.8  14. S 

—  .....  25  14.1  14.0  15.1  14.0 
Octobre....  7  18.6  18.7  14.6 

-    16  13  5  18.6  14.9 

—     24  14.2  18.9  14.6 

Npvembre..  9  13.1  14.8 

-     23  18.8  14.9 

Décembre..  4  18.7  15.8 

—    25  18.4  15.7 

1886 

Janvier 8  134  15.8 

-    24  18.8  14.9 

De  ces  résultats,  on  peut  déduire  les  conclusions  suivantes: 
La  moyenne  des  acides  gras  fixes  n'a  pas  été  la  même 


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—  341  — 

pour  les  quatre  beurres;  les  différences  sont  de  0,5  à 
l^/o; 

L'âge  des  vaches  n'a  pas  manifesté  d'influence  sur  la 
^proportion  de  ces  acides  ;  les  moyennes  les  plus  voisines 
sont  celles  de  la  vache  la  plus  jeune  (4  ans)  et  celles  de  la 
vache  la  plus  âgée  (12  ans). 

Le  régime  alimentaire  n'a  pas  semblé  modifier  notablement 
la  proportion  des  acides  fixes.  Il  y  a  lieu  de  remarquer 
cependant  que  la  vache  n«  1,  dont  la  nourriture  était 
uniforme,  a  donné  du  beurre  plus  constant  que  les  autres 
dans  sa  composition.  Le  beurre  n®  4  a  présenté  les  écarts 
le  plus  considérables,  sans  que  ces  écarts  correspondent  aux 
changements  successifs  d'alimentation. 

Les  diverses  périodes  de  la  lactation  n'ont  pas  apporté 
de  trouble  sensible  dans  la  quotité  des  acides  fixes  produits  ; 
on  la  retrouve,  à  la  fin,  ce  qu'elle  était  au  début  ; 

Les  variations  de  quantité  que  l'on  observe  entre  les 
différents  beurres  semblent  principalement  inhérentes  k 
l'individuaUté. 

Les  mêmes  observations  conviennent  aux  acides  volatils  : 
l'âge,  le  régime  alimentaire  des  animaux  ,  la  période  de  la 
lactation  n'ont  pas  amené  de  changement  marqué  dans  leur 
production.  Il  est  à  remarquer,  toutefois,  que  le  n®  1  subit 
une  progression  décroissante  sensible  dans  les  cinq  derniers 
mois  de  l'expérience. 

La  proportion  de  ces  acides  n'est  pas  la  môme  dans  les 
quatre  beurres  :  minimum  dans  le  n^  2,  elle  est  maximum 
dans  le  n®  4. 

Bien  qu'il  soit  difficile  de  voir  dans  leurs  variations 
légères  l'influence  directe  des  aliments,  on  ne  peut  s'empêcher 
d'être  frappé  de  l'opposition  que  présentent  les  beurres 
1  et  4,  au  point  de  vue  de  la  fixité  de  la  composition 
chimique  :  le  premier  est  d'une  régularité  presque  absolue 

Î2 


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—  342  — 

Jusqu'au  mois  de  septembre ,  tandis  que  le  dernier  subit 
constamment  des  oscillations  assez  étendues,  comme  dans  le 
cas  des  acides  fixes.  Sans  prétendre  donner  une  explication 
de  cette  divergence,  je  dois  dire  que  la  vache  n®  1  était  douée  ^ 
d'un  appétit  robuste,  alors  que  le  n»  4  était  capricieux  k 
l'égard  de  la  nourriture. 

Je  répète  en  terminant,  que  les  déductions  qui  précèdent 
ne  peuvent  être  prises  dans  un  sens  absolu.  Elles  marquent 
seulement  un  premier  pas  dans  une  voie  incomplètement 
parcourue  et  elles  appellent  tout  à  la  fois  des  contrôles 
multiples  et  une  extension  considérable  auxquels  sont  égale- 
ment intéressées  la  physiologie  et  la  sécurité  des  transactions 
commerciales. 


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CHAMP   D'EXPÉRIENCES 
DE  LA  STATION  AGRONOMIQUE  DE  LA  LOIRE-INFÉRIEURE 

PAR  A.  ANDOUARD,  dirbgtbur. 

CULTURES    PAR    V.    DEZAUNAY. 


Le  chaïDp  d'expériences  de  la  Station  agronomique  forme 
un  parallélogramme  allongé  de  Test  à  Touest  et  présentant 
une  pente  assez  régulière  de  12  millimètres  par  mètre.  Son 
inclinaison  'est  tournée  vers  le  nord. 

Il  comporte  vingt  planches  parallèles  exactement  semblables, 
orientées  du  sud  au  nord  et  séparées  les  unes  des  autres  par 
des  allées  d'un  mètre  de  largeur,  qui  s'opposent  en  tout 
temps  au  mélange  des  engrais  particuliers  à  chacune  d'elles. 
Chacune  des  planches  mesure  110  mètres  de  longueur  sur 
9  mètres  de  largeur,  soit  une  superficie  de  10  ares.  Leur 
ensemble  représente  par  conséquent  une  surface  cultivée  de 
deux  hectares.  Nous  les  avons  groupées  en  séries  de  cinq, 
affectées  à  quatre  cultures  distinctes. 

En  dehors  de  ces  vingt  parcelles,  une  autre  un  peu  moins 


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—  344  — 

large,  numérotée  zéro,  est  réservée  aux  essais  spéciaux  qu'il 
pourrait  sembler  utile  d'entreprendre. 

Le  sol  est  argilo-siliceux.  Le  sous-sol,  entièrement  imper- 
méable, est  formé  d'une  épaisse  couche  d'argile.  Nous  avions 
pensé,  tout  d'abord,  établir  près  de  chaque  planche  un  drai- 
nage qui  en  eut  assuré  l'assainissement.  Nous  avons  aban- 
donné ce  plan  pour  deux  motifs  :  nous  voulions  rester  dans 
les  conditions  générales  de  la  culture  du  pays,  puis  nous 
craignions  d'entraîner  trop  énorgiqaement  les  engrais  en 
expérimentation.  Nous  nous  sommes  bornés  k  creuser  entre 
les  planches  les  sentiers  dont  il  vient  d'être  question,  dans 
le  but  de  faciliter  l'écoulement  de  l'eau  qui  n'est  pas  absorbée 
par  la  terre.  Pour  recevoir  cette  eau ,  un  collecteur  a  été 
fait  à  la  partie  la  plus  déclive  du  champ  d'expériences  et 
dans  toute  sa  longueur.  Cette  disposition  nous  permet,  en 
outre ,  d'évaluer  la  déperdition  des  engrais  qui  peut  résulter 
de  l'action  de  l'eau  pluviale. 

La  composition  chimique  de  chaque  planche  a  été  déter- 
minée avec  soin,  pour  le  sol  et  pour  le  sous-sol,  sur  la 
terre  séchée  à  l'air  libre  ;  il  est  nécessaire  d'y  jeter  un  coup 
d'oeil  avant  de  parler  des  cultures  qui  ont  rempli  le  présent 
exercice  : 


Tableaux. 


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349  - 

Si  Ton  calcule  la  quantité  des  principaux  éléments  ferlilisants 
contenus  dans  le  sol  et  dans  le  sous-sol,  en  admettant  pour 
la  couche  arable  une  épaisseur  de  20  centimètres,  qui  est 
inférieure  h  la  vérité  dans  le  cas  présent,  on  trouve  pour 
les  2,000  mètres  cubes  de  terre  qui  couvrent  1  hectare  : 

Azote 4  à  5.000  kilog. 

Acide  phosphorique  (i) ..  2  à  4.000    — 

Potasse 8  h  9.000    — 

Chaux 5  h  7.000    ~ 

Ces  quantités  sont  suffisantes  pour  assurer  la  fertilité  du 
champ  d'expériences,  sauf  en  ce  qui  concerne  la  chaux,  dont 
la  proportion  est  si  faible  qu'il  faudra  en  exagérer  le.  quantum 
dans  toutes  les  fumures  h  venir.  L'analyse  des  terres  n'ayant 
pu  être  effectuée  à  l'époque  des  premiers  ensemencements, 
aucune  addition  de  calcaire  n'a  été  fournie  aux  cultures  dont 
nous  avons  à  nous  occuper  aujourd'hui,  mais  celte  précau- 
tion a  été  prise  dès  la  seconde  année.  Voici  maintenant  les 
soins  apportés  à  la  préparation  du  sol  et  à  l'entretien  des 
végétaux  en  expérience. 

Chaque  planche  a  reçu  tout  d'abord  un  léger  labour  à 
plat  suivi  de  hersages  répétés.  Sur  le  sol  bien  égalisé  on  a 
semé  les  engrais,  puis  on  les  a  enterrés  par  un  labour  pro- 
fond. De  nouveaux  hersages  ont  achevé  l'ameublissement 
parfait  de  la  terre.  A  ce  moment,  les  planches  étaient  prêtes 
k  recevoir  la  semence,  qui  devait  leur  être  confiée  soit  par  le 
semoir,  pour  les  cultures  h  plat,  soit  à  la  main,  pour  les 
cultures  en  billons. 

Nous   pensons   que    les  engrais   doivent   toujours   être 

(*)  Nous  ne  Itîiîoiis  pas  comple  de  la  proportion  d'acide  phosphoiique 
contenue  dans  le  sol  n*>  I  ;  elle  est  trop  faible  cl  hop  diffi^rcnle  des  autres 
pour  être  exacte. 


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—  350- 

mélangés  au  sol  de  la  manière  qui  vient  d*6tre  indiquée, 
plutôt  que  d'être  répandus  dans  le  sillon  sur  lequel  on  doit 
semer  ou  piquer  les  plantes-  Dans  le  premier  cas,  Tinfluence 
de  Tengrais  se  manifeste  lentement,  mais  elle  est  régulière 
et,  k  toute  époque  de  sa  vie,  le  végétal  trouve  à  portée 
de  ses  radicelles  l'aliment  nécessaire  au  développement  de 
ses  organes.  Dans  le  second  cas,  la  plante,  énergiquement 
stimulée  tout  d'abord  par  un  excès  d'engrais,  prend  un 
accroissement  rapide  et  bientôt  ses  radicelles,  dépassant  la 
zone  fertilisée,  pénètrent  dans  une  terre  plus  maigre,  d'où 
elles  ont  peine  à  extraire  les  éléments  indispensables  à  la  nu- 
trition du  sujet.  La  végétation  subit  alors  un  ralentissement 
fâcheux ,  toujours  préjudiciable  h  la  qualité  des  produits. 
■  Les  sarclages  ont  été  bien  faits,  mais  ils  n'ont  pas  été 
aussi  nombreux  que  nous  l'aurions  désiré,  pour  des  causes 
diverses.  Nous  n'avions  pas,  du  reste,  l'intention  de  les 
multiplier  à  l'excès,  afin  de  rester  dans  les  conditions  de  la 
grande  culture. 

Nous  nous  sommes  proposé  pour  but,  dans  nos  expériences, 
d'étudier,  sur  un  ensemble  de  cultures  susceptibles  de  pour- 
voir aux  principaux  besoins  de  la  ferme,  l'action  des  engrais 
aptes  à  donner  des  rendements  élevés  en  même  temps  qu'à 
suppléer  en  partie  le  fumier,  dont  la  production  est  géné- 
ralement inférieure  aux  besoins.  Parmi  les  engrais,  nous 
avons  fait  choix  des  mélanges  suivants,  que  nous  calculons 
pour  une  superficie  d'un  hectare  : 

NM. 

1.000  kiK  phosphate  fossile  à  18  <>/o  d'acide  phosphorique, 
250  —  nitrate  de  soude  à  1S,60  %  d'azote, 
correspondant  à  : 

Acide  phosphorique 180  kil. 

Azote 89  — 


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—  351  — 

1 .000  kil.  phosphate  fossile  à  18  <>/o  d'acide  phosphoi 
250  —  nitrate  de  soude  à  15,60  Vo  d'azote, 
250  —  chlorure  de  potassium  à  59,00  *>/o  de  [)0\ 

correspondant  à  : 

Acide  pliosphorique 180  kil 

Azote  nitrique 39  — 

Potasse 147,50 

No  8. 

1.000  kil.  superpliosphate  h  18  %  d'acide  pliosphoi 
250  —  nitrate  de  soude  h*  15,60  «/o  d'azote, 

correspondant  à  : 

Acide  pliosphorique  soluble. . .     180  kil. 
Azote  nitrique 39  — 

NO  4. 

20.000  kil.  fuinier  d'étable  correspondant  à  : 

Acide  pliosphorique 82  kil. 

Azote  organiqueet  ammoniacal.      56  — 
Potasse 122  — 

No  5. 
Même  fumure  que  le  n^  1 . 

I.  —  Froment. 

Le  froment  a  été  semé  le  21  octobre  1885  sur  les 
celles  1  h  5  et  dans  d'excellentes  conditions  ;  la  terre, 
meuble  h  ce  moment,  se  prêtait  également  bien  aux  la 
et  à  l'ensemencement.  L'opération  fut  faite  au  semoir;  cl 
planche  reçut  86  rangées  de  froment,  séparées  les  une 
autres  par  un  intervalle  de  25  centimètres. 


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—  352i  — 

Les  planches  n^M  à  4  furent  emblavées  en  blé  Victoria, 
employé  à  la  dose  de  10  kilogrammes  par  planche-  Ce  blé 
provenait  de  la  récolte  de  M.  le  M**  de  Rochequairie,  agri- 
culteur \x  la  Ghapelle-Glain  (Loire -Inférieure);  il  avait  été 
soigneusement  trié. 

Sur  la  cinquième  nous  avons  essayé  la. culture  du  blé 
Lamed,  de  la  maison  Vilmorin.  Sachant  que  cette  variété 
talle  beaucoup,  nous  avons  réduit  le  poids  de  la  semence  à 
7  kil.  500  pour  la  planche  entière. 

La  germination  fut  normale  et  rapide  dans  les  quatre  pre- 
mières planches.  Presque  toutes  les  semences  devinrent 
fertiles  ;  de  là  des  lignes  Iroj)  chargées,  au  milieu  desquelles 
les  façons  ne  purent  être  effectuées  avec  toute  la  perfection 
désirable.  Le  blé  Lamed  sortit  de  terre  plus  difficilement  que 
les  autres  et  présenta  pendant  tout  l'hiver  un  aspect  assez 
chétif. 

Au  printemps,  l'aspect  général  des  cinq  planches  était  très 
satisfaisant,  mais  la  végétation  du  blé  Lamed  présentait  un 
retard  manifeste.  Parmi  les  blés  des  autres  planches,  le  n°  8 
se  distinguait  par  l'ampleur  et  par  la  teinte  foncée  de  ses 
feuilles.  Au  mois  de  juin,  tous  ceux-ci  avaient  atteint  un 
développement  considérable  :  leur  tige  mesurait  déjà  plus 
d'un  mètre  et  demi. 

La  récolle  eût  été  magnifique  sans  les  orages  violents  qui 
ont  marqué  tout  le  mois  de  juillet  et  causé  tant  de  ravages 
dans  le  département.  Le  blé  Victoria  des  quatre  premières 
planches  fut  en  grande  partie  couché  ;  la  maturation  du  grain 
fut,  par  suite,  défectueuse  de  même  que  sa  quaUté  ;  il  ne 
pesait  que  70  kil.  à  l'hectoUtre. 

Le  blé  Lamed  résista  beaucoup  mieux  à  la  verse  ;  son 
rendement  en  paille  fut  faible,  mais  la  qualité  de  son  grain 
fut  bien  supérieure  à  celle  du  blé  Victoria,  ainsi  qu'en  témoi- 
gnent la  pesée  de  la  récolte  et  l'analyse  chimique  : 


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PWW) 


—  3S3  - 

Planche  n»  i. 

_, .  .....      (  Paille 728  kil. 

Blé  Victoria..}  g^^j^ ^gg  _ 

Rendement  en  grain  à  Theciare  :  en  quintaux .... 

—  en  hectolitres  (*) 

Planche  n^  2. 

„, .  _..      .      (  Paille 852»^i 

Blé  Victoria. .{  r.    •  -  r^/>4  > 

(  Grain. 261.! 

Rendement  en  grain  h  Thectare:  en  quintaux. 

—  en  hectolitres. 

Planche  n**  8. 

^..  .....      i  Paille 734»'; 

Blé  Victoria.,  p    .  ^,^. 

(Grain 248.! 

Rendement  en  grain  h  Thectare  :  en  quinlaux. . 

—  en  hectolitres. 
Planche  n*»  4. 

Blé  Victoria..  ,^    .^  ^^^  . 

(Graiil 282.! 

Rendement  en  grain  h  l'hectare  :  en  quintaux . . 

—  en  hectolitres. 
Planche  n°  5. 

■BlÉLmed...!'* !««'• 

(  Grain 296  — 

Rendement  en  grain  à  l'hectare:  en  quintaux. . 

—  en  hectolitres. 

Dans  le  blé  Victoria,  le  plus  haut  rendement  ( 
correspond  h  la. fumure  contenant  de  la  potasse  (8,3 

(1)  Noos  rappelons  que  rhectolitre  pesait  seulement  70  kil. 


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—  354  — 

vient  ensuite  la  fumure  au  superphosphate  (7,845  kil.)i  celle 
au  phosphate  fossile  (7,295  kil.)i  enfin  le  fumier  (6,795  kil.). 
La  plus  forte  production  de  grain  a  été  donnée  par  le 
phosphate  fossile  (2,660  kil.);  le  mélange  potassique  suit  de 
près  le  premier  (2,615  kil.);  le  superphosphate  est  en  dimi- 
nution sensible  sur  les  autres  (2,485  kil.);  mais  le  plus  faible 
est  le  fumier  (2,325  kil.)  comme  il  était  déjh  constaté  pour 
la  paille. 

Examinons  de  plus  près  maintenant  les  fumures  données  à 
chaque  parcelle,  pour  en  dégager  ce  qu'elles  offrent  d'ins- 
tructif. Nous  remarquons  d'abord  que  les  proportions  d'azote 
et  d'acide  phosphorique  sont  les  mômes  dans  les  trois  pre- 
miers engrais.  S'il  y  a  des  différences  entre  les  produits  des 
trois  planches  correspondantes,  on  pourra  vraisemblablement 
les  imputer  :  à  la  potasse  fournie  à  la  planche  n°  2,  ou  à 
la  solubilité  particulière  de  l'engrais  n°  8. 

Dans  le  cas  actuel,  il  semblerait  donc  que  la  potasse  ait 
favorisé  la  production  de  la  paille,  sans  avoir  eu  d'influence 
sur  celle  du  grain.  Quant  au  superphosphate,  il  n'a  pas 
développé  beaucoup  plus  de  paille  et  il  a  donné  beaucoup 
moins  de  grain  que  le  phosphate  fossile  ;  en  somme,  il  a  été 
moins  avantageux  que  ce  dernier. 

Pour  justifier  l'infériorité  d'action  du  fumier,  malgré  les 
excès  d'azote  et  de  potasse  qu'il  présentait,  il  faut  sans  doute 
invoquer  son  insuffisance  en  acide  phosphorique.  La  propor- 
tion de  ce  principe  fertilisant  est  plus  que  moitié  plus  faible 
pour  cet  engrais  que  dans  les  autres.  Nous  n'avons  pas  osé 
la  porter  au  même  taux  que  dans  ceux-ci,  dans  la  crainte  de 
trop  exagérer  l'effet  de  l'azote.  L'événement  nous  a  donné 
raison,  la  planche  4  ayant  eu  son  blé  versé  avant  les  autres 
et  sur  une  plus  grande  surface,  bien  qu'elle  n'eût  reçu  qu'une 
fumure  modérée. 

Au  point  de  vue  de  l'engrais,  le  blé  Lamed  ne  peut  être 


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-355  — 

comparé  qu'au  blé  Victoria  de  la  parcelle  n°  1.  Il  lui  est 
très  inférieur,  sous  le  rapport  de  la  paille  (20  ^jo  en  moins), 
mais  celte  différence  est  compensée  par  une  augmentation  de 
grain  de  plus  de  10  Vo*  La  comparaison  est  d'autant  plus 
concluante  que  le  blé  n®  \  avait  été,  comme  le  Lamed, 
beaucoup  moins  éprouvé  que  les  autres  par  la  verse.  L'écart 
observé  entre  les  deux  récoltes  relève  donc  exclusivement  de 
la  nature  de  la  semence,  rien  dans  la  composition  chimique 
des  sols  ne  pouvant  en  donner  l'explication. 

La  supériorité  du  blé  Lamed  sur  le  Victoria,  bien  des  fois 
affirmée  déjà,  est  évidente  ici  ;  nous  la  retrouverons  encore 
dans  l'examen  des  farines  fournies  par  ces  deux  variétés. 
Etablissons  premièrement  la  composition  chimique  centé- 
simale de  la  récolte  : 

Acide 
Azote.         pbospborique.         Potasse. 

Blé  Victoria  no  1  i  P«'"«-      ^'^^        ^'*^«        <^'^^^ 
Bieviciorian  i.j  g^^.^^      1,80         0,380         0,892 

Blé  Victoria  no  2.  j^»'»^-      ^f,         ,«'"n         nfi 
(  Gram.      1,64         0,240         0,466 

Blé  Victoria  no  8.  i^^^»«-      J'^J         ^^        J'fJ^ 
(  Grain.      1,72         0,280         0,439 

I  Gram.      1,55         0,260         0,451 

^'*^''"'*^ i  Grain.      1,60         0,360         0,448 

D'un  autre  côté,  100  parties  farine  épurée  à  80  "/o,  donnent  : 

GluUo  sec. 

Wé  Victoria  no  1 7,89  o/„ 

—  no  2 8,16    » 

—  no  8 8,68    » 

—  no  4.. 8,88    » 

Blé  Lamed .^ 9,24    • 


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—  356  — 

Le  premier  rang  appartient  au  blé  Lamed,  pour  la  pro- 
duction du  glulen,  ce  qui  peut  tenir  autant  à  sa  résistance  k 
la  verse  qu'à  sa  nature.  Le  superphosphate  est  Tengrais  qui 
a  le  plus  excité  la  formation  de  ce  principe  dans  le  blc 
Victoria  ;  le  mélange  potassique  et  le  fumier  tiennent  le 
même  rang  sous  ce  rapport  et  le  phosphate  fossile  est  le 
dernier. 

Il  reste  maintenant  à  discuter  le  côté  financier  de  la 
question  et,  d'abord,  évaluons  la  dépense  afférente  h  chacun 
des  engrais  employés,  en  la  rapportant  à  1  hectare  : 


Engrais  no  1. 


l.OOOiL  phosphate  fossile,  ù  6  fr.  les  lOQk.. 
25011  nitrate  de  soude,  à  26  fr.       — 


60  r 
65 


Total. 


Engrais  no  2. 


1.000^  phosphate  fossile,  à  6  fr.  les  lOOk. 
2.i0k  nitrate  de  soude  ,  à  26  fr.       — 
250i(  chlorure  de  potassium,  A  23  fr.    — 


Total. 


Engrais  no  3. 


l.OOOiL  superphosphate,  à  i'î  fr.  les  100^.. 
250k  nitrate  de  soude,  à  26  fr.       ~ 


Total 


,   125f 

n 

60  f 

65 

57 

» 
50 

182 r  50 

120  f 
65 

n 

185  f 

n 

160  f 

n 

Engrais  no  4.       20.000^  furoior  d'étable,  à  8  fr.  les  l.OOOi^. 


Notre  intention  n'est  point  de  faire  ici  une  balance  con- 
duisant à  l'estimation  du  bénéfice  ou  de  la  perte  correspon- 
dant à  chacune  de  nos  cultures.  Nous  voulons  seulement, 
laissant  de  côté  les  frais  d'exploitation  qui  ont  été  les  mêmes 
pour  toutes  les  parcelles,  rechercher  quel  est  l'engrais  qui, 
pour  la  moindre  dépense,  a  donné  le  meilleur  produit.  La 
réponse  est  facile,  quand  on  compare  la  valeur  de  la  récolte 
à  celle  de  l'engrais  qui  l'a  fournie  : 


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-  387  - 

Blé  Victoria    |    7.19h^  paille,  à  4  fr.  les  160^ 2911  80 

no  1.         i   2.660k  grain,  à  21  fr.      —      558    60 

Total 850f  40 

Blé  Victoria    i   8. 5251^  paille,  à  4  fr.  les  iOOk 341 1    » 

no  2.         I    2.615k  grain,  à  21  fr.       —       549    15 

Total 890f  15 

Blé  Victoria    |   7.345k  paille,  à  4  fr.  les  100k 293 '  80 

no  3.         I   2.485k  grain,  à  21  fr.      —      521     85 

Total 815«  65 

Blé  Victoria    i    6.795k  paille,  à  4  fr.  les  100k 27U  80 

no  4.         (    2.325k  grain,  à  21  fr.       -      488    25 

Total 769«  05 


^   2.960k  grain,  à  21  fr.      —      621    60 

Total 856'    » 


'■I 


Il  est  incoDteslable  que  le  mélaDge  de  phosphate  fossile  et 
de  nitrate  de  soude  est  celui  qui  a  procuré  le  plus  écono- 
miquement un  rendement  élevé  :  pour  une  dépense  de  125 
francs,  il  a  donné  une  récolte  valant  850  fr. 

Le  même  engrais,  additionné  de  potasse,  a  produit  40  fr.  de 
plus  en  grain  et  en  paille  ;  mais  il  a  coûté  57  fr.  50  c.  en 
supplément  ;  il  a  donc  été  moins  avantageux  que  le  premier. 

Le  superphosphate  a  coûté  50  fr.  de  plus  que  le  n«  1  ;  il 
a  fourni  35  fr.  de  moins  à  la  moisson. 

Enfin,  le  fumier  valait  35  fr.  de  plus  que  le  mélange  n<>  1  ; 
il  a  donné  90  fr.  de  moins  que  lui  à  la  récolte. 

Un  calcul  analogue  démontrerait  que  le  superphosphate  a 
conduit  à  un  excédent  de  récolte  de  55  fr.,  par  rapport  au 

23 


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—  358  - 

fumier,  et  que  le  mélange  potassique  a  élevé  cet  excédent 
jusqu'à  180  fr. 

L'évaluation  que  nous  venons  de  faire  ne  résout  pas 
complètement  le  problème,  nous  le  reconnaissons.  Sans 
parler  de  la  verse  des  blés,  qui  n'a  pas  été  égale  sur  toutes 
les  planches  et  qui  fausse  un  peu  les  comparaisons,  les 
fumures  ont  laissé  dans  le  sol  une  réserve  dont  il  faut  tenir 
compte  dans  l'appréciation  rigoureuse  de  la  valeur  propre  à 
chaque  engrais.  A  cet  égard,  du  reste,  l'avantage  serait 
probablement  encore  aux  mélanges  de  phosphate  fossile.  On 
peut  en  juger  par  les  soustractions  faites  à  1  hectare  du 
sol,  par  les  cinq  récoltes  en  discussion  : 

Âeide 
Azote.         pbospborique. 

Blé  Victoria  û«  1  i^^'"' ^^'^^^       ^'^'^ 

Bievictonan  i.{  gyain 47.880     10.108 

Total 84''625      IT^gSÔ 

„,^„.  .    .        „,  Paille 29" 887       Q^gOS 

Blé  Viclona  n»  2.  \  g^^.^ 42.886       6.296 

Total 72"  728      16^099 

„,^  „.  .    .        ^  ,  PaiUe 29^880        7''712 

Blé  Victoria  no  8.  {  ^^.^ 42.742       6.958 

Total..;..     72"  122      14"  670 

Duv.    •      „,jPa»ûe 27H80        7"270 

Blé  Victoria  n»  4.  i  ^^^ 86.087       6.045 

Total 63''217      18"815 

„,,  ,       ^  ,  Paille 20"510       5*860 

^^^^^"^"^ Urain 47.860      10.656 

Total 67"870      16"516 


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—  389  — 

Tous  ces  nombres  sont  faibles  et  ils  accusent  le  défaut  de 
qualité  du  grain  et  de  la  paille.  Mais,  tels  qu'ils  sont,  ils 
constituent  un  emprunt  en  acide  pliosphorique  plus  important 
pour  le  fumier  que  pour  les  autres  engrais,  en  raison  de  la 
pénurie  qu'il  présente  à  cet  égard.  Il  est  bon  de  noter,  d'un 
autre  côté,  que  l'excédent  d'azote  apporté  par  le  fumier  n'est 
as  nécessaire  dans  un  sol  suffisamment  riche  en  cet  élément, 
comme  celui  de  la  Station  agronomique.  M.  Joulie  a,  depuis 
longtemps,  démontré  qu'il  ne  faut  donner  aux  céréales,  dans 
ces  conditions,  que  le  tiers  ou,  au  plus,  la  moitié  de  l'azote 
qui  devra  être  enlevé  par  la  récolte.  Le  fumier  est  donc  un 
engrais  mal  équilibré  au  point  de  vue  de  la  production  des 
céréales. 

II.  —  Fourrages  verts  et  betteraves. 

Ces  cultures  ont  occupé  les  parcelles  6  à  10.  Elles  ont 
consisté  en  seigle,  avoine,  vesce,  trèfle  et  betterave. 

Les  fourrages  verts  ont  reçu,  dans  l'ordre  où  nous  les 
avons  énumérés,  les  mêmes  fumures  que  le  blé  Victoria  du 
premier  groupe,  de  manière  à  introduire  toujours  le  même 
engrais  dans  les  parcelles  correspondantes  de  chaque  série. 
L'obligation  de  pourvoir  à  l'alimentation  des  animaux  de 
l'étable  nous  a  imposé  un  choix  de  fourrages  verts  dont  la 
maturation  devait  être  échelonnée  pendant  toute  la  durée  du 
printemps.  Celte  nécessité  nous  enlève  la  faculté  d'étudier  du 
même  coup  l'action  des  engrais  sur  chacun  de  ces  fourrages. 
Nous  tournerons  la  difficulté  en  déplaçant  chaque  année  les 
plantes  de  cette  série,  afin  qu'elles  reçoivent  à  tour  de  rôle 
l'influence  des  diverses  fumures  que  nous  avons  adoptées.  La 
méUiode  n'est  pas  irréprochable  ;  les  variations  atmosphé- 
riques viendront  assurément  porter  le  trouble  dans  nos 
résultats,  mais  nous  ne  pouvons  échapper  à  cet  inconvénient. 

La  végétation  de  tous  les  fourrages  a  été  on  ne  peut  plus 


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-360  — 

satisfaisante  et  les  rendements  ont  dû  dépasser  la  moyenne 
habituelle.  Malheureusement  les  circonstances  ne  nous  odI 
pas  permis  de  peser  la  récolte  ;  nous  sommes  forcés  de 
remettre  à  l'exercice  prochain  l'inauguration  de  cette  série 
d'expériences. 

Nous  nous  sommes  limités  cette  fois  à  l'élude  de  la  bette- 
rave. Nous  avons  semé  la  variété  dite  Globe  jaune  et  nous 
l'avons  repiquée  sur  billons  espacés  de  0™,90  après  avoir 
mélangé  au  sol  125  kil.  de  phosphate  fossile  et  de  nitrate 
de  soude  (fumure  n«  1).  La  plantation  a  parfaitement  réussi, 
bien  que  la  reprise  des  jeunes  plants  ait  été  contrariée  par 
une  sécheresse  un  peu  prolongée.  Les  racines  ont  acquis  un 
développement  considérable  à  l'automne  et  ont  produit  4,860 
kilogrammes,  soit  48,600  kil.  à  l'hectare. 

Leur  analyse  chimique  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Azote 0,11  Vo- 

Acide  phosphorique 0,25  — 

Potasse 0,41  — 

Nous  consignons  seulement  ces  faits  aujourd'hui,  nous 
réservant  de  les  discuter  quand  ils  auront  été  répétés  sur 
d'autres  fumures. 

III.  —  Choux  fourragebs. 

Dix  variétés  de  choux  ont  été  réparties  deux  à  deux  sur 
les  parcelles  11  à  15  : 

Parcelle  n^  11  :  Chou  Caulet  de  Flandres. 

—  —    moellier  blanc  Vilmorin. 

Parcelle  n®  12:  Chou  moellier  blanc  (semis  de  M.  Dezaunay)* 

—  _         _    rouge  Vilmorin. 

Parcelle  n^  IS:  Chou  branchu  du  Poitou. 

—  —         —     de  Vendée. 


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—  361  — 

Parcelle  n^  14:  Chou  branchu  de  la  Sarthe. 

-  —    cavalier. 

Parcelle  n®  15  :  Chou  mille  têtes  Vilmorin- 

—  _         _        tardif  (*). 

Les  planches  ont  été  façonnées  en  10  billons,  dont  5  ont 
été  affectés  à  chacune  des  variétés  énoncées.  Elles  ont  reçu 
les  mêmes  fumures  que  les  cinq  parcelles  à  froment  et  dans 
le  même  ordre. 

Tous  les  choux  moelliers  ont  été  piqués  le  8  juin  1885. 
Les  choux  rameux  n'ont  été  mis  en  place  que  le  15  juillet 
et  les  choux  à  mille  têtes  le  1"  septembre. 

Au  début,  la  croissance  de  toutes  les  variétés  a  été  très 
rapide  ;  les  plantes  annonçaient  une  grande  vigueur.  Dès  le 
mois  d'octobre,  les  choux  rameux  commençaient  à  fléchfa*.  Ils 
étaient  attaqués  par  les  larves  de  hanneton,  dont  il  y  avait 
une  abondance  exceptionnelle.  Ils  ont  continué  à  décliner 
pendant  l'hiver  et  leur  produit  a  été  si  peu  satisfaisant,  en 
quantité  comme  en  qualité,  que  nous  ne  croyons  pas  utile 
d'en  dresser  le  relevé. 

Les  choux  moelliers  se  sont  mieux  comportés.  Ils  ont 
atteint  un  développement  normal  sans  être  remarquable.  Le 
rendement  a  été  inégal  sur  les  deux  planches  : 

Feuilles.  Troncs. 

Moelliers  blancs  Vilmorin  ..    41.400  kil.    17.600  kil. 

—  rouges       —      ..    48.820—    20.620  — 

—  blancs  (Dezaunay) .    45.540—    23.740  — 

U  y  a  lieu  de  se  demander  si  l'infériorité  de  la  première 
variété  tient  à  sa  nature  ou  à  l'engrais  qui  lui  avait  été 
fourni  ;  elle  était  piquée  sur  phosphate  fossile  et  nitrate  de 
soude  (engrais  n^  1,  125  kil.). 

(1)  Variété  coUivée  dans  le  canton  d'AigrefeuilIe  (Loire-Inférieure). 


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—  3G2  — 

Les  deux  autres  espèces  avaient  pour  aliment  Tengrais 
potassique  n<>  %  Leur  produit  est  meilleur.  Voici  maintenant 
la  composition  chimique  des  unes  et  des  autres,  déterminée 
sur  la  substance  fraîche  : 

Âeide 
Feuilles.  Azote,    phosphoriqoe. 

Chou  moellier  blanc  Vilmorin 0,20     0,18 

rouge       —     0,28      0,20 

—  blanc  (Dezaunay) 0,22      0,21 

Acide 
Troncs.  Azote,    phosphoriqoe. 

Chou  moellier  blanc  Vilmorin 0,14      0,15 

—  rouge       —     0,24      0,14 

—  blanc  (Dezaunay) 0,17      0,18 

Il  résulte  de  ces  données,  que  le  chou  moellier  rouge  est 
plus  azoté  que  la  variété  blanche.  En  outre,  les  feuilles  sont 
plus  nourrissantes  que  les  troncs,  bien  que  ceux-ci  consti- 
tuent encore  un  excellent  aliment. 

Les  cinq  dernières  planches  n'ont  rien  porté  pendant  la 
première  année  ;  les  travaux  de  nivellement  dont  elles  ont 
été  l'objet  n'étaient  pas  achevés,  nous  ne  les  avons  ense- 
mencées qu'en  1886. 

Conclusions.  —  Avant  de  condenser  en  quelques  propo- 
sitions le  résultat  de  nos  premiers  essais,  nous  avons  besoin 
de  déclarer  que  nos  conclusions  ne  peuvent  être  prises  dans 
un  sens  absolu.  Elles  résument  les  faits  observés,  mais  elles 
n'ont  pas  le  caractère  de  lois  établies.  Dans  les  choses  agri- 
coles, il  ne  faut  pas  se  hâter  de  conclure  ;  les  facteurs  qui 
interviennent  dans  les  opérations  mystérieuses  de  la  nature 
sont  trop  nombreux  pour  qu'il  soit  possible  de  discerner  en 
peu  de  temps  leur  influence  propre.  Nous  enregistrons 
aujourd'hui  une  série  d'observations  et  nous  leur  donnons 


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—  363  — 

rinterprétatioD  qui  nous  semble  la  plus  plausible.  Mais  il  ne 
nous  coûtera  nullement  de  nous  rectifier,  si  l'avenir  nous 
fournit  la  preuve  que  nous  avons  mal  jugé.  En  attendant, 
voici  notre  impression  actuelle  : 

1^  Les  phosphates  fossiles  additionnés  de  nitrate  de  soude 
dans  la  proportion  de  1,000  kil.  des  premiers  pour  250  kil. 
du  second  (pour  1  hectare),  constituent  un  engrais  énergique 
et  peu  coûteux  pour  le  froment.  Ils  nous  ont  donné  88  hecto- 
litres de  blé  à  Thectare. 

^^  L'engrais  le  moins  avantageux  pour  le  froment  a  été  le 
fumier,  employé  seul  ;  il  n'a  fourni  que  88  hectolitres. 

8^  L'addition  d'un  sel  de  potasse  au  mélange  de  phosphate 
fossile  et  de  nitrate  augmente  l'activité  de  ce  mélange-  Cet 
accroissement  a  été  sensible  pour  la  paille,  mais  nul  pour  le 
grain  (37  hect.  85). 

4»  Le  superphosphate  n'a  pas  donné  de  résultats  propor- 
tionnels à  sa  valeur  commerciale  :  85  hectolitres  seulement. 

5®  Avec  des  fumures  d'un  prix  très  abordable  (125  à  185 
francs  à  l'hectare),  nous  avons  doublé  et  presque  triplé  le 
produit  habituel  d'un  blé  donné  dans  notre  région. 

6^  En  ajqulant  à  l'action  de  la  fumure  le  bénéfice  d'une 
semence  convenablement  choisie  ,  le  résultat  est  encore 
meilleur.  Le  blé  Lamed  en  est  ici  la  preuve. 

70  Le  chou  moeUier  rouge  paraît  être  un  aliment  plus 
riche  que  le  chou  moellier  blanc. 

8«  Les  feuilles  de  ces  deux  variétés  de  chou  ont  une  valeur 
alimentaire  plus  grande  que  celle  des  troncs. 


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RAPPORT 


8U1  LA 


Situation  du  vignoble  de  la  Loire-Inférieure  en  1886 

Par  a.   ANDOUARD 
Yiee-président  du  Comité  d'études  et  de  ?igikoee  pour  le  phylloxéra. 


L'année  1886  a  été  mauvaise  pour  le  vignoble  de  la  Loire- 
Inférieure  :  la  superficie  envahie  par  le  phylloxéra  s'est 
accrue  de  49  hectares  au  minimum,  et  le  mildew  a  ravagé 
la  presque  totalité  des  plantations. 

Le  relevé  des  taches  phyUoxériques,  découvertes  depuis  le 
printemps  dernier,  se  décompose  comme  il  suit  : 

Vignes  Vignes 

résistant  encore.  détruites. 

Communes.  hect.  bect. 

Ancenis 5.71  1.00 

Anetz 1.00  — 

Barbechat 8.00  0.50 

Chapelle-Basse-Mer 8 .  00  0 .  80 

Couffé 2.00  0.80 

Joué-sur-Erdre 1 .00  0.04 

Le  Bignon 1 .00  — 

Le  CeUier 10.00  0.50 


A  reporter....    26.71  2.64 


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—  365  — 

Report 26.71  2.64 

Le  Landreau 1.00  0.50 

Le  Loroux-Bottereau 0 .  81  — 

Moûlrelais 2.00  0.50 

Oudon 12.49  1.00 

Sainl-Géréon 1.10  •  — 

Sainl-Herblon 8.00  — 

Sainte-Luce 0.80  — 

Thouaré 1.09  — 

Varades 0.50  — 


Total 49.00  4.64 


Syitoicats.  —  Pour  lutter  contre  les  progrès  du  parasite, 
six  syndicats  se  sont  définitivement  constitués  :  l'un  cantonal 
à  Vertou,  pour  le  service  des  recherches  seulement  et 
comprenant  un  total  de  837  hectares  84  ares  ;  les  autres 
communaux,  pour  le  traitement  des  vignes  malades,  au 
Bignon,  au  Cellier,  à  Mauves,  à  Oudon  et  à  Varades. 
L'ensemble  de  ces  derniers  représente  1,102  hectares  SI  ares 
40  centiares  et,  comme  ressources  financières,  2,921  fr. 
70  c.  La  somme  est  faible,  mais,  au  Bignon,  la  main-d'œuvre 
est  gratuitement  fournie  en  supplément,  par  les  viticulteurs. 
Dans  d'autres  communes,  elle  a  été  partiellement  donnée 
Ce  sont  là  des  exemples  à  citer  ;  Us  trouveront  des  imita- 
teurs, il  faut  l'espérer. 

Le  Syndicat  de  Vertou  était  fondé  dès  l'automne  1885 
et,  à  cette  époque,  il  a  fait  visiter  toutes  les  vignes  de  ses 
adhérents,  soit  plus  du  tiers  de  celles  du  canton.  Le  résultat 
des  investigations  Tut  rassurant  et  sans  doute  avec  raison, 
car  le  renouvellement  des  recherches,  cette  année,  n'a  pas 
amené  la  découverte  du  phylloxéra. 

Les  autres  Syndicats,  dont  les  cadres  étaient  remplis  de{fliis 


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—  366  — 

deux  ans,  ont  aussi  fonctioDué  avec  activité.  Grâce  à  leur 
bonne  organisation,  les  98  hectares  de  vignes  malades  ont 
pu  être  injectés  au  sulfure  de  carbone,  dès  le  printemps. 
Les  effets  des  traitements  de  Tannée  dernière  sont,  en 
général,  nettement  accusés.  Ds  sont  surtout  évidents  k 
Oudon,  ou  leur  succès  a  déjà  opéré  bien  des  conversicms. 
Mais  les  soins  les  plus  vigilants  n'ont  pu  empêcher  la  destruc- 
tion de  4  hectares  64  ares  de  vignes  phylloxérées. 

Après  avoir  satisfait  au  besoin  des  Syndicats,  le  service 
phylloxérique  a  pu  sulfurer  5  hectares  de  vignes,  appartenant  à 
des  propriétaires  isolés  d'Ancenis,  de  Barbechat,  d'Ingrandes, 
du  Loroux-Bottereau,  de  Saint-Herblon  et  de  Thouaré.  Ce 
fait  ne  peut  être  considéré  que  comme  un  encouragement. 
Le  traitement.au  sulfure  de  carbone  a  coûté  111  fr.  par 
hectare  ;  il  ne  serait  pas  possible  d'étendre  et  de  perpétuer 
des  sacrifices  de  cette  importance,  en  dehors  de  la  formation 
de  Syndicats  réguliers. 

Si  Ton  ajoute  aux  chiffires  qui  résumaient  la  situation  en 
1885,  ceux  qui  représentent  les  pertes  et  les  invasions  nour 
velles,  on  obtient  : 


1885. 

1886. 

Total. 

Vignes  détruites 

bect. 

6.25 
168.60 

bccl.  - 

4.64 

49.00 

bect. 
10.89 
217.60 

Vignes  résistant  encore 

En  somme,  et  en  ce  qui  concerne  le  phylloxéra  seulement, 
le  bilan  de  l'année  n'est  pas,  en  apparence,  aussi  mauvais 
qu'on  s'y  attendait  après  les  chaleurs  prolongées  de  1885. 
Mais  il  est  à  craindre  que  la  modération  relative  des  chiffres 
p&rtés  au  tableau  cinleSsus,  ne  tienne  à  une  insuffisance  de 


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—  367  — 

renseignements.  Au  début  de  la  dernière  campagne,  le  service 
phylloxérique  a  été  entièrement  absorbé  par  les  exigences 
des  traitements.  La  recherche  des  nouvelles  taches,  très 
contrariée  du  reste  par  les  effets  du  mildew,  a  été  exécutée 
tardivement  par  les  agents- voy ers  et  par  les  instituteurs 
communaux  ;  elle  est  forcément  incomplète  et  nous  devons 
tendre  à  la  faire  à  la  fois  plus  hâtive  et  plus  générale  à 
l'avenir. 

Notre  outillage  matériel  est  aujourd'hui-  susceptible  de 
faire  face  à  une  extension  notable  des  opérations.  Il  s'est 
accru,  cette  année,  d'une  charrue  sulfureuse  et  de  pals 
nombreux.  Des  dépôts  de  sulfure  de  carbone  sont  établis 
dans  cinq  communes  judicieusement  choisies  comme  centre 
de  rayonnement.  Enfin,  le  Conseil  général  vote  les  ressources 
nécessaires  avec  une  libéralité  qui  ne  se  dément  pas.  Ce  qui 
fait  un  peu  défaut  encore,  c'est  le  personnel  compétent  pour 
utiliser  les  moyens  d'action.  Malgré  les  efforts  les  plus 
louables  et  les  plus  appréciés,  le  délégué  départemental  ne 
peut  pas  se  rendre  partout  oii  sa  présence  serait  utile. 
Or,  nous  ne  serons  suffisamment  armés  pour  la  lutte,  que  le 
jour  oii  chaque  commune  vilicole  pourra  disposer  d'une 
équipe  affectée  spécialement  à  la  découverte  de  l'insecte  et 
d'une  équipe  réservée  aux  traitements,  toutes  deux  fonction- 
nant simultanément.  Si  tous  les  intéressés  avaient  le  senti- 
ment exact  de  la  nécessité  de  la  résistance,  cet  idéal  serait 
bientôt  atteint  et  la-  victoire  asservie  ne  se  déroberait  pas 
longtemps. 

Badigeonnage.  —  Au  mois  de  janvier  dernier,  le  Comité 
d'études  et  de  vigilance  de  la  Loire-Inférieure  avait  exprimé 
le  désir  de  voir  expérimenter  le  badigeonnage  recommandé 
par  M.  Balbiaui,  pour  la  destruction  de  l'œuf  d'hiver  du 
phylloxéra.  L'essai  a  eu  lieu  à  Vieille-Cour  et  à  la  Drouetière, 
dans  la  commune  de  Mauves.  M.  Henneguy,  préparateur  tl 


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—  368  — 

collaborateur  de  M.  Balbiani,  a  bien  voulu  venir  diriger  la 
première  application  de  Tinseclicide. 

A  Vieille-Cour,  on  a  décortiqué  6  hectares  et  badigeonné 
2  hectares  80  ares.  A  la  Drouetière,  le  décorticage  n'a  porté 
que  sur  1  hectare  40  ares  et  le  badigeonnage  sur  10  ares 
seulement. 

De  son  côté,  le  Syndicat  de  Vertou  a  fait  décortiquer  47 
hectares  59  ares  et  badigeonner  11  hectares  10  ares. 

n  n'est  pas  possible  de  juger  si  rapidement  de  l'effet  de 
cette  double  opération.  Le  seul  fait  acquis,  c'est  qu'elle  a 
coûté  186  fr.  par  hectare.  Il  est  à  supposer  que  ce  prix  fera 
reculer  bien  des  viticulteurs,  surtout  si  les  résultats  ne  sont 
pas  prochains  et  indiscutables. 

MiLDEw.  —  Le  peronospora  a  fait,  cette  année,  de  terribles 
ravages  dans  la  Loire-Inférieure.  Il  a  frappé  toutes  les  vignes 
sans  exception  et  il  les  a  défeuillées  prématurément,  sauf 
dans  quelques  communes  de  l'arrondissement  de  Paimbœuf, 
où  un  certain  nombre  ont  conservé  assez  de  feuilles  pour 
assurer  la  maturation  du  raisin.  Partout  ailleurs,  la  dénuda- 
tion  des  ceps  s'est  montrée  rapide  et  les  meilleures  régions  du 
département  ont  été  les  premières  dévastées.  Là  oii  aucun 
traitement  n'a  été  appliqué,  les  raisins  n'ont  pas  mûri  et 
beaucoup  sont  tombés  flétris  avant  l'époque  habituelle.  La 
vendange  a  été  retardée  de  près  d'un  mois,  sans  compen- 
sation dans  la  quantité,  ni  dans  la  qualité.  Les  muscadets 
contiennent,  en  moyenne,  5  Vo  d'alcool  ;  les  gros-plants  2 
et  %5  Vo  •  encore  n'est-il  pas  rare  de  trouver  aux  premiers 
le  titre  de  8  ou  4  Vo  et  aux  seconds  celui  de  0,7  à  1  Vo- 
Que  deviendront  ces  vins  s'ils  ne  sont  pas  alcoolisés  ?  Une 
récolte  de  cette  nature  est  la  ruine  pour  beaucoup  de  viti- 
culteurs ! 

La  première  apparition  du  mildew,  cette  année,  semble 
remonter  au  8  juillet  ;  mais  elle  n'a  été  signalée  que  le  19 


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-369  - 

du  même  mois,  dans  la  commune  de  Vallet,  à  la  suite  d'un 
violent  orage.  Dès  ce  moment  le  mal  était  grave;  les  feuilles 
trahissaient  une  altération  profonde  et  commençaient  déjà  à 
tomber. 

Le  Comité  d'études  et  de  vigilance  n'avait  pas  attendu  la 
manifestation  de  ce  désastre  pour  répandre  l'alarme.  Consi- 
dérant comme  fatal  le  retour  du  mildew,  il  avait  sollicité  du 
délégué  départemental  la  rédaction  d'une  circulaire,  ayant 
pour  objet  de  prémunir  contre  les  dangers  que  ce  champi- 
pon  fait  courir  aux  vignes  et  d'indiquer  les  meilleurs  moyens 
de  le  combattre.  La  circulaire  fut  distribuée  à  profusion  dans 
tous  les  centres  viticoles,  mais  bien  peu  de  viticulteurs  ont 
proQté  des  avertissements  qu'elle  contenait.  Quelques-uns, 
cependant,  en  ont  tenu  compte  et  s'en  sont  applaudis. 

  Cbâteauthébaud,  une  vigne  d'un  hectare,  traitée  le  15 
juin  avec  la  bouillie  bordelaise,  a  gardé  ses  premières 
feuiU^  intactes  jusqu'à  la  récolte  des  raisins.  A  la  iin  de 
juillet,  les  feuilles  développées  après  la  floraison  furent  subi- 
tement envahies  par  le  peronospora  et  reçurent  une  asper- 
sion du  liquide  cupro-calcique  dont  l'effet  paraissait  si  satis- 
faisant. A  ce  moment,  le  mal  était  trop  grand  pour  être 
curable,  les  feuilles  ne  tardèrent  pas  à  tomber  et  bientôt  la 
vigne  présenta  un  singulier  aspect  :  la  moitié  inférieure  des 
rameaux  était  couverte  de  feuilles  entièrement  saines  et  pleines 
de  vigueur,  alors  que  leur  partie  supérieure  en  était  complè- 
tement dépouillée. 

A  Guérande,  les  faits  ne  sont  pas  moins  démonstratifs.  Le 
mildew  commençait  à  prendre  possession  d'un  clos,  lorsque  fut 
institué  le  traitement  au  sulfate  de  cuivre.  Dans  les  parties  les 
plus  attaquées,  le  mal  subit  une  stagnation  très  nette,  mais  le 
fruit  fut  perdu.  Sur  une  autre  parcelle,  un  peu  moins  atteinte, 
les  feuilles  guérirent  et  le  raisin  persista,  mais  il  n'eut  pas 
de  qualité.  Le  reste  (la  presque  totalité  du  clos)  se  trouva 


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—  370- 

radicalement  préservé;  la  vendange  y  fut  d'excellente  qualité, 
très  abondante  et  elle  fut  cueillie  en  temps  normal.  Dans  les 
vignes  voisines,  oii  Ton  avait  laissé  à  la  nature  le  soin  de 
faire  cesser  le  fléau,  on  a  récollé  trois  ou  quatre  fois  moins 
de  raisin  presque  dépourvu  de  sucre  et  avec  lequel  il  a  été 
fait  un  vin  détestable. 

Des  résultats  moins  brillants,  mais  encore  très  encoura- 
geants, ont  été  obtenu?  à  Bouaye,  à  Saint-Hilau-e-de-Chaléons 
et  à  Vallet.  Dans  cette  dernière  commune,  où  l'incrédulité 
régnait  en  souveraine  absolue,  M.  Fontaine,  délégué  dépar- 
temental, a  pu  traiter  quelques  hectares  seulement  avec  la 
bouillie  bordelaise,  au  moyen  du  pulvérisateur  inventé  par 
M.  de  Mauclerc.  L'appareil  ayant  un  débit  très  rapide,  l'opé- 
ration fut  promptement  faite  ;  j'ai  dit  que  son  résultat  avait 
été  satisfaisant. 

Le  canton  de  Vertou  a  été  moins  heureux.  80  hectares  de 
vignes  y  ont  été  soignés  au  sulfate  de  cuivre,  sans  résultat  ; 
le  développement  du  mildew  était  trop  avancé  au  moment  de 
l'aspersion.  Il  en  a  été  ainsi  à  Mauves,  à  Barbechat,  à  Gorges 
et  dans  plusieurs  autres  communes,  où  l'on  a  trop  attendu 
avant  d'opposer  le  remède  au  mal. 

Malgré  ces  insuccès  répétés,  l'efficacité  du  sulfate  de  cuivre 
contre  le  mildew,  n'est  plus  mise  en  doute  dans  la  Loire- 
Inférieure.  Si  elle  n'avait  été  connue  déjà,  le  hasard  l'y  aurait 
peut-être  fait  découvrir.  Deux  petits  clos  de  vigne,  situés 
près  de  l'usine  métallurgique  de  Couëron,  ont  été  remarqua- 
blement protégés  contre  le  parasite.  A  l'heure  actuelle  les 
feuilles  sont  encore  sur  les  tiges  '  et  ne  présentent  aucune 
altération,  alors  que  celles  des  vignes  un  peu  plus  éloignées 
ont  été  depuis  longtemps  desséchées  par  le  peronospora.  Il 
est  bien  probable  que  la  préservation  tient  aux  poussières 
métalliques  échappées  de  l'usine. 

Contrairement  à  une  opinion  plusieurs  fois  émise,  les 


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—  371  ~ 

vignes  traitées  au  sulfure  de  carbone  n'ont  pas  olîe 
résistance  que  les  autres  au  mildew.  Il  ne  semble  pa 
ployé  de  cette  façon,  le  sulfure  puisse  agir  comme 
teur  du  peronospora. 

En  présence  de  la  sûreté  d'action  du  sulfate  eu 
n'y  a  point,  du  reste,  à  se  préoccuper  outre  mesi 
trouver  des  succédanés.  Souhaitons  seulement  que, 
chaiu,  tous  les  viticulteurs  mettent  leur  récolte  sou 
tection,  sans  oublier  qu'il  n'a  qu'une  vertu  prévi 
éviteront  ainsi  le  renouvellement  de  malheurs  sen 
celui  qui  nous  accable  aujourd'hui  et  dont  l'impo 
chiffre  par  des  centaines  de  mille  francs. 


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CATALOGUE  RAISONNÉ 
DES    LÉPIDOPTÈRES 

TROUVÉS  DANS  LA  LOIRE-INFÉRIEURE 
Par  Mf  J.-H.   DEHERMANN  -  ROY. 


De»  ailes  !  des  ailes  !    (Michbut.) 


PRÉFACE. 


La  Société  académique  de  Nantes  ayant  exprimé  rintention 
de  faire  bon  accueil  à  quelques  éludes  complémentaires  sur 
la  faune  de  la  Loire-Inférieure,  je  viens  lui  offrir  le 
Catalogue  des  Lépidoptères  de  ce  département. 

C'est  après  dix-huit  années  de  chasses  de  tous  genres,  de 
recherches  d'élevages,  de  préparations,  de  soins  et  de 
travaux  bibliographiques,  que  je  suis  heureux  de  pouvoir 
enfin  le  lui  présenter. 

Il  contient  les  espèces  que  j'ai  prises  ou  dont  la  capture 
authentique  m'est  attestée  par  des  documents  certains,  avec 
l'indication  des  époques  et  des  endroits  où  elles  paraissent, 
leurs  mœurs,  leur  rareté  relative  dans  la  Loire-Inférieure,  et 


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-373  — 

r 

enfin,  autant  qu'il  m'a  été  possible,  le  nom  des  plantes   qui 
nourrissent  les  chenilles. 

En  livrant  aujourd'hui  ce  Catalogue  qui  contient  800  espèces 
environ,  je  n'ai  pas  la  prétention  de  publier  une  liste 
complète  des  Lépidoptères  qui  habitent  notre  département, 
Il  y  a  encore  de  très  nombreuses  découvertes  à  faire  pour 
ceux  de  mes  chers  collègues  qui  trouveront  avec  raison  mon 
travail  insuffisant. 

J'ai  suivi  le  catalogue  de  MM.  Staudinger  et  Wocke  (édition 
1871)  dont  les  numéros  précèdent  les  espèces  que  je 
mentionne.  Gomme  synonymie  et  bibliographie,  c'est  à  mon 
avis  le  plus  complet  jusqu'à  ce  jour.  Si  leur  méthode  est 
critiquée,  c'est  peut-être  h  tort,  car  aucune  classification 
n'est  parfaite.  En  tout  cas,  c'est  celle  qui  est  aujourd'hui  la 
plus  généralement  adoptée  par  les  lépidoptéristes. 

Bien  que  j'aie  récolté  des  milliers  de  papillons  et  élevé 
nombre  de  chenilles  depuis  1868,  il  m'eût  été  impossible  de 
terminer  ce  travail  sans  les  leçons  de  mon  regretté  ami, 
P.  GroUcau,  savant  et  trop  modeste  entomologiste,  membre 
de  la  Société  académique,  et  sans  les  notes  et  renseignements 
fournis  par  MM.  Dubochet,  OUivry  frères,  Soreau,  Barret  et 
Bruneau,  auxquels  j'adresse  ici  mes  sincères  remerciements. 

Nantes,  le  4  mars  1884. 

« 

J.-H.  DEIIEUMANN-ROY. 


n 


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EXPLICATION  DES  SIGNES  ET  ABRÉVIATIONS. 


Mâle. 


L'Ile. 

nun 

z  commun . 

commun. 

!Z  rare. 
.  rare, 
été. 
•ration . 


NOBTS  D  AUTEURS. 

B.  B(iv Boisduval. 

Berg Bergstrasser. 

Bkh. . .    Borkenbauseu. 

Brd Bruand. 

Cr Cramer. 

(M Clerck. 

Curt Curtis. 

Dup Duponchel. 

Oonz Donzel. 

Don Donovan . 

Esp Esper. 

Fab Fabricius. 

FuessI Fuessly. 

Forst Forster. 

Frr Freyer. 

God Godart. 

Gn Guénéi*. 

Germ Germar. 

Hb.   H.  G Hubner. 

Hufn Hufnagel. 

H.  S Herrich-Scbaeffer. 

Hw Haworth. 

Hein Heinemaiiu . 

Kef Keferstein. 

Kn Knoch. 

L Linné. 

Latr Latreille. 

Lcach  

Ld Lcderer. 

Meig Meigen.  . 

Mull Mullcr. 

0 Ochscuhcimer. 

Pall Pallas. 

Rott Roltenburg. 

Rbr Rarabur. 

Retz Retzius. 

Schrk Schrank. 

Slph Stephens. 

S.   V Schiffermiller (Syslcroatisches 

Verzeicbniss). 

SIgr Staudinger. 

Se Scopoli. 

Slt Stainton . 

Thnb Thunborg. 

Tr Treitscbke. 

View Vieweg 

Vill Villers. 

Z.  K.  Zinck  ....  Zincken. 
Z  Zeller. 


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PREMIÈRE    PARTIE. 


MACROLEPIDOPTERA. 


RHOPALOCERA. 


Fam.  I.  -  PAPILIONIDAE. 

Gen.  1.  —  Papilio  (L.) 

!♦—  PODALIRIUS  (L.)  —  Nantes,  Savenay,  La  Cha- 
pelle-sur-Erdre.  G.  mai,  juillet,  jardins,  lisières  des 
bois,  coteaux  au  midi.  (Deux  générations.) — Chenille 
sur  le  prunellier,  le  pêcher,  le  pommier,  juillet. 

8  --  MACHAON  (L.)  —  C  Nantes,  Savenay,  La  Cha- 
pelle-sur-Erdre,  mai,  juillet,  août,  potagers  et  prai- 
ries. (Deux  générations.)  —  Chenille  sur  les  carottes 
et  le  fenouil ,  mai ,  juillet  et  septembre  ;  une  partie 
des  chrysalides  d'automne  éclot  quinze  jours  après  ; 
l'autre  partie  (chrysalides  grises)  hiverne  pour  éclore 
au  printemps. 

Fam.  II.  -  PIERIDAE. 

Gen.  6.  —  Aporia  (Hb.) 

27  —       CRATAEGI  (L.)  -  A.  C  Nantes,  Savenay,  juin, 
prairies.  —  Chenille  sur  Taubépine. 

*  Les  numéros  des  familles,  genres  et  espèces  correspondent  an  Catalogue 
STAODiiVGER  et  WocKE  ;  s'y  reporter  pour  la  synonymie  et  la  bibliographie. 


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-376- 

Gen.  7.  —  PiERis  (Scbrk.) 

81  —  BRASSICAE  (L.)  —  T.  G.  dans  toute  la  Loire- 
Inférieure  pendant  la  belle  saison.  (Deux  générations.) 
—  Chenille  sur  les  choux  et  autres  crucifères  par 
petits  groupes. 

84  —  RAPAE  (L.)  —  T.  G.  dans  toute  la  Loire-Infé- 
rieure pendant  la  belle  saison.  (Deux  générations.)  — 
Ghenille  sur  les  crucifères,  la  rave,  les  choux,  en  mai 
et  septembre, 

86  —  NAPI  (L.)  —  G.  dans  toute  la  Loire-Inférieore, 
toute  l'année,  bois  et  prairies.  —  Ghenille  sur  le 
réséda,  la  capucine,  en  juin,  septembre  et  octobre. 

40  -  DAPLIDIGE  (L.)  -  Avril,  juiUet.  Gasché,  bords 
de  TErdre,  prairie  de  Mauves,  Saint-Nazaire,  Porlni- 
chet,  Le  Pouligucn.  T.  G.  —  Ghenille  sur  le  Reseda 
lutea. 

V.  BELUDiCE.  —  G.  Pouliguen,   avril.  (Première 
génération.) 

Gen.  8.  —  Anthocbaris  (Bdv.) 

44  —       BELIA  (Gr.)  —  (Première  génération.)   Saint- 

Brevin,  Le  Pouliguen.  A.  G.  mars,  avril.—  Ghenille 

sur  les  crucifères  en  juillet  et  août. 
Var.  ausonia  (Hb.)  —  (Deuxième  génération.) 

Saint-Brevin,  Le  Pouliguen.  A.  G.  de  juillet  à  octobre. 

—  Ghenille  sur  les  crucifères. 
47  —       GARDAMINES  (L.)  —  Nantes,  Savenay,  La  Gha- 

pelle-sur-Erdre.   G.  printemps.   —  Ghenille  sur  la 

cardamine  des  prés  en  juillet.  Reste  onze  mois  en 

chrysalide. 

Gen.  10.  —  Leucophasia  (Stph.) 
54  —       SINAPIS  (L.)  —  Nantes,  Savenay..  G.  mai,  bois. 


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—  377- 

prairies.  —  Chenille  en  juin  el  septembre  sur  la 
gesse  des  prés,  les  Lotux,  Lathyrus. 

A.  Var.  LATHYRi  (Hb.)  —  (Première  génération.) 
Nantes,  avril.  C. 

Gen.  13.  —  CoLiAS  (Fab.) 

64  —  HYALE  (L.)  —  Nantes,  Le  Pouliguen,  Machecoul, 
Ancenis.  A.  C.  pâturages,  landes,  mai, ,  août, 
septembre.  —  Chenille  sur  les  légumineuses,  juin, 
septembre. 

7-2  —  EDUSA  (Fab.)  —  Loire-Inférieure.  C.  mai,  juillet, 
août  et  septembre,  champs,  prairies,  luzemières.  — 
Chenille  sur  les  trèfles  et  luzernes  en  mai  et 
septembre. 

A.  Ab.  Ql  HELICE  (Hb.)  —  Nantes ,  La  Chapelle- 
sur-Erdre,  Préfailles,  août.  A.  R. 

Gen.  14.  —  Rhodoceba  (Bdr.) 

73  —  RHAMNI  (L.)  —  Loire-Inférieure.  C.  mars,  avril, 
mai,  juillet,  hiverne  et  vole  en  février.  —  Chenille  en 
juin  sur  le  nerprun,  la  bourdaine. 

Fam.  111.  -  LYCAENIDAE. 

Gen.  15.  —  Thecla  (Fab.) 

78  —  BETULAE  (L.)  —  Nantes.  A.  C  mai,  juillet  et 
août.  —  Chenille  sur  le  chêne,  le  bouleau,  le  pru- 
nellier en  août. 

80  —       W.  ALBUM  (Knock.)  —  Nantes,  route  de  Paris. 

A.  C.  juin,  bords  des  routes  plantées  d'ormes.  — 
Chenille  en  mai  sur  l'orme. 

81  —        ILICIS  (Esp.)  LYNCEUS  (F.)  —  Nantes,  La  Jonnel- 

lière,    La  Chapelle-sur-Erdre.  C   juin,  juillet.  — 
Chenille  en  mai  sur  le  chêne. 
Ab.  $  cuRRi.  —  Mêmes  lieux  d'habitation,  mêmes 


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—  378  — 

époques  d'apparition  de  la  chenille  el  de  Tinsecle 

parfait  et  aussi  commune  que  le  type. 
91  —       QUERCUS  (L.)  —  T.  C  Nantes,  la  Ghapelle-sur- 

Erdre,  Savenay,  bois  de  Toucheiaye,  juin,  juillet.  — 

Chenille  en  mai  sur  le  chêne. 
94  —       RUBI  (L.)  —  T.  G.  Nantes,  La  Chapelle-sur- 

Erdre,  Savenay,  avril  el  mai.   —  Chenille  sur  ia 

ronce,  le  genêt  en  août. 

Gen.  17.  —  PoLYOMMATUs  (Latr.) 

m  -  DORILIS  (Hufe.)  XANTHE  (F.)  -  Loire-Infé- 
rieure. G.  avril,  mai,  juillet  et  août,  prairies.  — 
Chenille  en  juin  el  septembre  sur  le  genêt  à  balais. 

lis  —  PHLAEAS  (L.)  —  T.  G.  Loire-Inférieure,  avril, 
mai,  juillet.  —  Chenille  sur  les  rumex,  septembre. 

Gen.  19.  —  Lycaena  (F.) 

121  —  BOETIGA  (L.)  —  Nantes,  Préfailles.  A.  G.  août, 
jardins.  —  Chenille  en  juin,  juillet  sur  les  haricots,  les 
pois  de  senteur  et  dans  les  siliqucs  du  baguenaudier. 

128  —  ARGIADES  (Pall.)  AMYNTAS  (S.  V.)  -  Savenay. 
A.  G.  juillet,  prairies. 

B.  Var.  polysperchon  (Berg.)  —  (Première  géné- 
ration.) Mai,  Nozay.  R. 

182  —      AEGON  (S.  V.)  —  Portnichet.  T.  G.  juillet. 

138  —      ARGUS  (L.)  —  La  Chapelle-sur-Erdre.  R.  juillet. 

146  —  BATON  (Berg.)  HYLAS  (S.  V.)  -  A.  R.  Nantes, 
Toufou,  Savenay,  coteaux,  lisières  de  forêt,  juillet  et 
août. 

155  —  ASTRARCHE  (Bgstr.)  AGESTIS  (S.  V.)  —  Mai, 
juillet,  Loire-Inférieure,  prés  et  bois.  T.  G. 

160  -  IGARUS  (Rolt.)  ALEXIS  (S.  V.)  —  Mai,  juillet, 
Loire-Inférieure.  T.  G.  —  Chenille  sur  la  luzerne  et 
autres  légumineuses,  avril,  juillet. 


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-  379  - 

164  —  BELLAUGUS  (Roll.)  ADONIS  (S.  V.)  -  Juin, 
Gbémeré,  dans  les  chaumes,  Machecoul. 

176  —  ARGIOLUS  (L.)  —  G.  avril,  mai,  juin,- août, 
Nantes,  Savenay ,  La  Ghapelle-sur-Erdre,  forêts,  parcs, 
jardins,  buissons.  —  Ghenille  sur  la  bourdaine, 
septembre. 

179  -  SEMIARGUS  (RoU.)  AGIS  (S.  V.)  -  G.  Nantes, 
prairies  et  bois,  mai,  juillet,  août. 

182  —  GYLLARUS  (Rolt.)  —  R.  Sautron,  landes  de 
Ghémeré,  Nantes,  prairie  de  Mauves,  coteau  du 
Ghêne-Vert,  mai,  juin.  —  Ghenille  sur  le  Genista 
tinctoria. 

186  —      ALGON  (S.  V.}  —  R.  forêt  de  Toufou,  août. 

Fam.  IV.  -  ERYCINIDAE. 

Gew.  20.  —  Nemeobius  (Stph.) 

190  —  LUGINA  (L.)  —  A.  G.  Glermont,  bois  de  la 
Grande-Forêt,  route  de  Machecoul,  La  Meilleraye, 
Saint-Fiacre,  Saint-Philbert,  Nantes,  avril,  mai,  juin, 
lisières  des  bois,  coteaux,  clairières.  —  Ghenille  sur 
la  primevère  des  bois,  septembre. 

Fam.  VI.   -  APATURIDAE. 

Gen.  28.  —  Apatura  (F.) 

193  —      ILIA  (Schiff.  S.  V.)  —  Nantes,  Roche-Maurice, 

La  Ghapelle-sur-Erdre,  prairies  de  la  Loire,  sur  les 
saules.  A.  G.  juin,  juillet. 

A.  Ab.  clytie  (Sch.  S.  V.)  —  Mêmes  localités  et 
époques. 

194  —      IRIS  (Schiff.  S.  V.)  —  Châleaubriant. 

Fam.  VII.  -  NYMPHALIDAE. 

GeN.  24.  —  LlMENlTIS  (F.) 

197  —      GAMILLA  (Sch.  S.  V.)  ^  Savenay,  Nantes,  La 


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—  380  - 

Ghapelie-sur-Erdre,  juin,  juillet,  août.  C  —  Chenille 
sur  le  chèvrefeuille,  mai,  juillet. 
i98  —      SYBILLA  (L.)  —   Savenay,  bois  de  ïouchelaye, 
Nantes,    La  Ghapelle-sur-Erdre.  A.  C.  —  Chenille 
sur  le  chèvrefeuille  des  bois,  mai. 

Gen.  26.  —  Vanessa. 

212  —  G.  ALBUM  (L.)  —  Avril,  juin,  juillet,  septembre, 
bois,  vergers,  haies.  (Deux  générations.)  Nanles, 
Savenay,  La  Ghapelle-sur-Erdre  et  généralement 
toute  la  Loire-Inférieure.  C.  partout.  Hiverne  cl 
reparaît  en  avril.  —  Chenille  vit  isolément  sur 
l'orme,  le  groseillier,  mai,  juillet. 

218  —  POLYGIILOROS  (L.)  —  Mars,  jujn,  août,  Loire- 
Inférieure.  G.  partout.  Hiverne  et  vole  en  hiver 
par  les  belles  journées  jusqu'en  avril.  —  Chenille 
sur  l'orme  en  sociétés  nombreuses,  mai,  juin,  août. 

216  —    -  URÏICAE  (L.)  —  G.  Loire-Inférieure,  juin,  juillet 

et  septembre.  (Deux  générations.)  Hiverne  et  repa- 
raît en  mars,  avril.  —  Chenille  vit  en  société  sur 
l'ortie  dioïque  en  mai  et  août. 

217  —      10  (L.)  —  Avril,  juillet,  août,  septembre.    (Deux 

générations.)  Loire-Inférieure.  C.  hiverne  et  reparaît 
en  avril.  --  Chenille  en  société  sur  l'ortie,  juin  et 
août. 
A.  Ab.  ioïdes  (0.)  —  Nantes,  7  octobre,  11. 

218  —      ANTIOPA  (L.)   —  Loire-Inférieure,  mai,  juillet, 

bois,  chemins.  G.  Hiverne  et  reparait  en  mars,  avril. 
—  Chenille  par  groupes  sur  le  saule  en  juin,  juillet. 

219  ~      ATALANTA.   —  Juillet,    septembre,  Loire-Infé- 

rieure. (Deux  générations.)  Hiverne  et  reparaît  en 
mars,  avril.  C  partout.  —  Chenille  sur  l'ortie,  juin 
et  août.  Elle  vit  solitaire  dans  une  feuille  repliée. 


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--  381  — 

2-21  —  CARDUI  (L.)  —  C.  Loire-Inférieure,  mai,'  juillet, 
août  et  septembre,  chemins,  coteaux  arides,  jardins, 
champs  de  chardons.  —  Chenille  solitaire  sur  les 
chardons  et  les  mauves,  dans  un  réseau  de  soie,  mai, 
juin,  juillet  et  août.  Le  papillon  hiverne  et  reparait 
en  avril. 

Gen.  28.  —  Melitaea  (F.) 

227  —      AURINIA  (Rolt.)  ARTEMIS  (S.  V.)  -C.  Nantes, 

forêt   de   Toufou,   Bouaye,    Savenay,    avril,    mai, 

clairières  et  prairies. 
5i29  —      CINXIA  (L.)  —  Loire-Inférieure,  avril,  mai,  août, 

prairies.  —  Chenille  sur  le  plantain,    avril,  juillet, 

vit  en  société  dans  le  jeune  âge.  ï.  C. 
281  —      PHOEBE  (S.  V.)  —  Savenay,    bords  de  l'Erdre. 

A.  C.  mai,  juillet. 
2i4  —      DIDKMA  (0.)  —  Nantes,  Gasché,  Ancenis.  A.  R. 

juin,    juillet,    août,    septembre,    coteaux    avides. 

—  Chenille  sur  le  plantain  lancéolé,  avril. 
289  —      ATHALIA  (Rotl.)  —  Savenay,  bords  de  TErdre, 

juin.  A.  R. 
241  —      PARTHENIE  (Bkh.)   PARTHENOIDES  (Kef.)    — 

Ancenis,  La  Ghapelle-sur-Erdrc,   Nantes.    C.   mai, 

juillet.  —  Chenille  sur  le  plantain  en  mai  et  août. 

Gen.  29.  —  Argynnis  (F.) 

245  -      SELENE  (Schiff.  S.  V.)  —  Loire-Inférieure.  A.  C. 

bois  et  prairies  humides,  mai,  juin. 
247  —      EUPHROSYNE  (L.)  —  Loire-Inférieure.  C.  avril, 

mai,  bois  et  prairies. 
252  —      DIA  (L.)  —  Loire-Inférieure.  C  mai,  juin,  juillet, 

septembre.  (Deux  générations).  —  Chenille  en  juin 

el  septembre  sur  les  violcllos  et  pensées. 
262  —      LATHONIA   (L.)   —   Loire-Inférieure.   C.   mai. 


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—  38Î  — 

août,  septembre,  jardins,  chemins,  —   Chenille   en 

juin  el  septembre  sur  les  violettes  et  les  pensées. 
265  —      AGLAJA  (L.)  —  Nantes,  Vertou,  Vieillevigne.  R- 

juillet,  bois,  landes.  —  Chenille  sur  la  Viola  canina, 

juin. 
267  —      ADIPPE  (L.)  —  Nantes,  La  Meilleraye.  R.  forêts, 

coteaux,  juillet  et  août. 

271  —      PAPHIA  (L.)  —    C.   Loire-Inférieure,  juiUet  et 

août,  bois,  fleurs  de  ronce  et  de  chardon.  —  Che- 
nille en  mai  sur  la  violette  de  chien  {Viola  canina). 

272  ~      PANDORA  (S.  V.)  ~  Gasché,  CHsson,  Machecoul, 

La  GhapelIe-sur-Erdre,  Le  Pouliguen,  Portnichel, 
prairies  de  la  rive  gauche  de  la  Loire  au-dessus 
de  Nantes,  forêt  de  Touvois,  La  Haie-Fouassière, 
bois ,  fleurs  de  chardons ,  juin  ,  juillet ,  août  et 
septembre.  (Espèce  méridionale.)  G. 

Fam.  IX.  -    SATYRIDAE. 

Gen.  31.   --    Melanargia  (Meig.) 

275  —  GALATEA  (L.)  —  T.  C.  champs,  bois,  prairies, 
juin  et  juillet,  Loire-Inférieure.  —  Chenille  sur  les 
graminées,  avril,  mai. 

Gen.  34.  —  Satyrus  (F.) 

346  —  SEMELE  (L.)  —  Savenay,  Portnichet,  Sainl- 
Brevin,  rochers,  dunes,  bois  de  sapins,  bruyères. 
C.  juillet. 

345  —  STATILINUS  (Ilufn.)  FAUNA  (Hb.)  -  Ancenis, 
Préfaillcs,  Portnichet,  La  Chapelle-sur-Erdre,  champs 
arides,  bois  de  sapins,  bruyères.  G.  juin,  juillet, 
août. 

Gen.  35.  -  PARAUGE  (Hb.) 

86.9  —      MAERA    (L.)    ADRASTA    (Dup.)    -    Nantes, 


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-383- 

Savenay.  A.  C.  mai,  lieux  arides.  —  Chenille  en 
avril,  juin,  sur  les  graminées. 

A.  Var.  et  ab.  adrasta  (Hb.)  maera  (Esp.  God) 
A.  C.  mai,  le  long  des  murailles  de  jardins  et  les 
lieux  arides.  —  Chenille  sur  les  graminées. 

371  —      MEGAERA  (L.)  —  G.  Toute  la  Loire-Inférieure, 

avril,  mai,  juillet.  —  Chenille  sur  les  graminées, 
avril,  juin.  Le  papillon  voltige  le  long  des  murs  et 
des  rochers. 

372  —      EGERIA  (L.)  MEONE  (Esp.)  —  Loire-Inférieure. 
-      T.  C.  mars,  avril,  mai,  juin,  août,  septembre.  (Type 

du  Midi.) 

A.  Var.  egerides  (Stgr.)  aegeria  (Esp.)  —  Type 
du  Nord.  C  Loire-Inférieure,  forêt,  bois. 

Gen.  86.  —  Epinephele  (Hb.) 

887  —  JANIRA  (L.)  —  Loire-Inférieure.  T.  C.  partout 
juin,  juillet,  prés  el  bois.  —  Chenille  sur  le  Pou 
pratensis,  avril,  mai. 

391  —  TITHONUS  (L.)  -  Loire-Inférieure.  T.  C  partout, 
juillet,  août.  Voltige  sur  les  fleurs  de  ronces.  — 
Chenille  sur  le  pâturin  annuel  {Poa  annua)^  mai. 

Gen.  87.  —  Coenonympha  (Hb.  Verz.) 

398  —      ARCANIA  (L.)  —  Forêt  du  Gâvre.  A.  C.  juin. 

405  —  PAMPHILUS  (L.)  —  T.  C.  dans  toute  la  Loire- 
Inférieure,  avril,  mai,  juillet,  prairies.  —  Chenille 
en  avril,  puis  en  juillet  sur  les  graminées. 

Fam.  X.  -  HESPERIDAE. 

Gen.  89.  —  Spilothyrus  (Dup.) 

4H  -  ALCEAE  (Esp.)  MALVAE  (S.  V.)  —  Loire-Infé- 
rieure. C.  mai,  juin,  juillet,  septembre.  —  Chenille  sur 
la  mauve  en  mai  et  vit  enfermée  dans  la  feuille  roulée. 


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—  384  — 

421  —  ALVEUS  (Hb.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur-Erdre. 
A.  G.  juillet,  prairies. 

426  —      MALVAE  (L.)  ALVEOLUS  (Hb.)  ~  La  Chapelle- 

sur-Erdre,  Nantes.  A.  G.  avril,  juin,  septembre. 

427  —      SAO  (Hb.)  —  Portnichel,  Le  Pouliguen.  G.  juillet. 

GeN.  4i.  —  NlSONIADES  (Hb.) 

43i  —  TAGES  (L.)  —  Loire-Inférieure.  G.  avril,  mai, 
juin,  juillet,  août.  —  Ghenille  en  mai,  septembre,  sur 
les  légumineuses. 

Gen.  42.  —  Hësperia. 

489  -  THAUMAS  (Hufn.)  LINEA  (S.  V.)  -  G.  Loire- 
Inférieure,  juin.  —  Ghenille  sur  les  graminées. 

440  -      LINEOLA  (0.)   —  Loire-Inférieure.   G.  juillet, 

bruyères,  coteaux. 

441  —      AGTEON  (Esp.)  —  Nantes,  Portnichel.   A.   G. 

coteaux  arides,  juillet. 
444  —      SYLVANUS  (Esp.)  —Loire-Inférieure.  G.  bois, 
forêts,  coteaux,  juin,  juillet,  septembre. 

Gen.  48.  —  GïCLOPmEs  (Hb.) 

452  —  MORPHEUS  (Pall.)  ARAGINTHUS  (F.)  —Forêt  de 
Toufou,  marais  de  Mazerolles.  A.  G.  juillet.  (Espèce 
très  localisée.) 


HETEROCERA. 


A.  SPHINGES  (L.) 

Fam.  I    -   SPHINGIDOE  (B.) 

Gen.    45.    —    Acherontia. 
457  —      ATROPOS  (L.)  —  Nantes  et  bords  de  l'Océan, 


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-  385  — 

août,  septembre,  octobre,  champs  de  pommes  de 
terre.  A.  G.  —  Chenille  sur  la  pomme  de  terre, 
juillet,  août,  octobre. 

Gen.  46.  —  Spmisx  (0.) 

458  —      GONVOLVULI  (L.)  —  Nantes.  G.  août,  septembre, 

sur  les  fleurs  de  pétunia,  jardins.  —  Ghenille  sur 
le  liseron  des  champs,  juillet  et  août. 

459  —      LIGUSTRI  (L.)  —  Nantes.  G.  juin.  -  Ghenille 

juillet  et  août  sur  le  laurier,  le  houx. 

460  —      PINASTRI  (L.)  -  La  Gliapelle-sur-Erdre,  Escou- 

blac-la-Bôle.  G.  août,  bois  de  pins.  —  Ghenille  sur 
les  pins  sylvestre  et  maritime,  le  pin  d'Ecosse,  le 
cèdre,  août,  septembre. 

Gen.  47.  —  Deilephila  (0.) 

464  —  GALII  (Rott.)  —  Nantes.  Pris,  en  1856,  sur  la 
roule  de  Paris,  sur  les  pétunias,  à  quelques  exem- 
plaires, non  retrouvé  depuis. 

467  —  EUPHORBIAE  (L.)  —  Portnichet.  G.  juin,  juillet, 
août.  —  Ghenille  sur  les  euphorbes  k  la  fin  de  juin, 
en  juillet  et  août  au  bord  des  chemins,  dans  les 
endroits  sablonneux. 

471  —      LIVORNIGA  (Esp.)  LINEATA   (F.)  —  Nantes, 

Savenay,  La  Ghapelle-sur-Erdre,  mai,  sur  le  pétunia. 
A.  R. 

472  —      GELERIO  (L.)  —  La  Haie-Fouassière,  Nantes,  La 

Ghapelle-sur-Erdre.  R.  août,  septembre  et  octobre. 

476  —      ELPENOR  (L.)  —  Nantes.  G.  mai,  juin,   août, 

jardins,  sur  le  pétunia.  —  Ghenille  sur  le  fuchsia 
et  la  vigne,  juillet,  septembre. 

477  —      PORGELLUS  (L.)   —  Nantes.  A.   R.  mai.   — 

Ghenille  sur  le  caillelait  jaune  {Galium  verum), 
juillet. 


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—  386  — 

Gen.  48.  —  Smerinthus  (0.) 

480  —  TILIAE  (L.)  —  Nantes,  juillet.  La  Chapelle-sur- 
Erdre,  Savenay.  G.  partout.  —  Chenille  juillet  et 
août,  sur  Torme  et  le  tilleul. 

487  -      OCELLATA  (L.)  -  Nantes,  Savenay,  La  Cha- 

pelle-sur-Erdre,  Ancenis.  G.  avril,  mai.  —  Chenille 
sur  les  saules,  l'osier,  le  peuplier,  le  bouleau,  le 
pommier,  juillet,  août  et  septembre. 

488  —      POPULI  (L.)  —  Savenay,  Nantes,  La  GhapeUe- 

sur-Erdre,  juin.  A.  G.  —  Chenille  sur  le  peuplier, 
4e  tremble,  le  bouleau,  juillet  et  septembre. 

Gen.  49.  —  Pterogon  (Bdv.) 

491  -  PROSEUPINA  (Pall.)  OENOTHERAE  (Schiff- 
S.  V.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur-Erdre.  A.  R. 
juin.  —  Chenille  en  juillet  et  août  sur  le  trèfle  d'eau. 

Gen.  50.  —  Macroglossa  (0.) 

498  -  STELLATARUM  (L.)  —  Loire-Inférieure.  T.  G. 
partout,  août,  septembre,  vole  en  plein  jour,  jardins, 
prairies,  le  long  des  murs.  —  Chenille  sur  les 
caille-lait  blanc  et  jaune,  avril,  juillet. 

495  —      BOMBYLIFORMIS  (0.)  —  Nantes,  La  Chapelle- 

sur-Erdre,  La  Haie-Fouassière,  mai.  A.  G.  vole  en 
plein  jour.  —  Chenille  sur  les  chèvrefeuilles,  juillet, 
août,  octobre. 

496  —     FUCIFORMIS  (L.)  —  Nantes,   La  Chapelle-sur- 

Erdre,  plus  rare  que  le  précédent,  vole  en  plein 
jour,  mai,  juin,  juillet.  —  Chenille  sur  les  scabieuses, 
juillet,  octobre. 

Fam.  11.   -  SESIIDAE  (H.  S.) 

Gen.  51.  —  Trochilium  (Se.) 
498  —      APIFORMIS  (Cl.)  —  Saint-Étienne-de-Monl-Luc, 


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—  387- 

bords  des  cours  d'eaux  plantés  de  peupliers,  juin. 
G.  —  La  chenille  passe  deux  hivers  dans  le  tronc 
des  peupliers,  cocon  dans  l'arbre  ou  près  de  l'aubier 
en  terre;  elle  se  chrysalide  en  avril. 

GeN.  52.  —  SCIAPTERON  (Stgr.) 

501  —  TABANIFORMIS  (Rott.)  ASILIFORMIS  (Schiff. 
S.  V.)  —  Juin.  Nantes,  localisé.  —  La  chenille 
passe  deux  hivers  dans  le  tronc  des  peupliers;  elle 
se  chrysalide  en  mai. 

Gen.  58.  —  Sesia  (Fab.) 

511  —      TIPULIFORMIS  (Cl.)  —  Nantes,  juin.  A.  R.  — 

Chenille  dans  la  tige  du  groseillier  rouge  {Ribes 
rubrum)  ;  se  chrysalide  en  avril. 

512  -      CONOPIFORMIS  (Esp.)  NOMADAEFORMIS  (Lasp) 

—  Bords  de  l'Erdre,  mai.  R. 
519  —      GULICIFORMIS  (L.)  —  Trappe  de  Meilleraye. 

585  —     EMPIFORMIS  (Esp.)  —  Trentemoult,  près  Nantes. 

G.  juillet. 

547  -  MUSGAEFORMIS  (V.  W.)  PfflLANTfflFORMIS 
(Lasp.)  —  Prairie  de  Mauves,  près  Nantes,  mai. 

562  —  GHRYSIDIFORMIS  (Esp.)  —  Savenay,  Saint- 
Nazaire,  Rezé-lès-Nantes,  mai,  sur  les  asters,  hélio- 
tropes d'hiver. 

A.  Ab.  cf  CHALC0CNEMIS  (Stgr.)  ~  Nantes,  juin 
(Ab.  méridionale).  Un  exemplaire. 

Fam.  V.  -  ZYGAENIDAE    (Bdv.) 

Gen.  59.  —  Ino  (Leach.) 

579  —      PRUNI  (Schiff.  S.  V.)  —  Garcouët,  près  Nantes, 

bord  du  taillis  et  chemin,  juillet  et  août. 
583  —      GLOBULARIAE  (Hb.)  —  Missillac,  juin. 

586  —      STATIGES  (L.)   —  Savenay,  La  Ghapelle-sur- 


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—  388  — 

Erdre,  LaMorinière,  Nozay,  Ghémeré,  Toufou,  Nantes, 
val  de  la  Cbézine.  A.  G.  mai.  — Chenille  en  mai  sur 
la  patience.  {Rumex  acetosella.) 

Gen.  60.  —  Zygaena. 

598  —      SARPEDON  (Hb.)   —   Portnichel,   juillet,  août. 
(Espèce  méridionale.)  G. 

611  —      TRIFOLII  (Esp.)  —  Loire-Inférieure.  G.  partout, 

mai,  juin.  —  Ghenille  eu  mai  sur  les  trèfles. 

A.  Ab.  confloens  GLiciRRHiZAE.  (Hb.)  —  Avcc 
le  type,  mais  plus  rare. 

R.  Ab.  arobi  (Hb.)  —  Avec  le  type,  mais  plus 
rare. 

612  —      LONIGERAE  (Esp.)  —  Savenay.  G.  juin,  prairies. 
614  -      FILIPENDULAE  (L.)    -   Machecoul,    Missillac, 

juin. 

B.  BOMBYCES. 

Fam.  I.  -   NYCTEOLIDAE  (H.  S.) 

Gen.  68.  —  Sarrothripa  (On.) 

650  —      UNDULANA  (Hb.)  REVAYANA  (S.  V.)  —  Nantes. 
A.  R.  août,  septembre. 

Gen.  64.  —  Earias  (Hb.) 

653  —      GHLORANA  (L.)  —  Nantes,  mai,  juin.  A.  R.  — 

Ghenille  en  juillet  sur  l'osier;  passe  Thiver  en  chry- 
salide. 

Gen.  65.  —  Hylophila  (Hb.) 

654  —      PRASINANA   (L.)  —  Nantes,  La  Ghapelle-sur- 

Erdre,  bois  de  hêtres  et  de  chênes,  juillet,  août.  C- 
—  Ghenille  sur  le  chêne  el  le  hêtre,  septembre, 
octobre. 


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—  389  - 

655  —  BIGOLORANA  (Fuessl.)  QUERGANA  (S.  V.)  — 
La  Ghapelle-sur-Erdre.  A.  G.  mai,  juillet,  bois  de 
chênes,  bouleaux.  —  Chenille  en  septembre  sur  le 
chêne,  le  bouleau. 

Fam.    II.  -  LitHOSIDAE. 

Gen.  68.  —  NoLA  (Leach.) 

661  -      STRIGULA  (Schifif.   S.  V.)  STRIGULALIS  (Hb.) 

—  Nantes,  mai.  A.  G.   —  Ghenille  en  mai  sur  le 

prunellier. 
667  —      ALBULA  (S.  V.)  ALBULALIS  (Hb.)  -  Nantes, 

R.  juillet.  Un  exemplau'e  pris  h  l'Eraudière  sur  les 

bords  de  TErdre. 

Gen.  70.  —  Nudaria  (Slph.) 

677  —      MUNDANA  (L.)  ^  Gasché,  juillet.  R. 

Gen.  71.  —  Galligenia  (Dup.) 

681  —  MINIATA  (Forst.)  ROSEA  (Fab.)  —  Nantes,  bords 
du  Gens,  bords  de  TErdre,  La  Ghapelle-sur-Erdre. 
G.  juillet,  août,  taillis,  lisières  des  bois.  —  Chenille 
en  mai  sur  les  lichens  des  arbres. 

Gen.  72.  —  Setina  (Scht.) 

689  —  MESOMELLA  (L.)  —  La  Ghapelle-sur-Erdre , 
Clermont,  juillet.  A.  G.  lisières  des  bois,  juillet.  — 
Ghenille  sur  les  lichens,  se  cache  le  jour  dans  les 
feuilles  sèches  au  pied  des  arbres,  avril  et  mai. 

Gen.  78.  —  Lithosia. 

694  —      GRISEOLA  (Hb.)  —  Portnichet.  R.  fin  juillet. 

698  -  LURIDEOLA  (Zinck.)  GOMPLANULA  (Bdv.)  — 
G.  Nantes,  bords  de  TErdre,  buissons,  bois,  juin, 
juillet  et  août.  —  Chenille  sur  les  lichens,  des 
chênes  et  des  érables  en  avril,  mai. 

25 


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—  390  — 

695  —      COMPLANA  (li.)  —  A.  R.  Loire-Inférieure,  juin. 

697  —  GANIOLA  (Hb.)  —  Toute  la  Loire-Inférieure  et 
T.  G.  partout,  mai,  juin,  juillet,  août  et  septembre, 
(Espèce  méridionale.)  —  Chenille  sur  les  lichens  des 
toits  et  des  rochers,  murailles,  avril,  mai,  juin. 

705  —  SORORGULA  (Hufn.)  AUREOLA  (Hb.)  —  Petit- 
Port,  près  Nantes.  A.  R. 

Gen.  75.  —  Gnophria  (Stph.) 

707  —      QUADRA    (L.)    —   G.    La  Ghapelle-sur-Erdre, 
Nantes,  les  taillis,  juillet  et  août.  —  Ghenillc  sur  les 
'  lichens  des  chênes,  mai  et  juin. 

Fam.  m.-  ARGTIIDAE (Stph.) 

Gen.  77.  —  Emydia  (Bdv.) 

715  —  STRIATA  (L.)  GRAMMIGA  (L.)  —  Paulx,  Save- 
nay,  Portnichet.  A.  R.  juillet.  —  Ghenille  sur  le 
genêt,  les  chicoracées  de  novembre  à  mai. 

Gen.  78.  —  Deiopeia  (Stph.) 

718  —      PULGHELLA  (L.)  PULGHRA  (Schifif.  S.  V.)  — 

R.  Préfailles,  août. 

Gen.  79.  —  Euchelia  (B.) 

719  —     JAGOBEAE  (L.)  —  Toute  la  Loire-Inférieure.  T. 

G.  mai,  juin,  juillet,  jardins,  vergers,  chemins.  — 
Ghenille  sur  le  séneçon  {Senecio  jacobeaé)^  ]\xi\h\, 
août,  septembre  ;  chrysalide  passé  l'hiver. 

Gen.  80.  —  Nemcophila  (Stph.) 

722  —  RUSSULA  (L.)  —  Toufou,  Missillac,  forêts,  juin. 
Gen.  81.  —  Gallimorpha  (Lat.) 

726  —  HERA  (L.)  —  Toute  la  Loire-Inférieure.  G.  partout, 
juillet,  août.  —  Ghenille  d'octobre  à  mai  sur  le 
prunier,  le  prunellier,  le  genêt  à  balais. 


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391  — 

A.  Ab.  lutescens  (Stgr.)  —  Nantes,  Savenay, 
Paimbœuf.  —  R.  juillet. 

Gen.  84.  —   Arctia  (Schrk.) 

783  —  GAJA  (L.)  —  T.  G.  Loire-Inférieure,  avril,  juin, 
septembre  et  octobre.  —  Ghenille  sur  les  fraisiers 
et  plantes  herbacées,  mai,  juin,  juillet. 

735  —      VILLIG A  (L.)  —  A.  G.  Loire-Inférieure,  mai,  juin. 

—  Ghenille  d'octobre  à  avril  sur  les  plantes  herba- 
cées, le  genêt,  le  chèvrefeuille. 

736  —      PURPURAÏA  (L.)  PURPUREA  (L.)  —  Chauve, 

juin. 
744  —      MAGULATA  (Lang.)  CIVICA  (Hb.)  -  Petit-Mai^s, 
juin. 

Gen.  87.   —  Spilosoma  (Stph.) 

774  —  FULIGINOSA  (L.)  -  Nantes.  G.  juillet.  —  Ghe- 
nille sur  les  plantains  d'octobre,  avril  et  juillet. 

779  -      MENDIGA  (Gl.)  —  Nantes,  avril,  mai,  G.  —  Ghe- 

nille en  juillet  sous  les  pierres,  sous  les  décombres  ; 
elle  est  polyphage  sur  les  plantes  herbacées. 

780  —      LUBRIGIPEDA  (Esp.)  —  Savenay,  Nantes.  A.  G. 

mai,  juin,  jardins,  bois,  pâturages.  •—  Ghenille  poly- 
phage sur  les  plantes  herbacées  de  septembre  en 
avril. 

781  —      MENTHASTRI  (Esp.)  —  G.  Nantes,  Savenay  et 

toute  la  Loire-Inférieure,  mai,  jardins,  prés.  — 
Ghenille  de  juillet  îi  octobre  sur  les  plantes  herbacées 
et  les  arbres  fruitiers. 

Fam.  IV.  -  HEPIALIDAE  (H.  S.) 

Gen.  89.  —  Hepialus  (F.) 

785  —  SYLVINUS  (L.)  —  Nantes.  A.  G.  mai,  Juin  et 
septembre,  prairies,  buissons,  lisières  des  bois.  — 


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—  392  — 

Chenille  dans  les  racines  des  graminées,  des  phlox, 
en  mars  et  juin,  s'élève  faeileraenl  dans  les  pois  à 
fleurs  oii  l'on  plante  des  racines. 
791  -  LUPULINUS  (L.)  —  Nantes.  A.  G.  mai,  juin, 
août,  prairies,  lisières  des  bois.  —  Chenille  en  jan- 
vier, février  et  juin,  s'élève  facilement  dans  les  pots 
à  fleurs  où  l'on  plante  des  racines  de  graminée. 

Fam.  V.  -   COSSIDAE  (H.  S.) 

6en.  90.  —  Cossus. 

797  —  COSSUS  (L.)  LIGNIPERDA  (F.)  —  Nantes , 
Savenay,  La  Chapelle-sur-Erdre.  A.  C.  —  Chenille 
dans  l'intérieur  des  saules,  des  ormes,  des  racines 
d'osier,  des  bouleaux,  des  peupliers  et  des  chênes. 
Elle  vit  deux  ans,  a  toute  sa  taille  en  mai. 

Gen.  91.  —  Zeuzera. 

802  -  PYRINA  (L.)  AESCULI  (L.)  -  Nantes,  Portni- 
chet,  Paimbœuf.  A.  R.  juin,  juillet  et  août.  —  Che- 
nille dans  la  tige  ou  les  branches  des  frênes,  des 
ormes,  houx,  pommiers,  bouleaux,  tilleuls,  lilas, 
chênes,  marronniers  d'Inde;  se  chrysalide  en  juin. 

Fam.  VI.  —  COCHLIOPODAE  (Bdv.) 

Gen.  96.  —  Heterogenea  (Knoch.) 

812  —  LIMACODES'(Hufn.)  TESTUDO  (Schiff.  S.  V.)  — 
Nantes,  Savenay,  La  Chapelle-sur-Erdre,  taillis.  G. 
juin.  —  Chenille  sur  les  chênes,  les  hêtres,  juillet, 
août,  septembre.  Fait  sa  coque  en  octobre,  mais  ne 
s'y  chrysalide  qu'en  avril. 

Fam.  VII.  -  PSYCHIDAE. 

Gen.  97.  —  Psyché  (Schrk.) 
815  —      UNICOLOR  (Hufn.)  GRAMINELLA  (Schiff.  S.  V.) 


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«-393- 

—  Clermont,  Nantes.  C  —  Fourreau  sur  les  grami- 
nées, avril,  mai. 

847  -      PLUMISTRELLA  (Hb.)  PLUMIGERELLA  (Dup.) 

—  Nozay,  fin  de  mai. 

Gen.  99.  —  FuMEA  (Hb.) 

868  ~      INTERMEDIELLA   (Bruand.)  NITIDELLA  (Hof.) 

—  Nantes,  juin.  G.  —  Fourreau  sur  le  chêne,  le 
charme. 

Fam.  VIII.  -  LIPAR1DAE. 

Gen.  101.  —  ORGYA(Och.) 

878  -  GONOSTIGMA  (Fab.)  —  La  Jonnelière,  La  Cha- 
pelle-sur-Erdre.  G.  juin.  —  Chenille  sur  le  chêne, 
le  prunellier,  le  noisetier,  réglanlier,  mai,  juillet. 

878  —  ANTIQUA  (L.)  —  Savenay,  Nantes.  G.  juillet, 
septembre,  jardins,  forêts,  champs  de  genêts.  — 
Chenille  en  mai,  août,  sur  le  chêne,  les  arbres  frui- 
tiers, l'arbre  de  Judée,  le  genêt  à  balais. 

Gen.  102.   —  Dasychira  (Slph.) 

890  —  FASCELINA  (L.)  —  Loire-Inférieure.  C.  partout, 
juillet.  —  Chenille  sur  le  Genisla  scopariae  d'oc- 
tobre il  mai,  juin. 

892  —  PUDIBUNDA  (L.)—  Loire-Inférieure.  C.  partout, 
avril,  mai,  juin.  —  Chenille  sur  le  chêne,  l'orme, 
le  noyer,  les  arbres  fruitiers,  août,  octobre. 

Gen.  104.  —  Laria  (Hb.) 

894  —      L.    NIGRUM    (Mueller).    V.  NIGRUM  (Fab.)  — 

Nantes.  R.  juin. 

Gen.  105.  —  Leucoma  (Stph.) 

895  —      SALICIS  (L.)   --  Nantes.  T.  C.  juin,  juillet.  — 

Chenille  sur  les  saules,  les  peupliers,   mai   et  juin. 


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—  394  — 

On  trouve  les  chenilles,  les  chrysalides  et  les 
papillons  en  même  temps. 

GeN.    106.   —   PORTHESIA   (Slph.) 

899  —      CHRYSORRHOEA  (L.)  -  Toute  la  Loire-Infé- 

rieure. T.  G.  juillet,  forêts,  jardins,  baies.  —  Che- 
nille en  avril,  mai,  sur  le  chêne,  l'orme,  l'aubépine, 
les  arbres  fruitiers. 

900  -^      SIMILIS  (Fuessl.)  AURIFLUA  (Fab.)  —  Savenay, 

Paimbœuf.  G.  juillet.  —  Ghenille  sur  le  chêne,  l'au- 
bépine, mai,  juin. 

Gen.  107.  —  PsiLTiRA  (Stph.) 

901  —      MONAGHA  (L.)  —  La   Ghapelle-sur-Erdre,  bois 

de  La  Meilleraye,  taillis.  A.  G.  certaines  années.  — 
Ghenille  de  septembre  à  juin,  sur  le  chêne,  le  bou- 
leau, le  hêtre. 

GeN.   108.  —  OCISERIA  (H.   S.) 

902  -      DISPAR  (L.)  -  T.  G.  toute  la  Loire-Inférieure, 

juillet,  août,  forêts,  chemins,  jaixlins,  juillet,  août. 
—  Ghenille  en  mai,  juin,  sur  tous  les  arbres  fruitiers 
et  forestiers. 

Fam.  IX.  ~  BOMBYCIDAE  (Bdv.) 

Gen.  110.  —  RoMBYx  (Rdv.) 

911  —      GRATAEGI  (L.)  —  Nantes,  septembre.  A.  R.  — 

Ghenille  d'octobre  à  mai  sur  l'aubépine,  le  prunellier, 
le  bouleau,  le  chêne,  le  saule. 

912  —      POPULI  (L.)  —  Nantes,  janvier.  A.  G.  —  Ghe- 

nille en  mars,  mai,  juin  sur  le  prunier,  le  hêtre,  le 
peuplier,  le  chêne. 
916  —      NEUSTRIA  (L)  —  Nantes  et  toute  la  Loire-Infé- 
rieure. T.  G.  juin,  juillet,  jardins,  vergers.  —  Che- 


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—  395  — 

nille  en  famille  sur  tous  les  arbres  fruitiers  et  fores- 
tiers en  mai. 

924  —      TRIFOLII  (S.  V.)  —  Nantes,  coteaux  du  Ghéne^ 

Vert.  A.  G.  août,  pâturages.  ~  Chenille  sur  les 
genêts,  les  luzernes,  de  septembre  à  mai. 
A.  Ab.  MEDiCAGiNis  (Bork).  —  Nantes.  A.  G. 
9-20  —  LANESTRIS  (L.)  —  Nantes,  coteaux  du  Ghéne- 
Vert,  Machecoul,  février,  mars,  avril.  A.  G.  —  Ghe- 
nille  en  société  sur  les  haies  de  prunellier  et  d'aubé- 
pine, mai,  juin.  La  chrysalide  reste  souvent  deux, 
trois  et  quatre  ans  avant  d'éclore. 

925  —      QUERGUS  (L.)  —  Nantes  et  toute  la  Loire-bifé- 

rieure.  —  Ghenille  polyphage  sur  les  arbres  fruitiers 
et  forestiers,  sur  la  ronce,  le  groseillier,  le  lilas, 
Torme,  le  prunellier,  le  genêt ,  de  septembre  k  juin. 

926  —      RUBI   (L.)  —  Loire-Inférieure.  G.  juin,  forêts, 

vergers,  prairies.  —  La  chenille  éclot  fin  jum  et 
parvient  à  toute  sa  taille  en  octobre,  passe  l'hiver 
sous  la  mousse,  les  feuilles  mortes,  dans  les  ronces, 
mange,  l'hiver,  des  feuilles  sèches  et  les  jeunes 
pousses  des  plantes  herbacées;  se  chrysalide  en  mai. 
Difficile  à  élever. 

Gen.  H2.  —  Lasiocampa  (Latr.) 

934  —      PRUNI  (L.)  —  Nantes.  R.  juiUet,  jardins.  (Espèce 
méridionale.) 

985  —      QUERGIFOLIA  (L.)  —  Savenay,  Saint-AIgnan. 

A.  R.  juillet,  jardins,  vergers.  —  Ghenille  sur  les 
arbres  fruitiers  de  septembre  à  juin. 

986  —      POPULIFOLIA  (S.  V.)  ~  R.  Nantes,  juillet.  — 

Ghenille  sur  les  saules  et  les  peupliers  de  septembre 
à  juin. 

987  —      TREMULffOLIA  (Hb.)  BETULIFOLIA  (0.)  — 


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—  396  — 

Nanles,  roule  de  Paris,  mai.  —  Chenille,  septembre, 
ormeaux. 
988  —      ILICIFOLIA  (L.)—  Missiilac,  avril.—  Chenille  en 
septembre. 

Fam.  X.  ~  ENDROMIDAE  (Bdv) 

Gen.  118.  —  Endromis. 

946  —  VERSICOLORA  (L.)  —  La  Chapelle-sur-Erdre. 
R.  —  Chenille  surje  bouleau  en  juin  et  juillet. 

Fam.  XI.  -  SATURNIDAE  (IJdv.) 

Gen.  114.  —  Saturnia  (Schrk.) 

950  —  PYRI  (Schiff.  S.  V.)  -  Nantes  et  toute  la  Loire- 
Inférieure.  C.  partout,  mai,  juin,  jardins,  vergers. 
—  Chenille  sur  le  poirier.  Elle  reste  parfois  deux  et 
trois  ans  en  chrysalide  et  paraît  à  la  fin  de  juillet.   ' 

952  -  PAVONIA  (L.)  CARPINI  (Schiff.  S.  V.)  —  Loire- 
Inférieure.  C.  partout,  mars,  avril.  —  Chenille  sur  le 
prunellier,  la  ronce,  de  mai  à  juillet  ;  vivent  en 
famille  jusqu'à  la  troisième  mue  ;  elles  restent  deux 
et  trois  ans  en  chrysalide. 

Fam.  XII.  -  DREPANULIDAE  (Bdv.) 
Gen.  116.  —  Drepana  (Schrk.) 

957  —      FALCATARIA  (L.)   FALCULA  (Sch.  S.  V.)  — 

Mai,  Nantes,  Toufou,  La  Chapelle-sur-Erdre.  A.  C. 

lisière  des  bois.  —  Chenille  sur  le  bouleau,  le  tremble, 

le  saule. 
961  -      BINARIA  (Hufn.)  HAMULA  (S.  V.)  —  A.  C  mai, 

juillet,   août,  Nantes,    chêne.  —   Chenille   sur  le 

chêne. 

Gen.  117.  —  Ciux  (Leach.) 
968  —      GLAUCATA  (Se.)  SPINULA  (Schiff.  S.  V.)  — 


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Nantes,  mai,  juin,  août.  A.  C.  dans  les  buissons.  — 
Chenille  sur  le  prunellier,  Taubépine  en  juin, 
septembre.  (Deux  générations.) 

Fam.  XIII.  -  NOTODONTIDAE. 

Gen.  118.  —  Harpya  (0.) 

966  —      FURCULA  (L.)  —  Nanles,  Sainl-Aignan,  mai. 
789  —      ERMINEA  (Esp.)  —  Nantes.  R.  juin.  —  Chenille 
sur  le  peuplier. 

970  —      VINULA  (L.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur-Erdre. 

C.  mai,  juin.  —  Chenille  sur  les  peupliers  suisse  et 
de  la  Caroline,  le  bouleau,  le  tremble,  juin,  juillet, 
août. 

Gen.  119.  —  Stauropus  (Germ.) 

971  —      F  AGI  (L.)  —  Nantes,  La  Madeleine,  route  de 

Paris,  La  Chapelle-sur-Erdre.  A.  R.  les  taillis,  mai. 
—  Chenille  sur  le  noisetier. 

Gen.  121.  —  Hybocampa  (L.) 

974  —      MILHAUSERI  (Fab.)  —  Nantes,  Roche-Maurice, 

mai. 

Gen.  122.  —  Notodonta  (0.) 

975  —      TREMULA  (Cl.)  DICTAEA  (L.)  —  Nantes,  Ance- 

nis,  La  Chapelle-sur-Erdre.  A.  C.  mai.  —  Chenille 
sur  le  peuplier,  le  saule,  le  bouleau,  juin,  septembre  ; 
se  chrysalide  en  terre. 

977  —      ZICZAC  (L.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur-Erdre. 

A.  C  juin,  août.  —  Chenille  sur  le  peuplier,  le  bou- 
leau, le  chêne,  septembre  ;  se  chrysalide  entre  deux 
feuilles. 

978  —      TRITOPHUS  (S.  V.)  ~  Nantes,  La  Chapelle-sur- 

Erdre.  A.  R.  peupliers. 


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--398-^ 

979  —  TREPIDA  (Esp.)  TREMULA  (S.  V.)  —  Nantes, 
chemin  de  Carcouel,  avril. 

981  -      DROMEDARIUS  (L.)  —  Nantes.  R.  mai. 

982  —      GHAONIA  (S.  V.)  -  Nantes. 

983  —      QUERNA  (S.  V.)  -  Nantes. 

984  -      TRIMAGULA    (Esp.)   DODONEA   (Frr.)   —    Un 

exemplaire  pris  à  La  Ghapelle-sur-Erdre. 
Av.  et  Ab.  DODONEA  (S.  V.)  —  Nantes. 

GeN.    128.   —   LOPHOPTERYX. 

989  —  GAMELINA  (L.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur- 
Erdre.  A.  G.  avril,  mai,  juillet,  août.  —  Ghenille 
sur  le  chêne,  le  bouleau,  le  hêtre,  le  peuplier,  juin, 
juillet,  septembre,  octobre  ;  se  chrysalide  en  terre. 

Gen.  124.  —  Pterostomx\  (Germ.) 
991  —      PALPINA   (L.)   —   Nantes,  juillet.   A.    G.    — 
Ghenille  sur  les  peupliers,  les  saules,  juin,  septembre, 
octobre  ;  se  chrysalide  en  terre. 

Gen.  125.  —  Drynobia. 
994  —      MELAGONA  (Rork).  —  Nantes. 

Gen.  128.  —  Gnethocampa  (Stph.) 
998  —  PROGESSIONEA  (L.)  —  La  Ghapelle-sur-Erdre, 
Garquefou.  A.  R.  août.  —  Ghenille  en  société  sur  le 
chêne  en  juin,  se  chrysalide  en  commun  au  pied  de 
Tarbre,  sous  une  toile  commune  où  restent  les  poils 
de  la  chenille  qui  causent  de  vives  démangeaisons 
si  on  y  touche. 

Gen.  129.  —  Phalera  (Hb.) 
1002  —    BUGEPHALA  (L.)  —  Nantes,  Savenay,  La  Gha- 
pelle-sur-Erdre. G.  juin,  juillet.  —  Ghenille  sur  le 
bouleau,  le  peuplier,   le  chêne,  le  hêtre,  de  juillet 
à  octobre.  Passe  Vhiver  en  chrysalide. 


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—  399  — 

Gen.  180.  —  Pygaera  (0.) 

1007  —  CURTULA  (L.)  — La  Ghapelle-sur-Erdre,  Nantes, 
mai,  aoûl.  G.  — Chenille  sur  les  i>eupliers,  les  saules, 
juin  et  octobre.  Vil  et  se  chrysalide  entre  deux 
feuilles  liées  par  de  la  soie. 

1009  —     ANACHORETA   (Fab.)    —    Nantes  (chemin  du 

Massacre). 

1010  —    PIGRA  (Hufn.)  RECLUSA  (Fab.)  —La  Ghapelle- 

sur-Erdre,  mai,  aoûl.  A.  G.  —  Ghenille  sur  le 
tremble,  le  saule  Marceau,  juin  et  septembre.  Vil  et 
se  chrysalide  entre  deux  feuilles  liées. 

Fam.  XIV.  -  CYMATOPHORIDAE  (H.  S  ) 

Gen.  131.  —  Gonophora  (Brd.) 

1011  —    DERASA  (L.)  —   Nantes,  bords  de  la  Ghézine, 

Garcouët,  Ghauvé,  juillet.  R.  miellée.  —  Ghenille  sur 
le  framboisier,  septembre. 

Gen.  132.  —  Thyatira  (0.) 

1012  —    BATIS  (L.)  —  Nantes,  La  Ghapelle-sur-Erdre, 

miellée.  G.  juillet  et  août.  —  Ghenille  sur  le  fram- 
boisier, juin,  septembre. 

Gen.  138.  —  Gymatophora  (Tr.) 

1014  —  OGTOGESIMA  (Hb.)  OGULARIS  (Gn.)  —  Nantes, 
bords  de  la  Ghézine,  Escoublac,  18  juillet.  A.  R. 
miellée.  —  Ghenille  sur  le  peupUer,  entre  deux 
feuilles,  juillet,  septembre.  (Deux  générations.) 

Gen.  184.  —  Asphalia  (Hb.) 

1028  —  RIDENS  (F.)  —  Nantes,  La  Ghapelle-sur-Erdre. 
A.  G.  avril  cl  août.  —  Ghenille  sur  le  chêne,  en 
juin  et  octobre.  (Deux  générations.) 


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^  400- 
C.    NOCTUAE. 

Fam.  I.  -  BOMBYCOIDES  (Stph.) 

Gen.  185.  —  DiLOBA  (Slph.) 

1024  —  CAERULEOCEPLALA  (L.)  —  Nantes.  A.  C. 
septembre.  —  Chenille  sur  l'aubépine,  le  prunellier, 
les  arbres  fruitiers,  avril,  mai. 

Gen.  187.  —  Arsilonche  (Ld.) 

1028  —  ALBOVENOSA  (Golze)  VENOSA  (Bork.)  —  Marais 
de  rErdre. 

Gen.  141.  —  Demas  (Slph.) 

1083  —    CORYLI  (L.)  —  La  Chapelle-sur-Erdre,  4  juillet. 

Gen.  142.  —  Acronycta  (0.) 

1085  —    LEPORINA  (L.)  —  La  Chapelle-sur-Erdre.  A.  R- 

août.  —  Chenille  sur  le  bouleau,  septembre. 

1086  —    ACERIS  (L.)  —  Nantes,  mai,  juin.  C  —  Chenille 

sur  Tormeau,  juillet  et  aoftt. 

1087  -    MEGACEPHALA  (Fab.)  -  Juin,   Nantes.  C  k  la 

miellée.  —  Chenille  sur  le  peuplier,  le  tremble,   le 
bouleau,  septembre,  novembre. 

1088  —    ALNI  (L.)  —   Eclos   d'une    chenille   prise  par 

M.  Grolleau  dans  la  Loire-Inférieure.  Un  exemplahre. 

1042  —    TRIDENS  (S.  V.)  -  Nantes,  juin. 

1048  —  PSI  (L.)  —  C.  dans  toute  la  Loire-Inférieure 
à  la  miellée.  Ancenis,  juillet,  août.  —  Chenille  sur 
le  Salix  cinerca^  l'églantier,  les  arbres  fruitiers, 
l'orme,  le  bouleau,  juillet,  septembre. 

1047  —  AURICOMA  (Fab.)  -  Nantes,  plus  rare  que  la 
précédente.  —  Chenille  sur  le  poirier. 

1058  —  RUMICIS  (L.)  —  Toute  la  Loire-Inférieure,  mai, 
juin,  juillet,  août.  T.  C.  à  la  miellée.  —  Chenille  sur 


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—  401  - 

les  plantes   herbacées,    le    poirier,    juillet,    août, 
septembre. 
1055  —    LIGUSTRI  (Fab.)    —   Nantes.  G.   à  la  miellée, 
juillet,  août.  —  Chenille  sur  le  frêne,  le  troène,  juin, 
juillet,  août. 

Gen.  148.  —  Brïophila  (Tr.) 

1066  —  ALGAE  (Fab.).  —  Nantes.  A.  G.  juillet  à  la 
miellée.  —  Ghenille  en  mai  sur  les  lichens  des  ormes. 
A.  Ab.  mendacula  (Hb.)  —  Nantes,  juillet,  août. 
A.  G.  à  la  miellée. 

1068  —  MURALIS  (Forst.)  GLANDIFERA  (Hb.)  —  Nantes, 
La  Ghapelle-sur-Erdre.  T.  G.  juillet,  août  à  la  miellée, 
forêts,  jardins,  murailles.  —  Ghenille  sur  les  placo- 
dium,  les  lichens.  Se  tient  cachée  le  jour,  mai,  juin. 
A.  Var.  par  (Hb.)  —  Nantes.  G.  mêmes  époques 
que  les  précédentes,  et  comme  elle,  se  prend  à  la 
miellée  aux  mêmes  endroits. 

1070  —  PERLA  (Fab.)  ~  -  Ancenis. 

Gen.  145.  —  MoMA  (Hb.) 

1078  —  ORION  (Esp.)  —  Nantes,  coteau  du  Ghêne-Vert  et 
vallée  de  la  Ghézine,  Pontchàteau,  La  Ghapelle-sur- 
Erdre.  A.  R.  juin.  —  Ghenille  sur  le  chêne,  juin, 
juillet,  août.  Fait  une  coque  ovoïde  en  septembre, 
comme  le  bombyx. 

NOCTUIDAE  (Bdv). 

Gen.  148.  —  Agrotis  (0.) 

1076  —    STRIGULA  (Thnb)  PORPHYREA  (Hb.)  -  Nantes. 

1081  —  JANTHINA  (Esp.)  —  Nantes.  G.  juin,  juillet, 
août,  septembre,  sous  le  lierre,  en  battant  les  haies 
à  la  miellée.  —  Ghenille  en  février,  mars,  sur  le 
lierre  terrestre,  les  oseilles. 


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-  4011  — 

1082  —    LINOGRISEA  (S.  V.)  -  Nantes,  La  Ghapelle-sur- 

Erdre,  août,  septembre.  A.  R.  k  la  miellée.  — 
Chenille  en  mars  dans  les  feuilles  sèches,  là  où  crois- 
sent le  lierre  terrestre  et  les  violettes. 

1083  —    FIMBRIA  (L.)  —  Nantes.  C.  certaines  années  à 

la  miellée,  juillet.  —  Chenille  sur  la  primevère  en 
avril. 

1084  -    INTERJECTA  (Hb.)   —   Nantes,   Saint-Philbert, 

juillet,  août.  G.  à  la  miellée.  —  Chenille  en  avril 
sur  les  plantes  herbacées. 

1091  -    OBSCURA  (Brahm.)  RAVIDA  (Hb.)  —  Missillac, 

sous  récorce,  septembre. 

1092  —    PRONUBA  (L.)  —  Loire-Inférieure,  du  commen- 

cement de  mai  à  la  fin  d'octobre.  T.  C.  à  la  miellée 
partout.  —  Chenille  en  mars  sur  toutes  les  plantes 
herbacées. 

A.  Ab.  innuba  (Tr.)  —  Nantes.  C  mêmes  époques 
que  la  précédente  (miellée). 

1093  —    ORBONA  (Hufn.)   SUBSEQUA  (Hb.)  -  Nantes, 

septembre.  A.  R.  à  la  miellée.  —  Chenille  en  avril, 
sur  les  plantes  herbacées. 

1094  —    COMES  (Hb.)  ORBONA  (Fab.)  —  Loire-Inférieure, 

juin,  juillet,  août,  septembre,  octobre.  T.  C.  à  la 
miellée.  —  Chenille  en  avril  sur  les  plantes  her- 
bacées et  potagères,  les  arbres  fruitiers. 

1104  —  BAJA  (Fab.)  —  Nantes,  août.  R.  à  la  miellée.  — 
Chenille  en  avril  sur  les  plantes  herbacées. 

1104  —  C.  NIGRUM  (L.)— Nantes,  La  Chapelle-sur-Erdre, 
août.  T.  C.  a  la  miellée.  —  Chenille  polyphage  en 
avril,  mai,  sur  les  plantes  herbacées. 

1122  -  XANTHOGRAPHA  (Fab.)  —  Nantes.  T.  G.  à  la 
miellée,  août,  septembre.  -  Chenille  en  avril  sur 
les  graminées. 


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—  403  — 

1124  —    UMBROSA  (Hb.)  —  Nantes. 

1125  —    RUBI  (View.  Verz.)  BELLA  (Bork.)    -  Nanlcs, 

La  Chapelle-sur-Erdre,  septembre.  A.  C.  à  la  miellée. 

—  Chenille  en  avril  dans  les  feuilles  sèches  des 
bois  humides  ;  vil  de  plantes  herbacées. 

1188  —  GLAREOSA  (Esp.)  UEBRAIGA  (Hb.)  -  Nantes. 
A.  R.  à  la  miellée,  septembre,  octobre.  —  Chenille 
en  avril,  mai  sur  les  plantes  herbacées,  les  genêts. 

1148  —    PLECTA  (L.)  —  Nantes,  juillet  et  août.  C.  à  la 

miellée.  —  Chenille  en  septembre  sur  les  plantes 
herbacées  renouées. 

1149  —    LEUCOGASTER  (Frey.)  —  Nantes,  La  Chapelle- 

sur-Erdre,  juillet,  août,  septembre,  octobre,  miellée. 
C.  certaines  années.  (Espèce  méridionale.) 
1157  —    PYROPHILA  (Fab.)  SIMULANS   (Hufn.)   —  Le 
Màtinais  (Missillac). 

1190  —    PUTA  (Hb.)?  —  Ancenis,  suivant  Grolleau.  Le 

type  Puta,  tel  qu'il  est  figuré  par  Godart,  tome  5, 
pi.  67,  fig.  7,  n'ayant  jamais  été  pris,  à  ma 
connaissance,  dans  la  Loire-Inférieure,  que  par 
MM.  Grolleau  et  Millière  {Icônes,  t.  8,  p.  128), 
assurant  qu'il  est  sans  doute  inconnu  en  France, 
n'est  marqué  ici  qu'avec  un  point  d'interrogation 
malgré  le  crédit  qu'on  doit  ajouter  à  l'assertion  de 
M.  Grolleau. 

A.  Ab.  LiGNOSA  (God.)  —  Nantes,  La  Chapelle- 
sur-Erdre.  C.  à  la  miellée,  juillet,  août,  septembre. 

—  Chenille  sur  les  plantes  herbacées  en  avril. 

1191  —    EXCLAMATIONIS   (L.)  —  Nantes,  avril,  juin, 

août.  C.  à  la  miellée.  —  Chenille  en  février,  mars 
sur  les  primevères,   les  violettes  et  autres  plantes 
herbacées  et  potagères. 
1215  —    TRITICI  (L.)  -  Nantes.  A.  C.  certaines  années. 


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-404  — 

ii  la  miellée,  juillet,  août.  —  Chenille  en  mars,  avril 
dans  les  touffes  des  graminées. 
12iO  —    OBELISGA  (Hb.)  —  Frossay,  Nantes.  A.  R.  août. 

1226  —    SAUGIA  (Hb.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur-Erdre. 

G.  à  la  miellée,  juillet,  août,  septembre  et  octobre. 

—  Ghenille  en  avril,  mai  sur  les    oseilles,    les 
laiterons  {Souchus  arvensis). 

A.  Ab.  MARGARITOSA  (Hw.)  AEQUA  (Hb.)  —  NaUtCS, 

LaGhapdle-sur-Erdre,  LePouliguen.  (Mêmes  époques 
d'apparition  que  le  type.)  G.  à  la  miellée. 

1227  —    TRUX  (Hb.)  —  Nantes,  bords  de  la  Ghézine.  R- 

septembre,  miellée. 

1229  —  YPSILON  (Rott.)  SQFFUSA  (Hb.)  -  Nantes.  G. 
à  la  miellée,  juillet,  aoûl,  septembre.  —  Chenille  en 
avril ,  mai  sur  le  laiteron  des  champs ,  bois  et 
jardins. 

1280  —  SEGETUM  (S.  V.)  GLAVIS  (Rott.)  —  Loire- 
Inférieure.  T.  G.  à  la  miellée,  de  juin  à  octobre. 

—  Ghenille  polyphage  au  pied  des  plantes  herbacées 
et  potagères. 

1233  —  GRASSA  (Hb.)  —  Nantes,  roule  de  Paris,  bords 
de  la  Ghézine.  R.  à  la  miellée,  août.  —  Ghenille  en 
avril  dans  les  racines  des  graminées. 

1241  —  VESTIGIALIS  (Rolt.)  VALLIGERA  (Hb.)  — 
Ancenis,  Le  Pouliguen.  A.  G.  aoûl.  —  Ghenille  en 
avril  sur  les  chardons,  lieui  incultes. 

Gen.  151.  —  Neuronia  (Hb.) 

1250  —  POPULARIS  (Fab.)  LOLH  (Esp.)  —  Nantes.  R. 
septembre. 

Gen.  152.  —  Mamestra  (Tr.) 

1260  —    THALASSINA  (Rolt.)  —Environs  de  Nantes. 

1261  —    DISSIMILIS  ^Knock.)  SUASA  (Bkh.)  —  Nantes. 


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-408  — 

T.  G.  à  la  miellée,  juillet,  août.  —  Chenille  sur  les 
plantes  herbacées  en  septembre. 

1262  —    PISl  (L.)  —  Nantes. 

1268  —  BRASSIGAE  (L.)  —  Toute  la  Loire-Inférieure. 
T.  G.  à  la  miellée,  juin,  juillet,  août,  septembre.  — 
Ghenille  en  juin  sur  les  choux  dans  le  cœur. 

1-265  -    PERSIGARIAE  (L.)  —  Ancenis. 

1273  —  OLERAGBA  (L.)  —  Toute  la  Loire-Inférieure. 
T.  G.  a  la  miellée,  d'avril  à  septembre.  —  Ghenille 
en  avril,  juillet  sur  les  plantes  herbacées  et  pota- 
gères. 

1274—  GENISTAE  (Bk.)  —  Nantes,  Dervallîères. — 
Ghenille  sur  les  genêts. 

1276  —  DENTINA  (Esp.)  —  Saint-Élienne-de-Mont-Luc, 
Toufou,  Nantes,  Missillac,  juin,  juillet.  A.  G.  — 
Ghenille  fin  avril  sur  les  Taraxacum. 

1278  —  PEREGRINA  (Tr.)  —  Le  Pouliguen.  A.  G.  mai, 
juin.  —  Ghenille  sur  le  Sueda  fruticosa,  août. 

1286  —  TRIFOLII  (Rott.)  GHENOPODII  (Fab.)  —  Nantes. 
T.  G.  k  la  miellée  de  juin  à  octobre,  —  Ghenille  en 
septembre,  octobre  sur  les  Humex  polygonnm 
genista,  oseilles  renouées,  genêts. 

1291  —  GHRYSOZONA(Bork.)DYSODEA(Hb.)— Ghauvé, 
Nantes,  juin,  juillet,  août.  —  Chenille  en  juillet  sur 
les  panicules  de  la  laitue  cultivée. 

Gen.  158.  —  DuNTHOECiA  (Bdv.) 

1811  -    NANA  (Rott.)  GONSPERSA  (Esp.)  ~  Nantes. 
1818  —    ALBIMAGULA  (Bork.)  —  Le  Pouliguen,  falaise 
du  Codan,  juillet.  R.  30  juillet. 

1814  —    COMPTA  (Fab.)  —  Même  localité  et  même  date 

que  la  précédente. 

1815  —    GAPSINGOLA  (Hb.)  —  Nantes,   La   Morinière, 

26 


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—  406  — 

les  Dervallières,  Ancenis,  mai,  juin.  C.  —  Chenille 

dans  les  capsules  de  la  Lychnis  dioïca  en  juillet  ; 

reste  en  chrysalide  un  an. 
1816  —    CUGUBALI  (Fuess.)  —  Nantes,  Doulon,  mai.  R. 

—  Chenille  fin  juin  sur  la  Silène  inflata  dans  les 

capsules  et  au  pied  de  la  plante  le  jour  ;  reste  un  an 

en  chrysalide. 
1824  -    IRREGULARIS  (Hnfn.)  ECHU  (Bork.)  —  Portni- 

chet,  août.  R. 

Gen.  158.  —  Heliophobus  (Bdv.) 
1887  —    HISPIDA  (Hubn.)  —  Le  Pouliguen. 
Gen.  160.  —  Aporophyla  (Gn.) 

1841  —    LUTULENTA  (Bork.)  -  Saint-Brevin,  Nantes- 

A.  C.  à  la  miellée,  septembre,  octobre   —  Chenille 

en  avril  sur  les  genêts. 
1848  —    NIGRA  (Hw.)  AETHIOPS  (0.)  -  Nantes,  à  la 

miellée,  octobre.  A.  C.  —  Chenille  sur  les  oseilles, 

les  plantains,  les  genêts  en  avril. 

Gen.  162.  —  Epunda  (Dup.)     - 

1848  —  LICHENEA  (Hb.)  —  Saint-Brevin,  Mindin,  octobre. 
R.  (Espèce  méridionale.)  —  Chenille  en  avril  sur  les 
Rumex  et  l'oseille  cultivée. 

Gen.  168.  -  Polu  (Tr.) 

1851  —    FLAVICINCTA  (Fab.)  —  Nantes,  septembre.  C. 

à  la  miellée,  sur  les  murs,  les  Ironcs  d'arbres.  — 

Chenille  sur  les  genêts. 
A.  Var.  MERiDiONALis  (Bdv.)  —  Naulcs,  septembre. 

(Variété  méridionale.) 
1856  —    CANESCENS  (Dup.)  ~   Saint-Géréon,    sur  an 

Echium  desséché,  octobre.  —  Chenille  en  avril,  mai 

sur  les  plantes  herbacées. 


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—  407-- 

Gen.  165.  —  Dryobota  (Ld.) 

1863  —  ROBORIS  (Bdv.)  —  Nantes.  A.  G.  septembre.  — 
Ghenille  en  mai  sur  le  chêne. 

1866  —    PROTEA  (Bork.)  —  Nantes.  A.  G.  à  la  miellée, 

septembre.  —  Chenille  en  juin  sur  le  chêne. 

Gen.  166.  —  DiCHONiA  (Hb.) 

1867  —    APRILINA  (L.)  -  La Mâtinais,  Missillac,  septembre 

et  octobre  à  la  miellée. 

Gen.  167.  —  Ghariptera  (Gn.) 
1870  —    VIRIDANA  (Walch.)  GULTA  (Fab.)  —  La  Gha- 
pelle-sur-Erdre,  à  la  miellée. 

Gen.  168.  —  Miselia  (Stph.) 

1372  —  OXYAGANTHAE  (L.)  -  Nantes,  bords  de  la 
Ghézine,  La  Ghapelle-sur-Erdre.  A.  G.  à  la  miellée, 
octobre.  —  Ghenille  en  avril,  mai  sur  Taubépine, 
le  prunellier,  le  poirier,  le  cerisier. 

Gen.  171.  —  Apamea  (Tr.) 

1876  —    TESTAGEA  (Hb.)  —  Nantes. 

1378  —    DUMERILII  (Dup.)  —  Escoublac,  sur  le  peuplier, 

23  septembre. 

1379  —    HAWORTHU  (Gurl.)  —  Sucé. 

Gen.  172.  —  Luperina  (Bdv.)     • 

1381  —  MATURA  (Hufn.)  GYTHEREA  (Fab.)  -  Nantes, 
A.  G.  juillet,  août,  septembre,  à  la  miellée.  (Espèce 
méridionale.)  —  Ghenille  d'octobre  à  avril  dansles 
touffes  de  graminées. 

Gen.  178.  —  Hadkna  (Tr.) 

1400  —  OGHROLEUGA  (Esp.)  —  Ancenis,  Nantes,  coteau 
du  Gliênc-Vert,  Mauves,  sur  les  fleurs  de  chardon, 
OT  plein  jour,  juillet. 


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—  408  — 

1419  —    MONOGLYPHA  (Hufn.)  POLYODON  (L.)  —  Nantes, 

Préfailles.  G.  juillet,  août,  à  la  miellée-  —  Ghenille 
en  avril  dans  les  racines  de  graminées  et  des  plantes 
herbacées. 

1420  —    LITHOXYLEA   (Fab.)   —   Nantes,   chemin    du 

Massacre,  bords  de  la  Ghézine.  Â.  G.  juin  à  la 
miellée.  —  Ghenille  aux  mêmes  époques  et  dans  les 
mêmes  lieux  que  la  précédente. 

1425  —  BASILINEA  (Fab.)  —  Nantes ,  bords  de  la 
Ghézine-  R.  9  juin,  à  la  ^miellée.  —  Ghenille  en 
septembre,  octobre  dans  les  gerbes  de  blé  en 
grange.  Se  nourrit  des  ^ains  du  blé. 

1488  -  DIDYMA  (Esp.)  OGULEA  (Gn.)  —  Loire-Infé- 
rieure. T.  G.  à  la  miellée,  juin,  juillet,  août, 
septembre.  —  Ghenille  en  avril  dans  les  touffes  de 
graminées  du  genre  Galamagrostis. 

A.  Ab.  NiCTiTANs  (Esp.)  —  Loire-Inférieurc  T. 
G.  à  la  miellée  avec  le  type,  de  juin  à  octobre. 

1440  —  STRIGILIS  (Gl.)  —  Nantes.  G.  à  la  mieUée,  mai. 
—  Ghenille  en  mars  dans  les  touffes  des  graminées, 
au  collet  des  racines. 

A.  Ab.  latruncula  (Hb.)  —  Nantes,  à  la  miellée 
avec  le  type. 

1442  —  BIGOLORIA  (Wil.)  FURUNGULA  (Tr.)  —  Nantes. 
G'  à  la  miellée,  juillet,  août.  —  Ghenille  dans  les 
tiges  basses  des  graminées. 

A.  Ab.  furuncula  (Hb.)  —  Nantes.  G.  à  la  miellée 
avec  le  type. 

B.  Ab.  rufuncula  (Hw.)  —  Nantes.  A.  R.  à  la 
miellée  (variété  d'Angleterre). 

Gen.  174.  —  Dypterygia  (Stph.) 

1445  —    SGABRIUSGULA  (L.)  PINASTRI  (L.)  —  Nantes, 


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-409- 

forêt  de  Toufou,  Blain.  C, juillet,  août,  à  la  miellée.— 
Chenille  en  avril  sur  les  oseilles  {Rumex  acetosella). 

Gen.  177.  —  Gloantha. 

1449  —  POLYODON  (CI.)  PERSPICILLARIS  (L.)  —  La 
Chapelle-sur-Erdre. 

Gen.  178.  —  Eriopus  (Tr.) 

1452  —  PURPUREO  FASCIATA  (Piller)  PTERIDIS  (Fab.) 
La  Chapelle-sur-Erdre,  Nantes,  coteaux  du  Chêne- 
Vert.  A.  G.  juin.  (Espèce  méridionale.)—  Chenille 
en  août  sur  la  fougère  Pleris  aquilina^  sur  les 
feuilles  ;  se  chrysalide  en  terre.  Reste  en  chrysalide 
un  an. 

Gen.  179.  —  Polyphaenis  (Bdv.) 

i  454  —  SERIC ATA  (Esp.)  PROSPICU A  (Bork.)  —  Nantes, 
route  de  Paris,  La  Contrie,  La  Chapelle-sur-Erdre, 
Saint-Colombin,  à  la  miellée,  juillet.  A.  R.  — 
Chenille  en  avril  sur  le  chèvrefeuille  des  bois. 

Gen.  180.  —  Trachea  (Hb.) 

1457  —  ATRIPLICIS  (L.)  —  Loire-Inférieure.  T.  C.  à  la 
miellée,  juillet,  août,  septembre.  —  Chenille  sur  les 
oseilles  en  septembre,  octobre,  bords  des  ruisseaux 
et  sur  les  renouées  {Polygonum  aviculare  et 
dumetorum). 

Gen.  182.  —  Trigonophora  (Hb.) 

1459  —  FLAMMEA  (Esp.)  EMPYREA  (Hb.)  —  La  Cha- 
pelle-sur-Erdre, Nantes,  Corsept.  A.  Cà  la  miellée, 
septembre,  octobre.  —  Chenille,  avril  et  mai,  sur  le 
genêt  à  balais  et  le  prunellier. 

Gen.  188.  —  Euplexia  (Stph.) 

1461  —    LUCIPARA  (L.)  —  Nantes,  vallon  de  la  Chézine, 


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bords  de  l'Erdre,  avril,  juin.  A.  C  —  Chenille  en 
septembre  sur  les  ronces,  les  oseilles  et  différentes 
plantes  herbacées. 

Gen.  185.  —  Brotolomia  (Ld.) 

1468  —  METIGULOSA  (L.)  —  Loire-Inférieure.  T.  C. 
partout,  février,  mars,  avril,  mai,  juin,  août, 
septembre,  octobre  et  h  la  miellée.  —  Chenille  sur 
le  géranium,  la  ronce,  le  framboisier  et  les  plantes 
herbacées,  de  janvier  à  août. 

Gen.  186.  —  Mania  (Tr.) 

1464  —    M  AURA  (L.)  —  Nantes,  route  de  Paris,  bords  de 

la  Chézine.  T.  C.  k  la  miellée,  juin,  juillet,  août, 
septembre.  —  Chenille  en  avril,  mai,  sur  le  prunel- 
lier, aulne,  saule,  poirier,  oseille,  mouron,  cj  noglosse, 
etc. 

Gen.  187.  —  Naenia  (Stph.) 

1465  —    TYPICA  (L.)  —  Nantes,  bords  de  la  Chézine,  21 

juillet,  à  la  miellée.  A.  C.  —  Chenille  en  avril  sur 
le  prunellier. 

Gen.  190.  —  Helotropha  (Ld.) 

1468  -    LEUCOSTIGMA  (Hb.)  -  Marais  de  TErdre. 

Gen.  191.  —  Hydroecia  (Gn.) 

1470  —  MIGACEA  (Esp.)  —  Nantes,  bords  de  la  Chézine; 
4  avril.  R.  —  Chenille  dans  les  tiges  et  les  racines 
du  Rumex  pratensis,  mai,  juin. 

Gen.  198.  —  Nonagria  (0.) 

1478  —    CANNAE  (0.)  —  Marais  de  l'Erdre. 

1479  —    SPARGANII  (Esp.)  —  Marais  de  l'Erdre. 

1480  —    ARUNDINIS  (Fab.)  TYPHAE  (Esp.)  —  Marais  de 

l'Erdre. 


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—  411  — 

1481  —  GEMINIPUNCLA  (Hatch.)  PALUDICOLA  (Hb.)  — 
Marais  de  l'Erdre. 

Gen.  197.  —  Tapinostola  (Ld.) 
1490  —    FULVA  (Hb.)  —  Marais  de  TErdre. 

Gen.  202.  —  Leucania  (0.) 

1502  —  IMPURA  (Hb.)  —  Nantes,  roule  de  Paris,  Sucé, 
à  la  miellée,  juillet.  A.  R.  —  Chenille  dans  les 
touffes  de  graminées  en  avril,  prés  marécageux. 

1508  —  PALLENS  (L.)  -  Nantes.  T.  C  à  la  miellée, 
juillet,  août,  septembre.  —  Chenille  sur  les  grami- 
nées en  mars,  puis  en  août. 

1506  —  STRAMINEA  (Tr.)  -  Nantes,  route  de  Paris.  A. 
R.  à  la  mielllée,  juillet.  —  Chenille,  en  mars,  avril, 
dans  les  touffes  de  graminées,  bords  des  eaux. 

1525  —    VITELLINA  (Hb.)  —  Nantes.  A.  C  à  la  miellée, 

août,  septembre.  —  Chenille  en  mars,  avril  dans  les 
touffes  des  graminées. 

1526  -    LITTORALIS  (Curt.)   -  Escoublac-la-Bôle.  Un 

exemplaire,  juillet. 
1580  —    L.  ALBUM  (L.)  —  Nantes,  C.  à  la  miellée,  juin, 

août,  septembre.  —  Chenille  d'avril  à  juillet  au  pied 

des  oseilles  et  des  graminées,  prairies  humides. 
1582  —    ALBIPUNCTA  (Fab.)  —  Loire-Inférieure.  T.  C 

à  la  miellée,  de  juillet  à  octobre.  —  Chenille  en 

avril  sur  le  plantain  ;  la  chercher  au  pied  dans  les 

feuilles  sèches. 
1588  -    LYTHARGYRIA  (Esp.)  —  Nantes,  La  Chapelle- 

sur-Erdre.  A.  C.  à  la  miellée,  juin,  juillet,  septembre. 

—  Chenille  d'octobre  à  avril  sur  les  bromes. 

Gen.  204.  —  Grammesia  (Stph.) 
1588  —    TRIGRAMMICA   (Hufn.)  TRILINEA   (Bork.)  - 


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-m  — 

Nantes,  La  Contrie,  Savenay.  A.  C.  mai,  juin.  — 
Chenille  en  juillet,  août,  septembre  sur  les  plantains; 
se  chrysalide  en  octobre. 

Gën.  208.  —  Gabadrina  (0.) 

1545  —    MORPHEUS  (Hufn.)  —  Nantes,  L'Eraudière,  juin,  R. 

1549  —  CUBICULARIS  (Bork.)  QUADRIPUNCTA  (Fab.)  — 
Loire-Inférieure.  T.  G.  partout  à  la  miellée,  aux 
lumières,  mai  à  septembre.  —  Chenille  sur  les  planlçs 
herbacées  de  septembre  à  avril. 

1564  —    ALSINES  (Brahm.)  —  La  Mâtinais,  en  Missillac. 

1567  —    AMBIGUA  (Fab.)  PLANTAGINIS  (Hb.)  -  Nantes, 

La  Chapelle-sur-Erdre.  T.  G.  à  la  miellée,  avril, 
août,  septembre.  —  Chenille  d'octobre  à  mars  sur 
le  mouron,  le  plantain. 

1568  —    TARAXACl  (Hb.)  —  Nantes,  bords  de  la  Chézine, 

4  août.  'A.  G.  —  Chenille  d'octobre  à  mars  sur  les 
plantains,  les  oseilles,  le  mouron. 

Gen.  210.  —  RusiNA  (Bdv.) 

1579  —  TENEBROSA  (Hb.)  —  Ancenis,  juillet.  —  Chenille 
en  janvier,  février,  mars,  sur  les  violettes. 

GeN.  211.  —  AMPmPYRA  (0.) 

1583  —  TRAGOPOGONIS  (L.)  —  Nantes.  A.  C.  juUlet,  à 
la  miellée.  —  Chenille  en  avril  sur  les  plantes  her- 
'  bacées. 

1586  —  PYRAMIDEA  (L.)  —  Nantes.  T.  C.  juin,  juillet, 
août  et  septembre,  à  la  miellée.  —  Chenille  sur  le 
rosier,  le  chêne,  le  saule,  le  poirier,  l'orme,  le  troène, 
le  châtaignier. 

Gen.  213.  —  Taeniocampa  (Gn.) 

1593  ~    GOTHICA  (L.)  —  Nantes.  R. 
1596  —    MINIOSA  (F.)  ~  Nantes.  A,  R. 


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—  413  — 

1597  —  PULVERULENTA  (Esp.)  GRUDA  (Tr.)  -  Nantes. 
A.  C.  mars.  —  Chenille  sur  le  chêne  de  juin  à 
septembre. 

1599  —    STABILIS  (S.  V.)  —  Nantes.  T.  C.  mars,  avril. 

Chenille  de  juin  à  septembre  sur  le  chône. 
A.  Var.  junctus  (Haw.)  —  Nantes.  A.  C 

1600  —    GRACILIS  (Fab.)  -  Nantes.  R.  Ancenis,  mars. 

Chenille  de  juin  à  septembre  sur  le  chêne,  YArlemi- 
sia  vulgarisj  genisla  tincloria,  osier. 

1601  -    INCERTA  (Hufn.)  INSTABILIS  (Esp.)  —  Nantes, 

La  Chapelle-sur-Erdre,  mars,  avril.  A.  C.  —  Che- 
nille en  juin  et  septembre  sur  le  chêne. 
.1608  —    MUNDA  (Esp.)  —  La  Mâtinais,  enMissillac,  avril. 
—  Chenille  de  juin  à  septembre  sur  le  chêne,  le 
prunellier. 

Gen.  214.  —  Panolis  (Hb.) 
1604  —    PINIPERDA  (Panz.)  —  Nantes. 

Gen.  218.  —  DiCYCLA  (Gn.) 
1618  —    00  (L.)  —  Nantes,  Gasché.  A.  R. 

Gen.  219.  —  Calymnia  (Hb.) 

1614  —    PYRALINA  (View.)  —  Nantes,  route  de  Paris. 

R.  à  la  miellée,  juillet.  —  Chenille  en  mai  sur 
Torme  et  Taubépine  dans  les  feuilles  réunies  en 
paquet  ;  se  chrysalide  entre  les  feuilles. 

1615  -    DIFFINIS  (L.)  ~  Nantes,  juillet.  A.  R.  —  Che- 

nille en  mai  sur  l'orme  ;   feuilles  réunies  en  paquet. 

1616  -    AFFINIS  (L.)  -  Nantes.  C.  à  la  miellée,  juillet, 

août.  —  Chenille  en  avril,  mai  sur  Torme  ;  feuilles 
réunies  en  paquet. 

1617  —    TRAPEZINA  (L.)  —  Nantes,   La  Chapelle-sur- 

Erdre.  T.  C.  en  battant  les  buissons,  juin,  juillet.  — 


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—  414- 

Chenille  en  mai  sur  le  chêne  ;  mange  les  autres  che- 
nilles en  captivité  et  même  celles  de  sa  propre 
espèce. 

Gen.  221.  DiscHOBisTA  (Ld.) 

1624  —  FISSIPUNGTA  (Hw.)  YPSILON  (Bork.)  —  Roche- 
Maurice,  près  Nantes,  30  mai.  —  Chenille  sur  les 
saules  et  les  peupliers,  sous  les  mousses  et  dans  la 
fissure  des  écorces. 

Gen.  222.  —  Plastenis  (Bdv.) 

1625—    RETUSA    (L.)   —    Saint-Etiennc-de-Mont-Lac , 

Nantes,  Gasché.  A.  C  23  juillet  —  Chenille  sur  les 

saules  et  les  peupliers  en  mai. 
1626  —    SUBTUSA  (Fab.)  —  Nantes,  bords  de  la  Chézine. 

A.  R.  22  juin.  —  Chenille  sur  les  peupliers,  les 

saules,  avril  et  mai. 

Gen.  223,  —  Cirroedia  (Gn.) 

1628  —  XERAMPELINA  (Hb.)  ~  Nantes,  route  de  Paris, 
septembre.  A.  C  —  Chenille  en  avril  sur  les  samares 
des  frênes,  le  jour  dans  les  mousses  au  pied  de 
l'arbre. 

Gen.  225.  —  Anchocelis  (Gn.) 

1631  -  LUNOSA  (Hw.)  —  Nantes.  A.  R.  à  la  miellée,  28 
et  80  septembre.  —  Chenille  en  avril  sur  les  grami- 
nées ;  se  cache  le  jour  sous  les  mousses  et  les 
pierres. 

Gen.  226.  —  Orthosia  (0.) 

1683  —    LOTA  (Cl.)  —  Nantes:  C.  h  la  miellée,  octobre. 

Chenille  en  juin  sur  les  saules,  les  peupliers  ;  le  jour 

dans  les  fentes  de  Técorce. 
1685  —    CIRCELLARIS  (Hufn.)  FERRUGINEA  (Esp.)  — 

Nantes, ^La  Chapelle-sur-Erdre.  T.  G.  à  la  miellée. 


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—  415  — 

septembre,   octobre.  —  Chenille  en  a^ril  sur  les 

bourgeons  des  peupliers,  des  saules,  sur  les  Rumex 

et  autres  plantes  herbacées  en  mai. 
1686  —    HELVOLA  (L.)  RUFINA  (L.)  —  Nantes,  La  Cha- 

pelle-sur-Errfre.  A.  C.   à  la  miellée,  octobre.  — 

Chenille  en  mai  sur  le  chêne. 
1637  —    PISTACINA   (Fab.)  —  Nantes.  T.   C.    certaines 

années  à  la  miellée,   octobre.  —  Chenille  en  avril 

sur  l'orme  et  différentes  plantes  herbacées. 

Gen.  227.  —  Xaisthia  (Tr.) 

1650  -    FLAVAGO  (Fab.)  SILAGO  (Hb.)  -  Nantes,  bords- 

de  la  Chézine.  A.  R.  à  la  miellée,  octobre.  —  Che- 
nille dans  les  chatons  du  saule  en  avril  et  mai  sur 
les  feuilles. 

1651  —    FULVAGO  (Fab.)  CERAGO  (Fab.)  -  Nantes.  R. 

à  la  miellée,  septembre.  —  Chenille  en  avril  dans 
les  chatons  des  saules  et  sur  les  feuilles. 

1658  —  GILVAGO  (Esp.)  —  Nantes.  T.  C.  à  la  miellée, 
septembre,  octobre.  —  Chenille  en  avril  dans  les 
samares  des  ormes,  puis  sur  les  plantes  herbacées. 

A.  Ab.  palleago  (Hb.)  —  Nantes.    A.   R.  à  la 
miellée  avec  le  type.  (Variété  méridionale.) 

1654  —  OCELLARIS  (Rork.)  —  Le  Pouliguen.  A.  R.  sep- 
tembre, à  la  miellée. 

Gen.  228.  —  Hoporina  (R.) 
1656  —    CROCEAGO  (Fab.)  -  Ligné,  septembre. 
Gen.  229.  —  Orrhodia  (Hb.) 

1665  —    VACCINH  (L.)  —  Nantes.  C.  à  la  miellée,  octobre. 

—  Chenille  en  mai,  juin  sur  le  chêne. 

1666  —    LIGULA  (Esp.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur-Erdre. 

C.  à  la  miellée,  octobre.  —  Chenille  en  mai  sur  le 
prunellier. 


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—  416- 

1668  —    RUBIGINEA  (Fab.)  -  La  Chapelle-sur-Erdre. 
Gen.  230.  —  ScoPELOsoMA  (Gurl.) 

1670  —    SATELLITIA  (L.)  —  Nantes.  A.  R.  à  la  miellée, 

octobre.  —  Chenille  en  mai  sur  Forme,  le  chêne. 

Gen.  281.  —  Scoliopteryx  (Germ.) 

1671  -     LIBATRIX  (L.)  —  Loire-Inférieuro.  C.  à  la  miellée, 

dans  les  maisons,  janvier,  juin,  juillet,  août,  octobre. 
—  Chenille'  sur  les  saules  de  mai  à  juillet. 

Gen.  282.  —  Xylina  (0.) 

1672  -    SEMIRRUNNEA    (Hw.)   OCULATA   (Germ.)   — 

Nantes,  La  Chapelle-sur- Erdre.  C  à  la  miellée,  sep- 
tembre. —  Chenille  en  mai  sur  le  chêne,  l'orme. 

1674  —  FURCIFERA  (Hufn.)  CONFORMIS  (Fab.)  — 
Nantes,  La  Chapelle-sur-Erdre.  A.  C.  à  la  miellée, 
octobre.  —  Chenille,  sur  le  peuplier,  le  bouleau,  le 
chêne  en  juin. 

1677  —  ORNITHOPUS  (Rott.)  RHIZOLITHA  (Fab.)  — 
Nantes.  C  à  la  miellée,  sur  le  tronc  des  arbres, 
octobre.  —  Chenille  en  mai  sur  le  chêne. 

Gen.  288.  —  Calocampa. 

1680  —    VETUSTA    (Hb.)   —  Nantes,    Ancenis,   Saint- 

Géréon.  A.  C.  à  la  miellée,  septembre.  —  Chenille 
sur  le  Renunculus  acris  et  les  carex,  bords  des 
étangs,  juin,  juillet. 

1681  —    EXOLETA  (L.)  —  Nantes.  A.  R.  à  la  miellée, 

octobre. 

Gen.  286.  —  Asteroscopus  (Bdv.) 

1687  —  SPHINX  (Hufn.)  CASSINEA  (Hb.)  —  Nantes, 
novembre. 


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—  417- 

Gen.  288.  —  XiLOCAMPA  (Gn.) 

1689  -  AREOLA  (Esp.)  LITHORYZA  (Bork.)  —  Nantes. 
La  Bouvardièrc,  coteaux  du  Chêne- Vert,  février, 
mars,  avril  sur  les  troncs  des  chênes  et  de  pom- 
miers. —  Chenille  en  juin  sur  le  chèvrefeuille 
des  bois  et  des  jardins. 

Gen.  241.  —  Calophasia  (Stph.) 
1700  —    LUNULA  (Hufn.)  LINARIAE   (Fab.)   -  Nantes, 
Portnichet.   A.  C.  juin,  juillet.  —  Chenille  sur  la 
Hnaire  vulgaire,  juillet,  octobre. 

Gen.  248.  —  CucuLLiA  (Schrk.) 
1711  —    VERBASCI  (L.)  —  Loire-Inférieure.  T.  C.  mars, 
avril.  —  Chenille  du  1^'  juin  au  80  août  sur  les 
feuilles  de    Verbancum  thapsus   (bouillon  blanc); 
mange  les  feuilles  de  préférence  aux  fleurs. 

1713  —    SCROPIIULARIAE  (S.  V.)  —  Nantes,  Ancenis. 

C.  éclosions  du  1"  au  25  mai,  juin.  —  Chenille  de 
juin  à  septembre  sur  la  Scrophularia  aqiialica 
dont  elle  mange  les  fruits. 

1714  —    LYCHNITIS  (Rbr.)  —  Nantes,  route  de  Paris.  A. 

C.  éclosions  mai.  —  Chenille  du  25  juillet  au  15 
septembre  sur  les  Verbascum  pulvinalum  et  lych- 
nilis  dans  les  endroits  arides,  pierreux  ;  elle  mange 
les  fleurs  et  les  fruits. 

1726  —  UMBRATICA  (L.)  —  Nantes.  C.  de  mai  à 
septembre.  —  Chenille  juin,  juillet  sur  les  laiterons 
{Souchus  arvensis  et  oleraceus)  en  plein  soleil  le 
long  des  tiges;  une  partie  des  chrysalides  passe 
rhiver. 

1781  —    CHAMOMILLAE  (S.  V.)  -  T.  R.  Nantes,  jardin. 

1786  —  TANACETI  (S.  V.)  —  Ancenis,  Machecoul,  La 
Bôle,  Guérandé,  du  i5  juillet  au  lOJaoût.  —  Chenille 


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—  418  — 

juillel,  août,  septembre  sur  VAchillea  miUefolium, 
la  lanaisie  {Tanacelum  vulg<iré);  reste  un  an  eo 
chrysalide  le  plus  souvent. 
1747  —    ABSYNTHII  (L.)  ^-  Nantes,  juîUet,  août. 

Gen.  247.  —  Plusia  (0.) 

1759  —    TRIPLASIA  (L.)  —  Nantes,  juin,  août-  C.  - 

Chenille  en  juillet,   octobre  sur  la   grande  ortie 

{Urtica  dioica). 
1761  -    TRIPARTI! A  (Hufn.)  URTIGAE  (Hb.)  —  Nantes. 

A.   G.   août,    septembre.   —  Ghenille   en  juillel, 

octobre  sur  les  orties. 

1778  —    CHRYSITIS  (L.)  —  Nantes.  A.  G.  à  la  miellée, 

août,  septembre.  —  Ghenille  sur  la  grand**,  ortie  en 
juio,  septembre,  vieux  murs. 

1779  —    FESTUCAE  (L.)  —  La  Gontrie,    près  Nantes, 

29  juillet.  —  Ghenille  en  mai,  juin  sur  les  carex  et 

la  fétuque,  bords  des  ruisseaux . 
1785  —    GUTTA  (Gn.)  —  Nantes,  route  de  Paris,  11  juin, 

sur  les  fleurs  de  valériane  au  coucher  du  soleil.  R. 

—  Ghenille  sur  les  orties  en  mai. 
1788  —    IOTA  (L.)  —  La  Gontrie,  mai.   R.   —   Ghenille 

sur  les  chèvrereuilles,  mars,  avril,  bois  humides. 
1791  —    GAMMA  (L.)  —  Loire-Inférieure.  T.  C.  partout, 

à  la  miellée  ;  se  trouve  toute  Tannée.  —  Ghenille 

sur  les  plantes  herbacées  et  potagères,  orties,  avril 

et  août. 

Gen.  250.  —  Anarta  (Tr.) 
1805  —    MYRTILLI  (L.)  —  La  Mâtinais,  Missillac,  avril, 

juillet  et  août.  —  Ghenille  sur   la  bruyère  {Erica 

vulgaris)  en  octobre. 

Gen.  251.  —  Heliaca  (H.  S.) 
1817  -    TENEBRATA  (Se.)  ARBUTI  (Fab.)  —  Goteaux 


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-  419  ~ 

el  prairies  du  Ghêne-Verl,  près  Nantes.  A.  G.  — 
Giienille  en  juin  et  septembre  sur  les  coryophy liées. 

Gen.  255.  —  Heliothis  (Tr.) 

1833—  DIPSAGEA  (L.)  —  Le  Pouliguen,  Missillac, 
Savenay,  la  Garaoterie,  File  Saint-Denis,  Rezé,  près 
Nantes.  G.  le  jour  sur  les  luzernes  en  fleurs,  juin, 
juillet,  août.  —  Chenille  en  avril  et  septembre  sur 
les  trèfles,  luzernes,  plantains,  dont  elles  mangent 
les  fleurs  el  les  graines. 

1886  —  PELTIGERA  (S.  V.)  —  Environs  de  Nantes, 
Buzard,  en  Ghanlenay,  août. 

1888  —  ARMIGERA  (Hb.)  —  Nantes,  Escoublac,  août, 
septembre,  à  la  miellée.  A.  G.  —  Ghenille  polyphage 
et  carnassière;  vit  de  préférence. sur  le  plantain, 
le  maïs,  le  réséda  jaune,  avril,  mai. 

Gen.  257.  —  Chariclea  (Stph.) 

1842  —  DELPHINII  (L.)  —  Nantes,  Mauves,  juin,  juillet. 
A.  R.  —  Ghenille  en  juillet  sur  le  pied  d'alouette 
des  champs  [Delphinium  consolida  et  ajacis)^ 
carnassière. 

Gen.  260.  —  Acontia  (A.) 

1852  —    LUGIDA  ^Hufn.)    SOLARIS   (Esp.)  —    Nantes, 

Bourg-de-Batz,  La  Morinière,  mai,  août.  G.  le  jour 
sur  les  chardons  en  fleurs.  —  Ghenille  en  juin  et 
septembre  sur  les  liserons. 

1853  —    LUGTUOSA  (Esp.)  —  Nantes,  La  Morinière.  G. 

le  jour  sur  les  fleurs,  mai,  iaoût.  —  Ghenille  sur  les 
mauves  en  juin  et  septembre. 

Gen.  262.  —  Thalpochares  (Ld.) 

1888  —  GANDIDANA  (Fab.)  —  Portnichet,  20  juillet,  pris 
un  exemplaire.  (Espèce  méridionale.) 


I 

i 


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—  wo  — 

Gen.  263.  —  Erastria  (0.) 

1894  —  UNGULA  (Cl.)  UNCA  (S.  V.)  —  La  Chapelle-sur- 
Erdre.  R. 

1897  ~  VENUSTULA  (Ilb.)  —  La  Chapelle -sur-Erdre, 
juin.  A.  C. 

1901  ~  FASCIANA  (L.)  FUSGULA  (Bork.)  —  Loire- 
Inférieure.  G.  juin.  —  Glienille  en  septembre  sur  la 
ronce. 

Gen.  265.  —  Prothymia  (Hb.) 

1904  —    VIRIDARIA  (Gl.)  AENEA  (Hb.)  -  La  Ghapelle 
sur-Erdre.  G.  juillet. 

Gen.  267.  —  Agrophila  (Bdv.) 

1910  -  TRABEALIS  (S.  G.)  SULPHURALIS  (L.)  — 
Nantes,  La  Ghapelle-sur-Erdre,  Savenay.  G.  le  jour. 

—  Ghenille  en  septembre  sur  les  liserons  {Convoi- 
vulus  arvensis  et  sepium). 

Gen.  272.  —  Euclidia  (0.) 

1917  —    MI  (Gl.)  —  Nantes,  Ghêne-Vert,  Ghéméré,  Toufou, 

forêt  de  Sautron.  A.  G.  prairies,  mai,  juin.  — 
Ghenille  en  août  sur  les  légumineuses,  trèfle  cl 
lotiers. 

1918  —    GLYPfflGA  (L.)  —  Nantes,^  Ghéne-Verl,  Portni- 

chet,  les  bords  de  TErdre,  ile  Saint-Denis.  G.  mai. 

—  Ghenille  sur  les  légumineuses,  luzernes,  trèfles, 
YOnonis  spinosa^  juin,  septembre. 

Gen.  281.  —  Grammodes  (Gn.) 

1942  —  ALGIRA  (L.)  —  Nantes,  route  de  Paris,  bords  de 
la  Ghézine,  bords  de  la  Sèvre,  chemin  de  Garcouël, 
La  Gontrie.  A.  G.  à  la  miellée  et  le  soir  au  filel, 
juin,  juillet,  août.  —  Ghenille  sur  le  genêt  k  balais 
en  avril,  mai. 


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—  4^1  — 

Gen.  282.  —  PsEUDOPHiA  (Gn.) 

1945  -  LUNARIS  (S.  V.)  —  Nantes,  le  Chêne-Vert,  La 
Bouvardière,  La  Gonlrie,  Chauve,  Toufou,  La  Cha- 
pelle-sur-Erdre,  Pontchâleau.  A.  R.  —  Chenille  sur 
le  chêne,  juillet  et  août. 

Gen.  284.  —  Catocala  (Schrk.) 
1949  —    FRAXINI  (L.)   —  Sucé,  Sainl-Élienne-de-Moût- 

Luc,  Ligné,    Saint- Aignan,   août,    octobre.  R.  — 

Chenille  fin  juin,  juillet  sur  les  saules  et  les  peupliers 

(P.  tremula  et  alha). 
1951  —    ELOCATA  (Esp.)  -   Nantes.    C.   à  la  miellée, 

août  et  septembre.  —  Chenille  sur  les   peupliers, 

juin,  juillet. 
1954  —    NUPTA  (L.)  —  Nantes.  C.   à  la  miellée,  juillet, 

août.  —  Chenille  sur  les  peupliers,  juin,  juillet. 

1957  -    SPONSA  (L.)  —  La  Patellière,  près  Machecoul, 

23  juillet.  —  Chenille  en  juin  sur  le  chêne. 

1958  —    PROMISSA  (Esp.)  —  Loire-Inférieure. 

1962  —  OPTATA  (God.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur- 
Erdre.  A.  R.  à  la  miellée.  —  Chenille  juin,  juillet 
sur  les  saules  ;  se  cache  le  jour  sous  les  pierres  et 
dans  les  fentes  des  écorces. 

1968  —  ELECTA  (Bork.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur- 
Erdre,  17  août.  A.  R.  —  Chenille  sur  les  saules, 
juin,  juillet. 

1970  —    PARANYNYMPHA  (L.)  —  Pont-du-Cens. 

Gen.  290.  —  Aventia  (Dup.) 
2001  -    FLEXULA(S.V.)FLEXULARIA(nb.)  — Gasché, 
La  Chapelle-sur-Erdre,  mai,  juin,  juillet,  août.  A.  C. 
—  Chenille  en  mai,  juin,  juillet  sur  les  lichens. 

Gen.  292.  —  Helia  (Gn.) 
2008  —    CALVARIA  (Fab.)  CALVARIALIS  (Hb.)  -  Août, 

27 


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—  422- 

LaChapelle-sur-Erdre.  C.  —  Ghenille  en  mai  sur  le 
Rumex  acetosellae. 

Gen.  295.  —  Zanclognatha  (Ld.) 

2006  —    TARSIPLUMALIS  (Hb.)  —  Nantes,  juin,  juiUet. 

A.  C.  —  Glienille  d'octobre  à  mars  dans  les  feuilles 

sèches. 
2008  —    GRISEALIS  (Hb.)  NEMORALIS  (Fab.)  —  Nantes, 

juin.  A.  G. 

Gen.  297.  —  Herminia  (Lalr.) 

2022  —  GRINALIS  (Tr.)  —  Nantes.  A.  G.  juillet.  (Espèce 
méridionale.) 

2025  —    DERIVALIS  (Hb.)  —  Nantes,  coteaux  du  Ghêne- 

Vert,  bords  de  TErdre.  A.  G.  juin.  —  Glienille  en 
mars,  avril  dans  les  bois  de  chênes,  feuilles  sèches. 

Gen.  298.  —  Pechypogon  (Hb.) 

2026  —    BARBALIS  (Gl.)  —  La  GhapeUe-sur-Erdre,  juin. 

A.  G.  —  Ghenille  en  février,  mars  dans  les  feuilles 
sèches  restées  aux  chênes. 

Gen.  800.  —  Hypena  (Tr.) 

2032  -  ROSTRALIS  (L.)  —  Loire-Inférieure.  A.  C.  2 
février.  —  Ghenille  en  mai  sur  l'ortie. 

2088  —  PROBOSGmALIS  (L.)  ~  Loire-hiférieure.  T.  G. 
partout,  se  prend  à  la  miellée  et  en  ballant  les 
buissons  de  mai  à  septembre.  —  Ghenille  en  avril, 
puis  juillet  sur  les  orlies. 

Gen.  301.  —  Hypenodes  (Gn.) 

2041  -  GOSTAESTRIGALIS  (Slph.)  —  Route  de  Paris, 
août.  Un  exemplaire.  T.  R. 

Gen.  804.  — 'Rivula  (Gn.) 

2045  —  SERICEALIS  (Se.)  —  Nantes,   à  la  mieUée,  La 


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-423- 

Chapelle-sur-Erdre.  T.  C.  —  Chenille  en  avril  sur 
les  orties  et  les  plantes  herbacées.  Papillon  en  juillet 
et  août. 

Gen.  805.  —  Bbephos  (0.) 

2048  —    NOTHA  (Hb.)  —  Loire-Inférieure. 


D.   GEOMETRAE. 

Gen.  806.  —  Pseudoterpna. 

2051  -    PRUINATA    (Hufn.)    GYTHISARIA  (S.    V.)    - 

Nantes,  La  Conirie,  Le  Chêne-Vert,  La  Jonnelière, 
La  Chapelle-sur-Erdre.  C.  de  mai  à  septembre.  — 
Chenille  sur  le  genêt  à  balais  {Genista  scoparia)  en 
avril  et  août. 

2052  —    CORONILLARIA  (Hb.)  -  Frossay,  La  Chapelle- 

sur-Erdre,  Pontchâleau,  Sainl-Etienne-de-Monl-Luc. 
A.  R.  9  juillet,  août.  —  Chenille  sur  le  genêt  à 
balais. 

Gen.  807.  —  Geometra  (Bdv.) 

2054  —  PAPILIONARIA  (L.)  —  La  Chapelle-sur-Erdre, 
Sainte-Luce.  A.  C.  juillet.  —  Chenille  en  mai, 
septembre  sur  le  noisetier,  l'aune,  le  bouleau,  le 
hêtre. 

Gen.  808.  —  Phorodesma  (Bdv.) 

2061  —  PUSTULATA  (Hufn.)  BAJULARIA  (S.  V.)  — 
Nantes,  Toufou,  La  Mâtinais,  en  Missillac  A.  R. 
juin,  juillet.  —  Chenille  vivant  dans  un  fourreau 
composé  de  débris  de  feuilles  de  chêne,  en  mai  sur 
le  chêne  ;  elle  quitte  son  fourreau  pour  se  chrysalider. 

2068  —  SMARAGDARIA  (Fab.)  —  R.  Pris  un  exemplaire 
seulement  à  Gasché,  juillet. 


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—  424  — 

Gen.  810.  —  Nemobia  (Hb.) 
2072  —    VIRIDATA  (L.)  GLORARIA  (Hb.)  — .Toufou,  juin. 

2077  —    STRIGATA  (MuU.)  AESTIVARIA  (Hb.)  -  Nantes 

et  probablement  toute  la  Loire-Inférieure.  T.  G.  juin, 
juillet.  —  Ghenille  en  mai  sur  le  chêne,  le  prunel- 
lier, Taubépine. 

Gen.  311.  -^  Thalera  (Hb.) 

2078  -    FIMBRIALIS   (Se.)  BUPLEVRARIA   (S.   V.)   — 

Loire-Inférieure,  Ancenis,  juillet. 

Gen.  812.  —  loms  (Hb.) 

2080  —  LACTEARIA  (L.)  AERUGINARIA  (Hb.)  —  Loire- 
Inférieure.  C.  partout  d'avril  à  août.  —  Chenille  en 
août,  septembre  sur  le  chêne,  le  bouleau  et  le 
pommier. 

Gen.  818.  —  AcmAUA  (Tr.) 

2094  —  OCHRATA  (Se.)  OGHREARIA  (S.  V.)  —  Pré- 
failles. T.  G.  juin,  juillet.  —  Ghenille  août  et 
septembre  ;  hiverne  et  se  chrysalide  en  mai  ;  vit  sur 
les  plantes  herbacées. 

2096  -  MACILENTARIA  (H.  S.)  SYLVESTRARIA  (Gn.) 
Nantes.  G,  mai,  juin,  juillet,  prairies,  clairières  des 
bois.  —  Ghenille  sur  les  plantes  herbacées  en 
septembre. 

2106  -    MURIG ATA (Hufn.)  AURORARIA  (Bork.)  —  Loh-e- 

Inférieure. 

2107  -    DIMmiATA  (Hufn.)  SCUTULATA  (Bork.)  —  C. 

Nantes,  bords  de  la  Ghézine,  route  de  Paris,  à  la 
miellée  et  en  ballant  les  buissons,  juin,  juillet,  août, 
octobre.  —  Chenille  sur  les  plantes  herbacées  en 
avril. 
2125  —    VIRGULARIA  (Hb.)  INGANARIA  (Hb.)  —  Nantes. 


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—  425- 

C.  partout,  mai,  juin,  juillet,  septembre.  —  Che- 
nille polyphage  en  juin,  août  ;  hiverne  et  se  chry- 
salide en  avril. 
2148  —  HERBARIATA  (Fab.)  MIGROSARIA  (Bdv.)  — 
Nantes.  G.  août.  —  Chenille  en  septembre  et 
octobre  dans  les  greniei^s  à  foin  et  les  plantes  dessé- 
chées conservées  par  les  herboristes  ;  elle  vil,  dit- 
on,  dans  les  herbiers. 

2155  —    BlSETATA(Hufn.)—  Nantes.  C.  mai,  juin,  juillet. 

—  Chenille  en  septembre  sur  Taubépine  ;  hiverne  ; 
se  chrysalide  en  avril. 

2156  -    TRIGEMINATA    (Hw.)    REVERSATA    (Tr.)    - 

Nantes,  juillet,  août.  A.  R. 
2160  —    RUSTICATA  (Fab.)  -  Nantes.  G.  juin,  juillet, 

août.  —  Chenille  polyphage  en  avril. 
2162  —    HUMILIATÂ  (Hufn.)  OSSEATA  (Fab.)  —  Nantes. 

G.    partout,   bois  et  prairies,  buissons,  juin.   — 

Chenille  polyphage  en  août,  septembre  ;  hiverne  ;  se 

chrysalide  en  avril. 
2170  -    DEGENERARIA  (Hb.)  —  Nantes.  A.  C  mai,  juin, 

août.  —  Chenille  en  septembre  sur  les  liserons  et 

plusieurs  espèces  de  plantes  herbacées  ;  hiverne  ; 

se  chrysalide  en  avril. 
2172  —    AVERSARIA  (L.)  —  Loire-Inférieure.  C  partout, 

juin,  juillet,  août.  —  Chenille  sur  le  genêt  à  balais, 

avril. 
A.  Ab.  spoliata  (Styr.)  —  Mêmes  localités   et 

aussi  G.  que  le  type,  mêmes  époques. 
2178  —    EMARGINATA  (L.)  —  Clermont.  Un  exemplaire 

pris  le  8  juin.  R.  —  Chenille  sur  le  gaillet  jaune 

{Galium  verum)^  mai. 
2178  -    RUBIGINATA  (Hufn.)  —    Coteaux   de  Mauves, 

août,  septembre.  A.  C.  —  Chenille  sur  les  légumi- 


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—  4M  — 

neuses,  vesces,  genêt  k  balais,  en  avril,  juin, 
septembre. 

2180  —  MARGINE  PUNCTATA  (Goeze)  PROMUTATA 
(Gn.)  —  Nantes,  mai,  juillet,  septembre.  A.  G.  — 
Chenille  en  mai  sur  les  plantes  herbacées,  les  vesces, 
les  trèfles,  les  genêts. 

2194  —  REMUTATA  (Hb.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur« 
Erdre.  A.  C.  juin,  juillet.  —  Chenille  sur  la  Vicia 
sepium. 

2202  —  STRIGILARIA  (Hb.)  —  Nantes ,  juin.  A.  C.  — 
Chenille  en  septembre  sur  les  légumineuses  ;  hiverne 
et  se  chrysalide  en  avril. 

2207  —  IMITARIA  (Hb.)  —  Nantes.  A.  C  juin,  juillet, 
août.  —  Chenille  en  septembre  sur  le  prunellier,  l'au- 
bépine, la  ronce,  les  gaillets,  les  bruyères-,  hiverne  ; 
se  chrysalide  en  avril.  (Deuxième  génération  en  juin^.) 

2210  —    ORNATA  (Se.)  —  Nantes.  A.  C.  certaines  années, 

mai,  juillet,  septembre.  —  Chenille  sur  le  serpolet 

Thymus  serpillum  et  autres  labicés  ;  hiverne  et  se 

chrysalide  en  mars.  (Deuxième  génération  en  juin.) 

Gen.  815.  —  ZoNOsoMA  (Ld.) 

2216  —    PENDULARIA  (Cl.)  —  La   Chapelle-sur-Erdre, 

2  juin,  14  juillet.  —  Chenille  en  juin,  septembre 
sur  le  bouleau.  A.  C. 

2217  —    ORBICULARIA  (Hb.)  —  La  Chapelle-sur-Erdre, 

17  août.  C.  —  Chenille  en  juin,  septembre  sur 
l'aune,  le  saule  Marceau. 

2221  —    PORATA  (Fab.)  —  Toute  la  Loire-Inférieure.  C- 

partout,  avril,  mai,  juillet.  —  Chenille  sur  le  chêne, 
le  bouleau  en  juin,  septembre. 

2222  —    PUNCTARIA  (L.)  —  Toute  la  Loire-Inférieure. 

C.  partout,  avril  à  août.  —  Chenille  en  juin  et 
septembre  sur  le  chêne. 


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—  427  — 

2223  —    LINEARIA  (Hb.)  TRILINEARIA  (Bork.)  —  Un 

exemplaire  pris  au  Pelit-Port,  près  Nantes^  18  avril.  R. 

GeN.  816.  —  TiMAISDBA. 

2224  —    AMATA  (L.)  —  Nantes.  G.  de  mai  à  septembre. 

—  Chenille  en  juin  et  septembre  sur  les  oseilles  et 
les  renouées. 

Gen.  318.  —  Pellonia. 

2227  —  VIBICARIA  (Cl.)  —  Nantes,  Savenay,  Ancenis, 
Portnichet.  A.  C.  juillet.  —  Chenille  sur  les  genêts 
Genîsta  scoparia  et  tinctoria,  septembre  ;  hiverne 
et  se  chrysalide  en  mai. 

Gen.  320.  —  Abraxas  (Leach.) 

2282  —  GROSSULARIATA  (L.)  —  T.  C  dans  toute  la 
Loire-Inrérieure,  juin,  juillet.  —  Chenille  en  mai  sur 
les  groseilliers  et  le  prunellier. 

2236  —    ADUSTATA  (S.  V.)  —  Nantes,  bords  de  TErdre, 

avril,  mai,  juillet.  —  Chenille  sur  le  prunellier  en 
septembre  ;  hiverne  et  se  chrysalide  en  mai  ;  elle 
vit  aussi  sur  le  fusain  {Evonymus  europacus). 

2237  —    MARGINATA  (L.)  —  Nantes,  Savenay,  La  Cha- 

pelle-sur-Erdre.  C.  avril,  mai,  juillet,  août.  — 
Chenille  en  juin,  puis  septembre  sur  les  saules  et  les 
peupliers. 

Gen.  822.  —  Bapta  (Stph.) 

2242  —  PICTARIA  (Curt.)  —  Savenay,  un  exemplah'e 
pris  dans  la  vallée  des  Soupirs.  T.  R. 

Gen.  823.  —  Stegania  (Dup.) 

2245  —  TRIMACULATA  (Vill.)  PERMUTARIA  (Hb.)  - 
Nantes,  bords  de  la  Chézine,  chemin  de  la  Marière, 
août.  —  Chenille  sur  les  peupliers.  A.  R. 


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Gew.  824.  —  Cabeba  (Tr.) 

2249  —    PUSARIA  (L.)  —   Nantes  et  toute  la  Loire- 

Inférieure.  C.  partout,  avril,  juin,  juillet,  août.  — 
Chenille  en  mai  sur  le  bouleau,  le  saule,  Taune, 
puis  en  septembre.  (Deux  générations.) 

2250  —    EXANTHEMATA  (Se.)  —   Nantes   et  tonte  la 

Loire-Inférieure.  G.  partout,  de  mai  h   septembre. 

—  Chenille  sur  les  saules,  le  bouleau,  en  juillet, 
août.  (Deux  générations.) 

Gen.  825.  —  NuMERiA  (Dup.) 

2252—  PULVERARIA  (L.)  —  Nantes,  La  Jonnelière, 
La  Chapelle-sur-Erdre.  A.  R.  —  Chenille  sur  les 
arbres  fruiliers  et  les  saules  en  juin  et  fin  sep- 
tembre. 

Gepî.  826.  -  Ellopia. 

2254  —  PROSAPIARIA  (L.)  FASCIARIA  (Sv.)  —  Cha- 
pelle-sur-Erdre, 15  mai,  bois  de  sapins.  C  mais 
localisée.  —  Chenille  sur  les  pins,  les  sapins,  juin, 
juillet. 

B.  Var.  Prasinaria  (Hb.)  ~  Mêmes  localités  el 
époques  d'apparition  que  la  précédente,  mais  plus 
rare. 

Gen.  827.  —  Metrocampa  (Latr.) 

2256  —    MARGARITARIA   (L.)  —  Nantes,  La  Contrie, 

La  Chapelle-sur-Erdre,  Savenay.  C  août,  septembre. 

—  Chenille  sur  le  hêtre,  le  chêne  en  septembre  ; 
hiverne  el  se  chrysalide  en  avril. 

2257  —    HONORARIA  (Sv.)  —  Nantes,   route  de  Paris, 

Savenay.  R.  —  Chenille  en  septembre  sur  le  chêne  ; 
elle  se  chrysalide  au  mois  d'octobre,  passe  rhivcr 
en  chrysalide. 


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-429- 

Gen.  828.  —  EuGONiA  (Hb.) 

2258  —    QUERCINARIA  (Hufn.)  ANGULARIA  (Bork).  — 

Nantes ,  route  de  Paris ,  Savenay.  A.  G.  août , 
septembre.  —  Chenille  en  mai ,  juin ,  """  '^ 
chêne. 

226S  —    EROSARIA  (Bork).  —  Petit-Mars,    30 

A.  R.  —  Chenille  en  mai,  juin  sur  le  boul 
peuplier,  le  chêne. 

Gen.  329.  —  Selenia  (Hb.) 

2265  —    BILUNARIA  (Esp.)  ILLUNARIA  (Hb.)-  A 

La  Contrie,  Verlou,  La  Chapelle-sur-Erdre, 
avril,  mai:  A.  C.  (Première  génération.)  —  ( 
sur  le  prunellier,  l'aubépine,  le  chêne  en  sept 
octobre. 

A.  Var.  juLiARiA  (Hw.)  —  La  Contrie, 
(Deuxième  génération.)  R.  —  Chenille  en  ma 
sur  le  chêne,  le  prunellier,  Taubépine. 

2266  —    LUNARIA    (Sv.)  —   Nantes,    Chauve,   C 

mai.  A.  C.  (Première  génération.)  —  Chen 
septembre,  octobre,  sur  le  prunellier,  le  h 
le  chêne. 

B.  Var.  delunaria  (Hb.)  —   Le  CeUier, 
A.  C  (Deuxième  génération.)  —  Chenille  ei 
juin,  sur  le  prunellier,  le  bouleau,  le  chêne. 

Gen.  330.  —  Pericallia  (Stph.) 

2268  —  SYRINGARIA  (L.)  —  Nantes,  5  mai,  A 
R.  —  Chenille  en  avril,  puis  juillet  sur  le 
le  troène. 

Gen.  332.  —  Odontoptera  (Stph). 

2270  -  BIDENTATA  (Cl.)  DENTARIA  (Hb.)  —  L 
pelle-sur-Erdre. 


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—  430  — 

Gen.  888.  —  HiMEBA  (Dup.) 
2272  —    PENNARIA  (L.)  —  Loire-Inférieure. 

Gen.   884.  —  Cbocallis  (Tr.) 

2278  —    TUSGIARIA  (Bork.)  EXTIMARIA  (Hb.)  —  Nantes, 

Saint-Sébaslien,  octobre.  R.  —  Chenille  en  mai  sur 
le  prunellier.  (Espèce  méridionale.) 

2274  —    ELINGUARIA  (L.)  —  Thouaré,  juUlet.  A.  R.  - 

Chenille  en  avril,  mai  sur  le  prunellier,  l'aubépine, 
le  genfit. 

2275  —    DÀRDOINARIA  (Donz.)  -  Ancenis. 

« 

Gen.  835.  —  Eurymene  (Dup.) 

2276  -    DOLABRARIA  (L.)   —  Nantes,  La  Seilleraye,  Le 

Chêne- Vert.  G.  mai,  juillet,  août.  —  Ghenille  en 
juin,  septembre   sur  le  chêne,  le  tilleul. 

Gen.  336.  —  Angerona  (Dup.) 

2-277  —  PRUNARIA  (L.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur- 
Erdre,  Sainte-Luce.  G.  juin,  juillet.  —  Ghenille  en 
juin  -,  vit  sur  le  prunier,  le  prunellier. 

Gen.  337.  —  URAPTERYX  (Leach.) 

2279  —    SAMBUGARIA  (L.)  —  Nantes,  chemin  duMassacre, 

La  Morlnière,  Sautron,  Savenay.  A.  G.  juin.  — 
Ghenille  sur  le  prunellier,  le  sureau,  le  chèvrefeuille; 
elle  sort  de  Toeuf  en  juillet,  hiverne  et  se  chrysalide 
en  mai. 

Gen.  338.  —  Rumu  (Dup.) 

2280  -  LUTEOLATA  (L.)  GRATAEGATA  (Lin.)  - 

Toute  la  Loire-Inférieure.  G.  partout,  mai,  juin, 
août,  septembre,  octobre.  —  Ghenille  en  juin,  puis 
en  septembre  sur  le  prunellier  ;  se  chrysalide  fin 
octobre.  (Deux  générations.) 


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—  431  — 

Gen.  841.  —  Epione  (Dup.) 

2284  —  APIGIARIA  (S.  V.)  ^  Nantes,  roule  de  Paris.   G. 

juin,  juillet,  octobre.—  Chenille  sur  les  saules,  mai, 
août. 

2285  —    PARALLELARIA   (S.  V.)   —   La  Chapelle-sur- 

Erdre. 

2286  —    ADVENARIA  (Hb.)  —  Toufou,  mai.  C.  —  Che- 

nille en  juillet  sur  le  prunellier  et  le  chêne,  puis  en 
octobre,  hiverne  ;  se  chrysalide  en  avril. 

Gen.  844.  —  Venilia  (Dup.) 

2291  —  MACULARIA  (L.)  —  Nantes  et  toute  la  Loire- 
Inférieure.  T.  C.  avril  et  mai.  —  Chenille  en  août, 
septembre  sur  les  chicoracées  ;  se  chrysalide  en 
terre  en  octobre. 

Gen.  846.    —  Macaria  ^Curt.) 

2298  —  ALTERNARIA  (Hb.)  —  Nantes  et  toute  la  Loire- 
Inférieure.  C.  avril,  juin,  juillet,  août.  —  Chenille 
sur  le  saule,  Tosier  en  juin,  septembre  ;  hiverne  et 
se  chrysalide  en  avril. 

2804  -    LITURATA  (Cl.)  -  La  Chapelle-sur-Erdre. 

Gen.  850.  —  Hibernia  (Lalr.) 

2811  —    RUPICAPRARIA  (Hb.)  —  Nantes,  février.  A.   C. 

Chenille  en  mai  sur  le  prunellier. 
2818  —    LEUCOPHÂEARIA  (S.  V.)  •-  Nantes,  les  bois  du 

Petit-Port.  T.  C.  février,   mars.  —  Chenille  en  mai 

sur  le  chêne. 
A.  Ab.  MARMORiNARiA  (Esp.)  —  Mêmcs  localilés 

et  époques  d'apparition  que  le  type.  C 
2815  —    MARGINARIA  (Bork.)   PROGEMMARIA  (Hb.)  — 

Nantes.  C  janvier,  février,  mars.  —  Chenille  sur  le 

chêne  en  mai. 


I 


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—  43Î  — 

Gen.  851.  —  Anisopteryx  (Stph.) 

2819  -    AESCULARIA  (S.  V.)  —  Nantes. 

Gen.  852.  —  Phigalia. 

2820  —    PEDARIA  (Fab.)   PILOSARIA  (Hb.)  —  La  Cha- 

pelle-sur-Erdre,  février,  mars.  A.  R.  —  Chenille  en 
mai  sur  le  chêne  et  le  prunellier. 

Gen.  854.  —  Biston  (Leach.) 

2882  —  fflRTARIA  (Cl.)  —  Nantes,  avril.  G.  vient  à  la 
lumière.  —  Chenille  sur  Torme,  le  chêne,  le  lilleul, 
juillet,  août  ;  se  chrysalide  en  terre  en  septembre. 

2388  -  STRATARIA  (Hufn.)  PRODROMARIA  (S.  V.)  — 
Mars,  Nantes.  A.  R.  —  Chenille  sur  le  chêne,  le 
tilleul,  le  bouleau,  l'orme,  le  peuplier,  juillet,  août  ; 
se  chrysalide  en  terre  en  septembre. 

Gen.  855.  —  Amphidasys  (Tr.) 

2884  —  BETULARIA  (L.)  -  La  Chapelle-sur-Erdre , 
Clisson.  A.  C.  mai,  juillet.  —  Chenille  sur  le  chêne, 
le  bouleau,  le  prunellier,  août  et  septembre  ;  se 
chrysalide  en  octobre. 

Gen.  857.  —  Hemebophila. 

2889  -  ABRUPT  ARIA  (Thnby.)  PETRIFICARIA  (Hb.)  — 
Nantes,  Savenay,  La  Chapelle-sur-Erdre,  avril, 
juillet.  C.  (Deux  générations.)  (Espèce  méridionale.) 
—  Chenille  sur  la  clématite  odorante  {Clematis 
flammida)  en  juin  et  septembre. 

Gen.  860.  —  Boarmia  (Tr.) 

2857  -  GEMMARIA  (Brahm.)  RHOMBOIDARIA  (Hb.)  — 
Nantes.  T.  C.  d'éclosion  à  la  miellée  et  au  filet  de 
mai  à  octobre.  —  Chenille  en  juin,  juillet  sur  le 
chêne ,  le  prunellier,  raubépme  ;  la  deuxième  gé~ 


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-433- 

Dération  en  septembre  ;  hiverne  et  se  chrysalide  en 
avril. 

2364  —  REPAIVDATA  (L.)  —  La  GhapeUe-sur-Erdre.  G. 
juin.  —  Ghenille  en  août  sur  la  ronce,  le  framboi- 
sier, le  groseillier,  le  peuplier,  le  bouleau  ;  elle  se 
chrysalide  en  octobre. 

A.  Ab.  conversaria  (Hb.)  —   La  Ghapelle-sur- 
Erdre.  A.  R.  —  Ghenille  en  août  sur  le  hêtre. 

2366  —  ROBORARIA  (S.  V.)  —  Saint-Elienne-de-Mont- 
Luc,  Nantes,  route  de  Paris,  juin,  A.  R.  --  Ghenille 
çur  le  chêne  en  mai,  puis  en  septembre  ;  se  chrysa- 
lide en  octobre. 

2368  —  GONSORTARIA  (Fab.)  —  Ancenis,  La  Ghapelle- 
sur-Erdre,  juin,  juillet.  G.  —  Chenille  sur  le  chêne 
en  juin ,  puis  en  septembre  ;  se  chrysalide  en 
octobre. 

2370  —  LIGHENARIA  (Hufn.)  —  Portnichet,  La  Ghapelle- 
sur-Erdre,  Nantes,  Garcouët,  juillet.  A.  G.  —  Ghe- 
nille en  juin  sur  les  lichens  des  arbres^  puis  en 
octobre  ;  hiverne  et  se  chrysalide  en  avril. 

2374  —  GREPUSCULARIA  (Hb.)  -  Nantes,  La  Ghapelle- 
sur-Erdre.  G.  août.  —  Ghenille  sur  le  chêne,  le 
prunellier,  le  peuplier,  Taune,  mai,  puis  septembre  ; 
se  chrysalide  en  octobre. 

2876  —    LURIDATA    (Bork.)    EXTERSARIA    (Hb.)    — 

Gasché,  juillet.  A.  R.  —  Ghenille  en  septembre  sur 
le  chêne. 

2877  —    PUNGTULARIA  (Hb.)  —  Nantes,  La  Ghapelle- 

sur-Erdre,  mai.  G.  —  Ghenille  sur  le  bouleau  en 
juin,  juillet. 

Gen.  361.  —  Tephrohia  (Hb.) 
2380  —    CREMIARIA  (Fab.)  GOUTICARIA  (Dup.)  CINE- 


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—  434  — 

RARIA  (Gn.)  —  Nantes.  A.  C.  juillet.  —  Chenille 
en  mai  sur  les  lichens  des  murs. 

Gen.  863.  —  Gnophos  (Tr.) 

2887  —  OBSCURARIA  (Hb.)  —  La  Gamolerie,  Nanles,  La 
Gontrie,  Ancenis,  août.  A.  R.  —  Chenille  en  sep- 
tembre ;  hiverne  et  se  chrysalide  fin  avril. 

Gen.  871.  —  FmoNiA  (Hb.) 

2429  —  FAMULA  (Esp.)  GONCORDARIA  (Hb.)  —  La  Po- 
terie, bords  de  TErdrc,  Saint-Herblain,  près  Nantes. 
A.  C.  mai.  —  Chenille  sur  le  genêt  à  balais  en 
juin,  puis  en  septembre  ;  se  chrysalide  fin  octobre. 

2480  -  LIMBARIA  (Fab.)  CONSPICUATA  (S.  V.)  — 
La  Chapelle-sur-Erdre.  C.  juillet.  —  Chenille  sur 
le  genêt  à  balais  en  juin,  puis  en  août  et  septembre  ; 
se  chrysalide  fin  octobre. 

Gen.  874.  —  Ematurga  (Ld.) 

2485  —  ATOMARIA  (L.)  -r-  Toute  la  Loire-Inférieure.  T. 
C.  partout,  avril  mai,  juillet,  août.  —  Chenille  sur 
le  genêt  à  balais,  etc.  en  juin,  août,  septembre  ;  se 
chrysalide  en  octobre. 

Gen.  878.  —  Diastictis  (Hb.) 

2452  —    ARTESIARIA  (Fab.)  —  Ile  de  la  Loire,  en  face 

Thouaré,  juillet,  Nantes,  prairie  de  Chantenay,  10 
août.  A.  R.  —  Chenille  en  avril  sur  les  saules. 

Gen.  879.  ~  Phasune  (Dup.) 

2453  —    PETRARIA  (Hb.)  —  Nantes,   Chêne-Vert,   La 

Chapelle-sur-Erdre.  C.  avril  et  mai.  —  Chenille  sur 
les  bruyères  en  juillet  et  août. 
2460  —    CLATHRATA  (L.)  —  Nantes.  C.  août.  —  Che- 
nille sur  la  luzerne,  le  sainfoin,  le  trèfle,  le  genêt  à 


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"-435  — 

balais,   en  juin  et  septembre;   se   chrysalide  en 
octobre. 

Gen.  880.  —  EuBOLiA  (Bdv.) 

2462  —  MURINARIA  (Fab.)  -  Porlnichet.  G.  juillet  et 
août.  —  Ghenille  sur  la  vesce,  la  luzerne,  le  genêt 
en  mai  et  août. 

Gen.  885.  —  AspiLATES  (Tr.) 

2488  —  OGHREARIA  (Rossi)  GITRARIA  (Hb.)  —  Gasché. 
T.  G.  mai,  août.  —  Ghenille  en  mars,  avril  sur  les 
vesces,  les  scabieuses  puis,  en  septembre  ;  se  chry- 
salide en  octobre. 

Gen.  887.  —  Ligia  (Bdv.) 

2495  —  OPAGARIA  (Hb.)  —  Saint-Brevin,  septembre.  R. 
(Espèce  méridionale.)  —  Ghenille  sur  le  Genista 
scoparia,  fin  septembre  ;  hiverne  ;  se  rencontre  en 
avril  ;  se  chrysalide  dans  les  premiers  jours  de  mai. 

Gen.  890.  —  Aplasta  (Hb.) 

2501  —  ONONARIA  (Fuessl.)  —  Bords  de  l'Erdre,  juillet. 
R.  —  Ghenille  en  avril  sur  la  bugrane  {Ononis 
spinosa)  et  sur  le  genêt  à  balais,  puis  en  septembre. 

Gen.  892.  —  Sterrha  (Hb.) 

2504  —  SAGRARIA  (L.)  —  Préfailles,  août.  R.  (Espèce 
méridionale.)  —  Ghenille  en  avril,  mai  sur  les 
Rumex,  les  Anthémis,  les  Polygonum. 

A.  Ab.  sanguinaria  (Esp.)  —  Un  exemplaire  pris 
aux  environs  du  Pouliguen. 

Gen.  898.  —  Lythbia  (Hb.) 

2507  —  PURPURARIA  (L.)  GRUENTARIA  (Hufn.)  — 
Ancenis,  Nantes.  G.  juillet,  août,  septembre.  —  Ghe- 
nille sur  les  Polygonum,  les  Rumex  en  mai. 


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-436  — 

Gen.  894.  —  Ortholitha  (Hb.) 

2511  -    PLUMBARIA  (Fab.)   PALUMBARIA  (Bork.)    — 

Nantes.  G.  mai.  —  Chenille  sur  les  genêts,  les  sca- 
bieuscs,  les  bruyères,  juin,  puis  septembre  ;  hiverae 
et  se  chrysalide  en  avril. 

2512  —    GERVINATA  (Sv.)  —  Coteau  de  la  Chézine,  dans 

les  fougères  desséchées,  7  et  10  octobre.  —  Chenille 
en  mai  et  juin  sur  les  mauves  et  les  guimauves.  A.  R. 

2516  —  PERIBOLATA  (Hb.)  —  Bords  de  TErdre,  La 
Mâtinais,  octobre,  landes,  chaumes.  (Espèce  méri- 
dionale.) —  Chenille  sur  les  genêts  ;  hiverne  et  se 
chrysalide  en  avril,  mai. 

2521  -    BIPUNCTARIA  (S.  V.)  -  Ancenis. 

Gen.  896.  —  MiNOA  (Bdv.) 

2523  —  MURIN  ATA  (Se.)  EUPHORBI  AT  A  (Fab.)-  Nantes, 
Ancenis,  forêt  de  Sautron  et  probablement  toute  la 
Loire-Infériêure.  C.  partout,  mai,  août.  —  Chenille 
en  juin,  septembre  sur  l'Euphorbe  cyparissius. 

Gen.  400.  —  Odezia  (Bdv.) 

2529  -  ATRATA  (L.)  CHAEROPHYLLATA  (L.)  —  Joué- 
sur-Erdre,  La  Mâtinais.  A.  C  juin.  Vole  en  plein 
jour.  (Espèce  alpine.)  —  Chenille  en  avril,  puis  en 
juillet. 

Gen.  408.  —  Anaitis  (Dup.) 

2548  —  PLAGIATA  (L.)  —  Nantes,  La  Chapelle-sur- 
Erdre.  C  partout,  mai,  juillet,  août,  septembre.  — 
Chenille  sur  le  millepertius  pn  avril,  mai,  août. 

Gen.  404.  —  Chesias  (Tr.) 

2558  —  SPARTIATA  (Fuessl.)  —  La  Mâtinais.  A.  C. 
septembre  et  octobre.  —  Chenille  en  avril,  mai  sur 
les  genêts,  puis  juillet. 


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—  437  — 

2554  —  RUFATA  (Fab.)  OBLIQUARIA  (Bork.)  —  Nantes, 
Chêne-Vert,  La  Chapelle-sur-Erdre,  juin.  R.  — 
Chenille  en  avril,  mai  sur  les  genêts  {Genista 
scoparia),  puis  en  juillet. 

Gen.  408.  —  Cheimatobia  (Stph.) 

2566  —  BRUMATA  (L.)  ~  Nantes.  C.  en  novembre, 
décembre.  —  Chenille  en  mai  sur  les  arbres  fruitiers 
et  forestiers. 

Gen.  410.  —  Eucosmia  (Stph.) 

2574  -    UNDULATA  (L.)  -  La  Chapelle-sur-Erdre.  A. 

C.  juin.   —  Chenille  en  septembre  sur  les  saules 
entre  les  feuilles  repliées. 

Gen.  411.  —  Scotosia  (Stph.) 

2575  -    l^TULATA  (S.   V.)    -    La  Poterie,  bords  de 

TErdre,  Ancenis,  juillet.  R. 
2577  —    BADIATA  (Hb.)  —  Nantes,  place  Delorme. 

Gen.  412.  —  Lygris  (Hb.) 

2579  —    PRUNATA  (L.)  RIBESIARIA  (Bdv.)   -  Nantes. 

R.  roule  de  Paris,  juin.  —  Chenille  en  mai  sur  le 

groseillier,  le  prunellier,  l'aubépine. 
2584  —    TEST  ATA  (L.)  ACHATINATA  (Hb.)  -  Guérande, 

La  Chapelle-sur-Erdre,  La  Mâlinais,  Petit-Mars.  A. 

C  juillet,  septembre.  —  Chenille  sur  le  bouleau,  mai. 

Gen.  418.  —  Cidaria  (Tr.) 

2588  —    DOTATA  (L.)  PYRALIATA  (Fab.)  —  Nantes, 

Dervalières,  Chêne-Vert.  C.  juin,  juillet.  —  Chenille 

sur  le  peuplier,  le  bouleau,  mai. 
2590  —    FULVATA  (Forsl.)  —  Nantes,  roule  de  Paris, 

Carcouët,  juin.  A.  C.  certaines  années.  —  Chenille 

ep  mai  sur  la  ronce,  l'églantier. 

28 


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—  438  — 

2591  —    OCELLATA  (L.)  —  Nantes,  forêt  de  Sautron. 

G.  mai,  juillet,  août,  septembre.  —  Chenille  smr  le 
Galium  verum  en  juin,  septembre. 

2592  —    BIGOLORATA  (Hufn.)  RUBIGINATA  (Fab.)  — 

Nantes,  juin,  juillet.  A.  G.    —  Ghenille  en  mai, 
juillet  sur  Taune,  le  saule,  le  bouleau,  le  prunellier, 

le  pommier. 
2598  —    VARIATA  (S.  V.)   —  Nantes,  route  de  Paris, 

bords  de  la  Ghézine,  à  la  miellée,  avril,  septembre.  G- 

—  Ghenille  en  avril,  août  sur  le  sapin,  le  p*m,  le  cèdre. 
2597  —    SITERATA  (Hufn.)  PSITTAGATA    (S.  V.)   — 

Nantes,  La  Mâtinais,   La  Chapelle-sur-Erdre.  G.  à 

la  miellée,   octobre.  —  Chenille  sur  le  chêne,  le 

tilleul,  le  charme,  juin,  juillet. 
2601  -    TRUNCATA  (Huf.)  RUSSATA  (Bork.)  -  Nantes, 

La  Mâtinais,  La  Chapelle-sur-Erdre,  juin.  A.  G.  — 

Ghenille  en  avril,  juillet  sur  Taune,  le  bouleau,  le 

charme  et  la  cardère  {Dipsacus  sylvestris). 
2609  —    VIRIDARIA  (Fab.)  MIATA  (Hb)  —  Nantes,  mai. 

G.  —  Chenille  en  mars,  juin  sur  les  gaillets,  sur  le 

serpolet  et  les  violettes. 
2627  —    FLUGTUATA   (L.)  —  Nantes,   Sèvres.   T.   G. 

avril,  mai,  juillet,  août.  —  Ghenille  en  juin,  juillet 

et  septembre  sur  les  crucifères. 
2682  —    FERRUGATA  (Cl.)  ~  Nantes,  avril,  juillet,  août. 

G.  —  Ghenille  sur  les  alcincs  en  mai  et  septembre  ; 

passe  rhiver  en  chrysalide. 
2688  -     UNIDENTARIA  (Hw.)  —  Nantes.  A.  G. 
2640  —    FLUVIATÀ   (Hb.)  c/   GEMMATA    (Hb.)  $    — 

Prairies  de  Ghantenay,  Sèvres,  à  la  miellée,  août. 

A.  R.  —  Chenille  sur  les  Anthémis  et  les  chrysan- 
thèmes, mars,  avril. 
2642  —    DUiUTATA  (Bork.)  —Loire-Inférieure. 


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-439  — 

2667  —  RIGUATA  (Hf.)  —  Le  Pouliguen.  A.  G.  avril.  — 
Les  exemplaires  capturés  jusqu'ici  à  ma  conuaissance 
sont  tous  plus  clairs  que  le  type  ;  Tun  d'eux  est 
même  presque  blanc. 

2671  —  PIGATA  (Hb.)  —  Nantes,  Savenay,  Sucé.  G.  mai, 
juin,  août.  —  GheniUe  en  juin,  septembre  sur  le 
prunellier. 

2677  —    GALIARIA  (Hb.)  —  Bords  de  PEfdre,  La  Poterie. 

A.  G.  avril,  mai,  juillet,  août.  —  Ghenille  en  juin 
sur  le  gaillet  {Galium  verum)^  puis  septembre. 

2678  —  RIVATA  (Hb.)  -  Nantes,  La  Ghapelle-sur-Erdre, 

mai,  juin,  juillet,  août.  G.  —  Ghenille  sur  les  églan- 
tiers, rosiers,  ronces  et  la  pimprenelle  en  juin  et 
septembre. 

2679  —    SOGIATA    (Bork.)    ALGHEMILLATA   (Hb.)    - 

Nantes.  A.  R.  août. 

2694  -  ALGHEMILLATA  (L.)  RIVULATA  (Hb.)  -  Loire- 
Inférieure.  Un  exemplaire. 

2700  —    ALBULATA  (S.  V.)  —  Nantes,  mai,  juillet.  A.  R. 

2702  —  GANDIDATA  (S.  V.)  —  Nantes,  route  de  Paris, 
bois  du  Petit-Port.  A.  G.  juillet.  —  Ghenille  sur  le 
chêne  et  le  charme  en  avril  et  juin. 

2707  —  DEGOLORATA  (Hb.)  —  Loire-toférieure.  A.  R. 
mai. 

27t0  ~  OBLITERATA  (Hufn.)  HEPARATA  (Hw.)  —Bords 
de  TErdre,  La  Porterie,  La  Ghapelle-sur-Erdre. 
A.  G.  juillet.  —  Ghenille  en  septembre  sur  l'aune. 

2714  —  BUilNEATA  (L.)  —  Nantes,  Sèvres  et  probable- 
ment toute  la  Loire-Inférieure.  T.  G.  mai,  juin,  juillet, 
septembre. 

2716  —  SORDIDATA  (Fab.)  ELUTATA  (Hb.)  —  La  Gha- 
pelle-sur-Erdre, 2  juillet.  A.  G.  —  Ghenille  en  mai 
^ur  le  bouleau,  le  hêtre,  le  chêne,  le  saule. 


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—  440- 

2717  —  TRIFASCIATA  (Bork.)  IMPLUVIATA  (Hb.)  — 
La  Ghapelle-sur-Erdpe,  18  juin.  A.  G.  —  Gheoîlle 
sur  le  bouleau,  le  peuplier,  le  hêtre  en  mai. 

2724  -  NIGROFASGIATA  (Goeze)  DERIVATA  (Bork.)  — 
La  Ghapelle-sur-Erdre.  R. 

2726  —  RUBIDATA  (Fab.)  —  Nantes,  route  de  Paris, 
mai,  juin.  A.  G.  —  Ghenille  en  société  sur  les 
caillelaits  en  juin  et  septembre  ;  se  chrysalide  fin 
octobre. 

2728  —  GOMITATA  (L.)  GHENOPODIATA  (L.)  -  Nantes, 
route  de  Paris,  juillet,  août.  G.  —  Ghenille  en 
septembre,  haies  à  Tombre,  chemins  creux  et 
humides. 

Gen.  415.   —  EupiTHECiA  (Gurt.) 

2742  -  OBLONGATA  (Thn.)  GENTAUREARIA  (S.  V.) 
Nantes,  Sèvres,  La  Bernerie,  mai,  juillet,  août, 
septembre.  G.  —  Ghenille  polyphage  sur  les  ombelli- 
fères,  séneçons,  caillelaits,  scabieuses  en  juin  et 
septembre. 

2754  —  SUBNOTATA  (Hb.)  —  Nantes,  bords  de  la  Ghé- 
zine,  81  juillet,  à  la  miellée.  —  Ghenille  en  octobre 
sur  les  Chenopodium  alriplex,  dans  les  fleurs  et 
les  graines. 

2756  —  LINARIATA  (S.  V.)  —  Nantes,  juiUet.  —  Che- 
nille dans  les  capsules  de  la  linaire ,  septembre , 
octobre. 

2763  —  REGTANGUL ATA  (L.)  —  Nantes,  route  de  Paris, 
mars,  mai,  juin,  septembre.  T.  G.  le  soir,  volant 
autour  de  la  cime* des  poiriers..—  Ghenille  dans  les 
fleurs  des  pommiers  et  poiriers  en  avril,  mai. 

2776  —    INNOTATA  (Hufn.)  —  Nantes.  A.  G. 

2813  -    VULGATA  (Hw.)  AUSTERARIA  (Hs.)  —  Nantes, 


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-441  — 

bords  de  la  Chézine.  Un  exemplaire  à  la  miellée, 
80  mai. 

2817  -  ASSIMILATA  (Gn.)  —  Nantes,  bords  de  la  Ché- 
zine, à  la  miellée,  SI  juillet.  —  Chenille  sur  le 
cassis  {Ribes  nigrum)^  sous  les  feuilles,  en 
septembre,  octobre, 

2849  —  PUMILATA  (Hb.)  —  Nantes.  C.  à  la  miellée.  — 
Chenille  polyphage,  fleurs  de  la  clématite,  bruyère, 
genêt,  romarin,  etc.,  en  septembre,  octobre,  novembre, 
décembre. 


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DEUXIËHE    PARTIE. 


MICROLEPIDOPTERA, 


E.    PYRALIDINA. 


Fam.  I.-  PYRALIDIDAE. 

Gen.   1.  —  Cledeobia  (Dup.) 

18  —  ANGUSTALIS  (Schiff.  S.  V.)  -  Nantes,  mai, 
juin,  juillet,  août,  septembre.  G.  —  Chenille  de 
septembre  à  avril,  mai,  sur  les  mousses. 

Gen.  4.  —  Aglossa  (Latr.) 

24  —  PINGUINALIS  (L.)  —  Nantes.  T.  G.  juin,  juillet, 
iniérieur  des  habitations,  greniers.  —  Ghenille  en 
avril,  mai,  dans  les  fentes  des  parquets,  des  pavés, 
au  fond  des  armoires,  dans  les  étables,  les  cuisines, 
partout  où  des  substances  grasses  animales  peuvent 
la  nourrir. 

26  —  .  CUPREALIS  (Hb.)  — Nantes.  G.  juillet,  août,  inté^ 
rieur  des  habitations,  greniers.  —  Ghenille  en  avril, 
mai  ;  mêmes  mœurs  que  la  précédente. 

Gen.  6.  —  Asopia  (Tr.) 

82  —  GLAUGINAL1S(L.)  —  Nantes,  bords  de  la  Ghézine 
à  la  miellée,  juillet.  A.  G.  —  Ghenille  en  mai,  dans 
les  feuilles  pourries. 


^*^-Y^  Digitizedby  VjOOÇIC 


—  443  — 

34  —  COSTALIS  (F-)  FIMBRIALIS  (S.  V.)  —  Nantes, 
route  de  Paris.  Un  exemplaire  pris  à  la  miellée, 
juillet. 

85  —  FARINALIS  (L.)  —  Nantes,  juin,  juillet,  août, 
septembre.  C.  dans  les  écuries,  les  intérieurs  de 
maisons,  étables,  greniers  à  farines.  —  Chenille  en 
mars,  avril  ;  hiverne  dans  la  paille  des  greniers. 

Gen.  7.  —  Endotricha  (Z.) 

40  —  FLAMMEALIS  (S.  V.)  —  Nantes.  T.  C  dans  les 
buissons,  juin,  juillet.  —  Chenille  snr  le  Fiseron 
{Ligustrum  vulgare). 

Gen.  9.    —  Scoparia  (Hw.) 

m  -  DUBITALIS  (Hb.)  —  Nantes.  A.  G.  dans  les 
buissons,  mai. 

69  —        TRUNCICOLELLA  (Hb)  MERCURELLA  (Z.)  — 

T.  C.  Nantes,  bords  de  la  Chézine,  sur  les  troncs 
des  arbres,  mai,  juin,  août.  (Deux  génération^.)  — 
Chenille  en  février,  sous  la  mousse  des  pins. 

70  -       CRATAEGELLA  (Hb.)  —  Nantes.  T.  C.  juillet, 

août.  —  Chenille  en  mars  dans  un  lube  de  soie, 
sous  la  mousse  des  arbres. 

Gen.  14.  —  THRENonEs  (Gn.) 

82  —  POLLINALIS  (S.  V.)  -  Nantes"  Chêne-Vert.  A. 
C.  en  juin. 

Gen.  21.  —  Odontia  (Dup.) 

100  —  DENTALIS  (S.  V.)  —  Bords  de  TOcéan,  la  Bôle, 
Saint-Nazaire.  A.  R.  juillet,  broussailles.  —  Chenille 
en  mai  dans  les  nervures  des  feuilles  basses  de  la 
vipérine  {Echium  vulgare)  ;  elle  se  transforme  en 
filant  une  coque  papyracée  entre  les  feuilles. 


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—  444- 
GeN.  28.  —  EURRHYPARA  (Hb.) 

109  —  URTICATA  (L.)  —  Nantes,  juin,  aoû(.  T.  C- 
—  Chenille  en  août  ;  hiverne  dans  les  tiges  d'ortie, 
roule  les  feuilles  dès  février. 

Gen.  29.  —  BoTYs  (Tr.) 

112  —  OGTOMAGULALIS  (F.)  —   La   Ghapelle-sur-Erdre. 

A.  R.  août. 
114  —      NIGRATA  (S.  G.)  ANGUINALIS  (Hb.)  —  Nantes, 

Chêne-Vert,  mai,  juin. 
123  —      AURATA    (S.   G.)   PUNICEALIS  (S.  V.)  —  La 

Chapelle-sur-Erdre.    A.    C.   mai.    -    Chenille  en 

société  sur  la  menthe  aquatique  en  avril. 
125  —    PURPURALIS  (L.)  —  Nantes,  Gasché.   G.   avril, 

juin,  août,  septembre.    -—    Chenille  en  août  sur  la 

Mentha  rotundifolia,  YOriganum  vulgare. 
134  —      CESPITALIS  (S.  V.)  —  Nantes,  Sèvres,  Gorges, 

avril,  mai,  juin,  juillet.  T.  G.  dans  les  prairies. 
155  -      HYALINALIS  (Hb.)  —  Ghapelle-sur-Erdre,  juin. 

R.  bois  frais. 
173  —      FUSCALIS  (S.   V.)   —   Nantes.    A.  G.  pacages, 

juin,  septembre.    (Deux  générations  en   septembre 

dans  les  fleurs  et  les  capsules  des  Lalhyrus  praten- 

sis  et  rynanthus.) 

181  —      SAMBUGALIS  (S.  V.)  —  Nantes,  route  de  Paris. 

A.  R.  juin,  juillet.  —  Chenille  sur  le  sureau,  sous 
les  feuilles  qu'elle  ronge  sans  les  percer,  juin,  août. 

182  —      VERBASCALIS  (S.  V.)  —  T.  C.  Nantes,  mai,  juin, 

juillet,  août. 

183  —      RUBIGINALIS  (Hb.)  —  A.  G.  Ghapelle-sur-Erdre, 

dans  les  prairies  sylvatiques.   —  Chenille  en  sep- 
tembre. 
187  -^      FERRUGALIS  (Hb.)  —  Nantes.  T.  G.  à  la  mieUée, 


1 

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^  445  — 

buissons,  pacages,  février,  juillet,  août,  septembre, 
octobre.  —  CheDîlle  en  septembre  sur  les  Verbascnm. 

189  —  PRUNALIS  (S.  V.)  —  Nantes,  TEraudière,  bords 
de  TErdre,  route  de  Paris.  C.  juillet,  août,  buissons, 
baies.  —  Chenille  en  mai  sur  la  ronce  et  le  pru- 
nellier. 

201  -  RURALIS  (S.  C.)  VERTICALIS  (S.  V.)  —  T.  G. 
juin,  juillet,  août,  sur  les  orties  et  à  la  miellée.  — 
Chenille  en  mai  sur  Tortie,  feuilles  roulées. 

GeN.  30.  —  EUBYCREON  (Ld.) 

217—  PALEALIS  (S.  V.)  —  C.  Préfailles,  Portnichet, 
août. 

GeN.  81.  —  NOMOPHILA  (Hb.) 

222  —  NOCTUELLA  (S.  V.)  HYBRIDALIS  (Hb.)  —  T.C. 
Croisic,  Nantes,  juillet,  août,  septembre,  octobre, 
lieux  arides.  —  Chenille  vivant  dans  les  racines  des 
graminées  d'octobre  à  juin. 

Gen.  88.  —  PiONEA  (Gn.) 

224  -  FORFICALIS  (L.)  —  T.  C  Nantes,  mai,  juUlet, 
août,  septembre,  jardins  potagers  à  la  miellée.  — 
Chenille  en  juin,  août  sur  les  choux. 

Gen.  84.  —  Orobena  (Gn.) 

282  —  EXTIMALIS  (S.  C.)  MARGARITALIS  (S.  V.)  — 
Un  exemplaire  pris  au  Pouliguen  en  août. 

288  —  STRAMINALIS  (Hb.)  STRAMENTALIS  (Hb.)  - 
Un  exemplaire  pris  à  Sèvres,  mai. 

284  —  LIMBATA  (L.)  LIMBALIS  (Gn.)  —  A.  C.  Nantes, 
roule  de  Paris,  buissons,  mai,  juillet.  —  Chenille 
en  août,  sur  les  genêts  et  les  légumineuses. 

286  —  POLIT ALIS  (Sv.)  -  A.  R.  Pornichet,  un  exem- 
plaire, juillet. 


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—  448  — 

Gen.  87.  —  Pebinephele  (Hb.) 

a49  —  LANCEALIS  (Sv.)  —  G.  La  Ghapelle-sor-Erdre, 
Nantes,  juin,  prairies  humides.  —  Chenille  en  juin. 

Gen.  42.  —  Diasemia  (Gn.) 

257  —      LITTERATA  (Se.)  LITTERALIS  (Sv.)  —  A.  G. 

Nantes,  route  de  Paris,  jardin,  août  à  la  miellée, 
8  octobre.  Chêne- Vert,  coteaux,  bords  du  ruisseau 
de  Sainl-Herblon. 

258  —      RAMBURIALIS  (Dup.)  —  Un  exemplaire  pris  à 

Nantes  k  la  miellée. 

Gen.  52.  —  Agrotera  (Schrk.) 

275  —  NEMORALIS  (Se.)  —  A.  G.  Bois  frais,  La  Poterie, 
Gasché,  bords  de  l'Erdre,  juin,  juillet. 

Gen.  56.  —  Hydrocampa  (Gn.) 

282  -  STAGNATA  (Don.)  NYMPHAEALIS  (Tr.)  —  C. 
Gasché,  juin,  bords  de  l'Erdre.  —  Chenille  en  avril 
sur  les  nymphéas,  dans  un  fourreau. 

288  -  NYMPHEATA  (L.)  POTAMOGATA  (L.)  — T.  C. 
Nantes,  Doulon,  La  Chapelle-sur-Erdre,  mai,  juin, 
juillet,  août,  bords  des  fossés,  des  étangs,  prfe 
humides.  —  Chenille  en  avril  sur  le  Potamogetum 
natans  dans  un  fourreau. 

Gen.  57.  —  Paraponyx  (Hb.) 

288  —  STRATIOTATA  (L.)  —  A.  C  prés  marécageux, 
bords  des  étangs,  des  fossés,  Nantes,  août.  — 
Chenille  dans  un  fourreau  de  soie  et  de  débris  de 
feuilles,  avril,  mai,  sur  le  Stratiole  aloides 

Gen.  58.  —  Cataclysta  (Hb.) 

291  -  LEMNATA  (L.)  LEMNALIS  (Sv.)  —  A.  C.  Nantes, 
juin,  juillet,  août,  bords  des  étangs,  fossés.  — 


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-447  — 

Chenille  sur  la  lentilles  d'eau  en  avril  dans  un  four- 
reau de  soie  et  de  feuille  de  la  lentille. 

Fam.  IV.  -   GRAMBIDAE. 

Gen.  64.  —  Ancylolomia  (Hb.) 

306  —      CONTRITELLA  (Z.)  —   Bruyères  arides,  août, 
Nantes,  Vertou  (l'aunaie  Bruneau). 

Gen.  65.  —  Crambus. 

S21  —      PASCUELLUS  (L.)  —  Nantes,  C.  juin,  prairies. 
881  —      PRATELLUS  (L.)  —  Nantes,  C.  dans  les  prairies, 
mai. 

885  —      HORTUELLUS  (Hb.)  —  Nantes,   C.  mai,  juin, 

juillet. 

886  —      CRATERELLUS    (Se.)    RORELLA  (L.)  —  C. 

Nantes,  juin. 
848  -      PINELLUS  (L.)  PINETELLA  (L.)  -  A.  R.  juin, 

bois  et  jardins,  Nantes. 
857  —      LATISTRIUS  (Hw.)  —  Nantes,  A.  R.  septembre. 
877  —      GULMELLUS  (L.)  —    Juin  ,   juillet ,   août ,    C. 

Nantes. 

881  —      INQUINATELLUS  (Sv.)  -  Août,  Nantes,  C. 

882  —      GENIGULEUS  (Hw.)  ANGULATELLUS  (Dup.)  — 

Juillet,  août,  Nantes.  A.  G. 
892  —      TRISTELLUS  (Sv.)  AQUILELLUS  (Tr.)  -  T.  G. 

Nantes,  prairies  humides. 
898  —      SELASELLUS  (Hb.)  PRATELLUS  (Hs.)  —  A.  R. 

Nantes,  août. 
895  —      LUTEELLUS  (Sv.)  —  A.  R.  Nantes,  août. 

Fam.  V.  -  PHYCIDAE. 

Gen.  68.  —   Nephopteryx  (Z.) 
418  —      SPISSICELLA    (F.)    ROBORELLA  (Sv.)  -  G. 


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—  448  — 

juin,  août,  Nantes.  —  Chenille  en  mai  sur  le  chêne 
dans  une  toile  entre  les  feuilles. 
427  —      GENISTELLA  (Zk.)  —  R.  Un  exemplaire  pris  k 
Sainl-Etienne-de-Mont-Luc.  (Espèce  méridionale.) 

Gen.  70.  — IPempellia  (Hb.) 

441  —      SEMIRUBELLA  (Se.)  GARNELLA  (L.)  —  Nantes, 
Gasché,  La  Chapelle-sur-Erdrc,  août,  septembre.  G. 

—  Chenille  en  mai  dans  une  toile  sur  le  sol,  mange 
les  racines  des  graminées. 

A.  Var.  SANGuiNELLA  (Hb.)  —  Aussi  commuoe 

que  le  type,  mêmes  époques. 
447  _      FORMOSA  (IIw.)  —  Un  seul  exemplaire  pris  à 

Nantes,  route  de  Paris. 
457  —      ADORNATELLA  (Tr.)  —  Un  exemplaire  pris  à 

Portnichet,  18  juillet. 

Gen.  78.  —  Epischnia  (Hb.) 

508  —      PRODROMELLA  (Hb.)  —  Un  exemplaire  pris  dans 
une  clairière  de^  la  forêt  du  Gâvre. 

GeN.  81.  —  ACROBASIS  (Z.) 

525  —      CONSOCIELLA  (Hb.)  —  C  juin,  juillet,  Nantes. 

—  Chenille  en  mai  dans  un  tube  de  soie  entre  les 
feuilles  du  chêne. 

527  —      TUMIDELLA  (Zk.)  —  C.  juin,  juillet,  Nantes. 

—  Chenille  en  mai  sur  le  chêne. 

528  —      RURROTIfilELLA  (Fr.)  —  Un  exemplaire  pris 

à  La  Chapelle-sur-Erdre  le  13  août. 

Gen.  83.  —  Myelois  (Z.) 
544  —      CRIBRUM  (Sv.)  CRIBRELLA  (Hb  )—  Un  exem- 
plaire pris  en  juillet,  route  de  Paris,  sur  une  fleur 
de  chardon. 


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-  449  - 
GeK.  91.  —  HOMOESONA  (Cuft.) 

621  —      SINUELLA  (F.)  —  Nantes,  C.  juin,  juillet,  août. 

Gen.  94.  —  Ephestia  (Gn.) 

628  —  ELUTELLA  (Hb.)  —  Nantes,  T.  C.  juin,  gn 
intérieur  des  maisons.  —  Chenille  en  avril  df 
fruits  secs,  les  plantes  sèches. 

Fam.  VI.  -  GALLERIAE. 

Gen.  95.  —  Galleria  (F.) 

642  —      MELONELLA  (L.)   GEREANA   (L.)  — 
Nantes,   Sav^nay,    autour  des  ruches ,   ao( 
Chenille  en  mai,  puis  août  dans  les  ruches, 
générations.) 

648  ^  SOCIELLA  (L.)  COLONELLA  (L.)  —  A.C 
juillet,  août,  Nantes.  —  Chenille  en  septembr 
les  nids  de  guêpes. 


F.    TORTRICINA. 

Gen.  100.  —  Teras  (Tr.) 

660  —      VARIEGANA  (Sv.)  —  C.  Nantes,  route  de 

mai,  juin,  août.  —  Chenille  en  mai,  juin  et  sep 

sur  la  ronce,  l'églantier,  l'aubépine,  le  prunel 

A.  Ab.  asperana  (F.)  —    A.  C.  Nantes, 

de  Paris,  même  époque,  même  localité. 

662  —  BOSGANA  (F.)  -  Nantes,  route  de  Paris, 
C.  —  Chenille  en  mai  et  septembre  sur  l'orm 

668  —  PARISIANA  (Gn.)  —  Un  exemplaire  pris 
route  de  Paris,  le  long  d'un  mur. 

664  —  LITERANA  (L.)  —  La  Chapelle-sur-Erdi 
Un  exemplaire. 


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—  450  — 

B.  Var.  squamana  (F.)  —  Un  exemplaire  pris  en 
juillet  à  La  Chapelle-sur-Erdre. 
676  —      FERRUGANA. 

A.  Var.  trîpunctana.  —  Nantes. 

682  —      HOLMIANA  (L.)  —  A.  G.  Nantes,  route  de  Paris, 

juin,  juillet.  —  Chenille  en  mai  sur  le  prunier,  le 
rosier,  Taubépine  entre  les  feuilles  attachées. 

683  —      CONTAMINANA  (Hb.)  —    G.   route  de  Paris, 

septembre,  octobre.  —  Ghenille  en  juin  sur  le  pru- 
nellier, le  poirier  sauvage,  Taubépine. 

A.  Var.  ciliana  (Hb.)  —  A.  G.  Gomme  le  type, 
même  lieu  et  époque  d'apparition. 

Gen.  101.  —  ToRTRix  (Tr.) 

686  —      PODANA  (Se.)  AMERIANA  (Tr.)  -  Nantes,  C. 
juin,  juillet.  —  Ghenille  en  mai  sur  le  chêne. 

690  —      XYLOSTEANA  (L.)  —  '  Nantes ,    G.   juin.    — 

Ghenille  en  mai  sur  le  chèvrefeuille. 

691  —      ROSANA    (L.)    LAEVIGANA   (Sv.)   —    T.   G. 

juin,  Nantes.  —  Ghenille  sur  les  arbres  fruitiers, 
l'aubépine. 

692  —      SORBIANA  (Hb.)  —  Nantes,  A.  G.  —  GheniUe  en 

mai. 

693  —      SEMIALBANA   (Gn.)  —  Loire-Inférieure.  A.  G. 
698  —      RIBEANA  (Hb.)  —  Nantes,  A.  R.  juin,  août.  — 

GheniUe  en  mai  sur  l'aubépine,  le  groseillier,  l'orme, 

le  bouleau. 
701  —      HEPARANA  (Sv.)  —  G.  Nantes ,  La  Marière, 

août.  —   Ghenille  en  mai,  sur  le  frêne,  le  hêtre, 

et  les  arbres  fruitiers. 
708  -      LEGHEANA  (L.)  —  A.  R.  Bords  de  l'Erdre, 

juin,  juillet.   —  Chenille   en  avril  sur  les  arbres 

fruitiers. 


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—  451  — 

718  -      UNIFASCIANA   (Dup.)  -  T.  C.  Bords   de  la 
Chézine,  juillet. 

727  —      CONWAYANA  (F.)  —  A.  G.  Nantes,  Portnichet, 

mai,  août.  —  Chenille  en  octobre,  sur  le  troène  et 
l'épine-vinette.  {Berbères.) 

728  —      BERGMANIANA  (L.)  —  T.  G.  Nantes,  mai,  juin. 

Ghenille  en  mai  sur  les  rosiers  ;  se  chrysalide  dans 
les  feuilles  pliées. 

729  -      LOEFLINGIANA  (L.)  —  T.  G.  Nantes,  juin.  — 

Ghenille  en  mai  sur  le  chêne  ;  se  chrysalide  dans  la 

feuille  pliée. 
780  —      VIRIDANA  (L.)  —   T.   G.  Nantes,  mai,  juin.  — 

Ghenille  sur  le  chêne. 
787  -      FORSTERANA  (F.)  ADJUNGTANA  (Tr.)  -  A,  G. 

Nantes,   bords   de  l'Erdre,  juin,   juillet,   bois, 

buissons. 
750  —      ANGUSTIORANA  (Hw.)   —  Nantes ,   route  de 

Paris,  jardin,  juin,  juillet.   G.  —  Ghenille  sur  le 

laurier  ordinaire. 
755  —      GROTIANA  (F.)  —  Nantes,  roule  de  Paris.  A.  R. 

juin,  juillet.  —  Ghenille  en  mai   sur  le  chêne  et 

l'aubépine. 

Gen.  108.  —  SciAPHiLA  (Tr.) 
780  —      WAHLBOMIANA  (L.)  -  G.  Nantes,  La  Ghapelle- 
sur-Erdre,  G.  mai,  juin.  —  Ghenille  en  avril,  puis 
juin  sur  les  plantes  herbacées. 

Gen.  109.  —  Olindia. 
794  -      ULMANA  (Hb.)  AREOLANA  (Hb.)  ~  Glermont. 
G.  juin,  coteaux  boisés. 

Gen.  110.  —  GocHYUs  (Tr.) 
799  _     HAMANA  (L.)  —  A.  G.  Nantes,  Sainte-Pazanne^ 
juillet. 


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—  482  — 

801  —  ZOEGANA  (L.)  —  Un  exemplaire  pris  roule  de 
Paris  en  août. 

825  —  AMBIGUELLA  (Hb.)  ROSERANA  (Froel.)  —  C. 
Nantes,  route  de  Paris,  Chêne- Vert,  mai,  juin-  — 
Chenille  en  juin  dans  les  fleurs  de  la  vigne,  eo 
août  dans  îes  grains  de  raisin  et  les  feuilles. 

884  —  ROSEANA  (Hw.)  —  Un  exemplaire  pris  h  Nantes. 
Gen.  111.  —  Phleochroa  (Stph.) 

908  -      RUGOSANA  (Hb.)  -  A.  R.  Nantes,  mai. 

Gen.  118.  —  Retinia  (Gn.) 

921  —  BUOLIANA  (Sv.)  —  Un  exemplaire  à  Préfailles 
dans  une  plantation  de  jeunes  pins,  août.  —  Chenille 
en  avril,  mai  dans  les  pousses  des  pins  sylvestre  et 
maritime  qu'elle  courbe^ 

Gen.  114.  —  Penthina  (Tr.) 

925  --  PROFUNDANA  (Sv.)  —  C  Nantes,  La  Chapelle- 
sur-Erdre,  juillet.  —  Chenille  en  avril  sur  le 
chêne. 

927.  —  SALICELLA  (L.)  SALICANA  (Hs.)  —  Un  exem- 
plaire. 

932  —  CORTICANA  (Hb.)  —  C.  juin,  juillet,  Nantes,  La 
Poterie,  bords  de  l'Erdre.  —  Chenille  en  mai  sur 
le  chêne. 

937  —  VARmGANA  (Hb.)  —  T.  C.  Nantes  et  toute  la 
Loire-Inférieure,  mai,  juin,  dans  les  buissons.  — 
Chenille  en  avril,  juillet  sur  les  arbres  fruitiers,  les 
rosiers. 

945  —  GENTIANA  (Hb.)  —  C.  Nantes,  mai,  juillet,  jar- 
dins de  la  route  de  Paris.  —  Chenille  en  mai,  sep- 
tembre dans  les  graines  de  la  gentiane. 

»62  —  STRIANA  (S.  V.)  —  A.  R.  Marais  de  MazeroHes, 
juillet. 


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-  4S3  — 

988  —    URTIGANA  (Hb.)  —  G.  Nantes,  roule  de  Paris, 

juin,  juillet.   —  Ghenille  en  avril,  sur  la  ronce, 
l'orme,  le  bouleau,  le  saule. 

989  —    CESPITANA    (Hb.)    —    Un   exemplaire   pris    à 

Nantes. 
1001  —    AGHATANA  (S.  V.)  —  A.  R.  Nantes,  route  de 
Paris,  juin,  buissons,  haies  (espèce  d'Allemagne).  — 
Chenille  sur  le  prunellier. 

Gen.  115.  —  Aspis  (Stph.) 

1004  —  UDMANNIANA  (L.)  --  A.  G.  Nantes,  route  de 
Paris,  juin,  juillet.  —  Ghenille  en  mai  à  l'extrémité 
des  feuilles  de  ronce  et  des  framboisiers  ;  attachées. 

Gen.  1^23.  —  Grapholitha  (Tr.) 

1046  -    HOHENWARTIANA  (S.  V.)  —  Nantes,  A.  G., 

prairies,  juillet. 
1071  -    NISELLA. 

A.  V.  Pavonana  (Don.)  —  Un  exemplaire  pris  sur 

les  bords  de  l'Erdre. 
107S  —    PENKLERIANA(F.)MITTERBAGHIERANA(Dup.) 

—  Nantes,  A.  R. 
1091  ~    TRIPUNGTANA  (S.   V.)  OGELLANA  (Hb.)  — 

Nantes,  A.  G.,  buissons,  mai. 
109Î  —    GYNOSBANA  (F.)  —  G.  Nantes,   buissons,  mai, 

juin,  juillet.  (Deux  générations.)  —  Chenille  en  mai 

sur  les  rosiers,  dans  les  jeunes  pousses,  et  en  sep- 
tembre. 
1099  —    SIMPLONIANA  (Dup.)  —  A.  G.  Nantes,  juillet, 

août. 
1112  —    GITRANA  (Hb.)  —  Un  exemplaire  pris  à  Nantes, 

route  de  Paris,  juin. 
1122  —    GONTERMINANA    (H.    S-)   GAEGIMAGULANA 

(Dup.  IX,  249,  5»).  —  G.  Nantes,  juillet. 

29 


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—  454- 

1128  —  NEBRITANA  (Tr.)  —  Nantes,  roule  de  Paris, 
mai.  C.  dans  les  baies.  —  Chenille  dans  les  siliques 
des  genêts  en  juillet. 

1156  —  WOEBERIANA(S.V.)  — Nantes,  roule  de  Paris,  La 
Jonnelière.  C  mai,  juin,  juillet.  —  Chenille  en  avril 
sous  Técorce  du  prunier  et  du  cerisier  ;  s'y  chrysalide. 

Gen.  124.  —  Carpocapsa  (Tr.) 

1181  —  POMONELLA  (L.)  —  C.  d'avril  à  juillet,  Nantes, 
dans  les  jardins.  —  Chenille  de  juillet  à  octobre 
dans  les  pommes,  poires,  prunes,  noix  ;  elle  hiverne 
dans  une  toile  de  soie  entre  les  écorces. 

1188  —  SPLENDANA  (Hb.)  —  R.  Nantes,  juillet.  — 
Chenille  fin  septembre  dans  les  glands  tombés  ;  se 
chrysalide  en  terre  sous  la  mousse. 

1184  —    REAUMURANA,  —  Un  exemplaire  pris  à  Nantes. 

Gen.  126.  —  Phtoroblastis  (Ld.) 
1209  —    RHEDIELLA  (Cl.)  —  Mauves.  A.  R.  mai. 
Gen.  128.  —  Steganoptycha. 

1225  —    CORTICANA  (Hb.)  —  Nantes.  T.  C  mai,  juin. 

—  Chenille  en  avril,  mai,  feuilles  du  chêne. 

1248  —    TRIMACULANA  (Don.)  LITHOXYLANA    (Dup.) 

—  Nantes,  roule  de  Paris.  T.  C.  juin.  —  Chenille 
en  mars  dans  les  chatons  du  noisetier  ;  se  chrysalide 
en  terre. 

Gen.  130.  —  Rhopobota  (Ld.) 

1268  —  NAEVANA  (Hb.)  A.  C  Nantes,  juillet.  —  Che- 
nille en  mai  sur  le  houx  {Ilex  aquifolium). 

Gen.  133.  —  Dichrorampha  (Gn.) 

1273  -  PETIVERELLA  (L.)  PETIVERANA  (Hw.)  —  A. 
R.  juin,  Nantes. 


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—  455  — 
G.  TINEINA. 

Fam.  I,  ~  CHOREUTIDiE. 

Gen.  135.  —  SiMAETHis  (Leach.) 

1306  —    PARIANA  (Cl.)  —  Nantes,  juillet,  octobre.  A.  G. 
1309  —    OXYACANTHELLA  (L.)  FABRICIANA  (Stpli.)  — 
Nantes,  mai.  A.  R. 

Fam.llII-  -  TALAEPORIDAE. 

Gen.  138.  —  Taloeporia. 

1329  —  PSEUDOBOaiBYGELLA  (Hb.)  ANDERREGGELLA 
(Dup.)  —  Nantes,  mai.  C.  —  Chenille  dans  un 
fourreau  sur  les  lichens,  surtout  sur  les  hêtres,  en 
avril. 

Fam.  V.  -  TINEIDAE. 

Gen.  148.  —  Morophaga  (H.  S.) 

4S62  —  MORELLA  (Dup.)  —  Juillet,  La  Chapelle-sur- 
Erdre.  R.  —  (Espèce  méridionale). 

Gen.  150.  —  Blabophanes  (Z.) 

1868  —    FERRUGINELLA  (Hb.)  —  Nantes.  G.  avnl,:mai. 

—  Espèce  d'Allemagne. 
1870  —    RUSTIGELLA  (Hb.)  -  Nantes.  A.  C.  juillet. 

Gen.  151.  —  Tinea  (Z.) 

1874  —  TAPEZELLA  (L.)  —  Un  exemplaire  pris  dans 
l'intérieur  d'une  maison,  à  Nantes,  route  de  Paris. 

1885  —  GRANELLA  (L.)  —  T.  C.  d'avril  en  août.  Nantes, 
greniers,  appartements.  —  Chenille  en  mai,  sep- 
tembre dans  les  grains  de  blé  et  autres  céréales,  le 
bois  pourri,  les  fruits  secs. 


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—  456  — 
GeN.   158.  —  bCURVARlA  (Hw.) 

1447  —  MUSGALELLA  (F.)  —  Ile  de  la  Loire,  en  face 
Thouaré,  juin.  A.  R.  —  Chenille  sur  le  chêne  en 
janvier  dans  un  fourreau  sous  les  feuilles  sèches. 

Fam.  VI.  -  ADELIDAE. 

Gen.    160.    —    Adela    (Lalr.) 

1494  —    DEGEIÎRELLA  (L.)  —  Nantes.  — Un  exemplaire. 

1498  —  VIRIDELLA  (S.  G.)  —  T.  G.  Nantes,  roule  de 
Paris,  bords  de  l'Erdre,  avril,  mai.  —  Chenille  en 
janvier,  dans  un  fourreau,  sous  les  feuilles  sèches 
des  noisetiers  et  des  hêtres. 

Fani.  X.  -  HYPONOMEUTIDAE. 

Gen.  171.  —  Hyponomeuta. 

1549  —    VIGINTIPUNGTATUS   (Retz.)  —  Un   exemplaire 

pris  dans  une  chambre  sur  la  route  de  Paris,  mai. 

1550  —    PLUMBELLUS  (S.  V.)  —  R.  La   Chapelle-sur- 

Erdre,  juillet.   —  Chenille  en  société  sur  le  fusain 

{Evonymus  europacus). 
1552  —    PADELLUS  (L.)  VARIABILIS  (Z.)  —  T.  C.  dans 

toute   la   Loire-Inférieure,   haies,    mai,   juin.    — 

Chenille  sous  une  toile  commune  en  mai  sur  les 

haies. 
1556—    GAGNAGELLA   (Hb.)   CAGNATELLA  (Tr.)  — 

T.  C.  dans  toute  la  Loire-Inférieure,  juin,  juillet. — 

Chenille  en  société  sur  le  fusain  en  juin. 

Gen.  172.  —  Swammerdamia  (Hb.) 

1568  —  CAESIELLA  (Hb.)  HEROLDELLA  (Dup.)  — 
Nantes.  C.  juillet.  —  Chenille  sur  le  bouleau, 
dans  une  toile ,  en  septembre  ;  se  chrysaUde  en 
terre. 


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--457  — 

Gen.  178.  —  Prays  (Hb.) 

1571  —  CURTISELLUS  (Don.)  COENOBITELLA  (Hb.)  — 
Mai.  —  A.  R.  Nantes.  — ^  Chenille  en  avril  dans  les 
fleurs  du  chêne. 

Gen.  177.  —  ArgVresthia  (Hb.) 

1582  —  EPHIPPELLA  (F.)  —  G.  juin,  verger,  bois,  haies 
vives,  Nantes.  —  Chenille  en  avril  sur  les  bourgeons 
de  l'aubépine. 
1607  —  GOEDARTELLA  (L.)  —  Nantes,  route  de  Paris. 
A.  C.  août.—  Chenille  en  avril  dans  les  chatons  du 
bouleau. 

Fam.  XI.  -  PLIJTELLIDAE. 
Gen.    181.    —    Plutella   (Schrk.) 

1624  --    PORRECTELLA  (L.)  —  C.  Nantes,  mai,  juin.  — 

Chenille  en  août  sur  la  julienne. 
1626  -    XYLOSTELLA    (L.)   CRUCIFERARUM   (Z.)   C. 

octobre,    potagers,    Nantes.   —   Chenille  en  juin, 

septembre  sur  les  crucifères;  elle  se  chrysalide  entre 

les  feuilles. 

Gen.  182.  —  Cerostoma  (Latr.) 

1689  —  RADIATELLA  (Don.)  -  Nantes,  La  Marière, 
août.  A.  R.  buissons.  —  Chenille  en  mai  sur  le  genêt. 

1648  —  SYLVELLA  (L.)  —  A.  C  Nantes,  route  de  Paris, 
juin,  juillet,  août.  —  Chenille  en  juin  sur  le  chêne. 

1652  -  DENTELLA  (F.)  HARPELLA  (S.  V.)  —  A.  R. 
Chapelle-sur-Erdre,  Sorinières,  juillet,  août,  jardins, 
bois.  —  Chenille  en  mai  sur  le  chèvrefeuille  dont 
elle  ronge  Técorce. 

Gen.  188.  —  Theristis  (Hb.) 
1658  -    MUCRONELLA  (S.  C.)  CAUDELLA  (L.)    •     La 
Poterie.  —  Un  exemplaire,  njai. 


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--4S8  — 
Fam.  XIV.   -  GELEGHIDAE. 

Gen.  189.  —  PsECADU  (Hb.) 


^ 


1666  -    BIPUNCTELLA  (F.)  EGHIELLA  (S.  V.)~  Nanles, 

juin.  A.  R.  —  Chenille  en  juillet,  septembre  sur  la 
vipérine  {Echium  vulgare). 

1667  —    FUNERELLA  (F.)   —   Nantes,  chêne  vert,  mai. 

A.  C.  —  Chenille  en  août,  septembre. 

Gen.  191.  —  Depressaria  (Hw.) 

1681  -    COSTOSA  (Hw.)  DEPUNCTELL A  (Hb.)  -  Nantes. 
1708  —    ARENELLA  (S.  V.)  —  Nantes,  juillet.  A.  C.  — 

Chenille  sur  le  Centanrea  nigra  et  scabiosa. 
1721  —    OCELLANA  (F.)  CHARACTERELLA  (Schif.   S. 

V.)  —    A.  R.  Nanles ,   à  la  miellée,  juillet.  — 

Chenille  en  juin  dans  les  jeunes  pousses  des  saules 

et  des  bouleaux. 
1729  —    APPLANA  (F.)  —  C.  partout,  juin,  juillet,  se{H 

tembre,3  hiverne  et  reparaît  en  janvier,  juillet.  — 

Chenille  en  juin  sur  les  ombellifères.  Feuilles  réunies 

en  tube. 
17S4  —    BADIELLA  (H.   B.)  —   C  juillet,  août.  Nantes, 

prairie  de  Mauves.  * —  Chenille  en  juin. 

Gen.  194.  —   Gelechia  (Z.) 

1790  -    PINGUINELLA  (Tr.)  TURPELLA  (H.  S.)  A.  C. 

Nantes,  juillet.  —  Chenille  en  mai  sur  les  peupliers 

entre  les  feuilles. 
1889  —    GALBANELLA  (Z.)  -  Nantes,  R. 
1861  —    SCALELLA  (S.  C)  BICOLORELLA  (Tr.)  —   A. 

R.,  juin  sur  l'écorce.  Nantes,  Chapelle-sur-Erdre. 

Gen.  196.  —  Brïotropha  (Hb.) 

1880  -    TERRELLA  (S.  V.)  —  C.   Nantes   (roule    de 
Paris),  mai,  juin,  juillet.  —  Chenille  en  juin. 


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F 


—  459  — 

Gen.  198.  —  Teleia  (Hein). 

1979  —  SGRIPTELLA  (Hb.)  -  T.  C,  partout  sur  Yé 
des  ormes  et  autres  arbres.  —  Chenille  en 
tembre,  feuilles  d'érable  pliées  en  deux. 

1994  —    LUGULELLA  (Ilb.)  —  Nantes. 

Gen,  199.  —  Recurvaria  (H.  S.) 

1997  —    LEUGATELLA  (Gl.)  —  R.  Nantes,  juin. 

Gen.  210.  —  MoNoCHROA  (Hein). 

2061  -  TENEBRELLA  (Hb.)  —  Nantes,  A.  G.,  mai, 
dans  les  haies. 

Gen.  214.  —  Trachyptila  (Hein). 

2091  —  POPULELLA  (Gl.)  —  Saint-Etienne-de-Mon 
(propriété  de  Sainte-Anne).  G.  juillet.  —  Cl 
en  mai  sur  le  peuplier,  le  tremble,  le  bouleau. 

Gen.  215.  —  Braciiycrossata  (Hein). 

2095  —    GINERELLA  (Cl.)  —  Nantes,  A.  R.,  juin. 
2097  —    TRIPUNGTELLA  (S.  V.)  —  R.  Nantes. 

Gen.  226.  —  Nothris  (Hb.) 

2143  —  VERBASGELLA  (S.  V.)  —  G.  juin,  Nante 
Chenille  en  avril,  août;  sur  les  verbascum,  en  s 
dans  les  jeunes  pousses,  puis  dans  les  fleurs  ec 

Gen.  245.  -    Carcina  (Hb.) 

2219  —  QUERGANA  (F.)  FAGANA  (S.  V.)  -  G. 
juillet,  août.  Nantes.  —  Chenille  en  mai  dan 
toile  sur  le  chêne. 

Gen.  251.  —  Harpella  (Schrk.) 

2242  -  FORFIGELLA  (S.  G.)  MAJORELLA  (Dup.) 
Nantes,  mai,  juin,  juillet.  —  Chenille  en  ma 
le  bois  pourri  du  saule. 


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—  460  - 

224S  —  GEOFFRELLA  (L.)  —  Nantes  (la  Marière).  C. 
mai,  juin.  —  Chenille  en  mai  sur  les  écorces. 

Gen.  252.  —  Dasycera  (Hw.) 

2247  -    SULPHURELLA    (F.)    ORBONELLA    (Dup.)  — 
Nantes,  intérieur  de  la  ville.  G.  mai,  juin. 
^  2248  —    OLIVIÇLL A  (F.)  —  C.  Nantes,  Chapelle-sur-Erdre, 

f.  jardins,  bois,  juin,  juillet.  —  Chenille  en  avril,  mai, 

dans  le  bois  pourri. 

Gen.  253.  —  Oecophora  (Z.) 

2252  --  TINCTELLA  (Hb.)  —  C  Nantes,  route  de  Paris, 
sur  les  poiriers. 

Gen.  255.  —  Oegoconia  (Slt.) 

2298  —  QUADRIPUNCTA  (Hw.)  C  Nantes  ;  intérieur  des 
maisons,  mai,  juin,  juillet. 

Fam.  XV.  -  GLYPHIPTERYGIDAE. 

Gen.  258.  —  Glyphipteryx  (Hb.) 

2810  —  THRASONELL A  (S.  G.)  —  A.  C,  la  Poterie,  bords 
de  TErdre,  prés  humides,  bords  des  ruisseaux,  juillet. 

Fam.  XVI.  -  GRACILARIDAE. 

Gen.  259.  —  Gracilaria  (Z.) 

2817—  ALCHIMIELLA  (S.C.)  SWEDERELLA  (SU.) — 
Mai,  juin,  Nantes.  A.  C.  —  Chenille  en  septembre,  sur 
le  chêne,  mine  la  feuille  repliée  dans  un  coin  en  cône. 

2838  —  SYRINGELLA  (F.)  —  Nantes.  Un  exemplaire 
au  bord  de  la  Chézine. 

Fam.  XVII.  -  COLEOPHORIDAE. 

Gen.  262.  —  Coleophora  (Z.) 

2424  —  PALLIATELLA  (Z.  K.)  -  Nantes.  Un  exem- 
plaire, juin. 


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•^461  — 

2478  —    LEUGAPENNELLA  (Hb.)  -  C  Nantes,  route  de 
Paris,  mai.  —  Chenille  en  juillet  dans  les  capsules  du 
Silène  nu  tans  ;  se  fait  un  fourreau  avec  les  capsules. 
Fam.  XIX.  -  ELAGHISTIDAE. 
Gen.  276.  —  BuTALis  (Tr.) 

2696  -  ACANTHELLA  (God.)  —  A.  G.  Nantes,  juin, 
juillet.  —  Ghenilles  trouvées  sur  les  murs  du  château 
de  Nantes  ;  se  nourrissant  du  lichen  des  murailles  ; 
chaque  chenille  cachée  sous  une  petite  toile  blanche 
qui  lui  sert  d'abri. 

Fam.  XX.  -  LITHOGOLLETIDAE. 
GeN.  294.    —  TlSCHERIA  (Z.) 

2910  -  GOMPLANELLA  (Hb.)  -  Nantes,  avril.  R.  — 
Ghenille  en  actobre  ;  feuilles  de  chênes,  taches 
blanches  très  apparentes  sur  la  face  supérieure  de  la 
feuille. 


J.    PTEROPHORINA; 

Gen.  809.  —  Amblyptilia  (Hb.) 

3180  --    AGANTHODAGÏYLA   (Hb.)    -   Nantes,   juillet. 
A.  G.  juillet. 

Gen.  810.  —  Oxyptilus  (Z.) 

8140  —    DU)AGTYLUS  (L.)  —  Gâché,  Nantes,  juillet,  A.  G. 

Gen.  811.  —  Mimaeseoptilus  (Vallgr.) 
8161  —    PTERODAGTYLUS  (L.)  —  Nantes.   T.  C.  juillet, 
août,  septembre,  octobre  ^  la  miellée. 

Gen.  815.  —  Aciptilia  (Hb.) 

8187  —    XANTHODAGTYLA    (Tr.)  —  Un  exemplaire  pris 
à  Glermont,  juin. 


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—  46Î  — 
K.      ALUCITINA. 

Gen.    816.    —    Alucita    (Z.) 

8211  -  HEXADAGTYLA  (L.)  POLYDAGTYLA  (Hb.)  — 
G.  mai,  juin,  juillet.  Nantes,  intérieur  des  apparte- 
ments, jardins  à  la  miellée  ;  hiverne  et  pond  en 
avril. 


ADDENDA. 

MACROLEPIDOPTERA. 


650  -      SARROTHRIPA  REVAYANA  Ab  punctana  (Hb.) 

—  Nantes,  août.   Un  exemplaire. 
709  —      GNOPHRIA  RURRIGOLLIS    (L.)    —   Rourg  de 

Batz.  R. 
1197  -    AGROTIS   RIP.E   (Hb.)  —   R.  Un   exemplaire 

desséché  pris  à  La  Rôle,  sur  la  plage,  juillet. 
1232  —    AGROÏIS   GORTIGEA  (S.  V.)    —   La  Rôle.  Un 

exemplaire  sur  le  chardon,'en  plein  jour,  juillet. 
1505  —    LEUGANIA  OBSOLETA   (Hb.)  —   La  Ghapelle- 

sur-Erdre,  août,  septembre.  A.  G. 
1526  -    LEUGANIA    LITTORALIS    (Gurt.)   —  La  Rôle. 

Un  exemplaire,  juillet. 
1544  —    GARADRINA  EXIGUA  (Hb.)  —  Nantes,  .miellée. 

Trois  exemplaires  pris  en  1884,  août. 
1683  -    XYLOMIGES  GONSPIGELLARIS  (L.)  —La  Cha- 

pellc-sur-Erdre,  juillet,  A.  R. 
1948  —    GATEPHIA  ALCHYMISTA(S.  V.)  -  La  Ghapelle- 

sur-Erdre.  Un  exemplaire,  septembre. 


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—  463  — 

2170  —  ACIDALIA  DEGEKERARIA  V.  bilineata.  — 
Un  exemplaire  pris  à  Mauves,  juillet,  dans  un  buisson. 

2-222  -  ZONOSOMA  PUN{]TARIA  Var.  suppunctaria  (Z.) 
—  Un  exemplaire  pris  à  La  GliapeUe-sur-Erdre. 
juillet,  dans  un  buisson. 


MICROLEPIDOPTERA. 


81 1  —      GRAMBUS  ALPINELLUS  (Hb.)  —  Un  exemj 

La  Bôle,  juillet,  bois  de  pins. 
841  —      COCHYLIS  ZEPHYRANA  V.  margarotana 

—  La  BAle.  Un  exemplaire,  juillet. 
1023  —    LOBESIA  PERMIXTANA  (Hb.)  —  Un  exem 

Loire-Inférieure. 
1203  —    PHTOROBLASTIS  REGIANA  (Z.)  —  Nanl 

exemplaire. 
1112  —    GRAPHOLITHA  CITRANA  (Hb.)  -  La  Bô 

exemplaire,  Nantes.  Un  exemplaire,  buissons. 
1183  —    CARPOCAPSA   AMPLANA  (Hb.)  -  Loin 

rieure.  A.  C.  juillet,  août. 
2035  -    ERGATIS    DEGURTELLA   (Hb.)  —   Loir* 

rieure.  Un  exemplaire. 
2263  —    ŒGOPIIORA    PSEUDOSPRETELLA  (Slell 

Loire-Inférieure.  Un  exemplaire. 
2707  —    STHATHMOPODA  PEDELLA  (L.)  -    Un 

plaire.  La  Bôle,  juillet,  buissons. 
3131  —    AMBLYPTILIA  COSMODACÏYL A  (Hb.)  —  IN 

boulevard  Delorme.  Un  exemplaire. 


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RAPPORT 

SUE  LES 

TRAVAUX   DE  LA   SECTION   DE   MÉDECINE 

PENDANT  L'ANNÉE  1886 
PAR   M.    LE    D>-    GAUDUGHEAU, 

8ECRÉTMBB. 


Messieurs, 

Je  dois  à  ma  qualité  de  Secrétaire  l'honneur  de  vous  faire 
connaître  les  travaux  de  votre  Section  de  Médecine  durant 
le  cours  de  l'année  qui  vient  de  s'écouler.  Laissez-moi  vous 
dire  tout  d'abord  comment  elle  a  constitué  au  début  de 
l'année  son  bureau  et  ses  divers  comités.  Suivant  l'usage 
conforme  au  règlement,  ses  élections  ont  été  faites  dans 
notre  séance  mensuelle  du  4  décembre  1885. 

Ont  été  élus  : 

MM.  Hervouët ^  Président. 

Mahot Vice-président. 

Gauducheau Secrétaire. 

OUive Secrétaire  adjoint. 

Par  acclamation  ont  été  maintenus  dans  leurs  fonctions  : 

MM.  Delamare Bibliothécaire. 

*Le  Grand  de  la  Liraye..     Bibliothécaire  adjoint. 
Lefeuvre Trésorier. 


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j 


—  465- 

Enfin  j'ajouterai,  pour  être  complet,  que  sans  en  avoir 
fait  l'objet  d'un  vole  spécial,  la  Section  de  Médecine  a  conservé 
sans  changement  la  composition  des  Comités  d'administration 
et  de  rédaction. 

En  remettant  à  son  successeur,  au  début  de  cette 
année ,  les  fonctions  de  président  de  la  Section  de 
Médecine,  l'honorable  M.  Grimaud,  dans  la  courte  allo- 
cution qu'il  prononçait  devant  nous,  se  plaisait,  avec  une 
bien  légitime  satisfaction,  k  nous  rappeler  le  nombre  et 
l'importance  des  travaux  apportés  à  notre  tribune  durant 
l'année  1885.  Il  nous  félicitait  de  la  louable  animation  qui 
avait  toujours  régné  dans  nos  réunions  mensuelles,  rendant 
nos  discussions  aussi  agréables  qu'instructives  et  nous 
engageait  à  persévérer  dans  ces  habitudes  de  travail,  méri- 
tant à  la  fois  éloges  et  encouragements. 

En  lui  succédant,  notre  sympathique  président  M.  Hervouët, 
dans  une  de  ces  spirituelles  causeries  dont  il  a  le  secret, 
nous  adressait  également  le  même  appel  au  travail.  Il  nous 
pressait  d'affirmer  encore  davantage  notre  vitalité  qu'à 
certaine  époque  on  avait  presque  osé  mettre  en  doute  !  Il 
suppliait  ceux  de  nos  confrères  qui,  par  modestie  ou  indif- 
férence, oublient  trop  souvent  le  chemin  de  nos  séances,  de 
laisser  \k  les  préjugés  qui,  en  nous  privant  de  leur  présence, 
nous  privent  également  de  leur  commerce  souvent  instructif 
et  toujours  agréable.  Il  s'attachait  k  réfuter  cette  erreur 
pernicieuse  pour  notre  Société  de  province  qu'on  ne  fait 
de  bonne  et  savante  médecine  qu'à  Paris  :  n'avons-nous  pas 
d'ailleurs  par  notre  nombre  tout  ce  qu'il  faut  pour  alimenter 
d'intéressantes  discussions  ?  La  longue  et  profonde  expérience 
de  plusieurs  de  nos  confrères  n'est-elle  pas  une  preuve 
évidente  que  nous  pourrions  produire  des  travaux,  sinon 
aussi  nombreux,  du  moins  d'une  valeur  bien  autrement 
sérieuse  que  ces  mille  productions  trop  promptement  conçues^ 


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-  406  - 

trop  hâliveraenl  mises  au  jour  dont  Paris  inonde  la  presse 
médicale  ? 

Ces  différents  appels  ont-ils  été  entendus  ?  Vous  allez  en 
juger,  Messieurs,  car  il  est  temps  quej'énumère  devant  vous 
ou  plutôt  que  je  vous  fasse  connaître  par  une  brève  analyse 
les  travaux  de  la  Section  de  Médecine. 

Ces  travaux,  plus  nombreux  encore  que  Tannée  dernière, 
tous  intéressants,  ont  porté  sur  la  plupart  des  branches  de 
la  médecine  ;  la  pharmacologie  y  est  elle-même  dignement 
représentée  et  enfin  un  travail  d'un  genre  tout  spécial  nous 
a  fourni,  sous  forme  de  relation  d'un  voyage  scientifique, 
une  véritable  revue  critique  de  chirurgie. 

Dans  rénumération  que  j'ai  à  faire  devant  vous,  je  suivrai 
l'ordre  chronologique  des  communications  sans  m'y  astreindre 
cependant  d'une  façon  absolue,  préférant  grouper  les  faits 
dont  l'analogie  et  la  nature  appellent  la  réunion. 

La  première  communication  qui  nous  ait  été  faite  est  due 
à  M.  Ménier  ;  elle  concernait  le  poivre  cubèbe  dont  il  nous 
signalait  une  adultération  découverte  par  lui  h  Nantes  à 
la  fin  de  l'année  1885.  Au  moment  où  M.  Ménier,  le  premier 
en  France,  la  faisait  connaître,  elle  avait  été  décrite  seule- 
ment en  Angleterre  et  déjà  cependant  il  était  probable  que 
la  plupart  des  pharmacies  françaises  renfermaient  la  nouvelle 
espèce  de  poivre  mélangée  au  véritable  piper  cubeba. 
M.  le  D'  Viaud-Grand-Marais  a  d'ailleurs  à  ce  moment-là 
vérifié  le  fait  pour  Nantes.  Ce  faux  cubèbe  que  M.  Ménier 
rapporte  au  piper  crassipes  diffère  du  vrai  par  sa  couleur 
plus  grise,  sa  saveur  et  son  odeur  rappelant  le  laurier  et 
la  muscade.  L'acide  sulfurique  fournit  encore  un  moyen 
facile  de  les  distinguer  par  sa  coloration  qu'il  communique 
ë  la  plus  petite  quantité  de  ces  graines  réduites  en  poudre. 
Ce  faux  cubèbe  a-l-il  les  propriétés  thérapeutiques  bien 
connues  du  piper  cubeba  ?  M.  Ménier  ne  pouvait  nous  le 


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-467  - 

dire  ;  rexpérimenlalion  n'avait  pu  répondre,  puisque  ce  pro- 
duit était  inconnu  jusque-là  en  France. 

Les  communications  dont  j'ai  h  vous  entretenir  maintenant 
appartiennent  à  la  médecine  légale  et  sont  dues  à  M.  Laënnec, 
dont  vous  connaissez  la  compétence  en  ces  matières  particu- 
lièrement délicates. 

L'une  de  ces  communications  se  bornait  à  uù  rapport 
médico-légal  demandé  par  le  Tribunal  à  M.  Laënnec  dans 
une  importante  affaire  et  qu'il  a  bien  voulu  lire  devant  Aous. 
Je  ne  saurais  vous  analyser  ici  ce  rapport,  mais  je  puis 
bien  vous  dire  qu'il  démontrait  d'une  façon  incontestable 
que  les'  allégations  sur  lesquelles  un  de  nos  confrères  avait 
pu  être  soupçonné  d'homicide  et  même  arrêté,  étaient  l'œuvre 
d'une  femme  atteinte  de  folie  hystérique  avérée.  La  réputation 
de  notre  malheureux  collègue  ou  plutôt  sa  mémoire,  car 
il  était  mort  au  cours  de  l'instruction,  était  ainsi  lavée  de 
l'accusation  criminelle  qui  aurait  pu  peser  sur  elle.  Permettez- 
moi  d'ajouter  que  cette  observation  a  eu  les  honneurs  d'une 
discussion  à  l'Académie  de  Médecine,  mais  à  un  autre  point 
de  vue.  Le  cadavre  dont  il  s'agissait  dans  cette  affaire  avait 
été  découvert  dans  une  cave  complètement  momifié,  la  mort 
remontant  à  plus  d'un  an.  L'un  des  membres  de  notre 
Section,  M.  Andouard,  qui  a  communiqué  ce  cas  à  l'Aca- 
démie de  Médecine  k  laquelle  il  apppartient,  ai-je  besoin 
de  vous  le  rappeler,  à  titre  de  membre  correspondant,  attri- 
buait l'absence  de  putréfaction  à  la  profondeur  du  caveau 
dans  lequel  le  corps  était  enfoui,  au  renouvellement  imparfait 
de  l'air  ainsi  qu'aux  vêtements  et  i\  la  paille  qui  recouvraient 
la  victime.  Il  pensait  que  ces  conditions,  en  arrêtant  l'humidité, 
avaient  amené  un  état  de  sécheresse  constant  de  l'atmosphère 
efavironnanle  et  empêché  ainsi  la  décomposition.  Le  savant 
professeur  de  médecine  légale,  M.  Brouardel,  tout  en  accor- 
dant une  gi*ande  valeur  à  l'interprétation  de  M.  Andouard,  a 


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—  468  * 

invoqué  Taclion  d'un  autre  facteur  qui,  d'après  les  nouvelles 
recherches,  expUquerait  mieux  que  tout  autre  la  n)omificatioa 
des  cadavres.  Ce  facteur  est  fourni  par  les  acariens  dont  on 
retrouve  les  débris  dans  les  tissus  momifiés. 

Non  moins  intéressante  est  la  seconde  communication  d'or- 
dre médico-légal  que  nous  devons  à  M.  Laënnec.  Elle  monlre 
d'une  façon  frappante  à  quelle  prudente  réserve  le  médecin  doit 
s'astreindre  quand  il  s'agit  de  poser  un  diagnostic  doni 
peuvent  découler  des  conséquences  parfois  fort  graves.  Voici 
en  quelques  Hgnes  le  Jait  que  nous  soumeltail  M.  LaCnnec 
et  sur  lequel  il  nous  faisait  l'honneur  de  nous  demander 
notre  avis. 

Un  enfant  de  7  mois,  élevé  au  biberon,  toussait  depuis 
quelques  jours.  Le  sirop  d'ipéca,  en  le  faisant  vomir,  doit 
amener  sa  guérison  ;  telle  est,  du  moins,  l'opinion  des  parents 
qui,  sans  avis  médical  quelconque,  font  demander  une  petite 
dose  du  sirop  en  question  chez  un  pharmacien.  Celui-ci,  sur 
celte  simple  demande,  délivre  en  effet  une  petite  bouteille 
de  sirop  d'ipécacuanha  et  en  indique  le  mode  d'adnai- 
nistration  qui  est  suivi  exactement.  Mais  en  dépit  des  ^5  on 
80  grammes  de  sirop  absorbé,  l'enfant  ne  vomit  point  et  au 
bout  d'une  heure  il  tombait  dans  un  coma  profond.  Quelque 
peu  surpris  et  tirés  de  leur  indolence  par  ce  résultat  inat- 
tendu de  leur  traitement,  les  parents  de  l'enfant  se  décident 
enfin  à  demander  le  secours  d'un  médecin.  Celui-ci,  d'après 
les  commémoratifs  qu'on  lui  fait  connaître,  et  en  raison  de 
la  contraction  extrême  des  pupilles,  de  la  sueur  froide 
répandue  sur  tout  le  corps  de  l'enfant,  de  l'apparence  fili- 
forme du  pouls,  de  l'absence  de  selle,  d'urine  et  de  vomis- 
sement, croit  se  trouver  en  présence  d'un  empoisonnement 
par  l'opium.  Un  autre  confrère  qui  voit,^  avec  le  premier, 
l'enfant  quelques  heures  après,  partage  la  même  opinion. 
Malgré  le  traitement  institué  en  conséquence,  l'enfant  re^e 


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—  469  — 

dans  le  coma  et  meurt  environ  trente  heures  après  l'absorp- 
tion de  son  sirop. 

Appelé  à  pratiquer  l'autopsie  de  cet  enfant  86  heures  après 
sa  mort,  M.  Laënnec,  en  présence  des  renseignements  qui 
lui  furent  donnés,  joints  à  certains  signes  tels  que  la  pâleur 
des  téguments,  la  grande  fluidité  du  sang,  la  congestion  de 
tous  les  organes  qu'il  rencontre  sur  le  cadavre,  inclinait  lui- 
même  à  se  croire  en  face  d'un  empoisonnement  par  l'opium, 
malgré  une  broncho-pneumonie  dont  les  poumons  de  l'enfant 
portaient  les  traces  évidentes.  Mais,  d'accord  du  reste  avec 
les  deux  praticiens  expérimentés  qui  avaient  soigné  l'enfant, 
il  déclarait,  malgré  toutes  les  présomptions  accumulées,  ne 
pouvoir  affirmer  son  opinion  qu'après  le  résultat  des  analyses 
conQées  à  M.  Andouard  à  qui  les  viscères  de  l'enfant  et  le 
sirop  saisi  chez  le  pharmacien  avaient  été  remis.  La  précau- 
tion était  sage,  car  M.  Andouard  reconnaissait  la  présence 
évidente  de  l'ipécacuanha  et  l'absence  complète  de  l'opium 
ou  de  ses  alcaloïdes  dans  les  matières  qu'on  lui  avait  données 
à  analyser.  La  broncho-pneumonie,  jointe  certainement  à 
l'action  déprimante  de  l'ipécacuanha,  avait  causé  le  coma 
et  la  mort  de  l'enfant. 

Pour  vous  montrer,  Messieurs,  combien,  dans  ces  cas,  le 
diagnostic  est  épineux,  j'ajouterai  que  M.  Laënnec  nous  citait, 
dans  le  courant  de  l'année,  un  fait  analogue  observé  par  lui 
dans  sa  clientèle.  Un  enfant  tout  jeune,  élevé  au  sein,  est,  à 
la  suite  d'un  refroidissement,  atteint  d'une  broncho-pneumonie 
bien  constatée.  Or,  les  mêmes  symptômes  d'algidité,  de 
coma,  d'alrésie  de  la  pupille,  signalés  dans  l'observation  ci- 
dessus,  apparurent  aussi  très  rapidement  et  furent  bientôt 
suivis.de  la  mort.  Le  médecin  était  certain  qu'aucune  prépa- 
ration opiacée  n'avait  été  administrée  soit  à  l'enfant,  soit^à  sa 
nourrice  ;  mais  quel  n'eût  pas  été  son  embarras,  vous  le 
comprenez,  si  brusquement,  sans  renseignements  ou  avec  des 

30 


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-470  — 

commémoralirs  faits  pour  tromper,  il  eût  été  mis  en  présence 
de  cet  enfant  déj^  froid,  respirant  à  peine,  dans  un  état 
comatep  voisin  de  la  mort. 

J'abandonne,  Messieurs,  le  terrain  de  la  médecine  légale, 
mais  non  encore  M.  Laënnec  qui  enrichit  chaque  année  nos 
bulletins  de  multiples  observations.  Celle  dont  je  vais  vous 
parler  est  intitulée:  Tuberculose  et  fièvre  typhoïde.  La 
publication  a  été  inspirée  à  son  auteur  par  une  leçon  do 
professeur  Potain  que  Téminent  clinicien  de  Paris  terminait 
en  disant  qu'il  lui  paraissait  prouvé  que  la  fièvre  typhoïde 
atteint  rarement  le  tuberculeux  avéré,  "qu'elle  frappe  le  plus 
souvent  le  tuberculeux  au  début  et  qu'elle  accélère  la  marche 
de  la  tuberculisation. 

L'observation  publiée  par  M.  Laënnec  est  celle  d'un  soldat 
qui,  entré  à  l'hôpital  le  10  février  1874  avec  des  symptômes 
de  broncho-pneumonie,  y  mourait  le  28  du  même  mois  avec 
tous  les  signes  de  la  dothiénentérie.  L'autopsie  révéla,  avec 
les  lésions  caractéristiques  de  la  fièvre  typhoïde  dans  l'in- 
testin, les  signes  d'une  phthisie  pulmonaire  aiguë.  Les 
poumons  étaient  granités,  présentant  partout,  mais  surtout 
aux  deux  sommets,  des  granulations  miliaires  et  de  la  pneu- 
monie lobulaire.  Ce  malade  avait  donc  eu  une  phthisie  aiguë 
au  début  d'une  fièvre  typhoïde,  confirmant  ainsi  l'opinion 
émise  par  le  professeur  Potain. 

Si  je  m'astreignais  absolument  à  l'ordre  chronologique  des 
communications,  je  devrais  maintenant  vous  rendre  compte 
d'un  travail  ayant  pour  titre  :  de  la  graine  à  frotter,  dû  k 
M.  Viaud-Grand-Marais.  Mais  je  ne  saurais  faire  mieux  que 
l'auteur  lui-même  qui,  dans  notre  Journal  de  médecine  de 
VOuest,  a  fait  précéder  ce  travail  de  ses  deux  autres  com- 
munications relatives  au  choléra. 

Tranquillisez-vous,  Messieurs,  le  choléra  n'a  pas  reparu 
à  Nantes  depuis  la  visite  qu'il  nous  a  faite-  en  1884  et  qui 


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—  471  - 

nous  a  valu,  il  vous  en  souvient,  Timportanl  rapport  de  M. 
Chartier,  certainement  et  avec  juste  raison  remarqué  par 
vous  l'année  dernière. 

Il  s'agit  de  l'épidémie  cholérique  qui  a  régné  sur  les  côtes 
de  Bretagne,  particulièrement  du  Finistère,  depuis  la  fin 
d'octobre  1885  jusqu'aux  premiers  joui^s  de  mars  1886  et 
dont  Nantes  paraît  même  s'être  fort  peu  ému  ou  préoccupé 
malgré  ses  rapports  incessants  par  terre  et  par  eau  avec 
cette  partie  de  la  Bretagne.  Et  cependant  des  cas  bien  nets 
de  propagation  ont  été  signalés  à  Quimper,  à  Brest  et  sur 
une  côte  plus  éloignée,  aux  Sables-d'Olonne  et  à  l'Ue-d'Yeu, 
fournissant  ainsi  des  preuves  indiscutables  du  génie  épidé- 
mique  de  l'affection  cholérique.  La  persistance  de  cette 
épidémie,  plus  meurtrière  qu'on  a  semblé  le  croire  ici,  son 
réveil  au  commencement  du  mois  de  mars  de  cette  année 
dans  certaines  localités  sous  l'influence  du  retour  de  la  pêche, 
ont  forcé  le  Gouvernement  à  prendre  des  mesures  énergiques 
pour  arriver  à  l'étouffer.  Des  tentes  ont  été  envoyées  pour 
abriter  les  pêcheurs,  des  troupes  y  ont  été  jointes  pour  faire 
exécuter  même  par  la  force  les  prescriptions  d'hygiène 
reconnues  nécessaires. 

Là  aussi,  comme  on.l'a  généralement  remarqué  en  France 
lors  de  la  dernière  épidémie  de  choléra,  la  maladie  a  surtout 
frappé  les  gens  placés  dans  de  mauvaises  conditions  hygié- 
niques, particulièrement  les  ivrognes.  Le  premiec  jour  de 
l'an  et  les  jours  suivants  ont  été  partout  marqués  par  l'aug- 
mentation de  l'épidémie  là  oîi  elle  existait  et  son  réveil  dans 
les  endroits  oii  elle  semblait  éteinte. 

Quelle  était  l'origine  de  cette  épidémie  de  la  côte  du 
Finistère?  M.  Viaud-Grand-Marais  la  croit  d'importation 
étrangère  et  plus  spécialement  de  source  espagnole  ;  que  le 
germe  en  ait  été  apporté  soit  par  des  marins  venus  d'Espagne 
où  le  choléra  régnait  alors,  soit  par  des  pêcheurs  bretons 


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—  47î  — 

qui  De  craignent  pas  d'aller  jusque  sur  la  côte  ibérique  à  la 
recherche  du  thon. 

La  seconde  communication  relative  au  choléra  que  nous 
devons  k  M.  Viaud-Grand-Marais  concerne  la  relation  d'une 
épidémie  locale  de  choléra  à  Vadakenkoulam,  petit  village 
de  rinde.  C'est  l'analyse  d'une  note  d'un  missionnaire  fran- 
çais que  l'Administration  britannique  avait  fait  traduire  et 
répandre  dans  l'Inde  entière  en  raison  de  son  importance. 
L'intérêt  réel  qu'elle  offre  en  effet  tient  à  la  manière  dont, 
dans  cette  note,  a  été  éludié  et  démontré  le  rôle  de  l'eau 
dans  le  développement  et  la  propagation  du  choléra,  rôle  dont 
il  n'est  plus  permis  de  douter  désormais. 

Le  village  de  Vadakenkoulam,  nous  disait  M.  Viaud-Grand- 
Marais,  est  divisé  assez  inégalement  en  deux  par  une  grande 
rue,  d'un  côté  sont  groupées  les  cases  des  Vcllages,  gens  de 
la  caste  élevée  ;  de  l'autre  vit  la  caste  inférieure  des  Sanars. 
Les  premiers  ont,  parmi  leurs  privilèges,  celui  de  pouvoir 
seuls  puiser  à  deux  puits  situés  dans  le  village.  L'eau  de  l'un 
de  ces  puits  ayant  été  évidemment  contaminée  par  le  poison 
cholérigène,  plus  de  100  Vellagcs  périrent  du  choléra  en 
quinze' jours,  tandis  que  les  gens  de  la  caste  inférieure, 
contrairement  à  ce  qui  se  voit  d'ordinaire  partout,  étaient 
épargnés.  Et  cependant  ils  vivaient  côte  à  côte  et  même,  en 
divers  points,  leurs  cases  se  touchaient,  mais  ils  devaient  à 
leur  infériorité  l'obligation  d'aller  chercher  leur  eau  hors  du 
village.  Un  seul  des  Sanars  fut  atteint  et  atteint  mortellement, 
mais  cette  exception  même  vient  servir  de  confirmation  au 
principe  de  la  contamination  par  l'eau.  Cet  homme  était  le 
laveur  de  la  caste  privilégiée  ;  il  devait  à  ses  fondions  l'in- 
signe honneur  de  pouvoir  user,  seul  de  sa  caste,  de  l'eau 
aristocratique  comme  boisson.  Cette  prérogative  fut  la  cause 
de  sa  mort. 

Un  fait  explique  facilement  la  contamination  de  l'eau  de 


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—  473  — 

ces  réservoirs  :  c'est  autour  d'eux  en  effet  que  hommes  et 
femmes  Veilages  venaient  faire  chaque  jour  leurs  abhilions, 
laver  leurs  vêtements,  prendre  leurs  bains  après  les  céré- 
monies funéraires.  L'eau  répandue  à  l'extérieur  par  ces 
lavages  et  ablutions  retournait  au  puits  incomplètement  filtrée 
par  le  sable  ou  même  directement  par  un  trou  qu'offrait  la 
maçonnerie  dans  la  margelle  du  réservoir. 

Par  une  coïncidence  remarquable,  M.  Viaud-Grand-Marais 
notait  un  fait  analogue  pour  les  puits  du  village  de  l'Epine, 
h  Noirmoutier,  dont  les  habitants,  en  1884  et  1885,  ont  été 
cruellement  frappés  par  le  choléra.  Dans  un  rapport  fait  au 
nom  d'une  délégation  du  Conseil  général  de  la  Vendée,  il 
disait,  en  effet  :  Près  de  chaque  maison  existe  un  petit  enclos 
sablonneux  oii  se  trouve  un  puits  sans  maçonnerie  de  trois 
ou  quatre  mètres  de  profondeur,  près  duquel  ou  lave  le  linge 
et  les  vêtements.  L'eau  employée  pour  cet  usage  est  jetée 
sur  le  sable  au  voisinage  même  de  la  fontaine  oii  elle 
retourne  d'une  façon  plus  ou  moins  directe. 

C'est  précisément  l'importance  des  eaux  de  boisson  dans 
la  propagation  du  choléra  qui  avait  engagé  M.  Viaud-Grand- 
Marais  à  faire  des  recherches  sur  les  moyens  employés  dans 
l'Inde  pour  purifier  les  eaux  destinées  à  être  bues,  d'autant 
plus  que  ces  eaux  sont  généralement  argileuses  et  contiennent 
des  myriades  de  micro-organismes. 

Le  principal  agent  employé  à  cet  usage  est  la  graine  d'une 
loganiacée,  le  Strychnos  polalorum,  à  laquelle  les  Indous 
donnent  le  nom  de  TeAlan-Colle,  c'est-à-dire  graine/  à 
frotter.  L'emploi  en  est  des  plus  simples  :  on  écrase  deux 
ou  trois  de  ces  graines  et  l'on  en  frotte  les  parois  intérieures 
d'une  jam  de  plusieurs  litres.  Au  bout  d'un  quart  d'heure 
les  matières  terreuses  se  précipitent  et  l'eau  est  clarifiée, 
tout  en  conservant  une  teinte  grise  qui  flatterait  peut-être 
médiocrement  notre  œil  d'Européen.  Comment  agit  le  Tettan- 


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—  474  — 

Cotte  ?  par  une  action  quelque  peu  analogue  k  celle  qui 
sert  à  clarifier  chez  nous  le  vin  par  le  collage.  Au  contact  de 
l'eau  les  cellules  de  la  graine  se  gonflent  considérablement  ;  il 
se  produit  une  sorte  de  mucilage  qui  entraine  dans  ses 
mailles  en  tombant  au  Tond  du  vase,  lés  substances  en 
suspension. 

Il  restait  à  savoir  si,  avec  les  matières  terreuses,  les 
microbes  disparaissaient  également.  Un  ami  de  M.  Viaud- 
Grand-Marais,  missionnaire  dans  l'Inde,  en  fit  l'expérience 
avec  l'eau  d'un  étang  traitée  suivant  l'usage  par  le  Tettan- 
Cotte.  Ce  n'est  qu'après  en  avoir  bu  que  le  pauvre  expéri- 
mentateur songea  à  l'examiner  avec  une  forte  loupe,  et  ce 
n'est  pas  sans  un  effroi  bien  excusable  qu'il  y  vit  pulluler  et 
s'ébattre  microbes  et  animalcules  de  tout  genre.  Il  n'y  gagna 
cependant  qu'une  fièvre  intermittente  des  plus  graves.  Mais 
il  était  démontré  que  le  Tettan-Cotte  n'a  aucune  action 
contre  les  microbes  et  que  l'ébuUition  est  encore  un  mode 
plus  pratique  et  plus  sûr  contre  les  affections  à  origine 
microbienne  comme  le  choléra,  l'impaludisme,  la  fièvre 
typhoïde. 

C'est  de  celte  dernière  maladie  que  je  dois  actuellement 
vous  parler  ;  M.  Eugène  Bonamy  nous  ayant  donné  la  rela- 
tion d'une  épidémie  qui  régna  en  Bretagne  en  1774,  d'après 
les  notes  de  François  Bonamy,  docteur  régent  en  médecine, 
ancien  recteur  de  l'Université  de  Nantes.  Cette  relation  a 
permis  à  notre  confrère  de  présenter  sons  un  jour  nouveau 
l'un  des  derniers  doyens  de  notre  Faculté  de  Médecine  plus 
connu  comme  botaniste  et  particulièrement  par  sa  flore  des 
environs  de  Nantes,  la  première,  paraît-il,  où  soit  décrite  la 
végétation  de  cette  partie  de  la  Bretagne. 

Vous  n'attendez  pas  de  moi  que  je  vous  reproduise  ici  les 
tableaux  des  symptômes  et  du  traitement,  magistralement 
tracés  par  François  Bonamy,  de  l'épidémie  de  fièvre  putride 


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—  475  — 

maligne  qu'il  décrivait  dans  ses  notes.  Je  dois  vous  faire 
remarquer  qu'à  celte  époque  les  travaux  et  découvertes  des 
Louis,  des  Andral,  des  Brctonneau,  n'avaient  pas  encore  porté 
la  clarté  et  la  précision  dans  le  véritable  chaos  des  maladies 
groupées  sous  le  nom  de  fièvre  putride  maligne.  Aussi  dans 
les  relations,  si  complètes  d'ailleurs,  de  deux  autopsies  insé- 
rées dans  le  cours  de  ce  travail,  ne  peut-on  s'étonner  de  ne  pas 
trouver  décrites  les  lésions  si  communément  connues  aujour- 
d'hui des  plaques  de  Peyer.  Je  noterai  en  passant  le  para- 
graphe dans  lequel  l'auteur  recherche  la  cause  de  l'épidémie. 
J'y  trouve  signalés  la  sécheresse  de  l'été  précédent  suivi  d'un 
hiver  très  pluvieux  et  sans  gelée,  le  dessèchement  de  marais 
dans  les  environs,  la  misère  des  habitants,  la  mauvaise  qua- 
lité du  grain  dont,  dit-il,  la  plus  grande  partie  avait  été  char- 
bonnée,  enfin,  la  mauvaise  qualité  de  l'eau  destinée  à  la 
boisson. 

Cette  épidémie  était-elle  une  épidémie  de  fièvre  typhoïde, 
comme  a  cherché  à  nous  le  démontrer  notre  confrère  Eug. 
Bonamy,  en  suivant  pas  à  pas  la  description  des  symptômes 
et  du  traitement  ?  Gela  est  possible  ;  mais  tout  en  consta- 
tant le  bien  fondé  de  cette  opinion,  quelques  membres  de 
notre  Section  inclinaient  à  y  voir  le  typhus  faver  des 
Anglais.  Je  ne  chercherai  point.  Messieurs,  à  trancher  ici  la 
question  par  un  diagnostic  rétrospectif  bien  difficile  dans  le 
cas  présent  et  je  passe  de  suite  à  un  autre  ordre  de  faits  du 
ressort  de  la  chirurgie.  Ce  sont  deux  observations  d'ovario- 
tomie  dues  à  M.  Montfort. 

Intéressantes  déjà  l'une  et  l'autre  par  elles-mêmes,  ces 
deux  observations  gagnent  encore  à  être  mises  en  parallèle. 
Toutes  les  deux  ont  été  faites  dans  les  cabinets  des  pension- 
naires de  l'Hôtel-Dieu  de  Nantes,  toutes  les  deux  ont  été 
suivies  de  guérison.  Si  je  note  cette  particularité,  c'est  que  le 
temps  n'est  pas  encore  bien  éloigné  oii  pareille  tentative  dans 


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un  hôpital  eût  été  condamDée  d'avance  à  l'insuccès  ;  Tafili- 
sepsie  rigoureusement  appliquée  a  assuré  la  réussite. 

Je  vous  fais  grâce  des  détails  techniques  de  Topéralion, 
des  tableaux -de  la  marche  de  la  température  et  du  pouls 
minutieusement  recueillis  jusqu'il  la  guérison  ;  je  dois  vous 
dire  cependant  que  chez  ces  deux  opérées,  les  suites  du  trau- 
matisme chirurgical  ont  offert  de  grandes  différences  et  oui 
été,  comme  le  faisait  remarquer  M.  Montfort,  précisément 
contraires  à  ce  qu'on  était  en  droit  de  supposer  d'après  les 
antécédents. 

La  première  était  une  femme  de  87  ans,  épuisée  par  de 
longues  souffrances;  elle  avait  eu,  à  plusieurs  reprises,  de  la 
péritonite,  localisée  il  est  vrai,  mais  dûment  constatée  ;  elle 
avait  déjà  la  fièvre  avant  l'opération  que  la  gravité  de  son 
état  avait  seule  pu  faire  entreprendre.  Malgré  les  accidents 
graves  que  l'on  était  en  droit  de  craindre,  elle  guérit  avec 
très  peu  de  fièvre,  avec  une  facilité  surprenante  et  si  rapide- 
ment que  quatre  semaines  après  avoir  été  opérée  elle  pou- 
vaitjentreprendre  un  voyage  assez  fatiguant  pour  retourner 
chez  elle.' 

L'autre,  âgée  de  28  ans  seulement,  paraissait  dans  d'ex- 
cellentes conditions  physiques  et  morales.  L'opération  s'exé- 
cute sans  incident  grave,  et  cependant,  une  première  fois, 
l'apparition  d'un  délire  violent  accompagné  d'une  fièvre 
intense,  une  seconde  fois  un  phlegmon  des  parois  abdomi- 
nales viennent  successivement  donner  des  craintes  sérieuses 
pour  la  guérison. 

C'est  avec  raison,  je  crois,  que  M.  Montfort  fait  remarquer 
que  l'inégalité  avec  laquelle  ses  deux  opérées  ont  supporté 
le  choc  traumatique  tient  peut-être  à  leur  condition  sociale. 
La  première  était  une  femme  de  la  campagne  dont  l'existence 
assez  rude  contrastait  avec  celle  de  la  seconde  qui  avait  tou- 
joyrs  habité  la  ville  et  chez  laquelle  la  vie  sédentaire  avait 


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—  477  — 

rendu  le  système  nerveux  prédominant.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce 
sont  deux  beaux  succès  pour  M.  Montfort  et  vous  souliaiterez 
certainement  comme  moi  qu'il  nous  en  apporte  une  nouvelle 
série  avec  autant  de  guérisons. 

Non  moins  heureuse  est  la  série  des  treize  observations 
chirurgicales  que  nous  relatait  M.  Raingeard  dans  son  travail, 
intitulé  :  Quelques  opérations  à  l'hospice  générai  Sur  ces 
treize  observations,  une  seule  s'est  terminée  par  la  mort  ; 
dans  toutes  les  autres,  l'opération  a  été  suivie  de  guérison  ou 
d'amélioration  notable.  Quoique  le  service  de  chirurgie  de 
l'hospice  Saint-Jacques  donne  rarement  lieu  à  une  interven- 
^  tion  opératoire  importante,  M.  Raingeard  n'en  a  pas  moins 
eu  une  assez  grande  variété  d'affections  ayant  nécessité  une 
opération  sanglante.  Nous  voyons  en  effet  figurer  dans  son 
mémoire  un  bec  de  lièvre,  un  anus  contre  nature,  une 
section  traumatique  du  tendon  d'Achille,  des  ostéo-périostites 
tuberculeuses,  des  arthrites  fongueuses,  une  hernie  étranglée. 
Mais  les  opérations  sans  contredit  les  plus  importantes  sont 
une  ovariotomie  et  des  résections  de  la  hanche.  Ces  dernières 
y  figurent  au  nombre  de  trois  dont  deux  suivies  de  guérison. 
Elles  font  d'autant  plus  honneur  au  chirurgien  qui  les  a 
tentées  et  exécutées  avec  succès,  que  l'hospice  Saint-Jacques 
est  loin  d'offrir,  pour  la  chirurgie  du  moins,  les  conditions 
que  l'on  est  en  droit  de  réclamer  aujourd'hui  pour  d'aussi 
graves  opérations  :  je  veux  dire  l'isolement  des  opérés,  le 
matériel  et  l'organisation  des  salles  d'opération,  en  vue  de 
l'antisepsie  moderne  rigoureusement  appliquée. 

Je  laisse  la  grande  chirurgie.  Messieurs,  car  l'ophthalmo- 
logie  me  réclame  à  son  tour.  C'est,  je  ne  vous  l'apprends 
pas,  l'une  des  branches  de  la  médecine  le  plus  brillamment 
représentées  ici.  Et  même,  par  suite  de  la  création  prochaine 
d'une  chaire  d'oculistique,  Nantes  aura  désormais  bien  peu  à 
envier  à  cet  égard  à  toute  autre  ville  de  province. 


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—  478- 

Trois  mémoires  concernant  i'oculistique  nous  ont  été 
présentés  ^  celte  année  ;  tous  les  trois  sont  dus  à  M- 
Teillais. 

Le  premier  est  intitulé  :  Luxations  spontanées  du  cris- 
tallin, et  repose  sur  cinq  observations  personnelles  à  l'auteur 
dont-  trois  ont  déjà  été  communiquées  par  lui  au  Congrès 
ophthalmologique  de  Paris,  en  1885.  C'est  une  affection  assez 
rare  dont  M.  Teillais,  dans  sa  nombreuse  clientèle,  n'a  ren- 
contré que  cinq  cas  en  cinq  années.  Sans  entrer  dans  l'ana- 
lyse faite  par  lui  de  ces  cinq  observations,  je  ne  saurais 
omettre  de  vous  signaler  la 'nouvelle  classification  qu'il  pro- 
pose des  luiLations  du  cristallin  en  se  plaçant  au  point  de 
vue  étiologique. 

La  spontanéité  de  la  luxation  est  loin  d'être  toujours  absolue, 
comme  M.  Teillais  le  fait  remarquer  ;  elle  succède  souvent  à 
des  lésions  antérieures  du  globe  oculaire  dûment  constatées 
qui  permettent,  pour  ainsi  dire,  d'annoncer  sûrement  le 
déplacement  du  cristallin  à  la  première  occasion  favorable. 
Un  incident  ainsi  prévu  mérite-t-il  vraiment  d'être  déclaré 
sponlané  ?  C'est  là  cependant  ce  qu'on  nomme  généralement 
la  luxation  spontanée  du  cristallin.  Elle  mériterait  mieux,  dit 
l'auteur,  le  nom  de  luxation  secondaire  et  consécutive,  en 
réservant  le  nom  de  spontanées  à  celles  qui  se  montrent 
inopinément  sans  cause  étrangère,  sans  maladie  antérieure 
connue.  C'est  dans  cette  classe  que  rentrent  les  cinq  cas 
rapportés  par  M.  Teillais.  La  dernière  classe  serait  formée 
par  les  luxations  traumatiques. 

Le  second  mémoire  apporté  à  notre  tribune  par  M.  Teillais, 
traite  de  Vamhlyopie  par  intoxication  paludéenne.  Cette 
affection  lui  a  déjà  fourni  le  sujet  d'un  travail  que  l'auteur 
a  communiqué  au  Congrès  ophthalmologique  de  Paris  celle 
année  même.  Mais  nous  devons  à  M.  Teillais  la  bonne 
fortune  d'avoir  eu,  les  premiers,  communication  d'une  obser- 


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-479  - 

vation  nouvelle  recueillie  h  THÔtel-Dieu  de  Nantes  qui, 
outre  Fintérôt  qu'elle  offre,  a  le  mérite  d'être  accompagnée 
d'une  planche  représentant  les  lésions  du  fond  de  l'œil  cons- 
tatées chez  le  malade  qui  en  fait  le  sujet.  Cette  planche, 
notez-le  en  passant,  est  la  première  connue  dans  la  science 
et  publiée  jusqu'à  ce  jour  où  soient  reproduites  les  lésions 
du  fond  de  l'œil,  dues  à  l'impaludisme,  constatées  pendant 
la  vie.  Les  planches  relatives  à  ces  lésions  contenues  dans 
Tatlas  de  M.  le  D' Poncet  sont  la  reproduction  de  recherches 
microscopiques  faites  post  mortem. 

Quatre  observations  personnelles  à  M.  Teillais  font  la  base 
de  ce  mémoire  dans  lequel  il  a  étudié  l'amblyopie  d'origine 
palustre  dans  sa  fréquence,  ses  degrés  depuis  un  simple 
trouble  fugace  jusqu'à  la  cécité  complète,  sa  durée  non 
moins  variable,  sa  guérison  ordinaire  par  les  anlipériodiques. 
11  nous  a  montré  l'amblyopie  existant  également  bien  dans 
la  fièvre  intermittente  normale,  dans  les  accès  pernicieux  et 
les  fièvres  larvées  à  forme  névralgique  sans  être  pour  cela 
proportionnée  à  la  gravité  de  l'intoxication  et  s'accompagnanl 
parfois  d'héméralopie.  Ce  n'est  guère  que  dans  les  fièvres 
pernicieuses  et  dans  la  cachexie  paludéenne  que  l'on  a 
signalé  avec  l'amblyopie  des  lésions  concomitantes  du  fond 
de  l'œil.  Assez  commune  dans  les  pays  chauds  et  en  Algérie 
où  M.  Poncet  les  a  étudiées,  ces  lésions  sont  très  rares  en 
France;  c'est  chez  un  malade  revenant  du  Tonkin  que 
M.  Teillais  a  pu  les  observer,  c'est  d'après  cet  examen  qu'il 
a  dessiné  la  planche  qui  complète  et  termine  cet  intéressant 
mémoire. 

Dans  la  troisième  communication  que  nous  devons  à 
M.  Teillais,  il  a  voulu,  dit-il,  attirer  l'atlenUon  sur  certaines 
hémorrhagies  oculaires  fort  rares  dont  le  caractère  propre 
est  de  n'être  liées  à  aucun  état  morbide  de  l'organisme  et 
d'avoir  leur  raison  d'être  uniquement  dans  la  grossesse. 


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-480- 

Ces  hémorrhagies  rétiniennes  déjà  remarquables  par  la 
soudaineté  de  leur  apparition,  le  sont  non  moins  encore  par 
leur  bénignité  qui  contraste  avec  l'étendue  de  Tépanchement. 
Peu  à  peu  tout  rentre  dans  l'état  normal,  malgré  les  craintes 
que  l'on  pouvait  avoir  pour  la  nutrition  des  éléments  rétiniens. 
L'auteur  croit  ces  hémorrhagies  d'origine  mécanique  en 
admettant  cependant  une  disposition  spéciale  chez  un  petit 
nombre  de  sujets.  Dans  deux  des  quatre  observations  con- 
tenues dans  ce  mémoire,  les  hémorrhagies  oculaires  ont  eu 
le  caractère  d'hémorrhagies  supplémentaires  ;  dans  les  deui 
autres  il  semble  difficile  d'incriminer  une  cause  quelconque 
autre  que  l'état  gravide,  état  éminemment  favorable,  comme 
le  fait  justement  remarquer  M.  Teillais  en  terminant,  h  la  stase 
sanguine  encéphalique  et  aux  processus  hémorrhagiques. 

Tels  sont,  Messieurs,  les  trois  mémoires  dus  à  M.  Teillais. 
Par  leur  haute  valeur  scientifique,  ils  sont,  je  n'ai  pas  besoin 
de  vous  le  dire,  au  rang  des  plus  importants  qui  nous  aient 
été  présentés  cette  année.  J'en  adresse  tous  nos  remerciements 
à  l'auteur  que  mon  rôle  de  secrétaire  me  force  d'abandonner 
pour  vous  parler  du  travail  de  M.  Poisson. 

Ce  travail  est  intitulé:  Voyage  chirurgical  en  Allemagne 
et  porte  comme  sous-titre  :  ISoles  et  impressions.  Ce  n'est 
point  en  effet  une  étude  didactique  et  sèche  sur  la  chirurgie 
allemande,  mais  le  récit  très  vivant  de  choses  vues  et  appré- 
ciées dans  les  cliniques  qu'a  fréquentées  notre  confrère  : 
physionomie  et  pratique  de  chirurgiens  célèbres,  mœurs  et 
coutumes  d'étudiants,  matériel  et  disposition  des  hôpitaux 
les  mieux  installés  d'Outre-Rhin. 

Ici  l'auteur  adopte  la  forme  anecdotique  qui  sied  bien  k 
son  esprit  quelque  peu  satirique  ;  plus  loin  il  discute  quelque 
grave  question  de  chirurgie  et  toujours  intéressant  nous 
promène  dans  une  série  de  chapitres  d'Heidelberg  à  Cottingen 
et  de  Cottingen  à  Berlin. 


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-  481  — 

Sans  qu'on  puisse  l'accuser  d'engouement  germanique,  peu 
enthousiaste  même,  semble-t-il,  du  génie  allemand,  l'auteur 
rend  cependant  justice  à  ce  peuple  laborieux  et  sage,  vanle 
surtout  son  installation  matérielle  et  envie  le  sort  heureux 
et  tranquille  qu'assure  son  gouvernement  aux  professeurs  qui 
veulent  se  consacrer  k  la  science. 

Les  Allemands  depuis  quinze  ans  se  sont  imposé  des 
sacrifices  considérables  pour  leur  enseignement  supérieur 
et  de  tous  côtés  se  sont  élevés  de  somptueux  laboratoires  et 
des  cliniques  modèles  ;  nous  sommes  à  ce  point  de  vue  très 
en  retard  sur  nos  voisins.  Il  n'y  a  heureusement  là 
qu'une  question  d'argent  bien  facile  à  résoudre.  Nous  ne 
manquons  certes  point  d'hommes  éminents,  mais  pour 
qu'ils  puissent  lutter  h  armes  égales  il  faut  savoir  dépenser 
à  propos  les  quelques  millions  nécessaires  aux  modifications 
urgentes. 

Je  ne  puis  chercher  à  analyser  l'ouvrage  de  M.  Poisson  ; 
il  s'y  soustrait  par  sa  forme  impressionniste  ;  je  me  fais  un 
devoir  de  vous  signaler  seulement  en  passant  un  chapitre 
très  étudié  sur  la  clinique  de  Gottingen  et  la  pratique  du 
professeur  Konig  dans  les  tuberculoses  articulaires.  Les 
plans  de  cliniques  qui  sont  intercalés  dans  le  texte  ajoutent 
encore  à  l'importance  de  ce  travaif  oii  rélégance  du  style 
rivalise  avec  la  finesse  des  observations.  Ce  compte  rendu 
forcément  un  peu  bref  ne  vous  en  donne  qu'un  reflet  assez 
pâle  ;  aussi  ne  saurais-je  mieux  faire  que  de  vous  engager 
à  le  lire  vous-même,  certain  d'avance  que  vous  y  trouverez 
le  même  plaisir  que  sa  lecture  nous  a  procuré  et  que  vous 
l'apprécierez  comme  nous  l'avons  apprécié. 

L'anatomie  pathologique  touche  de  si  près  la  chirurgie  que 
je  ne  me  fais  pas  scrupule  de  passer  sans  autre  transition  du 
travail  de  M.  Poisson  au  mémoire  que  M.  Âttimont  nous  a 
présenté  sous  le  titre  de  :  Note  sur  une  déviation  du  tronc 


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—  482  — 

brachio-céphalique  et  de  la  carotide  primitive  droite  dans 
Vadénopaihie  trachéobronchique. 

Dans  ce  travail,  basé  sur  deux  observations,  dont  Tune 
suivie  d'autopsie,  Fauteur  a  surtout  en  vue  les  symptômes 
cliniques  auxquels  donnait  lieu  la  déviation  de  deux  vaisseaux 
artériels  aussi  importants  par  eux-mêmes  que  par  leur  siège 
anatomique.  Mon  intention  n'est  point  de  vous  donner  ici 
une  analyse  rigoureuse  de  ce  mémoire  dont  la  nature  se 
prêterait  mal  aux  exigences  de  l'étude  nécessairement  fort 
succincte  que  j'en  dois  faire  devant  vous  :  qu'il  me  soit 
permis  cependant  de  vous  dire  qu'on  y  trouve  réunies  la 
clarté  et  la  concision  dans  les  descriptions  anatomiques,  la 
finesse  dans  les  observations  cliniques  et,  dans  les  conclu- 
sions, une  scrupuleuse  rigueur  bien  en  rapport  avec  l'érudi- 
tion profonde  et  sûre,  qui  est  l'apanage  de  notre  sympa- 
thique collègue. 

J'en  ai  fmi.  Messieurs,  avec  les  travaux  ou  mémoires  dont 
lecture  nous  a  été  donnée  en  séance  par  leurs  auteurs  ; 
mais  je  dois  vous  citer  encore  quelques  communications 
verbales  intéressantes,  entre  autres  une  de  M.  Ollivc  sur  les 
accidents  du  travail  et  les  indemnitées  dues  par  les  com- 
pagnies d'assurance.  De  cette  communication  et  de  la 
discussion  qui  l'a  suivie,  il  est  ressorti  clairement  pour 
nous  que  la  jurisprudence  est  loin  d'être  constante  sur 
ce  sujet ,  puisque  dans  deux  cas  analogues  la  même  com- 
pagnie d'assurance  a  payé  une  première  fois  et  refusé 
une  seconde  l'indemnité  qui  lui  était  demandée  par  les 
intéressés. 

Nous  devons  à  M.  Guénel  une  autre  communication 
verbale  que  je  ne  saurais  omettre  de  vous  signaler.  Il  s'agit 
d'accidents  de  gangrène  d'un  pied,  observés  par  lui  chez  une 
femme  d'environ  60  ans.  C'est  surtout  dans  l'étiologie  de 
ces  accidents  que  réside  l'intérêt  de  celte  observation  ;  la 


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MÊKM 


—  483  — 

malade  ayant  été  soumise  pendant  neuf  jours  consécutifs  à 
un  traitement  énergique  par  le  seigle  ergoté,  qu'elle  prenait 
à  la  dose  quotidienne  de  deux  grammes,  en  vue  de  combattre 
une  congestion  passive  généralisée  de  l'appareil  bronchique. 

Il  faut  vous  citer  également  la  présentation  que  nous  a 
faite  M.  Gourraud  d'un  nouvel  appareil  d'inhalation  exécuté 
d'après  ses  indications  et  dont  il  a  tiré,  nous  a-t-il  dit,  déjà 
de  très  bons  avantages  ;  d'une  très  grande  simplicité,  peu 
dispendieux  et  très  pratique  ,  il  permet  d'employer  des 
vapeurs  de  natures  diverses.  Avec  une  légère  modification, 
en  y  adaptant  une  soufflerie  de  Richardson  ,  le  même 
appareil  peut  servir  à  envoyer  des  vapeurs  jusque  dans  les 
sinus  des  fosses  nasales  et  dans  l'oreille  moyenne. 

Il  est  bien  légitime  de  vous  mentionner  aussi  certains 
mémoires  qui  ont  été  offerts  par  leurs  auteurs  à  notre 
Section  à  laquelle  ils  appartiennent  h  titre  de  membres 
correspondants. 

En  première  ligne  ce  sont  deux  courtes  notices  dues  au 
D'  Llénas  du  Cap-Haîlien  ;  la  première  est  intitulée  :  Nou- 
velles données  pratiques  sur  la  fièvre  jaune  ;  la  seconde 
est  l'exposé  d'un  nouveau  procédé  d'embryotomie  que  les 
circonstances  ont  forcé  l'auteur  à  imaginer  et  à  mettre  séance 
tenante  en  pratique. 

C'est  en  second  lieu  un  travail  de  longue  haleine  qui  nous 
a  été  adressé  par  le  D'^  Couëtoux  de  Blain,  dans  lequel 
l'auteur  expose  minutieusement  et  dans  lous  ses  détails  sa 
méthode  thérapeutique  contre  la  diphtérie  spécialement 
appropriée  aux  besoins  de  la  campagne  avec  16  obser- 
valions  à  l'appui. 

Ai-je  besoin  d'ajouter.  Messieurs,  que  la  lecture  des 
travaux  dont  je  viens  de  vous  faire  l'analyse  au  cours  de 
ce  rapport  a  toujours  été  suivie  d'échange  d'appréciations 
diverses,  de  discussions  animées  que  vous  trouverez  résumées 


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—  484  — 

aux  comptes  rendus  de  nos  séances.  Si,  à  l'exemple  des 
secrétaires  mes  prédécesseurs,  je  dois  exprimer  ici  le  désir 
qu'un  plus  grand  nombre  de  nos  collègues  y  prennent  une 
part  active,  c'est  que  je  crains,  par  des  éloges  prématurés, 
de  ralentir  ou  d'arrêter  dans  leur  essor  encore  croissant 
cette  année  le  zèle  nouveau  et  l'amour  du  travail  qui  se 
sont  manifestés  en  1886  au  sein  de  notre  Section.  Voyez  donc 
dans  cette  réflexionr  moins  un  blâme,  que  le  regret  de  n'avoir 
pas  eu  plus  d'opinions  contradictoires  à  enregistrer  au  cours 
de  nos  procès-verbaux. 

En  terminant,  je  vous  rappellerai  Tlionneur  bien  légitime 
accordé  k  Tun  des  membres  les  plus  éminents  de  noire 
Section  :  j'ai  nommé  M.  Heurtaux  que  l'Académie  de  Médecine 
s'est  attaché  à  titre  de  membre  correspondant  national. 
J'ajouterai  encore  que  si  j'ai  la  satisfaclion  de  vous  annoncer 
que  notre  Section  s'est  augmentée  cette  année  de  deux 
nouveaux  membres,  MM.  les  D'"  Gouëtoux  et  Llénas,  attachés 
l'un  et  l'autre  à  voire  Société  à  titre  de  membres  correspon- 
dantSï  j'ai  malheureusement  à  vous  signaler  le  vide  laissé 
parmi  nous  par  MM.  Lapeyre  et  Le  Houx.  Ayant  pu  de 
longue  date  apprécier  comme  nous  les  excellents  confrères 
dont  la  mort  nous  a  privés,  vous  vous  êtes  tous  joints  à  nous 
pour  leur  payer  le  juste  tribut  d'unanimes  regrets  que  nous 
devions  à  leur  mémoire. 

Je  suis  au  terme  de  ma  tâche,  Messieurs,  à  vous  main- 
tenant  de  juger  si,  par  le  nombre  et  l'importance  de  ses 
travaux,  notre  Section  n'a  pas  su  se  montrer  digne  des 
encouragements  que  lui  donnaient  im  début  de  celte  année 
votre  Comité  central  et  l'Ecole  de  Médecine  de  Nantes  sur 
la  généreuse  initiative  de  son  éminent  Directeur. 


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RAPPORT 

SUR  LES 

TRAVAUX  DE  LA  SECTION  DES  LETTRES 

SCIENCES  ET  ARTS 

PENDANT  L'ANNÉE  1885-1886 
Par  m.  ROQUIîS,  secrétaire. 


Messieurs, 

J'ai  l'honneur  de  vous  présenter  un  rapport  sommaire  sur 
les  travaux  de  la  Section  des  lettres,  sciences  et  arts,  depuis 
le  mois  de  novembre  1885,  c'est-à-dire  depuis  la  constitution 
du  bureau  dans  lequel  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'assi- 
gner  le  rôle  de  secrétaire. 

La  Section  a  tenu  régulièrement  ses  séances  mensuelles, 
sauf  pendant  le  dernier  trimestre.  La  campagne,  les  bains 
de  mer»  les  voyages,  enfin  toutes  les  séductions  des  vacances 
ont  dispersé  notre  petit  groupe.  Il  ne  saurait  en  être  autre- 
ment; mais  pendant  le  reste  de  l'année,  nous  devons  bien 
nous  Tavouer»  les  abstentions  sont  nombreuses.  Il  est  à 
regretter  que  les  occupations  extérieures  de  nos  confrères 
les  empêchent  trop  souvent  de  prendre  part  aux  travaux  de 
la  Section.  Une  assistance  moins  clair-semée  donnerait, 
sans  contredit^  à  nos  séances  plus  d'animation  et  d'agrément. 

ai 


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—  486-^ 

Or,  il  est  rare  que  nos  procès-verbaux  constatenl  la  pn^uce 
de  plus  de  8  ou  10  membres  sur  24  inscrils  au  tableau. 

Aussi,  qu'arrivc-i-il  ?  C'est  que  les  lectures  soot  encore 
plus  rares  que  les  membres  présents.  Nous  pouvons,  H  est 
vrai,  présenter  à  nos  confrères  des  autres  sections  des  études 
littéraires  et  historiques,  dont  plusieurs  sont  fort  considé- 
rables et  témoignent  du  zèle  et  du  talent  de  leurs  auteurs^; 
mais  les  mémoires  scientifiques,  et  surtout  les  travaux  sur 
les  beaux-arts,  ne  justifient  guère  par  leur  nombre  le  titre 
que  la  Section  s'honore  de  porter. 

Si  votre  Secrétaire  se  permet  d'exprimer  de  tels  regrets, 
c'est  dans  l'espoir  que  son  successeur  aura  ^  vous  signaler, 
l'année  prochaine,  une  véritable  renaissance  que  vous  salue- 
rez, j'en  suis  sûr,  avec  joie. 

Cependant,  pour  effacer  sans  retard  l'impression  d'un 
début  peut-être  trop  pessimiste,  je  vais  rappeler  à  votre 
attention  les  lectures  que  nous  avons  entendues  cette  année. 

Notre  honorable  président,  M.  le  pasteur  Fargues,  noo 
content  de  diriger  nos  travaux  avec  autorité^  a  payé  sa 
quote-part  avec  une  libéralité  louable.  Le  savant  ouvrage  de 
M.  Lallemand,  sur  la  protection  de  l'enfance  abandonnée,  a 
a  été  de  sa  part  l'objet  d'une  analyse  étendue  qui  nous  a 
captivés  pendant  plusieurs  séances.  L'état  de  cette  question 
capitale  a  été  étudié  par  l'auteur  chez  les  peuples  de  l'anli- 
quité,  puis  au  moyen-àge  et  dans  les  temps  modernes.  11 
s'arrête,  avec  une  prédilection  marquée  et  toute  natui-elle, 
sur  les  efforts  tentés  en  France  pour  arracher  ces  petits 
êtres  si  intéressants  à  la  misère  et  à  la  mort,  depuis  saint 
Vincent-de-Paul,  dont  l'ardente  charité  opéra  des  miracles 
encore  visibles,  jusqu'aux  demiei's  projets  pendants  devant 
nos  assemblées  législatives.  Ces  projets  sont  défectueux  et 
insuffisants,  au  dire  de  l'auteur,  qui  estime  que  la  solution 
lu  problème  est  encore  à  trouver.  Je  me  permettrai  d'sgouter 


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-  487  — 

qu'il  en  est  de  celte  quesUon  comme  de  tous  les  autres  maux 
dont  l'existence  est  inséparable  de  celle  de  la  société.  Les 
efforts  delà  loi,  joints  à  ceux  de  la  charité  publique,  peuvent 
et  doivent  les  atténuer  dans  une  large  mesure  ;  mais  il  est 
douteux  que  Ton  découvre  jamais  la  panacée  bienfaisante  qui 
les  supprimerait  radicalement. 

L'ouvrage  de  M.  Lallemand  est  d'ailleurs  un  répertoire 
inépuisable  de  faits  instructifs,  et  c'est  là  que  devront 
s'adresser  tous  ceux  qui  voudront  travailler  au  développement 
des  institutions  de  prévoyance  et  de  protection  en  faveur  des 
enfants  abandonnés.  Du  moins,  notre  France  peut  s'enor- 
gueillir d'avoir  fait,  jusqu'à  ce  jour,  plus  que  toute  autre  * 
nation  pour  ces  infortunés  auxquels,  selon  la  touchante 
expression  du  poète  latin,  leurs  parents  n'ont  jamais  souri, 
cui  non  risere  parentes  ! 

Le  livre  de  M.  Lallemand  a  été  couronné  par  l'Académie 
des  sciences  morales  et  politiques  ;  et  nous  devons  tous  nos 
remerciements  à  M.  Fargues  qui  nous  en  a  donné  cette 
consciencieuse  analyse. 

Une  autre  lecture  de  M.  Fargues  nous  retrace  un  vivant 
portrait  de  M.  Guizot  considéré  tour  à  tour  comme  historien, 
philosophe  et  homme  d'État.  Celte  austère  figure  se  détache 
en  plein  relief.  Le  récit  de  la  mort  chrétienne  qui  couronna 
cette  noble  vie,  emprunte  aux  documents  originaux,  que 
M.  Fargues  a  pu  consulter,  une  valeur  toute  particulière. 

M.  Fargues  nous  a  donné  aussi  la  traduction  d'une  bro- 
chure anglaise  sur  Pascal.  Il  ne  parait  pas  que  l'auteur 
apporte  rien  de  nouveau  sur  la  carrière  si  courte  et  si  dou- 
loureuse et  sur  le  génie  «  effrayant  »  de  l'illustre  janséniste. 
Mais  il  les  apprécie  dignement,  après  tant  de  juges  autorisés, 
parce  qu'il  est  animé  dans  cette  élude  d'une  vive  sympathie 
pour  ce  grand  homme.  D'ailleurs,  il  est  impossible  de  ne  pas 
éprouver  ce  sentiment  pour  Pascal,  même  lorsqu'en  admi-- 


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—  488-^ 

ranl  le   moraliste  cl  récrivain,  on  fail  des  réserves  sur 
quelques-unes  de  ses  Ihéories  el  de  ses  doclrines. 

Enfin,  31.  Fargues,  s'inspiranl  encore  d'un  ouvrage  anglais 
réceramenl  publié,  raconte  brièvement  la  vie  de  Roger  Bacon 
el  met  en  lumière  le  caractère  et  le  prodigieux  savoir  de  ce 
moine  Tranciscain  du  XIII®  siècle,  si  supérieur  à  ses  contem- 
porains par  la  largeur  el  la  nouveauté  de  ses  vues.  M.  Fargues 
analyse  le  grand  ouvrage  qui  a  surtout  contribué  à  la  répu- 
tation du  moine  anglais,  YOpus  majus;  el  il  montre  que 
Roger  Bacon  a  inauguré  et  fortement  recommandé  la  méthode 
expérimentale  que  son  homonyme  du  XVII«  siècle  devait 
appliquer  d'une  manière  si  heureuse  et  si  féconde.  Par  ses 
découvertes,  par  les  inventions  qu'il  a  préparées  ou  pressen- 
ties, par  l'indépendance  de  son  esprit,  par  la  loyauté  de  son 
caractère,  par  la  constance  avec  laquelle  il  a  enduré  les 
persécutions,  Roger  Bacon  mérite  d'échapper  à  l'oubli  el 
d'étrè  considéré  comme  un  des  bienfaiteui's  de  Thumanité. 

M.  J.  Merland,  mû  par  un  sentiment  de  piété  filiale,  et 
voulant  nous  donner,  suivant  l'expression  de  M.  Manchon, 
notre  digne  secrétaire  adjoint,  un  témoignage  posthume  des 
liens  qui  unissaient  la  Société  à  M.  Constant  Merland,  nous 
a  communiqué  une  vaste  collection  de  documents  recueillis 
par  le  savant  auteur  des  Biographies  vendéennes^  sur 
l'histoire  du  district  de  Ghallans  pendant  la  Révolution.  Ces 
pièces,  parleur  nombre  et  l'abondance  des  détails,  échappent 
à  l'analyse.  M.  C.  Merland  en  eût  sans  doute  tiré  une  étude 
historique  précieuse  pour  le  patriotisme  local.  Souhaitons 
que  M.  J.  Merland  ait  le  temps  et  la  volonté  de  reprendre 
celle  œuvre  interrompue. 

N'oublions  pas  que  le  même  M.  Merland  nous  a  donné 
lecture  de  plusieurs  lettres  du  célèbre  peintre  vendéen  Paul 
Baudry,  el  que  ces  lettres  révèlent,  chez  ce  grand  artiste,  un 
'écrivain  et  un  homme  de  cœiu*. 


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J 


—  489- 

Le  Secrétaire  de  la  Section  a  été  chargé  d'examiner  ]?. 
livre  de  M.  le  conseiller  Saulnier  sur  le  poète  rennais 
Ed.  Turquely.  La  réunion  a  paru  goûter  le  mérite  d'un 
ouvrage  qui  respire  les  sentiments  les  plus  délicats  et  les 
plus  honorables,  et  qui  répand  une  lumière  nouvelle  sur 
certains  points  intéressants  de  l'histoire  littéraire  du  XIX« 
siècle  et,  en  particulier,  sur  la  période  du  romantisme. 

J'aurais  dû  donner  le  pas  à  la  poésie  sur  la  prose.  Répa- 
rons bien  vite  cette  faute  de  goût  en  rappelant  les  agréables 
impressions  que  nous  a  laissées  la  lecture  de  quelques  vers 
intimes  et  charmants  de  M.  Orieux  et  de  pièces  prises  dans 
le  dernier  recueil  de  M.  J.  Rousse.  Nous  avons  tous  lu  les 
chants  d'un  Celle.  Citons  au  hasard  les  jolis  vers  sur  Rob. 
Burns,  le  poète-laboureur  écossais  du  XVIIl**  siècle  ;  Dom 
Lobineau  ;  la  cathédrale  de  Nantes,  etc.  Le  recueil  en  ren- 
ferme beaucoup  d'autres  qui  les  valent  ;  mais  c'est  après  avoir 
entendu  ceux-ci  que  nous  avons  voulu  lire  les  autres. 

Enfin,  M.  Léon  Maître  nous  a  rendu  compte  oralement 
d'un  opuscule  relatif  k  l'histoire  d'une  petite  commune  de 
Seine-et-Marne.  Tout  en  louant^ le  zèle  de  l'auteur,  M.  Léon 
Maître  a  pensé  que  le  cadre  était  un  peu  large  pour  un  si 
petit  tableau.  Heureux,  dit-on,  les  peuples  qui  n'ont  pas 
d'histoire  !  La  Chapelle-Bourbon  peut  jouir  de  ce  bonheur, 
malgré  son  historien. 

Je  trouve  encore  dans  nos  procès-verbaux  la  mention 
d'une  note  de  notre  excellent  confrère  M.  Poirier  sur  la 
découverte  de  fragments  de  chars  gaulois  en  Bourgogne. 
M.  Poirier  en  a  tiré  des  inductions  curieuses  sur  l'état  de 
l'industrie  métallurgique  en  Gaule  à  une  époque  fort  reculée. 

Voilà,  Messieurs,  ce  qui  nous  a  occupés  pendant  les 
quelques  heures  que  nous  avons  passées  ensemble.  Vous 
jugerez,  sans  doute,  que  nous  n'avons  pas  tout  k  fait  perdu 
notre  temps. 


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-  490  — 

En  terminant  ce  court  exposé  de  vos  travaux,  je  ne  répon- 
drais pas  il  vos  sentiments,  si  je  ne  rappelais  la  perte  dou- 
loureuse que  notre  Section  a  éprouvée,  cette  année,  en  la 
personne  de  M.  Doucin,  inspecteur  d^académie  honoraire, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  M.  Doucin  était  un  des 
membres  les  plus  assidus  de  nos  réunions,  oii  chacun  a  pa 
apprécier,  en  même  temps  que  la  justesse  et  l'agrément  de 
son  esprit,  Taniénilé  de  son  caractère.  Il  nous  est  doux  de 
rendre  ici  un  dernier  hommage  à  la  mémoire  d'un  confrère 
dont  la  disparition  a  laissé  un  grand  vide  parmi  nous. 


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RAPPORT 

SrR    LES 

TRAVAUX -^DE  LA  SECTION  DES  SCIENCES 

PENDANT  L'ANNÉE  1885-1886 
Par  m.  Lodis  BUREAU,  sécrétai 


Messieurs, 

Pendant  Tannée  qui  vient  de  s'écouler, 
Sciences  naturelles  a  tenu  régulièrement  s 
l'assiduité  de  ses  membres  a  permis  au  plus 
d'entre  eux  de  faire  quelques  intéressantes 
sur  l'histoire  naturelle  de  notre  région. 

Nous  avons  eu  ainsi  la  satisfaction  d'enre 
nombre  de  faits  nouveaux  sur  la  botanique 
la  minéralogie  de  notre  département,  ainsi 
communications  sur  l'histoire  naturelle  de  d 

M.  le  D*^  Viaud- Grand-Marais  a  eutreten 
de  certaines  propriétés  d'une  loganiacée»  le  S 
torum  ou  graine  \\  frotter. 

Cette  plante  a  la  singulière  propriété  de  c 
bourbeuses.  En  un  quart  d'heure,  l'eau  la  p 
clarifiée.  Cette  substance  parait  agir  à  la  ma 


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ur  guib  vivant  bur  jub  uiieucb  u  uiiu  avcuue. 

M.  Delamare  a  rappelé,  à  ce  sujet,  qu'un  bel  éclidDlillon 
de  gui  de  chêne,  avec  son  support  naturel,  trouvé  par  lui 
et  notre  regretté  confrère  Thomas,  est  déposé  dans  les 
vilrines  de  la  Section  des  sciences  naturelles. 

M.  Viaud-Grand-Marais  nous  a  présenté  une  magnifique 
collection  des  Lichens  de  l'île  de  Miquelon,  préparés  par 
son  zélé  correspondant  M.  le  D'  E.  Delamare,  médeciu 
colonial  à  Miquelon. 

11  nous  a  aussi  donné  lecture  d'une  liste  des  plantes  de 
cette  île,  dressée  par  M.  E.  Delamare,  membre  correspondant 
de  notre  Société.  La  flore  de  Miquelon  comprend  un  cerlain 
nombre  de  planles  des  régions  alpestres  de  la  France  el  de 
nos  grands  marais,  ceux  de  TErdre  en  particulier. 

M*  Delamare  nous  a  communiqué  plusieurs  notes  mycolo- 
giques  intéressantes. 

Notre  vénérable  maître  a  recueilli,  le  H  avril  187-2,  dans 
sa  propriété  située  route  de  Clisson,  entre  la  4*  et  la  5« 
borne  kilométrique,  cinq  échangions  de  Morille,  Morchella 
esnilenta.  U  nous  a  rappelé  qu'il  avait  trouvé  autrefois  celle 
même  espèce,  avec  ,son  ancien  ami  Pradal,  aux  environs  du 
bourg  de  Saint-Sébastien,  sur  les  revers  de  fossés  sablonneux, 
et  plusieurs  fois,  au  bord  des  sentiers  des  prairies  sablon- 
neuses, entre  Trentemoult  et  les  Gouëts. 

M.  Delamare  nous  fait  aussi,  sur  la  découverte  d'un  rare 


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—  493  — 

champignon,  le  Verpa  digitaliformis,  Tintéressante  com- 
munication qne  nous  reproduisons  ici  : 

«  M.  le  D'  HcckeU  autrefois  professeur  suppléant  à  notre 
»  Ecole  de  Médecine,  et  aujourd'hui  professeur  k  la  Faculté 
»  des  Sciences  de  Marseille,  a  récolté  un  rare  champignon, 
»  le  Verpa  digitaliformù,  dans  une  herborisation,  à  la 
»  Sainte-Baume,  département  du  Var.  Celte  espèce  est 
»  considérée,  à  bon  droit,"  comme  spécialement  méri- 
n  dionale. 

»  Exceptionnellement  on  a  observé  ce  champignon  en 
»  Angleterre. 

»  En  France,  le  D'  Quelet  Ta  indiqué,  au  printemps,  dans 
j»  les  prés  moussus  des  montagnes  du  Jura. 

»  M.  Rouméguère  a  reproduit  une  lettre  du  D'  Heckel 
»  lui   annonçant   que  M.  Planchon,   directeur   de  l'Ecole 

supérieure  de  pharmacie  de  Montpellier,  avait  trouvé,  il 
«  y  a  trois  ans,  dans  la  même  localité  de  la  Sainte-Baume, 
»  le  Verpa  digitaliformis.  Mais  il  ne  publia  pas  sa  récolte, 
»  croyant  le  fait  connu  et  peu  intéressant. 

»  Je  me  trouve,  dit  M.  Delamare,  dans  le  même  cas  que 
»  M.  Planchon. 

t  Au  mois  d'avril  1857,  dans  une  excursion  botanique 
»  faite  en  compagnie  de  Pradal,  je  recueillis,  sur  le  revers 
»  d'un  fossé,  entre  Basse-Goulaine  et  Saint-Sébastien,  non 
»  loin  de  la  localité  qui  nous  avait  fourni  quelques  Morilles, 
»  un  très  bel  échantillon  de  Verpa  digitaliformis-  Je 
»  préparai,  avec  beaucoup  de  soin,  ce  curieux  sujet,  sans 
»  me  douter  de  sa  rareté.  Quelque  temps  après,  voyant 
»  le  désir  qu'éprouvait  mon  vieil  ami  de  posséder  ce  sujet, 
»  et  pensant  que  je  ne  manquerais  pas  d'en  trouver  tôt 
»  ou  tard  d'autres  exemplaires,  je  me  fis  un  plaisir  de  le 
0  lui  offrir. 

»  L'année    suivante,   j'eus  la   satisfaction   de  voir  ma 


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—  494  — 

»  trouvaille  menliomée  dans  le  catalogue  des  plantes  crypto- 
»  ganies  recueillies  dans  le  département  de  la  Loire-Inférieure, 
i>  publié  par  Pradal  en  1858. 

»  Ce  curieux  cryptogame  a,  par  sa  rareté,  mérité  rhonneur 
»  delà  mention  dans  plusieurs  publications  sérieuses.  Les 
»  auteurs  modernes  paraissent  avoir  mis  un  soin  tout  parti- 
»  culier  à  signaler  les  localités  dans  lesquelles  ce  champipoB 
»  a  paru. 

»  Si  Cooke,  Plowrigbt,  l'ont  signalé  en  Angleterre,  suivant 
»  d'autres,  il  semblerait  affectionner  de  préférence  certaines 
»  localités  méridionales.  » 

Peu  de  temps  après  cette  communication,  M.  Delaraare 
nous  annonçait  qu'il  avait  trouvé  mention  du  Verpa  digila- 
liformis  dans  la  flore  des  environs  de  Paris,  par  Chevalier. 
L'auteur  cite  cette  espèce  comme  ayant  été  rencontrée  au 
bois  de  Boulogne. 

Récemment  enfin,  M.  Bernard  a  publié  dans  les  Bulletin$ 
de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  la  Rochelle  m 
catalogue  des  champignons  des  environs  de  cette  ville.  Il 
y  est  fait  mention  de  deux  spécimens  de  Verpa  digilali- 
for  mis,  développés  successivement  dans  le  jardin  du  Mail 
à  la  Rochelle. 

M.  Delamare  signale  encore  près  de  sa  propriété  du  Lion- 
d'Or,  roule  de  Clisson,  un  champignon  qui  vit  sur  le  poirier 
et  qui  paraît  être  un  Œcidium.  Ce  champignon  est  de  forme 
allongée  et  de  couleur  jaune.  Il  fait  beaucoup  de  mal  aux 
poiriers  sur  lesquels  il  se  développe. 

On  sait  que  les  Œcidium  sont  des  champignons  à  géné- 
rations alternantes.  Selon  M.  Ménier,  l'espèce  en  question 
provient  probablement  du  Juniperns  macrocarpa  qui  croît 
dans  le  jardin  de  M.  Delamare,  aux  environs  des  poiriers 
atteints  par  le  champignon. 

Enfin,  pendant  le  cours  de  l'année,  M.  Delamare  a  continué 


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—  495  — 

à  captiver  raltenlion  de  ses  collègues  par  la  lecture  de  ses 
intéressantes  notes  bibliographiques  sur  les  plus  récentes 
publications  d'histoire  naturelle. 

De  son  côté,  M.  Gadeceau,  dont  les  découvertes  enrichis- 
sent chaque  année  notre  flore  locale,  a  décrit  sous  le  nom 
d'Orchis  alatoïdes,  un  hybride  découvert  à  Bourgneuf-en- 
Retz  (Loire-Inférieure),  par  M.  Lajunchère.  11  a  accompagné 
cette  description  de  la  production  d'un  pied  de  cette  plante 
préparé  pour  l'herbier,  de  plusieurs  fleurs  conservées  dans 
l'alcool,  et  d'une  aquarelle  due  à  M.  Camus,  orchidologue 
parisien  bien  connu. 

11  résulte  des  recherches  de  notre  collègue,  corroborées  par 
celles  de  ses  correspondants  parisiens,  que  cette  plante,  dont 
on  n'a  trouvé  jusqu'ici  qu'un  seul  pied,  est  absolument 
inédite. 

Pendant  le  cours  de  l'année,  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  à 
la  Section  des  sciences  naturelles  plusieurs  communications 
zoologiques. 

Sipalons  d'abord  la  capture  d'un  cétacé  assez  rare  sur 
nos  ^ôles,  le  Dauphin  Tursiops,  faite  à  bord  du  yacht  J^ 
vapeur  YHébé,  appartenant  J^  M.  Rogatien  Lévesque.  Ce 
spécimen  fut  tué  le  18  juin  1884,  dans  le  passage  des  Sœurs, 
près  Malwan  ou  île  aux  Chevaux,  dans  une  bande  de  cinq 
ou  six  individus  de  la  même  espèce.  11  pesait  242  kilogram- 
mes et  mesurait  :  longueur,  2°»,75  ;  circonférence,  1«»,70. 
L'estomac  contenait  une  Vieille  de  0"»,45  de  longueur. 

Le  Tursiops  semble  rechercher  le  voisinage  des  récifs.  Je 
l'avais  vu  une  fois  déjà  près  de  Malwan,  et  M.  R.  Lévesque 
l'avait  rencontré  également  une  fois  sur  la  grande  côte  de 
BeUe-Ue. 

J'ai  eu  la  salisfaction  de  signaler  aussi  la  capture  de 
plusieurs  oiseaux  rares  pour  notre  région. 

Deux  Casse-Noix,  Nucifraga  caryocatactes  ont  été  capturés 


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^  496  - 

à  la  fin  de  Tannée  1885,  dans  le  département  de  la  Loire- 
Inférieure.  Le  premier  a  été  tué  dans  les  environs  de  Nozay> 
vers  le  20  octobre,  le  second  dans  les  bois  de  la  Meilleraye, 
commune  de  Riaillé,  le  ^28  du  même  mois. 

L'apparition  du  Casse-Noix,  en  dehors  des  régions  niODta- 
gneuses  de  la  France,  est  un  fait  rare.  Ces  deux  captures 
portent  h  cinq  seulement  le  nombre  des  spécimens  lues  en 
Bretagne  et  en  Vendée. 

Une  belle  variété  albine  du  Pic  cendré,  Picus  canus,  a  été 
tuée  en  novembre  1885,  par  M.  Loysel,  aux  environs  de 
Rennes.  Le  sujet  dont  il  s'agit  est  un  mâle,  comme  Fatlesle 
la  calotte  rouge  qu'il  porte  sur  le  sommet  de  la  tête.  Le 
plumage  est  entièrement  d'un  blanc  jaunâtre  ;  quelques 
rémiges  seulement  ayant  conservé  leur  coloration  normale. 
Une  pelite  moustache  noire  existe  de  chaque  côté  de  la 
mandibule  inférieure.  Celte  variété  albine  est  la  seconde 
seulement  qui  ait  été  signalée  en  France  (voyez  Ornithologie 
européenne,  de  Degland  et  Gerbe)  ;  aussi,  souhaitons-nous 
vivement  qu'elle  vienne  un  jour  enrichir  les  colleclions 
régionales  du  Muséum  de  Nantes. 

Une  Grue  cendrée,  Grus  cinereaj  adulte  tuée  à  Sainl- 
Hilaire-de-Riez  (Vendée),  le  18  octobre  1885,  a  été  offerte 
au  Muséum,  par  M.  Ch.  Ménier. 

Le  Musée  s'est  enrichi  aussi  d'une  Cigogne  blanche,  Ciconia 
alba,  tuée  aux  environs  de  Luçon,  vers  le  15  mai  1886  ;  à 
la  même  époque,  deux  autres  sujets  furent  tués  dans  les 
environs  de  Machecoul.  Les  passages  de  la  Cigogne  blanche 
ne  se  font,  dans  nos  départemenls  de  l'Ouest,  qu'à  de  longs 
intervalles,  et,  presque  toujours,  à  l'époque  ou  cette  espèce 
est  occupée  des  soins  de  la  reproduction.  Les  cigognes  qui 
nous  visitent  ne  se  reproduisent  pas  et  prennent  ainsi  des 
habitudes  erratiques  qui  les  font  s'égarer  de  temps  à  autre 
dans  notre  région. 


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-497  — 

Une  Bernache  nonnelle,  Bernicla  leucopsis,  achetée  sur 
le  marché  de  Nantes,  le  12  décembre  1885,  figure  actuelle- 
ment dans  la  collection  régionale  du  Muséum.  Ce  spécimen 
est  le  second  qui  ait  été  tué  dans  notre  région. 

Je  citerai  aussi  la  capture  d'une  belle  variété  Isabelle  de 
la  Sarcelle  d'hiver,  Anas  crecca,  faite  également  dans  notre 
département  (coll.  du  Muséum). 

Enfin,  j'ai  eu  la  satisfaction  de  présenter  à  mes  collègues 
un  œuf  du  Gypaète  barbu,  de  ma  collection,  enlevé  de  l'aire 
le  12  ou  le  18  avril  1872,  dans  le  vallon  de  Seillac  (Hautes- 
Alpes).  Le  Gypaète  barbu  est  le  plus  grand  rapace  de 
l'Europe  ;  sa  taille  dépasse  celle  du  Vautour  fauve  et  du 
Vautour  arrian.  Il  se  reproduit  en  petit  nombre  sur  les 
montagnes  escarpées  de  l'Espagne  et  dans  la  chaîne  centrale 
des  Alpes.  La  capture  que  nous  signalons  ici  paraît  être  la 
seule  qui  ait  été  faite  en  France. 

J'ai  eu  l'occasion  de  signaler  aussi  h  la  Société  académique 
plusieurs  poissons  rares  péchés  sur  nos  côtes.  Je  citerai 
seulement  : 

Un  Copros  aper,  connu  aussi  sous  le  nom  de  sanglier, 
pelit  poisson  d'un  rouge  écarlate  péché  au  Croisic  par 
M.  Chevreux  et  dont  on  ne  signale  sur  les  côl^s  de  France 
qjie  trois  autres  captures  ; 

Deux  Orthagoriscus  oblongus,  espèce  de  lune  de  mer 
beaucoup  plus  rare  que  YOrthagoriscus  mola,  recueillis  au 
Croisic  par  MM.  Chevreux  et  Nicolon. 

Enfin  j'ai  présenté  h  nos  collègues  un  Dolium  galea  offert 
au  Muséum  par  M.  Ed.  Chevreux.  Ce  spécimen,  dragué  dans 
la  rade  d'Alger  par  60  ou  80  mètres,  est  de  taille  gigantesque 
et  paraît  être  le  plus  grand  connu.  11  a  0  m.  55  c.  de  circon- 
férence et  la  bouche  mesure,  dans  son  grand  diamètre, 
0  m.  22  c. 


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^  498  — 

M-  Barct  a  fait  plusieurs  communications  sur  la  minéra- 
logie du  département. 

Excursion  miner alogique  sur  la  côte  de  Sainl-Nazaire. 

o  Jusqu'à  ce  jour,  la  commune  de  Saint-Nazaire  semblait 
0  présenter  peu  d'intérêt  sous  le  rapport  de  la  minéralogie  ; 
»  les  quelques  espèces  queDubuisson  nous  a  transmises  sont 
»  représentées  par  l'amphibole  du  N.-O.  de  Sainl-Nazaire, 
»  le  fer  oxydulé  amorphe  des  champs  de  la  Ville-ès-Marlin, 
I)  le  quartz  carié  avec  fer  oxydé  épigine  du  N.  de  Saint- 
»  Nazaire  et  le  quartz  aventuriné  de  la  route  de  Saînt- 
»»  Sébastien. 

»  H  y  a  quelques  années,  M.  l'abbé  Dominique  signalait  la 
»  fibrolilhe  dans  lea  gneiss  de  la  côte  près  la  Ville-ès-Marlin, 
»j  ainsi  que  dans  les  mêmes  roches  du  bassin  de  Penhouët. 

»  A  la  suite  de  quelques  excursions  faites  à  Saint-Nazaire, 
i>  j'ai  rapporté  quelques  bonnes  espèces  que  je  suis  heureux 
»  de  signaler  à  votre  attention. 

I)  En  quittant  Saint-Nazaire  et  lorsque  l'on  suit  lîi  roule 
»  qui  conduit  à  Saint-André-des-Eaux,  l'on  rencontre,  à 
»  environ  5  kil.,  un  endroit  appelé  Point-du-Jour  ;  vis-à- 
»  vis,  et  regardant  vers  le  sud,  se  trouve  un  autre  chemin 
»  conduisant  à  la  chapelle  de  l'Immaculée-Gonception  ;  c'est 
»  dans  l'angle  formé  par  ces  deux  routes,  et  en  se  rappus- 
»  chant  des  quelques  maisons  qui  forment  le  Point-du-Jour 
0  que  se  trouvent  plusieurs  carrières  exploitées  pour  l'enlre- 
»  tien  des  routes.  Ces  carrières  sont,  en  grande  partie,  coni- 
«  posées  d'amphibole  et  de  feldspath,  le  plus  souvent  k  l'état 
»  compact  et  formant  alors  des  diorites. 

»  Les  minéraux  que  j'y  ai  rencontrés  sont  les  suivants  : 

«  Hornblende,  vert  olive,  en  cristaux  bien  déterminés  (très 
«  rare  dans  le  département)  ; 

»  Hornblende  lamellaire  de  même  couleur  ; 


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—  499  — 

»  Hornblende  en  petits  grains  verls  transparents  associés  à 
»  des  grains  de  feldspath  ; 

n  Grenat  jaune  cristallisé  (grossulaire)  sur  diorite  ; 

»  Epidote  verte  en  beaux  cristaux  bacillaires  brisés  sur 
B  feldspath  ; 

0  Pyrrothine  massive  sur  diorite  ; 

»  Calcaire  gris  spathique  strié  sur  la  même  roche. 

»  Tels  sont  les  minéraux  que  j'ai  rencontrés  dans  cette 
»  carrière. 

»  Les  bords  de  la  mer  paraissent  aussi  présenter  un  grand 
»  intérêt,  au  point  de  vue  minéralogique. 

»  Près  de  la  tour  du  Commerce  et  dans  les  gneiss  qui 
»  composent  les  rochers  de  la  côte,  l'on  y  trouve  le  grenat 
«  alnaandine)  en  grande  abondance  ;  il  est  plus  ou  moins 
n  gros,  et  presque  toujours  dans  un  état  de  décomposition 
0  plus  OU  moins   avancée.    Sa  couleur,  dans  son  état  de 

•  pureté,  est  rouge  vermeil. 

»  On  rencontre  également,  dans  la  môme  roche,  de  la 

•  pyrite  cristallisée  en  voie  de  décomposition  ;  de  la  tour- 
»  maline  aciculaire  de  couleur  brun  noirâtre  pénétrant  les 
»  quartz  de  filon  ou  formant  de  petites  masses  rayonnantes 
«  au  milieu  de  ces  mêmes  filons  ;  de  la  biotite  en  cristaux 
0  rhomboédriques  imparfaits. 

0  J'ai  aussi  trouvé,  dans  le  même  gisement,  deux  silicates 
0  d'alumine  hydratée  fort  intéressants  :  l'un  est  un  silicate 
»  que  je  n'ai  pas  encore  déterminé,  l'autre  est  de  l'alunogène 

*  minéral  qui,  jusqu'à  présent,  n'a  encore  été  signalé  qu'au 

#  Vésuve  et  aux  Etats-Unis. 

Caractères  de  l'alunogène  de  la  côte  de  Saint-Nazaire. 

»  L'alunogène  de  la  côte  de  Saint-Nazaire  se  présente 
«»  sous  la  forme  de  concrétions  incolores,  blanches  ou  jau- 
»  nâtres,  translucides,  demi-transparentes  ou  opaques.  Ces 


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^  500  — 

»  concrétions  forment  souvent  de  petites  houppes  soyeuses 
n  formées  de  filaments  courts  d'une  ténuité  extrême  ;  elles 
»  sont  très  solubles  dans  l'eau  et  l'acide  chlorhydrique.  La 
»  couleur  des  échantillons  jaunâtres  est  due  à  l'oxyde  fer- 
»  reux.  Au  chalumeau,  les  variétés  incolores  ou  blanches 
«  jettent  un  vif  éclat,  fondent,  se  boursoufQcnt,  augmentent 
»  considérablement  de  volume,  puis  se  changent  en  une 
»  masse  blanche,  friable,  complètement  infusible.  Au  moment 
»  oii  la  masse  augmente  de  volume,  si  on  la  retire  du  feu 
»  pour  la  soumettre  encore  chaude  à  l'action  du  nilrate  de 
»  cobalt,  elle  prend  alors  une  couleur  rose  tendre.  Si  on  la 
0  soumet  de  nouveau  avec  attention  €i  l'action  du  chalumeau, 
D  la  masse  prend  une  couleur  bleue  dans  la  partie  la  plus 
»  proche  de  la  flamme,  tandis  que,  du  côté  opposé,  la  cou- 
))  leur  rose  devient  plus  intense.  Dans  les  variétés  jaunes,  le 
»  minéral  se  boursouffle  moins,  passe  à  la  couleur  rouge,  puis 
»  au  noir.  Avec  le  borax  et  l'azotate  de  cobalt  les  variétés 
»  incolores  et  blanches  prennent  une  belle  couleur  bleue  ; 
»  les  variétés  jaunes  donnent  une  perle  verte  à  chaud  qui 
t  devient  bleue  par  le  refroidissement  ;  avec  le  carbonate  de 
)>  soude,  sur  le  charbon,  tous  les  échantillons  donnent  un 
»  hépar  ;  avec  le  chlorure  de  baryum,  ils  donnent  un  préci- 
»  pité  blanc  assez  abondant  ;  avec  le  nilrate  d'argent,  un 
»  léger  précipité  blanc  dû,  sans  aucun  doute,  aux  chlorures 
»  des  eaux  de  la  mer  qui  baigne  à  chaque  instant  ces  roches. 

»>  L'alunogène  de  Saint-Nazaire  se  rencontre  à  la  surface 
»  des  rochers,  formant  des  concrétions  blanches  ou  jaunâtres 
n  qui  recouvrent  parfois  des  surfaces  assez  considérables.  Le 
A  gisement  est  cependant  limité.  » 

M.  Baret  signale  aussi  la  présence,  sur  la  côte  de  Saint- 
Nazaire,  à  l'est  de  la  batterie  de  la  Ville-ès-Martin,  de  plusieurs 
filons  stratifiés  de  calcaire  cristallin  blanc  micacé,  connu  sous 
le  nom  de  cipolin.  Ce  calcaire  est  analogue  à  celui  delà  Paque*- 


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lais,  près  Saint-Malo-de-Guersac,  signalé  il  y  a  longtemps 
déjà  par  notre  compatriote  M.  Lory,  doyen  de  la  Faculté  des 
Sciences  de  Grenoble. 

Il  nous  présente  aussi  une  argile  rose  découverte  par  le 
curé  de  Landévant  et  qui  lui  fut  remise  par  M.  Gadeceau. 
Cette  argile  provient  du  coteau  de  Demi  ville,  en  Landévant 
(Morbihan).  Elle  est  analogue  à  celle  du  Rocher-d'Enfer 
offerte  au  Muséum  par  M.  Perdriel,  entrepreneur  à  Nantes, 
et  communiquée  par  nous  k  M»  Baret. 

M.  Baret  signale  les  minéraux  qu'il  a  recueillis  dans  la  car- 
rière de  Miséri,  à  Nanles.  Avec  barytine,  galène,  blende, 
gypse  déjà  signalés,  notre  confrère  a  trouvé  des  cristaux  de 
fluorine  et  de  mispikel  avec  molybdénite  ;  cette  dernière  est 
rare  pour  notre  département.  Il  nous  a  présenté  aussi  une 
belle  émeraude  de  0  m.  15  c.  de  long  enchâssée  dans  une 
pegmatite  provenant  de  la  même  carrière. 

M.  Lory,  concierge  du  Muséum,  a  également  trouvé  à 
Miséri  de  beaux  échantillons  de  philipsite  dans  un  filon  de 
pegmatite  avec  émeraude,  que  j'ai  pu  présenter  k  nos 
collègues. 

Telles  sont,  Messieurs,  les  principales  communications  que 
la  Section  des  Sciences  naturelles  a  eu  à  enregistrer  cette 
année. 


32 


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L'IMAGINATION 


DISCOURS 

PRONONCÉ 

NS  LA  SÉANCE  DU  21  NOVEMBRE  1886 

PAR  M.  E.  ORIEUX 

Président  de  la  Société  Académique  de  la  Loire-Inférieure. 


Messieurs, 

n  m'élevant  à  la  présidence  de  la  Société  Académique, 
Q  ra'enlourant,  dans  mes  fonctions  nouvelles,  de  cette 
Veillance  souriante  qui  voile  ou  aplanit  les  difficultés 
a  lâche,  vous  avez  voulu  honorer  une  existence  toute 
sacrée  au  labeur ,  et  montrer  que  vous  vous  plaisez 
ivre  les  heureuses  traditions  de  nos  devanciers, 
î  n'oublierai  ni  vos  suffrages  ni  votre  courtoisie  ;  et  ma 
itude  vous  est  entièrement  acquise.  Cependant,  arrivé 
erme  de  mon  mandat,  en  présence  du  sujet  que  ma 
aion  m'oblige  à  traiter  devant  une  assemblée  où   se 


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—  503- 

trouve  réunie  l'élite  de  la  cité  ;  au  souvenir  de  ces  belles 
éludes,  pleines  d'élévation,  lues  ici  même,  par  mes  savants 
prédécesseurs,  je  me  sens  enval^ir  par  la  crainte  de  ne  pas 
réaliser  tout  Tespoir  que  vous  avez  mis  en  moi. 

Encore  sous  l'impression  de  cette  bienveillance  éclairée 
à  qui  rien  ne  résiste  ;  convaincu  qu'elle  est  un  des  éléments 
indispensables  de  l'art  d'être  heureux,  et  que  le  bonheur  est 
un  des  buts  les  plus  élevés  de  l'existence,  j'ai  cru  que 
j'allais  céder  au  désir  de  vous  entretenir  de  cette  qualité, 
qui  est  faite  pour  captiver  le  cœur  des  hommes.  Mais  le 
sujet  m'est  apparu  avec  des  nuances  si  délicates  ;  il  m'a 
semblé  exiger  tant  de  tact  et  d'affabilité  ;  je  l'ai  trouvé  enfin 
d'un  accès  si  difficile,  que  je  lui  ai  préféré  l'Imagination. 

Non  pas  que  ce  vaste  et  riant  sujet  n'ait  lui  aussi  ses 
nuances,  ses  délicatesses,  sa  grandeur;  mais  les  esprits 
généreux  ne  sont  pas  sans  faiblesses  pour  celle  qu'on  appelle 
la  Folle  du  Logis,  et  pourvu  qu'elle  respecte  leur  foi,  ils 
sont  généralement  disposés  à  l'indulgence  pour  ses  écarts. 

Vous  savez  que  l'Imagination  se  forme,  se  développe, 
s'enrichit  par  les  sens  ;  que  chacun  de  nos  sens  a  son 
existence  particulière,  ses  passions  distinctes,  sa  manière 
différente  d'affecter  l'intelligence,  et  que  leur  action  s'étend 
sur  tout  ce  que  la  Providence  a  mis  à  leur  portée. 

Si  nous  pouvions  les  occuper  sans  cesse,  l'esprit  ne  perce- 
vrait que  des  objets  réels  ;  mais  lorsqu'ils  ne  sont  plus 
impressionnés  par  les  choses  extérieures,  l'esprit  se  concen- 
trant en  lui-même,  peut  s'occuper  en  paix  de  ce  qu'ils  lui 
ont  transmis,  et  faire  un  travail  de  fantaisie  au  moyen  des 
images  qu'il  en  a  reçues.  C'est  ici  que  commence  le  rôle  de 
^Imagination. 

L'Imagination,  dans  toute-sa  simplicité,  c'est  l'image  des 
objets  absents,  c'est  le  souvenir  :  le  souvenir  qui  nous  fait 


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-804- 

revoir  les  choses  dont  nos  sens  ont  été  affectés,  qui  retrace 
à  Tespril  des  sensations  que  déjà  nous  avons  éprouvées. 

En  se  développant,  Tlmagination  parvient  à  grouper  ce 
qui  était  distinct,  à  séparer  ce  qui  était  lié  :  elle  forme  de 
nouveaux  objets,  un  ordre  nouveau,  des  unités  nouvelles. 
Mais  en  se  transformant  ainsi  elle  ne  cesse  pas  d'emprunter 
ses  richesses  à  la  création. 

En  grandissant  encore,  elle  se  transporte  en  des  mondes 
divers  ;  elle  établit  des  rapports  entre  les  objets  les  plus 
opposés,  les  plus  éloignés  ;  elle  trouve  des  relations  entre 
le  présent  et  le  passé,  et  elle  y  voit  des  présages  pour 
l'avenir  ;  elle  découvre  des  accords  çntre  l'être  et  la  plante, 
entre  Tâme  et  les  sens,  entre  la  terre  et  le  ciel  !  Elle  puise 
d'ingénieuses  allégories  dans  les  traits  les  plus  touchants  de 
la  vie,  aussi  bien  que  dans  les  faits  les  plus  élevés  de 
l'histoire.  L'enchanteresse  a  des  fleurs,  des  parfums,  des 
voluptés,  des  merveilles,  pour  toutes  les  âmes  qui  sont  dignes 
de  ses  caresses  ! 

Pareille  à  la  nature,  qui  renferme  des  trésors  inépuisables 
et  dont  la  puissance  est  infinie,  l'Imagination  a  aussi  des 
ressources  inépuisables  et  elle  seule  peut  concevoir  l'infini. 
Si  nos  sens  bornés  tentaient  de  lui  prouver  que  l'Univers  a 
des  limites,  elle  répondrait  : 

Bien  loin  de  la  terre,  le  soleil  gravite  dans  le  ciel; 
au-delà  du  soleil,  il  y  a  la  voie  lactée,  son  univers  ;  au-delà 
encore,  sont  d'autres  univers  séparés  par  des  espaces  qui 
effraient  les  calculs  des  hommes.  Quant  aux  boraes  célestes 
que  vous  prétendez  m'imposer,  oii  sont-elles  ?  Les  voilà  1 
M'y  voici  ;  je  les  touche.  Mais  au-delà  de  vos  limites,  je 
vois  encore  des  mondes  ;  plus  loin,  des  mondes  encore  ; 
partout  et  toujours  je  vois  des  mondes  ! 

N'est-ce  pas  aussi  l'Imagination  qui  commence  par  nous 
faire  entrevoir  que  l'ordre  admirable  de  cette  nature  infinie 


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—  Îf05  — 

ne  peut  avoir  pour  cause  la  nialiëre  ni  le  hasard  ;  mais  bien 
uue  suprême  Intelligence  qui  échappe  à  Fintelligence  humaine? 

N'est-ce  pas  encore  l'Imagination  qui,  sous  ce  fragile 
vêtement  dont  le  temps  dispose  à  son  gré,  pressent  l'existence 
d'une  âme  invisible,  comme  l'odorat  reconnaît  la  présence 
d'un  daphné  caché  dans  le  massif  du  jardin  ?  Et  en  suivant 
les  transformations  successives  de  cette  poussière  humaine 
roulée  par  les  vagues,  mélangée  à  l'argile,  balayée  par 
l'aquilon,  l'Imagination  ne  nous  dit-elle  pas  que  le  corps 
mortel  ne  saurait  être  le  principe  de  la  volonté  ni  de 
l'intelligence  ? 

Mais  je  me  hâte  de  m'éloigner  de  ces  hautes  et  mysté- 
rieuses régions ,  que  je  n'ai  ni  l'intention  ni  le  pouvoir 
d'aborder.  Plus  modeste  est  le  champ  que  j'ai  choisi  et 
que  je  me  propose  d'explorer  en  ce  moment. 

Dans  la  première  phase  de  l'Imagination,  dans  sa  phase 
la  plus  simple,  nous  pouvons  faire,  sans  peine,  la  part  de 
l'image  et  celle  de  la  réalité  ;  nous  pouvons  suivre  le  travail 
intérieur  de  la  pensée  et  le  distinguer  de  l'action  des  sens  : 
nous  voyons  les  fleurs  qui  sont  près  de  nous  et  nous  pensons 
aux  fruits  qui  mûrissent  dçins  le  verger,  sans  confondre  l'objet 
présent  avec  la  chose  absente. 

Plus  les  sens  sont  éveillés,  plus  l'image  est  vague  ;  mais 
aussi  elle  croît  à  mesure  que  faiblit  leur  action,  et  elle  grandit 
jusqu'à  imposer  à  l'esprit  une  image  extérieure  invisible, 
laquelle  peut  acquérir  assez  d'intensité  pour  nous  faire  croire 
à  la  réalité  de  ce  qui  n'est  qu'une  illusion. 

Dans  le  sommeil,  les  sens  ne  sont  pas  fermés  ;  le  moindre 
bruit,  le  moindre  toucher  peut  leur  rendre  l'activité,  mais  ils 
ne  perçoivent  plus  les  faits  du  dehors.  Vienne  le  rêve, 
l'Imagination  prend  la  place  de  la  raison  et  les  images  se 
succèdent  avec  une  vitesse  prodigieuse  ;  la  pensée  n'est  pas 


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—  506  — 

plus  rapide  :  les  lieux  changent,  les  idées  se  remplaceot,  les 
faits  se  suivent  :  une  seconde  a  tenu  la  place  d'une  année. 

Lorsque  le  rêve  est  accompagné  d'une  action,  les  sens 
paraissent  obéir  à  une  puissance  intérieure  et  recevoir  la  vie 
de  Timage  qui  est  en  nous.  Tout  à  Tlieure,  dans  la  veille, 
les  sens  étaient  les  mattres  de  Timage  et  pouvaient  la  conduire 
à  leur  gré  ;  ils  en  sont  maintenant  les  esclaves  ;.  maintenant 
rimagination  les  dirige  en  soumettant  à  ses  lois  le  mouve^ 
ment  même.  Rien  ne  vient  troubler,  déranger  l'efiFort  de  la 
volonté  intérieure  ;  celle-ci  ne  juge  pas,  elle  ne  réfléchit  pas; 
elle  n'a  qu'un  but,  qu'un  objet  :  elle  nous  entraîne  sans  voir 
le  péril  ;  elle  nous  fait  marcher  sans  connaître  le  danger. 
C'est  ainsi  que  le  somnambule  est  conduit  le  long  d'un  abime 
sans  rien  perdre  de  l'assurance  qu'il  a  dans  la  veille, 
lorsqu'il  se  croit  en  parfaite  sécurité. 

L'Imagination  commande  h  un  sens  unique,  dans  le 
somnambulisme  naturel  ;  dans  l'extase,  où  elle  semble  vivre 
seule,  comme  si  elle  était  une  puissance  surnaturelle ,  son 
action  se  change  en  vision  :  l'esprit  de  la  créatiure  contemple 
des  images  placées  hors  de  la  créature  ;  il  est  ravi,  et  les 
sens  sont  comme  s'ils  n'existaient  pas. 

Dans  son  fonctionnement  ordinaire,  la  pensée  exerce  son 
pouvoir  sur  le  souvenir  et  elle  est  la  maîtresse  de  l'Imagi- 
nation ;  mais  si  la  pensée  abandonne  la  direction  des  images 
et  laisse  une  libre  carrière  à  ses  rêves,  l'Imagination  peut 
arriver  à  voir  des  objets  qui  ne  sont  point  à  la  portée  des 
yeux,  puis  à  créer  des  fantômes  que  l'esprit  prend  pour  la 
réalité  :  elle  semble  tenir  lieu  des  sens.  Et  si  l'halluciné  qu'elle 
domine  ne  sort  pas  de  ses  rêves,  il  est  sur  le  chemin  de  la 
folie. 

C'est  à  nous  à  ne  pas  nous  laisser  dominer  par  la  magi- 
cienne qui,  d'ailleurs,  est  docile  et  se  soumet  volontiers  k 
nos  caprices. 


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Notts  appreoons  de  bonne  heure  que  les  réalités  de  la  vie 
sont  formées  de  joies  et  de  tristesses,  de  pleurs  et  de  sourires  ; 
et  nous  savons  tous  que  personne  ne  peut  se  dire  absoluineDl' 
heureux  ;  d'ailleurs,  il  faut  bien  connaître  la  tristesse,  car 
sans  elle  la  joie  n'aurait  aucun  prix.  Eh  bien,  remplacez  la 
froide  réaUté  par  les  douces  illusions  de  la  pensée,  en  laissant 
à  la  volonté  la  direction  de  rimage,  et  vous  allez  trouver 
le  bonheur  dans  le  mensonge  du  rêve. 

Vous  êtes  dans  la  saison  des  neiges  :  le  ciel  est  brumeux, 
le  temps  est  froid  et  la  tempête  soulève  les  Ctots.  D'un  coup 
de  sa  bagnette  magique,  l'Imagination  va  tout  transformer, 
et  vous  allez  faire  le  plus  agréable  des  voyages.  Vous  traversez 
une  contrée  que  le  printemps  a  parée  de  ses  plus  riantes 
couleurs  :  c'est  un  vallon  fertile  dont  le  clair  soleil  fait 
resplendir  les  vergers  ;  une  brise  légère,  bienfaisante,  fait 
onduler  les  blés,  et  les  oiseaux  chantent  leurs  hymnes  joyeuses, 
à  l'abri  sous  le  vert  feuillage  des  buissons  ;  puis,  la  mer  est 
là,  tout  près  de  nous  ;  le  murmure  flatteur  de  l'onde  que  le 
vent  soulève,  le  bruit  de  la  vague  qui  déferle  sur  le  rivage, 
nous  bercent  de  leur  concert  éternel  et  ravissent  notre  âme 
vers  les  pures  régions  de  l'toftni. 

Toutes  les  images  nous  sont  permises  :  sous  l'effort  de  la 
volonté,  nous  voyons  avec  un  contentement  indicible  les  lieux 
où  nous  avons  passé  notre  enfance  :  voilà  le  grand  pré  où 
nous  avons  joué  ;  le  vallon  où  nous  cherchions  des  nids,  et 
le  bord  du  grand  fleuve  qui  vit  naître  nos  premières  illusions. 

Et  pour  la  jeunesse  :  le  sentier  fleuri,  ombragé,  qu'on 
remonte  à  deux  en  se  tenant  la  main  !  Et  les  doux  propos 
échangés  en  souriant  et  en  cueillant  des  fleurs  ! 

Et  ces  ressoavenirs,  et  ces  tendres  pensées 
Par  qui  le  ccear  jouit  des  voluptés  passées  !  (I) 

(')  Dtflilie.  Vlmêgination,  chant  U,  p.  139. 


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-  808  - 

C'est  ainsi  que  rimagination  peut  embellir  la  voie  que  nous 
parcourons,  et  en  remplacer  les  rudes  aspérités  par  des  tapis 
mousseux  bordés  de  roses. 

Ce  rôle  charmant  de  Tlmagination,  il  nous  est  possible  de 
le  transporter  jusque  dans  le  vague  domaine  du  sommeil. 
Qui  de  nous  ayant  laissé  derrière  soi  des  êtres  tendremenl 
aimés,  peut  résister  à  la  tentation  de  les  revoir  ?  Une  mère, 
le  guide  touchant  des  premières  années,  est  restée  à  mi- 
chemin  dé  la  montée  laborieuse  que  gravissait  la  jeune  fille  ; 
une  jeune  femme,  toujours  de  moitié  dans  les  joies  et  les 
douleurs,  a  été  enlevée  de  bonne  heure  aux  caresses  de 
répoux.  Eh  bien,  Tlmaginalion  va  nous  les  rendre,  et,  grâce 
à  son  merveilleux  pouvoir,  nous  allons  retrouver  nos  chers 
ensevelis  comme  ils  étaient  autrefois. 

Le  soir  est  venu  et  le  calme  de  la  nuit  a  remplacé  Tagi- 
tation  du  jour.  Nous  ne  voyons  pas  le  présent  ;  nous  ne 
songeons  plus  à  l'avenir  :  nous  voilà  de  retour  vers  un  passé 
depuis  longtemps  disparu.  Envahi  par  un  doux  et  vague 
sentiment,  nous  voyons  des  formes  indécises  flotter  devant 
nous  ;  elles  se  condensent,  prennent  un  corps  et  dessinent 
des  contours  qui  nous  sont  familiers  ;  près  de  nous  sourit 
un  touchant  visage.  La  puissance  mystérieuse  de  Tlmagina- 
tion  nous  tient  sous  le  charme  en  nous  faisant  revoir  ainsi 
les  êtres  que  nous  avons  aimés. 

Ce  sont  là  des  faveurs  que  cette  magicienne  accorde  îi 
toutes  les  intelligences  ;  voici  venir  le  rêve  qu'elle  octroie  à 
ses  privilégiés. 

Jusqu'ici,  la  volonté  fut  la  maîtresse  ;  l'image  va  le  devenir 
à  son  tour  :  la  conscience  s'afl'aiblit,  la  mémoire  nous  aban- 
donne ;  puis,  jetant  un  voile  sur  l'intelligence  et  soulevant 
d'une  main  légère  la  chaîne  de  la  vie,  pour  y  souder  les 
anneaux  brisés  par  la  fatalité,  le  rêve  nous  met  en  présence 
de  l'apparition  que  notre  âme  venait  d'évoquer.  La  créature 


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—  809  — 

qui  est  là,  devant  nous,  elle  existe,  elle  vit,  elle  est  animée, 
et  nous  reprenons  près  d'elle  une  existence  déjà  lointaine  et 
que  le  présent  ne  peut  plus  nous  rendre. 

0  Le  flot  inconstant  de  la  vie  emporte  les  humains  à 
travers  mille  destinées,  tantôt  vers  la  joie,  tantôt  vers  la 
douleur  (0,  »  nous  laissant  toujours  à  la  recherche  de  ce 
grand  problème  qui  n'a  pour  énoncé  qu'un  simple  mot  : 
le  bonheur  !  Problème  complexe  dont  notre  nature  ne  par- 
viendra jamais  à  rassembler  toutes  les  données.  Pour  l'enfant, 
le  bonheur  c'est  un  jouet  nouveau  ;  pour  l'amoureux,  un 
sourire  de  la  femme  aimée  ;  pour  le  poète,  il  suffit  souvent 
d'une  image  qui  vient  embellir  sa  pensée. 

Toutes  ces  joies  n'ont  qu'une  durée  éphémère,  et  souvent 
entre  deux  plaisirs,  il  y  a  beaucoup  d'amertume  :  le  jouet  se 
brise,  la  femme  nous  oublie,  la  malipité  s'empare  de  notre 
image!  Le  bonheur  que  donne  l'Imagination  n'a  d'écueil 
qu'en  nous-méme,  et  il  est  d'autant  plus  pur  que  hotre  passé 
a  été  moins  tourmenté  ;  mais  au  réveil,  le  jouet  se  brise 
aussi,  la  femme  aimée  s'envole  et,  du  rêve,  il  ne  reste  plus 
qu'un  vague  souvenir  dont  nous  cherchons  en  vain  à  retrou- 
ver Tes  éléments  dispersés.  Seulement  ici  rien  n'est  perdu, 
et  nous  pouvons  toujours  évoquer,  dans  un  nouveau  révc,  la 
même  image  ou  une  image  nouvelle. 

Cependant  l'homme  s'écarterait  du  but  de  l'existence,  s'il 
ne  se  servait  de  l'Imagination  que  pour  satisfaire  ses  chimères, 
ses  illusions,  ses  fantaisies  :  aussi  bien  a-t-ellc  le  pouvoir  de 
nous  conduire  sur  les  sommets  où  le  bien,  l'utile  et  le  beau 
ont  fait  leur  demeure. 

«  L'esprit  et  le  cœur,  a  dit  Pascal,  sont  comme  les  portes 
par  où  les  vérités  de  notre  portée  sont  reçues  dans  l'âme , 

(*}  PindarCj  2e  Olympique. 


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mais  bien  peu  entrent  par  Tesprit  ;  au  lieu  qu'elles  y  sont 
introduites  en  foule  par  les  caprices  téméraires  de  la  volonté, 
sans  le  conseil  du  raisonnement  (•).  »  Aussi  ne  sont-ce  pas 
les  preuves  qui  agissent  sur  Tintelligence  de  Tenfant.  C'est 
par  une  suite  d'impressions  sur  Touie  et  sur  la  vue  que 
l'enfant  apprend  k  connaître  les  choses.  L'impression  passée, 
reste  le  souvenir.  Son  esprit  se  nourrit  d'images,  et  c'est 
par  elles  que  se  fait  son  éducation  :  il  apprend  en  se 
souvenant. 

Lorsque  son  imagination  naissante  est  en  travail,  que  le 
souvenir  lui  rappelle  ce  qu'il  a  vu,  ce  qu'il  a  touché,  ce 
qu'il  a  entendu,  l'enfant  est  tout  préparé  pour  l'imitation  ;  il 
est  tout  disposé  à  imiter.  Or,  c'est  par  l'imitation  que  les 
enfants,  qui  ne  savent  rien  créer,  deviennent  des  hommes. 
On  sait  avec  quelle  étonnante  facilité  ils  s'emparent  des 
manières  qu'ils  ont  sous  les  yeux,  des  accents  dont  leurs 
oreilles  sont  frappées  :  ils  regardent  comme  ils  ont  vu  regar  - 
der  ;  ils  parlent  comme  ils  ont  entendu  parler  ;  ils  font  le 
geste  qu'ils  ont  vu  faire. 

Nous  savons  qu'il  y  a  dans  nos  gestes  comme  un  reflet  de 
nos  sentiments  ;  bien  plus,  l'observation  nous  apprend  que  le 
sentiment  peut  être  déterminé  par  l'usage  d'un  geste  ;  de 
sorte  qu'un  enfant  habitué  à  faire  un  certain  geste  s'impré- 
gnera du  sentiment  qui  y  correspond. 

On  voit  par  là  combien  sont  nécessaires  les  bons  exemples 
pour  bien  former  les  hommes.  L'homme  vient  de  l'enfant, 
comme  le  chêne  de  l'arbuste  :  si  vous  laissez  l'arbuste  se 
courber,  vous  ne  pourrez  plus  redresser  le  chêne.  Il  faut 
façonner  l'enfant  aux  habitudes  honnêtes  pour  en  obtenbr 
l'honnêteté  des  sentiments  ;  pour  l'habituer  à  la  franchise,  il 
faut  l'obliger  k  regarder  en  face  ;  pour  l'accoutumer   aux 

(*)  Pensées,  partie  I,  art.  3. 


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.jft3 


devoirs,  il  faut  remplir  les  nôtres  devant  lui.  Enfint  par 
raclion,  par  la  parole,  par  la  lecture,  il  faut  faire  entrer  dans 
sa  jeune  imagination  des  idées  généreuses,  des  pensées 
élevées,  si  nous  voulons  grandir  son  caractère,  ennoblir  ses 
sentiments. 

Nous  devons  donc  veiller  au  choix  des  images  dont  se 
nourrit  l'esprit  de  l'enfant,  avec  plus  de  soin  que  nous  en 
mettons,  pour  la  conservation  du  corps,  dans  le  choix  de  la 
nourriture  et  du  vêtement. 

Lorsque  l'enfant  devenu  jeune  homme  a  quitté  la  famille 
pour  vivre  dans  un  nouveau  milieu,  il  reçoit  de  nouvelles 
images  qui  modifient  son  éducation,  soit  dans  le  sens  de  celle 
qu'il  a  reçue,  soit  dans  un  sens  différent.  Les  jeunes  gens 
s^atlachent  surtout  à  ce  qui  leur  plail  ;  ils  retiennent  surtout 
ce  qui  les  émeut  ;  et,  vu  la  différence  de  leur  nature,  ils  ne 
sont  pas  impressionnés  de  la  même  manière  par  les  objets 
extérieurs. 

Les  natures  indécises  sont  facilement  eniraînées  par  le 
pouvoir  de  l'image;  elles  sont  disposées  à  beaucoup  admettre 
sans  examen  ;  mais  aussi  une  image  plus  forte  peut  y  détruire 
sans  peine  ce  qu'une  autre  image  y  a  produit. 

En  présence  d'exemples  puissants,  les  natures  énergiques 
peuvent  faire  fléchir  leur  volonté,  admettre  même  des  choses 
qui  leur  déplaisent,  et  s'attacher  fortement  aux  images 
qu'elles  ont  reçues  ainsi. 

Les  natures  pudiques  sont  des  délicates  qui  ne  cherchent 
que  de  belles  images.  Ce  qui  fait  la  réserve  et  la  puissance 
de  la  pudeur,  c'est  qu'un  geste  la  blesse,  une  parole  l'offense, 
un  tableau  l'effraie  :  elle  évite  par  conséquent  les  exemples 
qui  lui  déplaisent  ;  elle  n'est  point  hantée  par  les  images 
dangereuses,  ni  portée  à  l'imitation  de  ce  qui  peut  blesser. 

U  y  a  aussi  des  natures  qui  réagissent  contre  l'imitation, 


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—  51^  — 

qui  n'imitent  que  si  quelque  attrait  les  incite  à  le  faire  ; 
lorsqu'une  cause  les  porte  h  imiter,  elles  cherchent,  par  esprit 
d'indépendance,  à  faire  autrement.  Si  leur  éducation  fut 
bonne,  elles  trouvent  cependant  en  elles-mêmes  des  images 
pour  résister  aux  mauvaises  tendances,  et  de  celte  indépen- 
dance, il  peut  naître  une  certaine  originalité  qui  n'est  pas 
sans  valeur.  Mais  aussi,  si  les  exemples  furent  mauvais, 
l'esprit  d'indépendance  peut  aller  jusqu'à  la  révolte  et  faire 
de  ces  natures  des  êtres  dangereux.  «  Pour  être  amené  à 
faire  le  mal  (a  dit  Montesquieu),  il  faut  tout  simplement  avoir 
l'imprudence  d'y  penser  trop  souvent  ou  trop  longtemps  (•).  o 

Ainsi  la  voie  que  nous  suivons  est  toute  pleine  d'images 
qui  attirent  nos  regards,  s'imposent  à  nos  pensées  et  inspirent 
nos  actions  ;  elles  nous  charment  ou  nous  attristent  ;  elles 
nous  font  sourire  ou  pleurer.  C'est  leur  influence  qui  forme 
les  âmes  viriles  aussi  bien  que  les  cœurs  efféminés.  Elles 
réservent  heureusement  leurs  plus  belles  caresses  pour  les 
êtres  qui  marchent  dans  la  vie  avec  le  sentiment  du  devoir 
accompli. 

Lorsque  l'homme  est  riche  d'expérience  et  qu'il  peut  juger 
de  son  avenir  par  les  événements  qui  ont  rempli  sa  vie,  il 
n'a  plus  les  illusions  dont  se  berçait  sa  jeunesse,  et  sa  pensée 
se  reporte  volontiers  et  souvent  vers  les  temps  disparus. 
C'est  d'ailleurs  dans  le  passé  qu'il  peut  trouver  une  leçon 
pour  le  lendemain  :  pour  prévoir,  il  faut  se  souvenir. 

Les  images  qu'il  a  recueillies  pourront  bien,  sans  qu'il  les 
cherche,  s'imposer  h  son  intelligence,  mais  il  lui  sera  possible 
aussi  de  les  rendre  présentes  par  le  seul  effort  de  la  volonté. 
Alors  combien  le  travail  de  celle  volonté  sera  facile,' agréable, 
si  le  passé  a  été  entouré  d'images  riantes  et  heureuses  ;  si 
la  main  a  répandu  des  bienfait<^  si  la  parole  a  donné  des 

(*)  Eêprit  ûe$  loti. 


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—  513  — 

consolations,  si  le  labeur  enfin  a  produit  de  bons  fruits. 
A  cet  homme  de  bien,  le  souvenir  donne  des  plaisirs, 
des  jouissances,  des  voluptés  tels  que  la  réalité  n'en  connaît 
pas  de  meilleurs.  11  a  lutté  vaillamment  ;  Tlmagination  lui 
décerne  le  prix  de  la  lutte,  et  elle  lui  laisse  de  grandes 
espérances  ! 

Il  n'en  saurait  être  ainsi  pour  ceux  dont  l'existence  pro- 
duisit le  trouble  et  le  mal.  Leur  volonté  peut  bien  faire  appel 
k  l'Imagination  et  chercher  à  la  diriger.  Mais  on  ne  fait  bien 
que  ce  qu'on  apprit  à  faire.  D'ailleurs  le  travail  de  la  volonté 
se  relâche,  et  nous  arrivons  insensiblement  à  ne  voir  que  les 
images  qui  nous  ont  impressionnés,  à  n'accueillir  que  les 
souvenirs  qui  nous  sont  familiers.  Alors  nos  fautes  nous 
apparaissent  clairement,  el  les  omissions  mêmes  que  nous 
avons  commises,  ne  sont  pas  sans  nous  causer  des  /regrets. 
Pendant  la  veille,  nos  loisirs  sont  affligés  par  des  souvenirs 
pénibles,  et  des  images  affreuses  nous  poursuivent  jusque 
dans  le  sommeil.  €'est  ainsi  que  l'Imagination  nous  fait  expier 
les  écarts  d'une  vie  agitée. 

Le  pouvoir  de  l'image  agit  donc  sur  nous  dans  tout  le 
cours  de  la  vie  :  il  agit  sur  l'enfance,  il  continue  son  action 
sur  la  jeunesse,  il  s'impose  à  l'homme  jusqu'au  dernier 
moment. 

En  société  et  pour  servir  des  intérêts  collectifs,  les  hommes 
se  groupent  suivant  leur  affinité  ;  et  sous  la  direction  des 
images  qu'ils  ont  reçues,  ils  arrivent  à  former  des  milieux 
distincts.  Gomme  il  n'y  a  rien  qui  plaise  également  à  tous 
les  humains,  une  même  image  produit  sur  ces  groupes  divers 
des  effets  tout  différents  ;  sur  les  choses  qui,  comme  la 
géométrie,  n'entrent  dans  l'esprit  que  par  des  images  tou- 
jours semblables  et  qui  ne  peuvent  être  perçues  que  d'une 
mêmç  inanifere,  les  individus  ne  sauraient  manquer  de  se 


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—  814  — 

rencontrer;  mais  il  n'en  est  point  ainsi  quand  il  s'agit  de 
choses  qui  peuvent  leur  apparaître  sous  plusieurs  aspects, 
qui  affectent  différemment  l'intérêt,  le  sentiment,  la  passion  : 
là,  chaque  groupe  juge  suivant  l'impression  qu'il  reçoit  de 
l'image,  d'où  ces  divergences  si  nombreuses  qu'on  rencontre 
dans  l'opinion. 

Vous  êtes  de  bonne  foi  en  croyant  obéir  à  la  raison  : 
mais  bien  souvent  vous  n'obéissez  qu'aux  tendances  de  votre 
milieu.  Et  ici  le  pouvoir  de  l'image  est  si  grand,  qu'un 
premier  milieu  condamne  les  raisons  d'un  second  avant  de 
les  avoir  entendues,  et  même  sans  vouloir  les  entendre. 

On  peut  appliquer  aux  nations  l'influence  de  rimag'mation 
sur  les  groupes  et  sur  l'individu.  Elles  sont  formées  d'élé- 
ments fort  divers  qui  modifient  leur  caractère  ;  mais  l'ânae 
du  plus  grand  nombre  fait  leur  personnaUié  ;  c'est  par  Ik 
qu'elles  peuvent  avoir  un  caractère  changeant,  énergique  ou 
réservé,  et  que  la  nature  et  la  force  des  images  peuvent  agir 
sur  leurs  destinées. 

Tout  le  monde  sait  que  ce  sont  surtout  les  images  pas- 
sionnées, pleines  de  mouvement,  qui  frappent  et  entraînent 
la  foule.  Les  peuples  énergiques  sont,  comme  les  enfants 
énergiques,  les  moins  faciles  à  émouvoir  ;  mais  lorsqu'ils 
sont  saisis  par  les  images,  une  immense  impression  peut 
seule  les  leur  enlever  et  les  détourner  de  l'action  que  celles-ci 
doivent  déterminer. 

Il  faudrait  donc  employer  dans  le  choix  des  images  qui 
peuvent  agir  sur  l'esprit  d'un  peuple,  le  soin  que  tout  à 
l'heure  nous  voulions  mettre  dans  le  choix  de  celles  qui 
agissent  sur  l'esprit  de  l'enfant  :  destinées  à  suivre  l'huma- 
nité k  travers  les  siècles,  ces  images,  si  elles  sont  mauvaises, 
en  â'accumulant,  rempliront  la  société  d'erreurs  pernicieuses, 


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-515  ~ 

et  contribueront  à  son  abaissement,  lorsque  le  but  de 
Tintelligence  doit  être  de  l'élever. 

Si  elles  conduisent  les  hommes  du  côté  des  plaisirs  sensuels, 
la  société  s'amollit,  s'effémine  et  finit  par  perdre  toute  son 
énergie  ;  quant  à  la  nation  qu'elles  ont  séduite,  elle  est  sur 
une  voie  facile  dont  la  pente  mène  à  l'abîme. 

Si  elles  tendent  à  couvrir  de  risée  tout  ce  qu'il  y  a  de 
noble,  de  grand,  de  généreux,  dans  les  sentiments  d'un 
peuple  :  comme  la  loyauté,  le  dévouement,  la  justice,  la 
probité,  l'abnégation  !  la  nation  a  un  pied  dans  l'abîme  et 
elle  doit  fatalement  y  tomber. 

Cependant  lorsque  des  images  d'une  grande  puissance 
agissent  sur  les  hommes  dans  le  sens  du  devoir,  elles  peu- 
vent modifier,  améhorer  une  situation  produite  par  un 
siècle  de  décadence.  Ce  sont  quelquefois  des  révolutions  qui 
bouleversent  le  monde.  Mais  heureusement  les  révolutions  ne 
sont  pas  toujours  nécessaires  pour  relever  une  nation  :  de 
fortes  impressions  reçues  à  propos  peuvent  encore  l'arrêter 
au  bord  de  l'abîme,  et  lui  aider  à  remonter  la  pente  funeste 
qu'elle  avait  descendue. 

Il  est  de  nobles  images  qui  attirent  toujours  notre  atten- 
tion et  dont  la  saine  influence  produirait  de  merveilleux 
effets,  si  nous  en  étions  bien  pénétrés. 

Pour  les  foules  impressionnables,  le  cri  de  Liberté  a 
quelque  chose  de  fort  entraînant.  Mais  la  Liberté  est  si 
difficile  à  saisir  qu'on  a  dit  en  parlant  d'elle  :  C'est  un  mot  ! 
comme  on  l'a  dit  de  la  Vertu. 

Non,  ni  la  Vertu  ni  la  Liberté  ne  sont  des  mots  ;  ce  ne 
sont  pas  précisément  non  plus  des  images  :  l'une  est  une 
disposition  constante  de  notre  àme  à  faire  le  bien,  et  elle 
est  destinée  b  purifier  les  passions  ;  l'autre,  qui  devrait  les 
maUriser^  c'est  l'exercice  de  la  volonté  dans  les  limites  de 


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—  516  — 

notre  pouvoir.  Mais  celle  disposition  de  notre  âme,  naaîs 
cette  action  de  la  volonté,  nous  les  exerçons  surtout  sous 
Finspiration  de  Tlmagination.  Malheureusement  les  images 
que  nous  avons  de  ces  deux  grandes  choses,  ne  se  sont 
formées  en  nous  qu'à  travers  le  prisme  plus  ou  moins  impar- 
fait de  réducation,  et  le  moindre  souffle  en  trouble  la 
pureté- 

Si  nous  cherchons  les  beautés,  les  grandeurs,  les  délica- 
tesses de  la  Vertu  et  de  la  Liberté,  nous  ne  pourrons  les 
trouver  que  dans  les  hautes  et  sereines  régions  de  la 
conscience  ;  de  ces  hautes  et  sereines  régions,  est-ce  la  foule, 
répondez  !  est-ce  la  foule  qui  peut  tenter  le  difficile  accès  ? 

Une  chose  n'existe  dans  toute  sa  pureté  que  si  elle  n'em- 
prunte rien  à  son  'contraire.  Le  bonheur  n'est  pur  que  s'il 
n'est  mélangé  d'aucune  amertume.  Si  la  liberté  est  mêlée 
d'oppression,  ce  n'est  plus  la  liberté.  Hélas  !  la  Superbe  est 
condamnée  à  marcher  sur  un  étroit  sommet,  entre  la  licence 
et  le  despotisme,  en  prenant  tour  à  tour  à  l'un  et  à  l'autre 
des  éléments  qui  la  rendent  méconnaissable. 

D'ailleurs,  la  vraie  liberté  est  inséparable  de  la  verlu- 
Seule,  la  liberté  peut  enfanter  des  prodiges,  mais  ses 
fruits  sont  bien  souvent  amers,  parce  que  les  images  qui 
l'inspirent  n'ont  pas  assez  de  pureté,  et  que,  dans  son  appli- 
cation, nous  manquons  de  mesure  précise.  Pour  ne  parler 
que  des  anciens,  c'est  elle  qui  inspire  Gaton,  et  Caton  déchire 
ses  entrailles  ;  c'est  elle  qui  conduit  Brutus,  et  Brutus  tue  le 
premier  des  Césars. 

C'est  elle  aussi,  et  l'histoire  le  redira  toujours,  c'est  elle 
qui  inspirait  Athènes  et  Spartes  lorsque  sur  la  Grèce  divisée 
mais  libre,  le  roi  des  Perses  lançait  trois  millions  de  com- 
battants qui  allaient  s'anéantir  dans  les  champs  de  Platée, 
après  s'être  heurtés  aux  rochers  des  Thermopyles  et  avoir 


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-817- 

semé  sur  les  flots  de  Salamine  les  débris  de  leurs  nombreux 
vaisseaux. 

Ici,  dans  Tâme  de  Léonidas,  de  Thémistocle  et  de  Pausa- 
nias,  une  grande  image,  dont  nous  dirons  tout  à  l'heure  les 
effets  salutaires,  exerçait  son  pouvoir  à  côté  de  celle  de  la 
liberté. 

Quant  à  la  Vertu,  elle  enfante  des  prodiges  d'une  autre 
nature,  et  ses  fruits  sont  toujours  excellents. 

Pour  apprécier  la  puissance  de  l'image  dans  l'éducation, 
considérez  la  vie  de  sœur  Rosalie,  cette  femme  d'un  courage 
incomparable  qui  brava  sans  frayeur  les  fureurs  de  l'émeute 
et  la  contagion  du  choléra.  Dans  son  enfance,  Jeanne-Marie 
Rendu,  sœur  Rosalie,  était  vive,  espiègle,  capricieuse, 
volontah:e  et  taquine  ;  mais  nul  souffle  malfaisant  n'effleura 
son  jeune  cœur  ;  k  l'école  maternelle  elle  ne  puisa  que  les 
meilleurs  exemples  ;  et  sa  jeune  imagination  ne  fut  nourrie 
que  de  bonnes  impressions.  Elle  devint  sévère  pour  elle-même 
et  indulgente  pour  les  autres  ;  sa  bienfaisance  était  douce  et 
souriante,  et  ses  jugements  étaient  généreux.  Elle  éprouvait 
un  grand  plaisir  à  ramener  le  sourire  dans  les  yeux  de 
l'enfant  en  pleurs  ;  et  son  énergie,  sa  volonté  ne  connaissaient 
pas  de  bornes,  lorsqu'il  s'agissait  de  faire  le  bien. 

Sœur  Rosalie  aurait  pu  vivre  tranquille,  au  sein  d'une 
modeste  aisance,  dans  un  milieu  favorable  au  bonheur  et 
loin  de  ces  scènes  pénibles  où  la  souffrance  est  aux  prises 
avec  la  misère.  Mais  les  biens  d'ici  bas  ne  la  tentaient  point  : 
attirée  par  une  grande  et  belle  Image,  qui  lui  montrait  une 
sublime  récompense  en  dehors  des  biens  de  ce  monde, 
elle  préféra  se  consacrer  tout  entière  au  soulagement  du 
malheur. 

  côté  de  ces  images  sublimes,  méconnues,  incomprises, 

32* 


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—  818  — 

se  place  une  autre  image,  grande,  majestueuse,  souvent 
incomprise  aussi,  et  dont  le  nom  a  quelque  chose  de  magique 
sur  les  intelligences  vives,  généreuses,  passionnées  pour  les 
grandes  choses  :  c'est  l'image  de  la  Patrie.  Les  émotions  que 
nous  éprouvons  lorsque  ses  destinées  sont  en  péril  ;  la  joie 
que  nous  ressentons  lorsque  le  succès  couronne  les  eflForls  de 
nos  soldats  ;  le  sentiment  de  satisfaction  qui  nous  envahit 
lorsqu'un  de  nos  savants  l'emporte  sur  un  savant  étranger  : 
tout,  tout  nous  prouve  que  l'idée  de  la  Patrie  est  salutaire 
et  qu'elle  a  une  saine  influence  sur  l'Imagination.  Les  exem- 
ples en  sont  nombreux  dans  l'histoire. 

Un  village  que  nos  soldats  ont  rendu  célèbre  s'élève,  daos 
la  province  d'Oran,  au  bord  de  la  Méditerranée.  Là,  un  petit 
réduit,  protégé  par  des  fossés  en  terre,  couronnés  de  para- 
pets, était,  au  commencement  de  février  1840,  occupé  par 
128  chasseurs  d'Afrique.  Un  beau  matin,  quelques  milliers 
d'Arabes  surgissent  subitement  à  la  vue  de  nos  soldats  :  ils 
courent  à  toute  bride  sur  les  pentes  des  collines  ;  ils  agitent 
leurs  drapeaux,  poussent  des  clameurs  sauvages  et  remplis- 
sent l'air  du  bruit  de  la  mousqueterie  :  ils  viennent  briser 
leurs  premiers  efforts  au  pied  du  réduit  de  Mazagran. 

Le  lendemain,  de  nouvelles  tribus  accourent;  le  petit 
détachement  français  est  assailli  par  douze  mille  hommes,  et 
toutes  ces  forces  réunies  sont  tenues  en  échec  pendant  trois 
jours  par  une  poignée  de  soldats.  Les  assauts  succèdent  aux 
assauts  ;  les  parapets  s'écroulent,  les  talus  s'affaissent  ;  et 
lorsque  les  Arabes  croient  tenir  leur  proie,  qu'ils  s'apprêtent 
à  planter  sur  la  brèche  l'étendard  du  Prophète,  une  muraille 
de  feu  les  arrête  et  ferme  les  ouvertures  en  y  amoncelant  les 
cadavres  ;  et  pendant  que  la  mitraille  déchire  les  rangs,  on 
lutte  au  sabre,  on  lutte  à  la  baïonnette,  on  lutte  corps  à 
corps.  Après  quatre  jours  de  cette  incomparable  résistance, 
l'ennemi  est  disparu  subitement  comme  il  était  venu  :  Thé- 


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-  519  — 

roîcpie  garnison  est  encore  prêle  k  combattre,  et  le  drapeau 
tricolore  percé,  déchiré,  en  lambeaux,  flotte  toujours  au 
milieu  de  la  petite  et  vaillante  citadelle  î 

Qui  donna  ce  courage  surhumain  k  ces  braves  luttant  dix 
contre  mille  ?  Dites-leur  que  la  France  n'est  plus,  que  les 
regards  du  monde  se  sont  détournés  d'eux  ;  dites-leur  que 
ce  drapeau  déchiré  qui,  tout  k  l'heure,  faisait  leur  orgueil, 
n'exprime  rien  ;  dites-leur  que  ces  couleurs  pâlies,  maculées, 
qui,  maintenant,  brillent  au  soleil,  ne  sont  que  l'image  d'un 
caprice  :  et  ces  hommes,  si  grands  lorsqu'ils  combattaient 
pour  la  Patrie,  vont  briser  leurs  fusils  en  pleurant  ! 

Et  ce  valeureux  commandant  d'une  brave  armée,  croyez- 
vous  que  l'image  de  la  France  humiliée  le  laissera  insensible? 
Croyez-vous  que  le  désir  de  la  rendre  grande,  honorée, 
prospère,  sera  sans  influence  sur  son  courage,  sur  sa  con- 
duite, sur  son  intelligence  même?  Et  lorsqu'une  nation 
acclame  ses  héros,  croyez-vous  que  les  images  nées  de  leurs 
belles  actions,  dans  l'âme  de  la  jeunesse,  ne  soient  pas  faites 
pour  enfanter  encore  des  héros  ? 

Le  souvenir  de  la  Patrie  n'est  pas  sans  influence  non  plus 
sur  le  labeur  du  savant.  Il  la  voit  sourire  k  ses  efforts,  et 
pour  n^ériter  les  applaudissements  de  ses  concitoyens,  il  fait 
appel  k  toutes  les  ressources  de  son  intelligence  ;  mais 
d'autres  images  aussi  l'entourent,  lui  sourient  et  l'encou- 
ragent :  celle  de  l'humanité  qui  bénit  son  nom  ;  celle  de  la 
postérité  qui  lui  tresse  des  couronnes. 

Pour  relever  une  nation,  il  suffit  de  ces  belles  et  saines 
images  qui  élèvent  le  cœur,  ennoblissent  l'esprit  et  font 
trouver  le  dévouement  facile. 

L'Imagination  a  un  tact  merveilleux  dans  la  recherche  de 
la  vérité,  k  la  condition  toutefois  d'avoir  un  frein  destiné  k 
régler  son  allure  ;  car  elle  est  toujours  disposée  k  dépasser 


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—  520  — 

le  but  que  nous  désirons  lui  assigner.  C'est  la  ca?alerie 
légère  envoyée  ^  la  découverte  avant  la  bataille,  et  qui  con- 
tribue d'autant  mieux  au  succès  final  qu'elle  est  plus  atten- 
tive à  recueillir  ses  renseignements  sur  la  situation  de 
l'ennemi. 

L'Imagination  favorise  les  recherches  de  la  science  en 
Taisant  naître  l'hypothèse,  l'ingénieuse  hypothèse  d'où  sortira 
une  découverte  admirable  et  des  conséquences  inattendues. 

Denis  Papin,  un  proscrit  de  1682,  est  assis  auprès  de  son 
foyer  ;  une  marmite  pleine  d'eau  est  devant  le  fcu  et  la 
vapeur  en  soulève  le  couvercle;  en  présence  d'un  fait  si  com- 
mun qui  nous  laisse  tous  indifférents,  le  savant  voit  une 
force  dont  tout  à  l'heure  il  va  mesurer  l'étendue  ;  dans  une 
suite  successive  d'images,  il  lui  apparaît  une  chaudière  ou  se 
produit  la  vapeur  ;  un  cylindre  oii  elle  est  distribuée  ;  un 
piston  à  qui  elle  donne  le  mouvement.  L'intelligence  du  savant 
combine,  ordonne,  assemble  ces  divers  éléments,  et  la 
machine  à  vapeur  est  inventée  ! 

Un  peu  d'eau  réduite  en  vapeur  va  nous  donner  une  puis- 
sance inespérée  dont  nous  ne  connaissons  pas  encore  la 
mesure.  La  locomotive  vient  de  naître  et,  sur  le  signe  d'un 
homme,  elle  lutte  de  vitesse  avec  la  tempête,  pour  conduire 
bien  loin  des  milliers  de  voyageurs  qui  arrivent  au  but  sans 
avoh:  le  temps  de  songer  au  chemin  parcouru. 

L'huagination  s'empare  d'un  rayon  de  lumière  pour 
peindre  fidèlement  tout  ce  que  le  ciel  a  mis  à  la  portée  des 
jQixx.  Elle  conduit  l'homme  à  la  connaissance  des  métaux 
dont  les  corps  célestes  sont  formés.  Elle  le  guide  dans  la 
découverte  de  cette  autre  merveille  qui  nous  transmet  dans 
un  instant  le  récit  d'un  événement  arrivé  au  bout  du  monde. 

La  froide  réalité  a  dépassé  les  splendeurs  du  rêve  !  Et  si 
les  siècles  écoulés  pouvaient  soulever  leur  Unceul  et  assister 
au  effets  admirables  que  (^oduit  aujourd'hui  la  science,  nos 


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ancêtres  se  croiraienl  transportés  au  sein  d'une  planète  plus 
favorisée  que  la  terre  des  dons  de  la  suprême  Intelligence  ! 

Si  le  savant  est  obligé  de  mettre  un  frein  aux  entraî- 
nements de  rimagination,  les  poètes  et  les  romanciers  lui 
doivent  leurs  plus  belles  peintures,  lorsqu'ils  lui  associent 
d'une  manière  heureuse  la  réflexion  et  la  méthode,  la  science 
et  l'harmonie  ;  association  nécessaire  pour  choisir  le  sujet, 
pour  réunir,  séparer,  disposer  les  images,  et  aussi  pour 
donner  à  celles-ci  le  charme  et  l'élégance  qui  séduisent,  et 
pour  les  reproduire  de  manière  à  nous  les  faire  aimer. 

Mais  la  magicienne  adore  la  liberté  :  elle  se  plaît  à  planer 
sur  les  mondes  où  spnt  renfermées  toutes  sortes  de  mer- 
veilles ;  elle  aime  k  nous  révéler  tout  ce  que  la  nature  a  de 
mystères  et  d'enchantements  ;  son  domaine  est  sans  bornes, 
et  chacun  de  nous  peut  y  cueillir  les  fleurs  qu'il  affectionne, 
y  savourer  les  fruits  qu'il  préfère,  y  respirer  les  parfums  qui 
l'enivrent. 

Dans  les  mille  détours  de  ce  vaste  domaine,  les  auteurs 
suivent  des  voies  bien  différentes  et  souvent  opposées.  Les 
uns  y  cherchent  des  images  pour  flatter  ce  qu'il  y  a  de 
moins  noble  dans  nos  sentiments  ;  ils  choisissent  volontiers 
celles  qui  caressent  nos  faiblesses,  excitent  nos  passions  et 
troublent  nos  esprits. 

Les  autres  préfèrent  les  images  gracieuses  pour  nous 
émouvoir,  nous  faire  sourire  et  nous  charmer  ;  ou  bien  ils 
font  appel  aux  nobles  images  pour  élever  le  niveau  de  la 
pensée  et  donner  une  direction  meilleure  à  nos  passions. 

Us  ont  une  grande  responsabilité  les  auteurs  de  ces 
œuvres  qui  ont  le  don  de  nous  plaire  et  de  nous  Intéresser, 
car  pour  impressionner  les  foules  il  n'existe  pas  d'agent  plus 
puissant  que  le  livre. 

Ah  !  certes,   ils  mériteraient  bien  de  la  France^  et  la 


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—  5^2  — 

Postérité  leur  serait  bienveillante  si,  pour  former  des  âmes 
viriles  et  des  cœurs  généreux,  ils  se  servaient  des  trésors 
ination  leur  a  confiés  ;  s'ils  s'efforçaient  par  un 
reux  des  images,  de  faire  entrer  dans  Tâme  des 
lour  de  tout  ce  qui  est  juste,  le  respect  de  tout  ce 
lu  ainsi  que  la  vraie  mesure  de  la  liberté  ;  si  enfin, 
îupant  agréablement  nos  loisirs,  ils  s'ingéniaient 
dre  le  devoir  facile,  à  nous  inspirer  rattachement 
e  dévouement  à  la  Patrie. 


;  de  composer  ce  discours,  j'ai  relu  le  Timëe  de  Platon,  quel- 

&  de  Moutaignc  et  quelques  pensées  de  Pascal  ;  j'ai  pareouro 

de  Delille  et  me   suis  surtout   inspiré   de    Vlmagination  de 


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RAPPORT 

SUR  LES 

TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  ACADÉMIQUE 

DE  LA  LOIRE-INFÉRIEURE 

PENDANT   L'ANNÉE    1885-1886 

PAR  M.  DELTEIL 

SECRÉTAIRE  GÉNÉRAL. 


Messieurs, 

Chaque  année,  à  pareille  époque,  le  Secrélaire  général  de 
la  Société  académique  a  pour  mission  de  vous  rendre  compte 
des  travaux  de  notre  Académie.  Mais  avant  de  procéder  à 
cet  examen,  il  est  d'usage  de  revenir  sur  la  séance  solennelle 
de  Tannée  passée,  de  vous  parler  de  Torganisalion  de  notre 
bureau,  de  citer  les  distinctions  honorifiques  méritées  par 
quelques-uns  des  membres  de  la  Société,  enfin  d'accorder  un 
sympathique  souvenir  à  ceux  des  collègues  que  nous  avons 
perdus....  Je  vais  donc  me  conformer  à  la  tradition  et  essayer 
de  remplir  ce  programme  tout  en  m'efforçant  d'abuser  le 
moins  longtemps  possible  de  votre  complaisante  attention. 

Vous  avez  encore  présente  h  l'esprit  la  charmante  impres- 
sion que  vous  a  laissée  le  discours  de  notre  ancien  président, 
M.  le  D'  Guénel.  Il  avait  choisi  pour  sujet  de  son  entretien, 
YÊducation  des  femmes.  Il  était  difficile  de  traiter  cette 


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—  5Î4- 

délicate  question,  devant  un  auditoire  presque  exclusivement 
féminin,  avec  plus  de  tact  et  de  mesure  et  en  même  temps 
d'une  façon  plus  claire  et  plus  élégante.  Il  a  montré  combien 
il  était  désirable  que  Tinstruclion  des  femmes  fût  i^us  solide 
et  plus  étendue  qu'elle  ne  Test  aujourd'hui,  afin  qu'elles 
puissent  dignement  remplir  le  double  but  pour  lequel  elles 
ont  été  créées  :  devenir  des  épouses  égales  à  leurs  maris 
par  l'intelligence  et  par  conséquent  susceptibles  de  com- 
prendre et  de  parlager  leurs  idées;  —  et  des  mères  capables 
d'élever  leurs  enfants  non  seulement  avec  leur  cœur,  mais 
avec  leur  raison.  Dans  notre  société  fiévreuse,  oii  les  bonunes 
sont  occupés  toute  la  journée  à  poursuivre  âprement  la  grande 
lutte  pour  l'existence,  l'éducation  des  enfants  est  pour  ainsi 
dire  confiée  tout  entièi^  aux  mères.  Comment  les  suivre  et 
les  guider  dans  leurs  éludes  et  plus  lard  les  conseiller  dans 
leur  carrière,  si  elles  n'y  ont  élé  longuement  préparées  par 
une  forte  éducation  continuée  plus  tard  par  des  leclures 
sérieuses?  J'ajouterai  aussi  que  celle  haute  culture  de  l'esprit 
pourrait  également  profiter  à  toute  une  catégorie  intéressante 
de  jeunes  filles,  appartenant  à  un  milieu  social  honorable, 
mais  condamnées  souvent  au  célibat  par  leur  pauvreté.  Avec 
une  instruction  étendue  et  se  rapprochant  autant  que  possible 
de  celle  des  hommes,  elles  auraient  l'espérance  de  se  créer 
des  positions  qui  leur  donneraient  au  moins  une  modeste 
aisance  et  une  indépendance  compatible  avec  leur  sexe. 
Cette  éducation  de  la  femme,  telle  que  la  comprend  le 
D'  Guénel,  ne  serait  point  destinée  à  faire  des  bas-bleus  ou 
des  précieuses  ridicules,  ces  deux  types  qui  s'éloignent 
tant  de  la  simplicité,  de  la  modestie,  du  charme  et  de  la 
grâce  qui  doivent  être  avant  tout  le  privilège  de  la  femme. 
Une  femme  peut  être  instruite  sans  ostentation  et  sans  rien 
perdre  de  ses  qualités.  Depuis  Molière,  celte  question,  do 
reste,  a  fait  bien  des  progrès,  et  les  idées  qui  régnent  aiyour- 


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—  545  — 

d'bui  sont  destinées  à  la  faire  encore  avancer  davantage. 
L'important  est  de  bien  saisir  le  point  qu'il  ne  faut  pas 
dépasser  et  d'éviter  l'écueil  de  l'ignorance  pour  ne  point 
tomber  dans  celui  de  la  pédanterie. 

Vous  avez  entendu  ensuite  l'excellent  rapport  du  secrétaire 
général,  M.  Maisonneuve,  qui  a  retracé  et  mis  en  relief  avec 
une  rare  habileté  les  dififérenls  travaux  des  membres  de  la 
Société  pendant  l'année  1885-1886;  puis  le  rapport  si  bien 
étudié,  si  parfaitement  écrit  et  empreint  d'un  si  grand  sens 
critique  de^M.  Jamet  sur  le  concours  des  prix.  M.  Jamel  a 
dignement  soutenu  le  bon  renom  des  professeurs  de  l'Uni- 
versité, qui  joignent  à  une  science  profonde  l'art  de  parler  et 
d'écrire  leur  langue  avec  une  perfection  bien  diflBcile  àdépasser. 

Comme  d'habitude,  le  concours  bienveillant  de  plusieurs 
musiciens  de  talent  ne  nous  avait  point  fait  défaut,  pour 
donner  à  notre  fête  une  plus  grande  attraction.  M»®  Cabane 
nous  a  chanté  d'une  façon  magistrale  Yarioso  du  Prophète 
et  les  Saisons,  de  Victor  Massé  ;  M"»®  Renaud  de  la  Caffi- 
nière  a  interprété  d'une  voix  charmante  les  Enfants,  de 
Massenet  et  les  Adieux' de  Marie  Stuart,  de  Niedermeyer; 
M.  Bazoche  a  chanté  avec  toute  la  perfection  d'un  professeur 
et  d'un  dilettante  le  Lac,  de  Lamartine  ;  M.  Dupré  de  la 
Roussière  nous  a  fait  rire  aux  larmes  avec  deUx  chanson- 
nettes qu'il  a  détaillées  avec  un  réel  talent  de  comique  ; 
M°«  D...  nous  a  joué  une  Rêverie,  de  Rubenslein  et  la 
Polka  de  la  Reine,  de  Raff. 

MM.  Dolmetsch  et  Marie  accompagnaient,  avec  leur  talent 
habituel,  ces  aimables  artistes  auxquels  nous  adressons  nos 
plus  sincères  remerciements. 

Les  élections  générales  qui  ont  eu  lieu  en  décembre  1885, 
ont  appelé  à  la  présidence  de  la  Société  académique,  M. 
Orieux,  et  à  la  vice-présidence,  M.  le  D^  Raingeard.  M.  Delteil 
a  été  nommé  secrétaire  général  et  M.  Gadcceau,  secrétaire 


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-sas- 
adjoint.  MM.  Morel,  Delamare  et  Manchon,  ont  été  confirmés 
dans  leurs  fonctions  de  trésorier  et  de  bibliothécaires,  dont 
ils  s'acquittent  avec  tant  de  compétence  et  de  dévouement. 

Le  Comité  central  a  été  constitué  ainsi  qu'il  suit  : 

Le  Bureau.  —  M.  Guénel,  président  sortant. 

MM.  Bonfanle,  Linyer  et  Maisonneuve,  pour  la  Section 
d'agriculture,  commerce  et  industrie. 

MM.  Simoneau,  Hervouët  et  Poisson,  pour  la  Section  de 
médecine. 

MM.  Rousse,  Fargues  et  Merland,  pour  la  Section  des 
lettres,  sciences  et  arts. 

MM.  Lapeyre,  Bureau  et  l'abbé  Heurlin,  pour  la  Section 
des  sciences  naturelles. 

Votre  Académie  a  admis  au  titre  de  membres  résidants 
M.  Thierry-Risler  et  M.  de  Chastellux,  et  au  titre  de 
membres  correspondants,  M.  le  D' CouCtoux  et  M.  le  D' Llénas^ 
du  Cap-Haïtien. 

Plusieurs  membres  de  notre  Compagnie  ont  été  l'objet  de 
distinctions  honorifiques. 

M.  le  D'  Heurtaux,  en  récompense  des  travaux  remar- 
quables qu'il  publie  depuis  si  longtemps  sur  les  diftérentes 
branches  de  son  art,  a  été  nommé  membre  correspondant 
de  l'Académie  de  Médecine.  M.  Dugast-Malifeux  a  reçu  la 
croix  de  la  Légion-d'Honneur  pour  les  documents  intéres- 
sants qu'il  n'a  cessé  de  réunir  pour  servir  à  l'histoire  de  la 
Révolution  française.  M.  Jaraet  a  été  nommé  officier  d'aca- 
démie pour  reconnaître  sans  doute  les  services  éminenls 
qu'il  rend  à  l'Université. 

Signalons  une  autre  récompense  toute  intime  qui  a  été 
offerte  spontanément  au  plus  modeste,  au  plus  érudit,  au 
plus  laborieux  des  membres  de  la  Société,  par  tous  ses 
collègues  réunis,  je  veux  parler  de  la  médaille  d'or  grand 
module  que  le  Comité  central  a  été  chargé  de  remettre  à 


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-5^7- 

M.  Delamare,  membre  et  bibliothécaire  de  la  Société  depuis 
cinquante  ans.  On  a  saisi  avec  empressement  cette  occasion 
de  donner  à  notre  vénérable  collègue  un  témoignage  durable  de 
notre  estime,  de  notre  respect  et  de  notre  profonde  affection. 

Nous  avons  eu  la  douleur  de  perdre  M.  Doucin,  un  des 
membres  qui  ont  le  plus  honoré  notre  Société.  C'était,  comme 
M.  Delamare,  un  de  ces  hommes  bons,  serviables,  obligeants, 
qui  laissent  après  leur  mort  d'éternels  regrets  et  un  sou- 
venir ineffaçable.  M.  Orieux,  notre  président,  a  retracé,  dans 
une  notice  nécrologique,  la  vie  si  bien  employée  de  ce  parfait 
homme  de  bien,  les  diverses  phases  de  sa  carrière  univer- 
sitaire et  les  services  rendus  à  notre  Société  en  qualité 
d'administrateur,  d'historiographe  et  de  trésorier.  M.  Doucin 
était  né  à  Nantes  le  7  juin  1807.  Après  avoir  fait  d'excel- 
lentes études  au  séminaire  de  cette  ville,  il  entra,  à  l'âge  de 
20  ans,  dans  l'Université.  Il  franchit  successivement  tous  les 
degrés  de  la  carrière.  En  1847  il  fut  nommé  proviseur  à 
Mâcon  ;  trois  ans  plus  tard  il  devint  recteur,  puis  inspecteur 
d'académie  en  1854.  Après  avoir  rempli  ces  fonctions  pendant 
12  années,  il  prit  sa  retraite  avec  le  titre  d'inspecteur  honoraire. 

11  reçut,  dans  l'intervalle,  le  titre  d'agrégé  de  l'Université, 
la  rosette  d'officier  de  l'Instruction  publique  et  plus  tard  la 
croix  de  la  Légion-d'Honneur.  La  Société  académique  lui 
accorda  une  médaille  d'or  pour  récompenser  son  ouvrage 
comprenant  l'histoire  des  20  premières  années  de  la  Société, 
ainsi  qu'une  table  alphabétique  de  nos  publications  annuelles 
embrassant  une  durée  de  80  ans. 

W  s'est  éteint  au  commencement  de  cette  année,  comme  le 
sage  de  Platon,  plein  de  confiance  à  l'approche  du  dernier  jour 
et  assuré  de  trouver  dans  l'aulre  monde  une  vie  meilleure. 

Une  autre  mort  bien  inattendue  est  venue,  cette  semaine, 
frapper  notre  Société  d'un  nouveau  deuil.  M.  le  D'  Le  Houx 
a  succombé  après  une  courte  maladie,  à  un  âge  où  l'on  peut 


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—  548  — 

prétendre  encore  à  bien  des  années  d'existence.  H  était  mem- 
bre de  la  Société  académique  depuis  longtemps  et  avait  été 
son  président  en  1874. 

Les  travaux  lus  et  présentés  aux  diverses  Sections,  pendant 
le  cours  de  l'année,  ne  le  cèdent  nullement  en  nombre  et  en 
importance  à  ceux  dont  on  vous  a  rendu  compte  en  1885. 
Une  analyse  détaillée  de  chacun  d'eux  m'entraînerait  trop 
loin  et  dépasserait  les  bornes  de  ce  rapport.  Je  me  conten- 
terai donc  de  les  énumérer  en  les  accompagnant  de  courtes 
réflexions  qui  suffiront,  je  l'espère,  pour  vous  en  donner  une 
idée. 

Le  Section  d'agriculture,  de  commerce  et  d'industrie  est 
représentée  par  quelques  Noies  fort  intéressantes  dues 
aux  recherches  de  notre  savant  et  infatigable  collègue, 
M.  Andouard,  professeur  à  l'Ecole  de  médecine,  directeur  de 
la  Station  agronomique  de  la  Loire -Inférieure. 

C'est  d'abord  une  notice  sur  le  Guano  d'Alcatras,  avec 
la  collaboration  de  M.  Herbelin  ;  l'analyse  qui  en  a  été  faite 
prouve  que  cet  engrais  est  Irop  pauvre  pour  être  employé 
avec  avantage  par  l'agriculture  ;  puis  la  continuation  d'un 
travail  sur  les  Pommes  à  cidre  du  département  de  l'Orne 
avec  tableau  indiquant  le  poids  moyen  des  pommes,  la  den- 
sité du  jus,  la  proportion  de  sucre,  d'acidité  et  de  tannin  par 
litre  pour  près  de  80  espèces  différentes  de  fruits. 

M.  Andouard  démontre  ensuite  l'innocuité  du  traitement 
des  vignes  par  le  sulfate  de  cuivre,  puisqu'il  n'a  trouvé 
qu'un  milligramme  de  cuivre  par  litre  de  jus  de  raisin,  ce 
qui  est  insignifiant. 

Dans  une  note  sur  l'influence  de  Ycrgotisme  sur  les  vaches, 
il  indique  les  désordres  que  l'ingestion  de  l'ergot  de  seigle, 
qui  se  développe  sur  les  graminées  pendant  les  années 
humides,  occasionne  aux  vaches  qui  ne  tardent  pas  à  dépérir 
et  à  perdre  leur  lait.  Dans  un  ordre  d'idées  k  peu  près 


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—  849  — 

sembkible,  il  examine  Tinfluence  du  régime  alimentaire  sur 
la  lactation  des  vaches.  De  tous  les  fourrages  qui  augmen- 
tent la  production  et  la  qualité  du  lait,  les  meilleurs  seraient 
la  gesse  et  la  jarosse,  puis  viennent  le  trèfle,  les  choux,  la 
belterave  et,  en  dernier  lieu,  la  ponmie  de  terre.  Une  ali- 
mentation bien  choisie  permet  d^obtenir  un  excédent  de  lait 
et  de  retarder  la  décroissance  inévitable  qu'amènent  les 
progrès  de  la  gestation. 

Gomme  suite  à  ce  travail,  il  fait  connaître  la  composition 
du  beiirre  aux  diverses  époques  de  la  vie  et  de  la  lacta- 
tion chez  les  vaches.  Il  résulte  de  ses  expériences  que  la 
composition  du  beurre  varie  principalement  sous  l'influence 
du  genre  d'alimentation  et  de  la  gestation. 

Enfin  une  dernière  note  de  M.  Andouard  est  consacrée 
aux  précautions  à  prendre  dans  le  dosage  de  F  acide  phos- 
phorique  par  Vurane  et  à  \ incompatibilité  des  nitrates 
et  des  superphosphates  dans  les  engrais. 

La  Section  d'histoire  naturelle  qui,  l'année  dernière,  avait 
fait  peu  parler  d'elle,  a  donné  cette  année  des  preuves  de 
grande  et  féconde  activité.  Nous  relevons  parmi  les  travaux 
de  cette  Section  : 

Une  communication  de  M.  Viaud-Grand-Marais  sur  la  sin- 
gulière propriété  de  la  graine  du  strychnos  potatorum  de 
clarifier  les  eaux  bourbeuses  grâce  à  la  matière  visqueuse 
•  qu'elle  renferme  qui  se  gonfle  considérablenaent  au  contact 
de  l'eau  et  agit  à  la  façon  de  l'albumine.  J'ai  observé  ce 
phénomène  en  Gochinchine  où  cette  plante  existe.  Une  seule 
graine  mise  dans  un  verre  plein  d'eau  suffit  pour  épaissir  le 
liquide  et  lui  donner  l'apparence  d'une  solution  de  gomme 
épaisse.  Elle  ne  contient  aucun  alcaloïde  vénéneux.  Mais  si 
cette  graine  clarifie  l'eau,  elle  ne  tue  point  tes  microbes, 
ainsi  qu'on  s'en  est  assuré  avec  le  microscope. 

U.  Viaud-Grand-Harais  a  présenté  également  une  collection 


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—  530  — 

de  Lichens  de  Miquelon  préparés  par  le  docteur  E.  Ddamare^ 
médecin  dans  cette  colonie,  ainsi  qu'une  liste  des  plantes  de 
celle  île. 

BI.  Delamare  a  communiqué  à  ses  collées  quelques  obser- 
vations sur  cinq  échantillons  de  morille  {morilla  esculenta) 
qu'il  a  recueillis  dans  sa  propriété  située  route  de  Glisson  ; 
sur  un  champignon  rare,  le  Verpa  digiiatiformis,  trouvé 
en  compagnie  de  Pradal  enlre  Basse-Goulaine  et  Samt- 
Sébastien  ;  et  sur  un  aulre  champignon,  un  Cecidium, 
vivant  sur  le  poirier  auquel  il  fait  beaucoup  de  mal.  U  a  lu 
aussi  des  notes  bibliographiques  pleines  d'intérêt  sur  les  plus 
récentes  publicalions  d'histoire  naturelle. 

M.  Gadeceau  a  présenté  une  note  sur  un  Orchxs,  hybride 
des  Orchxs  morio  et  alata,  trouvé  k  Bourgneuf-en-Retz  par 
M.  de  la  Jonchère.  Le  pied  a  été  préparé  en  herbier  et  des- 
siné d'après  nature. 

M.  Bureau  a  fait  l'énumération  des  divers  animaux  qui 
sont  venus  enrichir  les  collections  du  Muséum  : 

1»  Un  cétacé  assez  rare  sur  nos  côtes,  le  Dauphin 
Tursiops,  pris  à  bord  du  yacht  YHébé,  appartenant  h  M. 
RogatienLevêque; 

:2«  Deux  Casse-Noix  {Nucifraga  caryocatoctes)  pris  à  la 
fin  de  1885  dans  le  département  de  la  Loire-Inférieure  ; 

8°  Une  variété  albine  du  Pic  cendré  (Picta  cannia),  tué 
aux  environs  de  Rennes  ; 

i^  Une  grue  cendrée,  offerte  par  M.  Ménier  ; 

5**  Une  cigogne  blanche,  tuée  à  Luçon  ; 

6«  Une  bernache  noueile,  achetée  sur  le  marché  de 
Luçon  ; 

7«  Une  belle  variété  Isabelle  de  la  sarcelle  d'hiver  ; 

8»  Un  œuf  de  gypaële  barbu,  le  plus  grand  rapace  de 
l'Europe. 

A  ces  richesses  zoologiques,  il  faut  ajouter  quelques 


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poissons,  tels  que  :  le  caprox  aper  ou  sanglier,  d'un  rouge 
écarlate,  péché  au  Croisic,  et  une  lune  de  mer,  trouvée 
aussi  dans  cette  dernière  localité. 

M.  Raret  a  lu  une  communication  des  plus  intéressantes 
sur  la  minéralogie  du  département,  intitulée  :  Excursion 
minéralogique  sur  la  côte  de  Saint-Nazaire.  L'auteur  de  ce 
Gavant  et  consciencieux  mémoire  fait  connaître  la  nature  des 
roches  qu'il  a  rencontrées  dans  sa  fructueuse  exploration. 

Dans  la  Section  de  médecine,  nous  trouverons  également 
de  nombreux  travaux  intéressant  toutes  les  branches  de  l'art 
de  guérir.  M.  Ménier,  professeur  de  botanique  et  de  matière 
médicale  à  l'Ecole  de  Médecine,  a  présenté  une  note  sur  la 
sophistication  du  poivre  cubèbe  par  le  piper  crassipes,  qui 
ne  jouit  probablement  pas  des  propriétés  du  vrai  cubèbe. 
11  en  diffère  par  une  couleur  plus  grise,  une  saveur  et  une 
odeur  rappelant  celle  du  laurier  et  de  la  muscade,  et  par 
certaines  réactions  obtenues  à  l'aide  de  l'acide  sulfurique. 

M.  Andouard  a  étudié  dans  un  mémoire  qui  a  été  envoyé 
à  l'Académie,  les  causes  de  la  conservation  parfaite  d'un 
cadavre  trouvé  dans  une  cave  où  il  existait  depuis  un  an.  Il 
attribue  l'absence  complète  de  putréfaction  à  la  profondeur 
du  caveau  oii  le  corps  était  enfoui,  au  renouvellement  impar- 
fait de  l'air,  aux  vêtements,  à  la  paille  qui  entourait  le 
cadavre.  M.  Brouardel,  tout  en  acceptant  les  données  de 
M.  Andouard,  admet  une  autre  cause  :  la  présence  d'acariens 
trouvés  dans  les  tissus  momifiés. 

M.  Laënnec,  le  savant  directeur  de  l'Ecole  de  Médecine, 
a  appelé  l'attention  de  ses  confrères  sur  un  cas  très  curieux 
de  médecine  légale.  Un  enfant  de  7  mois,  affecté  d'une 
toux  intense,  meurt  après  avoir  avalé  25  à  SO  grammes 
de  sirop  d'ipéca.  M.  Laënnec  crut  tout  d'abord,  en  présence 
des  symptômes  présentés  par  le  petit  malade,  qu'il  avait 
succombé  à  un  empoisonnement  par  une  substance  opiacée  ; 


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—  53*  — 

mais  raatopsie  loi  démontra  qiie  la  vraie  cause  de  la  mort 
de  Feafant  était  due  à  uue  broncho-pneumonie  jointe  à 
raction  déprimante  de  rii)éca. 

Le  cas  d'un  soldat  tuberculeux  mort  k  Tbôpital  a  été  égale- 
ment, pour  M.  Laënnec,  Toccasion  de  montrer  que  la  fièvre 
lyphoide  atteint  rarement  le  tuberculeux  avéré,  mais  qu'elle 
frappe  le  plus  souvent  le  tuberculeux  au  début  et  accélère  la 
marche  de  la  tuberculisation. 

M.  le  D'  Viaud-Grand -Marais  a  fait  une  communication 
relative  à  Tépidémie  de  choléra  qui  a  sévi  Tannée  dernière 
en  Bretagne,  près  de  Quimper.  Il  a  montré  que  la  propagation 
du  fléau  était  principalement  due  à  Fingestion  d'eaux  potables 
contaminées.  11  a  cité,  à  Tappui  de  son  dire,  des  faits  d'une 
très  grande  importance  qui  se  sont  passés,  tant  en  Bretagne 
que  dans  l'Inde  anglaise. 

M.  E.Bonamy  a  lu  la  relation  d'une ^re  maligne  qui  régna 
en  Bretagne  en  1774,  par  le  D'  Bonamy,  un  de  ses  ancêtres. 

M.  Montfort  a  cilé  deux  observations  A'ovariolomie  suivies 
de  guérison,  grâce  à  l'emploi  de  la  méthode  antiseptique. 

M.  Teillais  a  présenté  deux  mémoires  d'un  haut  intérêt 
scientifique  sur  l'oculistlque  :  l'un  sur  Yamblyopie  par 
mtoxicalion  paludéenne,  travail  présenté  au  Congrès  ophthal- 
mologique  ;  l'autre  sur  les  hémorrhagies  oculaires. 

Dans  son  Voyage  chirurgical  en  Allemagne,  M.  le  D' 
Poisson ,a  fait  un  récit  très  vivant  et  très  pittoresque  des 
choses  qu'il  a  vues  dans  les  cliniques  qu'il  a  fréquentées.  Il 
dépeint  la  physionomie  et  la  pratique  des  chirurgiens  célèbres 
d'Outre-Rhin,  les  mœurs  et  les  coutumes  des  étudiants,  le 
matériel  et  la  disposition  des  hôpitaux  allemands. 

M.  le  D'  Olive  a  fait  à  plusieurs  reprises  des  communica- 
tions verbales  sur  les  accidents  du  travail  chez  les  femmes 
en  couche,  et  sur  les  indemnités  dues,  en  cas  d'accidents, 
par  les  compagnies  d'assurances. 


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-533  — 

Enfin,  M.  le  D'  Gouraud  a  fait  la  description  d'an  nouvel 
appareil  d'inhalation  peu  dispendieux  et  d'une  grande  simpli- 
cité, dont  il  est  l'inventeur.  Il  faut  citer  aussi  plusieurs 
mémoires  offerts  par  leurs  auteurs  à  la  Section  de  médecine  : 
Nouvelles  données  pratiques  sur  la  fièvre  jaune  et  exposé 
d'un  nouveau  système  A'embryotomie,  par  le  D'  Llénas,  du 
cap  Haïtien  ;  méthode  thérapeutique  contre  la  diphtérie, 
spécialement  appropriée  aux  besoins  des  campagnes,  avec 
seize  observations  à  l'appui,  par  le  D'  Couëtoux. 

La  Section  des  lettres  et  arts  ne  le  cède  point  aux  précé- 
dentes pour  le  nombre  et  la  valeur  de  ses  travaux.  Etudes 
de  critique  littéraire  et  d'histoire,  questions  philosophiques, 
poésies,  voyages, 'recherches  savantes,  elle  s'est  essayée 
dans  tous  les  genres  avec  un  succès  toujours  égal  et  toujours 
soutenu. 

M.  Leroux  a  lu  plusieurs  fragments  d'un  Voyage  en 
Egypte,  écrit  avec  un  sentiment  si  juste  de  la  couleur 
locale  et  avec  une  telle  abondance  de  détails  qu'il  vous 
fait  assister  par  la  pensée  aux  scènes  qu'il  dépeint.  Alexandrie, 
le  Caire,  les  Pyramides,  si  souvent  décrites  par  d'autres 
voyageurs,  prennent  sous  la  plume  de  notre  collègue  un 
aspect  nouveau,  original,  qui  tient  surtout  à  la  manière  de 
voir  toute  personnelle  de  l'auteur.  C'est  plutôt  en  poète  qu'en 
touriste  qu'il  voyage  ;  quand  il  parle  du  beau  ciel  d'Egypte, 
des  Baux  bleues  de  la  Méditerranée,  des  déserts  sans  limites, 
d'un  coucher  de  soleil  oriental,  des  monuments  anciens  de 
la  vieille  terre  de  Pharaon,  son  âme  déborde  de  poésie  et 
d'inspiration.  Tout  pour  lui  est  matière  à  de  fortes  impres- 
sions minutieusement  décrites  qui  nuisent  peut-être  un  peu 
\x  la  rapidité  du  récit.  C'est  cependant  un  léger  défaut  dont 
je  n'ai  point  à  me  plaindre  pour  ma  part. 

Mais  le  genre  littéraire  dans  lequel  brille  le  mieux 
M.  Leroux,  c'est  la  poésie  et  en  particulier  celle  qui  s'inspire 

33 


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—  534  - 

de  la  vieille  Bretagne  dont  notre  collègue  est  un  des  plus 
fervents  admirateurs.  Cette  année  il  nous  a  lu  le  Secret  de 
Brizeux,  oii  il  nous  dévoile  le  nom  de  la  charmante  enfant, 
la  douce  Marie,  qu'a  aimée  et  chantée  son  poète  favori.  Il 
faudrait,  pour  faire  goûter  au  public  cette  fraîche  et  tendre 
poésie,  l'accent  et  la  voix  ^profonde  de  l'auteur,  qui  donne 
à  ses  vers  un  charme  étrange  et  une  sonorité  presque 
musicale.  Vous  y  perdrez  beaucoup  en  me  l'écoutant  lire  ; 
mais  je  ne  puis  résister  au  plaisir  de  vous  en  faire  entendre 
quelques  strophes  : 

Beau  pays  d'Arzannô,  village  du  Moustoir, 

Cent  fois  je  pense  à  vous  et  je  veux  vous  revoir  ! 

Je  veux  revoir  Féglise  et  le  vieux  cimetière 

Où  Marie  a  joué,  pieds  nus,  dans  la  poussière, 

Et  le  petit  sentier  où  Brizeux,  tout  enfant, 

La  suivait,  puis  enfin  ralteignail  triomphant  ; 

Je  veux  revoir  les  ifs  où  nichaient  les  colombes. 

Le  clocher  de  granit,  et  les  croix  et  les  tombes 

Où  reposent  Albin,  Daniel  et  leurs  amis 

Sous  le  gazon  touffu,  maintenant  endormis; 

Je  veux  revoir  le  Scorf,  le  pont  Kerlo,  la  lande 

Et  les  grands  châtaigniers  qui  courent  en  guirlande 

Des  bords  de  la  rivière  au  taillis  de  bouleau 

Et  depuis  le  Mousloir  au  bois  de  Kermelo. 

Que  m'avez-vous  donc  fait  lieux  pleins  d'un  triste  charme 

Que  votre  souvenir- mette  encore  une  larme 

Dans  mon  cœur  et  mes  yeux  après  plus  de  trois  ans  ? 

Votre  image,  pareille  aux  longs  chagrins  cuisants. 

S'est-elle  donc  fixée  en  mon  âme  attendrie  ? 

Repose  donc  en  paix,  mon  poète  chéri  ; 
Depuis  longtemps  déjà  la  gloire  t'a  souri  I 
Mais  j'entends  chaque  jour,  autour  de  ta  mémoire. 
Grandir  un  bruit  de  voix  prédisant  ta  victoire. 


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—  535  — 

En  vain  tu  fus  jadis  un  enfant  du  hameau 

El  ton  pays  en  vain  cache  ton  blanc  tombeau 

Sous  le  feuillage  obscur  d*un  humble  petit  chêne 

Qu'à  travers  les  cyprès  Ton  entrevoit  à  peine  ; 

En  vain  ils  ont  redit  qu'un  peu  trop  personnel 

Tu  ne  sus  que  chanter  Marie  et  Ker-rohel  ^, 

Moi  je  sais  que,  vaincu  par  ta  mâle  harmonie, 

Le  monde  un  jour  voudra  couronner  ton  génie. 

Je  sais  que,  du  vieux  Rhin  aux  bords  de  TOcéan, 

Des  cœurs  épris  de  toi,  des  bardes  pleins  d'élan 

Viennent  en  pèlerins  répéter  sur  ta  tombe 

Tes  vers  doux  et  plaintifs  comme  un  chant  de  colombe, 

Et  suivre  ton  passage  à  travers  les  grands  bois 

Tout  frissonnants  encore  de  Técho  de  ta  voix,   i 

Depuis  longtemps  déjà  ton  œuvre  a  fait  école,  . 

Qu'on  le  confesse  ou  iwn  ;  vers  toi  l'on  court,  on  vole, 

Moins  jaloux  qu'ébloui  de  ta  naîvMé  ; 

Mais  nul  jusqu'à  présent  ne  t'a  bien  imité. 

Dors  en  paix,  l'avenir  prendra  soin  de  la  gloire  ! 

Dors  en  paix,  ton  beau  nom  est  écrit  dans  l'histoire  ; 

Le  passant,  sur  un  fût  de  granit  éternel, 

Bientôt  lira  ces  mots  :  «  Gloire  au  barde  immortel  I  » 

M.  Roques  a  fait  un  compte!*  rendu  de  Touvrage  de 
M.  Saulnier  sur  le  poète  breton  Turquety.  C'est  une  étude 
fine  élégamment  écrite,  une  de  ces  pages  de  critique  littéraire 
que  les  esprits  délicats  savourent  avec  un  plaisir  exquis. 

M.  Fargues  a  fait  l'analyse  d'un  livre  de  M.  Lallemand 
sur  VEnfance  abandonnée  et  délaissée,  sujet  grave  et 
douloureux  bien  digne  de  tenter  la  plume  d'un  pasteur. 
U  fait  d'abord  l'historique  de  la  question,  puis  il  retrace  les 
diverses  méthodes  employées  dans  les  pays  civilisés,  catholi- 
ques ou  protestants  pour  venir  en  aide  aux  enfants  aban- 
donnés. Il  fait  incidemment  l'éloge  de  nos  missionnaires 
et  de  nos  sœurs   de  charité  qui,  en  pays  barbares,  se 


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—  536  — 

consacrent  avec  tant  de  dévouement  à  réducation  des  petits 
orphelins  ou  des  èlres  délaissés  par  leurs  parents.  11  passe 
ensuite  en  revue  les  moyens  et  réformes  proposés  pour 
arriver  à  une  solution  équitable  de  ce  diflBcile  problème. 
M.  Fargucs  a  fait  également  une  lecture  sur  les  derniers 
moments  de  M.  Guizot,  qui  mourut  en  chrétien  et  conserva 
jusqu'à  son  dernier  souffle  l'espérance  en  un  monde  meilleur  ; 
puis  le  compte  rendu  d'un  ouvrage  anglais  sur  Pascal, 
ce  génie  malheureux  sur  lequel  tant  d'études  ont  déjà  été 
faites  et  sur  Roger  Bacon  dont  il  raconte  la  vie,  tout  en 
mettant  en  lumière  le  caractère  et  le  profond  savoir  de  ce 
moine  franciscain. 

M.  Joseph  Rousse  nous  donne  fidèlement  chaque  année 
plusieurs  poésies  ;  nous  lui  sommes  très  reconnaissants  de 
vouloir  bien  détacher  quelques  joyaux  de  son  riche  écrin 
poétique.  C'est  un  poète  à  la  note  tendre  et  pénétrante, 
qui  choisit  de  préférence  les  sujets  où  l'âme  s'élève  vers 
le  pur  idéal.  Ce  n'est  point  un  inconnu  pour  vous  et  vous 
aimerez  sans  doute  à  entendre  encore  ses  vers  si  harmo- 
nieux. 

Je  voudrais  pouvoir  vous  lire  en  entier  les  cinq  morceaux 
de  poésie  composés  pai;  l'auteur  :  Dom  Lobineau,  un 
Village,  l'Obélisque  de  mi-voie,  à  Robert  Burns,  la 
Cathédrale  de  Nantes  ;  je  me  bornerai  à  vous  fab*e 
entendre  celui  qui  a  pour  titre  :  Un  Village 

Le  village  est  assis  au  milieu  des  futaies 

Dans  un  étroit  vallon, 
Un  frais  jardin  s'étend  fermé  de  vertes  haies 

Devant  chaque  maison. 
Les  toits  de  chaume  sont  tout  veloutés  de  mousse. 

Et  de  blancs  cerisiers 
Balancent  alentour  avec  des  senteurs  douces 

Leurs  bouquets  printaniers. 


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—  837  — 

L'aunée  aux  disques  d'or  et  la  menthe  sauvage 

Bordent  les  clairs  ruisseaux 
Qui  courent  gazouillant  à  travers  le  village 

En  tombant  des  coteaux. 
Au  centre  est  un  vieux  puits  enguirlandé  de  lierre 

Et  de  liserons  blancs, 
Où  pour  emplir  d'eau  pure  une  buire  de  terre 

Se  rendent  des  enfants. 
Le  soleil  de  midi  darde  sur  la  vallée  ; 

Je  n'entends  sous  les  cieux 
Qu'un  chant  aigre  et  perçant  de  pintade  isolée  ; 

Tout  est  calme  et  joyeux. 
.Malgré  tant  de  chagrins  qu'avec  lui  l'homme  emporte, 

Il  me  semble  qu'ici 
Oa  trouve  un  peu  de  paix,  et  que  l'âme  est  plus  forte 

Et  plus  heureuse  aussi. 

M.  Julien  Merland  a  pieusement  recueilli  dans  les  papiers 
de  son  père  des  notes  qu'il  a  réunies  pour  servir  à  l'histoire 
de  Challans.  C'est  le  récit  des  événements  et  menus  faits 
qui  se  sont  passés  dans  celte  commune  pendant  la  révolution. 
Ce  travail  se  fait  remarquer  par  une  abondance  de  détails 
qui  manquent  de  lien  entre  eux,  mais  qui  constituent  des 
indications  précieuses  pour  ceux  qui  voudront  puiser  dans 
les  archives  de  la  commune.  Il  serait  à  désirer  que  M.  Merland 
se  chargeât  de  faire  un  récit  plus  concis  et  plus  suivi  de 
cette  période  de  notre  histoire  révolutionnaire.  Nous  devons 
également  à  M.  Merland  un  certain  nombre  de  lettres 
inédites  de  Paul  Bàudry,  écrites  à  son  père,  dont  quelques- 
unes  montrent  que  ce  grand  peintre  savait  aussi  bien  manier 
la  plume  que  le  pinceau. 

M.  Orieux,  notre   honorable    président,  ne    sVst  pom 
endormi  dans  son  fauteuil  présidentiel.  Cette  nature  si  acliv« 
et  si  jeune,  malgré  les  apparences  de  Tâge,  ne  connaît  point 


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—«sa- 
le repos.  Semblable  aux  bons  généraoi  qui  donnent  Texemple 
do  courage  en  payant  bravemenl  de  leur  personne,  il  nous 
a  présenté  un  important  ouvrage,  comparable  au  travail  d'un 
bénédictin,  intitulé  «  Le  long  Calendrier  »  et  une  charmante 
pièce  de  vers  qui  a  pour  titre  :  Jour  d'été. 

Le  long  Calendrier,  c'est  l'histoire  des  calendriers  qui 
ont  donné  naissance  au  calendrier  employé  chez  les  nations 
chrétiennes  :  elle  commence  aux  Gaulois,  finit  à  notre  première 
République  et  fait  quelques  excursions  dans  les  anciens 
calendriers  grecs  et  égyptiens. 

Les  premiers  Romains  se  servaient  de  l'année  lunaire  et 
de  mois  lunaires;  elle  devint  sous  Numa  l'uni-solaire. 
Jusqu'à  Jules  César,  ils  comptèrent  assez  mal  le  temps. 

Ce  grand  capitaine  fit  réformer  l'année  de  Numa,»  et  son 
calendrier,  qui  fut  en  usage  en  France  jusqu'en  1582,  est 
encore  employé  chez  les  Russes  et  les  Grecs. 

Une  opinion  souvent  émise,  mais  point  justifiée,  c'est  que 
les  Égyptiens  se  servaient  d'une  période  de  1491  ans,  pendant 
laquelle  les  années  commençaient  successivement  dans  toutes 
les  saisons,  et  qu'elle  fut  employée  jusqu'à  Jules  César. 

M.  Orieux,  qui  ne  semble  pas  partisan  de  cette  longue 
période,  prouve,  en  citant  les  vieux  aîiteurs  grecs,  que  les 
Égyptiens  faisaient  usage,  500  ans  avant  Jésus-Christ,  d'un 
calendrier  d'une  grande  perfection,  qui  fut  adopté  par  les 
conventionnels  de  1798,  et  dont  le  1"  jour  correspondait 
toujours  à  la  même  situation  du  ciel. 

Dans  cette  histoire,  on  trouve  des  indications  pour  calculer 
une  date  quelconque  dans  toute  l'étendue' de  l'ère,  chrétienne. 

L'étude  est  complétée  par  des  notions  sur  la  fêle  de 
Pâques  et  sur  la  recherche  des  épactes  qui  servent  à  la 
déterminer. 

Elle  est  terminée  par  cinq  tableaux  qui  donnent,  pour  un 
grand  nombre  de  siècles  (jusqu'à  l'an  3400),  le  1"  jour  de 


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—  539  — 

chaque  année,  les  dates  de  cbaque  mois,  la  traduction  du 
calendrier  républicain  en  calendrier  grégorien,  enfin  le  jour 
de  la  fête  de  Pâques. 

Le  Jour  d'été  est  le  récit  d'un  amour  pur,  innocent, 
discret,  que  le  poète  a  gardé  concentré  dans  son  cœur  sans 
que  ses  lèvres  n'en  aient  jamais  trahi  l'aveu.  Heureusement 
qu'il  n'a  pas  eu  la  môme  discrétion  envers  nous,  car  nous 
aurions  perdu  une  joHe  confidence  et  des  vers  d'un  charme 
exquis.  Vous  allez  en  juger  par  les  passages  que  je  vais  vous 
lire: 

Lorsqu'elle  était  enfant,  bien  souvent  avec  elle 
J'ai  joué,  sans  songer,  sans  voir  qu'elle  était  belle, 
Que  son  front  était  pur,  son  sourire  charmant. 
L*6nfant  ayant  grandi  je  ne  sais  plus  comment. 
Un  soir,  je  me  trouvai  près  d'elle  plus  timide. 
Dans  l'accent  de  sa  voix,  dans  son  regard  limpide. 
Rien  ne  semblait  changé  ;  non,  mais  je  voyais  bien 
Que  depuis  quelque  temps  ses  discours,  son  maintien 
N'étaient  plus  d'une  enfant  ;  la  chère  créature 
Avait  aux  mois  des  fleurs  transformé  sa  nature, 
El  le  riant  printemps  avait  paré  ses  traits 
De  charmes  inconnus  et  de  nouveaux  attraits. 

Conduit  par  le  désir  et  par  elle  invité, 
Un  jour  j'allai  la  voir  à  sa  maison  d'été 
Assise  près  d'un  val,  au  bord  de  l'Atlantique. 
C'était  un  frais  chalet,  d'apparence  ruslique 
Et  modeste,  où,  malgré  l'éloignement  des  bois, 
Elle  allait  demeurer  dans  le  plus  chaud  des  mois. 
Elle  accueillit  gaiment  l'ami  de  son  jeune  âge. 
Puis  lui  montra  sa  cour,  son  jardin,  son  cottage, 
Son  enclos  au  gazon  tout  parfumé  de  tbym. 
Et  lui  fit  partager  son  repas  du  malin  : 
Offert  avec  aisance,  égayé  de  saillies 


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^ 


—  540  — 

Dites  en  souriant  et  de  même  accueillies. 
Embaumé  par  les  fleurs,  bercé  discrètement 
Par  le  concert  des  flots,  le  repas  fut  charmant. 
Après  le  déjeuner,  do  son  premier  étage. 
Nous  embrassions  des  yeux  le  val,  les  champs,  la  plage 
Et  la  mer  ;  nous  étions  accoudés,  nous  touchant, 
A  la  fenélre  ouverte  aux  regards  du  couchant  ; 
Le  soleil  rayonnait  au  sein  d*un  ciel  splendide. 
Et  jusqu'à  rhorizon  de  la  plaine  liquide 
Répandait  sur  les  eaux  des  torrents  de  clarlés; 
Sur  le  vaste  chemin  des  flots,  de  tous  côtés, 
Maints  navires,  jouets  des  vents  et  de  Neptune, 
A  travers  Tinconnu,  poursuivaient  la  fortune  ; 
El  la  côte  aux  flancs  gris,  si  fatale  aux  nochers. 
Nous  montrait  ses  chalets,  ses  anses,  ses  rochers. 
En  prolongeant  au  loin  ses  lignes  sinueuses. 
Le  murmure  éternel  des  vagues  écumeuses 
Qui  venaient  en  roulant  déferler  sous  nos  yeux. 
Sans  trêve,  troublait  seul  le  calme  de  ces  lieux  ! 
Nous  causions  lentement  et  laissions  nos  pensées 
Errer  en  liberté  vers  les  choses  passées. 
Et  suivre  les  sujets  au  hasard,  sans  dessein  ; 
Et  quoiqu'aucun  secret  ne  sortit  de  son  sein. 
Un  moment  à  son  trouble,  au  pli  de  son  sourire. 
Je  vis  que  sa  fierté  ne  pouvait  tout  me  dire  ; 
Que  les  rêves  par  elle  évoqués  autrefois 
Avaient  trompé  son  cœur  et  méconnu  sa  voix. 
Mais  si  quelque  regret  parut  troubler  son  àme. 
Ce  sentiment  fut  court,  et  la  charmante  femme 
Reprit  vile  son  calme  et  sa  sérénité. 


Le  poète  poursuit  sa  pensée,  dépeint  le  recueillement  de 
deux  âmes  séparées  par  les  conventions  sociales,  mais  unies 
dans  un  même  sentiment. 


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-841  — 

U  termine  par  ces  vers  : 

Oui,  près  de  nous  la  Icrre  a  des  gerbes  de  fleurs  ; 

La  brise,  des  accents  pleins  de  mélancolie, 

El  la  mer,  des  grandeurs  que  jamais  on  n*oublie  ! 

Mais  pour  trouver  du  charme  au  spectacle  changeant 

Do  l'abrupte  falaise  ou  des  vagues  d'argent 

Qui  brisent  le  rocher  ou  dansent  sur  la  plage  ; 

Pour  jouir  du  concert  mystérieux,  sauvage 

Dont  les  flots  et  la  brise,  au  sein  d'un  jour  béni. 

Bercent  les  fleurs,  les  bois,  le  monde  et  l'inflni  : 

Il  faut  qu'une  secrète  et  bienfaisante  flamme 

Puisse,  en  reflets  divins,  rayonner  dans  notre  âme 

Et  donner  aux  objels  placés  autour  de  nous 

De  plus  puissants  reliefs  ou  des  accents  plus  doux  ; 

11  faut  entendre  en  soi  chanter  de  belles  choses, 

Pouvoir  associer  au  souvenir  des  roses 

Celui  des  fruits  cueillis  dans  le  cours  du  chemin 

El  voir  briller  l'espoir  au  ciel  du  lendemain. 

M.  Léon  Maître  nous  a  rendu  compte  d'un  opuscule  de 
M.  Legoux,  relatif  à  Thisloire  d'une  petite  commune  de 
Seine-et-Marne,  Les  Chapelles  Bourbon.  Ce  sont  des  menus 
faits  qui  n'ont  réellement  d'importance  que  pour  les  habitants 
de  la  commune. 

Nous  devons  signaler  aussi  une  note  de  M.  Poirier  sur  la 
découverte  de  fragments  de  chars  gaulois  en  Bourgogne. 
M.  Poirier  en  a  tiré  des  inductions  curieuses  sur  l'industrie 
métallurgique  en  Gaule,  h  une  époque  très  reculée. 

M.  Delamare  dot  dignement  la  série  de  tous  ces  travaux 
par  son  lumineux  rapport  sur  YExposition  d'horticulture 
de  Nantes  et  par  la  communication  pleine  d'intérêt  qu'il  a 
faite  k  notre  dernière  séance  sur  les  ravages  du  mildew 
dans  un  vignoble  des  bords  de  la  Sèvre,  dans  les  environs 
de  Nantes. 


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—  842  — 

ïï  fî^U  rhislorique  de  l'invasion  du  cryptogame  dans  celle 
;  il  montre  ses  progrès  depuis  trois  ans  et  prouve 
é  d'un  traitement  tardif  au  sulfate  de  cuivre,  mais 
intages  décisifs,  par  des  exemples  frappants,  lorsque 
lement  est  préventif  et  est  appliqué  immédiatement 
i  floraison. 

îmande  pardon  à  mes  collègues  d'avoir  tant  écourté 
3te  rendu  de  leurs  travaux  ;  mais  je  ne  devais  pas 
que  mon  rapport  vient  après  le  discours  du  Président 
5de  celui  du  Secrétaire  adjoint.  J'ai  donc  cru  devoir  ne 
[)  fatiguer  votre  attention  et  la  réserver  au  contraire 
ïtendre  l'excellent  travail  que  va  vous  lire  loul  à 
M.  Gadeceau. 


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RAPPORT 


DE 


LA     COMMISSION     DES     PRIX 


SUR 


LE  CONCOURS  DE  L'ANNÉE  1886 

Par  m.  Emile  GADECEAU,  secrétaire  adjoint. 


Messieurs, 

Deux  ouvrages  imprimés,  biographiques  ;  un  roman,  de 
nombreux  recueils  de  poésie,  telles  sont  les  œuvres  qui 
briguent,  cette  année,  les  suffrages  de  la  Société  Académique  : 
c'est  donc  d'un  concours  purement  littéraire  que  je  vais 
avoir  l'honneur,  quelque  peu  périlleux  pour  moi,  de  vous 
rendre  compte,  sans  y  être  autrement  préparé  que  4)ar  le 
goût  et  l'intérêt  que  m'ont  toujours  inspirés  les  productions 
artistiques. 

Mais,  grâce  à  l'organisation  de  votre  savante  Compagnie, 
j'ai  pu  trouver  dans  ceux  de  mes  confrères  qui  composent  la 
Commission  des  prix,  des  juges  compétents  el  éclairés  dont 
je  m'efforcerai  de  traduire  les  impressions. 

Je  commencerai  mon  analyse  par  l'examen  des  deux 
volurhes  dus  à  la  plume  exercée  de  M.  Kerviler. 


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—  5U  — 

Lauréat  de  rAcadémie  fraDçaise,  raateor  est  loin  d'être 
un  incoDDu,  surtout  pour  vous,  Messieurs,  qui  Tavez  déjà 
couronné. 

Même  avec  le  concours  des  collaborateurs  qu'il  nous  cite, 
on  pourrait  se  demander  comment  le  savant  ingénieur, 
archéologue  et  poète,  a  pu  trouver  le  moyen  de  se  livrer  aux 
recherches  laborieuses  et  patientes,  au  travail  de  bénédictin, 
que  met  en  lumière  son  Répertoire  de  bio-bibliographie 
bretonne,  si  Ton  ne  savait  déjà  qu'il  est  des  natures 
exceptionnellement  douées  qui  fournissent  une  somme  de 
travail  que  les  autres  ne  sauraient  atteindre. 

Que  de  documents  intéressants  dans  ce  premier  fascicule 
d'une  publication  qui  formera  une  sorte  d'encyclopédie 
brelonne  !  Ce  sont  là  de  précieux  matériaux  pour  quiconque 
écrira  sur  notre  chère  et  antique  province. 

J'espère,  néanmoins,  que  M.  Kerviler  voudra  bien  me 
permettre  de  me  faire  l'écho  d'une  légère  critique.  D  semble, 
en  effet,  d'après  le  titre  même  de  l'ouvrage,  qu'on  ne  devrait 
y  voir  figurer  que  des  noms  de  personnages  ayaht  acquis 
une  certaine  notoriété. 

Quant  à  ceux  qu'on  trouve  seulement  mentionnés  dans 
certaines  chartes,  ils  nous  sembleraient  mieux  à  leur  place 
dans  un  dictionnaire  des  noms  propres. 

Nous  croyons  qu'après  en  avoir  ainsi  éliminé  un  certain 
nombre  de  noms,  le  travail  dont  il  s'agit  n'en  serait  que 
plus  facilement  consulté  et  répondrait  mieux,  par  suite,  au 
but  que  l'auteur  s'est  visiblement  proposé. 

D'ailleurs,  nous  n'avons  actuellement  sous  les  yeux  que  le 
premier  volume  de  cette  publication,  nous  ne  pouvons  donc 
pas  la  récompenser  dès  à  présent. 

L'autre  ouvrage  a  pour  litre  :  La  Bretagne  à  V Académie 
française,  seconde  série  :  le  XVIII*  siècle. 

C'est  une  œuvre  capitale  et  de  longue  haleiner  qui  s'ap- 


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—  845  — 

puie  sur  des  recherches  historiques  consciencieuses  et  bien 
présentées  et  sur  une  collection  d'autographes  apparte- 
nant l\  l'auteur.  Toutes  les  sourceç  sont  scrupuleusement 
citées. 

Elle  met  en  relief  huit  Bretons  éminents  qui  ont  siégé  au 
XVIII«  siècle  à  l'Académie  française  et  ont  joué  un  rôle, 
souvent  considérable,  dans  les  lettres  ou  dans  la  politique. 

Un  des  portraits  les  plus  saisissants  nous  paraît  être  celui 
du  fameux  prince  Louis  de  Rohan,  tour  h  tour  ambassadeur 
à  Vienne,  évéque  de  Strasbourg,  cardinal  et  grand-aumônier 
de  France. 

Recevant  h  Strasbourg  la  jeune  archiduchesse  Marie- 
Antoinette,  qui  venait  en  France,  entourée  du  triple  prestige 
de  la  jeunesse,  de  la  beauté  et  de  la  naissance,  pour  épouser 
le  Dauphin  ;  il  adresse  à  la  future  souveraine  une  harangue 
dont  nous  retiendrons  les  lignes  suivantes  auxquelles  l'avenir 
réservait  un  si  cruel  démenti  : 

«  Vous  allez  être  parmi  nous  la  vivante  image  de  cette 
i>  Impératrice  chérie  ,  depuis  longtemps  l'admiration  de 
»  l'Europe,  comme  elle  le  sera  de  la  postérité.  C'est  l'âme  de 
•  Marie-Thérèse  qui  va  s'unir  ii  l'âme  des  Bourbons  :  d'une 
»  si  belle  union  doivent  naître  les  jours  les  plus  sereins,  et 
»  nos  neveux,  sous  l'heureux  empire  d'Antoinette  et  de 
»  Louis- Auguste,  verront  se  perpétuer  le  bonheur  dont  nous 
»  jouissons  sous  le  règne  de  Louis  le  Bien-Aimé  !  » 

Mais,  par  malheur  pour  lui,  le  Prince  ne  devait  pas  tarder 
à  s'aliéner  la  faveur  de  la  Dauphine. 

Déjà,  ambassadeur  à  Vienne,  son  luxe  effréné  et  peu  en 
rapport  avec  son  caractère  d'évêque,  indispose  Marie-Thérèse 
qui  charge  sa  fille  de  faire  décider,  sans  éclat,  son  rappel. 

Une  autre  circonstance  achève  de  le  perdre  dans  l'esprit 
de  Marie- Antoinette  :  par  une  indiscrétion  impardonnable,  le 
duc  d'Aiguillon  livre  à  la  Du  Barry  une  lettre  confidentielle 


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—  546- 

écrite  de  la  propre  main  du  prince  Louis  de  Rohan.  La  favo- 
rite en  donne  lecture  dans  un  des  soupers  de  Louis  XV  ! 

Plus  lard,  le  désir  de  rentrer  en  grâce  entraîne,  d'après 
notre  historien ,  la  participation  imprudente  du  cardinal  à 
l'affaire  retentissante  du  Collier  de  la  Reine. 

La  lutte  du  prélat  pendant  dix  années  contre  la  reine, 
malgré  Tbostililé  de  laquelle  il  parvient  enfin  au  Cardinalat  et 
à  la  Grande- Âumônerie,  (grâce  à  la  diplomatie  de  son  grand 
vicaire,  l'abbé  Georgel)  ;  sa  liaison  avec  Cagliostro  ;  le  récit, 
par  M°>«  d'Oberkirch,  de  l'une  des  entrevues  du  Prince  avec 
le  fameux«  Jongleur,  »  entrevue  à  laquelle  elle  assistait;  l'arres- 
tation du  cardinal ,  sa  conduite  â  la  Bastille,  le  jugement  du 
Parlement  dans  cette  affaire  du  Collier  ;  l'épilogue  dans  lequel 
Relaux  de  Villette  avoue  qu'il  est  l'auteur  de  la  signature  : 
Marie- Anloinelle  de  France  qui  avait  déterminé  le  cardinal 
à  acheter  le  >collier,  tout  cela  offre  le  plus  grand  intérêt  et 
les  faits  sont  présentés  d'une  façon  très  attachante. 

On  pourrait,  il  est  vrai,  reprocher  à  l'écrivain  son  extrême 
indulgence  pour  son  héros  et,  s'appliquant  à  un  historien,  le 
reproche  ne  manque  pas  d'une  certaine  gravité. 

On  relève,  au  reste,  dans  tout  l'ouvrage  une  tendance  géné- 
rale de  l'auteur  à  atténuer  les  défauts  des  personnages  histo- 
riques qu'il  met  en  scène,  tandis  qu'il  s'efforce  de  faire 
ressortir  leurs  qualités.  Celte  tendance,  très  louable  en  elle- 
même  et  que  nous  ne  saurions  blâmer  ailleurs,  doit  cepen- 
dant, dans  l'espèce,  être  signalée  conune  fâcheuse. 

Je  regrette  que  le  cadre  de  ce  rapport  m'interdise  de  suivre 
M.  Kerviler  dans  la  biographie  des  autres  académiciens 
bretons  célèbres.  On  me  permettra  cependant  de  signaler 
encore  k  l'attention  du  lecteur  la  sympathique  figure  de 
Maupertuis  qui  se  détache  avec? tant  de  netteté  et  de  vigueur, 
dont  le  caractère  semble  si  bien  retracé,  si  vrai,  si  vivant  : 
pour  ma  part,  c'est  la  biographie  qui  m'a  le  plus  captivé. 


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-  547  — 

Que  dire,  en  passant,  de  ces  vers  de  Voltaire  qui  consa- 
crent la  gloire  de  Mauperluis  ?  Cédons  plutôt  au  désir  de 
vous  les  lire  : 

«  Lorsque  ce  grand  courrier  de  la  philosophie 

»  Condamine  l'observateur, 
»  De  TAfrique  au  Pérou  conduit  par  Uranie, 

»  Par  la  Gloire  et  par  la  Manie 

»  S'en  va  griller  sous  TEquateur, 
A  Uaupertuis  et  Clairault,  dans  leur  docte  fureur, 

»  Vont  geler  au  pôle  du  monde. 
»  Je  les  vois  d'un  degré  mesurer  la  longueur 

»  Pour  ôler  au  Peuple  rimeur 

»  Ce  beau  mot  de  machine  ronde 
»  Que  nos  flasques  auteurs,  en  chevillant  leurs  vers, 
»  Donnaient  k  l'aventure  à  ce  plat  Univers.  » 

Le  biographe  nous  montre  d'abord  Maupertuis,  élégant 
danseur,  habile  musicien,  «  mêlant  à  ses  études  d'humanité 
»  des  notions  approfondies  d'histoire  naturelle,  science  pour 
»  laquelle  il  se  sentait  une  vive  inclination,  »  recevant  enfin 
de  Frerel  ce  conseil  que  «  la  géométrie  seule  pouvait  repaître 
»  son  âme  active  et  dévorante.  » 

Comment  ne  pas  suivre  un  tel  voyageur  dans  son  expédi- 
tion au  pôle  nord  1 

«  Disciple  de  Newton,  il  défendait  une  doctrine  admise  et 
»  établie  au  dehors,  mais  encore  peu  connue  et  accréditée 
»  chez  nous,  et  cela  en  opposition  avec  une  autre  doctrine, 
»  celle  de  Descartes  qui  conservait,  même  parmi  les  savants, 
9  de  nombreux  partisans.  » 

Il  y  fallait,  à  cette  époque  surtout,  un  certain  courage,  car 
«  le  nom  seul  d'attraction  révoltait  les  esprits  et  l'on  ne 
o  consentait  k  reconnaître  d'autre  cause  mécanique  univer- 
»  selle  que  l'impulsion.  » 

Âpres  avoir  mesuré  en  Laponie,  à  travers  m'dle  difficultés. 


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—  548  — 

Tare  du  pôle,  Maupertuis  revint  triomphant  et  sa  popalarité. 
fut  immense. 

Est-ce  son  amour  seul  pour  M"«  de  Bork,  fille  d'honneur 
de  la  reine-mère,  qu'il  épousa  en  1745,  qui  le  décida  à 
accepter  les  propositions  du  roi  de  Prusse  pour  l'attacher  à 
sa  cour?  Toujours  est-il  qu'il  dût,  plus  d'une  fois,*  regretter 
sa  décision,  car  il  nous  apparaît,  sur  le  déclin  de  sa  vie, 
abreuvé  de  sarcasmes  par  Voltaire  qui  ne  pouvait  lui  par- 
donner le  prestige  dont  il  jouit  jusqu'à  la  fin  dans  l'esprit  de 
Frédéric. 

«  Empoisonné  par  la  satire  et  la  calomnie,  Maupertuis 
»  mourut  à  la  peine  et  les  amertumes  les  plus  cruelles  ne 
«  lui  furent  pas  épargnées,  même  au  bord  de  la  tombe.  » 

Si  je  me  suis  étendu.  Messieurs,  sur  l'ouvrage  de  M.  Ker- 
viler,  c'est  que,  outre  le  plaisir  que  j'y  prenais  moi-même, 
il  importait  de  démontrer  que  nous  sommés  en  présence 
d'une  œuvre  vraiment  remarquable.  D'une  belle  ordonnance, 
écrite  dans  un  style  coloré^elle  présente  un  intérêt  soutenu. 

Il  serait  bien  flatteur  pour  notre  Compagnie  que  l'auteur 
voulût  bien,  à  l'avenir,  nous  réserver  la  primeur  de  pareils 
travaux  qui  rentrent  complètement  dans  notre  programme. 

Mais  il  nous  est  loisible,  d'après  ce  même  règlement, 
d'accorder  exceptionnellement  une  récompense  aux  ouvrages 
imprimés  traitant  de  travaux  intéressant  la  Bretagne  et  dont 
la  publication  ne  remonte  pas  k  plus  de  deux  années. 

D'autre  part,  l'auteur  ayant  naguère  reçu  de  vous,  pour 
d'autres  œuvres,  la  plus  haute  récompense  que  vous  puissiez 
accorder,  votre  Commission  lui  décerne,  pour  celle-ci,  un 
rappel  de  médaille  d'or. 

De  l'Histoire  au  Roman,  la  transition  semble  assez  naturelle, 
toute  épigramme  à  part.  Je  vais  donc  maintenant  vous  entre- 
tenir d'un  roman  manuscrit  ayant  pour  titre  :  V Etude  de 
maître  Robertin,  et  pour  devise  :  Favet  Neptunus  eunti. 


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—  549  — 

Celte  devise  est  d'autant  mieux  choisie  que  la  scène  se 
passe  d'abord  à  Nantes,  puis  sur  les  bords  de  l'Océan,  dans 
une  localité  connue  de  la  plupart  de  mes  auditeurs  :  à 
Préfailles.  * 

L'action  est  simple,  il  n'y  a  point  là  de  trame  compliquée, 
mais  un  plan  bien  ordonné  et  très  exactement  suivi,  offrant, 
çà  et  là,  des  incidents  intéressants.  Les  scènes  dramatiques 
y  sont  rares  ou  bien  le  relief  leur  fait  défaut  ;  les  grands 
ressorts  de  J'âme  humaine  n'y  sont  pas  mis  en  jeu  ;  en  un 
mot,  ce  n'est  pas  à  proprement  parler  un  roman,  c'est  plutô 
une  nouvelle  ;  en  tous  cas,  c'est  une  lecture  saine  et  agréable 
qui  repose  l'esprit  tout  en  parlant  au  cœur. 

Je  vais  essayer.  Messieurs,  de  vous  retracer  la  donnée 
choisie  par  l'auteur  et  les  principaux  personnages  qu'il  met 
en  scène. 

Maître  Robertin,  notaire  à  Nantes,  est  l'heureux  père  d'une 
charmante  jeune  fille,  Jeanne,  dont  l'apparition  dans  l'étude, 
un  beau  soir,  en  toilette  de  bal,  frappe  vivement  l'imagination 
du  jeune  breton  Michel  Kerven,  récemment  investi  des  fonc- 
tions de  second  clerc. 

11  songe  aux  blanches  «  koriganes  »  que  les  légendes  de  son 
pays  lui  ont  représentées  voltigeant,  la  nuit,  à  la  lueur  des 
feux  follets,  sur  les  landes  bretonnes. 

Ce  jeune  débutant,  fils  d'un  notaire  de  campagne  et  n'étant, 
paraît-il,  que  peu  ou  point  sorti  de  sa  bourgade,  nous  est 
dépeint  comme  assez  naïf,  ignorant  les  usages  du  monde  ; 

en  un  mot,  tout  le  contraire  d'un jeune  homme  à  la 

mode. 

Encouragé  par  l'indulgence  de  Jeanne  pour  ses  gaucheries, 
le  voilà,  en  peu  de  temps,  amoureux  de  la  jeune  fille  ;  mais 
il  a  un  rival  sérieux  dans  le  premier  clerc  :  le  comte  Armand 
de  Mauplessis,  petit  neveu  ou  cousin  au  cinquantième  degré, 
dit  l'auteur,  de  la  femme  du  notaire, 

34 


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—  850  — 

M°«  RoberliD,  née  Alhénaïs  de  Boislandry,  désireuse  de 
reconquérir,  par  sa  fille,  le  prestige  aristocratique  que  lui  a 
fait  perdre  son  mariage  avec  M.  Robertin,  a  su  extraire  ce 
cousin,  tout  exprès  pour  faire  de  lui  son  gendre,  d'un  petit 
collège  de  l'Anjou  oii  il  recevait  une  très  médiocre  éducation. 

M.  de  Mauplessis  entre  d'abord  au  lycée  de  Nantes,  puis, 
comme  premier  clerc,  dans  l'étude  de  maître  Robertin,  que 
sa  femme  avait  conduit  k  s'intéresser  à  ce  protégé. 

Joli  garçon,  d'une  grande  élégance  native,  avec  de  l'esprit 
et  un  caractère  aimable  et  gai,  il  ne  larda  pas  à  être 
accueilli  dans  les  salons  les  plus  enviés  où  il  acheva  d'acquérir 
ce  vernis  de  savoir-vivre  et  de  politesse  délicate,  qui  faisait 
enfin  de  lui,  à  l'époque  où  se  passe  l'action,  un  «  gentleman  » 
accompli. 

Voilà  donc  deux  natures  et  deux  caractères  essentiellement 
différents,  mus  tous  deux  par  le  même  mobile  :  aspirant  l'un 
et  l'autre  au  bonheur  de  devenir  l'époux  fortuné  de  la  belle 
Jeanne.  Mais,  tandis  que  M.  de  Mauplessis,  accompagnant  ces 
dames  dans  le  monde,  où  il  obtenait  tous  les  suffrages, 
travaillait  avec  effort,  après  une  nuit  de  bal,  le  jeune  Breton, 
laborieux,  attentif  et  persévérant,  s'adonnait  tout  entier  aui 
devoirs  de  sa  profession.  Le  premier  était  cependant  le  préten- 
dant presque  en  titre  ;  le  second  osait  à  peine  s'avouer  i 
lui-même  son  amour  pour  Jeanne,  et  la  réalisation  de  ses 
vœux  lui  apparaissait  comme  à  peu  près  impossible. 

Cette  situation  ne  tarde  pas  à  se  modifier  :  un  événeraenl 
subit  vient  jeter  un  grand  trouble  dans  l'existence  d'Armand 
qui,  malgré  une  certaine  légèreté  de  caractère ,  nous  a  élé 
représenté,  au  demeurant,  jusqu'ici,  comme  un  garçon  assez 
rangé  «  faisant  habituellement,  dit  l'auteur,  les  commissuns 
->  importantes  avec  célérité  ;  évitant  les  conversations  en 
»  chemin,  d 

Chargé  par  le  notaire  d'opérer  un  versement  de  dix  mille 


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-  551  ~ 

francs  chez  un  banquier  de  la  rue  Lafayette,  voici  qu'il 
rencontre,  rue  du  Cal\raire,  le  beau  Champerlé,  un  ami  de 
collège  devenu  parisien  et  qui  se  dit  maintenant  à  la  tête  de 
la  Banque  du  Nouveau-Mexique.  , 

L'entraîner  à  «  crébillonner  »  (*)  un  quart  d'heure,  puis  de 
\^  au  café,  enfin  à  une  partie  d'écarté  à  vingt  francs  la  fiche, 
tout  cela  semble  exécuté  en  un  tour  de  main  par  l'habile 
Champerlé  qui  trouve  ainsi  le  moyen  de  faire  perdre  à  son 
camarade,  de  revanche  en  revanche,  la  somme  entière  qu'il 
devait  verser  au  banquier  pour  le  compte  du  notaire 

Comment  sortir  d'une  telle  situation  en  présence  de  l'im- 
placable maître  Roberlin  qui  exige  le  remboursement  des 
dix  raille  francs  perdus?  —  C'est  ici  qu'éclate  le  machia- 
vélisme du  premier  clerc,  perfidie  que  nous  n'avions  guère 
pu,  jusqu'ici,  pressentir! 

Après  avoir  vainement  frappé  à  plusieurs  portes  pour 
arriver  à  emprunter  la  somme  en  question,  après  une  visite 
à  certain  juif  usurier  de  la  rue  du  Puits-d' Argent,  ne  voulant 
pas  engager  sa  signature  réclamée  par  ce  dernier,  Mauplessis 
imagine  de  décider  Kerven  à  donner  la  sienne 

A  la  pensée  des  pleurs  que  Jeanne  allait  répandre  en  se 
voyant  à  jamais  séparée  de  son  fiancé,  à  celle  de  la  haine 
qu'elle  ne  manquerait  pas  de  lui  vouer  en  apprenant  son 
refus  de  sauver  Armand,  l'héroïque  Breton,  immolant  son 
propre  bonheur,  se  laisse  entraîner  chez  le  juif  et  donne  sa 
signature  ! ...  ce  qui  permet  à  Armand  de  rembourser  les  dix 
mille  francs  et  de  sortir  à  peu  près  intact  de  cette  crise  vis-à- 
vis  de  son  futur  beau-père. 

C'est  à  Préfailles  que  se  déroule  la  seconde  partie  du 
roman  et  que  les  rôles  achevant  de  s'intervertir,  Mauplessis 

(*)  Expression  locale  :  flâner  dans  la  rue  Grébillon. 


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—  552  — 

va  perdre  lout  à  fait^dans  le  cœur  de  Jeanne,  une  place  que 
Tamour  noble  et  vrai  de  Kerven  a  conquise  peu  à  peu  ei 
qu'il  finira  par  occuper  tout  entière. 

Au  milieu  d'une  société  un  peu  interlope  de  plage  et  de 
casino,  l'ami  Gbamperlé,  qui  semble  décidément  le  mauvais 
génie  d'Armand,  apparaît  de  nouveau.  Il  est  accompagné, 
cette  fois,  d'une  élégante  :  une  soi-disant  •  princesse  russe 
parisiannisée ,  »  que  ses  qualités  d'intrépide  nageuse  et  le 
cbarme  de  sa  voix,  ont  fait  surnommer  «  la  Sirène  »  parmi 
les  buveurs  d'eau  que  l'on  voit  groupés,  chaque  soir,  d'une 
façon  souvent  assez  pittoresque,  sur  les  rochers  de  la 
source  minérale  de  Quirouard. 

Le  trop  léger  fiancé  de  Jeanne  se  laisse  prendre  aux 
séductions  de  cette  sirène  et  malgré  les  efforts  d'un  ami,  qui 
cherche  à  lui  tendre  une  planche  de  salut  en  racontant  une 
jolie  légende  du  pays,  dite  :  la  Légende  des  Echevelés, 
Armand  de  Mauplessis,  sourd  à  cet  apologue,  dédaignant  la 
perle  fine  pour  choisir  le  faux  brillant,  délaisse  Jeanne, 
sensible  et  bonne,  pour  s'atteler  au  char  triomphal  de  la 
Sirène  aux  yeux  changeants  ! 

Jeanne  surprend  un  jour,  entre  les  deux  amants,  un  dia- 
logue qui  ne  peut  lui  laisser  la  moindre  illusion  sur  son 
malheur. 

Pendant  ce  temps,  et  en  l'absence  d'Armand,  Michel 
Kerven  est  devenu  le  clerc  favori  de  maître  Roberlin,  aussi, 
celui-ci  lui  propose-t-il  d'aller  passer  un  ou  deux  jours  à 
Préfailles,  le  priant  de  lui  rapporter  des  nouvelles  de  ces 
dames. 

Ici  se  place  une  scène  dramatique  : 

Par  une  magnifique  soirée,  la  vue  de  la  mer  phosphores- 
cente inspire  à  quelques  baigneurs  le  dés'u*  de  se  plonger 
dans  cet  océan  de  feu.  Jeanne  est  du  nombre,  soit  que  le 
désir  de  rivaliser  avec  la  Sh^ène  se  fût  emparé  d'elle,  soit 


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-553  — 

qu'elle  cédât  simplement,  comme  les  autres,  aux  attraits  de 
ce  bain  embrasé  ; elle  s'éloigne  de  la  rive 

Tout  à  coup  des  cris  de  détresse  se  font  entendre,  une 
jeune  fille  est  en  péril  !  Kerven  se  précipite  et  ramène  au 
rivage  Jeanne  !  Jeanne  qu'il  a  sauvée  !  ! 

Mais  arrivons  enfin  au  dénouement  : 

Les  baigneurs  sont  de  retour  à  Nanles;  Armand,  tout  entier 
à  sa  passion,  ne  travaille  plus  qu'avec  dégoût.  11  est  sujet 
à  d'étranges  distractions  :  «  écrit  une  phrase  de  romance  sur 
»  la  marge  d'un  contrat  »  et  va  même  jusqu'à  glisser  dans 
le  portefeuille  de  maître  Robertin,  le  testament  d'un  marchand 
de  chiffons  à  la  place  du  contrat  de  mariage  de  la  richissime 
M"«  Collinet.  Et  le  grave  notaire  commence  machinalement 
cette  lecture,  dans  le  grand  salon  de  famille,  au  scandale 
indicible  de  l'assemblée  ! 

A  la  suite  de  cet  incident  comique,  présenté  par  l'auteur 

d'une  façon  très  heureuse,  Mauplessis  disparaît 11  est 

allé  rejoindre  la  Sirène,  à  Paris. 

Sur  ces  entrefaites,  la  famille  Kerven  arrive  à  Nantes  et, 
à  l'instant  oii  les  portes  du  salon  du  notaire  s'ouvrent  pour 
la  recevoir,  apparaît  le  juif  Isaac  qui  vient  réclamer  la  somme 
pour  laquelle  Kerven  s'est  porté  garant  par  sa  signature  ! 

La  scène  est  émouvante  par  la  seule  situation  des  per- 
sonnages qui  la  composent  et  qui  sont  tous  intéressants  ; 
présenté  d'une  façon  plus  vigoureuse,  cela  ferait,  au  théâtre, 
une  fin  d'acte  très  réussie.  Malheureusement,  je  dois  le  dire, 
ici  la  peinture  est  à  peu  près  absente.  A  la  faveur  des 
qualités  sérieuses  relevées  dans  son  œuvre,  Tauteur  me 
permettra,  en  passant,  cette  critique  à  propos  d'un  épisode 
dont  il  pouvait  tirer  un  grand  effet. 

Voilà  le  pauvre  Kerven  au  désespoir;  heureusement  Jeanne 
est  là  :  un  propos  entendu  à  la  soirée  de  M"®  Collinet  l'avait 
déjà  mise  sur  la  voie  ;  elle  questionne  Michel  sur  l'emploi  des 


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—  554  — 

dix  mille  francs  réclamés  par  le  juif  Isaac,  et  bientôU  avec 
cette  intuition  surprenante  de  la  femme  qui  veut  sauver  celui 
qu'elle  aime,  elle  a  tout  deviné  :  elle  écrit  à  Armand  de 
Mauplessis  chez  la  princesse  Macoff,  boulevard  Saint-Germaio, 
à  Paris. 

Abandonné  par  la  Sirène,  compromis  dans  les  affaires  de 
la  Banque  du  Nouveau-Mexique,  condamtié  de  ce  chef  à  trois 
mois  de  prison,  l'ancien  premier  clerc  de  maître  Robortin 
subissait  en  ce  moment  les  terribles  conséquences  de  sa 
légèreté.  Elles  ne  lui  avaient  pas  encore  cependant  cï)mplète- 
ment  ouvert  les  yeux,  car  nous  le  voyons  se  battre  en  duel 
avec  l'un  des  favoris  de  la  Sirène  et  recevoir  du  général 
Sapoukine  une  balle  en  pleine  poitrine.  La  lettre  de  Jeanne 
lui  était  parvenue  quelques  heures  avant  ce  duel  :  se  voyant 
mortellement  frappé,  il  écrit  d'une  main  tremblante  sur  un 
feuillet  déchiré  de  son  carnet  l'aveu  de  sa  faute,  puis  il 
délègue  son  ami  Virmont  pour  aller  porter  lui-même  ce 
billet  à  Jeanne. 

Tout  s'explique:  maître  Robertin  court  au  Palais  pour 
arrêter  l'affaire  Kervcn,  car  Isaac  avait  mis  ses  menaces  à 
exécution.  Le  juif  est  payé  par  le  notaire,  Armand  meurt 
des  suites  de  sa  blessure  et,  l'année  suivante,  Hector  de 
Virmont  reçoit  l'invitation  d'assister  au  mariage  de  M"«  Jeanne 
Robertin  avec  M.  Michel  Kerven. 

M"»  Athénaïs  Robertin,  née  de  Boulandry,  ne  pouvant 
se  résigner  à  ne  pas  voir  sa  fille  comtesse,  finit  par 
découvrir  un  savant  généalogiste  qui  lui  aflfirmc  que  les 
Kerven  sont  certainement  de  race  noble  ! 

Vous  le  voyez.  Messieurs,  l'histoire  est  essentiellement 
morale  :  la  vertu  est  récompensée,  le  vice  puni;  la  vanité  seule, 
incorrigible,  renaît  de  ses  cendres  ! 

En  résumé,  nous  trouvons  dans  XÈlude  de  maître 
Robertin  un  ensemble  de  qualités  remarquables  :  plan  bien 


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—  568  — 

ordonné  et  sagement  conduit;  style  simple,  correct,  élégant 
parfois;  Tart  des  nuances  et  le  talent  d'observation  s'y 
révèlent  d'une  façon  éclatante  ;  «  tout  est  bien  pondéré,  et 
i>  l'auteur  a  su,  tout  en  ayant  l'air  de  laisser  courir  sa  plume 
»  un  peu  au  hasard,  s'observer,  se  modérer  ou  ne  s'écarter 
•  qu'avec  précaution.  » 

Certaines  scènes  m'ont  paru  particulièrement  bien  traitées  ; 
telles  sont  :  l'apparition  première  de  la  fille  du  notaire,  en 
toilette  de  bal,  dans  l'étude  ;  le  récit  du  peintre,  sur  les 
rochers  de  la  source,  lorsqu'il  dit  la  Légende  des  Êchevelés  ; 
le  contrat  de  mariage  de  M"«  Collinet,  avec  son  incident 
vraiment  comique  ;  la  première  visite  d'Isaac  à  Kerven,  fort 
habilement  décrite. 

Noire  rôle  de  critique  devient  moins  agréable  lorsqu'il  nous 
impose  la  nécessité  de  placer  à  côté  des  qualités  les  défauts; 
toutefois,  j'imagine  que  beaucoup  d'auteurs,  protégés  qu'ils 
sont,  au  moment  oii  je  parle,  par  le  voile  de  l'anonyme,  ont 
trop  d'esprit  pour  ne  pas  accueillir,  sans  amertume,  les 
observations,  quelquefois  même  les  conseils,  d'une  critique 
bienveillante,  quoique  impartiale. 

Nous  dirons  donc  maintenant  à  l'auteur  de  VÉtude  de 
maître  Robertin  que  son  roman  n'est  qu'une  intéressante 
nouvelle,  que  ce  n'est  pas  une  œuvre  capitale.  Que,  quelque 
bien  traitée  qu'elle  soit,  elle  permet  d'apercevoir  que  l'art 
de  la  mise  en  scène  laisse  à  désirer,'  que  la  couleur  fait 
souvent  défaut,  aussi  bien  dans  les  descriptions  de  lieux  que 
dans  les  scènes  dramatiques. 

Sans  vouloir  nier  un  certain  art  relatif  dans  la  peinture  de 
Préfailles  et  de  la  vie  de  bains  de  mer,  nous  croyons  qu'il  y 
avait  là  mieux  à  faire  encore  ;  enfin  l'émotion  ne  paraît  pas 
s'être  emparée  de  l'écrivain  lorsqu'il  raconte  le  danger  de 
Jeanne,  sur  le  point  de  se  noyer,  et  l'héroïque  sauvetage  de 


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Kerven  :  cette  émotion,  absente  chez  l'auteur,  ne  saurait, 
par  suite,  pénétrer  dans  l'âme  du  lecteur. 

Le  vrai  pouvant  parfois  n'être  pas  vraisemblable,  nous 
serons  bon  prince  en  ce  qui  concerne  les  invraisemblances 
dans  un  genre  d'ouvrage  qui  n'a  même  piSs  la  prétention 
d'être  vrai. 

Toutefois,  la  rapidité  presque  foudroyante  de  la  première 
chute  d'un  garçon  aussi  rangé  jusque-là  que  Mauplessis  ;  la 
facilité,  plus  surprenante  encore,  avec  laquelle  un  usurier 
prête  une  somme  assez  importante  sur  la  signature  d'an 
garant,  sans  autre  fortune  que  l'honorabilité  de  son  nom  ; 
l'adhésion  de  Kerven  à  un  tel  compromis,  sont  des  invrai- 
semblances de  nature  à  détruire  toute  illusion  chez  un  lecteur 
qui  voudrait  que  «  ce  fût  arrivé.  » 

Faisant  la  part  des  qualités  et  des  défauts,  se  trouvant  en 
présence  d'une  œuvre  saine,  offrant  de  grandes  qualités  de 
composition  et  de  style ,  votre  Commission  n'hésite  pas , 
Messieurs,  malgré  les  imperfections  signalées,  à  décerner 
une  médaille  de  vermeil  grand  module  à  l'ouvrage  intitulé  : 
L'Etude  de  maître  Robertin,  ayant  pour  devise  :  Favet 
Neplumis  eunti. 

Je  crains  d'avoir  déjà  fatigué  votre  attention  à  l'instant  où 
j'arrive  à  vous  parler  de  la  poésie  ;  heureusement,  c'est  là 
comme  une  source  pure  et  rafraîchissante  où  l'humanité  s'est 
plu  à  se  désaltérer  à  toutes  les  époques  et  surtout  après  ses 
plus  rudes  étapes  et  ses  marches  forcées.  Je  comple  sur  cette 
bienfaisante  influence  pour  permettre  à  mon  indulgent  audi- 
toire de  me  suivre  jusqu'au  bout. 

Nous  dirons  peu  de  chose  du  premier  recueil  ayant  pour 
titre  :  Les  Printanières  et  pour  épigraphe  :  Faire  bien  et 
laisser  dire. 

C'est  une  belle  chose  que  le  printemps  et  nous  en  sommes 
tous  plus  ou  moins  amoureux  ;  mais  Ure  quatre-vingts  pages 


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de  vers,  d'ailleurs  harmonieux,  très  bien  rythmés,  sur  ce  seul 
sujet,  sans  trouver  aucune  autre  idée,  sous  ce  voile  embaumé, 
qu'un  éloge  sans  fin  des  prés,  des  bois  et  des  monts,  cela 
nous  rappelle  ces  vieilles  romances  qui  empruntent  tout 
leur  charme  à  l'effet  magnétique  que  produit  sur  l'auditeur 
le  retour  continuel  du  même  air ,  du  même  rythme ,  de  la 
même  cadence  ! 

Toutefois ,  voire  Commission ,  sans  accorder  de  récom- 
pense k  ces  pages,  engage  l'auteur  à  persévérer  dans  une 
voie  que  la  facililé  extrême  de  sa  versification ,  et  son 
sentiment  incontestable  du  rythme,  lui  rendront  fructueuse 
s'il  parvient  h  refréner  cette  exubérance  poétique  et  à  concen- 
trer davantage  sa  pensée  sur  un  sujet  choisi  avec  soin. 

Un  poète  qui  ne  paraît  pas  être  un  débutant  nous  envoie 
une  pièce  ayant  pour  litre  :  Simple  histoire  et  pour  épi- 
graphe :  Beati  mites. 

«  Cette  simple  histoire  est  celle  d'une  veuve  qui,  par  ses 
»  soins  maternels,  ayant  arraché  à  la  mort  l'unique  enfant 
»  qui  lui  reste,  a  la  douleur  de  le  voir  s'adonner  à  l'ivro- 
»  gnerie  et  se  laisser  aller  jusqu'à  la  frapper  violemment. 
»  Cité,  pour  ce  fait,  en  police  correctionnelle,  le  jeune  homme 
»>  va  avouer  sa  faute  quand,  par  un  prodige  d'amour  mater- 
»  nel,  la  mère  déclare  que  c'est  elle  qui  a  frappé  la  pre- 
»  mière.  Vaincu  par  cet  excès  d'amour,  le  coupable  purifié 
»  fond  en  larmes  et  devient  un  homme  nouveau.  » 

Nous  regrettons  que  la  recherche,  peut-être  un  peu  exa- 
gérée, des  contrastes,  ait  pu  conduire  le  poète  à  choisir  un 
sujet  en  résumé  peu  sympathique.  Certes,  l'amour  maternel 
est  de  taille  à  atteindre  ces  hauteurs,  mais  ici  l'ignominie  du 
fils  nous  voile  l'héroïsme  de  la  mère. 

De  plus,  je  suis  forcé  d'ajouter  que  nos  confrères  les  plus 
compétents  ont  relevé  dans  cette  poésie  quelques  incorrections. 

Cependant,  dans  l'ensemble,  votre  Commission,  estimant 


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que  la  pièce  mérite  une  récompense,  accorde  une  mention 
honorable  à  l'auteur  qui  a  pris  pour  devise  :  Beati  mites. 

Nous  trouvons  ensuite,  dans  un  seul  et  même  envoi,  deux 
recueils  dont  la  facture  semble,  au  reste,  indiquer  qu'ils  sont 
bien  les  enfants  d'un  même  père. 

Le  premier  a  pour  titre  :  Sonnets  et  Poèmes  et  pour 
épigraphe  :  A  toi  mes  vœux,  6  ma  vieille  Bretagne,  etc. 

Du  second,  nous  dirons  seulement  qu'il  nous  annonce  un 
dizain  de  sonnets  inédits  et  que  sa  devise  :  Un  sonnet  sans 
défaut,  hélas,  il  n'en  est  pas  !  nous  a  paru  par  trop  justifiée. 

Un  seul  de  ces  sonnets,  intitulé  :  Le  Pôle,  nous  a  plu  sans 
restriction  ;  d'autres,  comme  VOcéan  amoureux,  sans  être 
dépourvus  de  mérile,  ont  un  caractère  un  peu  libre  pour  un 
concours  académique,  ou  comme:  Matin  d'avril,  sont  d'un 
réalisme  qui  ne  saurait  nous  agréer. 

Quant  au  premier  recueil,  il  contient,  à  côté  de  poésies 
très  réussies,  des  pièces  absolument  choquantes,  entre  autres  : 
Poésie  et  Naturalisme,  dédiée  à  Emile  Zola. 

Comment  un  poète  bien  doué,  qui  paraît  surtout  posséder 
à  un  haut  degré  le  sentiment  de  la  nature  et  qui  semble,  de 
plus,  amoureux  de  la  forme,  a-t-il  pu  déparer  cet  opuscule 
en  y  insérant  des  pages  qui  sont,  à  *  nos  yeux,  la  négation 
de  toute  poésie  ? 

Il  faudrait  l'instinct  délicat  de  l'abeille,  butinant  dans  un 
pareil  champ,  pour  y  découvrir  les  fleurs  parfumées  dont 
elle  fait  le  miel  ! 

Essayons  pour! an t  d'y  réussir  et  le  Paysage  breton  nous 
dédommagera  de  nos  peines. 

Cette  pièce  mérite  d'être  lue,  la  voici  presque  en  entier  : 

«  A  quelques  pas  du  roc  où  l'Océan  se  brise, 

D  Dans  une  flaque  d'eau  pourrissent  quelques  joncs  ; 

D  Puis  la  lande  commence  et  s'étend  morne  et  grise  : 


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»  L'hiver  a  flétri  l'or  de  la  fleur  des  ajoncs. 
»  Une  âpre  bise  souffle,  cl,  du  faîle  h  la  base, 

»  Tressaille  un  frêne  rabougri, 
»  Qu'on  prendrait,  au  milieu  de  cette  plaine  rase, 

»  Pour  un  voyageur  sans  abri. 
»  Près  d'un  bloc  de  granit,  les  racines  énormes 

I)  D'un  chêne  au  tronc  noueux, 
»  Rampent  dans  tous  les  sons  et,  repliles  difformes, 

»  S'enfoncent  dans  un  sol  boueux. 
»  Une  source,  plus  loin,  goutte  à  goutte,  s'épanche 

»  Et  roule  enlre  quelques  cailloux  ; 
1»  Sur  l'onde  qui  murmure  une  humble  fleur  se  penche, 
9  Et  le  ruisseau  se  perd  sous  un  buisson  de  houx. 
»  Un  hôlre  croît  au  bord  d'une  large  crevasse, 
»  Ombrageant  les  rameaux  d'un  maigre  noisetlier  ; 
»  Et  l'épaisse  bruyère  et  le  genêt  vivace 
»  Couvrent  la  terre  inculte,  et  cachent  lout  senlier. 


»  A  quelques  pas  du  roc  où  l'Océan  se  brise, 

»  Une  vache  à  l'œil  doux  broute  un  maigre  gazon 

»  Et  loin,  jusqu'à  la  mer,  là-bas,  à  l'horizon, 

»  La  lande  continue  et  s'étend  morne  et  grise....» 

Tenant  compte  des  qualités  que  décèlent  ces  œuvres  chez 
son  auteur,  et  tout  en  l'invitant  à  en  écarter  désormais  des 
pièces  déplacées  dans  un  concours  académique ,  vous  avez 
-attribué  une  médaille  de  bronze  au  poète  qui  a  pris 
pour  épigrapjic  :  «  A  toi  mes  vwux,  6  ma  vieille  Bretagne  » 
et  «  Un  sonnet  sans  défaut,  hélas,  il  n'en  est  pas!  » 

Nous  arrivons  enfin  à  deux  poésies  que  nous  avons  le 
plaisir  de  pouvoir  louer  sans  réserve  ;  elles  sont  envoyées 
sans  épigraphe  avec  leurs  seuls  litres  : 

Agar  et  Ismaël,  scène  lyrique  et  Je  meurs  pour  la 
Patrie  ! 


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Je.  ne  saurais  mieux  faire  que  de  reproduire  ici,  k  propos 
de  la  scène  lyrique,  Fopinion  d'un  des  membres  de  la  Com- 
mission, juge  compétent  à  tous  les  points  de  vue  sur  un 
pareil  sujet. 

•  Cette  scène  lyrique,  nous  dit-il,  est  tout  à  fait  dans  le 
»  ton  de  ces  temps  antiques  et  naïfs  ;  on  sent  déjà,  dans 
»  Ismaël,  l'homme  du  désert,  le  futur  arabe,  ivre  d'indépen- 
»  dance,  que  visitaient  les  anges  du  ciel.  Agar  passe  par 
»  toutes  les  émotions  qui  peuvent  déchirer  un  cœur  de 
»  mère.  Elle  est  successivement  confiante  et  abattue.  Elle 
»  craint  pour  son  fils  et  elle  espère.  Tout  cela  est  bien 
»  rendu,  fait  avec  le  plus  grand  soin,  presque  limé.  » 

La  seconde  pièce,  plus  accessible  au  jugement  des  pro- 
fanes, vous  saisit,  vous  émeut,  vous  altendrit.  C'est  une 
production  des  plus  honorables  pour  son  auteur,  où  l'on 
sent,  il  est  vrai,  l'influence  d'un  de  nos  meilleurs  poètes 
contemporains,  mais  qui  atteint  le  caractère  essentiel  de 
l'art,  à  mon  avis:  émouvoir  ! 

La  lecture  complète  pourrait  seule  en  donner  l'idée  exacte  ; 
force  nous  est  cependant  de  la  fragmenter.  Nous  essaierons 
de  le  faire,  sans  nous  flatter,  toutefois,  de  n'en  pas  affaiblir 
Tefl'et  et  en  réclamant,  pour  le  lecteur,  toute  l'indulgence 
de  l'assemblée. 

Le  récilant,  chargé  de  la  douleureuse  mission  d'informer 
son  vieux  général  de  la  mort  de  son  fils,  arrive  à  son  foyer, 
par  une  belle  matinée  de  printemps  ;  il  trouve  le  vieillard 
souffrant,  torturé  par  la  goutte,  le  visage  pâli  ;  4)lus  encore  : 
obsédé  par  un  poignant  souvenir,  presque  un  remords,  qui, 
depuis  longtemps,  le  poursuit  jusque  dans  son  sommeil. 

«  Voulez-vous  écouter  une  confession  que  je  vous  dois, 
n  k  vous  que  j'aime  et  que  j'estime,  »  lui  dit  le  général. 

Puis  épanchant  son  cœur  dans  celui  de  son  jeune  ami,  il 
lui  raconte  comment,  au  siège  de  Saragosse,  son   frère 


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-861- 

Adrien,  qui  commandait,  tombe  frappé  h  mort  par  la  main 
d'un  enfant. 

«  H  gisait  inrnnobile, 
»  Ce  géant,  terrassé  par  une  main  débile  ! 
»  Affolé,  ne  pouvant  maîtriser  ma  fureur, 
»  Je  courus  au  bambin  qui,  calme,  sans  terreur, 
»  Attendait  ;  je  frappai  de  mon  sabre  avec  rage , 
»  Kt  son  sang  par  deux  fois  me  jaillit  au  visage. 
.»  H  se  soutint  au  mur,  son  regard  se  troubla; 
»  Convulsé,  tout  son  corps  se  roidit  et  trembla, 
D  H  tomba  lourdement  :  «  Sainte  Vierge  Marie, 
»  Ayez  pitié  de  moi,  je  meurs  pour  la  Patrie  !  » 
»  Murmura-t-il  —  Ces  mots  chassèrent  de  mon  cœur 
»  La  colère,  et,  honteux,  pitoyable  vainqxieur, 
9  Je  suivis  les  soldats  qui  marchaient  avec  peine, 
»  Brisé  par  la  douleur,  l'œil  morne,  rârne  pleine 
»  De  remords  ;  maudissant  le  funeste  pouvoir 
»  D'écraser  ce  qu'on  sait  bien  être  le  devoir, 
»  Et  peut-être  le  droit  !  » 


L'autre  épisode  est  plus  attendrissant  encore  :  cette  fois, 
c'est  un  jeune  français  que  le  général  voit  frappé  par  les 
balles  étrangères  ! 

«  A  quelques  pas  de  moi, 
M  Un  fifre,  au  premier  rang,  combattait  sans  émoi. 
»  Je  regardais  Tenfant  après  chaque  décharge, 
»  Et  toujours,  campé  droit,  gaSment,  sonnant  la  charge, 
»  Je  voyais  le  gamin  sublime  et  souriant. 
»  11  se  fit  tout  à  coup  un  silence  effrayant. 
»  Dans  un  nouvel  effort  refoulant  notre  armée, 
»  L'ennemi  s'avançait  farouche  ;  la  fumée 
»  Obscurcit  un  instant  les  épais  bataillons, 
9  Mais  bientôt  le  soleil,  de  ses  ardents  rayons, 
»  Perça  le  noir  rideau  flottant  comme  un  nuage  ; 


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-562  — 

»  Et  bien  que  la  mitraille  eût  porté  le  ravage 

»  Parmi  nous,  nos  soldats  repoussaient,  frémissants, 

»  Cet  assaut  meurtrier,  ces  efTorts  impuissants. 

»  A  mes  côtés  le  fifre  est  à  la  même  place  ; 

»  Sa  petite  main  fait  un  geste  de  menace, 

»  Il  prend  Tarme  d'un  mort  sur  la  terre  couché, 

»  Le  coup  part,  un  Anglais  bondit,  il  est  touché  ; 

»  De  sa  tête  trouée  un  flot  de  sang  ruisselle, 

»  Il  tourne  sur  lui-même,  étend  les  bras,  chancelle, 

»  Il  s'abat  foudroyé  par  la  main  de  Tenfant. 

»  Le  fusil  est  jelé  ;  le  fifre  triomphant, 

»  Tout  fier  de  son  succès  ;  cambrant  sa  maigre  taille, 

»  A  repris  sa  fanfare  et  son  rang  de  bataille. 

»  Nous  avançons.  Soudain,  un  ouragan  de  fer 

D  Décime  nos  soldats,  trouant,  broyant  la  chair... 

»  Le  fifre  était  atteint,  la  blessure  était  grave  ; 

»  Les  ennemis  avaient  fauché  le  jeune  brave  : 

«  Canailles  !  m'écriai-je  en  leur  montrant  le  poing.  » 

»  Je  soulevai  Tenfant,  le  portant  avec  soin, 

»  Et  je  le  déposai  sur  le  bord  d'une  route  : 

»  De  sa  plaie  un  sang  noir  s'écoulait  goutte  k  goutte, 

»  Sa  main  pendait  inerte  et  froide  ;  on  entendait 

»  Battre  à  peine  son  cœur  ;  sur  son  front  s'étendait 

»  Une  sérénité  qu'on  ne  saurait  décrire  \ 

»  Sa  bouche  s'enlr'ouvrit  dans  un  pâle  sourire, 

TU  Sur  moi  son  doux  regard  se  fixa  longuement. 

»  Il  prit  ma  main,  et  puis  murmura  doucement  — 

»  Un  râle  soulevant  sa  poitrine  meurtrie  :  — 

«  Mon  capitaine,  adieu  ;  je  meurs  pour  la  Patrie  !  » 

H  Sa  tête  lourdement  tomba,  son  corps  frémit, 

»  Il  ferma  ses  yeux  noirs  et  sa  lèvre  blêmit, 

»  Un  spasme  secoua  la  pauvre  créature, 

»  Et  ce  fut  tout...  J'eus  froid  au  cœur:  quelle  torture  ! 

n  J'étais  seul,  nos  soldats  fuyaient  et  le  remord 

»  Accablait  tout  mon  être...  Hélas  !  cet  enfant  mort, 

9  Tombé  si  bravement  pour  son  pays,  sublime, 


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—  563- 

»  Qu'avail-il  fait  de  plus  que  l'autre,  ma  viclime?  — 

»  Ces  Taits  depuis  longlenips,  mon  ami,  sont  passés  ; 

»  Cependant  que  de  fois,  les  ebeveux  hérissés, 

n  Dans  mon  sommeil,  j'entends  une  voix  qui  me  crie  : 

a  Mon  capilaine,  adieu  ;  je  meurs  pour  la  Patrie  !  » 

»  PuisTenfant  espagnol  au  visage  blêmi 

»  M'apparaîl,  ses  regards  se  voilant  à  demi  ; 

»  Il  parle,  je  tressaille  au  son  de  sa  voix  rauque  ; 

»  Je  sens  fixé  sur  moi  son  œil  sinistre  el  glauque  ; 

»  Je  m'éveille  sans  force  et  la  sueur  au  front, 

»  Troublé  comme  un  soldat  qui  subit  un  affront.  » 

Encore  tout  treoiblant  de  Témotion  causée  par  les  souvenirs 
qu'il  vient  d'évoquer,  le  vieillard  laisse  tomber  soudain  les 
yeux  sur  la  lettre,  au  cachet  noir,  que  tient  à  la  main  son 
jeune  confident.  C'est,  hélas,  la  dernière  lettre  de  son  fils  ! . . . 
Elle  est  datée  de  Prusse 

«  Lisez-moi  cette  lettre, 

»  Je  le  veux,  je  l'exige,  et  sans  en  rien  omettre 

»  Père,  je  vais  bien  mal,  la  fièvre  m'a  repris, 

»  Je  me  croyais  sauvé,  inais  hier  j'ai  surpris 

»  Quelques  mots  qui  m'ont  fait  comprendre  ;  on  désespère 

»  De  ma  vie,  et  la  tombe  est  prête,  mon  bon  père  1. .. 

»  Jusqu'à  son  dernier  jour,  cause  de  tes  douleurs, 

»  Ton  enfant,  malgré  lui,  t'aura  coûté  des  pleurs. 

»  Pourquoi  mourir  ainsi,  brisé  par  la  souffrance, 

»  Dans  un  lit,  loin  de  lous,  exilé  de  la  France  !... 

>»  Mon  pays  est  là-bas,  là-bas,  à  l'horizon  : 

»  Ohi  !  revoir  ma  Bretagne,  et  ma  blanche  maison  ; 

»  La  lande  qui  s'étend  fleurie  ou  morne  et  grise, 

»  Sur  le  roc  qui  frémit  la  vague  qui  se  brise. . . . 

»  J'aurais  voulu,  frappé  dans  un  jour  de  combat, 

»  Au  bruit  sourd  du  canon,  expirer  en  soldat. . . . 

»  Chasse  le  désespoir,  mon  père,  je  t'en  prie  ; 

»  Je  t'aimais  bien,  adieu  :  le  meurs  pour  la  Patrie  / 


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-564- 


»  Le  vieillard  n*esl  pas  mort  :  il  se  Iralne  à  pas  lents, 
»  Tout  courbé  vers  la  terre,  et  les  genoux  tremblants  ; 
»  Ses  grands  yeux  caves  ont  un  regard  qui  me  navre; 
»  Mon  pauvre  général  !  C'est  un  vivant  cadavre, 
»  Bénissant  le  malheur  contre  lui  déchaîné  : 
»  Car  il  a  tant  soufTert  qu'il  se  croit  pardonné  !  » 

Cette  lecture  me  dispense  de  commentaire  :  elle  justifie 
à  elle  seule  votre  décision.  Vous  avez  décerné  une  médaille 
d'or  à  l'auteur  des  deux  pièces  ayant  pour  titre  : 

Agar  et  Ismaël; 

Je  meurs  pour  la  Patrie  ! 

Je  termine  ce  long  rapport  en  priant  mes  confrères  de  la 
Commission  des  prix  d'agréer  mes  remercîments  pour  leur 
concours  empressé  autant  qu'éclairé  et  je  constate  av^c 
plaisir  que  si,  cette  fois,  le  programme  spécial  de  la  Société 
Académique  n'a  pas  été  abordé,  notre  Compagnie  peut  néan- 
moins se  flatter  d'avoir  eu  à  juger  un  ensemble  d'œuvres 
intéressantes. 


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CONCOURS  DE  1886. 
RÉCOMPEiNSES  DÉCERNÉES  AUX  LAURÉATS 

PAR  LA  SOCIÉTÉ  ACADÉMIQUE. 


lo  Rappel  de  Médaille  d'or , 

A  M.  Kerviler,  pour  deux  éludes  historiques. 

2o  Médaille  de  vermeil  1^^  classe, 

A  M"®  Biou,  pour  son  roman  V Etude  de  maître  liobertin. 

30  Médaille  d'or, 

A  M.  Rouaud,  pour  une  scène  lyrique  et  une  poésie. 

4^  Médaille  de  bronze , 

Au  même,  pour  sonnets  et  poèmes. 


35 


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PROGRAMME   DES  PRIX 

PROPOSÉS 

R  LA  SOCIÉTÉ  ACADÉMIQUE  DE  NANTES 
POUR  L'ANNÉE  1887. 


Question.    ~    Etude   biographique   sur    un    ou 
plusieurs  Bretons  célèbres. 

Question.    —    Etudes    archéologiques   sur    les 
départements    de    TOuest. 

{Bretagne  et  Poitou.) 

îs  monuments  antiques  et  particulièrement  les  vestiges 
los  premiers  âges  tendent  à  disparaître.  L'Académie 
eillerait  avec  empressement  les  mémoires  destinés  k  en 
erver  le  souvenir. 

Question.  —    Etudes   historiques    sur    Tune  des 
Institutions  de  Nantes. 

Question.  —  Etudes  complémentaires  sur  la 
une,  la  flore,  la  minéralogie  et  la  géologie 
I  département. 

ous  possédons  déjà  les  catalogues  des  oiseaux,  des 
usques  et  des  coléoptères  de  notre  région,  ainsi  que  la 


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—  567  - 

flore  pbanérogamiqtie,  un  catalogue  des  cryptogames  et  un 
catalogue  des  minéraux. 

5«    Question.    —    Etude    sur    les    eaux    potables    de 

Nantes. 

6^     Question.    —     Traumatisme      et     impaludisme. 

7«    Question.   —    Etude    sur    les    épidémies    locales 
de   diphtérie. 

8«    Question.    -<    Canalisation    de    l'électricité    pour 
les     villes. 

9e  Question.  —  Transport  de  l'énergie  par  les 
moyens  connus:  câble  télodynamique ;  air  com- 
primé  ou   raréfié  ;   eau   forcée  ;  électricité. 

La  Société  académique,  ne  voulant  pas  limiter  son  concours 
à  des  questions  purement  spéciales,  décernera  une  récom- 
pense au  meilleur  ouvrage  : 

De  morale. 
De  poésie. 
De  littérature. 
D'histoire, 

D'économie  politique. 
De  législation. 
De  science. 
D'agriculture. 

Les  mémoires  manuscrits  devront  être  adressés,  avant  le 
20  août  1887,  à  M.  le  Secrétaire  général,  rue  Suffren,  1. 
Chaque  mémoire  portera  une  devise  reproduite  sur  un  paquet 
cacheté  mentionnant  le  nom  de  son  auteur. 

Tout  candidat  qui  se  sera  fait  connaître  sera  de  plein  droit 
hors  de  concours. 


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EXTRAITS 

DES 

PROCÈS-VERBÂUX  DES  SÉANCES 

de  Tannée  1886. 


Séance  du  2  décembre  1885. 

Allocution  de  M.  le  D'  Guénel,  président  sortant. 
Allocution  de  M.  Orieux,  nouveau  président. 
Lecture  du  travail  de  M.  Merland  ayant  pour  titre  :  Notes 
pour  servir  à  l'histoire  du  district  de  Challans. 

Séance  du  6  janvier  1886. 

Renvoi  à  la  Section  des  Lettres  de  l'ouvrage  de  M.  Saul- 
nier  :  La  vie  d'un  poète,  offert  par  Tauleur  à  la  Société. 

Mention  de  la  nomination  de  M.  Jamet,  au  grade  d'officier 
d'Académie. 

Election  de  M.  Delteil  comme  secrétaire  général. 

Continuation  de  la  lecture  de  M.  Merland  sur  le  district 
de  Challans. 

Lecture,  par  M.  Fargues,  d'un  compte  rendu  analytique 
de  l'ouvrage  de  M.  Lallemand  sur  la  protection  de  l'enfance 
abandonnée  et  délaissée. 

Lecture,  par  M.  Alcide  Leroux,  de  son  Voyage  en  Egypte. 


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—  870  — 


Séance  du  8  février  1886. 

Election  de  M.  Linyer  comme  membre  du  Comité  central. 
Lecture  du  travail  de  M.  Merland  sur  le  district  de  Chai- 
lans. 

Séance  du  3  mars  1886. 

Lecture,  par  M.  Orieux,  président,  d'une  notice  nécrolo- 
gique sur  M.  Doucin. 

Lecture,  par  M.  Roques,  d'un  compte  rendu  sur  l'ouvrage 
de  M.  Saulnier  qui  a  écrit  la  vie  d'Edouard  Turquetty, 
poète  breton. 

Lecture,  par  M.  Fargues,  de  son  travail  sur  l'enfance 
abandonnée. 

Lecture,  par  M.  Leroux,  du  Secret  de  Brizeux. 

Séance  du  7  avril  1886. 

Renvoi  à  la  Section  des  Lettres  d'un  opuscule  intitulé  : 
Dialogue  entre  le  vers  français  et  le  vers  latin,  hom- 
mage de  M.  Levraull,  professeur  au  Lycée. 

Mention  de  l'élection  de  M.  Heurtaux  comme  membre  cor- 
respondant de  l'Académie  de  Médecine. 

Lecture  du  travail  de  M.  Fargues  sur  l'enfance  aban- 
donnée. 

Lecture,  par  M.  Merland,  de  son  travail  sur  le  district  de 
Challans  et  de  huit  lettres  inédiles  de  Paul  Baudry. 

Séance  du  5  nmi  1886. 

Mention  des  récompenses  obtenues  par  MM.  Herbelin 
et  Andouard  :  une  médaille  d'argent  au  premier  et  un 
rappel  de  médaille  au  second,  pour  leurs  travaux  d'hy- 
giène et  de  salubrité  publique. 

Lecture,  par  M.  Rousse,  de  diverses  poésies  :  Dom  Loti- 


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—  571  — 

neau;  L'obélisque  de  Mi-Voie  ;  A  Robert  Burns  ;  La 
cathédrale  de  Nantes  ;  Un  village. 

Lecture,  par  M.  Fargues,  d'une  note  sur  les  derniers 
moments  de  Guizot. 

Lecture,  par  M.  Orieux,  d'une  poésie  intitulée  :  Jours 
d'été. 

Lecture,  par  M.  Guillemet,  de  son  rapport  sur  la  candida- 
ture du  D'  Couëtoux. 

Nomination  du  D'  Couëtoux  au  titre  de  membre  corres- 
pondant. 

Séance  du  ^  juin  1886. 

Lecture,  par  M.  Fargues,  de  son  rapport  sur  la  candida- 
ture de  M.  Thierry-Risler. 

Nomination  de  M.  Thierry-Risler  au  titre  de  membre  rési- 
dant. 

Lecture,  par  M.  Maître,  de  son  compte  rendu  sur  Yhistoire 
des  Chapelles  Bourbon,  de  M.  Legoux. 

Lecture,  par  M.  Delamare,  de  son  rapport  sur  les  résultats 
de  l'Exposition  d'horticulture. 

Lecture,  par  M.  Leroux,  de  son  Récit  de  voyage  en 
Egypte. 

Séance  du  i  juillet  188t). 

Sur  le  rapport  de  M.  Orieux,  M.  de  Chastellux  est  nommé 
membre  résidant. 

Mention  de  la  nomination  de  M.  Dugast-Matifeux  à  la 
dignité  de  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

Séance  du  4  août  1886. 

Hommage  à  la  Société  d'un  travail  archéologique  de 
M.  Félix  Chaillou  sur  les  Cléons. 


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—  57*  — 

Lecture,  par  M.  Herland,  de  trois  lettres  inédites  de  Paul 
Baudry. 

Lecture,  par  M.  Gadeceau,  d'une  note  sur  un  Orchis 
hybride  trouvé  à  Boui^euf. 

Séance  du  !•'  septembre  1886. 

Lecture,  par  M.  Orieux,  de  son  travail  intitulé  :  Le  long 
Calendrier. 

Séance  du  6  octobre  1886. 

Lecture,  par  M.  Gauducbeau,  de  son  rapport  sur  les 
travaux  de  la  Section  de  Médecine. 

Lecture,  par  N.  Roques,  de  son  rapport  sur  les  travaux  de 
la  Section  des  Lettres. 

Lecture,  par  M.  Orieux,  de  son  travail  :  Le  long  Calen- 
drier. 

Lecture,  par  M.  Leroux,  de  son  Récit  de  voyage  en 
Egypte. 

Séance  du  S  novembre  i88H. 

Sur  le  rapport  de  M.  Viaud-Grand-Marais,  M.  le  D' Llenas, 
du  Cap-Haïtien,  est  nommé  membre  correspondant. 

Lecture,  par  M.  Bureau,  de  son  rapport  sur  les  travaux  de 
la  Section  des  Sciences  naturelles- 
Lecture,  par  M.  Andouard,  de  sa  Note  sur  le  dosage  de 
l'acide  phosphurique  par  l'urana  et   sur  sa  Note  sur 
l'antagonisme  des  nitrates  sur  les  superphosphates. 

Lecture,  par  M.  Delaraare,  d'une  Note  sur  l'invasion  du 
mildew  dans  un  vignoble  des  bords  de  la  Sèvre. 

Séance  publique  du  21  novembre  1886. 

La  séance  a  lieu  dans  la  salle  des  Beaux- Arts. 
Discours  sur  Ylmaginalion  par  M.  Orieux,  président. 


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-573- 

Rapport  de  M.  Deltcil,  secrétaire  général,  sur  les  travaux 
de  la  Société  académique  pendant  Tannée  1886. 

Rapport  de  M.  Gadeceau,  secrétaire  adjoint,  sur  le  Concours 
des  prix. 

Plusieurs  artistes  et  amateurs  ont  donné  leur  concours 
pour  la  solennité. 

Séance  du  22  novembre  1886. 

M.  Raingeard  est  élu  président. 

M.  Alcide  Leroux  est  élu  vice-président. 

M.  Gadeceau  est  élu  secrétaire  général. 

M.  Olive  est  élu  secrétaire  adjoint. 

MM.  Gh.  Morel,  Delamare  et  Manchon  sont  maintenus  par 
acclamation  dans  leurs  fonctions  respectives  de  trésorier,  de 
bibliothécaire  et  bibliothécaire  adjoint. 

Quatre  membres  sont  élus  pour  remplacer,  au  Comité 
central,  les  membres  sortants. 


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On  se  sfrt  d*ODe  s^^rie  ponr  toute 
aDiK^e  commune,  et  de  deoi  %ént% 
pour  toute  anné**  bissextile  ;  la  série 
employ(^e  est  celle  qui  commence  par 
le  premier  jour  de  Tannée  ;  elleserl 
pour  janvier  et  féfrier,  dans  le« 
années  bissextiles,  pour  les  dix  antres 
mois,  on  fait  usage  de  la  série 
suivante.  # 

EXCMPLBS. 

fo  Quel  jour  était  le  1h  janvier  de 
Tan  39  ? 

L*an  39  avant  commencé  nn  jeudi, 
je  me  sers  des  jours  de  la  S«  série, 
et  je  trouve  que  le  25  janvier  cor- 
respond à  un  dimanche. 

20  Quel  jour  était  le  13  avril  de 
Tan  1400? 

Lan  1400  a  comiuenré  nn  jeudi  ; 
mais  il  était  bissextile  ;  je  ne  ^rs 
de  la  série  du  vendredi,  Ia6«  au  liea 
de  la  5«,  et  je  trouve  pour  le  13  avril, 
un  mardi. 


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ÂllocQtioD  de  M.  le  Dr  Gaënel,  président  sortant 5 

Allocation  de  M.  E.  Orieaz,  nouveau  président 7 

Joar  d'été,  poésie,  par  M.  E.  Orieux 11 

Notice  nécrologique  sur  M.  F.-P.  Doucin,  par  M.  E.  Orieux 16 

Le  Secret  de  Brizeux,  poésie,  par  M.  Alcide  Leroux .-:>..  19 

Poésies,  par  Joseph  Rousse , 26 

Guano    d'Alcatras,  par  MH.  A.  Uerbelin  et  A.  Andouard 32 

Les  derniers  jours  de  M.  F.  Gnizot,  par  M.  H.  Fargues 34 

Histoire  des  enfants  abandonnés  et  délaissés,  par  Léon    Lallemand  ; 

—  analyse,  par  M.  H.  Fargues , 40,  229 

Notes  et  documents  pour  servir  à  Tbistoire  du  district  de  Challans, 

par  M.  G.  Merland,  réunis  et  publiés  par  M.  Julien  Herland 49 

Rapport    de    M.    Maître    sur    Thistoire    des   Chapelles-Bourbon,  de 

M.  Legoux 190 

Quelques  lettres  inédites  de  Paul  Baudry,  par  Julien  Merland 194 

Rapport  sur  l'Exposition  d'horticulture,  par  le  Dr  Delamarc 214 

Pommes  à  cidre  du  département  de  l'Orne,  par  A.  Andouard 225 

Erratum ; 228 

Notice  sur  Tinvasion  du  mildew  dans  les  vignobles  des  coteaux  de  la 

Sèvre,  aux  environs  de  Nantes,  par  le  Dr  Delamare 251 

Description  d'un  Orcbis  hybride  inédit  trouvé  à  Bourgneuf-eu-Retz  par 

M.  Lajunchèrc,  par  M.  E.  Gadecean 257 

Le  long  calendrier,  par  M.  E.  Orieux ^60 

Recherche  du  cuivre  dans  les  vins  provenant  de  vignes  traitées  par 

le  sulfate  de  cuivre,  par  A.  Andouard 295 

Source  ferrugineuse  du  Haut-Rocher,  par  A.  Andouard 298 

Note  sur  le  dosage   de  Tacide  phosphoriquo  par  Turane,  par   A. 

Andouard 300 

Incompatibilité  des  nitrates  et  des  superphosphates,  par  A.  Andouard.  303 


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—  576^ 

Accidents  causés  par  Tergot  des  graminées,  par  a.  Anaooaru iu 

Influence  du  régime  alimentaire  sur  la  composition  du  lait  de  vacbe, 

A.  Andouard 3U 

sition  du  beurre  aux  diverses  époques  de  la  lactation  des  vacbes, 

A.  Andouard 316 

d'expériences  de  la  Station  agronomique  de  la  Loire-InférieDre, 

A.  Andouard ÎU 

i  sur  la  situation  du  vignoble  de  la  Loire-Inférieure   en    1 886, 

A.  Andodard IW 

gue  raisonné  des  lépidoptères  trouvés  dans  la  Loire-Inférîeore, 

M.  J.-H.  Debermann-Roy T. 

rt  sur  les  travaux  de   la  Section  de  médecine  pendant  Tannée 

[),  par  M.  le  Dr  Gauducbeau Hi 

rt  sur  les   travaux  de  la  Section  des  lettres,  sciences  et  arts, 

iant  Tannée  1885-86,  par  H.  Roques 48^ 

rt  sur  les  travaux  de  la  Section  des  Sciences  naturelles  pendant 

née  1885-86,  par  M.  Louis  Bureau 491 

rs  prononcé  dans  la  séance  du  2i   novembre  1886,  par  M.  E. 

ux 50Î 

rt  sur  les   travaux    de    la  Société  académique   de  la   Loire- 

rieure  pendant  Tannée  1885-86,  par  M.  Delteil 5^3 

rt  de  la  Commission  des  prix  sur  le  concours  de  Tannée  1886, 

M.  Emile  Gadeceau M 

ipenscs  décernées  aux  lauréats  de  la  Société  académique,  pour 

encours  de  1886 565 

amme  des  prix  pour  1887 666 

ils  des  procès-verbaux  des  séances  de  Tannée  1886 569 


liantes,  Mm*  ve  Camille  Mellinet,  im'p.  —  L.  Mellinet  et  Gie,  saert. 


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